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Secret Défense de Oustikette



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» Auteur : Oustikette - Voir le profil
» Créé le 29/08/2015 à 15:45
» Dernière mise à jour le 28/03/2018 à 23:59

» Mots-clés :   Action   Présence d'armes   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Suspense

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Chapitre 1 : L'éveil de la légende
L’officier de douane fit signe au passager suivant d’approcher. Ce dernier, un jeune homme, tira aussitôt son gros sac devant le guichet. Il était assez grand pour dépasser le mètre quatre-vingts, et son embonpoint, bien que léger, suffisait pour deviner qu’il n’était pas très sportif.

Vêtu d’un bermuda beige surmonté d’une chemise hawaïenne, un œil non averti l’aurait confondu sans mal avec un vacancier. Il faut dire que la mi-septembre était encore une période faste pour le touriste à Kalos. En vérité, il n’en était rien, l’adolescent avait fait le voyage depuis Sinnoh pour étudier. Officieusement, il cherchait surtout à démarrer une nouvelle vie, loin, très loin, du tumulte qu’il avait laissé dans sa région natale.

L’agent, qui lui avait prit son passeport, fit passer l’objet sur son scanner. Une fiche d’identité apparut immédiatement sur l’écran de l’ordinateur : Samuel Hansell, 18 ans, cheveux bruns retombant faiblement et yeux noisettes fatigués par de trop nombreuses nuits blanches. On pouvait au moins remarquer que la photo du passeport était récente.

Une seconde page s’ouvrit. Le jeune ne figurait dans aucune liste noire de l’état kalosien et aucun mandat international n’avait été lancé contre lui. Tout était en règle.

L’homme de l’ordre lui rendit donc sa pièce d’identité, souriant :

« Bon séjour à Kalos, monsieur ! »

Samuel marmonna un simple ’’merci’’, avant de filer. Il ne voulait pas perdre plus de temps. Il marchait à grands pas pour récupérer ses bagages, le plus rapidement possible. Tout n’avait que trop duré.

Tout à coup, alors qu’il venait tout juste de tirer son imposante valise des tapis roulants, un homme plus pressé le bouscula, le faisant sortir de la torpeur qu’il s’était imposée pour parvenir à passer cette épreuve.

Il reprit conscience de la foule qui allait et venait autour de lui. Lui qui avait essayé de l’oublier, avait échoué. Sa respiration s’accéléra, il commença à paniquer. En un instant, des mauvais souvenirs refaisaient surface, des explosions lointaines retentissaient dans son esprit. Le jeune homme semblait être ailleurs.

Et puis, un second passager impoli, le fit revenir de nouveau à la réalité.

D’un coup, tout redevint clair dans sa tête. L’avion, l’aéroport, quelqu’un l’attendait dehors, il devait quitter cet endroit au plus vite.

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Atteignant enfin le couloir des arrivées, le brun souffla de soulagement. À partir de là, la foule se faisait moins dense. Le jeune homme parcourut rapidement l’assemblée des yeux, espérant ainsi apercevoir la vieille dame qui devait l’accueillir dans son manoir. Elle lui avait assuré qu’elle viendrait.

Son regard croisa alors accidentellement le regard de quelqu’un, adossé contre un mur, les bras croisés, à quelques mètres de lui. C’était une magnifique jeune femme, vraisemblablement de son âge, avec de grands yeux bleus comme des saphirs, remplis d’un feu indompté, qui vous consumerait, en un instant. Le reste de son visage, doux, était encadré par une longue chevelure de jais, qui descendait en ondulant jusque dans le milieu de son dos.

Elle avait une grande taille, à peine moins que le jeune homme. Et dans sa combinaison de motarde noire, pourtant si masculine, semblaient se cacher des courbes toutes aussi agréables que celles de son visage. Le jeune homme la trouva tout de suite attirante.

L’inconnue s’approcha alors, son expression blasée se transformant en une plus proche du soulagement. Sa démarche était toute aussi masculine, ses rangers claquant le sol à chacun de ses pas. Rapides et brusques, comme si elle n’avait que trop attendu.

Une fois assez proche du brun, la kalosienne pesta d’un ton sec.

« Putain ! Te voilà enfin !… »

Samuel haussa les sourcils, surpris. Devant son incompréhension, la jeune fille soupira d’exaspération.

