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A Guy and his Breathtaking Destiny de Drad



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» Auteur : Drad - Voir le profil
» Créé le 11/07/2013 à 17:50
» Dernière mise à jour le 18/08/2016 à 13:23

» Mots-clés :   Aventure   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de transformations ou de change

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Pokémon AGAHBD21: La colonie Aéroptéryx ! Amis pour la vie !
Aujourd'hui encore, nous retrouvons nos héros sur le chemin, pleins d'entrain et d'une gaieté peu commune, malgré l'inhabituelle chaleur torride qui règne sur cette Route de Johto.

Dans les épisodes précédents, Chris, après une attaque du Centre Pokémon de Verchamps, s'est réveillé à Unys, transformé en Arkéapti : il a fait la connaissance de Fire, un Salamèche, et Lilas, une Chlorobule, deux vaillants Pokémon qui constituent les We Tackle at Foes, une équipe de secours et d'exploration. Par devoir puis par amitié, ils ont décidé d'accompagner le Dresseur transformé et amnésique pour découvrir ce qu'il lui est arriv... Mais... Attendez... ! J'VAIS PAS REPRENDRE TOUT DEPUIS LE DÉBUT NON PLUS, Y EN A POUR TROIS ANS !

*hum*

Donc, t'façon, z'allez pas commencer au vingt-et-unième épisode, donc, en tant que Destin, j'peux me permettre de sauter une grosse partie. De toute façon tout sera expliqué/résumé/clair comme de l'eau de roche grâce au gros méchant de la fin ; en tout cas c'est toujours comme ça que ça se finit avant le combat final, non ? Ou pas. Ça dépend. Bref.

Donc, dans les derniers épisodes, Chris, désormais Aéroptéryx, Fire, désormais Dracaufeu, mais aussi Shaymin et Drak, sans oublier Zekrom et surtout pas oublier Lugia, accompagnés de Goyah, ont remporté, grâce aux exploits de Noir Idéal, la Médaille Pierre de Coubertin à la 16ème olympiade des Jeux Pokélympiques. Mais alors que l'équipe bleue dont ils constituaient les membres se qualifiait pour la finale, Chris, après avoir retrouvé Victini, découvrit qu'une bombe était prêt à faire sauter tout le Stade : un attentat de plus qui allait être causé par les mêmes abrutis de connard de merde qu'ils se farcissent depuis le début. Alors que les médailles étaient remises, l'Aéroptéryx anciennement humain a pu prévenir à temps un agent de la sécurité du stade. Ainsi, et ce que vous ne savez pas jusqu'ici, toutes les forces de sécurité disponibles ont pu être déployées et le stade fut évacué à temps et dans le calme. La bombe fut désamorcée, et l'attentat déjoué. Oui. Pour une fois, la chance - ou moi-même - sourit à nos amis, et c'est avec le coeur léger et l'espoir que tout allait enfin s'arranger, renforcés par un sauvetage aussi victorieux, que les Dracaufeu, Shaymin, Drakkarmin, Lugia, Zekrom, Aéroptéryx et Goyah avaient repris la route en direction des Ruines Sinjoh, afin de trouver Arceus et de régler tous les problèmes ! Mais... A bien y regarder, la joie et la chaleur sur cette Route ne semblent pas être les seuls facteurs pour décrire l'état d'esprit de nos héros... Qui semblent définitivement perdus. Encore ? Bah, ça semble être de coutume, à force, me direz-vous.


Ah, ce temps, quel bonheur. Il pouvait faire pas loin des 40°C, ce ciel bleu et cette Route ensoleillée et arborée qui s'étendait devant nous ne pouvait que me contenter dans mon moral au beau fixe. Quelle joie, quelle fierté, d'avoir enfin réussi quelque chose, qui plus est de sauver des milliers de vies ! Certes, ça ne rattrapait pas tout ce que cet abruti de Destin avait pu me faire subir, mais la pensée de gens heureux et sains et saufs grâce à moi me faisait chaud au coeur, et ne donnait que plus d'entrain à ce surpuissant corps de piaf des temps anciens, couvert de plumes et d'écailles. L'aventure, mes amis, l'aventure continuait, et de plus belle ; que nous soyons dans la fin du troisième jour avant le trépas de mon corps ou pas, il nous restait cette deuxième moitié d'après-midi et deux autres jours complets pour sauver le monde. On était LARGE. Et il faisait beau. Pourquoi se plaindre ?

