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Secret Défense de Oustikette



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» Auteur : Oustikette - Voir le profil
» Créé le 05/06/2018 à 16:52
» Dernière mise à jour le 05/06/2018 à 16:52

» Mots-clés :   Action   Présence d'armes   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Suspense

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Chapitre 2 : Premier jour
La cloche d’une église lointaine sonna dix coups.

— C’est impressionnant ! s’époustoufla Samuel.

Il se trouvait, accompagné de Gallame, devant l'imposante porte en bois de l'institut de dressage d'Illumis. C’était un vieux bâtiment en centre-ville, parfait exemple du style de la fin du XIXéme siècle, reprenant principalement le style haussmannien français.
Comme beaucoup d’immeubles anciens du centre de la capitale, la façade avait été restaurée avec un soin tout particulier.

Sans plus attendre, ils entrèrent. Le pokémon rentra de lui-même dans sa Super-Ball.

Le hall était spacieux avec un large escalier en pierre montant dans les étages. À droite de la porte, se trouvait un bureau d'accueil, derrière lequel se tenaient deux femmes. La première était occupée avec un homme jeune, très grand et très maigre, aux cheveux roux rasés au minimum. Il bavardait, les avant-bras posés sur la tablette. Au premier abord, le nouveau crut qu’il s’agissait d’un étudiant. En effet, portant un vieux jean taille basse, craqué aux genoux, surmonté d'un sweat-shirt à capuche délavé, on aurait pu facilement le croire en master, ou en fin de licence. Encore un qui n’avait pas encore quitté son adolescence.

Le sinnohïte dut donc se résoudre à se renseigner vers l’autre secrétaire, une vielle femme à l'air peu commode. Pas très rassuré, il s'approcha doucement.

— Bonjour, j’avais rendez-vous avec le directeur, je dois commencer les cours aujourd’hui.
— Oui, je vois qui vous êtes. Le directeur n’est pas là, réunion impromptue avec le conseil municipale, répondit la femme d’une voix désagréable, tout en sortant un feuillet de paperasse administrative. Ce n’est pas très grave, il vous verra dans la semaine. Tenez, remplissez ça !

Le jeune homme s’exécuta.

Pendant qu’il complétait les cases, il remarqua que le roux tournait son regard, vert émeraude, vers lui, plusieurs fois.

— Tu es Samuel Hansell ?! finit-il par lui demander, en se tournant vers lui.
— Oui, en effet !… Et, vous êtes ?
— Erwan Holmes, professeur de biologie, tu m’as en cours cette après-midi… Si tu veux, quand t’auras fini de remplir ça, je te ferai visiter l’établissement ?

Le sinnohïte hocha la tête, heureux de la proposition, ce qui fit sourire le biologiste en retour.

==

Après avoir rempli tout un tas de paperasses, inutile selon les dires du biologiste, le jeune homme suivit celui-ci. Tout en marchant, le prof commença à expliquer diverses choses sur l'établissement, qui s'articulait autour d'une cour intérieure.

Dans les étages du bâtiment donnant sur la rue se trouvait les salles d'enseignements généraux : Mathématiques, langues et Histoire. Dans l'aile droite, le pôle scientifique, où les cours de physique et de biologie étaient dispensés. L'aile gauche abritait, quant à elle, les salles d'enseignements spécifiques, comme le combat direct ou la stratégie. Enfin, au fond de la cour, se trouvait un gymnase d'entraînement, une grande salle au sol sablonneux où les élèves pouvaient s'exercer pendant les intercours. Des gradins se trouvaient au fond, ainsi les professeurs de combat direct y organisaient souvent des tournois. Certaines fois, les gagnants repartaient même avec une petite somme d’argent.

Depuis les fenêtres du couloir surplombant le stade, Samuel observait attentivement tout ce monde qui travaillait dur. Dans un coin, deux filles s'affrontaient, l'une avec un Majaspic, l'autre avec un Nymphali. De l'autre côté, des sportifs faisaient casser des briques à leurs pokémons combat.

Mais quelque chose l’étonna encore plus, au fond de la salle, Coleene se battait contre un Blindépique, à mains nues. Le pokémon avait l'air tout aussi robuste que puissant, pourtant, la jeune fille le maîtrisait avec aisance, parant tous ces coups pour mieux les lui rendre. Voyant sa stupéfaction, le roux ajouta :

— Coleene Dorgman est assurément une de nos meilleures élèves en matière de combat pokémon. C’est surtout certainement la seule à avoir le cran d’affronter un pokémon de ce gabarit au corps-à-corps, et de gagner, surtout.