« … Je croyais que t’étais au courant ! Madame Strauss s’excuse, elle ne pouvait pas venir en personne, alors elle m’a demandé de le faire… Même si, en vérité, c’est pas comme si j’avais eu le choix ! »


Le jeune homme en fut encore plus surpris, il ne s’était pas attendu à un tel accueil. Cette fille, son caractère semblait si spécial, si hargneux, si imprévisible. Pourtant ça ne lui déplaisait pas, il connaissait déjà ce genre de caractère. Au moins, elle avait de la personnalité, et elle était honnête. Trop, peut-être.

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La fille, dont il ignorait toujours le prénom, le mena jusque devant une Mini flambant neuve, au 3ème sous-sol du parking. Aussitôt, la jeune fille lui adressa ses premiers mots depuis qu’ils avaient quitté le hall des arrivants.

« Bon, magne-toi de mettre tout ton bazar dans le coffre ! On a assez perdu de temps comme ça ! »

Tandis que le sinnohïte rangeait ses bagages à l’arrière du véhicule, sa conductrice enleva enfin son blouson de moto. Sous un débardeur tout aussi noir, se cachait effectivement un corps de sportive endurcie, parfaite alliance entre féminité et muscles. Il fallait dire que la nature lui avait déjà bien donné.

Ses affaires rangées, le jeune homme eut juste le temps de prendre place sur le siège passager que la citadine anglaise avait déjà quitté sa place de stationnement.

==

Une fois à l’extérieur, le jeune homme contempla le paysage qui s'offrait à lui. Depuis la route qui menait au terminal aérien, il surplombait toute la capitale kalosienne. Du moindre petit quartier de banlieue, au grand cercle formant le centre-ville.

Au milieu de ça, la tour prismatique, symbole de la cité, semblait se transformer en une magnifique ombre chinoise, grâce aux rayons rougeoyants du soleil sur le point de se coucher derrière elle.

« Putain, tu fais chier, l'immigré ! Comme si tu pouvais pas trouver la pension tout seul, le sermonna t-elle, en accélérant.

Gêné, Samuel bafouilla, quittant au passage le panorama des yeux.

— Ouais... désolé…

Se grattant la tempe, il voulut aussitôt changer de sujet.

… Elle est à toi cette voiture ? Elle est jolie !
— Non, elle est à madame Strauss. Je préfère les motos, moi.
— D'accord. Et t'es à l’Institut ?... Enfin, on est dans le même ?

La jeune fille se mordit la lèvre, il l’agaçait.

— Ouais, apparemment...

Le jeune homme y vit une opportunité, mais sa nouvelle camarade le rembarra aussitôt.

… Mais ne te méprends pas, je ne suis pas ce genre de fille, n’essaye pas de faire ami-ami avec moi. »

D'abord, le brun fut surpris, puis il acquiesça, résigné.

Les deux adolescents ne se parlèrent plus durant tout le trajet. La kalosienne conduisait assez brutalement, faisant vrombir le moteur à chacune de ses franches accélérations.

Le sinnohïte continua à regarder le paysage défiler derrière la vitre, voyant que de toute manière, il ne pourrait pas entamer de discussion avec sa conductrice.

Après s'être enfilée dans les rues étroites longeant la rivière qui serpentait dans la capitale, la voiture traversa une zone industrielle, puis elle s'engagea sur le périphérique.

À cette heure-ci, le trafic était fluide et la jeune fille pouvait aller pied au plancher.

Enfin, l’adolescente sortit de la voie rapide pour arriver dans une seconde zone industrielle, terne. Samuel trouvait la banlieue de la capitale très peu attirante, ce qui la distinguait clairement de la beauté du centre-ville, comme il l’avait vu à la télé. Mais très vite, les hangars des entreprises laissèrent place aux hôtels particuliers classieux d'un quartier chic.

La kalosienne s’arrêta devant la grande grille en fer forgé d'une maison bourgeoise, à peine visible depuis la rue à cause de son immense parc arboré. Des massifs de fleurs multicolores y étaient disposés un peu partout : des roses, des géraniums, des pétunias et des lavandes.

Elle fit ouvrir le portail par une télécommande, puis emprunta un chemin en fin graviers sur une trentaine de mètres, avant d'arriver devant une imposante bâtisse de trois étages construite fin XIXéme.

