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A Guy and his Breathtaking Destiny de Drad



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» Auteur : Drad - Voir le profil
» Créé le 28/02/2014 à 19:40
» Dernière mise à jour le 08/09/2017 à 00:00

» Mots-clés :   Aventure   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de transformations ou de change

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XXII - Pokémon Donjon Mystère : Equipe de secours planétaire
J -2





- Chuuut ! Venez, mais doucement !

- C'est surprenant, tout de même. Et mignon aussi ! Ils doivent vraiment bien s'aimer !

- Rah, tais-toi, les réveille pas, tu vas tout gâcher !

- J'crois que j'les ai entendu bouger c'te nuit.

- ..."Bouger" ?

- Ouais, genre se lever, et tout.

- Pour faire quoi ?

- Allez savoir.

Doucement tiré d'un profond sommeil, le parfum du Dragon qui m'embaumait le museau, je gémis, avant de me redresser, sentant sa peau écailleuse sur mes griffes et plumage, puis le poids de sa patte tomber de mes épaules en glissant jusque sur ma queue. Je m'assis sur le bas-ventre de Noir Idéal, puis je bâillai, m'étirai, et ouvris convenablement mes paupières chargées du repos de cette formidable nuit.




[...]




Je trouvai Drak, Shaymin, Bastiodon, Lugia, Goyah et Fire, autour de Zekrom, qui pour sa part était allongé sur le dos et encore roupillant ; je tournai le dos à sa tête tombée sur le côté, lui qui avait la gueule entrouverte, un blanc filet de bave qui coulait du coin de la bouche, et qui ronflait. Mais c'était surtout les autres. Plantés là, le regard suspicieux et soupçonneux, en train de finir de chuchoter, et de se sentir tous soudain gênés : ils nous regardaient. J'ouvris le bec :

- On peut savoir ce qu'il se passe ?

- A toi de nous le di-

Drak bondit sur Shaymin qui venait d'ouvrir sa petite mouille, la lui cloua de ses griffes, et s'excusa, embarrassé :

- Oh, non, rien, rien du tout, héhéhéhé !

Lugia, d'un air connaisseur, pencha son bec sur la scène, le tourna à chaque coin, recoin, reniflant, et inspectant de ses yeux surmontés de ses sourcils violets d'enquêteur MOCLASM :

- C'est juste qu'en nous réveillant ce matin, nous ne nous attendions pas à vous trouver tous les deux l'un sur l'autre.

- On ne peut plus avoir froid, maintenant ? rétorquai-je simplement, ne voyant pas ce qu'ils y trouvaient de bizarre.

Le Dracaufeu enchaîna, un drôle de regard toujours aussi bleu en coin :

- T'avais besoin de chaleur ? Avec ce temps ?

Je le rembarrai aussitôt, croisant les ailes :

- On voit que t'as pas été faire de balade nocturne, toi.

Il me sourit :

- Nan, mais moi je sais qu'aller dormir avec quelqu'un, qui plus est contre cette personne, ça veut dire qu'on y est très attaché, hé hé !

- Et ? On n'a pas le droit d'être amis ? répondis-je le plus normalement du monde.

Les regards ronds et interloqués se penchèrent sur moi, comme si je venais de naître de la dernière pluie, ou que j'étais porteur je ne sais quelle maladie. Voyant que quelque chose les gênait vraiment, je penchai le bec, remarquai alors ce qu'il se trouvait un petit peu plus bas, et mon esprit fut soudain lavé de son brouillard matinal avec de l'eau de roche. Éberlué par de telles pensées venant du groupe entier, je me précipitai soudain :

- WOW NON ! VOUS NE PENSIEZ TOUT DE MÊME PAS QUE...

Le Maître de la Ligue d'Unys haussa les épaules, cachant son amusement devant une telle situation :

- Après, vous faites c'que vous voulez, hé !

- NON MAIS NON ! VOUS VOUS RETIREZ CES PENSÉES DE LA TÊTE ILLICO ! piaillai-je en agitant frénétiquement les ailes. PENSER QUE NOUS DEUX ON AURAIT... PAR ARCEUS !

Le raffut provoqué par le scandale que j'avais tout juste découvert réveilla la bête bien formée sur laquelle je me trouvais, qui se redressa promptement en bâillant :

- Hein quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe... ?

Je déblatérai à toute vitesse :

- TOUT LE MONDE NOUS TROUVE ENSEMBLE ET ILS SONT EN TRAIN DE PENSER QU'ON A... Qu'on a...

Moment de gêne.

- Dormi ensemble ?

- Hmmmmmmmmmmmmmmmmmm oui, en quelque sorte, lança le Maître des Abysses avec son plus grand sourire.

- Bah c'est le cas ! Où est le problème ?

- Y A PAS DE PROBLÈME, m'emportai-je de si bon matin. On pourrait pas tous aller petit-déjeuner, au lieu de continuer cette conversation qui dure déjà trop longtemps ? BASTIODON HELP !

Mon fidèle Pokémon (bien qu'il fusse également partie des voyeurs) réagit au quart de tour, et demanda gentiment à tout le monde d'aller voir ailleurs, en confirmant ma proposition d'aller se restaurer. Toujours assis sur Noir Idéal qui se tenait relevé, se tenant sur ses coudes, je me tournai vers lui. Un peu embrouillé par les récents événements, il tourna son regard embué vers moi sous le soleil de ce nouveau jour, et me fit un sourire, avant de me dire bonjour, et de me demander si j'avais finalement bien dormi ici. Je le reconsidérai, là ; cela me calma, de voir tant de sympathie. Je lui souris à mon tour, le remerciant pour cette nuit, et n'oubliant pas de lui souhaiter un bon jour également.


Le petit-déjeuner composé des restes d'hier fut avalé, et après une rapide toilette et s'être désaltéré dans ce splendide lac, nous levâmes le camp. Remis sur nos pattes et aptes à reprendre le voyage, on s'enfonça de nouveau en pleine forêt, direction le nord, toujours, et reformant peu à peu notre groupe. Avec le soleil matinal qui faisait resplendir la forêt d'or, les parfums de la nature estivale, la chaleur qui se faisait tout juste parfaite, et la nuit que je venais de passer, ce nouveau jour ne pouvait que promettre du bon !

On discutait quelques fois, on plaisantait sur quelques actions se déroulant dans notre environnement ou l'on se laissait simplement aller au cours de nos pensées, n'ayant rien de particulier à dire. Ce matin-là, notre chemin fut sans encombre, et nous avancions à pas décidés, bien conscients du temps qui nous restaient. Lugia, redevenu invisible, était à l'avant ce jour-ci, et tenait à se concentrer de nouveau avec entrain sur la mission, voulant faire oublier à tout le monde ses sautes d'humeur d'hier ; son cou tendu au-dessus du plafond forestier, on voyait le toit de feuillets d'ambre roussie s'ouvrir légèrement, ce qui témoignait de la présence de notre grand ami.

- ... Si ce n'est plus ? Héhé.

AH, VOUS ALLEZ ME LÂCHER AVEC ÇA, OUI ? ON EST TOUS AMIS, POINT BARRE !

- Roooh, si on ne peut même plus plaisanter ! Héhé.

Bref, tout allait bien ; Bastiodon s'intégrait au groupe avec grande aise, son capital sympathie surpassant probablement celui de tous, et l'on marchait sans encombre.


Si bien que l'on fit un très bon bout de chemin. Nous vîmes l'orée de la forêt de ce précieux automne caractéristique de Johto, les arbres redevenant peu à peu verts, en ce faisant de moins en moins nombreux. Nous avions trotté toute la matinée, sans encombre - ce qui est notable à mon avis, et ce qui d'une part montrait bien que la chance nous souriait après tant de trucs tombés sur le coin du bec tous les deux pas ; d'autre part, cela nous avait valu le droit de changer progressivement de paysage. Nous sortîmes finalement donc de l'étendue sylvestre, pour aboutir sur une grande plaine à l'herbe drue et sauvage. Dans les cieux que nous pouvions désormais retrouver, le temps se couvrait désormais, signe que l'on approchait bien du nord de la région ; signe également rassurant, puisque tout à fait habituel en temps normal. Et vu comme nos habitudes, y compris climatiques, étaient bouleversées ces temps-ci, cela fit du bien de voir quelque chose convenablement à sa place, de voir que notre monde n'avait pas totalement changé. L'arrivée sur cette plaine et tout l'espace libre qu'elle offrait dégourdit les plus grands d'entre nous ; Zekrom, Lugia et Fire purent s'étirer les ailes et les remuer quelque peu, ne serait-ce que pour se sentir plus libres. Les gémissements du Gardien des Sept Mers nous firent comprendre qu'il n'était toujours pas apte à reprendre les airs, confère les snipers qui avaient voulu le descendre.

- De toute façon, je tiens à rappeler que selon le Code des Légendaires, je ne-

Oui bah je sais, hein. Toi et ton Code...

- C'est important !

Zekrom n'en n'a rien à foutre apparemment.

- Ils profitent de la niaiserie des personnages secondaires, c'est pour ça. Moi je ne profite pas des gens !

Mouais.

- Qu'est-ce que c'est là-bas ?

Drakkarmin s'était dressé plus haut sur ses pattes arrières, et pointait d'une griffe un empilement de rochers, en pleine plaine. Nous aperçûmes également une petite cabane qui la jouxtait ; et une petite statue de Kangourex pas loin. C'était une curieuse vision ; comme ça, au beau milieu d'une étendue déserte, ce tas de gros cailloux conséquent, cette maisonnette, et cette statue... Plantés dans ce décor vide. Notre groupe s'approcha donc des lieux ; la formation rocheuse, si bien tas qu'on eût dit que de géantes pattes avaient amené des rochers choisis ici et les avaient empilés, comportait une ouverture carrée en son sein, plaquée au sol, un escalier dévalant aussitôt vers les entrailles de notre planète. Une plaque gravée était fixée à une paroi rocheuse qui avoisinait cette entrée. La petite maison, quant à elle, était plus cabane qu'autre chose ; néanmoins rudement bien bâtie, elle semblait être là pour servir de relais entre le monde que nous avions parcouru jusque là et ces sombres souterrains. Bastiodon s'avança derechef vers la porte de la bâtisse en matériaux naturels, s'imposant de fait comme celui qui allait lancer la question clé :

- Y a quelqu'un ?!

On entendit remuer à l'intérieur ; des pattes piétiner le sol, un pot se renverser, une voix railler, une se marrer et une autre s'excuser, puis la porte s'ouvrit soudain. Un Farfaduvet en bondit légèrement, promptement suivie d'un Larveyette qui s'essoufflait facilement, puis d'un petit mais robuste Pokémon couvert de fourrure noire, qui arborait un certain entrain avec sa démarche sur ses quatre pattes, sa mèche tombante se secouant sur sa tête bleue : un Solochi. Alors que beaucoup les considérait normalement, avec Goyah amusé de voir des Pokémon sortir d'un bâtiment à première vue fait pattes, j'eus une étrange impression en en voyant deux. Et le meneur de l'équipe de secours et d'exploration des W.T.F. me rendit soudain la mémoire :

- FARFADUVET ?! Vous ici ?

La concernée, qui allait justement venir nous saluer après sa petite crise cardiaque en apercevant Zekrom, s'exclama :

- ... Fire ? C'est... C'est toi ?

- Oui ! C'est bien moi ! se vanta le fier Pokémon, gonflant le torse et soufflant des braises par ses narines.

- MON CHOUCHOOOUUU ! s'écria la Maîtresse de la Guilde d'Unys de sa voix stridente, voltigeant jusque devant le Dracaufeu. COMMENT T'ES TROP CHOU TOUT ÉVOLUÉ COMME CA ! TU M'AS TELLEMENT MANQUÉ ! La Route 1 - d'Unys, bien sûr, non mais voyons - commence à être envahie par des Pokémon bien plus forts et malintentionnés qu'avant, depuis le départ de votre équipe, vous savez !

La mémoire me revenant, je murmurais discrètement au reste du groupe l'identité et le rôle scénaristique de chacun des Pokémon affilés à cette histoire de secours, précisant que je ne connaissais pas ce Solochi.

- Fous safez, Farfadufet et moi-même ne nous fattendions pfas à fous retroufer dans fette région ! zozotta le Larveyette, curieusement aussi souriant que la Maîtresse. Nous fenions pfrendre des noufelles de ce pfofte !

- Ce "poste", articula Farfaduvet en se tournant vers son acolyte.

Puis, de nouveau vers nous :

- Ah là là, ça n'a pas été un voyage facile, avec un zozo pareil ; m'enfin ! Le système de plaques d'encryption de ces Pokémon fonctionne bien en définitive ! Tu te rends compte, Fire ? Que quelques Donjons à traverser et hop, on a parcouru des kilomètres ! se réjouissait-elle. D'ailleurs tu m'expliques ce que vous faites tous là ? Ce sont tes amis ?

Après avoir rappelé que cette histoire "d'encryption" n'était pas vraiment sa tasse de thé, il s'en suivi un TRÈS rapide résumé des événements par le meneur qui avait acquis au cours de son voyage de quoi bien mener contrairement à sa vie d'avant. Avec tout le sérieux du monde, il synthétisa la situation actuelle de notre groupe, rajoutant que nous avions le soutien de Zekrom et de Lugia, qui se rendit visible pour les salutations. Devant notre surprise, lui qui avait si peur de se faire voir du commun des mortel, il leva une de ses larges ailes et argua :

- Ces consignes ne valent que dans les territoires les plus fréquentés des humains. Cette zone est une zone sauvage, mystérieuse ; si ce n'est...

- Un Donjon Mystère !

Le Dracaufeu, décidément au goût du jour, avait rugit d'impatience, de joie et de fébrilité après que la femelle Vole Vent lui ait touché deux mots sur l'endroit, arborant son mignon sourire :

- Yep mon p'tit, c'est bien ça ! Les Catacombes du Soleil sont un passage si vous voulez continuer vers le nord de la région. Plus loin, y a un ravin qui va vous bloquer la route. J'vous conseille pas trop de le contourner mes chouchous ; ça vous prendrait des jours.

- Et ce Solochi... demanda Drak, curieux, montrant du regard le Pokémon Rude.

Ce dernier s'avança, et déclama d'une voix de jeunot :

- Moi, je suis Gardien ! Ce poste de Guilde est MON poste, celui mémorable de servir de point de repos, de ralliement, bref, d'intermédiaire pour que les Pokémon tels que vous puissent poursuivre leur voyage, se préparer à traverser les Catacombes. Je suis aussi affilé à la Guilde Cizayox, première Guilde de la région de Johto, du nom du célèbre explorateur ! Donc je fais un peu la police et m'assure du bon déroulement de la vie dans les alentours, quoi.

Je voulus remarquer que, vu la plaine déserte, il ne devait avoir pas grand-chose à surveiller, mais l'homme a la chevelure impressionnante et en tatanes depuis le début s'était approché de l'ouverture béante dans les roches, et lis à voix haute l'inscription :

- Pattes, pattes, queue de Poissirène, pattes, nuage, pattes, feuille, caillou. Et fantôme, là, aussi, en bas à droite, avec un point d'exclamation. C'est mignon tout plein, héhé !

- HÉ, HO, VOUS, LÀ ! s'emporta soudain le petit Solochi. C'EST PAS QUE LES HUMAINS VIENNENT PAS SOUVENT ICI, MAIS ILS NE VIENNENT JAMAIS ! ALORS SI VOUS AVEZ DES RÉFLEXIONS SUR NOTRE ÉCRITURE, ALLEZ VOIR SOUS UN COCHIGNON SI J'Y SUIS !

Larveyette s'empressa d'aller calmer le "gardien de poste", et Lugia se chargea de décrypter pour Goyah, en indiquant clairement "Catacombes du Soleil - Attention aux Spectres". Bastiodon se rapprocha de moi, et me chuchota :

- On va devoir traverser un "Donjon Mystère", si j'ai bien compris ?

- Faut croire, mon ami.


Larveyette, qui avait dû ravaler la pseudo-autorité que je lui avais connu lors de notre première rencontre, était allé avec Fire dans le Poste d'avant-Donjon, chercher, selon les dires de celui-ci, "de quoi remplir ce Sac à Trésor tout vide, parce que sinon on va pas faire long feu c'est moi qui vous l'dis et j'm'y connais question feu". Le Caverne courageux, la Gratitude excitée, l'heureux Noir Idéal, le serein Plongeon, le confiant Bouclier et l'inquiet Oisancien que j'étais devant une nouvelle situation approchante étions tous rangés en ligne devant la Maîtresse de Guilde en coton, secondée pour le coup du Solochi, et officieusement supervisée par l'ardent Dracaufeu. Le fougueux Goyah, en bon aventurier qu'il était, avait préféré s'asseoir sur les rochers qui fleurissaient autour de l'antre du Donjon, bien que mal regardé en coin par le gardien Rude. La Farfaduvet tenait humblement à nous en apprendre plus sur l'épreuve qui nous attendait :

- Bien ! Mes chouchous, écoutez-moi attentivement ! En premier lieu... Zekrom, Lugia, avec tout le respect que je vous dois, vous ne pourrez entrer.

Déception affublée de cris de protestation, avant que Solochi ne demande le calme, signalant que les explications n'avaient pas encore été données. Vole Vent, un peu honteuse devant de telles légendes, reprit du poil de coton et certifia :

- Voyez-vous, les tailles des équipes que nous allons former pour votre traversée des Catacombes du Soleil a une limite. Bien que les Donjons Mystères soient les endroits les plus imprévisibles, inexpliqués et incroyables sur toute la surface de notre monde, ils ont aussi leur limite, hé oui. Les trop grands Pokémon ne peuvent pas y entrer ; vous auriez pu seuls, mais là, même l'entrée n'est pas assez grande pour l'un d'entre vous, regardez.

Elle n'avait pas tort. Si ce n'est un peu raison. Tout juste le Dracaufeu de notre équipe pouvait passer l'entrée.

- De plus, l'humain qui vous accompagne ne pourra pas non plus y entrer. Seuls les Pokémon ont pu jusqu'ici, chaque humain se faisant rejeter. NE ME DEMANDEZ PAS POURQUOI, c'est ainsi. C'est vachement mystérieux, les Donjons Mystères, me direz-vous ! Je vous répondrai : c'est le principe.

Le Maître des Abysses fit part de l'annonce au Maître de la Ligue d'Unys, qui, bien que dépité sur le coup, la prit du bon côté :

- Ah... Bon, eh bien, je laisserai une fois de plus l'aventure aux jeunes, ha ha ! Je voyagerai donc avec vous... ? finit-il en se tournant vers la Maîtresse.

- C'est ce que j'allais proposer, poursuivit Farfaduvet. Le légendaire Zekrom et le puissant Lugia pourront traverser le ravin au vol, portant avec eux le... Curieux humain.

Les Légendaires, fiers de recevoir leurs adjectifs épithètes, acquiescèrent... Avant que le grand oiseau de nacre revienne à la réalité :

- Mais... Excusez-moi, mais j'ai été blessé à l'aile pas plus tard qu'hier. Les dégâts étant assez sérieux, je ne peux...

- Olala ! Tant de jérémiades pour si peu ! s'envola Farfaduvet soudain. Ma foi, je vais vous porter moi-même en cure de rétablissement, qui ne se situe justement pas loin du tout d'ici ; nos Pokémon Plantes, Psy et Eau affiliés font des merveilles aux explorateurs qui nous reviennent cabossés de partout, nous passerons par la source chaude tous les trois pour régler cette histoire de bobo - vraiment, quelle chance qu'on soit juste à côté, ohlala -, et hop, vous pourrez voler à nouveau de vos propres ailes, chanceux que vous êtes ! C'est sur le chemin, en plus, puisque je viens de vous le dire !

Puis, je l'entendis susurrer aux mythes vivants :

- Le temps que les Pokémon communs traversent les épreuves qui les attendent, nous seront arrivés avant eux, bien avant le coucher du soleil. Puis on se chargera de l'humain pour qu'il nous laisse tous les trois dans le bain, hm ? Huhuhuhuhuhuhuhuhuhuhu.

Zekrom et Lugia se regardèrent tous les deux, commençant à avoir peur de la Farfaduvet avec un peu trop d'entrain, pendant que Goyah jurait avoir entendu parler de lui l'instant. Heureusement, Shaymin fut trop occupée à trouver le style de Farfaduvet "vraiment négligé" pour s'être entendue rangée dans la catégorie des "communs".

- BIEN ! reprit soudain la Maîtresse. Pendant que mon duo de chouchous - et cet humain - bougent leurs "petits" derrières pour se préparer à y aller, j'ai pas fini votre briefing, à vous !

Elle se remit devant la file des quatre Pokémon débutants en la matière, et se remit en position de connaisseuse et expérimentée qu'elle était :

- Mes chouchous, ce que vous allez croiser, vous ne l'avez jamais vécu. Un Donjon Mystère est un vaste et hargneux endroit plus ou moins "magique" - car inexpliqué dans son fonctionnement. Votre objectif est d'aller de salle en salle, trouver le moyen de descendre de plus en plus profond ou d'y grimper de plus en plus haut ; ils vous amènent à des endroits insoupçonnés, gorgés de mystères et de trésors, encore jamais explorés pour beaucoup ! Un Donjon Mystère change à chaque fois que vous y entrez ; cela ne sert à rien de faire de plan, le lendemain vous devriez le recommencer ! De plus, de vils Pokémon se dresseront sur votre route... Les dérèglements de l'ordre naturel ont pour fâcheuse tendance à perturber nombre de Pokémon, qui deviennent irritable seulement en croisant leur regard ; puis ces chamboulements ont aussi pour répercussions la recrudescence de Donjons. Prenez également garde aux moults pièges qui parsèment ces endroits ; et amusez-vous, c'est le principal ! Outre le fait de ne pas tomber K.O., c'est évident. Surtout que vous perdrez de l'argent et vos précieux objets dans ce cas, hihi.

DES OBJETS ? Je frémis. Le Galet Blanc, putain, le Galet Blanc... Il était hors de question de tomber K.O., c'était clair d'entrée.

- Je crois avoir tout dit ! sourit la Maîtresse. Ah, non, tiens : Solochi ?

Le gardien s'approcha promptement :

- Oui madame ?

- Avez-vous consulté le tableau des missions ? Savez-vous si quelque âme désespérée a besoin d'aide aux Catacombes du Soleil ? L'équipe W.T.F. - même s'il n'en reste que la moitié - et leurs compagnons feraient d'une pierre deux coups ainsi !

- Aux dernières nouvelles, aucun Pokémon n'a demandé de l'aide dans ce Donjon, répondit simplement le petit Ténèbres/Dragon. Il me semble par contre qu'un hors-la-loi y ait été récemment repéré. On a peu d'indications à son sujet ; juste ses empreintes, à vrai dire.
Mes quatre compagnons et moi nous regardâmes tous. Un hors-la-loi ? Okay, on en avait croisé. Un hors-la-loi... Pokémon ? Ça changeait. Le Solochi s'en retourna à la façade de sa maisonnette, arracha d'un coup de mâchoire un des avis de recherche qui étaient placardés là, et l'amena aussitôt, en bafouillant, la feuille dans la gueule :

- Il a été accuché de vol, che crois... Tenez, gardez-cha, vous chen aurez bechoin pour réclamer votre ranchon au shérif.