- MAIS IL FAIT MÉGA CHAUD !

- Zekrom, je sais que tu es aussi réfléchissant que du charbon, que tu veux faire ton intéressant et que tu aimes bien te plaindre, m'enfin on prend tous des rayons UV dans le museau, alors cette remarque tu peux te la garder, rétorqua Shaymin, plus peinée par la température que par le soleil.

- Surtout que tu pourrais juste haleter comme on le fait tous, et continuer de marcher comme on le fait tous, renchérit Drak, qui se mettait sa patte en visière pour essayer de distinguer le bout du sentier tremblant de chaleur.

- Moi ça va j'ai pas si chaud ! sourit Fire hardiment, marchant de plus belle, Sac à Trésor en bandoulière, comme toujours.

- Pourrions-nous tous se la boucler et juste continuer de pendre la langue pour se rafraîchir? Par Arceus, moi qui devrait rester dans mon Océan à l'heure qu'il est... soupira Lugia, qui, du haut de ses 5,2 mètres d'invisibilité, marchait lourdement sur le sol sablonneux.

- Ha ha ! Je croyais qu'on devait arrêter de se plaindre ? rit Goyah, s'essuyant le front de son avant-bras.

Le Dragon Noir Idéal haleta :

- Surtout que parler d'eau à un moment pareil donne encore plus chaud... La prochaine fois, on volera une grosse moto et on ira plus vite comme ça !

- Une "grosse moto" ? Et pourquoi ce moyen de transport en particulier, monsieur-j'ai-trop-chaud ? répliqua Gratitude en tournant sa mèche d'herbe vers le concerné.

- Bah, les motos, c'est classe, ça va vite, et on sent le vent et donc on n'a pas chaud, argumenta-t-il en haussant les épaules.

- Tu pourrais juste voler, toi, non ?

- Cinq d'entre nous ici sont sensés pouvoir voler, mais on fait ça par so-li-da-ri-té a-vec Lu-gia vu sa blessure, remarquai-je, me tournant vers les autres, à la ramasse et traînant des pattes.

- Tu parles comme Lévy et Tatia toi maintenant ? sourit Goyah.

- On s'en fout qu'il parle comme machin ; moi je pense juste que vous êtes des flemmards et que vous voulez pas voler ! rétorqua une nouvelle fois la touffe d'herbe à pattes. ET JE DIS PAS CA PARCE QUE J'AI PAS D'AILES ! UNE GRACIDÉE SOUS LA PATTE ET JE VOUS... Vous... Ha... Ha... Faut que j'me calme... Trop chaud...

Nous continuions ainsi notre chemin sur cette Route dont le numéro m'importait au final peu (enfin, si elle en avait un, de numéro), avec cette vague de chaleur qui frappait la région de Johto. Bon, je sais qu'on était en été, m'enfin une vague de chaleur pareille qui vous tombe dessus en même pas dix minutes, c'était anormal. Et, fallait l'avouer, un peu éreintant.


Quelques mètres plus tard, toujours sur cette même route ensoleillée, Caverne questionna, à tout hasard :

- Trêve de plaisanterie, quelqu'un sait quand est-ce que l'on croisera un endroit rafraîchissant ? Genre de l'eau ou des arbres de 6 mètres ?

- Faudrait déjà savoir où on est si tu veux mon avis, chuchota Shaymin.

- JE SAIS PARFAITEMENT OÙ NOUS SOMMES VOUS DIS-JE ! s'énerva brusquement la Voix de la Raison.
Oulà. Je sais pas si c'était le soleil qui lui tapait sur le système, mais il s'emportait facilement, Plongeon. Gratitude, dans son optique de répondre à tout ce qui bouge, l'ouvrit une fois de plus pour dire ce qu'elle en pensait :

- Tu nous as dit ça y a trente minutes, et on n'a toujours pas de réponse précise !

- Personne n'aurait de moyen précis de savoir où nous nous trouvons, à tout hasard ? demanda Goyah sous sa chevelure enflammée. Je demande juste au cas où ; pas que je sois venu en touriste à Johto, mais je suis venu en gros touriste à Johto, en fait.

- EXCUSEZ-MOI SI J'AI PAS UNE CARTE DU MONDE EN TÊTE !

Le Dracaufeu, voyant que la situation commençait à chauffer un peu trop à son goût, apaisa les esprits :

- C'est bon, Lugia, t'énerve pas, c'est pas ta faute.