Aussitôt, le brun sortit de la voiture. Dehors, les grillons stridulaient, tandis que l'air était parfumé par des odeurs de pins, de lavande et d'herbe coupée.

Ce véritable petit hôtel particulier en pierres taillées était impressionnant tant par sa taille que par l’aspect luxueux qu'il dégageait.
La façade des étages était ouverte par quelques fenêtres hautes aux volets blancs entourées par de multiples moulures en bas-relief. Enfin, le toit en ardoises, surplombant le bâtiment, lui donnait un air encore plus raffiné.

Samuel était époustouflé tant cette bâtisse était bien entretenue, on aurait pu croire qu'elle eût été construite la veille. Il resta quelques secondes ébahi devant le bâtiment. La fille ne lui laissa, de toute manière, pas plus de temps. Elle lui posa ses bagages sur les pieds.

« Bon, grouille-toi ! s’énerva presque la jeune fille qui lui tenait la porte d'entrée. »

Ils entrèrent dans la grande maison. Il y avait de la moquette au sol, les murs n'étaient pas peints, mais recouverts d'une tapisserie grenat, avec des motifs fleuris, et d'une boiserie sculptée, remontant sur un bon mètre.
Toutes les pièces avaient certes l'air d'avoir une bonne hauteur, mais le hall était bien plus impressionnant : son plafond culminait jusqu'à celui du troisième étage, où un lustre probablement en cristal était accroché. La pièce restait malgré tout lumineuse grâce à d'autres lampes murales réparties, un peu partout, à tous les étages.
Un escalier hélicoïdal en fer forgé, qui ressemblaient d'ailleurs plus à un échafaudage de chantier, se trouvait bizarrement à la droite de la porte d'entrée.
Les meubles, quant à eux, étaient d'époque, bien que certains autres provenaient visiblement d'un célèbre magasin d'ameublement suédois.

Toujours sans rien dire, celle qui l’avait conduit ici disparut dans l’escalier, lâchant, juste avant, les clés de la voiture dans la main de leur propriétaire qui attendait là, dans l’entrée, assise sur un banc.

De prime abord, madame Strauss était l’archétype de la gentille grand-mère asiatique. Ses cheveux avaient viré au gris depuis longtemps déjà, et un grand sourire bienveillant se traçait très souvent sur son visage ridé. C’était évidemment le cas, mais il ne fallait pas chercher à la duper, non plus. Cela contrastait avec sa petite taille, de toute juste un mètre quarante. Ce soir-là, la vielle dame portait un kimono de soie blanc, avec des motifs de fleurs de cerisiers.

Aussitôt, elle s’approcha de son nouveau pensionnaire.

« Bonjour, Samuel ! Comment s’est passé ton voyage ? Je suis vraiment désolée d’avoir dû envoyer Coleene te chercher !

Le jeune homme hocha la tête, s’étonnant néanmoins mentalement qu’il venait seulement d’apprendre le nom de cette fille.

— C’est pas grave, j’avoue que j’ai juste été un peu surpris, mais c’est tout. Mon voyage ? Oui, très bien, merci ! Par contre, j’ai pas trop réussi à dormir dans l’avion, je suis un peu crevé.

Elle sourit, bien que soucieuse.

— Mince alors. Je t’ai déjà préparé ta chambre, si tu veux partir dormir tout de suite, tu peux… Tu as déjà mangé ?
— J’ai grignoté quelques trucs, oui, mais je serais pas contre un repas plus copieux, s’il vous plaît. »

La femme lui désigna alors une porte sur la droite.

— D’accord, va t’installer dans la salle à manger, pendant que je vais te chercher ça. Normalement, tout le monde est là, tu pourras en profiter pour faire connaissance… Et laisse tes affaires dans l’entrée, on les montera tout à l’heure.

Le brun souffla de soulagement, cette vieille dame était vraiment gentille, et il avait enfin retrouvé un endroit accueillant qu’il pourrait peut-être appeler : chez lui.

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Comme le lui avait proposé madame Strauss, le jeune homme poussa la porte du séjour. Il trouva là, autour d’une imposante table en chêne, quatre jeunes gens de son âge.