Drak tendit son bras céruléen et ses griffes ivoire pour décharger de la mâchoire du gardien du papier et se charger de cet avis au cas où ; il y jeta un coup d'oeil, constatant les infos que nous avions déjà, et le plia en attendant le retour du meneur de groupe et son Sac pour le ranger. La Maîtresse conclut :

- Voilà ! Désormais, faites-vos équipes ! Un groupe de 4 maxi à la fois dans un Donjon ! Vous êtes cinq... Soit vous vous séparez, ou alors l'un d'entre vous rejoint les belles bêtes et l'humain pour un petit vol. Puisque Larveyette doit aller dans le sens contraire, et que Solochi doit rester à son poste, cela va de soi.

Il y eut un moment de gêne. Nous avions tous envie de découvrir l'expérience d'un Donjon Mystère (façon de parler, hm) mais se séparer en deux équipes, qui seraient forcément de deux ou trois, étant débutants, n'en laisserait qu'une avec Fire, expérimenté comme il faut, et Pokémon de la situation. Un allait devoir se désister.

- Écoutez, commençai-je. Perso, je n'ai pas très envie d'aller chercher plus d'emmerdes que je n'en ai déjà. De plus, je vole ; et faire le voyage avec Zekrom et Lugia - et Goyah - ne me pose aucun problème...

- Ah non, si quelqu'un est impliqué dans toute cette histoire, c'est bien toi, Chris, me défendit Bastiodon. Vu que je suis le dernier à vous avoir rejoint, il me semble logique de vous laissez aller dans ce Donjon, les jeunes. On se retrouvera aux Ruines, de toute façon !




[...]




- Personne d'autre ne va défendre son propre sacrifice ? hasardai-je devant ce silence.

- Moi ? Jamais, sourit gentiment Shaymin.

- Disons que j'ai vraiment envie de connaître ces endroits, geignit Drak, se titillant ces griffes, un peu honteux de devoir accepter la proposition de Bastiodon.

Mouais. Ça m'embêtait, justement, que Bouclier nous quitte alors même qu'il venait de nous rejoindre.

- Mais, je comprends pas, reprit le Pokémon Caverne. Je ne vois vraiment pas ce qui nous empêche d'entrer à cinq en même temps.

- Bah, faites ce que vous voulez, je vous aurai prévenu, rétorqua Farfaduvet, qui avait au final l'air de pas mal se foutre de nous. Pour nous, il est tant d'y aller ! Si quelqu'un nous rejoint, vous vous décidez maintenant, ou jamais !

Vu que je retenais Bastiodon, Drakkarmin se dévoua finalement, en essayant de sourire :

- Okay, c'est bon, je n'y vais pas ! Mais vous me promettez de me raconter, voire à en trouver un autre un de ces jours pour que je voie ça de mes propres yeux, hein ! Vas-y, Bastiodon ; c'est vrai que ce serait moyen de t'interdire d'y rentrer, il te faut bien ton lot d'aventures aussi.

Il s'en retourna vers Farfaduvet et les trois autres sans ajouter de mot, et ce groupe de quatre nous souhaita bonne chance. Fire, déjà avancé vers l'entrée du donjon, réajusta la bandoulière de son Sac à Trésor, et nous encourageait à commencer l'expédition. Shaymin se tint prête, puis je la suivis en regardant mon Pokémon Bouclier remercier le Drakkarmin une nouvelle fois. Ce dernier fit un sourire forcé, un peu dépité tout de même :

- Allez, vas-y avant que je change d'avis !

Shaymin rappela qu'il nous restait moins de quarante-huit heures, alors notre équipe pénétra sans plus tarder, membre après l'autre, dans l'antre ténébreux. Même si c'est une séparation un peu abrupte. Mais, comme on se le souhaita, nous nous reverrions tous aux Ruines Sinjoh, non ?


Catacombes du Soleil
É. -1

A peine commencions nous notre descente en suivant des escaliers soigneusement taillés dans la roche que nous arrivâmes dans une grande salle, pavée de longues pierres ocres, aux rainures d'un bleu passé et éclairé par la simple présence du Dracaufeu. Celui-ci me donna une grande carte vierge et une mine, puis nous informa :

- Bien ! Au fur et à mesure que nous avancerons, Frère Plume prendra note et fera le plan de chaque étage, afin que nous ne perdons pas. Il me suivra, pour qu'il soit le deuxième à découvrir où nous mènent nos pas, et que je puisse lui indiquer ce que je percevrai au loin. Bastiodon le suivra, et Shaymin fermera enfin la marche ; avec sa taille et sa dextérité, il sera beaucoup plus facile pour elle de se retourner ; elle pourra ainsi surveiller nos arrières et/ou riposter en cas d'attaque. Compris ?

Vu qu'il avait soigné son discours pour que mademoiselle Mynshia ne se sente pas mal considérée, aucun de nous ne trouva quelque chose à y redire ; et puis, le Dracaufeu était bien le seul parmi nous qui savait ce qu'il faisait. Nous avançâmes donc sagement derrière lui, qui menait notre groupe héroïquement, toujours à l'affût et néanmoins excité de nous faire découvrir ce genre d'endroits. Arrivés à l'autre bout de la salle, nous trouvâmes un couloir ; nous nous y engouffrâmes ; mais le couloir était si étroit que nous ne pouvions faire autrement que marcher à les uns derrière les autres, en file. On avait juste assez de place pour ne pas se sentir à l'étroit ou changer de place si le besoin se présentait, mais jusqu'ici, nous n'en n'eûmes pas l'occasion. Bon, on n'avait avancé depuis même pas cinq minutes, donc bon.

Le Donjon était drôlement sombre, et ses couloirs, sorte de chemins imbriqués dans ces espèces d'anciennes ruines, paraissaient longs et interminables. J'avais quelques talents en dessin ; les histoires d'échelle et de schéma alambiqué, se construisant petit à petit, au fur et à mesure de découvertes poussiéreuses, ça me connaissait, par rapport à mes études en paléontologie Pokémon. Alors je n'eus pas trop de mal de ce côté là ; après, en pratique, dessiner en marchant, à la lueur d'une flamme, et avec ses putains de griffes, c'était pas ce qu'il y avait de plus sympa. Mais bon, tant que le chemin continuait à être aussi calme que les mètres que nous avions fait jusque là, ça ne posait pas trop de problèmes.

Jusqu'à ce que, filant avec un vague bruit strident, une Ball'Ombre vienne frapper Fire en plein museau, ce qui nous fit tressaillir.

- Ah ! Fire ! Ça va ?!

Sans perdre du temps à nous répondre, le Dracaufeu cracha son Lance-Flamme en une furieuse bouffée ; je vis le coup de chaud partir loin devant, illuminant le couloir sur son passage, jusqu'à aller frapper un Feuforêve de plein souffle ; celui-ci s'évanouit dans la nature, K.O.

- Ouais, ça va très bien ! nous rassura-t-il, au final bien portant. C'est comme ça, les Donjons. On est attaqués.

- Hm, d'accord, répondis-je, pas convaincu le moins du monde.

- C'est étrange, ils ne préviennent même pas, remarqua Bastiodon.

- On peut continuer à avancer, alors ? Je tiens pas à rester en place, frémit Shaymin.

Nous poursuivîmes notre chemin, pendant lequel je demandai :

- C'est étrange, en effet ; sans dire un mot, comme ça, on nous envoie une attaque en plein bec...

- C'est normal, dans les Donjons Mystères. Ce sont des endroits qui apparaissent suite à des perturbations ; les Pokémon qui les habitent sont forcément perturbés, me démontra Fire en se voulant logique.

- Je trouve ça triste, soupira Bastiodon. Je n'aimerai pas me retrouver à errer éternellement dans ce labyrinthe en attaquant tous ceux que je trouve sur mon passage.

- Je sais même pas s'ils sont conscients de ce qu'ils font, poursuivit le meneur, vois-ça comme une sorte de pouvoir mystérieux des Donjons. Après, il arrive que certains d'entre eux, une fois K.O., ne soit pas transportés au-dehors du Donjon, mais, pris d'une certaine admiration, veulent rejoindre l'équipe de secours ! C'est comme ça qu'elles s'agrandissent, au fur et à mesure des missions.

La touffe de chlorophylle qui se promenait derrière lança :

- Tu veux dire que y a des lèche-culs qui te supplie pour que tu les prennes avec toi juste parce que tu viens de les mettre K.O. ?

- Fais pas ta maligne, Shaymin ; c'est vachement mystérieux comme système, c'tout. Et puis, ça montre bien que ces Pokémon ne sont pas totalement perdus, quand on y pense ; ils peuvent toujours être sauvés par l'admiration.

- Ou le léchage de cul, répéta-t-elle.

Notre couloir et nous débouchâmes alors dans une salle ; identique à celle dans laquelle nous étions arrivés. Fire l'éclaira sans problème, mais quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous trouvâmes un autre Feuforêve et un Spectrum, eux aussi dans la salle, et volant vers nous à toute berzingue.

- ATTENTION !

J'étais en train de m'emmêler dans mes pinceaux quand notre meneur se chargea d'attaquer avec un nouveau Lance-Flamme, qui alla éliminer le Spectrum ; Bastiodon, se décalant en diagonale, put arrêter le Feuforêve d'un Éboulement bien placé. Les braises se dissipant et le tas de cailloux ayant fini de rouler sur les sols des Catacombes, les Pokémon Spectres, K.O. en un coup, avaient eu le temps de s'évanouir comme ils étaient apparus. Je calmai mon pouls, décidément pas habitué à ce genre de combats, et Shaymin, qui daigna se pencher sur la question, remarqua :

- D'ailleurs, c'est idiot, cette manière de recrutement ; supposons qu'un des prochains nunuches qui nous attaque soit pris "d'admiration", on ne pourra pas le prendre avec nous, puisqu'on devrait briser la règle ô combien apparemment importante des quatre membres de l'équipe en même temps dans le Donjon.

- C'est là qu'intervient le Badge d'Explorateur, ma p'tite, se défendit Fire en sortant vaillamment une sorte d'insigne bigarrée du Sac à Trésor. Grâce à ça, je peux faire rentrer n'importe qui à la base ! Et hop, une fois le Donjon fini, on retrouve nos coéquipiers au QG.

- Tu veux dire que vous vous téléportez à l'autre bout du monde avec une barrette ? Je trouve ça drôle, sourit Shaymin.

- TE FOUS PAS DE MOI, C'EST TROP LA CLASSE ! ET SI T'ES PAS CONTENTE, J'PEUX TOUJOURS TE FAIRE DÉGAGER AVEC !

- Ohlà, non, te donne pas la peine, mon pote ; je faisais une simple observation, c'est tout.

Le Dracaufeu grogna je ne sais quoi avant de nous faire signe de continuer à le suivre ; on alla ramasser une Baie Oran, qui traînait par terre, dans un coin de la salle, "parce que ça pouvait toujours servir", et on prit un autre couloir. Cette fois-ci, il fut plus court que le précédent, et il nous amena dans une autre salle, toujours la même en apparence, de dimensions et disposition néanmoins différentes ; c'était dérangeant. Nous n'y trouvâmes pas de Pokémon, heureusement ; nous y trouvâmes par contre une somme conséquente de Poké, elle aussi laissée - ou déposée là par le Donjon... - à même le sol, que Shaymin s'empressa de ramasser. Enfin, dans un coin, nous trouvâmes des escaliers, s'enfonçant plus profondément dans ses ruines, pour accéder à l'étage suivant. Nous ne nous fîmes pas priés plus longtemps, même si nous aurions pu continuer à explorer l'étage entier ; nous étions pressés, après tout.


Catacombes du Soleil
É. -2

Arrivés en bas, une autre salle. Après avoir rapidement jeté un coup d'oeil dans la salle pour nous rendre compte qu'elle était vide, nous continuâmes notre avancée, moi dessinant notre route sur un autre coin de la feuille, et tout le monde restant aux aguets. C'est dingue ; j'aurais même pas vu la différence si nous avions commencé par cet étage. Le cadre, l'ambiance, était la même quasiment à la fissure près, seule la disposition des couloirs, leur taille, celle des pièces, et même une Baie Pêcha, dans un coin d'une pièce, faisaient que l'étage était différent. D'abord déstabilisant, ça m'apparut ensuite comme un peu oppressant ; sans plan, j'aurais eu l'impression de me perdre en boucle dans un seul et même étage, plongé dans la pénombre et avec un je ne sais quoi de claustrophobique.

On croisa un Spectrum et un Pyronille, qui disparurent chacun d'un Lance-Flamme de Fire ; faut dire qu'il avait tous ceux qui arrivaient de face, vu qu'il était toujours devant, et ceux qui arrivaient de derrière... Ben, on n'en croisait pas. On avait cette impression d'avancer toujours de front, mais jamais d'être encerclés ; vous me direz, c'est pas plus mal.
Sauf quand Bastiodon rugit soudain, nous faisant tous bondir ; je me retournai aussitôt :

- Bastiodon ?! Qu'est-ce qu'il y a ?!

- Bon sang ! Il vient de se prendre une Ball'Ombre ! s'exclama Shaymin.

- Quoi ?! Mais... Mais il est au beau milieu de la file ! Comment...

- Me regarde pas comme ça, j'en sais rien moi ! Elle est arrivée du mur, et bam !

Bouclier nous rassura sur son état de santé, qui n'était pas si dramatique ; m'enfin tout de même, du mur quoi ! Nous nous étions donc arrêtés au beau milieu du couloir, moi à m'affoler et Shaymin à crier d'avancer, lorsqu'une aura d'une teinte spectrale nous frappa tous les trois, émanant soudain de la paroi à côté de laquelle nous stationnions. Me relevant de l'impact de l'attaque Ombre Nocturne, je commençai à insulter le mur et lui ordonnai d'arrêter cette mascarade illico ; Shaymin, elle, avait beau balancer des Puissances Cachées à la chaîne, elle ne faisait qu'attaquer un mur.

- BON SANG DE BORDEL DE...

J'eus encore le temps de me prendre une Ball'Ombre venue DU MUR, NOM D'ARCEUS, pour que Bastiodon, réfléchissant à ce problème, eut l'idée d'attaquer avec Éboulement. Il fit donc tomber une volée de grosses pierres en plein sur la foutue paroi, qui eut pour effet de faire s'évanouir le Spectrum qui nous attaquait depuis tout à l'heure. Il me laissa interloqué :

- Mais... Je... Comment...

- Pokémon Spectre. Ils sont passe-murailles, non ? conclut simplement Bouclier.

- Mouais.

Fire, qui s'était éloigné sans se rendre compte de ce qui nous était arrivé, revint sur ses pas précipitamment ; il nous vit et s'exclama, essoufflé :

- Ben alors, qu'est-ce que vous foutiez ?! J'croyais vous avoir paumé, moi !

- T'as pas remarqué qu'on était attaqué ?

- HEIN ?! QUOI ?! QUAND ?! COMMENT ?! PAR QUI ?!

- Heu... A l'instant.

- OÙ EST-CE QU'IL EST CET IMBÉCILE QUE JE LE-

- Calme-toi Fire, rétorqua Bastiodon, je l'ai dégommé, c'est bon. Un Spectre qui nous attaquait depuis le mur, on a été surpris.

- Ah. Oh. Okay. D'accord. Ah, oui, le mur, hm. Je vous en avais pas parlé ?

Je le regardai droit dans les yeux. Il comprit en voyant la tronche que je tirais.

- ...Je vois. Ça a dû me sortir de la tête.

- Y a rien d'autre qui t'es sorti de la tête, à tout hasard ? demandai-je, tant qu'on y était.

- Hm, nan, j'crois pas, songea-t-il trop rapidement à mon goût. Bien, dans ce cas !
Poursuivons, haha !

Il repartit avec son air fier d'explorateur, et nous le suivîmes, lui collant toujours au train, frémissant toujours d'une quelconque apparition soudaine d'ennemis, flippant désormais à chaque coin de mur.

Nous continuâmes notre pérégrination dans les ruines, jusqu'à trouver une salle couverte d'une eau cristalline par endroits. Non pas que cela ait une quelconque importance, mais je trouvais cet élément assez divertissant pour être précisé, autre que ces dalles ocres, rayures bleues, fissures glauques, et poussières entassés. On trouva d'autres Pokés (l'argent, donc), qui faisaient définitivement la joie de Fire et de Shaymin ; le meneur lui expliqua que c'était comme ça que les Donjon rapportaient gros, et simplement grâce au fabuleux pouvoir de l'exploration. Shaymin se rappela de la fois où leur Village avait accueilli une équipe de secours, puisque celui-ci était situé au pied du Pic Céleste, un Donjon Mystère - mais elle n'avait jamais osé y monter, c'était donc sa première tentative. Bref, on y trouva d'autres escaliers, et nous les descendîmes ; voyant que je devrais à nouveau recommencer un plan, je demandais à Fire combien d'étages nous avions à parcourir pour arriver au bout de ce Donjon. Il me répondit qu'il n'en savait rien, mais que c'était ça, l'aventure ; je lui rétorquai qu'on n'avait pas que ça à faire, quand même ; il m'assura alors que l'endroit n'avait pas une tête de gros Donjon, donc qu'il devait y avoir aux alentours des 10-15 étages.


Catacombes du Soleil
É. -5

Toujours le même décor, quasiment le même endroit, absolument pas les mêmes étages. On avait croisé un bon nombre de Pokémon, jamais très diversifiés néanmoins : des Feuforêve, Spectrum, Pyronille, Ténéfix, Tutafeh et même des Munja. Le meneur s'en chargeait toujours avec des Lance-Flammes ; et, pour les rares qui nous attaquaient de côté - cela ne nous arrivait en fin de compte pas si souvent - seul Bastiodon pouvait les finir avec son Éboulement. Je commençai presque à m'habituer aux rencontres, à vrai dire.

Donc, entre deux Pyronille cramés, je questionnai :

- Mais, quelqu'un a-t-il déjà fini ce Donjon ?

- Excellente question, répondit Fire. Ce à quoi je répondrais : je n'en sais absolument rien.

- Super, merci. Donc on sait pas du tout s'il a un fond, en fait.

- Bah, la Maîtresse de la Guilde nous a envoyé dedans, alors il y en a un ! s'enjoua-t-il.
Bastiodon, qui reprenait sa place dans la file après s'être occupé d'un Ténéfix, fit remarquer :

- Si je me souviens bien, on est bien dans des Catacombes, non ? Du moins, des espèces de ruines ?

- En effet.

- Donc, vu que ce n'est pas une formation naturelle, c'est un endroit construit expressément, dans un but précis ?

Le Dracaufeu se retourna derechef :

- Ohlà, doucement, mon gars. Je te rappelle que c'est un Donjon Mystère, à la base ; on ne sait pas trop le pourquoi du comment du truc.

- Certes ; mais le fait est que ce sont des Catacombes. Elles doivent donc renfermer quelque chose.

- Ben, des cadavres ou autres, supposa Shaymin, ce qui explique tous ces Pokémon Spectres.

- Mais alors, pourquoi les appeler "du Soleil" ? Quels Pokémon construiraient des ossuaires avec un tel nom ?

- On s'en fiche, franchement, souffla la femelle aussitôt. Qu'est-ce que ça peut te foutre ? "Du Soleil", "De la Nuit", "De l'éternité qui dure jamais", "De mes fesses" ; peut importe le nom, tant qu'on traverse ce truc rapidos.

Mais Bastiodon ne démordait pas :

- Fire ? C'est pas toi qui disait qu'on pouvait trouver des "trésors" ?

- Yep, c'est bien moi !

- Donc d'après moi, cet endroit doit abriter une sacrée relique, conclut-il, en regardant tout autour de lui les murs qui semblaient dorés par le temps.

Personne ne dit rien, on ne fit qu'avancer deux couloirs plus loin ; quand je me retournai vers lui, tout en continuant d'avancer, à reculons donc :

- Mais bon, si tu veux mon avis, c'est ptêt juste un surnom. Ca m'étonnerait qu'on tombe sur un endroit super rare et avec un potentiel de relique cachées gros comme ça, du premier coup. Surtout que son entrée n'était pas hyper bien dissimulée ; n'importe quel hardi Pokémon aurait pu y entrer. Hein, Fire ? fis-je en donnant un coup de coude au premier de la file.

- ...Mouais.

- ...Quoi, "Mouais" ?

Il réfléchit un instant, avant de nous sourire :

- Vous savez, même des grottes peuvent cacher des trésors ! Alors, bon, la logique, dans les Donjons Mystères, faut un peu en faire abstraction.

Puis il se retourna, marchant avec toujours plus d'entrain, nous laissant coi sur ces mots.


Catacombes du Soleil
É. -14

Pokémon à battre, avancer, tourner, Pokémon à battre, regarder si objet il y a, Pokémon à battre, avancer, avancer, tourner, avancer, Pokémon à battre. Hé ben, mon Grotichon. J'avais les ailes engourdies à force de me tenir tout crispé pour avoir une aisance de dessin, les cuisses à chaud à cause de tous les kilomètres parcourus, les yeux qui piquaient à cause du sable et de la pénombre, sans parler de la queue de Fire que je devais éviter si je ne voulais pas qu'il enflamme le plan , et de la faim qui se sentait peu à peu venir. Courage, mon vieux ; il n'y avait que 15 étages maximum selon notre meneur... Faites qu'il ait raison... Bastiodon ne se plaignait pas, et même semblait toujours plus intrigué par le changement de décor ; ah oui, parce qu'aux alentours du -10, les murs étaient devenus plus craquelés, les couloirs plus ensablés, et les pièces présentaient un peu plus d'eau par endroits. Mystérieusement, l'endroit paraissait aussi plus brillant, plus doré, ses rainures bleues plus précieuses, son sable plus fin et son eau plus cristalline ; plus l'on s'enfonçait, et plus l'endroit devenait extrême, plus précieux, plus vieux, plus secret, plus étrange. En plus de cela, les étages s'agrandissaient, les couloirs se faisaient longs et nombreux, les pièces petites et tarabiscotées ; combien de fois des centaines de pas nous amenèrent à une impasse...

On envoya un énième Tutafeh dans les limbes, puis on déboucha sur une salle vieillotte. Encore.
Là, Fire s'arrêta net :

- Bon, je sais pas vous, mais j'ai un peu faim, avec tout ça.

Il chercha dans son Sac à Trésor sous nos yeux bénissant ce garde-manger, et il en sortit de petite confiseries gélatineuses.

- Voilà ! J'ai pris un max de Gelées au Poste avant d'entrer ici. Des Gelées Grises pour Frère Plume et Bastiodon, des Gelées Plante pour Shaymin, et des Gelées Rouge pour moi ! J'avais même pris des Gelées Royales pour Drak, mais bon ; ça nous en fera plus, hé !