Le jeune homme haussa les sourcils.

— Mais, elle a une raison de faire ça, ou c’est juste pour la frime ?
— Figure-toi que oui. Je lui ai posé la question. Selon elle, dresseurs et pokémons ne font qu’un : si l’un est faible, l’autre l’est aussi.

Samuel fit la moue, pas trop convaincu.

— Si elle le dit, j’irai pas la contredire.

Si ce qu’elle disait était vrai, alors elle serait une adversaire redoutable. Ne laissant rien paraître, le jeune homme nota ceci dans un coin de sa tête, on n’était jamais trop prudent.

==

L’heure de midi approchant, Erwan faussa compagnie au sinnohïte pour retrouver ses collègues.

Dans la file à l'entrée du réfectoire, le nouveau discuta avec un groupe de gars. Ils lui expliquèrent que la nourriture n'y était pas spécialement mauvaise, bien qu'elle ne fusse pas non plus digne d'un trois étoiles. L'air, par contre, n’inspirait rien de bon : un subtil mélange odorant de vieux pneus, d'anis brûlé et peut-être quelques touches de chocolat.

À l'intérieur, le sinnohïte aperçut dans le fond la fille aux cheveux de jais, qui mangeait seule à une table. Le jeune homme s’apprêtait à la rejoindre, quand tout à coup, une fille l'appela en scandant son nom avec de grands gestes de bras. Il reconnut Marie-Kate, la blonde de la pension Strauss, accompagnée des autres élèves qui y vivaient.

— Samuel ! Viens vers nous !

Poli, il s'assit en face d'elle.

— Vous mangez pas avec Coleene ? s’étonna le nouveau.

Arthur pris une grande inspiration.

— Comme on te l’a dit hier, elle n'est pas très sociable, donc c'est pas qu'on ne veut pas, c'est plutôt elle qui ne veut pas. Mademoiselle préfère faire sa sauvage, qu'est-ce que tu veux que je te dise.

Le brun parut déçu. Ce qui étonna sa voisine d'en face. Elle le regarda droit dans les yeux, par-dessus ses lunettes.

— Pourquoi ? Parce que tu comptais vraiment essayer de manger avec elle ? Eh bien, excuse-moi de te le dire, mais tu te mets le doigt dans l’œil. C'est pas son genre de se faire des amis, elle t'aurait envoyé balader. Même avec moi, c’est pas toujours top.

Il soupira, toujours aussi déçu.

— C'est dommage qu’elle ait un caractère pareil, elle est plutôt mignonne.

Les deux frères se mirent à rire, devant un Samuel éberlué.

— Qu'est ce qu'il y a ? J’ai encore dit une connerie ?
— Non, t’inquiète pas, s’expliqua Brian. Tu n'es pas le seul à penser ça, beaucoup le pensent aussi, dont moi, je dois l’avouer. Sauf qu'elle ne se laisse pas approcher facilement. Pour preuve, le dernier à avoir essayé de la draguer a perdu des dents.

Le sinnohïte fit les yeux ronds. Tout à coup, il ne voulait plus trop chercher à sympathiser avec elle.

Sophia, qui mangeait calmement, sans rien dire jusque-là, le questionna.

— Au fait, tu sais dans quel groupe tu es ?

Samuel s'étonna.

— Oui, le deux, pourquoi ?

Elle sourit.

— Rien, tu vas être content ! Tu vas être dans le même qu’elle.
— Veinard que tu es, ajouta le blond, à la fois sarcastique et jaloux. Comme vous serez enfin en nombre pair, tu auras la chance d’en faire ta binôme de TP !

Le jeune homme le dévisagea, faussement paniqué.

— T’es sérieux !?… Mais, j’ai pas prévu de coque, moi !…

Puis il éclata de rire, suivi de près par tout le reste du groupe. Au bout d’un minute, le brun se calma, les larmes aux yeux.

— … On est méchants !
— Oh, elle le cherche, aussi ! répliqua Marie-Kate, sur un ton un peu sec.

==

Après avoir terminé leurs repas, les adolescents sortirent dans la cour intérieure. D’abord, Arthur et Brian quittèrent le groupe pour aller en cours de combat direct. Puis, ce fut au tour des filles, elles partaient s’entraîner. Le jeune homme se retrouva donc seul. Il décida alors de rejoindre la salle où il allait assister à son premier cours, un cours magistral, en amphi.