Face au nouvel arrivant, se tenaient, sur un même banc en bois, deux jumeaux taillés comme des menhirs. Leur mâchoire carrée leur donnait un air sévère, pourtant, ils lui sourirent aussitôt. De même taille et de même masse musculaire, la seule différence notable restait la couleur de leurs cheveux, taillés en brosse. L’un était brun, quand l’autre était blond.

Sur le banc opposé, une rousse à la chevelure très courte, se retourna pour voir qui entrait. Elle semblait bien plus petite et menue que la seconde du groupe, pourtant elle-même plus frêle que la fameuse Coleene. Compte tenu son visage enfantin, parsemé de rares éphélides, le jeune homme douta un instant de son âge réel.

Cette seconde fille, sur le fauteuil en bout de table, qui finissait son assiette de pâtes a la carbonara, leva ses yeux bleus dans la direction de Samuel. Blonde, elle portait des lunettes carrées, dont les branches étaient cachées par sa chevelure, qui retombait en une natte basse sur son épaule droite. Elle avait aussi un vague air de ressemblance avec la fille aux cheveux de jais.

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Le tour de table pour les traditionnelles salutations terminé, le jeune homme s’assit à coté de Sophia, la rousse.

Entre-temps, madame Strauss lui avait apporté une assiette de pâtes.

«  Et donc toi aussi, t’es à l’Institut ? demanda Marie-Kate, histoire de débuter la conversation avec le nouveau.

Entre deux bouchées, il hocha la tête.

— Ouais !… En première année de Stratégie Appliquée.

Tous acquiescèrent. Le jeune homme appris que c’était aussi le cas de la blonde. Brian et Arthur étaient, quant à eux, en deuxième année. Tandis que, Sophia, la plus vieille finalement, commençait sa seconde troisième année de Techniques d’Élevage.

La blonde ne put néanmoins pas s’empêcher d’en rajouter.

— Et si t’as de la chance, tu auras même le droit d’être dans le groupe de mon exécrable cousine.
— Ah ! s’étonna Samuel, surpris de l’adjectif employé. Elle est si désagréable que ça ?

Brian, le blond, répondit du tac au tac, alors que les autres acquiesçaient. Ils devaient tous la connaître.

- Quatre-vingt-dix pour cent du temps, oui !… Mais je crois d’ailleurs que tu le sais déjà, c’est elle qui t’a ramenée de l’aéroport.

Le sinnohïte haussa les sourcils. Il comprenait évidemment mieux la ressemblance qu’il avait perçu juste avant.

— Euh… Coleene, c’est ça ?… Ah, c’est ta cousine !… Elle est donc comme ça, avec tout le monde ?!… J’avoue que sur le coup, j’ai cru que j’avais fait une bourde, et qu’elle m’en voulait.
— Si tu veux… tenta d’expliquer la blonde. C’est un peu plus compliqué, en fait, on fait partie des rares pour lesquels elle a un tant soit peu d’estime. Sinon, tout le reste de la population mondiale se ferait envoyer chier si elle tentait de lui parler plus d’une minute… Si tu veux, pour m’éviter un long monologue, elle est antisociale, et asociale… C’est pas toujours facile, je dois te l’avouer.

Arthur en profita pour ajouter.

— Évite surtout de lui chercher des noises, elle a la droite facile. Et elle cogne fort, en plus, je peux te l’assurer !
— D’accord, je ferais attention. acquiesça le brun, ricanant, même s’il savait que ce n’était pas drôle.

Marie-Kate voulut donc changer de sujet.

— T’es de Sinnoh, d’après ce que nous a dit madame Strauss ? T’es d’où ?

Le jeune homme, pris au piège, se mordit le lèvre. Il ne voulait plus parler de son ancienne vie à Sinnoh, plus jamais.

— J’ai grandi à Vestigion, mais depuis mes quatorze ans, je vagabonde sur les routes, un peu comme tout le monde, en fait.
— Ah, donc, tu as tenté la ligue Sinnoh ? déduisit le blond, ce qui arracha tout de même un soupir du sinnohïte.
— Oui, mais j’ai échoué face à Cynthia…

Sentant qu’un de ses mauvais souvenirs refaisait surface dans son esprit, le brun préféra couper court à la conversation. Et puis, ils étaient gentils, mais il voulait dormir aussi.

