Bolt de orca

Nous progressions vers le pied de la montagne dans le noir, il était environ quatre heure du matin, les Ningales chantaient, le ciel était sans nuages et la pleine lune éclairait la terre de ses faibles rayons.

- Dit moi, Tom; tu y crois toi à cette histoire de Pokémon maléfique .

- Tu sais, c'est un cervidé bleu avec des diamants incrustés dans ses bois qui nous l'a raconté, alors, franchement niveau rationalisme je suis plus à ça près. D'ailleurs quand bien même il aurait juste voulu trouver une excuse pour tuer ceux qui menacent sa montagne j'y serais allé quand même, c'est pour ça que je me suis engagé dans cette armée, mais visiblement, elle n'est pas à la hauteur, on ne se battra pas à ses côtés et on va devoir rejoindre le sud pour attendre le débarquement de Shinnoh ou l'ouest.

- C'est pour venger nos potes hein .

- Ben oui c'est pour ça, toi aussi tu voulais ça, non?

- Ouais, mais quand je vois la puissance de l'armée de Kalos, ça me fait peur, on n'est pas bien entraîné, on ne va pas tenir 5 secondes dans la bataille.

- Hier avec les tanks, on a gagné, on était les seuls à avoir survécu à cet assaut, c'est une victoire en soi et si on a gagné une fois on gagnera encore les autres fois, je te promets qu'à la fin de cette guerre on ira fleurir la tombe de nos amis et on sera heureux car ils seront enfin vengés de cette dictature.

- Putain, ils me manquent ceux-là, j'avais un peu oublié.

- Moi pas, j'y pense tout le temps, massacrés pour leur mode de vie jugé non conforme, on doit les venger, tuer tous ces connards, et quand on aura localisé Victoria ont la torturera avec ses fidèles, elle chialera à nos pieds tu verras et là, je lui tirerai une balle dans la tête !

Après ça il y a eu un long silence et nous sommes arrivés à une zone où l'herbe laissait peu à peu la place aux cailloux et où les Ningales étaient beaucoup moins nombreux.
En bas de la montagne, leur chant avait laissé la place aux croassements sinistres des Cornèbres qui se nourrissaient sur les cadavres dans cet ancien champs de maïs transformé en océan de boue ou seul les restes de de machines d'irrigations indiquaient que cet endroit fut un jour cultivable.

Le village était à un mile de nous.

Nos pieds s'enfonçaient dans la boue à chaque pas. Nous marchions dans des flaques où se trouvait un mélange de boue et de sang, il y avait toutes sortes de débris par terre de l'éclat d'obus à la carcasse de tank sans compter tous les cadavres d'humains et de Pokémons qui jonchaient le sol.
Au loin, on entendait l'écho des tirs d'une mitrailleuse résonner à travers la nuit dans le village, il y avait encore de la vie à l'intérieur, des roquettes de mortiers fusaient au loin dans le ciel et décrivaient un arc de cercle avant de retomber dans un bruit violent.
Au bout d'un moment les tirs ont cessé, 5 minutes après des phares sortaient du village, des blindés, ils étaient accompagnés de soldats et de Pokémons de guerre. Nous avons couru pour nous cacher derrière une grosse structure métallique.
À plat ventre dans la boue nous attendions leur passage, Bolt couinait et gigotait dans mes bras.

- Chut, tais-toi, tout ira bien si tu la boucles, il faut que tu fasses le mort, ok ?

Bolt commença à se calmer, quand soudain l'armée commença à passer près de nous, le pied d'un Tyranocif se posa à quelques centimètres de nous, manquant de très peu de nous écraser comme des crêpes. Bolt a commencé à s'agiter. J'ai bloqué sa bouche pour qu'il ne crie pas, il m'a alors mordu avec vigueur pour me faire lâcher, j'avais mal, mais je ne devais pas céder à la douleur sinon ils nous repaireraient et nous tueraient, j'ai chuchoté pour le raisonner.

- Bolt, calme toi, ok ? Si tu cries ils vont nous tuer, ce sont des soldats de Kalos, ils nous veulent du mal ,ok ? Si tu veux vivre, tais-toi !

Bolt plongea ses yeux mauves dans les miens et se calma progressivement, relâchant doucement la force de sa mâchoire.