Autant vous dire qu'on engloutît aussitôt tout ce qu'il nous offrit ; elles se mangeaient vite et ne restaient pas trop sur l'estomac, mais ça faisait au moins un petit truc à ce mettre sous la dent. Et puis, ces Gelées Grises n'étaient pas mauvaises ; un goût acidulé et fruité, un peu piquant, qui me faisait penser à la chair farineuse des Baies Charti. Somme toute, ça nous distrayait la palais et remplit quelque peu nos réserves de glucides rapides. Une fois la collation terminée et deux Ténéfix virés entre temps par notre meneur qui voulait décidément tous se les faire, nous pûmes reprendre notre rout-
Quand, faisant un pas de côté, le sol se déroba soudain sous mes pattes ; la dalle s'effondra dans un vacarme qui fit écho dans tout l'étage, et je chutai un court instant, avant de m'éclater par terre, la tête sur un rocher, et la queue dans un tas de sable. Je geignis, me relevant en titubant et frottant mon pauvre crâne, quand j'ouïs des voix venues du dessus :

- Chris ! Ça va ?! Tu t'es pas fait trop mal ?

- Argh... Bof, ça va, j'ai rien de cassé, je crois... Qu'est-ce que c'était que ça ?

Levant la tête vers le trou d'où émanait la lueur du Dracaufeu, je vis qu'il pencha son museau vers moi et me sourit, gêné :

- Heu, un Piège Trappe, je crois.

- ...Un quoi.

- Un Piège. Trappe. Une dalle piégée. Qui te fait tomber à l'étage inférieur.

- Et je suppose que ces pièges, c'est assez courant, dans les Donjons... ? Assez pour être mentionné aux nouveaux venus... ?

Ce "meneur" se sentit tout con :

- Ahem, hé bien, heu... Ils n'apparaissent que dans des Donjons d'un certain niveau... Alors je ne pensais pas qu'ici...

Je me retins de lui balancer des Anti-Air pour le faire descendre illico presto de son maudit étage de maudit Donjon Mystère, mais je me contentai de lui dire ses quatre vérités, si ce n'est plus. J'étais en train de rouspéter quand je fis un pas sur le côté, et j'entendis un déclic ; une trappe du plafond s'ouvrit, et je fus attaqué par une avalanche de châtaignes grosses comme le poing, avec cabosse, épines, et tout le tintouin. Je me relevai du tas maudit et pestai contre l'abruti qui avait foutu des châtaignes dans un tel trou à Rattata, enlevant de mon aile les fruits à bogue qui s'y agrippaient hargneusement. J'en avais raz-le-bec de tout ça ; je pestai que si c'était comme ça, j'allais le finir moi même, ce Donjon, même si ce meneur qui savait tout mais qui ne disait rien me demandait d'arrêter de marcher n'importe où, de toute façon, on ne pouvait qu'être mieux servi que par soi-même ; quand un déclic me ramena à la réalité. Je n'eus même pas le temps de pleurer qu'une hélice tournoya sous mes pattes et me souffla puissamment en ligne droite ; je traversai la moitié de l'étage en vol plané, avant de me manger un mur en plein crocs, et de tomber une nouvelle fois à terre. Un énième putain de déclic résonna dans ma tête et voilà, j'en avais marre. Je fus tournoyé, confus, malmené, empoisonné, envoyé valser, aspergé de trucs visqueux, je bâillai, me pris des milliards de châtaignes, des gaz hallucinogènes, pour enfin qu'une de ce foutues dalles me fasse un croche-pied, et que le m'endorme sur une case qui déclencha une explosion.


Shaymin me foutit une grosse tarte, ce qui me ramena à ce désespérant état conscient.

- Voilà, j'vous l'ai réveillé ! se réjouit-elle, avant de me regarder avec un certain dégoût. Mon vieux, t'es dans un état très moyen.

Je prononçai des phrases aussi élaborées que "Agueukwa" et je vis une grande patte orange me fourrer une Baie Oran dans la gueule.

- Voilààà ! Avale-ça, et ça ira mieux, sourit le meneur. Je t'ai ramassé ton Ruban Joie d'ailleurs : tu l'avais fait tomber en marchant sur le Croche-Piège, héhé !

Il me le noua autour du cou pendant que j'essayai de reprendre mes esprits, quand la voix sage de Bastiodon qui me félicitait parvint à mes oreilles :

- Et l'Explosion a détruit le mur qui séparait cette salle de celle où se trouve le prochain escalier ! Bien joué !

On me traîna donc jusqu'aux prochaines marches que je fusillai du regard, et le temps que nous accédâmes à l'étage je-ne-savais-plus-combien, j'avais déjà ma dose.


Catacombes du Soleil
Galerie

L'étage suivant était différent. Nous étions arrivés à un long couloir unique, régulièrement creusé d'alcôves. Nous nous aperçûmes au bout de quelques pas que de grandes frises colorées parcouraient les murs mordorés, qui s'ornaient non plus de rayures bleues, mais de véritables filons de lapis. Nous avançâmes doucement, pas après l'autre, pour apprécier les arabesques grandioses, pétillantes de vie, aux teintes menthe, groseille, aubergine, lait ou chocolat (oui, j'avais encore faim). Toute une file de Pokémon, de toutes régions confondues, était dessinée de profil, se tenant tous par la patte. On voyait aussi de jeune Pokémon, des Riolu, Azurill, Dynavolt, Griknot et j'en passe, faire des rondes et paraître jouer tous ensemble, sous un arc-en-ciel infini, tracé par Ho-Oh versicolore.

- Wow ! Incroyable !

- C'est splendide...

- Comme c'est surprenant...

- C'est vachement kitsch.

Je m'arrêtai soudain, remarquant que des lettres Zarbi étaient gravées tout le long du couloir, en une seule ligne ; je signalai ceci aux autres et revins à l'entrée, pour essayer de déchiffrer le texte complet. En attendant, Bastiodon, Fire, et Shaymin poursuivaient plus loin, chacun à son rythme, à son intérêt et observant ce qui leur paraissait le plus intéressant.
J'avais à peine traduit "PAIX SYMPATHIE RESPECT SONT PILIERS D'UN MONDE ÉQUILIBRÉ - LORSQUE DES ENTRAILLES DE LA PLANÈTE NAÎTRA LE CHAOS IL FAUDRA ALORS" que Fire nous appela :

- Hé ! Venez voir, y a un truc qui cloche là.

Nous nous vînmes voir ce truc qui clochait, et Shaymin le rembarra aussitôt :

- Je vois pas ce qui cloche, ce sont des Œufs et des Bébés Pokémon. Tu sais, c'est comme ça que naissent les enfants, avec une femelle et un mâle, fit-elle, sourire moqueur en coin.

- Oui, merci bien madame la stérile, rembarra-t-il aussitôt. Ce qui cloche, justement, c'est ça.

Et il nous pointa d'une de ses griffes un coin de l'ancienne peinture : bien que légèrement effacée par le temps, il ne nous fallut guère longtemps pour remarquer, dans les flots d'un océan tumultueux, au-dessus duquel volait, dans un typhon, le Seigneur des Sept Mers (il faillit dire que c'était rudement bien fichu), un Œuf à moitié cassé, duquel dépassait un bébé Lugia.

- Ah, oui, en effet, laissa échappé Bastiodon, interloqué.

Je commentai :

- Hm, des Œufs de Légendaire existent, m'a justement dit Lugia ; quand le Légendaire en question est prêt à dépérir, Arceus en crée un pour le remplacer.

- Oui, mais alors pourquoi le Lugia au-dessus est-il représenté en pleine forme ?

- Ahem... J'en sais rien. Ptêt que les personnes qui ont peint ça ne se souciaient pas de tant de réalisme ; ça a plusieurs millénaires, à n'en point douter, essayai-je de persuader avec mes airs d'India Najones.

- Mouais.

- Et qu'est-ce que c'est que ce gros truc, là ?

C'était notre chère Gratitude qui, laissant balader son regard sur le reste de la fresque, avait vu un autre tableau un peu plus loin. Entre deux batailles de Kyogre et Groudon ou de Dialga et Palkia, illustrant l' "HARMONIE AU PRIX DE CONFLITS" et, par une fonction aussi mythologique que civique, montrant que le chaos c'était pas agréable, le petit Pokémon Légendaire nous montrait du bout du museau une fresque représentant un énorme bloc noir, d'où pointait par endroit nombre de cristaux roses. En dessous, on remarquait une équipe de trois Pokémon, qu'étaient un Alakazam, un Dracaufeu, et un Tyranocif. Assez plaisamment, ils portaient chacun une espèce de bandeau, que ce soit autour d'une patte, de la tête ou de la taille, et semblaient combattre ensemble, comme s'ils étaient de la même équipe ; du moins, ils ne se battaient pas entre eux.

- Ouah.

- Ça alors ! On dirait une équipe de secours trop stylée ! se réjouit Fire, des étoiles dans les yeux.

- On dirait une météorite, non ? Le gros rocher.

- Encore ?! m'exclamai-je, les inconvénients temporels me revenant en mémoire. Oh, heu, pardon. Excusez-moi. Ahem ; oui, en effet, on dirait bien, peut-être. Une météorite... Avec des cristaux roses.

- On dirait qu'ils ont sauvé la planète eux aussi, un jour.

- Ouais, peut-être.




[...]




Crac.

- AAAAAH J'AI ENTENDU UN CRAC ! sursautai-je.

Tout le monde s'affola ; je pointai le fond du couloir, endroit d'où venait le bruit ; on vit une silhouette détaler ; silhouette qui n'était pas une silhouette de frêle gabarit qu'on avait croisé jusque là. Fire réagit au quart de tour, rugissant :

- CHOPPEZ-LE ! C'EST NOTRE VOLEUR !

On se lança à la poursuite de l'ombre, traçant dans le long couloir ; on la rattrapait peu à peu, même s'il faut l'avouer, celui qui allait bientôt pouvoir l'identifier car courait tout simplement plus vite, c'était bibi et ses cuissots de piaf préhistorique.

- ARRÊTE-TOI !

Bien sûr, l'abruti, ne s'arrêta pas ; alors, bondissant d'un coup et me mettant à agiter mes ailes de toutes mes forces, je réussis à me maintenir frénétiquement à un mètre du sol, et me préparait pour balancer une attaque. Je cherchai l'impulsion dans ma poitrine qui donnait naissance au Dracosouffle, retrouvait la sensation de brûlure, puis je crachai en tendant le cou le puissant rayon brumeux. Il fusa à travers le couloir, pour qu'enfin il atteigne en plein dos celui qui prenait ses pattes à son cou. Je me réjouis d'avoir atteint ma cible, qui n'attendait plus qu'on vienne la chercher. Elle ne bougeait pas, et semblait lutter pour se relever, rampait quelque peu ; à tous les coups, je l'avais paralysée, ha ha ! Et, plus je me rapprochais, plus... Huh... Ce Pokémon... ? C'était un Colhomard, avec un ruban noué autour de la pince. ...Haha, il était fait comme un Ratentif !

Il arriva, à force de ramper dans le sable sur plusieurs centimètres, au bout du couloir, qui débouchait sur une salle de moindre proportions ; mais nous le rattrapions également, quoi qu'il en coutât ! Et, à peine lui sautai-je dessus, entrant dans la salle du fond en même temps que lui, que des Pokémon venus du plafond nous tombèrent dessus.


Ce fut la débandade ; on se bagarra tant et si bien que je n'arrivai même pas à savoir combien ils étaient ni qui tapait quoi ; je sais juste que Fire et Shaymin sont arrivés un moment, sautant dans le tas en criant "TAÏAUT !", et que Bastiodon avait chargé d'une Tête de Fer dans le tas. Au final, notre voleur dut se prendre un sacré pain, puisqu'il roula dix mètres plus loin, avant de tomber dans les escaliers qui accédaient à l'étage inférieur. Je voulus le stopper, mais la bagarre faisait tellement rage que quelqu'un m'attrapa par la queue et me fit revenir me battre. Comme j'avais vraiment envie de finir avec toute cette mascarade, et qu'en plus je me prenais des coups venus de ces agresseurs acharnés, je me démenais si bien à riposter n'importe comment et avec n'importe quoi qu'il me semble que j'appris Mania ; après, je dis ça, c'est surtout que je me mis à frapper soudain plus vite, plus fort, plus de choses, et surtout que j'avais la tête qui tournait. Puis, comme tout le monde manquait de tomber K.O. et commençait sans doute à trouver cela tout aussi grotesque que cela me semblait, la confusion se calma, et je vis que je frappai une Pachirisu, que Shaymin s'acharnait sur une Emolga, que Fire cramait un Pichu, que Bastiodon attaquait le sol et qu'une Limonde s'attaquait toute seule.
Mon sang et celui de Fire ne firent qu'un tour. Manquait plus qu'elles. Nous sautâmes chacun de notre côté :

- VOUS ?!

- VOUS ?!

Shaymin demanda :

- C'est qui ces débiles ?

Ça ne loupa pas. L'Emolga virevolta en faisant un clin d'œil coquin :

- Sandy !

Le Pachirisu sautilla d'un air trognon :

- Cindy !

Le Pichu bondit joyeusement en tournant sur elle-même :

- Sunny !

Et Sandy reprit la parole :

- Nous sommes les WAKYA, nous sommes les plus belles et nous sommes les meilleures !

Pour qu'au final, Sunny s'exclame, se tournant vers la dernière :

- Chantal ! Arrête de te frapper ! Tu nous fais honte, ma puce !

Minshya mit un temps avant de les cerner ; elle m'assura que ce n'était pas qu'elles leur faisait pitié, mais c'était le temps que son esprit surdimensionné enregistre et assimile l'horrible style rose magique à paillette qui dégoulinait des rubans que les We Always Kick Your Ass portaient. Non seulement c'étaient bel et bien ces abruties, mais en plus, avec leur look sale, dépravé et décharné, on les auraient presque pris pour une vraie équipe d'exploration, hé. Fire les reconsidéra de haut :

- Ah, vous avez survécu au crash ?

Ce à quoi l'Emolga hurla aussitôt :

- HÉ OUAIS, SALE NUL ! D'AILLEURS, PAS MERCI POUR NOUS AVOIR PAS SAUVÉ ! DIRE QUE NOUS, ON VOUS A SAUVÉ BIEN GENTIMENT QUAND VOUS VOUS ÉTIEZ FAIT CHOPPÉ ! QUELLE FABULEUSE ÉQUIPE DE SECOURS VOUS FAITES, HEIN !

- ET JE VOUS RAPPELLE QUE VOUS NOUS DEVEZ TOUJOURS NOTRE GOGOL DE POKÉS, D'AILLEURS ! ON EST TELLEMENT GENTILLE QU'ON A ARRÊTÉ DE COMPTER LES INTÉRÊTS, ET C'EST PAS QU'ON ÉTAIT EN TRAIN D'ESSAYER DE SURVIVRE EN BOUFFANT DES CAILLOUX QU'ON AVAIT OUBLIE DE COMPTER D'ABORD ! chouina a Cindy.

Puis elle fondit en sanglots sur l'épaule de sa coéquipière aux grandes oreilles, qui nous regardait en faisant "ts ts", ce bruit absolument désagréable que l'on fait avec la langues sur les dents de devant et qui a le don de m'escagasser plus encore que de voir un Magicarpe essayer le hoola-hop.

- Dites-donc, je vous rappelle aussi que c'est vous qui avez falsifié cet ordre de mission, et que vous n'avez pas le sort du monde entre vos pattes. Essayez d'être coopératives, au lieu de nous mettre des bâtons dans les pattes.

- Quel culot ! s'écria Sandy. On ne fait que notre boulot, j'te signale ! Ça fait des jours qu'on se planque ici pour tomber ce fichu criminel, et vous, vous faites tout sauter ! C'EST TRÈS MALIN, GROS NULS !

J'expliquai à Bastiodon les relations quelque peu conflictuelles que nous avions eu avec cette équipe, mais il ne semblait pas trop m'écouter. Je lui demandai à quoi il pensait, et il me regarda droit dans les yeux, avec ses pupilles noires ensevelies sous son énorme crâne plat, me rappelant simplement : "Colhomard."
Hein ? ...Ah. Oh. Hé. Mais. Rah. Zut. En effet. Hum. Comment... ne l'avais-je pas remarqué ? Le hors-la-loi que nous poursuivions, c'était bien Colhomard ; je veux dire, pas un Colhomard, mais mon ancien Colhomard.


J'étais en train de me dire que ça n'avait pas de sens, et que ce monde était beaucoup trop petit, même s'il faisait mal aux pattes. Colhomard ? Ici ? Mais... La dernière fois... Il était avec Julie... Au QG de l'organisation... Il s'appelait Smith... Et... Pourquoi ne l'ai-je pas reconnu...?

- Bon, si on récapitule, résuma Fire en élevant la voix, vous êtes à la poursuite de ce voleur depuis que vous avez traversé l'océan à dos de Lovdisc et rejoint un Donjon d'où vous vous êtes téléporté avec le Badge d'Exploration afin de revenir à la base et de repartir vers Johto pour poursuivre ledit voleur ?

- T'oublies de mentionner que la prime est pour nous, mais oui, c'est ça. Ce minable a dérobé un Ruban rare à une boutique Kecleon, et c'était pas son premier coup, si vous voyez ce que je veux dire.

- Hm hm. Et qu'est-ce que c'est comme Ruban ?

- On aurait pu le savoir SI VOUS NE VOUS ÉTIEZ PAS FOUTU-

- Okay, okay, ça va, on a compris, rétorqua le Dracaufeu. De toute façon, vous n'avez qu'à le poursuivre, il ne peut pas aller bien loin ; tout Donjon a une fin.

Les WAKYA ne se firent pas prier, et décampèrent d'ailleurs presque aussitôt avec leur cri de guerre, ne nous souhaitant que de la mauvaise chance pour une fois, et n'attendant sûrement pas que nous proposâmes notre aide. Nous, nous devions juste traverser le Donjon, à la base, alors cette histoire de voleur n'avait été que secondaire, et je supposai qu'elle devait le rester. Mais, c'était Colhomard... Et il en savait sur l'organisation. Le capturer serait une occasion en or, alors j'en parlais à Fire. Ses yeux s'ouvrirent tout grands, et il s'exclama aussitôt :

- QUOI ?! Mais-mais-mais... Si les WAKYA le rattrape et qu'elles le battent, elles vont se barrer avec lui en le ramenant par téléportation ! NOM DE CIZAYOX !

Et notre meneur nous obligea à le suivre en courant, et nous fit dévaler les escalier en rugissant :

- IL FAUT QU'ON L'ATTRAPE AVANT ELLES !


Catacombes du Soleil - Fond
É. -1

- Dis-moi, Fire, le Donjon n'est pas censé être fini ?

- Bah, quand c'est un Donjon avec un certain niveau, il peut être séparé en deux parties, dont celles que nous faisons, qui est beaucoup plus courte - normalement.

- "Normalement" ?

- Oui, genre 5 étages, pas plus, quoi ! En tout cas ça prouve qu'on arrive bientôt à bout de celui-là !

Nous bondîmes de joie entre deux pas de course et deux Lance-Flammes vers des Pyronille ; haha ! Bientôt la fin !

- Oh, et l'escalier est juste là ! s'exclama Fire en entrant dans une nouvelle salle. Ah, j'aime ça, quand on les trouve du premier coup, ça donne plus d'entrain ! Allez, on ne traîne pas, faut le rattraper !


Catacombes du Soleil - Fond
É. -4

On courait comme des dératés pour trouver "le dernier escalier" selon le Dracaufeu, ce qui ne nous donnait que plus de punch, quand Shaymin, nullement essoufflée et aussi vivace qu'une jeune pousse, songea tout haut :

- Dis-moi, Fire, comment tu sais qu'ils ne se sont pas perdus dans un des étages ?

- Bah, pour les WAKYA, j'en sais rien et j'en n'ai rien à foutre ; mais pour Smith, s'il a une telle renommé parmi les bandits, c'est qu'il doit savoir y faire, en cavale dans les Donjons ! Puis, au mieux, on arrive même avant lui, et on l'attend en bas, pour lui tendre un piège ! Haha, ce plan est génial !

Nous tournâmes à un coin, traversâmes un couloir en moins de deux, éliminâmes un Ténéfix et même un Tutankafer d'un coup de Lance-Flamme et de Dracosouffle coordonnés ; ha, battre des Pokémon comme ça, ça avait l'avantage de donner de l'assurance ! Ça me plaisait ! Et puis, Shaymin eut même droit à une attaque surprise par derrière ; elle nous hurla de lui laisser le Solaroc inconscient qui lui avait balancé une Rafale Psy, et le fit aller manger la poussière d'une Fulmigraine. En bref, on défonçait tout, on se perdait certes un peu en chemin, mais on ne s'occupait de plus rien d'autre que d'arriver au bot de ces Catacom-

- LÀ ! L'ESCALIER !


Catacombes du Soleil
Sanctuaire

- LÀ ! LES WAKYA !

Il ne fallut pas nous le répéter pour que nous nous jetâmes dessus ; elles crièrent, puis eurent beau enquiquiner avec leurs Ondes de Choc en envoyées à l'arrache, elles ne firent pas le poids face à nos Lance-Flammes, Anti-Air, Éboulements et une Fulmigraine bien placée. On les ficela avec leur Sac à Trésor, on les menaça de défaire leurs mèches et on utilisa les sujets sensibles pour leur faire enfin répondre à cette ultime question :

- Où est Colhomard ?!

- MAIS ON EST TOUJOURS À SA POURSUITE, DU CON !

- Ah. Oui. Zut.

On les relâcha, et elles nous crièrent dessus tout ce qu'elles voulaient. Elles étaient sans doute douées dans l'exploration de Donjon, mais niveau combat, c'était pas encore ça (bien qu'elles n'arrêtaient pas de piailler qu'on les avait eu "par surprise" et qu'en plus d'être traître, c'était bâtard, et ça ne leur laissait pas le temps de se préparer pour nous botter les fesses, bref). En attendant qu'elles eurent fini leur caca nerveux, on fit le point sur notre localisation : les ruines finissaient sur cette grande et large grotte, sans d'autres escaliers que ceux desquels nous venions : tapissée de sable qui s'accumulait ci et là en gros tas, qui abritait de longs piliers sculptés dans la même pierre dorée que les dalles que nous avions foulées si jusqu'ici. Néanmoins, la place avait beau faire très caverne orientalo-désertico-mystique, il n'y avait rien que de la pierre, et aucune trace d'eau ou de Colhomard, d'ailleurs.

- Bon, c'est certain qu'il a filé, soupira notre meneur.

- Peut-être pas ! s'exclama Bastiodon. S'il était passé avant nous, il y aurait ces traces de patte, non ?

...Pas bête. Et, en effet, le sable était lisse comme de la soie (sauf à l'endroit où nous avions au notre altercation avec l'équipe de secours des femelles, bien sûr).

Le Dracaufeu s'en réjouit :

- Haha ! Ça veut dire qu'on a encore tout notre temps pour le piéger !