… Vous m’excuserez, je vais devoir vous laisser, je suis vraiment mort de fatigue. »

Il se leva, leur souhaita bonne nuit, puis quitta la pièce.

Dans l’entrée, il retrouva madame Strauss, et ses bagages.

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Sa chambre se trouvait au premier étage dans le couloir de droite, en face de celle d'Arthur.
Elle était relativement spacieuse : en effet, elle mesurait à peu près trente mètres carrés, sans compter la salle de bains tout aussi spacieuse. Deux grandes fenêtres permettaient d’éclairer la pièce principale en plein jour. Entre elles, se trouvait un bureau.
La décoration était similaire à celle du hall, et un lit double se trouvait au fond, à côté de la porte de la salle de bains, faisant ainsi face au home-cinéma qui était accroché au mur perpendiculaire à l'entrée.

Posant d’abord ses affaires au pied du lit, Samuel lança une Super-Ball au centre de la pièce, tandis qu’il se dirigeait vers la salle de bain.

À son retour dans la chambre, un Gallame était assis sur un des fauteuils devant la télévision, les yeux fermés, la main droite sur la tempe.

Pas surpris, le sinnohïte questionna le pokémon.

« T’as trouvé quelque-chose ?
— Tu ne m’as pas fait évoluer en Gardevoir. répondit le type psy, qui parlait parfaitement la langue de son dresseur, tout en étant toujours concentré. C’est pas aussi simple ! Rien de bien dangereux dans la propriété de la pension. Après, c’est beaucoup trop loin pour moi.
— Donc, tour de reconnaissance demain ?
— Non, peut-être pas, c’est un quartier calme, il y a peu de chance qu’il y en ait ici.

Le brun nota mentalement d’effectuer un tour dans le quartier pendant la semaine suivante.

- On n’est jamais trop prudent. Sinon, tu en penses quoi de ces gens ?

Cessant son analyse psychique, le Gallame se retourna vers son dresseur, son ami depuis de nombreuses années maintenant.

— Je te l’ai dit, c’est pas aussi simple ! Je pourrais entrer dans leurs têtes, mais il faudrait qu’ils m’y autorisent. Néanmoins, j’arrive à sentir que ce ne serait pas eux qui te causeraient du tort…

Il marqua une pause, il doutait.

… En fait, c’est comme s’ils cherchaient à les éviter, eux-aussi !
— Je te fais confiance, vieux frère, admit Samuel, baillant…

Le jeune homme posa la Ball sur le fauteuil.

… et veille pas trop tard, non plus. »

Le sinnohïte retira ensuite ses vêtements et se glissa sous les draps. Allait-il retrouver le sommeil après toutes ces nuits blanches où il avait été obligé de s’entraîner avec ses pokémons ?

==

Samuel avait l'impression d'être dans le néant le plus total, son corps était comme en train de flotter dans les airs. D'un coup, des rafales de mitrailleuse résonnèrent. Puis des cris de terreur, le jeune sentit des gens le frôler en courant, lui, il restait là, stoïque. Ensuite, le brun slalomait entre les cadavres jonchant le sol suivit de près par un grand type avec une de ces armes à la main. On ne pouvait voir son visage mais le sinnohïte le reconnut, il avait déjà vu ce moment tragique il y a un moment déjà. Ces douloureux souvenirs lui revenait sans cesse. Pendant que le jeune homme se mettait à pleurer, l'homme lui parlait, d’un air narquois.

« Qu'est-ce que tu crois ? C'est de ta faute tout ça ! Pourquoi crois-tu que nous le faisons. Accepte ! Tu ne voudrais quand même pas que d'autres innocents payent, n'est-ce pas ?
— Non ! Mais vous pouvez toujours rêver !

Le terroriste souffla, faussement désolé.

— Tu m'en vois navré.

Une rafale de balles siffla sur un groupe d'otages, qui s'affalèrent au sol. Le brun sanglota de plus belle en s'accroupissant. L'homme le retourna alors en face de lui, puis s'agenouilla.

— Tu es vraiment un sale petit égoïste. Voyons, puisque les vies d'innocentes âmes n’importent que peu pour toi, je tiens à te rassurer, si tu acceptes, tu seras payé.
— L'argent ne m'intéresse pas, sombre connard !