Puis il s'arrêta un instant, et fouilla dans son Sac :

- J'dois avoir une Carte Miracle normalement ; je sais pas si ça va nous dire grand chose sur Johto, mais on sait jamais... La voilà !

Le Pokémon Flamme, tout content de pouvoir montrer à tous le matériel d'une équipe de secours et d'exploration dont il était si fier, déplia une grande feuille dessinée à la queue de Queulorior, un peu salie et poussiéreuse, rayée par les traces de pliure à répétition. Intéressés, escagassés par ce chemin sans fin ou tout simplement curieux, nous nous approchâmes et penchâmes tous de notre hauteur sur la "Carte Miracle" du meneur d'équipe.

- J'vois pas c'qu'elle a de si miraculeux, remarqua Zekrom.

- Vous voyez ces nuages, là, sur la Carte ? Eh ben ils disparaissent quand on découvre l'accès à un nouvel endroit ! Trop cool, non ? trépigna le Dracaufeu, fier.

- Okay, mais ça nous apprend rien sur l'endroit où on est, remarqua Drak. Sans t'offenser.

Pendant que le Maître qui nous accompagnait inspectait attentivement chaque détail dessiné d'une partie du monde qui lui était inconnue, remplie de forêt, de caverne et d'endroits mystiques, Zekrom pointa de sa griffe un bosquet dessiné sur la Carte Miracle :

- C'est moi où il y a une espèce de point clignotant, là ?

- Bah voilà, c'est nous ! Héhéhéhé, sourit Fire, à plein crocs, fier.

- Mais nous ne sommes pas dans un bois, objecta le Gardien des Abysses. Ni à côté d'une montagne, d'ailleurs. Et mon Océan n'est pas si proche, sinon je pense que j'y serai déjà.




[...]




- Ah ? Z'êtes sûr ? Pourtant... Doit y a voir un problème dans la manière de tenir c'te Carte, alors... répondit Fire, se fourrant le museau dans la carte, la tournant et la retournant, pour cacher son embarras.

- Donc la Carte sert à rien, signalai-je à Goyah pour qu'il comprenne quelque chose, avant de me remettre à marcher vers l'unique direction qui nous était offerte. Génial. Tant qu'on va vers le nord, tant qu'on s'approche des Ruines Sinjoh, bref, tant qu'on va vers Arceus, moi ça me va de toute façon !

Tout le monde soupira, déçus, puis nous nous remîmes en marche sous le soleil de plomb, alors que Fire rangeait sa Carte dans son Sac tristement.

- Bah, c'est pas grave mon p'tit gars ! sourit à pleines dents le fougueux chevelu au poncho, donnant une puissante tape dans le dos au Pokémon Flamme. J'ai le sentiment qu'elle pourra quand même nous servir un d'ces quatre, et au pire, ça montre bien que t'es équipé du tonnerre !

Je n'ouïs aucune réponse de la part du Dracaufeu, mon regard étant planté sur la cime des arbres que nous croisions le long de ce chemin aux odeurs de pins, qui brûlaient sous notre astre flamboyant décidément sans l'ombre d'un Chaglam ; les seuls bruits nous parvenant étaient les pas traînés dans la poussière et les souffles assoiffés de tous ceux qui ne pouvaient transpirer.


Jusqu'à ce que, au bout d'une dizaine de minutes à traîner des pattes, une autre remarque viennent briser le silence :

- C'est moi ou... Un truc est en train de nous foncer dessus ? signala Drakkarmin, plissant des paupières sous sa patte qui protégeait sa vision.

- On dirait une bagnole... remarqua Zekrom, regardant au loin un point écarlate qui laissait une traînée de poussière monstrueuse derrière lui.

- Une Chavrelot AV650 décapotable couleur grenat cinglant, pour être exact, ajouta le Gardien des Sept Mers avec un air de connaisseur.

Goyah, après inspection de l'objet vrombissant, sourit :

- Hééééé j'ai l'impression qu'il y a pleins de minettes dedans !

Noir Idéal, en bon Pokémon à la page, ne comprit pas, portant sa patte à sa gueule :

- Des minettes ?

- De jolis petits bouts de femme... songea le Maître en croisant les bras d'un air connaisseur.

- Et un humain mâle sur la banquette arrière, assura Lugia. Mais ils sont encore trop loin pour que je puisse...

Tout le monde regardait la bagnole arriver vers nous, en plein milieu. J'eus un drôle de pressentiment.