Des centaines de soldats sont passés, se dirigeant vers la frontière, des centaines de pas marchant vers la bataille pour anéantir définitivement les forces de l'est.
Quand les bruits des moteurs de panzers ont cessés nous avons encore attendu 10 minutes puis nous nous sommes relevés.

- Ils sont partis, ils ont dû rencontrer l'avant-garde de l'est dans le village et visiblement s'en débarrasser et vu leur nombre ils n'ont pas dû avoir beaucoup de perte. Allons voir.

En repartant vers le village la masse métallique indéfinie sur laquelle nous étions cachés à commencé à se mouvoir et est sortie du sol révélant sa vraie nature: un Steelix. Il était immense, au moins 10 mètres de long il avait de nombreux impacts de balle et des cabossages dus à des roquettes sur le corps, une de ces piques était cassée, il avait une protection frontale sa bouche contenait de grandes dents carrées qui était surement capable de broyer de la pierre ou du métal sans effort, je n'avais jamais vu un de ces Pokémon d'aussi près, aucune chance contre lui avec les Kalachnikov, même Bolt était impuissant car en plus de sa taille imposante, Steelix possède le type sol contre lequel les attaques électriques sont inutiles.
Je me voyais déjà réduit en poussière par ce Steelix quand sa tête s'est approchée de moi, mais il n'attaquait pas, je ne comprenais pas jusqu'à ce que je vois le symbole de la région Est sur sa protection frontale. Il avait reconnu l'uniforme de son armée, il pouvait se déplacer mais était abîmé. Je décidais de lui donner une baie oran pour le soigner.

Les baies orans sont un type de baie contenant un agent qui stimule les défenses immunitaires et guérit rapidement la plupart des blessures. Les soldats de l'armée de l'Est (et les autres) en possèdent tous dans leur paquetage, elles sont déshydratées pour éviter la dégradation due au transport et doivent être mouillées avant consommation pour êtres réhydrater et plus efficaces.
J'en sortais deux de mon paquetage et après les avoir mouillées avec l'eau de ma gourde je les ai données au Steelix qui les à broyer entre ses dents et s'est relevé très vite, je lui ai fait signe, il a baissé la tête et j'ai défait les sangles de l'armure frontale qu'il portait, cette dernière est tombée dans la boue avec un splash spectaculaire.
J'ai dit à Bolt d'expliquer à Steelix comment aller au lac de montagne.
Ils ont commencés à discuter, Le serpent répondait aux "Voltali" de Bolt par des grognements satisfaits.

- Part maintenant, tu es libre, adieu, lui lançais-je.

Le Steelix poussa un grognement dont l'intonation ressemblait à un remerciement se retourna et partit vers la montagne en rampant rapidement éclairé par les premiers rayons du soleil qui pointaient à l'horizon.
Il était libre, après une vie à faire la guerre pour les humains il pouvait enfin vivre la vie paisible que n'importe quel Pokémon mériterait.

Au fond, même dans ces temps sombres il y avait tout de même du positif et l'espoir existait encore.

J'avais pensé trop vite, nous étions tout près du village aux 3/4 du chemin quand quelque chose que je n'oublierais jamais s'est produit, une détonation a déchiré le silence: un sniper embusqué laissé en arrière pour couvrir le régiment qui venait de passer. Guillaume a hurlé et s'est écroulé, il avait était touché au mollet et comme il était plutôt frêle la balle avait entièrement traversé et laissé un trou béant dans la jambe.

J'étais en panique, mon ami pissais le sang et gueulait et un enfoiré était lâchement posté derrière son fusil, prêt à me tirer comme un Laporeille. J'ai brandi ma Kalachnikov AK 74-U et j'ai crié à Bolt de veiller sur Guillaume pendant que je chargeais, il s'est assis à côté de lui en tremblant pendant que celui-ci lui caressait frénétiquement la tête pour tenter d'oublier la douleur.

Je me suis élancé vers là où je pensais avoir entendu le tir, je tirai au hasard pour au moins déconcentrer le sniper, quand tout à coup j'ai vu le reflet du soleil sur une surface puis une détonation et une flamme, un moins d'une microseconde après j'ai entendu un sifflement à deux centimètres de mon oreille, il avait failli me tuer, mais je l'avais repéré.