Le type s'approcha de son oreille et lui glissa à voix basse :

— Il me semble que ta chère mère est atteinte d'une maladie grave qui, sans soins, ne lui laisse que quelques mois à vivre. Elle aurait besoin de coûteux traitements, et à ce que je sache, vous n'avez pas les moyens…

Il se releva puis avoua en voix haute :

… Il est évidant que si tu acceptes, la somme versée recouvrera largement les frais médicaux...

L'homme se rapprocha de nouveau à quelques centimètres du visage de Samuel.

- … et ce, pour plusieurs années.

Le jeune homme prit une grande inspiration, les yeux encore embués de larmes. Tant de choses lui passaient par la tête, le fait d'avoir sa mère encore un peu avec lui, sa meilleure amie qui venait à peine de partir pour le plus long des voyages. Il baissa la tête.

- C'est d'a... »

==

Le jeune homme se réveilla brusquement, en sueur, alors qu'il ne faisait pas si chaud. Encore dans son cauchemar, il hurla :

« DIS NON, ESPÈCE D'ABRUTI !…

Avant de revenir doucement à la réalité.

Le brun voulut se rendormir mais comme il l’avait prévu, il était deux heures du matin et il n'avait déjà plus sommeil, il était même complètement réveillé. Ne sachant plus quoi faire, Samuel alluma la télévision et zappa durant quelques secondes.

Soudain, une chaîne d'informations apparut à l'écran, elle relayait les derniers événements survenus dans la capitale.

À la stupeur du brun, le titre de la news affichait TRAQUE DE MUTANTS EN PLEINE VILLE.

… Oh ! Putain de merde ! lâcha-t-il surpris, mais surtout en colère. »

Le cœur du jeune homme battit alors à cent à l'heure. Lui n'avait pas à s’inquiéter mais il n'avait jamais cru cela possible, quand on le lui avait raconté, il y a longtemps.
À cette époque, il avait espéré intérieurement que la barbarie n'avait pas pris le pas sur la tolérance.

La journaliste s'affolait.

« Il y a deux heures, les agents de l'Agence d'Extermination des Mutants ont capturé, non pas un, mais trois mutants. »

L'image de la femme laissa tout de suite place à une vidéo filmée à l'aide d'un téléphone. On voyait clairement trois silhouettes humanoïdes émergeant de la fumée, sauf que ces choses n'étaient ni humaines ni pokémons. Elles étaient différentes, des chimères poké-humaines, mi-hommes mi-Braségali, des mutants.
Leurs mains étaient formées par trois doigts griffus comme ceux du pokémon de type feu, tandis que leurs peaux étaient couvertes de plumes à certains endroits.

Samuel s’énerva alors d'autant plus lorsqu'il comprit que les trois fugitifs étaient une famille : le père, la mère et leur fille. Comment ces types pouvaient se croire à ce point tout permis pour se permettre de traquer des gens innocents juste parce qu'ils avaient une légère différence avec des humains normaux.

« Hélas, au bout d'une lutte acharnée, le père a réussi à s'enfuir après avoir carbonisé lâchement une douzaine d'agents. Il se trouve actuellement dans les alentours du dixième arrondissement. Si vous avez une information à communiquer à la M.E.A, appelez le 001 455 178 818. »

Dans une colère noire, le jeune homme voulut aussitôt éteindre la télévision mais le sujet suivant l'intéressa encore plus.

« À l'international. Suite de l'affaire de l’attaque terroriste, qui serait survenue en début d’année, dans un laboratoire secret-défense de la région de Sinnoh. Certaines informations récentes présumaient que ceux-ci visaient, en réalité, les accès aux serveurs ultra-sécurisés de l’État. Hier au soir, le ministère de la Défense, a une nouvelle fois démenti cette information. Dans un communiqué de presse, il fut réaffirmé qu'il ne s'agissait que d'un simple exercice d’entraînement. »

L'adolescent afficha aussitôt un rictus satisfait en éteignant le poste de TV et se recoucha. Vu comme le gouvernement ne voulait pas ébruiter ce genre d'information, ce qu'il avait fait ce jour-là resterait impuni, aucun mandat d'arrêt international ne serait lancé contre lui. De toute manière, le brun avait rejoint Kalos, ce qui signifiait : pas d'extradition.