- On devrait ptêt se décaler histoire de pas mourir bêtement ?

Devant la judicieuse remarque que venait d'émettre Shaymin, nous finîmes par nous décaler sur la droite en prévoyance, alors que la voiture brillante comme un sou neuf qui en avait sous le capot déboula à tombeau ouvert, et freina violemment quelques mètres devant nos pattes, les pneus frottant la terre dans un grand nuage de sable et une odeur de cuir frappé par le soleil. Une voix criarde de gonzesse annonça, alors que nous toussions tous à cause de la poussière dispersée par ces abrutis :

- On est arrivés, monsieur ! N'oubliez pas votre interview pour Antenne Pokémon ce soir !

J'entendis quelqu'un prendre un élan et se réceptionner sur le sol en gars qui se la pète :

- Hm merci bien, les filles ! Retournez au labo en m'attendant ; si j'ai encore besoin de vous j'vous passe un coup de Pokématos !

CETTE VOIX.

La bagnole repartit de plus belle, et alors IL sortit du nuage de poussière, polo noir et jean violet trop dark, sac à dos tenu sur une épaule, tout sourire sous cette coupe de cheveux châtain en bataille, avant de venir à notre rencontre.

- Excusez-moi, mes braves, vous n'auriez pas vu un Aéroptéryx dans le coin ?

CE SOURIRE. CET AIR SUPÉRIEUR. CETTE CLASSE RAGEANTE. GARY MOTHERFUCKING OAK.

- QU'EST-CE QUE...

Zekrom, Drak, Shaymin et moi-même restâmes là, crispés, totalement O_o et prêts à lui sauter à la gorge ; le Dresseur du Bourg-Palette nous regardant étrangement, inquiets pour nous :

- Heu... Vous allez bien ? Je vous dérange peut-être ?

Avant de poser son regard sur moi, d'être agréablement surpris, et de s'approcher calmement, comme pour ne pas apeurer un petit Ponchiot :

- Héééé ! Salut mon p'tit !

- Mais c'est-y pas le petit-fils à ce bon vieux Chen ?!

Goyah, enjoué et les bras grands ouverts, s'approcha alors DU gars, lui serrant chaleureusement la main, pendant que CE gars le saluait... comme il se doit. Sympathiquement. En bonne vieille connaissance amicale. AMICALE.

- Nan, mais vous crispez pas voyons, résonna la Voix de la Raison. Lui ne se souvient de rien. Son futur de Solarius n'a jamais existé. Il a poursuivit une autre voie destiné-ment parlant et n'est donc pas devenu ce personnage au caractère de dictateur et connard fini... ! Ou peut-être juste un peu. Mais pas méchant.

Alors que j'allais demander plus d'explications, Goyah, après avoir bien rassuré Régis de ne pas s'inquiéter s'il voyait un Zekrom avec nous, se chargea de nous présenter le dernier venu sans attendre qu'on le lui demande :

- C'est Régis Chen ! Le petit fils du Professeur Chen, le plus grand Professeur Pokémon de tous les temps ! Et ce p'tit gars a décidé de marcher dans ses pas !

- Oh, je ne prétends pas atteindre le statut de mon grand-père, loin de moi cette idée-là, répondit bien humblement "Régis Chen". Donner mon maximum pour la recherche me suffit amplement ! Les Pokémon fossiles sont déjà un sujet bien ardus pour que j'ai le temps de rêver de gloire !

Mais bien sûr.

Goyah et lui continuèrent de blablater du bon vieux temps, et des dernières trouvailles de l'éminent scientifique. Non seulement il m'avait fait chier la semaine dernière avec son futur à deux balles, maintenant j'apprenais que cet énergumène était lui aussi dans la science. A croire que j'avais à faire à un nouveau rival. Moi qui croyait en avoir fini avec ce genre de personnes saoulantes. Régis expliquait ses intentions :

- Et l'on m'a dit qu'un groupe d'Aéroptéryx se dirigeait par ici ; lors des derniers chamboulement climatiques et plus largement d'ordre naturel - tsunamis, séismes, canicules, refroidissements, problèmes de naissances, de vie, de mort, de meurtres, d'attentats, de vol, d'enlèvements, de chasse, tout ça - beaucoup de Pokémon ont été affectés. Le Laboratoire Pokémon soupçonne qu'un grand groupe d'Aéroptéryx que nous observions a trouvé un nouveau point de migration dans les parages, et je viens constater l'adaptation à cette région encore inconnue pour cette espèce, en plus de voir quelles répercussions tous ces événements ont eu sur les individus.