Hélas, la visite ne l'avait pas aidé, il se perdit dans ce dédale de couloirs parfois sombres, si bien que malgré la petite avance qu'il avait à la base, il arriva en retard.

Le brun en profita pour observer par la même occasion l’ensemble de sa section, qui était on ne peut plus hétéroclite, des adolescents de toutes origines : des sportifs, des geeks, des filles superficielles ou tout bonnement des adolescents banals voire quelconques. Mais surtout, il y avait Coleene, assise dans les derniers rangs au fond, côté fenêtre. Elle avait l'air de se foutre pas mal de tous ceux qui l'entouraient, trop occupée à regarder ce qu’il se passait dehors.

Ce jour-là, elle portait une paire de rangers, un jean et un T-shirt. Comme à son apparente habitude, tout était noir. Aussi, l'adolescente avait posé négligemment ses affaires sur un coin de sa table : son casque, son blouson et son sac.

Parcourant une nouvelle fois l’assemblée du regard, le jeune homme trouva une place dans une rangée vide, seulement quelques rangs devant Coleene.

Monsieur Holmes commençant son cours, l’adolescente quitta sa contemplation de l’extérieur.

Puis, quelques secondes après, elle se remit à observer par la fenêtre, qui donnait sur une rue adjacente à celle de l'entrée principale.

En vérité, dehors, peu de chose se passaient : juste le vent qui fouettait les platanes et le balai incessant des voitures. Samuel regarda attentivement, il ne vit rien de vraiment intéressant, et cela l'intrigua. Que pouvait-elle trouver de passionnant ?

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Soudain, environ une demi-heure plus tard, une camionnette blanche, à l'air louche, se stationna de l'autre côté de la rue en faisant crisser ses pneus.
Deux types en sortirent. Le passager, bedonnant, fit le tour du véhicule pour ouvrir la porte de garage devant laquelle ils s'étaient arrêtés. Le conducteur, plus chétif, commença à sortir un long sac de la caisse en le tirant par un bout, pendant que son coéquipier s'empressait de soulever l'autre coin. Cela n’aurait pas été étrange, si ce sac ne s’était pas mis à se tortiller tout seul. Le duo finit par s'engouffrer dans le bâtiment avec leur terrifiant paquet.

Vu sa taille, ça ne pouvait être qu'une seule chose. Et, en y réfléchissant, il avait déjà vu ce type de sac. Le sang de l'adolescent ne fit qu'un tour : il devait faire quelque chose !

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À la sortie du cours, Samuel se précipita à l’extérieur. Il voulait agir. Prudemment, il s'approcha de la fameuse porte, frôlant le mur comme un Séviper.

La camionnette étant repartie quelques minutes après son arrivée, le jeune homme en conclut que le garage était vide, mais il fallait qu’il reste prudent. Doucement, il poussa la porte en acier, qui crissa sur ses gonds de toute sa lourdeur.

Personne. Aussitôt, le sinnohïte s'engouffra à l’intérieur.

L'endroit était pour ainsi dire lugubre, le sol était couvert de taches de cambouis, et ça empestait le gasoil. Il faisait sombre, très sombre, juste le fond de la pièce était illuminé par une porte dérobée entre deux piles de fûts métalliques.

C’est là que le héros amateur se dirigea en premier. Ce qu’il découvrit lui glaça le dos.

Dans une cage réservée normalement aux animaux et aux pokémons, se tenait allongée une femme d'une trentaine d'année, à la chevelure vert thé. Ses chevilles et poignets étaient retenus par des chaînes en acier qui les serraient jusqu'à saigner. Mais son corps dénudé à la peau très blanche n'était pas normal : un voile blanc recouvrait ses fines jambes tandis qu'une sorte de pieu rouge sang ressortait au niveau de son thorax. Son corps était meurtri, couvert des traces des coups donnés par le duo qui l'avait amenée ici. Son sang en coulait à grosses gouttes.

La vue de l’adolescent se flouta un instant, des larmes apparurent, foutus fantômes du passé. Il reconnaîtrait cette mutation entre mille. Cette pauvre femme était mutante de Gardevoir.

Il voulut s’approcher, doucement, mais la captive se mit à paniquer, à hurler, sous son bâillon.

— Calmez-vous, je viens vous sauver ! tenta-t-il de la rassurer, en murmurant, tout en s’affairant sur le cadenas de la cellule.