J'ai couru à toute vitesse vers le canon en zigzaguant de manière imprévisible pour éviter les balles tout en mitraillant la position, il tirait lui aussi à tout va, perdant son sang-froid, arrivé en face j'ai bondi sur lui après avoir échappé à un autre tir, je l'ai ajusté avec mon AK, j'ai appuyé sur la détente...
CLIC...
CLIC...
CLIC...
Vide ! j'ai attrapé mon arme de poing, un Tokarev TT-33 qui était à ma ceinture, mais il a saisi son fusil de sniper par le canon et m’a envoyé un coup de crosse dans l'estomac qui m'a sonné quelques secondes...
Les quelques secondes de trop, il m'a asséné un autre coup de crosse, en pleine tête celui-là, me faisant lâcher mon pistolet.
Je suis tombé dans la boue, il a repris son Dragunov de façon conventionnelle, prêt à tirer, dans un ultime instinct de survie j'ai roulé sur le côté, attrapé mon TT-33 et tiré dans sa tête, un filet de sang a giclé et il est tombé sur moi, après avoir repoussé son corps j'ai couru vers Guillaume à toute vitesse.

Il était couché toujours avec Bolt, je lui ai donné deux baies orans pour le remettre sur pied et il s'est appuyé sur mon épaule pour marcher, je le soutenais d'un bras et tenais mon arme de l'autre, Bolt était devant prêt à nous défendre.

-tu ne vas pas crever, mon frère, reste avec moi, reste avec moi, on va trouver une pharmacie t'inquiète, on ne meurt pas d'une balle dans la jambe, criais-je avec l'énergie du désespoir

On a franchi les mètres un par un vers la ville, mais soudain au détour d'une carcasse de camion, un soldat de classe "mastodonte" avec une armure très résistante et une mitrailleuse M249 SAW et apparu devant nous, il a commencé à nous tirer dessus, je ripostais avec mon Tokarev, mais c'était sans effet sur la lourde armure.

Bolt à tracé en avant vers le mastodonte et a lancé une attaque coup d' jus qui lui fit lâcher son arme, il a enchaîné avec une attaque jet de sable qui flouta la vue de son adversaire l'obligeant à enlever la visière de son casque, le voltali à ensuite escaladé l'homme, esquivant une droite et arrivé au niveau du visage il s'est mis à cracher une attaque dard nuée sur la face du malheureux qui est tombé en hurlant. Il agonisait au sol touché par le poison.

- Regarde ça Guillaume, on a gagné ! On est les meilleurs ! On l'a eut ce salaud! On y va !

Guillaume ?

MERDE !

Guillaume avait un large trou sanglant au niveau de la poitrine et expirait péniblement, touché dans la région du cœur. Je l'ai serré contre moi en pleurant puis je l'ai posé au sol, ses yeux bleus encore fixés sur moi regardaient le vide d'un air hagard, j'ai fermé ses paupières et hurlé.

- NON ! PUTAIN, GUILLAUME, TU PEUT PAS CREVER COMME CA ! PAS APRES CE QU'ON A VÉCUT, PUTAIN ! ILS TE LE PAIERONT TU VERRA, JE VAIS LES MASSACRER SANS PITIÉ, JE VAIS LE FAIRE POUR TOI, GUILLAUME, JE VAIS TUER TOUT CES FILS DE PUTE !

Fou de rage et rempli de haine j'ai avancé jusqu'au mastodonte mourant et j'ai roué son visage, monstrueusement mutilé par les dards nuées, de coups de poing en l'insultant de tous les noms puis je me suis levé et j'ai vidé le chargeur de mon Tokarev dans sa tête en hurlant.
Puis je me suis effondré, je repensais qu'il y a seulement quelques heures nous étions au lac bleu en train de festoyer avec les Pokémons au milieu d'un paysage magnifique et que maintenant il était mort, tombé sous les balles de la tyrannie, j'ai pleuré amèrement en repensant à notre amitié une dernière fois.

Bolt qui se frottait contre moi pour me consoler ne m'aidait pas à oublier, j'avais perdu mon ami, mon frère, le dernier qui me restait.

Voilà le prix d'un mile.