- C'est bien mon gars ! Surtout qu'les Aéroptéryx sont rares à l'état sauvage ! l'encouragea le Maître de la Ligue.

Puis, se penchant vers Gary qui croyait apparemment que j'étais une de ces espèces sauvages, Goyah chuchota, me montrant du pouce :

- Mais çui là est pas sauvage, et est particulier. Il parle et est un peu zinzin, mais chut. Fais comme si c'était normal.

- J'entends tout, vous savez.

- Tu vois, en plus il entend tout. Bref, t'occupe pas de son cas, j'm'en charge.

- Heu... Okay, acquiesça Régis Chen gentil, en regardant cette ribambelle de Pokémon qui ne s'approchaient pas de lui, le fusillant à moitié du regard, ne l'ayant pas encore lavé de tout soupçon.

Lugia restait invisible quant à lui ; il évitait de se faire remarquer devant un scientifique. Ceux présents la semaine dernière gardaient leurs distances ; Shaymin parce qu'elle se souvient de ce dresseur machiste accessoirement dictateur anti-Pokémon, Drak simplement parce que c'était son ancien et violent dresseur de merde, Zekrom parce qu'il sait très bien ce que ça fait de se retrouver à combattre un Arceus déchaîné et de devoir sauver le monde, en compagnie de moi-même, qui avait encore dû mal à oublier ce vantard exacerbé qui s'était fait sauté la cervelle il y a 65 millions d'années par "Erat", alias Denice. Empêcher la disparition des Pokémon fossiles, maintenant vouloir étudier les Pokémon fossiles... Ca coïncidait étrangement. Et ce Régis Chen était vraiment différent du Solarius taré... En apparence. Restait à savoir qui il était réellement.

- Vers le nord, vous dites ? Toujours aussi aventureux, vous, à ce que je vois ! rit le Dresseur à minettes. Bien, je ne vais pas vous retarder plus longtemps, je vais trouver ces Oisancien de mon côté !

- TU CROIS PEUT-ÊTRE T'EN TIRER COMME ÇA ?

C'était le seul qui n'avait pas bougé d'un poil depuis que la voiture s'était rapprochée d'assez près. Et, plus surprenant, celui qui n'avait apparemment aucune raison de maudire ce dresseur. Fire. Régis Chen, qui allait prendre congé, ne se retourna pas sur le coup. Puis il serra le poing, et balança :

- Je pensais pas te revoir un jour, surtout ici, et ainsi grandi. Mais on va faire comme si je ne t'avais pas vu, veux-tu ?

- JE CROIS PAS ! grogna le Dracaufeu, hargneux. TU VAS PAYER !

Et, sans prévenir, Flamme se rua sur l'humain, toutes griffes dehors. Régis se retourna juste à temps, et attrapa avec une fougue remarquable les pattes avant du Pokémon, le stoppant. Momentanément. Goyah et nous même n'eurent même pas le temps de se rendre compte de ce qu'il venait de se passer que le Dracaufeu, non sans une notable carrure, l'envoya loin à terre, le faisant voltiger, et lui cracha un Lance-Flamme mémorable, le foudroyant de ses yeux azur qui brûlaient ardemment. Le Maître de la Ligue d'Unys, contrairement à Shaymin, lui, ne riait pas, et bondit comme un diable, allant plaquer Fire au sol avec une force surprenante :

- Mais arrête ! Qu'est-ce qui te prend ?!

L'humain attaqué, tout roussi, peinait à se relever ; Pokémon Flamme, emporté par une violente et soudaine Colère, se releva en mettant le Maître de la Ligue au tapis et se redirigea, rugissant, ses pupilles brillantes, vers l'humain ; juste avant que Goyah ne dise pas son dernier mot, et le réintercepte en se relevant agilement et en stoppant net le Pokémon furieux, l'empêchant d'aller se déchaîner sur Régis. Ne sachant vraiment que faire, je décidai d'aller aider le Professeur en herbe à se relever sans trop m'impliquer non plus, mais histoire d'aider tout de même un homme à terre. Je tendis mon aile pour qu'il puisse s'y accrocher, ce qu'il fit en me remerciant dans sa langue humaine, autrement dit d'un regard acquiesçant et d'une poigne ferme sur mon radius, avant de marmonner dans barbe :

- Pff... Quelle tafiolle çui-là.