C’était un gros verrou en acier, pas le genre à s’ouvrir facilement sans la clé. Le brun réfléchit vite, parcourant les possibilités en une fraction de seconde. Il était dans un garage, il trouverait forcément un genre de pince coupante, ou un chalumeau.

Alors qu’il cherchait activement une solution à son problème dans les moindres recoins de la pièce, pourtant fourmillant d’outils, un bruit déchira le silence qui s’y était réinstallé. La porte.

Aussitôt, le jeune homme sauta derrière une armoire en métal. Qui était-ce ? Les deux connards ? Si c'était ça, il serait sérieusement dans le pétrin.

Une voix qu’il semblait connaître s’éleva alors.

— Ça faisait déjà plusieurs jours que je les surveillais depuis les amphis du bâtiment est. J’en étais pas encore certaine, mais je me doutais bien qu’ils étaient fournisseurs…

C’est là, qu’à la grande surprise du sinnohïte, Coleene surgit à travers la porte, un foulard noir dissimulant la partie inférieure de son visage. Elle était suivie de près par un grand gaillard musclé qui la dépassait d’une bonne tête. La kalachnikov dans les mains de ce dernier dissuada tout de suite le jeune homme de se montrer.

— … Oh putain ! En plus, ils y ont pas été de main morte avec elle !…

S’approchant à son tour de la cage, la jeune fille s’agenouilla, prenant un ton de voix doux et apaisant que l’on ne lui connaissait pas.

— … Pas de panique. Vous êtes en sécurité maintenant, on va vous sortir de là. »

Comme pour allier ses actes à ses mots, elle prit en main l’anse du cadenas et celui-ci se mit à rougir petit à petit.
De là où il était, Samuel ne voyait pas si elle tenait un appareil qui lui permettait une telle prouesse ou si elle le faisait d’elle-même.

Une fois chauffé presque à blanc, il ne lui fallut que tirer un peu dessus pour arracher ce qui bloquait l’ouverture de la cellule.

Alors que la Coleene faisait subir le même sort aux chaînes de la mutante, le brun posa malencontreusement le pied contre une tôle qui traînait là, contre le mur. Le bruit, strident mais heureusement faible, fit se retourner la kalosienne dans la direction de l’armoire. Elle tourna ensuite le regard vers l’homme, qui heureusement, secoua la tête.

Un instant, le jeune homme avait cru voir sa dernière heure arriver.

La prisonnière libre, le musclé passa son arme à sa coéquipière puis, délicatement, enveloppa la victime dans un duvet. Toujours aussi précautionneusement, l'individu cala la femme dans ses bras musculeux, un bras sous ses genoux, l'autre sous ses omoplates.

Ils partirent aussitôt après. il valait mieux éviter de se retrouver face à des individus hostiles, surtout avec une blessée.

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Après sa tentative de sauvetage ratée, le sinnohïte dut se résoudre à quitter le garage bredouille. Coleene et son camarade partis, il n’avait aucun intérêt à rester dans cet endroit lugubre. Juste le temps de se remettre de ses émotions fortes, en quelque sorte.

Il traversait le parking de l'institut pour aller prendre le bus, quand tout à coup, quelqu'un hurla :

— Hey, l'immigré !…

Se retournant, Coleene lui colla une droite. Samuel tomba à terre, la bouche et le nez ensanglantés. Rapidement, la kalosienne le traîna jusqu'à un bosquet puis le jeta contre un réverbère. Son dos heurtant violemment la barre en métal, il gémit.

— … Qu’est-ce que tu faisais là-dedans ?! vociféra-t-elle…

Le jeune homme ne pouvait répondre, son souffle était coupé, saccadé par la douleur. La fille approcha son visage du sien, les yeux dans les yeux.

— … Ne fais pas l'innocent ! Il y avait quelqu’un tout a l'heure, dans le garage ! Je sais que c’était toi ! Pour qui tu travailles ?…

L'adolescent voulut rétorquer, personne ne lui avait rien demandé. De toute façon, ils avaient tous deux le même but, mais elle ne lui laissa pas le temps de s'expliquer. Elle colla sa main sur sa bouche.

— … Non, ne dis rien, je m'en fiche, en faite ! Dis juste à tes supérieurs, que je ne me laisserai pas avoir aussi facilement, cette fois. Ils peuvent envoyer n'importe quoi, même des tanks si ça leur chante, je trouverai toujours de l’énergie pour vous taper sur la gueule.