Quand il se prit une violente charge aquatique en plein dans le bide. Arrivant tel un missile tiré depuis les escaliers, Colhomard frappa si bien Dracaufeu que ce dernier vola sans avoir besoin de ses ailes jusque dans un tas de sable. Puis le Pokémon fila droit devant le fond du Donjon avec une dextérité formidable ; il s'abrita un temps considérable avec Abri - nom de nom, ça ne dure pas aussi longtemps, cette attaque, normalement ! - et, alors que les WAKYA étaient occupées à nous balancer leurs attaques électriques au lieu de viser convenablement, la Crapule, tel un outsider déloyal, réussit à nous échapper en passant tout simplement à travers le mur.


WAIT.

EN. PASSANT. À. TRAVERS. LE. MUR.

Mais-mais-mais-mais...

- Comment il a fait ça ?! s'exclama Shaymin qui avait eu le temps de rater trois fois Vampigraine. C'est pas un type Spectre ou alors on ne m'a pas dit qu'on avait récemment découvert qu'il était de ce type ! Je sais que les erreurs scientifiques ça chamboule pas mal de choses, mais tout de même !

- Ah l'espèce de sale malin ! s'écria Sandy. Voilà ce qu'il a volé chez Kécléon : un Passe-Muraille !

Aaaah non. Dites-moi que je rêve. Vu les muscles qui font mal, non. Donc c'était bien vrai. Je voulus tous les étrangler, mais j'étais trop occupé à m'arracher les plumes, et à halluciner, sans avoir besoin de foutu piège pour cela :

- Q-Q-Q-QUOOOOII ?! VOUS VOULEZ DIRE QUE VOUS AVEZ UN PUTAIN D'OBJET QUI PERMET DE PASSER À TRAVERS LES MURS ? MAIS-MAIS-MAIS PAR ARCEUS BON SANG ! CE... CET OBJET... ÇA AURAIT PU NOUS ÊTRE TELLEMENT UTILE DEPUIS LE TEMPS ! POURQUOI EST-CE QUE PERSONNE ICI N'A EU L'IDÉE GRANDIOSE D'ALLER EN ACHETER UN CHEZ LE PREMIER PUTAIN DE VENDEUR VENU ?!

- Peut-être parce que ça marche que dans les Donjons, et que ça nous aurait fait perdre du temps en dehors ? se justifia tout simplement Fire, en s'asseyant dans son tas de sable et de frottant le museau. Frère Plume, faudrait que tu te calmes, avant de t'énerver. Enfin, tu vois ce que je veux dire. Pars pas au quart de tour, comme ça ; c'est exaspérant, à la longue.

- Ah... Pardon, m'excusai-je. Mais je croyais que c'était encore une des choses dont beaucoup oublient de me parler, ces temps-ci.

- Ben non. Voilà.

- D'accord. Désolé.

Puis le Pichu repartit :

- Bon ! Maintenant que les W.T.F. ont ENCORE UNE FOIS fait échouer la capture du vil Colhomard, on n'a plus qu'à trouver un moyen de le rattraper, ENCORE UNE FOIS.

- Donc le Donjon continue encore après ce mur... soupira Shaymin, mi-énervée, mi-épuisée. Je croyais que c'était le dernier étage ?

- Peut-être pas ce Donjon, expliqua Sandy. La zone de Donjon Mystère peut s'étendre au-delà du simple Donjon, donc l'aire de fonctionnement du Passe-Muraille aussi.

- Oh. D'accord.

- Voilà. Ça fait plaisir de voir des Pokémon civilisés qui finissent par nous écouter. Bien ! Trouvons un moyen de passer !

Ni une, ni deux, on entendit Bastiodon rugir, et foncer - verbe d'action relatif, vu sa vitesse, mais il est gentil, donc voilà - tête baissée, donner un gros coup contondant de sa Tête de Fer. Le mur ne bougea pas d'un caillou, et Bastiodon s'excusa :

- Ah. Désolé ; je me suis emporté, j'étais certain que ça allait marcher.

- Non, non, il doit y avoir un mécanisme particulier, voyons, le reprit Sandy bien poliment à mon goût, sans doute parce qu'elle ne le connaissait pas.

Pendant que Cindy aidait Chantal qui ne noyait dans la couche de sable et que Fire mettait longtemps à se relever, l'Emolga poursuivit :

- C'est toujours comme ça dans les culs-de-sac : y a pas de cul-de-sac. Par exemple, là, tu vois, la rainure dans le mur ? Hé ben, c'est du mur. Mais là, là où c'est tout plat, on pourrait croire que c'est du mur... HÉ BIEN NON !

Et sur ces mots, elle le frappa de toutes ses forces.

On entendit un déclic.

On entendit hurler.

- J'ME SUIS CASSÉ UNE GRIIIIIIFFE ! AAAAAH !

Puis elle se mit à courir partout, à pleurer sa griffe, et à étaler de la Baie Oran dessus, comme pour lui redonner vie, mais rien n'y faisait. Les WAKYA étaient toutes désespérées, "parce que normalement c'est comme ça que ça marchait". Mais pas là. Alors elles se mirent à pleurer ensemble, criant qu'elles allaient encore devoir se manger entre elles pour survivre, voire même des cailloux, si ce n'est l'inverse ; en tout cas, elles n'aidèrent pas plus que ça, malgré l'once de maigre espoir que j'avais eu en voyant leur meneuse si entreprenante avec Bastiodon.

J'allais inspecter la rainure, au cas où elle s'était gourée, et j'y glissai ma griffe ; je n'entendis ni ne sentit rien, ça ne m'avança à rien d'autre que de manquer de me la coincer. Bon. Est-ce que par hasard, je serai écouté par la Voix de la Raison ?

- Toujours, mon p'tit.

Bien ! Un petit coup de main ?

- T'es sûr ?

Heu, oui. On est bloqué, là, et on doit se grouiller.

- Mais je vais tout te spoiler si je te dis comment passer.

J'en n'ai rien à faire !

- Okay, okay. Il faut que tu sautilles sur place alors ; quelqu'un connaît Flash dans l'équipe ?

- Heu, pourquoi ?

- Parce qu'il faut d'abord que tu sautilles, et qu'après, tous les vingt sauts, l'un d'entre vous fasse Flash.

Je sautillais alors et puis demandai à tout le monde alors, et il se trouva, par le plus grand des hasard, que personne n'avait Flash. C'est une attaque inutile en même temps, alors je comprenais bien.

- Pourquoi cela ? On y voit déjà très bien, trouva Shaymin.

- Ben, c'est juste qu'il nous la faut pour pouvoir passer en fait.

- D'une je comprends pas pourquoi ça marcherait, et de deux je comprends pas pourquoi tu sautes. Envie d'aller pisser ?

- Hein ? Ha, non, non, c'est pour ouvrir la porte, ça aussi.

Elle me regarda étrangement, moi qui faisais mes petits sauts, en même temps que tout le monde, qui me regardait plus ou moins de la même manière.

- Bah, vous pouvez bien me regarder comme ça, je m'en contrefiche ! Vous me remercierez quand je vous aurai sauvé la vie !

Et tout d'un coup, tout se mit à trembler. Un roulement sourd, lointain et avec je ne sais quoi d'humide, secoua toute la salle, brusquement, sans discontinuer. Fire se releva enfin de son coin de sable, pour dire à tout le monde de se rassembler, et d'éviter d'être près des murs qui commençaient à s'effondrer ; moi je sautai de plus en plus, voulant accélérer le phénomène et commençant à flipper quand même ma race. Mais bon, d'un autre côté, c'était drôle. Hum. Pardon.
Je vais abréger, d'accord. Un gros grondement, beaucoup d'eau soudain, une véritable trombe venant en cascade des étages d'au-dessus, et qui se déversa en un flot énorme dans la pièce, la remplissant dans un bouillon sablonneux. Puis le niveau d'eau commença sérieusement à monter ; le Dracaufeu, affolé, souleva sa queue tant bien que mal, certaines femelles ordonnèrent les femmes et les trop belles d'abord, et Chantal put barboter pendant que Shaymin cherchait désespérément à péter ce mur. Tout le monde criait pourquoi diable y avait-il soudain autant d'eau, là, comme ça, dans un Donjon aussi peu aquatique, quelqu'un rétorqua qu'après tout, c'était bien mystérieux, et, ne pouvant plus sauter mais devant essayer de nager tant bien que mal, je commençai à avoir peur pour Bastiodon, qui pouvait rien faire à part voir le niveau d'eau monter jusqu'à ses fortifications. On allait donc tous mourir noyé, mais par inadvertance, je crois que quelqu'un a marché sur la Limonde, puisqu'au final, elle eut un éclair de génie, et nous sauva tous la vie en attaquant avec Abîme.


Il y eut cette brutale déchirure du sol, encore beaucoup d'eau, un éboulement sans majuscule, une sorte d'affaissement de la construction sur elle-même, puis du sable, de la boue, encore de l'eau, des cris, ensuite du noir, des noyades, des sauvetages, et on revint moult fois à la vie je ne sais trop comment et recrachant cette eau sale et des microlithes qui se coinçaient sous le croc et craquaient quand on refermait désespérément la bouche. Au final, donc, on fut craché par les entrailles de la terre, on revit le soleil pendant une fraction de seconde et j'eus envie de remercier la Voix de la Raison à ce moment, mais je fus trop occupé à me prendre une falaise dans le bec. Le geyser se calma, la pression redescendit, on entendit des glouglous, comme si une bouteille se vidait finalement tranquillement, pour ne laisser couler plus qu'un petit jet d'eau, puis plus rien du tout ; sauf qu'une bouteille ne s'écroulerait pas sur elle-même et ne ferait pas des gargouillis mystérieux. M'enfin ; j'ai abrégé.


C'est une nouvelle fois cette très cordiale Gratitude qui se chargea d'aller me foutre une tarte et de bondir sur ma poitrine joyeusement pour me faire cracher l'eau et revenir à notre situation : celle d'équipe de secours en mission cruciale pour sauver tout le monde, coincée, vu le trait de lumière biscornu qui traçait transversalement mon champ de vision, au beau milieu d'un gouffre.

- Tout le monde va bien ?

- Je viens d'être vomi par un Donjon, donc bien sûr, ça va très bien.

- Ah ? Moi j'aurais plutôt vu ça comme être uriné ; c'était plus liquide.

- TOUT CA POUR DIRE QUE JE VAIS TRÈS MOYEN, VOILA !

Je me relevai puis m'essorai les plumes quand Bastiodon, apparemment rapidement remit de cette expulsion, voulu nous montrer le tunnel par lequel nous avions été écoulés, et ainsi tenter de retrouver ses esprits ; mais c'est notre meneur, avec un appendice caudal qui pétait malgré tout la forme, qui nous apprit joyeusement que, le fameux ravin dont nous avait parlé Farfaduvet et qui devait nous prendre des jours à contourner, hé ben, on était en plein dedans.

- Je ne vois pas vraiment en quoi c'est réjouissant, Fire.

- Haha, au contraire ! A partir de maintenant, on arrive aux frontières de la région de Johto !

Le Pachirisu, l'Emolga, le Pichu et la Limonde revinrent à ce moment à la vie. Se découvrant toutes pleines de boue (sauf Chantal qui pataugeait joyeusement dedans), elles firent un drame rapide avant de se reprendre assez brutalement - disons que Sandy les reprit assez brutalement en leur foutant, à elles aussi, des baffes :

- NOM D'UNE COUETTE ! Qu'est-ce qu'on s'était promis, les filles ? On ne chouigne plus ! C'est pas comme ça qu'on montera en grade, ni qu'on deviendra célèbres !

Elles eurent un petit moment de silence, avant de se regarder toutes les quatre, puis, rapidement convaincue par je ne sais quel souvenir difficile de se tenir toutes par la patte :

- Oui...! D'accord Sandy ! On ira loin, et on ira ensemble !

- Même si toi tu pleurais pour ta griffe ? se permit Chantal.

- Oui, même si ça. Il faut qu'on se dise qu'on pleurait, mais que ça, c'était avant ! De plus, tu peux être plate et boueuse, c'est toi qui nous sauvé la vie, Chantal ! Mais c'est aussi grâce à nos K.O. endiablés que tu as pu gagner cette expérience pour apprendre cette attaque ! Donc, au nom de tout le groupe : de rien !

De notre côté notre meneur rassembla notre équipe, et contempla ce qui se dressait désormais derrière nous, mais qui n'allait pas tarder à se trouver devant : la falaise faisant face à celle dont nous venions d'être éjectés. Celle-ci était assez étrange ; percée de trous, elle paraissait si érodée par le temps que la moindre pression l'aurait fait s'écrouler. Malgré cela, elle était belle et bien solide, très solide : chaque contour d'orifice, chaque fente de cette falaise lézardée était aiguisé et coupant comme du verre taillé. Un grand passage, à sa base, nous invitait presque à y entrer ; un statue de Kangourex le jouxtait, d'ailleurs. Les WAKYA ne se firent pas prier plus longtemps par cette épreuve, elle nous saluèrent très rapidement, puis enfin partirent ensemble, se dépêchant prudemment, chacune donnant la patte à l'autre, pour aller attraper comme des grandes la Crapule qui nous avait passés entre les griffes deux fois déjà. Elles s'engouffrèrent donc dans le Donjon sans s'arrêter le moins du monde devant la statue, et nous devancèrent une fois de plus. Bien que je trouvais à leur entrain je ne sais quoi de sympathique, je le fis remarquer à notre meneur, qu'après tout, nous n'avions toujours pas choppé Colhomard, et qu'elles avaient encore une chance de le trouver avant nous et de filer avec. C'est là qu'il éclata de rire, croisant fièrement les pattes sur son torse.

- Mwahaha ! Elles peuvent bien courir, elles n'ont pas eu le fabuleux trésor des Catacombes du Soleil !

- Hein ?

C'est là qu'il sortit fièrement de son petit sac en bandoulière un véritable coffre au trésor tout à fait conséquent, du genre de ceux qu'on ne voit que dans les récits d'aventures et de pirates. Noir, aux arêtes dorées, rudement bien verrouillé, avec cette aura antique qui impose le respect.

- Je l'ai trouvé dans le tas de sable sur lequel je suis tombé ! Haha ! Elles l'ont pas vu venir, ça, hein !

Bastiodon le félicita, Shaymin rétorqua que ça ne nous servait à rien, et moi, je ne savais trop quoi en penser. Il nous annonça donc que les W.T.F. allaient rentrer dans l'histoire juste avec ce coffre, car il devait forcément contenir quelques choses de totalement précieuses et rares, ce qui ne pouvait que faire grimper l'équipe dans le panthéon des équipes honorables. A croire que c'était son premier trésor.

- Donc si vous le permettez, je vais aller déposer cela à la réserve, et prendre d'ailleurs les Résugraines qu'il me reste pour le Donjon qui nous attend, annonça-t-il en allant vers la statue. C'est pas qu'on est à court, mais on l'est, avec toute cette histoire d'inondation, j'ai dû tout vous faire gober ; et c'était pas du gâteau.

Ah ? C'était lui qui nous avait fait revenir à nous tant de fois ? Avec des "Résugraines" ? Notre meneur faisait donc ses petites affaires avec la statue et son coffre (qui m'avait l'air bien lourd), prenant du Kangourex de pierre plein de Graines et d'étranges sphères bleues, lorsque Bouclier, s'approcha de lui et demanda, un peu craintif :

- Donc, si je comprends bien... Cette falaise... C'est un autre Donjon ?

- Yep !

- ...Donjon... Mystère ?

- Yep !

- ...Hm. D'accord.

Lui, Shaymin et moi nous comprîmes du regard. Dracaufeu vit notre manque d'engouement, alors il s'exclama :

- Voyons, compagnons ! Nous y sommes presque ! Approchez-vous ; allez, venez.

On se ramena, et il déplia sa Carte Miracle devant nous :

- Regardez. On est là, en plein dans ce gouffre. Nous n'avons qu'à remonter ce Donjon, la Falaise Frontière, qui se dresse devant nous, puis, une fois passés, nous serons définitivement dans l'inconnu. Vous voyez cette grande étendue blanche, au nord ? On devrait arriver par là à la fin de notre grimpette. Hé bien, les Ruines Sinjoh sont en plein dans ces terres gelées, si tout va bien. Nous n'auront qu'à explorer ces plaines pour les trouver ! On n'est donc plus qu'à deux Donjons de notre objectif ; et si on choppe Colhomard entre temps, c'est nickel.

- Et on y arrivera avant la fin de la journée ?

- Mais oui ! Il est à peine treize heures trente. On est laaaaarges, sourit-il, secouant sa queue.

Je renouai convenablement mon Ruban Joie, frottai un peu le Glas Tempête que je portai toujours ; Fire, tout content d'avoir une équipe à gérer, en profita pour donner à Shaymin une Baie Oran au cas où elle se trouverait trop loin pour qu'on puisse lui en donner une rapidement, et à Bastiodon lui donna une de ces boules bleues, rigides, et sonnant creux ; on eût dit une balle en plastique, ou plutôt une bulle, puisqu'elle semblait assez fragile.

- On appelle ces objets des Orbes, et celle là, c'est une Stupéfiorbe ! lui apprit-il. Je te la donne pour la même raison que Shaymin ; ça aide dans le cas où tu te retrouverais seul dans un combat, à cause de je ne sais quoi, moi, un Télépiège, par exemple. Bref ; il te suffit de la briser contre ce que tu veux, et son pouvoir pétrifiera tous les ennemis DE L'ÉTAGE !

Bien qu'ils ne virent pas l'intérêt de ces objets sur le coup, puisque jusque là, nous n'avions guère eu de problème avec les ennemis des Donjons Mystères, ils le remercièrent, soulignant le fait que ça pourrait, en effet, être utile. Sur ce, nous entrâmes sans plus tarder dans la falaise, puisque nous avions toujours une arrestation sur le feu.


Falaise Frontière
É. 1

Quel endroit particulier. En plus d'être aussi trouée que du gruyère, la falaise abritait de véritables niches de cristaux, aussi blancs et bleutés que des pics de glace. Tout le Donjon paraissait dès lors percé de soleil sur le flanc qui y faisait face, et il s'illuminait grâce au jeu naturel de la lumière sur les cristaux, ces derniers la réverbérant en tout et partout. En résultait une ambiance rocailleuse d'été froid ; éclairés par des rayons crus, entourés de stalactites acérées et de rochers coupants. Le Donjon avait donc cet aspect assez menaçant, mais on ne s'y sentait pas vraiment oppressé ; je m'y sentais même bien, puisqu'être éclairé par les rayons du soleil, même s'il faisait frisquet, et passer aussi curieusement des coins d'ombres à ceux qui recevaient un rai clair de notre étoile, me plaisait.


Falaise Frontière
É. 3

J'avais eu le droit à un nouveau plan vierge, l'autre n'étant plus d'aucune utilité, puisque même si d'aventure les W.T.F. devraient repasser par les Catacombes du Soleil, les étages, si je comprenais bien le principe, n'auraient pas été les mêmes. Et puis, il s'était paumé lors de notre expulsion boueuse, alors bon. Chacun avait donc retrouvé son poste, moi avec une mine à la patte, dans une position que je commençai à maîtriser enfin, puis les autres, toujours aux aguets, prêt à attaquer tête baissé où à faire déflagrer sa puissance, mais nourris de l'expérience du premier Donjon. Notre ardent meneur maîtrisait toujours aussi parfaitement son Lance-Flammes, qui nous envoyait valser le moindre ennemi qui tentait de nous attaquer tout seul ; et j'avais l'impression que c'était de plus en plus facile pour lui, ou alors pour nous ; ou alors je m'habituais, tout simplement.


Falaise Frontière
É. 8

Au bout de ces étages, je commençai à cerner l'écosystème de l'endroit. Beaucoup de types Roche montagnards, Racaillou, Nodulithe, un peu de Tarinor, mais aussi quelques Magnéti. On rencontra aussi un bon nombre de Pokémon Glace, des Stalgamin et des Marcacrin en pagaille. Je notais en abréviations chacune de ces espèces sur un coin de ma feuille, afin que je nous nous préparions si nous percevions des ennemis en approche. Si c'était des types Roche, notre meneur échangeait de place pour un tour avec moi, pour que je les envoie valser d'un Dracosouffle s'il était à distance, mais si le combat devenait rapproché, je les attaquai comme je pouvais d'un Anti-Air rondement menée ou en essayant de maîtriser l'attaque Mania, qui, bien qu'elle me faisait sérieusement tourner la tête, pouvait s'avérer efficace s'ils étaient plusieurs, malgré le manque d'efficacité sur les types Roche : Fire m'encourageait à utiliser les Donjons pour m'entraîner à combattre, vu que c'était le lieu par excellence où l'on pouvait se faire attaquer à tous les coins.


Falaise Frontière
É. 12

Ainsi, l'on progressait sans problèmes. Les pièges étaient rares ; et aucun Piège Trappe ne nous sépara du reste du groupe. Shaymin tomba sur un Télépiège, ce qui nous la téléporta on ne sait trop où dans ce même étage ; dans le coup du stress, Fire avait voulu utiliser ce qu'il appelait une Convocorbe, afin de la rappeler, mais je lui conseillai de la laisser faire, puisque je savais que ce n'était pas son genre de pleurer à l'aide, et que j'étais curieux de voir ce qu'elle arriverait à faire. Ce fut une bonne idée, puisqu'en faisant demi-tour après être tombé dans un autre cul-de-sac, nous la retrouvâmes dans une salle déjà visitée, en train de poutrer la face d'un groupe de Cochignon à elle toute seule. En voyant qu'elle se débrouillait aussi bien, le Dracaufeu qui nous avait mené jusqu'ici jugea bon de tester le "Chacun pour soi" : on ne serait plus obligé de le suivre, chacun pourrait explorer l'étage, et celui qui trouverait l'escalier n'aurait qu'à prévenir les autres aussitôt. Après, ceux qui voudraient rester ensemble pourraient, ça ne poserait pas de problème ; mais nous pourrions ainsi explorer plus rapidement, si nous nous en sortions si bien en combat.
C'est donc ce que nous fîmes dès l'étage suivant.


Falaise Frontière
É. 21

La technique marchait à merveille. Shaymin courait partout et se plaisait à mettre K.O. des Pokémon à droite à gauche, et nous ramenait des tonnes de Baies et de Pokés quand ce n'était pas l'endroit où elle avait trouvé l'escalier ; quant à Bastiodon, soit il restait avec Fire et moi, soit il décidait d'aller explorer une autre direction, si nous arrivions à un carrefour, auquel cas nous avions vite fait de l'entendre exécuter Éboulement ou Tête de Fer, puis agir à sa guise en jonglant entre Malédiction et Repos, voire Blabla Dodo et Fulmifer si la patience ou l'occasion se présentait. Moi, je ne désirais guère partir à l'aventure, n'aimant pas me retrouver seul ou face à une galère qui ne ferait qu'aggraver mon cas - vu la chance que j'avais eu jusqu'ici, non merci. C'est pour cela que je restai derrière Fire, tout à fait heureux d'opérer ainsi ; de plus, étant chargé du plan, je trouvais cela plus pratique de suivre notre meneur officieux pour ne pas tracer n'importe quoi n'importe où, avoir quelqu'un pour attaquer si un Gravalanch déboulait au coin d'un couloir alors que je m'appliquai à dessiner droit. Lorsque nous étions seuls et que Fire jetait des coups d'oeil à mon plan d'étage, il souriait, et me racontait comment Lilas avait l'habitude de les faire.

- Je me souviendrais toujours de la fois où nous étions perdus dans l'Antre Stalactite... C'était notre quoi, troisième, quatrième donjon ? Elle apprenait sur le tas, comme moi ; bien qu'elle savait tracer très droit, elle avait quelques problèmes d'échelle... Le nombre de fois où ses cases étaient en fait dix minutes de marche, et d'autres seulement quelques pas ! Et puis, quand elle m'a arrêté d'un coup, en me faisant remarquer, avec un air un peu craintif mais sûr d'elle : "Ah, Fire, je crois que ce n'est pas possible qu'on tourne à gauche, vu que sinon, on revient à notre point de départ, et ça veut dire qu'on tourne en rond depuis quinze minutes, et moi après je vais devoir tout recommencer vu que ça veut dire que mon plan ne conviendrait pas du tout !" ou alors "Mais non, va pas tout droit, sinon tu vas me faire sortir de la feuille ! Comment je ferais, moi, pour continuer de tracer le plan ?" Alors je lui dis : "Mais c'est pas grave, prends une autre feuille !" "Mais on avait dit une feuille par étage ! Je veux pas qu'on coupe d'autres arbres à cause de moi !" Alors elle avait écrit le plan sur mon dos, ha ha !

Je riais aussi, puisque, le voir évoquer notre coéquipière avec une si bonne humeur, et parler d'elle sans prendre l'air déprimé, c'était en quelque sorte lui montrer qu'on pensait à elle aussi en souriant. Après l'un de ces récits, il ajouta :

- Tiens, maintenant que j'y pense, c'était quelques jours avant qu'on te trouve en pleine Route 1 !

- Ah, oui, c'est vrai, j'avais oublié ça, ris-je en me souvenant du moment où je m'étais réveillé en Pokémon.

- Ah, lalalala. Allons, haut les cœurs ! s'exclama-t-il avec un rire forcé, en reniflant rapidement. Nous pourrons bientôt repartir en exploration, et faire découvrir tout cela au petit Bisou !

J'acquiesçai, heureux de voir qu'il avait toujours un bon état d'esprit. Puis, en débarquant dans une salle somptueusement éclairée par un trou béant dans la falaise, nous trouvâmes les escaliers, sur lesquels était endormi un Stalgamin. Il me laissa cordialement la place pour aller m'entraîner à la Mania, puisque je ne pouvais blesser personne d'autre que l'ennemi dans ce cas de figure. Je m'approchai donc, pas à pas, et...

Wait.

- Bah alors ? Pourquoi t'avances pas ? me demanda le Dracaufeu en chuchotant puis l'autre bout de la salle.

- ...Mais... C'est pas un Stalgamin.

- Hein ?

Vu qu'on s'était approché en contre-jour, nous avions rapidement cru à un Stalgamin ; mais ce Pokémon, bien que de forme conique il fut, n'était aucunement de ce jaune pâle qu'arborent les Pokémon Capuche. Non ; celui-ci était d'un bleu pâle, presque cristallin, sur lequel la glace se reflétait parfaitement. Et je m'y connaissais en Pokémon, je vous vois venir : ce n'était pas non plus sa forme chromatique. Son cône n'était même pas parfaitement lisse ; biscornu, comme une petite stalagmite givrée, avec même une corne formée de glace, en avant. A sa base, il fermait deux petits yeux au contour violet, et je ne voyais pas ses frêles pattes sur lesquelles il devait coucher son petit corps blanc. Vu sa taille, vraiment petite, il me semblait tout jeune.

- C'est bizarre, je ne connais pas du tout ce Pokémon. Et pourtant, j'en connais un max.

- Roh, c'est pas le moment ! Il est sur l'escalier, alors tu dois bien le retirer de là !

Bon. J'avançai alors, et à peine arrivai-je à la case à côté de lui qu'il se réveilla sur le coup et dévoila ses yeux jaunes et jeunes derrière son grand chapeau de glace, soudainement prêt à attaquer et à me crier "ENNEMI !" comme tous les Pokémon de ces endroits bizarres. Bon, je l'attaquai aussitôt avec Mania, que je pus plus ou moins arrêter avant de m'emporter trop loin : je me battis bec et griffes, fis pleuvoir une volée de coups, puis essayai de me concentrer de nouveau aussitôt. Le petit Pokémon fut OHKO, et fut téléporté hors du Donjon.

Avant de réapparaître.

- OH BON SANG DE BONSOIR ! VOUS ÊTES UN MEMBRE D'UNE ÉQUIPE D'EXPLORATION, C'EST CA ?!

Je m'y attendais pas ; je faillis avoir une crise cardiaque.

- Ahem, oui.

- LAQUELLE ? LAQUELLE ? LAQUELLE ?

Il n'en fallut pas plus pour faire voler le Dracaufeu jusque là, et s'enthousiasmer, sans que ça ne loupe :

- MWAHAHA ! Contre les ennemis de la paix et les abrutis pleins de toupet ! Contre le mal qui fait mal et le paranormal pas normal ! Qui défend la veuve et l'orphelin ? Qui défend les fleuves et le pain ? Qui sauve les damoiseaux et demoiselles en détresse ? Qui ose, dame, des zozos et du zèle sans traîtresse ? C'est nous, l'épique recours, l'équipe de secours W.T.F. !

- Voilà, m'excusai-je pour ce numéro. Tu as le topo.

- MAIS C'EST ULTRA-GÉNIAL ! continua de s'exciter le Pokémon. EST-CE QUE JE PEUX REJOINDRE VOTRE ÉQUIPE ? S'IL-VOUS-PLAÎT S'IL-VOUS-PLAÎT S'IL-VOUS-PLAÎT !

- Wow, que d'empressement ! Mais oui, avec joie, mon petit gars ! se réjouit Fire, se retenant d'exploser de joie.

Ce après quoi le p'tiot gars sautilla gaiement :

- OUAAAAAAAAAAAAIS ! JE SUIS UN EXPLORATEUR !

Vu que le Dracaufeu se mettait à sortir toute la paperasse d'admission - qu'il ne m'avait jamais fait signer d'ailleurs ("parce que toi, t'avais tout rempli avec ton allure engageante d'explorateur", disait-il) - je les prévins que, puisqu'on avait désormais libre accès à l'escalier, j'allais chercher le reste de l'équipe pour que l'on puisse passer à l'étage suivant. Ainsi, le plan sous l'aile, je remontai la pièce puis le couloir, tournai à droite à l'embranchement, à gauche au niveau de triple cristal, passai devant trois trous de lumière, et retrouvai Shaymin en train de finir une horde de Géolithe. Je la prévins pour les escaliers et l'aidai d'un Dracosouffle parce que ça me plaisait de la troller dans ces combos (pour une fois que je pouvais la taquiner), puis nous fîmes demi-tour, pour croiser à tout hasard Bastiodon sur le chemin, qui nous accompagna. Je les ramenais pas à pas jusqu'à la salle de l'escalier, pour qu'ils découvrent la nouvelle recrue :

- Il s'appelle Hugwald ! Je vous prie de bien vouloir l'accueillir poliment !

Nous le saluâmes l'un après l'autre, Shaymin faisant de son mieux pour ne pas trop lui faire regretter son choix de rester, mais, bien au contraire, le p'tiot était à fond :

- BON SANG DE BONSOIR JE SUIS TELLEMENT CONTENT !

- Moui, oui, répétait Fire ; en attendant, nous sommes déjà quatre, alors je vais devoir te renvoyer à la base ; tu nous attendras là-bas pour qu'on parte ensemble en exploration, hm ?

Aucune réponse de Hugwald.

- Ben, oui, écoute, on est déjà quatre, et en plus de ça, en mission ultra-importante. On n'a plus de place dans l'équipe, il faut bien que quelqu'un rentre. Et comme ça peut être ni moi parce que je suis le meneur, ni Frère Plume parce qu'il est le héros, ni Bastiodon ou Shaymin tout simplement parce qu'il ne sont pas membres officiels de l'équipe W.T.F., voilà, ça ne peut être que toi. Et puis, surtout que t'es un peu faible. Donc voilà. Hm.

Toujours aucune réponse, il ne faisait que nous regarder avec des yeux tristes.

Hm.

Fire commençait à sortir le Badge d'Exploration, lorsque je lui demandai s'il n'y avait pas d'autres moyens pour convenir à tout le monde ; il me répondit que non, y en n'avait pas, qu'est-ce que je croyais. Je lui fis remarquer alors que j'en avais marre que ce ne soit pas logique, et que les règles de tout le monde commençait sérieusement à m'emmerder, surtout les règles aussi abruties que celles-là. Bastiodon trouva que j'avais raison, et Shaymin, intrigué par le Pokémon, commença à taper la discut', et expliqua au Pokémon (au minimum de type Glace, assurément) que j'arrivais toujours à ce que je voulais, même si on ne savait jamais si c'était vraiment le résultat escompté.

- Okay, okay, okay ! s'écria le Dracaufeu. C'est bon ! Je ne le renvoie pas ! Mais on n'a pas le droit de faire ça, genre absolument pas ! Et si c'est interdit, ça doit être pour une raison !

- Tu vois, même toi tu ne sais pas pourquoi c'est interdit, rétorquai-je. Si ça pose tellement de problèmes, Shaymin pourrait faire un groupe à part, avec Hugwald ?

- Hein ? Heu, je sais pas si c'est possible, ça.

- Ben si. Ils explorent ensemble, et c'tout.

- Et au cas où vous me demanderiez mon avis pour savoir ce que j'en dis, perso, ça me dérange pas, j'le trouve sympa. Et ça va me permettre de me faire un sacré paquet d'expérience sans avoir à le partager avec vous ; en plus d'essayer de level up le p'tit gars.

Hugwald recommençait à sauter sur place en criant "OUAIS ! OUAIS ! ON FAIT COMME ÇA !", et Bastiodon était ravi de voir un Pokémon aussi enthousiaste.

Donc on outrepassa les règles, et l'on fit comme ça. Et puis, entre nous, on était plus à une norme près.


Falaise Frontière
É. 22

En montant à l'étage suivant, je m'aperçus qu'on avait déjà dépassé la vingtaine, et je ne savais plus si c'était parce qu'on y avait eu beaucoup de chance, qu'on avait été efficace dans notre avancée, ou qu'on y avait pris goût. En tout cas, l' "Équipe Shaymin", nommée ainsi par vous-savez-qui, était partie avec toute la meilleure joie du monde, vu le vrai bâton de dynamite qu'était cette recrue, et qui trouvait absolument tout "SUPER GÉNIAL !" ou "TROP COOL !". Ça plaisait moyen à Fire, vu qu'il faisait sa moue de Dracaufeu blessé dans son autorité, et qu'il accélérait le pas en grognant "de toute façon, on a un hors-la-loi à arrêter" ; mais bon, j'étais certain qu'au fond, il n'était pas si mécontent que ça.

Ne pas savoir quelle sorte de Pokémon était Hugwald m'embêtait ; non pas que je faisais une fixation dessus, mais je n'aimais pas ne pas savoir quelque chose qui pouvait s'apprendre d'un clic. Ce clic, c'était le Pokédex. Transporté dans le Sac à Trésor, nous pouvions tout à fait le sortir, mais, d'une manière assez agaçante, j'essayais maintes fois de l'allumer, de lui faire dire n'importe quoi, il n'avait pas l'air de fonctionner. Peut-être les piles ; ou peut-être le Donjon, avec tout son lot de Mystère et de gnagnagna. Du coup, j'étais condamné à voir le p'tit courir et passer devant moi à toute berzingue quand on les croisait parfois, ou qu'ils nous ramenait des Graines ou des Pokés. Je crois qu'il voulait rendre le sourire à Fire, vu la mine heureuse et le grand sourire qu'il faisait lorsqu'il nous rapportait une Baie Ceriz ; même si on en avait déjà une trentaine qui fermentaient au fond du sac, le Dracaufeu le remerciait un peu plus gentiment à chaque fois.

En plus des Pokémon qui changeaient un peu (entendez par là que nous rencontrions leurs formes évoluées au fur et à me sure de l'ascension de la falaise), la Falaise Frontière aussi avait droit à ses transformations : plus érodée, plus lumineuse, moins menaçante, au fur et à mesure que nous rapprochions du vingt-cinquième étage. Je dis "vingt-cinquième", car, à en croire ce cher Dracaufeu, tous les Donjons avaient un nombre significatif d'étages, très souvent cinq par cinq. Puis, vu la vitesse à laquelle nous montions, nous n'étions forcément pas loin du plancher des Ecrémeuh, et donc il était très probable que l'étage 24 soit le dernier.


Falaise Frontière
É. 24

Nous avions exploré les étages restants en à peine quelques minutes : avec tout le monde qui courait partout, me ramenait des infos, ou nous trouvait les escaliers, on s'enfilait toute la fin du Donjon, et s'était grisant d'y arriver si facilement - surtout après l'expérience mitigée des Catacombes du Soleil. M'enfin, j'avais déjà tracé la moitié de l'étage quand on entendit dans le couloir d'à côté :

- Mais courez, espèce de grosses nulles ! On va le perdre !

Je reconnus cette voix criarde et pailletée de strass ; Fire, Bastiodon et moi activâmes le pas pour tourner à droite et trouver les WAKYA en train de détaler dans la salle du fond de l'étage. Ni une, ni deux, Fire décida coûte que coûte d'envoyer un Convocorbe s'éclater au sol ; Shaymin et Hugwald nous rejoignirent aussitôt, bien qu'un peu désorienté par le trajet soudain ; et nous ne perdîmes pas notre temps en explications, un simple "ON VA LE CHOPPER ! IL EST DEVANT !" suffit. On détala donc à la poursuite des WAKYA à la poursuite de Colhomard, sans avoir le temps de se féliciter pour les avoir aussi brillamment rattrapés, nous déboulâmes dans la salle, envoyèrent au diable les Hallucigraines qui attendaient qu'on viennent les prendre, puis nous bondîmes les uns à la suite des autres dans l'escalier.


Falaise Frontière
Sommet

Ce fut dès cet instant que nous retrouvâmes le ciel. Cela avait également quelque chose de surprenant : arrivé au sommet de la Falaise, laissant ce gouffre derrière nous, il s'étendait désormais une immensité infinie de terre. Elle allait jusqu'au bout, jusqu'à tracer son propre horizon, sans aucune limite ; rêche, déserte, sans relief, elle perdait son lointain dans de lointaines masses nuageuses, laineuses de blancheur et de neige. Tout ce que nous voyions bouger, ce fut un Emolga, un Pachirisu, un Pichu et un Limonde, bondissant comme des folles dingues, poursuivant avec une rage certaine un point rouge qui s'enfuyait, là-bas, au fond de ce tableau vide, où le seul chemin qui se traçait était celui de notre devoir. Qu'est-ce que j'en avais ma claque, de celui-là, putain ; mais si tel était mon Destin, je l'assumerais, coûte que coûte, en fonçant droit dedans ! Nous nous mîmes à courir, aussi vite que nous le pouvions ; galopant sur mes serres agiles, plantant celle-ci dans le sable puis dans la fine couche de givre qui se constituait plus nous allions au nord, la course effrénée au nom de tout ce que vous voulez commençait, au moment où, après cette promenade de santé sur une centaine de mètres vers le brouillard glacial qui s'amenait par ici dans le vent qui hurlait, nos équipes de secours s'engouffrèrent dans la tempête en terres inconnues en s'écriant :

- ARRÊTE-TOI, VOLEUR !


Inlandsis Sinjoh
É. 1

C'était tout froid, tout gelé, tout plat ; on n'y voyait pas plus loin que le bout de son museau. On se tint aussitôt la patte, et on se mit à courir tous ensemble, sous la direction de Fire :

- ON VA LE RATTRAPER, C'EST MOI QUI VOUS L'DIS !


Inlandsis Sinjoh
É. 4

- Allez ! Du nerf !

Shaymin ramasse 23 Poké !

Fire utilise Lance-Flamme !

C'est super efficace !

Le Mammochon ennemi est K.O. !


Inlandsis Sinjoh
É. 8

- On va lui montrer de quel bois on se chauffe !

- Oui, enfin doucement quand même hein !

Fire utilise Lance-Flamme !

Ce n'est pas très efficace sur le Prinplouf ennemi...

Chris utilise Dracosouffle !

Prinplouf est K.O. !

Hugwald ramasse Baie Ceriz et le met dans le Sac à Trésor.


Inlandsis Sinjoh
É. 13

- Haha, du nerf, chers explorateurs ! Il ne va pas nous échapper si facilement !

- On peut pas ralentir un peu ?

Hugwald ramasse Racaillasse (5) et le met dans le Sac à Trésor.

Hugwald ramasse Baie Ceriz et la met dans le Sac à Trésor.

Hugwald ramasse Baie Ceriz et la met dans le Sac à Trésor.

- HUGWALD, ON N'A PAS LE TEMPS !


Inlandsis Sinjoh
É. 19

- Alors, c'est quoi cette moue ?! Si vous croyez que cette Crapule va s'arrêter toute seule !

Le Cochignon ennemi utilise Vent Glace !

C'est super efficace sur Shaymin !

Ah, la vitesse de Shaymin diminue !

Shaymin utilise Puis. Caché ! *raté*

Cochignon utilise Boue-Bombe !

Ce n'est pas très efficace...

Ah, précision de Shaymin baisse !

Shaymin s'énerve ! Ça va barder !

Shaymin utilise Puis. Caché ! *raté*

Shaymin utilise Puis. Caché ! *raté*

Shaymin utilise Puis. Caché ! *raté*

- ESPÈCE DE SALE CONNARD DE-

- Shaymin, laisse-tomber ce Cochignon, merde !


Inlandsis Sinjoh
É. 26

- Pour la Justice !

- J'ai mal aux pattes...

Bastiodon utilise Repos ! *raté*

- J'en ai plein la touffe de courir !

- SUPER GÉNIAL !


Inlandsis Sinjoh
É. 34

- Pour la Liberté !

Le Azumarill ennemi utilise Hydrocanon !

- ATTENTION !

C'est super efficace !

Chris utilise Dracosouffle !

Ça n'affecte pas le Azumarill ennemi...

- QUOI ?!

Bastiodon utilise Éboulement !

Le Azumarill ennemi est K.O. !

Oh, non, l'estomac de Fire est vide !

Oh, non, l'estomac de Chris est vide !

Oh, non, l'estomac de Bastiodon est vide !

Oh, non, l'estomac de Shaymin est vide !

Oh, non, l'estomac de Hugwald est vide !


Inlandsis Sinjoh
É. 43

- Pour la Paix !

Hugwald utilise Charge !

Ça n'affecte pas le Munja ennemi...

Shaymin utilise Fulmigraine !

Ça n'affecte pas le Munja ennemi...

Chris lance un petit caillou !

Le Munja ennemi est K.O. !

Fire marche sur une Case Miracle !

Dommage, aucun miracle ne se produit !


Inlandsis Sinjoh
É. 53

- De toute façon, ce voleur devra bien s'arrêter un moment ou un autre !

Bastiodon s'évanouit d'inanition !

Bastiodon revient en force !

Le Tiplouf ennemi utilise Ecras'Face !

Hugwald est K.O. !

Hugwald revient en force !

Hugwald utilise Poudreuse !

Ce n'est pas très efficace...

Shaymin utilise Fulmigraine !

C'est super efficace !

Tiplouf ennemi est K.O. !

Chris n'a plus de PP !

Chris utilise Lutte !

Le Azurill ennemi est K.O. !

Chris se prend des dégâts !

Chris est K.O. !

Chris revient en force !


Inlandsis Sinjoh
É. 64

- Il devra bien s'arrêter, puisque les Donjons ont forcément une fin !

Le Hexagel ennemi utilise Mur Lumière !

Chris utilise Mania ! *raté*

Par contre, Chris frappe toute son équipe !

Chris est confus !

- AH , C'EST PAS LE MOMENT, REPRENDS-TOI !

Shaymin déclenche un Piège Tadmorv !

L'objet Baie Oran devient Morviture !

- AH NAN PUTAIN ! C'EST DÉGUEU !

Fire attaque Lance-Flamme !

Mammochon est K.O. !

Hugwald monte de niveau !

- HAHA, C'EST SUPER GÉNIAL L'EXPLORATION ! TANT D'ACTION ! J'AI VRAIMENT BIEN FAIT DE VENIR !


Inlandsis Sinjoh
É. 76

- Et puis il finira bien par être crevé à un moment, lui aussi !

- Mais lui il peut passer à travers les murs, j'te signale !

- Haha ! Mais justement, ça donne faim de passer à travers les murs !

- ...quoi.

- C'est un des effets du Passe-Muraille ! Il tombera d'inanition avant nous !

- SAUF S'IL A EU L'INTELLIGENCE DE S'ARRÊTER NE SERAIT-CE QU'UNE SECONDE POUR BOUFFER UNE POMME, LUI !

- On ne peut pas se le permettre ! Il faut rattraper cette longueur d'avance qu'il a sur nous !

Bastiodon déclenche un Piège Soporifique !

Bastiodon s'endor-

- AH, NON, HEIN !

Shaymin fout une grosse tarte à Bastiodon !

Bastiodon se réveille !


Inlandsis Sinjoh
É. 89

- LE PROCHAIN QUI ME DEMANDE QUAND EST-CE QU'ON ARRIVE, JE LUI FOUS UNE EXPLOGRAINE LÀ OU JE PENSE !

- JE VEUX MOURIIIIIR !

- PLUS JAMAIS, TU M'ENTENDS ?! PLUS JAMAAAIS !

- JE NE SENS PLUS MES GENOOUUX !

- SHAYMIN, T'AS PAS DE GENOUX !

- AH OUAIS ?! QU'EST-CE QUE TU DIS DE ÇA ?!

Shaymin essaie d'utiliser Pied Sauté !

Shaymin rate son attaque !

Shaymin s'écrase au sol !

- ESPÈCE DE SALAUD, J'AI PERDU LA MOITIÉ DE MES PV !

- FERMEZ-LA, BORDEL !


Inlandsis Sinjoh
É. 99

- MWAHAHA, DE TOUTE FAÇON, IL PEUT BIEN COURIR, AUCUN DONJON NE DÉPASSE LES CENT ÉTAGES !

Bastiodon utilise Malédiction ! Mais cela échoue : votre équipe est déjà maudite !

- HAHA ! VOUS TROUVEZ PAS QU'ON A TROP DE CHANCE DE-

Hugwald s'évanouit d'inanition !

Hugwald revient en force !

- -POUVOIR SAUVER LE MONDE ENTIER ?