Le brun ne comprenait absolument rien, il toussa, crachant du sang dans la pelouse. Sa voix était hasardeuse, saccadée.

— Mais... de quoi... tu me parles ?

Elle expira bruyamment.

— Rien, laisse tomber.

Puis, la jeune fille partit furieuse, en moto, probablement direction la pension.

Après s'être remis du coup, et dans l’incompréhension la plus totale, l'adolescent y retourna aussi, en bus évidemment.

==

De retour à la pension, Samuel se précipita dans sa salle de bain pour soigner ce qui n’avait pas pu l’être avant, le bleu qui commençait à se dessiner sur le côté de son nez et le sang qui avait fini par coaguler faute de quoi l’essuyer.

Assis sur le rebord de sa baignoire, face au miroir, il appliquait vainement une compresse sur la blessure.

— Samuel, t’es là ? La porte est entrouverte, je peux entrer ?

Le jeune homme reconnut le timbre de voix de Marie-Kate.

— Oui, vas-y ! Je suis dans la salle de bain.

Juste le temps de reposer sa compresse dans le lavabo, le brun retourna dans sa chambre. La blonde l’attendait, les mains derrière la nuque, observant l’amoncellement d’appareils électronique que le sinnohïte avait sorti de son sac à son bureau.

- Qu’est ce qui t’es arrivé ? s’exclama-t-elle, surprise, en constatant le bleu sur son visage.

Le brun hocha les épaules, comme si ce n’était rien.

— On va dire, mauvaise interprétation d’événements de la part de ta cousine.
— C’est pas étonnant, en effet. Je te l’avais dit, qu’elle était impulsive… Faudra quand même que j’aie une petite discussion avec elle, tout à l’heure…

Marmonnant la fin de sa phrase plutôt pour elle-même, elle regarda à nouveau le bordel sur le bureau.

— … Toi, t’es fan d’informatique !
— Oh, c’est qu’un passe-temps… d’ailleurs, tu ne saurais pas, par hasard, où je pourrais trouver un boîtier d’actuation quantique, ici ?

Bien que semblant ne rien y connaître, la jeune fille porta sa main à son menton.

— C’est un truc d’ordinateur ?… Vraisemblablement, au magasin d’électronique, à deux rues de l’Institut…

Samuel fit non de la tête. Bien sûr qu’il y était allé voir. Elle ricana.

— … Ou si c’est du matériel, ’’plus sensible’’, il te reste l’option du marché noir. À mon avis, les types qui pourraient te dégoter ça, tu les trouveras dans les arènes clandestines, ou les trucs du genre…

Il hocha la tête en la remerciant. Elle se gratta la tempe.

— … Je venais te voir, Arthur et Sophia sont rentrés, ça te dirait de faire un baby-foot ?
— Ouais, pourquoi pas ! Je finis de me nettoyer et j’arrive.

La jeune fille sourit puis quitta la chambre du brun.

Celui-ci agrippa aussitôt la PokéBall qui traînait sur le bureau, au milieu des composants informatiques. Ce n’était pas une sphère de capture lambda, loin de là. Elle était noir brillant sur le dessus, tandis que le reste était d'un gris anthracite mat. Une chance que sa nouvelle voisine ne l’ait pas remarquée.

Il la rangea aussi précipitamment dans un des tiroirs du meuble, il ne fallait pas que quelqu'un se pose des questions dessus, pas si tôt.

==

Peu de temps après, comme prévu, le jeune homme descendit au rez-de-chaussée.

— Tu préfères être en défense, ou en attaque ? lui demanda la rousse, sa coéquipière pour cette partie, les mains pourtant déjà posées sur les manettes de droite bleues .

Il haussa les épaules, dubitatif.

— Aucune idée ! J’y ai jamais vraiment joué !

Amusée, la jeune femme souffla en direction de ses adversaires, sur le ton de l’ironie.

— Ben super, merci ! Je vais faire comment, moi, pour gagner ?…

Puis dans celle de Samuel.

— … Mais, tu faisais quoi pendant tes heures de perm’ au lycée ?!
— J’ai jamais été au lycée, avoua t-il, à demi-voix.

Pourtant prêt à jouer, Arthur fit des yeux ronds.

— Mais… du coup… t’as fait comment pour t’inscrire à l’Institut ?!
— J’ai passé les tests de juin en candidat libre.

Même si le kalosien accepta cette explication, une moue s’aperçut légèrement sur les lèvres du nouveau.