Inlandsis Sinjoh
É. 102

- ESPÈCE DE CONNERIE DE BORDEL DE PUTAIN DE MERDE !

Chris attaque Acrobatie !

C'est super efficace !

Le Limaspeed ennemi est K.O. !

Shaymin monte de niveau !

Shaymin apprend Voeu Soin !

Shaymin utilise Voeu Soin ! Il reste 1 PV à Shaymin !

Toute l'équipe regagne ses PV !

Fire déclenche un Piège Auto-Destrucution !

Fire est K.O. !

Chris déclenche un Piège Châtaigne !

Chris est K.O. !

Hugwald déclenche en Piège Mine !

Hugwald est K.O. !

Bastiodon déclenche un Piège PP-Zéro !

Bastiodon utilise Lutte ! Bastiodon se prend des dégâts !

Bastiodon est K.O. !

Tout le monde revient en force ! Shaymin a toujours 1 PV !

Shaymin s'énerve !

- PUTAIN, VOUS ÊTES PAS DOUÉS !


Inlandsis Sinjoh
É. 134

- RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

- FIRE, PERSONNE NE TIENT À CREVER D'INANITION POUR LA VINGTIÈME FOIS ! ON FAIT UNE PAUSE NOW OU JE VAIS VOMIR MES CUISSES PAR LES TROUS DE NEZ !

- MAIS IL EST JUSTE LÀ, NOM DE CIZAYOX !

- J'EN N'AI RIEN À BATTRE ! ON DOIT BOUFFER QUELQUE CHOSE !

- MAIS IL VA S'ÉCHAPPER !

- JE SUIS SUR QU'IL A DÉJA CREVÉ DE FAIM DANS UN COIN DE SA FOUTUE LONGUEUR D'AVANCE, ALORS ON STOP NOW !

Je m'arrêtai pile et lâchai tout, parce que là, franchement, je n'en pouvais, mais alors, plus, du genre, PLUS DU TOUT. Nous nous arrêtâmes tous, chacun crachant presque ses poumons, sauf le petit Hugwald qui pétait toujours a forme, pour je ne sais quelle foutue raison. On était dans la même salle que les milliards qu'on venait de traverser, couverte de neige et de glace, où tombait la neige dans ce foutu Donjon qui n'en finissait pas. Pendant que tout le monde essayait de ne pas mourir, notre meneur chercha activement dans son Sac à Trésor, pour s'écrier :

- Rah, merde, on n'a plus que deux Résugraines !

- Mais on va pas manger ça !

- Je sais bien ! Mais si Hugwald n'avait pas un si bas niveau, il n'en boufferait pas autant ! Je vous l'avais dit, fallait le renvoyer quand il était temps !

- On s'en fiche ! cria Shaymin. Raboule les Pommes !

- Ouais, bah, j'en n'ai plus, de pommes !

Ne pas s'énerver. Rester calme. Ne pas crier à nouveau. Pense à ce pauvre corps qui n'en peut déjà plus ; profitons dans la joie et le bonheur de cet avant-dernier jour avant la mort. Je laissai par contre Gratitude s'exciter de la fleur :

- QUOI ?! MAIS T'ES IDIOT ! COMMENT ÇA SE FAIT QUE T'EN N'AI PAS PRIS PLUS ?! ON EN A PRIS À PEINE DEUX CHACUN !

- OUAIS, BAH JE PENSAIS PAS QUE LE DONJON SERAIT SI LONG ! ET LES RÉSUGRAINES, C'EST PLUS IMPORTANT, D'ABORD ! QUAND C'EST PAS UN VIEUX NOOB QUI S'EN EMPIFRE !

Là, Hugwald arrêta de faire le pitre, et demanda tout simplement, voyant qu'il s'agissait de lui, "le vieux noob" :

- Si vous voulez, je peux aller vous chercher des trucs à manger ?

Notre meneur se tourna vers lui, des flammes dans les yeux :

- AH OUI ?! HÉ BEN QU'EST-CE QUE T'ATTENDS ?!

- MAIS APRÈS TU DEVRAS ÊTRE GENTIL AVEC MOI ! s'excita le petit Pokémon en faisant le saut le plus guilleret du monde.

- TOUT CE QUE TU VEUX ! VA CHERCHER À BOUFFER !

- OUAAAAAAAAAAIS !

Et le Pokémon de type Glace fila à toute allure hors de la salle, pendant que Bastiodon demandait sarcastiquement la permission de se Reposer. Fire le laissa faire :

- Ça va ! Je suis pas un tortionnaire, non plus, hein !

Donc il fallut attendre quelques temps que Bouclier se réveille, temps desquels on profita pour se remettre les poumons en place, s'étirer les ailes qui étaient restées le plus repliées et essayer de retrouver un rythme de respiration normal. Il ne se réveilla pas naturellement néanmoins ; il fut surpris dans son sommeil comme nous le fûmes dans le Donjon : Hugwald revenait au galop, un max de Pommes plantées sur son cône de glace biscornu.

- VOILÀ VOILÀ ! MAIS DÉPÊCHEZ-VOUS PARCE QUE JE SUIS POURSUIVI ET ON VA TOUS SE FAIRE DÉFONCER !

- HEIN ?! Pourquoi ?! Comment ?! Par qui ?!

- MAIS J'EN SAIS RIEN ! JE SUIS ARRIVÉ, J'AI VU DES POMMES, JE LES AI PRISES ET JE SUIS PARTI ; JE NE ME SUIS PAS FROTTÉ AUX POKEMON PARCE QUE LE MENEUR NE VEUT PAS QUE J'UTILISE DE RÉSUGRAINES !

- Oui, heu, ch'est très bien cha, répondit "le meneur" pendant que nous dévorions nos pommes, mais chi tu nous chamènes d'autres Pokémon à battre, ch'est-

C'est là qu'on entendit quelque chose d'assez dramatique, simultanément qu'une vision toute aussi terrible nous estomaqua. Au coin du couloir, une horde de Kécléon hurlant :

- AU VOLEUR ! AU VOLEUR ! ATTRAPEZ-LES !

Fire s'étrangla avec son fruit, Shaymin la recracha, Bastiodon n'eut même pas le temps de la croquer et je m'égosillai à peine en hurlant "FUYEZ !" que nous étions en train de dévaler les couloirs enneigés de l'étage -134. Nous reprenions cette course si intensément et si soudainement que nos pattes n'avaient pas eu le temps retrouver une marche normale ; bon, l'avantage, c'est que nous étions déjà chaud, m'enfin.

On traça dans tous les sens, prenant à tous les coins de couloirs, chacun pour soi et tout le monde pour personne, ne savant même plus pourquoi courir, si c'était pour échapper aux Kécléon enragés qui se multipliaient comme des petits pains, pour rattraper un Colhomard qui traversait les murs ou pour sauver le monde entier de se prendre des fusées nucléaires ou de voir sa mythologie décimée. Je glissais sur les cases gelées, me perdais dans des labyrinthes de virages à gauche, tombais dans des endroits mouillés, me pris des Pokémon ennemis en pleine face au coin de couloirs, balançai des Anti-Air et des Dracosouffles à n'en plus finir, essayai de dégager le meilleur chemin possible, me pris ne sais-je combien de châtaignes, essayai de les semer dans des spirales de virages à droite, et pourtant, je retombais toujours sur un de ces foutus rageux à un moment ou à un autre. Surtout qu'ils étaient rapides, les imbéciles ! Même pas l'intelligence pour parler ; leurs yeux étaient tous rouges avec le cri "ENNEMI ! VOLEUR ! AU VOLEUR ! ENNEMI !" complètement insupportable ; j'essayai d'en zigouiller un, je n'eus pour résultat qu'une attaque Tonnerre de plein fouet, laquelle eut vite fait de me faire redevenir Défaitiste. Pendant ma fuite, je n'avais croisé que rapidement mes coéquipiers, trop occupés à fuir de leur côté, ou alors à me refiler au train ceux qui me poursuivaient. L'avantage de cet étage 134, c'est que, par Arceus, c'était un putain de bordel niveau architecture.

Le Destin eut sans doute pitié de moi, puisqu'il me fit percevoir tout au bout d'un couloir une salle ; et pas n'importe quelle salle : je voyais l'escalier ! Haha ! Je redoublai de vitesse (parce que oui, pouvoir pointer à 40km/h, c'était plutôt utile), et je parvins à arriver dans la salle en même temps qu'un acolyte, lui, à une entrée symétriquement opposée.

- BASTIODON ! m'écriai-je en voyant son bouclier détaler.

Il se tourna vers moi et m'aperçus, puis eut la même lueur d'espoir dans son regard que moi lorsqu'il vit les escaliers, au beau milieu d'une pièce, qui, en plus, fourmillait d'objets à ramasser.

Lorsque, voyant de multiples ombres apparaître soudainement, je freinai brusquement ; des dizaines de Pokémon ennemis tombèrent du plafond, là, comme ça, juste devant nos yeux, inondant la pièce, et prêts à se jeter sur nous.

- QU'EST-CE QUE C'EST QUE CE BORDEL ?!

Je me reçus un tel déluge d'attaques, entendis le sifflement d'un nombre si astronomique de rayons, et sentis la puissance de tellement de boosts ennemis que ça en devenait ridicule. Un abruti de Pingoléon et son Aqua-Jet me fit m'évanouir, pour qu'enfin je revienne en force en utilisant l'une des deux Résugraines restantes. Je ne voyais pas comment nous allions nous en sortir ; Bastiodon avait beau balancer des Eboulements sur tous ceux qui le touchaient, nous étions à deux contre beaucoup, beaucoup plus.

Et puis pof.

Le silence se fit soudain. Plus de cris, plus de tumulte abrutissant.
Tous les ennemis étaient pétrifiés.

Alors, oui, excusez-moi d'avoir la mémoire aussi courte ; j'ai beaucoup dévénements à digérer en même temps, donc voilà, ça peut m'arriver, parfois, genre dans cette situation, d'oublier que Bastiodon avait actuellement la capacité d'utiliser une Stupéfiorbe.

- Voilà ! C'est parfait, comme ça ! entendis-je à l'autre bout de la salle.

Je l'applaudis, et me dis qu'après tout, il n'y avait meilleur moment que celui-là pour utiliser ceci. Nous pûmes donc s'occuper de tout le monde chacun son tour, comme à la réception d'un grand magasin où chaque ennemi serait venu bien gentiment se recevoir des tartes dans le pif. Donc je m'occupai de tous ceux qui bloquaient le couloir, derrière moi ; certes, l'effet de l'Orbe s'estompai dès que je les touchai, mais j'avais ainsi toujours l'occasion de placer une bonne grosse attaque, pour enchaîner directement après, et finir le Pokémon en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire que c'était super efficace. Je nettoyai mon couloir des Kécléon, puis retrouvai, coincé entre deux ennemis statufiés, ce brave Fire, qui, ravi de voir que le sage Bouclier avait utilisé l'objet qu'il lui avait donné, s'en donnait à coeur joie pour éliminer tout ce petit monde de Lance-Flamme. Si bien qu'en revenant dans la salle de l'escalier où chacun attendiat patiemment de se faire démonter, le Dracaufeu cracha si bien le feu qu'il pût envoyer une déferlante de braise en une impressionnante exhalation, qui, balayant toute la salle, élimina quasiment tout le monde d'un coup, et brûlant tous ceux qui aurait eu le culot de résister. Devant cette parfaite Canicule, nous ne pûmes qu'applaudir à nouveau, et éliminer un à un tout le reste qui fuyait de désespoir, mouhaha.

En somme, nous fûmes rapidement rejoints par Shaymin et Hugwald, qui nous aidèrent à nous débarrasser des miettes, puis à ramasser le butin qui traînait un peu partout. Fire trouva quand même le moyen de se plaindre qu'il n'avait plus de place dans le sac, avec tout ça, et qu'on allait tous devoir s'enfiler les Graines Vides (les carcasses des Résugraines) puisqu'on s'était plaint de n'avoir rien à manger ; et c'est ce que nous fîmes quand Hugwald nous fit encore bondir de frousse en gueulant :

- IL EST LÀÀÀÀÀÀ !!!!!11!1§11§§1!!!

Nous nous tournâmes en la direction vers laquelle il courait comme un malade : en effet. Voulant s'enfuir discrètement, sur la pointe de ces pattes de crustacé, la queue encore dans le mur, prouvant bien qu'il avait dû se paumer malgré lui dans un océan de mur plus qu'en suivant les couloirs comme tout le monde, Colhomard.
N'étant qu'à quelques cases de nous, il eut simplement la dextérité de réutiliser son Abri pour se protéger du Dracosouffle avec lequel je voulais encore le paralyser, et de ramper les quelques marches qui menaient à l'étage 135, mais cette fois-là, nous fûmes bien plus rapides face à cette Crapule croulant sous l'inanition, et, d'une ultime effort, nous lui bondîmes dessus.


Inlandsis Sinjoh
Nunatak

Nous partîmes en roulé-boulé sur plusieurs mètres, avant d'être arrêtés par la conséquente couche de neige que nous traînions. Rapides comme l'éclair, nous maîtrisâmes Colhomard, déjà pas mal affaibli par son voyage et surtout la récente ascension. Bastiodon lui plaqua sa queue frétillante dans la poudreuse, Hugwald lui gela une pince et Shaymin le menaça de lui faire exploser l'autre s'il ne se calmait pas. Le hors-la-loi se calma.

Fire fit plusieurs tours sur lui-même. Nous étions en plein blanc. Le temps était mauvais, mais il ne neigeait plus, le ciel restait inondé de ce blanc-gris froid et maussade. Le phénomène météorologique, cette espèce de brouillard givrant qui nous avait enveloppé tout le long du Donjon, était derrière nous, et nous masquait tout l'horizon. Nous nous trouvions en pleine mer de neige, au beau milieu d'une calotte glaciaire ; le seul pigment qui n'arrachait pas les yeux de blancheur étaient un piton de roche, là, isolé, d'une dizaine de mètres de haut à peine, qui semblait résister de toute sa volonté de caillou pour ne pas finir englouti dans toute cette glace. Notre meneur sortit la Carte Miracle. Je m'approchai de celle-ci : les nuages qui recouvraient la zone qu'il nous avait désigné comme destination deux Donjons Mystères plus tôt se dissipèrent ; notre point de localisation se mit alors à clignoter en plein blanc, devant un ledit pic noir.

- Je crois... que nous sommes arrivés au bout, déclara le Dracaufeu.

Un peu plus au nord-est sur la Carte était dessiné un petit renfoncement dans la neige, et ce qui ressemblait à un minuscule pavé grisâtre portait le nom rêvé de "Ruines Sinjoh". Nous n'étions plus, en voyageant à pattes, qu'à une ou deux heures d'Arceus.

Mais bon, nous avions un prisonnier, qui ne pouvait plus bouger une patte, alors nous décidâmes de le cuisiner sans plus attendre. Toute l'équipe fut d'un commun accord pour me laisser parler, alors je m'avançai, grattait la neige de mes pattes, la mine sérieuse, et soulevai la tronche d'entêté de mon ancien Pokémon en le tenant par l'étoile :

- Bon. Je vais faire court. Je t'ai vu au QG des abrutis de connards de merde qui gâchent l'existence de tout le monde. "Smith", que Julie t'a appelé. Donc dis-moi qu'est-ce que tu fous à voler des Kécléons, dis-moi pour qui tu bosses vraiment, dis-moi ce qu'ils foutent tous ; bref, dis-moi tout ce que tu sais, et la vérité.

Il semblait vraiment faible. Je demandai à Fire de me passer un bout de Pomme, uniquement pour qu'il ait la bouche humide pour pouvoir articuler la réponse que j'attendais. Je la lui écrasai dans la gueule, puis, stoïque, il me regarda, sans rien dire.

- ...Qu'est-ce qu'il y a ? T'as la mémoire courte ? Parle, bon sang !

Rien. Pas le moindre mot. Juste à me regarder, là, comme ça.

- Bon, ça suffit, grogna Dracaufeu.

Il s'amena, et lui dénoua de la pince que Shaymin lui surveillait le Passe-Muraille dérobé ; il le rangea dans le Sac à Trésor, puis approcha sa gueule très près de celle de Colhomard :

- Mon gars. Écoute-moi bien attentivement. Aucun d'entre nous, ici, ne te lâchera sans que tu n'aies dit un mot. Les humains pour qui tu travailles... Font des choses que tu peux t'imaginer. Je ne sais pas ce qu'ils t'ont fait, ou si tu te la fermes parce que tu crains je ne sais quoi, mais sache que nous, nous sommes les gentils. Et, comme tu le sais, les gentils gagnent toujours. Donc il serait préférable pour toi de coopérer, sinon, ça va te retomber sur le coin de la carapace un moment ou à un autre. J'aurais une folle envie de te bouffer cru, mais je me retiendrai, d'une parce que je suis plutôt sympa, et de deux parce que tu es le seul connard que nous avons entre les pattes.

Le Pokémon le regarda lui, puis moi, puis répondit, d'une voix moins malfaisante et plus posée que celle à laquelle je m'attendais :

- ...Donc, si je comprends bien... Vous n'avez que moi pour vous renseigner ?

- Hem... Oui.

- Très bien. Je ne dirai rien, alors.

Mais quelle foutue tête de pioche !

- ESPÈCE DE SINGULIER ABRUTI !

C'est là que Bastiodon, qui lui avait tenu l'exosquelette aussi fermement que possible, finit par l'écraser totalement, et lui hurla dessus :

- COMMENT TU OSES JOUER LES CONNARDS ?! APRÈS TOUT CE QU'ON A VÉCU ENSEMBLE ! GARDEVOIR ! NOCTUNOIR ! VAUTUTRICE ! TOUTE LA RÉGION DE HOENN, MERDE ! MÊME SI T'EN FAISAIS QU'À TA PUTAIN DE TÊTE, ON S'EN FOUTAIT, T'ETAIS LÀ, T'ETAIS TOUJOURS LÀ, MÊME QUAND IL A FALLU SAUVER LES GOLEMS ! COMMENT TU PEUX NOUS FAIRE CA, APRÈS DEUX FOUTUES ANNÉES PASSÉES ENSEMBLE ?! COMMENT TU PEUX... Comment... Tu peux...

Et il se calma. Il n'en pouvait plus. Colhomard le regarda, avec... l'esquisse d'un trouble ? En tout cas, il ne sembla aucunement perturbé, quand il nous décocha, toujours sur le même timbre de voix :

- Je ne peux rien vous dire. De toute façon, vous allez tous mourir.

Personne répondit. Tout le monde le fusilla du regard. Il haussa la seule pince qui n'était pas prise dans la glace, et balança, d'un air hautain :

- On mourra tous, vous savez. Et je ne parle pas de vieillesse. Moi, parce que vous venez de me chopper. Vous, parce que vous souhaitez ardemment vous opposez au pouvoir de la Science. Vous défendez le naturel, eux défendent le progrès. On sait tous que le progrès l'emporte. Mais, d'un côté, le progrès étant le fruit de l'intelligence, et l'intelligence étant le fruit de l'évolution, le progrès n'est-il pas naturel, puisque l'évolution l'est on ne peut plus ? Enfin. C'est cocasse, vous savez ; je pourrais tout vous dire, tout vous raconter, mais non, tout simplement car je ne peux pas parler. Vous m'en voyez navré.

Alors que tout se chamboulait dans ma tête niveau souvenirs de mon voyage à Hoenn, Shaymin releva la tête brusquement, renifla l'air, et se retourna :

- Dites, c'est moi où y a un truc qui n'est pas normal ?

On essaya de quitter l'interrogatoire pour lever la tête au vent ; je ne perçus rien, mais sans doute avais-je les sens troublés, car ce fut rapide, très rapide. Le ciel blanc se mit à vibrer, la terre sembla trembler ; une masse géante, sombre et ailée, apparut dans les nuages, et en jaillit soudain, moteur pétaradants et hélices géantes tournoyantes. Une sorte d'aéroplaneur colossal, de dimensions exagérées, soutenant des réacteurs arrières obèses qui crachaient des flammes bleutées, fondit sur nous ; on eut le réflexe de se baisser, mais il ne fit que nous survoler pour mieux faire demi-tour, et revenir planer sur place, au-dessus de nos museaux atterrés. Une voix s'éleva dans les hauts-parleurs ; une voix que je reconnus entre milles, à savoir celle de l'homme aux cheveux bleus, l'assassin de Rayquaza.

- Héros du jour, héros de toujours, bien le bonjour ! Je vois que vous avez mis la main sur notre agent infiltré dans le monde Pokémon ; quelle efficacité, mes félicitations !
Sans qu'on ne le vit venir, un grappin fut tiré dans une détonation ; il attrapa Colhomard en une fraction de seconde, et nous l'enleva aussi furtivement qu'il nous avait échappé.

- HÉ ! NON ! ESPÈCE DE...

- Voilà, voilà, nous reprenons ce qui est à nous ! On doit lui foutre une rouste, de toute façon. Bon, en attendant, nous - et moi en particulier - commençons à en avoir raz-le-cul de vous avoir dans les pieds. Les Fouinettes qui mettent le nez dans les affaires des braves gens, ça a le don de m'énerver à un point assez horrible. Alors, imaginez à quel point je suis sympathique pour vous laisser assister en avant-première à notre toute dernière expérience officieuse ! Bien sûr, ce n'est qu'un prototype, qu'un essai prometteur ; mais une fois qu'il vous aura appris à vous rendre, nous pourrons enfin compléter le projet !

Puis je vis une porte, tout là-haut, sur le flanc de l'appareil, s'ouvrir. La vague et petite silhouette du con, cheveux bleus envolé dans le vent de l'appareil, nous cria, un microphone à la main :

- VOYEZ A QUEL POINT VOUS ÊTES PUISSANTS, POKÉMON !

Puis il étendit énergiquement son bras, tenant fermement je ne sais quoi de trop petit pour que nous puissions l'apercevoir de là où nous étions. Un rayon lumineux, agressant les yeux d'un flash, fut expulsé maladroitement ; lumière qui m'évoqua aussitôt celle des Poké Ball, sauf que celle fonctionnait très, très anormalement. Puis le rayon se constitua. En une chose titanesque. Qui chuta sur le sol avec un fracas épouvantable, brisant la glace vieille de plusieurs centaines d'années, soulevant un nuage de givre lors de cet atterrissage. On toussa; on fut secoué par despas, lourds, puissants, magistraux. Et l'on vit sortir du brouillard un être sombre, bipède, ailé, draconnique : gargantuesque, d'un anthracite cassé, décharné par une aura de tout ce qu'il y avait d'obscur et de malsain, un monstre hérissé de glace impure, ressemblant horriblement à Kyurem.