— Bon, on commence ? s’impatienta la blonde, la balle dans la main.

Tous hochèrent la tête, aussitôt dans les starting-blocks.

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Le résultat fut malheureusement sans appel, 10-3 pour le camp rouge.

Les parties s’enchaînèrent ensuite dans la joie, la bonne humeur, la rage et la tristesse. Cela dépendait bien sûr du camp. Comme preuve, les bleus ne gagnèrent qu’une seul fois, d’un point.

Mais ce n’était pas grave, ils s’étaient amusés, et c’était déjà là l’essentiel.

De retour dans sa chambre, Samuel repensa à cela. Ça faisait longtemps qu’il ne s’était plus amusé.

==

Le soir venu, Marie-Kate attendit que sa cousine rentre, assise contre le mur adjacent à la porte de sa chambre, ses doigts tapotant sa cuisse d'impatience.

— Alors, il parait que t'as cogné le nouveau !
— Ouais. D’ailleurs, ça tombe bien, faut que je t’en parle. Tu te rappelles des fournisseurs de l’arène clandestine dont je t’avais parlé ?
— Euh, ouais, peut-être. Ceux qui était à côté de l’Institut ? Mais c’est quoi le rapport ?

Coleene poussa sa porte d’un coup de pied.

— J’y viens, ne te bile pas. Ils ont ramené une mutante cette aprèm’, donc on y a fait une descente avec Steven. Ce qu’on avait pas prévu, c’est qu’on serait suivi par cet immigré.

La blonde leva les yeux au ciel. Elle sentait déjà que cette conversation ne mènerait à rien.

— T’es donc devenue parano à ce point ! Il voulait peut-être lui venir en aide ! J'en ai parlé avec madame Strauss, c'est un gars bien, tu sais.
— Mouais, peut-être, douta la fille aux cheveux jais. Il est comme nous, au moins ?
— Selon ses sources, non. Et tu sais très bien à qui elle a demandé.
— Ouais, évidemment. D’ailleurs, j’ai tenté de l’appeler tout à l’heure. En attendant, j’ai préféré prendre les devants, et lui passer l’idée de nous suivre. On est jamais trop prudent avec eux.

Surprise, sa cousine écarquilla ses pupilles.

— C’est fou comme on dirait grand-père, j’en reviens pas !
— Toujours est-il qu’il avait raison !
— Ah non ! Grand-père était un raciste de premier ordre. Il ne valait pas mieux que ceux de la M.E.A.
— Tu sais très bien pourquoi j’agis comme ça ! J’ai pas envie que ça recommence, c’est tout.

S’approchant de la commode sous sa fenêtre, la fille aux cheveux de jais agrippa la bouteille de liqueur artisanale qui se trouvait dessus. Elle en but une longue gorgée. La flamme contenue dans la lampe tempête à côté se mit à vaciller légèrement.

— Et tu pourrais au moins arrêter avec ce truc ! s’insurgea la blonde.

L'autre haussa les épaules, reposant le contenant sur le meuble.

— Ça recharge mes réserves. Tu es au courant de comment cela fonctionne, on ne peut pas se permettre d'être à sec, s'ils s'en prennent à nous.

Marie-Kate passa sa main sur son visage, soûlée.

— Tu m’exaspères ! Tu pourrais au moins lui laisser une chance !… T'étais tellement plus intelligente avant.
— Je t’emmerdes, pétasse ! T'as pas vécu ce que j'ai vécu. T'as rien à me dicter !…

Définitivement soûlée, la blonde quitta la pièce. Elle ne pourrait décidément pas faire changer d'avis sa cousine.

Une fois sa cousine partie, l’adolescente retourna devant la commode, elle redressa un cadre couché. Le verre était brisé, et la photo qu’il contenait, en partie calcinée. Sur les restes encore visibles de celle-ci, deux adolescents amoureux s'embrassaient sur un balcon du palais Chaydeuvre : un jeune nerd aux longs cheveux gris, lunettes miroir redressées sur la tête ; et une plus jeune Coleene, dans une robe à fleurs qui lui allait parfaitement, souriante, pour une fois. C'était il y a deux ans maintenant.

— … Putain, pourquoi a-t-il fallu que tu foutes tout en l'air, marmonna-t-elle d’une voix fragile.

Elle cacha une nouvelle fois le cadre puis elle partit s'allonger sur son lit, devant un replay de l'édition de printemps de la ligue sur sa télévision.