La chose partit dans un rugissement énorme, suraigu et désaccordé. Je n'en croyais pas mes yeux. C'était un cauchemar. Ca ne pouvait être lui. Ce n'était pas lui. Il n'était... Il n'était pas comme ça... Bastiodon, Shaymin et moi restions figés, et Fire nous hurla de foutre le camp. La bête leva la tête aux cieux, chargea une énergie crépitante qui aspira l'atmosphère tout autour de sa gueule ; le monstre fit balancer son cou, et envoya une dévastatrice fulmination d'un blanc éclatant. Je me sentis éclater. L'équipe fut froidement explosée, les membres volèrent au quatre coins du terrain. Après un vol plané inimaginable, je tombai de très haut, incapable de battre des ailes, crispé par une sensation de froid insoutenable, et me pris brutalement la neige, et roulai sur plusieurs mètres. Je n'eus pas le temps de me poser des questions, déjà j'entendais le sifflement d'une autre attaque. Je vis le piton de roche, me relevai, et y courus le plus rapidement que je pus ; mais j'avais une cuisse complètement paralysée par le gel. Je me rétamai sur la glace, à quelques pas de l'abri que je visai. L'attaque qui m'avait fait peur fut balancée ; elle fusa dans une autre direction, allant exploser la calotte glaciaire, là-bas. La créature avait dû viser quelqu'un d'autre, qui, comme moi, essayait de sauver sa peau.

Okay. Il fallait essayer de rester calme. Même si le sol tremblait à chacun des pas du monstre, il fallait rester le plus équilibré possible, ne pas se laisser emporter par cette folie. Je me frictionnai la cuisse en geignant, la dégelant le plus rapidement possible ; tout ce que j'avais en tête était de pouvoir de nouveau courir, puis de filer rejoindre l'équipe. Je ne pouvais aller me planquer et les laisser affronter ça tout seuls. Un bruit aigu et une étincelle de chlorophylle me fit lever les yeux ; je vis, de l'autre côté du terrain, une pétarade émeraude et sa lueur distinctive toucher l'abomination. Cette dernière, que je voyais piétiner le monde sous l'oeil attentif de l'aéronef des connards, se moqua totalement de l'attaque ; elle fit rouler un grondement dans la nébuleuse qui s'assombrissait ; puis, gonflée de gel, la foudre alla s'abattre à plusieurs reprises dans de pharamineux éclairs, percutant la surface dans des détonations givrantes, créant des cratères tranchés de lames de glace. J'espérais e tout mon coeur que les autres esquivaient ça. A un tel niveau de puissance, celle-ci me faisait suer et me comprimait les entrailles, rien qu'à le voir faire un pas, et se péter les cordes vocales à rugir si fort. Je me remis sur mes pattes, puis partis ; je boitais et avait putain de mal, mais j'avais déjà trop profité qu'il ne s'intéresse pas à moi. Atteignant rapidement ma vitesse de pointe, je sprintai en faisant un détour vers le pic rocheux, voir si l'un d'entre eux avait put échapper à cette arme de destruction massive. Mais il n'y avait personne. Ils étaient tous à la portée du monstre.

Lors de ma course, faisant le tour du monstre, je remarquai qu'au centre de la fourche caudale qu'aurait porté un Kyurem, avait nacquit une étonnante déflagration de puissance bicolore, où se mêlait l'opalin cristallin et l'indigo obscur. Cette chose n'avait je ne sais quoi de tremblant, de dissemblable ; quelle que soit l'expérience qui avait produit ce résultat, elle me faisait tambouriner la poitrine et redoubler d'intensité mes pulsations sanguines sur les tempes. Je détalai vers l'endroit qui s'était pris la volée d'éclairs hors du commun ; la bête titanesque, lente à cause sa taille trois fois supérieure à celle de celui à qui il me faisait effroyablement penser, tourna sa gueule horrible vers moi, et me vis courir vers l'unique silhouettes colorée que je percevais dans cet enfer blanc.

- BOUGE-TOI ! IL FAUT SE PLANQUER !

- BASTIODON EST PARTI DROIT VERS CE TRUC ! me hurla Shaymin, en me rejoignant dans ma course, visiblement affaiblie. QUANT À HUGWALD, VA LE TROUVER, DANS TOUTE CETTE NEIGE !

- ET FIRE ?!

- LÀ-HAUT !

Elle regarda vers l'abomination en me criant cela ; je tournai le museau, et vis le Dracaufeu lui voler par-dessus. Avec obstination, il balançait Lance-Flammes et Canicules en pagaille, visant le crâne, les vertèbres qui ressortaient et les semblants d'ailes, qui frôlaient plutôt les icebergs allongés qu'autre chose ; il créait une fumée rougeaoyante bien faible face aux cataclysmes givrants que provoquaient la créature. C'est là que je m'aperçus qu'elle m'avaient dans le viseur ; alors elle se mit à courir, de ses pas de géant qui martelaient l'inlandsis dans des craquements lugubres, et hurla de nouveau. Ce que le monstre maintenait instablement au centre de sa queue s'enflamma brusquement, puis ses "ailes" gelées reluisirent d'un vif éclat ; pour enfin expulser une fantastique onde de choc sulfureuse. Nous bondîmes ; elle nous balaya quand même, Shaymin et moi, en nous brûlant de froid jusqu'à la moelle. Elle cria ; je ne pensais plus à rien, et je l'attrapai, avant de galoper droit vers le nunatak. Lors de ma course, le monstre sentit un coup de feu lui frôler une corne ; il envoya alors un coup de griffe monumental, chargé et acéré d'énergie draconnique, vers le Pokémon orange qui virevoltait : il manquait sa cible de très peu, cible qui parut assez frôlée pour arrêter son manège et atterrir en catastrophe pas loin du piton. Moi, j'arrivai entre les piliers qu'étaient les pattes arrières de la bête, et traçai comme un taré, lui passant entre les jambes sans qu'elle ne s'en aperçoive, et pris soin d'éviter le redoutable balancement de sa queue qui creausait l'air, bourrée de puissance.

Je me jetai finalement derrière le pic rocheux, et fus rejoint par Fire en catastrophe. La créature horrible faisait un bruit grésillant extrêmement désagréable, provenant tout droit de sa queue ; on ne pouvait pas se comprendre sans crier.

- BORDEL DE MERDE ! ON NE LUI FAIT QUE DALLE !

- ÇA NE SERVIRA A RIEN DE CONTINUER À L'ATTAQUER ! IL EST BEAUCOUP TROP FORT !

Il donna une Baie Oran à Shaymin, et me demanda :

- ET BASTIODON ?! ON POURRAIT PAS RIPOSTER AVEC FULMIFER ?!

- POUR LUI EXPLIQUER ÇA FAUDRAIT QU'IL SOIT AVEC NOUS !

Puis Bastiodon tomba du ciel, venant d'être envoyé voler d'un monstrueux coup de patte.

- Aaargh...

- PUTAIN ! DONNE-LUI UNE BAIE ORAN !

On la lui présenta précipitamment, et il l'engloutit aussitôt, alors que je m'écriai :

- FAUT QU'IL NOUS BALANCE UN DE CES MEGAS RAYONS ! BASTIODON, FAUT COMPTER SUR TA FERMETÉ POUR QUE TU PUISSES ENCAISSER ET TOUT BALANCER !

- D'ACCORD, JE VAIS ESSAYER !

On mit donc le plan à exécution, et on décampa du pic ; le monstre nous vit, et nous voir courir pour éviter le combat ne lui plût pas : il leva la gueule au ciel, chargea l'attaque qu'on s'était pris d'entrée de jeu ; Bastiodon s'arrêta net, plata une de ses grosses pattes dans la glace, et se servit de son élan pour pivoter en moins de deux ; l'abomination de glace tira la fulmination en rabaissant son cou, avec le même panache dévastateur que la première fois ; notre Bouclier brilla d'une aura argentée, et il se forma, dans sa gueule grande ouverte et rugissante de conviction, une miette d'énergie blanc d'albâtre ; l'attaque le frappa dans un claquement pharaonique, et la bribe d'énergie, tout en prenant des proportions dantesques, but l'intégralité du laser que crachait l'horreur gargantuesque. L'offensive ennemi s'estompa, et mon Pokémon, qui se retrouvait en train de supporter le Fulmifer de sa vie, lui flanqua la boule fulminante, devenue véritable noyau atomique, en plein buste. Il y eut une explosion grandiose ; la créature beugla.

Bastiodon s'écroula, poussé dans ses tous derniers retranchements. Le Dracaufeu vint m'aider à le traîner à l'abri, pendant que le monstre, qui avait reculé d'un pas sous le choc de la riposte, secouait lourdement son énorme tête ; on arriva derrière le nunatak, et on débriefa la situation d'urgence.

- OÙ EST PASSÉE SHAYMIN ?! m'écriai-je en ne la voyant plus là.

- ELLE EST PARTIE CHERCHER HUGWALD !

Nous allongeâmes le Pokémon préhistorique encore tout fumant de l'attaque qu'il avait dû emmagasiner. Fire me fila une Baie Oran pendnat qu'il en cherchait d'autres dans son Sac, et s'exclama :

- OKAY ! ON CONTINUE COMME ÇA, ET ON VA FINIR PAR L'AVOIR !

- AH NON, T'ES PAS MALADE ?! REGARDE CE TRUC ! hurlai-je en montrant que la créature s'en remettait plutôt bien, puisque n'en gardait aucune trace. ON NE VA PAS Y ARRIVER COMME ÇA ! BASTIODON VA PAS LE SUPPORTER !

- ALORS QUOI ?! QU'EST-CE QU'ON PEUT FAIRE D'AUTRE ? À PART SE LAISSER CREVER ?!

- CALME-TOI, FIRE, PAR ARCEUS ! IL FAUT REFLECHIR À TOUTES LES POSSIBILITÉS !

- QUELLES POSSIBILITÉS ?! s'emporta-t-il en secouant sa besace avec énervement. ON EST TROP FAIBLES, C'EST UN VERITABLE TITANT DE N'IMPORTE QUOI, ET ON EST A COURT DE BAIE ORAN !

- RAH, NE DIS PAS ÇA ! ON VA LUI POUTRER LA GUEULE, COÛTE QUE COÛTE ! m'écriai-je encore plus fort que lui. RÉFLÉCHIS UN PEU ! C'EST TOI, LE MENEUR DE L'ÉQUIPE !

- ON N'EST PLUS DANS UN DONJON ! JE NE SAIS PAS QUOI FAIRE ! ET ON NE PEUT DEFINITVEMENT RIEN FAIRE AVEC TRENTE-QUATRE BAIE CERIZ, DE LA RACAILLASSE, ET UNE PETITE RÉSUGRAINE !

- IL PEUT PAS NOUS RESTER QUE ÇA ! JE CROYAIS QUE T'AVAIS UNE TONNE D'ORBE, QUAND ON EST PARTI !

- QU'EST-CE QUE TU CROIS ?! DANS LES SALLES DE BOSS, LES ORBES SONT INUTILISABLES !

- ...LES SALLES DE BOSS ?! MAIS ON EST SORTIS DU DONJON, TU ME L'AS DIT TOI MÊME ! D'AILLEURS, SI ON ÉTAIT ENCORE DANS UN DONJON, LES HUMAINS N'AURAIENT PAS PU RENTRER AVEC LEUR GROS TRUC ET NOUS ENVOYER CE MACHIN HORRIBLE ! DONC ON EST DEHORS, NOM DE NOM !

C'est là que le Dracaufeu se figea sur place, et me regarda fixement. S'il-vous-plaît. Dites-moi qu'il avait une putain d'idée.

- ÇA Y EST ! JE L'AI RETROUVÉ ! s'exclama soudain Shaymin.

Gratitude nous revint avec le petit Pokémon conique, qui s'était fêlé le cône. Elle le déposa à terre, puis Bastiodon, un peu remis, se chargea de ses soins, en demandant cordialement à Shaymin de planter une Vampigraine sur son bouclier, puis que celle-ci change de place avec le petit blessé, pour que ce soit lui qui reçoivent les soins. Ils s'exécutèrent aussitôt, pendant que Fire, en plein burnout créatif, faisait aller et retourner son regard entre l'aéronef vigilant, le monstre titanesque et le petit Hugwald. Puis moi ausis, j'eus droit à mon éclair de génie :

- ATTENDEZ, Y A PERSONNE POUR ATTIRER L'ATTENTION DE L'AUTRE CÔTÉ !

En effet. On vit une ombre s'abattre sur notre abri ; Fire se jeta sur Hugwald, et Bastiodon sur moi Bastiodon. D'un de ces coup de griffe, véritable fauchage draconniques, l'abomination gelée lacéra notre petit rocher et ses arrières, qui volèrent en éclat. Mais personne ne s'était jeté sur Shaymin. Le Pokémon Plante se recevit tout le reste du coup, qui lui déchiqueta la touffe et arracha sa Gracidée, puis fut envoyé valser, et alla tournebouler dans la neige.

- SHAYMIN !

Bouclier se rua sur Gratitude ; Hugwald, qui avait crié lui aussile nom de son amie, fut arrêté par le Dracaufeu :

- NON ! ON A BESOIN DE TOI !

- ...HEIN ? MAIS JE SUIS TROP FAIBLE !

- CES CONNARDS NOUS CONNAISSENT TRÈS BIEN, MAIS TOI, ILS NE SAVENT PAS QUE TU FAIS PARTIE DE NOTRE ÉQUIPE ! AVEC TOUTE CETTE GLACE, JE NE PENSE PAS QU'ILS T'AIENT ENCORE REMARQUÉ !

Puis notre meneur posa sa patte sur mon épaule :

- CHRIS ! SI CE SONT CES ABRUTIS QUI ONT APPELÉ CETTE CHOSE, ILS DOIVENT POUVOIR LA RAPPELER, NON ? TU SAIS COMMENT ÇA MARCHE, LES BALL ; ALORS DOIT T'ENVOYER LÀ-BAS ! POUR ÇA, J'AI BESOIN QUE TU ME FASSES L'ANTI-AIR DU SIÈCLE ! AVEC HUGWALD ! IL FAUT QU'IL S'ACCROCHE ! ET APRÈS, ON BALANCERA ÇA ! s'exclama-t-il en brandissant un Orbe. ALLEZ, MONTEZ ; GROUILLEZ-VOUS !

Je ne posai pas plus de question, et, voyant qu'il baissait les ailes, montait sur lui, en prenant le p'tiot avec moi ; et sans plus tarder, Flamme décola, se surpassant dans ses battements d'ailes pour pouvoir nous porter tous les deux.


Alors que la créature horrible avait décidée d'en finir avec Shaymin, et qu'elle se dirigeait donc lourdement vers cette dernière et Bastiodon, notre escadron put s'envoler sans être aussitôt dans la ligne de mire ; on put prendre une bonne altitude, nous élevant à la hauteur de ses icebergs, et le meneur fonçant droit sur son con cou abrupt. J'étais en train de me demander comment j'allai pouvoir atteindre davantage de hauteur pour être sûr de toucher un truc aussi haut que l'aéronef, bien que celui-ci ne restait guère loin de sa créature pour lui ordonner de choses incompréhensibles via haut-parleurs : c'était pour cela qu'ils restaient là, sans se mettre plus à l'abri ; maintenant que je prenai de la hauteur, je pouvais distinguer qu'on lui hurlait des ordres, et donc que l'humain était ses yeux en plus d'être son Dresseur. Mais, foncer sur le monstre : là était l'idée.

L'assassin de Rayquaza ne tarda pas à nous voir tenter il ne savait quoi, alors il criai d'abandonner la mise à mort de Gratitude et son Bouclier pour plutôt faire gaffe à droite ; il eut beau faire tourner sa lourde tête à l'abomination, que Fire, arrivé à hauteur d'épaules, m'ordonna de sauter. Je fendis les airs, demandait au glaçon à pattes de s'accrocher à mon dos, et atterris sur une des excroissances de la nuque de la chose, en soignant ma réception le plus possible ; l'aéroplaneur blindé, prenant peur, se décala pour se mettre en face du museau de la bête, devant prendre attention au Dracaufeu qui fondait sur eux. De mon côté, bien que sur un géant instable qui venait de se rendre compte qu'il avait une bestiole sur le dos, je ne perdis pas une seconde de plus, et me mis à courir, bondir, et filer aussi vite que le vent ; je grimpai sans faux pas toute la bête, pour arriver finalement au crâne allongé et éclatée de celle-ci, m'offrant un tremplin du tonnerre. Elle commençait à peine à secouer sa grosse caboche que j'exécutai les plus formidables foulées de mon existence Pokémonesques, j'attrapai Hugwald par la corne, et me propulsai du bout d'une corniche de glace de son front. En pleine élévation, sans le moindre appui que mon élan, je dépassai mes limites, et décochai le Pokémon du plus impétueux coup d'aile que je pus donner. Suite à quoi je tombai dans le vide. Mon Anti-Air qui trouvait ça "SUPER GÉNIAL !" siffla dans l'air glacial, partit en vrille, et alla se planter en plein pare-brise.

Il y eut un coup de panique chez l'ennemi ; les conducteurs bondirent hors de leurs sièges en voyant le Pokémon continuer de briser leur vitre avec Tour Rapide, et le gars aux cheveux bleus commandait le calme alors que sa créature me voyait chuter sous son nez ; suite à quoi elle voulut me gober. Alors elle fit fondre son haleine de glace vers moi, pour qu'un certain Dracaufeu m'envoie l'Orbe en plein bec. Celle-ci s'éclata, et tout se passa une, nouvelle fois, très vite. J'aperçus une onde, pendant une fraction de seconde, filer devant moi, en direction du pare-brise de l'aéronef ; l'instant d'après, je fus bousculé, puis le boucan du dehors qui me résonnait dans le crâne s'étouffa. Je me retrouvai dans une vitre à moitié brisée, face aux conducteurs abrutis, éberlués.

Je ne laissai le temps de comprendre ce qu'il se passait pas plus à eux qu'à moi ; je pétai le reste de la vitre d'un coup d'ailes, et sautai sur le tableau de bord. Une alarme stridente se déclencha, alors que les sbires tentaient de me maîtriser ; je bondis de siège en siège, leur mettant la misère à coup d'Acrobaties, pour qu'enfin ils me laissent le champ libre pour défoncer la porte qui menait au reste du véhicule volant. Je la fis sauter d'un Dracosouffle, et courus à travers le couloir secoué par le vol mouvementé ; je donnai de furieux coup de pates et de griffes à toute personne que je rencontrais, traversant la moitié de l'appareil dans une Mania survoltée, pour enfin arriver en trombe dans le hangar, grande porte ouverte, où se tenait l'abruti aux cheveux bleus, lunettes teintées, et tenue couleur ombre.

- QUEUWAH ?! Mais qu'est-ce que tu fais là ?!

Voyant qu'il tenait le mircophone d'une main, et une Ball sombre, parcourues de rainures mauves qui serpentaient tout autour, je ne réfléchis pas plus que la seconde d'avant, et me jetai sur lui. Le gars poussa un cri, et commença à me battre tout autant que je le griffais et mordais. Je lui arrachai des cheveux pendant qu'il essayait de m'arracher des plumes, et de m'asséner de coups avec sa Ball maudite ; jusqu'à ce qu'il lâche finalement celle-ci.

Qui tomba à terre.

Roula.

Et valsa par-dessus bord.

Je hurlai en même temps que lui ; il profita que mon Défaitisme revienne un moment pour me prendre à la gorge et m'envoyer violemment au sol. Je toussai fortement alors qu'il se jeta sur le bouton de fermeture, et verrouilla la seule sortie par laquelle j'aurais pu plonger.

- NON ! ESPÈCE DE SALAUD ! hurlai-je, la voix rayée.

- HAHA, SALE PIAF DE MERDE !

L'homme se tourna vers moi, et son visage se contracta sous ses lunettes à moitié cassées :

- ON T'A ! ON T'A ENFIN !

Ce fut lui qui me plaqua sur sol froid de l'appareil alors que je rugissais ; il m'étrangla de ses deux grandes mains, m'enserra la glotte de ses longs doigts fins et tenaces.

- HAHAHA ! TU VAS RESTER LÀ, AVEC MOI ! ON VA ENFIN POUVOIR TE RETIRER ÇA DU CRÂNE ! ET LE POUVOIR SERA À NOUS, À NOUS !

Je ne pouvais plus avaler, et j'avais peine à faire passer de l'air dans ma trachée comprimée ; je déglutissais mais restai bloqué dans mon souffle, et me débattais vainement dans un nuage de plumes.

- TU NE PEUX PAS T'ÉCHAPPER ! crachait-il, totalement débile. TU N'AS PLUS CETTE PETITE PUTE DE RAYQUAZA POUR TE SAUVER, PUISQUE JE LUI AI FAIT SAUTER LA CERVELLE ! TU N'AS PLUS QU'À REGARDER TES AMIS CREVER ! REGARDE CE QU'ON A FAIT DE KYUREM ! TOUT CA, PARCE QUE TU NE TE RENDS PAS GENTIMENT ! TU TE RENDS COMPTE DE TOUS LES PUTAINS D'EFFORTS ET DE MOYENS QUE TU NOUS DEMANDES, SALOPERIE ?!

Qu... Que... Kyurem... Ca ne pouvait pas... Cette chose... Qu'est-ce qu'ils... Lui... C'est.... C'est impossible... C'est... Non... Non... Sale... Sale... SALE...
Et sa poigne froide, me tenant ma longue gorge de reptile en tenaille, me comprimant, se plier mon esprit affaibli par ce chamboulement le désastres ; et ça me trancha vivement l'esprit. Je fus pris de convulsions, et l'abruti continuait son rire sardonique lorsque la Voix des cauchemars, celle qui venait me tuer dans mes rêves, me hulula dans le crâne :

- PAS LA PEINE DE RÉSISTER ! JE SUIS LÀ, CAR JE SUIS TOI !

Je lâchai prise. Puis tout se brouilla dans ma tête, je fus bouleversé aussi bien physiquement que psychologiquement ; je sentis mon enveloppe corporelle grossir et se muscler effroyablement, doubler de volume, s'épandre en excroissances chaotiques. Tout s'obscurcit. Le gain particulier d'énergie, détonante et incommensurable, m'envahit, de la tête à la pointe des plumes. Alors que j'étais en proie à cette chose, je vis le regard bleu et livide de l'humain, derrière ses verres brisés, se dilater. Dans les reflets de ses verres, je vis un monstre, plus décharné que Kyurem, plus méconnaissable, plus horrible encore. Dans mon gain de taille, mon cou prit en épaisseur et mon Ruban se déchira, mais resta coincé entre deux écailles effilées qui ressortaient de ma peau. Je poussai un rugissement que je n'avais excrété qu'une fois auparavant. À Algatia. Et je perdis tout souvenir ; je ne vécus que dans l'instinct, que dans l'instant.


Je partis dans une Mania incontrôlable. Je balançai l'humain haineusement, qui vola pour aller se briser contre le mur qu'il avait fermé. Je t'attaquai, l'attaquai, et l'attaquai encore ; lui hurlait à la mort. Je plantai mes crocs acérés, le lacérai de mes griffes, et le frappai avec toute la rage qu'un être pouvait contenir ; j'eus le goût de sang dans la bouche et des gouttes qui giclèrent pendant qu'il criait à l'aide. Il essaya de me frapper à nouveau. Je fus bien plus rapide ; je mordis à pleine gueule dans son épaule, transperçant son habit au goût de plastique et maintenant de chair, puis, d'un coup de mâchoire innomable, sentis les os et les tendons de son épaule se rompre, une gerbe de sang éclater, et je lui arrachai le bras.

L'homme poussa un hurlement atroce ; au moment où on ouvrit la porte du couloir. Vif comme la foudre, je tournai la tête et poussai un nouveau rugissement, rauque et terrible, qui sembla libérer mes cordes vocales dun joug impensable, et libéra ma gueule ensanglanté du bras inerte et encore chaud que j'avais commencé à mâcher de haine. Les sbires me virent, je ne leur laissai pas le temps de réagir ; je me ruai sur eux dans une furie d'écailles, et les mis à terre un à un. Je bondis dans le couloir comme un enragé, frappant tout et tout le monde, balançant Dracosouffles et Dracogriffes, Mâchouilles et Mania, pour que cette tempête de violence m'emporte de nouveau dans le cockpit. Les conducteurs braillèrent dans un mélange de pleurs et de prières ; je me précipitai sur eux, les plaquai au sol sous mon poids conséquent et leurs flanquai Dracogriffes sur Dracogriffes. L'aéroplaneur s'affola, hors de contrôle ; je ne faisais plus attention aux multiples alarmes, aux signaux rouges qui clignotaient ; je vis seulement le ciel, par delaà le pare-brise où s'engouffraient des vents impétueux, tourner et tourner, et le tableau de bord faire des étincelles. Les étincelles m'énervèrent ; je détruisis toute installation électronique d'une Mania endiablée, puis, le bruit lourd et crescendo de notre chute me tapant sur le système, je Mâchouillais tout, des murs qui se plièrent jusqu'au moindre débris que je trouvai, et notre habitacle en perdition pencha du nez.
Je m'élançai sur le tableau de bord, y enfonçant mes griffes antérieures démesurées et m'y agrippant en y enracinant mes serres colossales ; la machine s'enfonça sous mon poids et mon carnage, alors je mon regard passa au-dehors. Tout fonçait droit sur l'abomination de gel, qui déflagrait de blizzards, tempêtait d'horreur et hurlait de puissance ; elle me lança un regard qui ne me plût pas, car elle se sentait supérieure à moi. Accroché comme j'étais, le museau fou et hideux qui hurlait au vent, dépassant au-dehors, sur la pointe de l'énorme engin, je voulus lui prouver à quel point j'étais puissant. Je brûlai d'une sombre flamme d'énergie. J'ouvris la gueule. J'entendis un tintement délicat sous ma mâchoire carrée. Dans ce feu de l'action, je ressentis un pouvoir démesuré dans ma trachée épaisse. Je rugis affreusement. Une détonation détruisit la salle de commande, secoua tout l'engin par la force du contrecoup, et je vomis une trombe abyssale, irisée d'aura obscure, qui alla annihiler la bestiole dans un bruit à réveiller les morts. Puis l'aéronef chutait toujours. Il fracassa la face du monstre, avant de se crasher sur lui ; je fus éjecté ; tout fut détruit, brisé, enflammé puis explosé ; tout rencontra la calotte glaciaire dans un séisme tonitruant, recouvrant tous les cris, seul celui du titan horrible résonnant dans l'immensité de glace.

Et tout fut recouvert de calme.


C'est un vent arctique et son doux murmure, en passant à travers les plumes et piquant ma peau de froid, qui me fit vaciller des paupières. Allongé dans la neige, emballé dans ses morceaux glacés, j'avais les oreilles qui sifflaient ; je n'avais la force d'assimiler rien d'autre que ce son strident et lointain, déjà que mes pupilles étaient harcelées par la blancheur crue du ciel, non plus gris pâle, mais d'un blanc éclatant. La couche de nuage s'affinait ; la lumière du soleil n'allait pas tarder à la traverser.

Puis un épaisse face carrée m'apparut soudain, se pencha vers moi. Bastiodon. Je le voyais parler, crier même quelque chose, le regard perturbé et encore fébrile. Je crois qu'en me criant des choses, il en criait à d'autres aussi ; il avait ce mouvement en arrière, cette manière de relever le crâne en articulant des mots que je n'entendais pas, sans me quitter de son regard soutenant sa grande égide.

Le museau de Dracaufeu vint vers moi ; je vis d'abord son ventre crème, puis son cou et enfin sa tête allongée se pencher vers la mienne ; il me parla, et me sortit le crâne d'une congère, me le soulevant dans ses pattes chaudes. Ne voyant que je ne réagissais pas plus qu'un oiseau congelé, il me m'exhalai des braises sur tous le corps, et mon sang ne fit qu'un tour, cela dit assez lentement.

- Fr... Lum... Frèr... Me...

Jusqu'à ce que le sifflement reparte, et que j'entende :

- FRÈRE PLUME ! ALLEZ, REPONDS-MOI, NOM DE CIZAYOX !

- Gueuh...

- Putain, t'as dû te péter une dent ! T'as la mâchoire couverte de sang !

- Qu'est-ce qu'il s'est...

Fire et Bastiodon furent aussitôt soulagés ; Flamme me sourit, inquiété :

- Hé ben, pour tout te dire, le Permutorbe t'a fait switché de place avec Hugwald, puis t'étais là-haut, puis je sais pas ce que t'as fait mais le vaisseau des méchants s'est affolé, la grande porte s'est fermée, l'engin a commencé à se secouer, à tourner sur lui-même puis à partir en chute libre sur le gros monstre ; tu lui as balancé un Aéroblast du démon, et après tout s'est explosé, c'était le gros bordel.

Je crachai sur le côté, sans poser de question, m'essuyai la gueule dans la neige, y laissant des traces rouges ; mais je me dépêchai. "Le gros monstre". Cette espèce de... C'était... Kyurem... Mais pas lui... Cette chose... C'était Kyurem... Mais changé, altéré... Mon ami... Je me redressai, allant envoyer au diable les courbatures et les séquelles que je pouvais avoir ; Bastiodon m'aida à me mettre debout en me poussant avec son crâne, et je me relevai. Au beau milieu de ce tableau vierge et farouche, il y avait l'armature croulante de l'aéroplaneur, aussi noire et dépravée que les desseins qu'il avait apportés avec lui. Et, sous cette ruine technologique dont les fumées était étouffées par le froid, succombait Kyurem, qui n'était plus altéré, qui avait retrouvé ses dimensions, son apparence habituelle : qui était redevenu lui-même. Je me ruai sur lui et crus entendre Bastiodon ordonner à Fire d'aller chercher le reste de l'équipe ; moi j'envoyais valser les décombres qui m'empêchait d'atteindre le Dragon Légendaire, en hurlant son nom ; je parvins à lui, et m'approchai de sa gueule de glace fissurée, choqué de le voir dans cet état.

- KYUREM !

Je me jetai sur lui et ses yeux fermés ; je posai mes griffes sur sa mâchoire de gel éternel, d'où dépassait ses trois crocs blancs, et je sanglotai :

- RÉVEILLE-TOI ! PARLE ! S'IL-TE-PLAÎT ! KYUREM ! KYUREEEM !

Dans mon désespoir, j'essayai de le secouer ; bien sûr, je n'arrivai à rien à part décupler mon chagrin, ne voyant aucun signe de vie. Mes yeux encore en plein cauchemar parcoururent du regard toute sa stature défaite ; il portaient de graves blessures, mais aucune n'était plus horrifiante que celle causée par tout un pan de l'appareil crashé ; celui-ci lui avait brisé l'une de ses ailes de glace qui était aller lui taillader le flanc. De la cassure de son aile azurine, par le couple de vaisseaux translucides desquels émanait normalement sa lueur chrome, s'écoulait maintenant un sang épais, d'un indigo ténébreux. Ce traumastisme acheva de m'inonder les yeux, qui se brumèrent, m'effaçant cette vision que je souhaitais tout sauf réelle ; puis ma tristesse s'épandit en larmes. Je m'écroulai, mais fut retenu par Bastiodon, aussi attristé que je l'étais.

- Laissez place ! Laissez place !

Le Dracaufeu se ramena soudain, brandissant victorieusement le dernière Résugraine. Je crus à une lueur d'espoir. Tremblant, je m'écartai ; puis notre meneur se pencha sur la gueule biscornue du Pokémon. Frénétiquement, il chercha un endroit où rentrer la Graine. Mais il n'en trouva pas. Sa bouche était scellée par le gel, en plus d'être appuyée contre le sol ; voyant ma lueur d'espoir s'envoler, je m'excitai soudain, et m'énervai contre le menur qui n'était qu'un incapable ; j'allai lui arracher la Résugraine de la patte, et je fis le tour de la mâchoire de Kyurem. Je cherchai fébrilement un trou, le moindre millimètre, le moindre espoir d'espace ; je m'essuyai ma vue mouillée avec les ailes, essayai de me concentrer à plusieurs reprises, et passai cinq minutes à hurler :

- JE TE DIS QU'IL Y A UN TROU ! BORDEL, LÂCHE-MOI ! JE VAIS EN TROUVER UN, JE TE DIS ! C'EST OBLIGÉ ! IL NE PEUT PAS MOURIR !

Mais je n'en trouvai aucun. Rageux, je commençai à lui frapper la glace, tentant de lui écarteler cette putain de bouche, malgré les protestations de mes coéquipiers ; je n'y gagnai qu'à manquer de déraciner une griffe. Je pétai alors un câble, et écrasai avec haine la Résugraine sur ses crocs qui dépassaient, immobiles.

- TU VAS LA BOUFFER, OUI ! ALLER ! ALLER ! GNH ! AAALLEEEEEEeeeEEER-RAAAAHH !

La Graine suintait, s'émiettait sous mes coups ; j'en tartinais ses dents, je la réduisis en bouille ; jusqu'à ce que je m'en foute plus sur la patte que sur sa commissure. Ne voyant plus du tout d'espoir, mon bras devint mou, et manqua d'aller se rompre en donnant un coup de travers, pendant que les autres, en arrière, gardaient ce putain de silence. Je défaillis, et m'écroulai sur le Pokémon Frontière.

- NAAAAN ! KYUREM ! C'EST FAUX ! C'EST PAS POSSIBLE ! TU PEUX PAS ! TU PEUX PAS, BORDEL ! NAAaaaan... NAN ! NAAAAN ! NAAAAAAAN, BORDEL DE... De...

Je gémis, laissant échapper des cris rauques d'Aéroptéryx, mes alarmes bouillantes s'écrasant sur son crâne aussi froid que la mort.

- BORDEL DE MERDE !


Hugwald, qui était là depuis je ne savais quand et qui s'était réparé le glaçon je ne sais comment, s'approcha de moi, voulut me dire quelque chose, mais prit peur, et abandonna, à mi-chemin, ne pouvant que garder cet air triste qui ne lui allait absolument pas. Shaymin, elle, était là depuis le début, mais je ne l'avais pas remarquée. Elle avait été très amochée par le monstre, portant une grande griffure noire sur le dos, et ayant perdu sa Gracidée. Elle était portée par Bastiodon ; ne pouvant plus marcher dans son état, elle restait blottit sur son dos, abritée derrière son bouclier. Elle se taisait. A tous ceux qui voulurent s'approcher, étant toujours affalé sur la dépouille de Kyurem, je lançais le même rugissement haineux.

- VOUS COMPRENEZ PAS ?! VOUS COMPRENEZ PAS QUE C'EST MA PUTAIN DE FAUTE ?! C'EST MOI QUI SUIS EN TRAIN DE DÉTRUIRE LE MONDE ! C'EST MOI, L'ABRUTI DE CONNARD DE MERDE, DANS TOUTE CETTE HISTOIRE !

- Dis pas ça ! rugit Fire, sans s'emporter pour le moins. Tu sais pertinemment que ce sont eux, les cons !

- NON ! NON ! NON ! C'EST MOI ! C'EST MOI, JE TE DIS ! D'ABORD RAYQUAZA, ENSUITE KYUREM, ET PUIS APRÈS TOUT LE MONDE ! C'EST MOI, QUI SOUFFRE, QUI SUBIT, QUI TUE TOUT LE MONDE ET QUI VA FINIR PAR VOUS PERDRE, AUSSI !

Et le Dracaufeu me foutit une grosse tarte, qui m'envoya à terre.

- C'EST BON ? T'ES CALMÉ ?

- VOUS ALLEZ ARRÊTER DE ME FOUTRE DES TARTES, OUI ?!

Il m'envoya une raclée de nouveau.

- PAS TANT QUE TU TE SERAS PAS CALMÉ !

- ARRÊTE DE ME FRAPPER !

Je lui bondis dessus, et commença à se dérouiller la face l'un l'autre, en se bagarrant dans la neige comme des teignes.

- ARRÊTE DE ME FRAPPER !

- ARRÊTE DE DEVENIR FOU !

- ARRÊTE DE ME DIRE CE QUE JE DOIS FAIRE !

- ARRÊTE DE CROIRE QUE LE MONDE REPOSE SUR TES ÉPAULES ! SALE ÉGOÏSTE !

- AH OUI ?! QU'EST-CE QUE TU CROIS ?! QUE KYUREM S'EST TUÉ TOUT SEUL ?!

- ...Le Gris.

- ON S'EN BRANLE ! IL NE SERA PLUS JAMAIS LÀ, DE TOUTE FA-




[...]




Fire n'avait rien dit. C'était quelqu'un d'autre qui avait grogné ça. Nous arrêtâmes sur le champ, et regardâmes Kyurem :

- Je tiens...À ce qu'on le précise... Ca fait partie du titre, de l'image, vous savez...!

BORDEL ! C'EST LUI QUI DISAIT ÇA ! ET IL SOURIAIT ! Non seulement l'espoir renacquit, mais il explosa dans toute sa splendeur !

- KYUREM !

Je fondis sur lui, et allait prendre sa mine gelée dans mes bras plumés, pleurant de joie :

- T'ES VIVANT ! T'ES VIVANT ! T'ES VIVANT !

- Ohlà... ! Doucement, doucement ! Je ne fais quand même pas autant d'effet, si... ? Mwahaha, doucement, te dis-je... !

Notre meneur bondit de joie, comme absolument tout le monde. C'est inespéré, putain ! Fire s'approcha aussitôt, et lui fis manger tout ce qu'il avait de comestible dans le Sac, ne serait-ce pour qu'il se sente mieux d'une façon ou d'une autre. Par Arceus, quelle joie ! Nous étions si accablés ! Et voilà qu'il souriait ! Faiblement, certes, mais bon sang, il souriait ! Kyurem avait ses yeux entr'ouverts, et nous rendait l'espoir en nous montrant qu'ils brillaient encore de cette couleur chatoyante.

- J'en ai encore à revendre, vous savez ! C'est pas une bête manipulation scientifique et un de ces affreux engins dans le museau qui vont m'arrêter !

C'est là que je remarquai qu'il ne saignait plus cette bourbe, mais qu'au contraire, un liquide translucide et opalin gouttait désormais.


Cet étonnant Pokémon Frontière était tout de même bien affaibli malgré ses grands airs. Suivant ses conseils, Fire et moi apportâmes de la neige en paquets, et le p'tiot Hugwald se chargea de les lui geler sur ses blessures en attaquant avec Poudreuse. Kyurem étant piégé dans les décombres de l'aéronef, et de toute façon bien trop faible pour se lever, nous restâmes à ses côtés pour souffler un peu et surveiller sa santé, puisque de toute façon, la Voix de la Raison m'avait assuré qu'elle faisait tout son possible pour nous rejoindre le plus rapidement.


Et c'est quand les nuages se dissipèrent enfin totalement, laissant place à un ciel de feu rosé, témoin de la fin de l'après-midi, que nous aperçûmes dans le ciel Zekrom, portant le Maître de la Ligue d'Unys sur son dos, et qui partait dans de grands éclats de rire d'amusement en secouant sa chevelure ; Drakkarmin, qui nous faisait coucou ; Farfaduvet, qui voletait gaiement dans les courants d'air ; puis Lugia, qui planait de ses majestueuses ailes, resplendissant de santé. Ils atterrirent tour à tour, puis s'époustouflèrent des traces du carnage qui avaient profondément marqué l'inlandsis. M'enfin ; le Seigneur des Sept Mers et le Dragon de l'Idéal aidèrent à débarasser le Dragon de l'Equilibre, et nous félicitèrent pour l'aide que nous lui avions fourni entre temps. Kyurem en profita, bien sûr, pour nous remercier, et voyant bien que je me sentais plus que coupable :

- Tu veux que je te dise ? Si tu ne m'avais pas arrêté, je ne sais pas comment j'aurais fini. Et, là, d'une, je suis en vie, et de deux, même si j'y étais resté, tu m'as stoppé avant que je ne fasse quelque chose d'irréparable ! C'est grâce à votre équipe au complet que vous avez pu stopper ces connards, aujourd'hui ; et c'est de la même manière, en vous serrant les coudes et en fonçant tous ensembles, que vous arriverez à les rayer de la carte du monde !

- Heureux que tu te remettes bien de toute cette histoire ! se réjouit Lugia, qui avait tout suivi par télépathie. On a fait aussi vite qu'on a pu, mais les soins étaient quelque peu longs... s'excusa-t-il un peu en agitant l'épaule.

- Mais bon, c'est pas grave ; on savait très bien que les We Tackle at Foes allaient tout dérouiller ! lança Zekrom, en nous faisant un clin d'oeil.

Goyah, quant à lui, s'était d'abord inquiété pour Shaymin en voyant son état ; je le renseignai là-dessus, et il s'exclama, en croisant les bras :

- Oh, je vois ! Bien, très bien, dans ce cas ! Vous m'en voyez ravis, si elle est hors de danger.

- Après, j'ai pas dit que je pétais la forme non plus, hein ! se plaignit Gratitude.

Avant de remercier, avec un sourire en coin :

- Mais bon, faut avouer que je leur dois la vie, à ces camarades, hé !

Et pendant que Drak et le Maître de la Ligue d'Unys était présentés à Hugwald par Shaymin qui trônait du haut de Bastiodon, Fire alla voir Farfaduvet, qui était occupée à évaluer les dégâts que c'était pris Kyurem en sautillant tout autour de ce dernier.

- Farfaduvet ! Je vous rapporte le Passe-Muraille volé !

- Oooooooh c'est vrai vous avez récupéré l'objet ! Vous êtes trop choooouuus ! Lugia m'a tout dit pour Colhomard - c'était comme suivre un feuilleton, c'était pas-sion-nant ! - donc ne vous inquiétez pas pour la capture ; elle est toujours pour vous !

- Heu, ben, merci... répondit le meneur, un peu déstabilisé par cela. Ah, oui, je voulais vous dire aussi : on n'a plus revu les WAKYA depuis l'entrée de l'Indlansis Sinjoh, et...

- Oh, ne vous inquiétez pas, elles sont rentrées à la base ! Elles m'ont prévenues. Elles n'était pas de taille face à un tel Donjon, et puis, elles m'ont assurées que les W.T.F. se débrouillaient bien mieux pour cette mission qu'elles ne le faisaient !

Cela eut l'effet d'interloquer à nouveau le Dracaufeu, et je le compris :

- Ah ? Vraiment ?

- Hé bien, oui ! Voilà ! Moi, je vais rester avec Kyurem et demander qu'on escorte le spa jusqu'à lui, vu qu'il ne peut pas se déplacer... Ohlala, ça va devoir encore demander pleins d'expéditions et le concours de plusieurs équipes de secours, tout ça !

Et ils rirent tous les deux, le Dracaufeu, à son air un peu forcé, devant penser amèrement aux 135 étages qu'ils devraient tous se taper pour amener le matériel.


Nous saluâmes Farfaduvet et Kyurem une dernière fois, puis nous nous apprêtâmes à décoller. Lugia se porta garant du voyage de Bouclier et de Gratitude, puis Zek' me proposa de grimper avec Goyah, puisqu'après tout, je ne devais pas me sentir en état de voler, ou du moins d'essayer tant bien que mal. Drak se proposa pour porter Hugwald, qui avait rapidement retrouvé sa bonne humeur, et Fire, bien que fatigué par tout ça, insista pour voler de son propre-chef, "parce qu'il n'avait pas évolué pour se faire porter dans les airs". Finalement, notre groupe prit la route du ciel, et nous nous dirigeâmes vers les Ruines Sinjoh, dont nous percevions, depuis cette altitude, le renfoncement, là-bas. Nous quittâmes le Pokémon Légendaire, le laissant avec la Maîtresse de Guilde au beau milieu des décombres, ceux-ci nous saluant tant que nous étions à portée. Nous partîmes ainsi, en même temps que le soleil se couchait sur ces terres de glaces, faisant scintiller l'étendue froide d'un chaleureux éclat, en route pour aller trouver le Créateur. Et, plus nous avancions de concert, vers une solution à toute épreuve, plus je me sentais regonflé d'espoir.


Nous atteignîmes notre vitesse de croisière et tentions de trouver une position confortable sur le dos du Dragon Noir ; Drak ne volait qu'à quelques mètres de nous, portant le glaçon qui sautait de joie et criait toujours "BON SANG DE BONSOIR C'EST SUPER GENIAL ! YOUHOU ! " lorsque Goyah, les cheveux au vent, me demanda en faisant un coup de menton vers mon acolyte céruléen :

- Hé ! Est-ce que tu saurais de quelle espèce est le p'tit que vous avez recruté, par hasard ? Parce que, moi, hé ben, c'est la première fois que je le vois !

Justement, je lui dis que non ; j'appelai donc Fire, qui, volant calmement, s'approcha de nous. Je lui demandai le Pokédex, et il me le tendit avec plaisir. En me cramponnant au cou de Zekrom, j'ouvris l'appareil et essayai de scanner le bon Pokémon, après lui avoir fait comprendre que je ne voulais ni la description d'Idéal, ni celle de Caverne, pour qu'il m'annonce :

- Grelaçon. Pokémon Glaçon. La glace qui couvre son corps bloque les attaques ennemies. Si elle se fissure, il la reconstitue immédiatement en soufflant de l'air glacé. De plus, il peut geler ses ennemis d'une bourrasque à -100°C lorsque ce Pokémon se trouve à pleine maturité. Les Grelaçon vivent habituellement en troupeau avec ses congénères, dans les neiges éternelles des hautes montagnes.

Je fis remarquer que pas toujours, vu qu'on l'avait trouvé seul, et qu'on n'avait croisé aucun autre Grelaçon ; le Pokédex argua que ça n'avait que peu d'importance, puisque de toute façon, nous l'avions trouvé dans une falaise, alors bon. Satisfait, je le remerciai, il me dit qu'il aidait toujours avec plaisir, et je le redonnai au Dracaufeu, qui repartit voler à sa guise. Je répétai les indications à Goyah, qui n'avait pas bien entendu, avec le vent dans les oreilles ; et il partit d'un grand éclat de rire :

- "Grelaçon" ? Jamais entendu parler ! Bwahaha, j'en apprendrais tous les jours, avec vous !