Je tressaillis. J'eus un regard vers Fire en Colère, un regard vers cet humain, et je compris. Puis, sans me faire prier, je dégageai violemment mon aile, et, sans réfléchir, instinctivement, envoyai un Cru Aile avec l'autre, en plein dans sa face de cake, qui se retourna et retomba face à terre, comme un Poffin définitivement bien cuit.

- PUTAIN CHRIS ! TU VAS PAS T'Y METTRE TOI AUSSI ! vociféra Goyah, tournant la tête et voyant Régis geindre dans le sable.

Fire profita de cette occasion pour envoyer de nouveau valser le cinquantenaire musclé au poncho, et se jeta vers celui qu'il devait bien connaître. Mais cette fois, c'est moi qui le stoppai.

- Fire... Je pense qu'il a compris. Évite de te comporter comme un connard ; si lui s'est comporté ainsi, mieux vaut ne pas lui rendre la monnaie de sa pièce. Tu vaux mieux que lui.
Le Dracaufeu, prêt à m'envoyer vers d'autres cieux et se retenant de ne pas aller éventrer son ancien dresseur, rugis, essoufflé et haineux :

- TU... PEUX PAS... IMAGINER... CE QU...

- S'il te plaît. Fire. Calme-toi. Tu es libre maintenant. Il ne peut plus rien contre toi. C'est fini ; laisse-le. S'il te plaît, répétai-je distinctement, en face de la bête, avec la peur aux tripes qu'il se passe un drame.

Les pupilles du Dracaufeu s'éteignirent alors, et la bête se calma, baissa ses pattes et abandonna l'idée d'aller lui crâmer encore plus la gueule en respirant bruyamment, épuisé par cette attaque. Lugia soupira, soulagé que personne ne soit blessé, tandis que Goyah, Shaymin, Zekrom et Drak attendaient des explications, bien que ce dernier soit déjà un ardent supporter de la cause de Fire juste pour avoir vu ce que Gary Motherfucking Oak venait de se prendre. J'ouvris alors le bec le plus sérieusement du monde :

- Régis et Fire se... connaissent. Je ne vais pas entrer dans les détails pour le bien du "collègue" scientifique qui est parmi nous, assumai-je en maudissant tout de même l'humain concerné du regard, mais sachez juste qu'une baffe dans la gueule était méritée, à mon avis. Laissons maintenant les différends de côté, et évitez de vous foutre sur la gueule ou de vous chercher, vous deux, conclus-je cette fois en regardant le Pokémon concerné.

Les deux se calmèrent définitivement : l'homme à la chevelure de feu aidant le dresseur à se relever et à reprendre du poil de la bête, et j'éloignai pour ma part le Dracaufeu secouriste et explorateur, qui avait refait sa vie depuis son abandon. Voyant Drak s'approcher de Fire, je rétorquai, bien que cela puisse paraître dur, ce fut à mon avis juste :

- Pas la peine de le féliciter pour ce qu'il a fait ; il avait l'excuse de la Colère. Tu aurais en profité pour faire de même, tu serais tout aussi fautif, Drak. Je sais que cet humain a pu vous faire du mal, et Arceus sait à quel point j'abhorre les gens comme lui, mais il se trouve que c'est une personne, tout comme vous. Vous n'aimeriez pas être frappé, alors évitez de le faire aux autres.

- Même s'ils ont détruit notre vie ? renchérit l'écailleux dragon bleu de cobalt en se frottant son biceps le plus sérieusement du monde, silencieusement approuvé par le grand dragon enflammé.

Je remarquai alors pour la première fois une cicatrice à cet endroit de la patte antérieure de Caverne. Je la vis, frémis, puis les regardais eux deux, et leur mine déconfite ; je soupirai, posai une aile sur l'épaule de chacun, et souris :

- Vous avez une nouvelle vie, maintenant.


On n'eut pas plus de temps pour tergiverser sur le sujet qu'un hurlement rauque nous parvint. Chaque Pokémon et humain sursauta avant de se tourner vers la forêt que nous longions depuis un bout de temps ; des bruissements dans les feuilles et des piaillement désespérés accouraient vers nous. Régis, tout aussi intrigué que nous, quitta Goyah qui l'avait soutenu, et s'approcha de l'orée du bois :

- Qu'est-ce qu...

Vif comme l'éclair, dans un jet de feuilles vertes et de plumes bleues, un tout petit Pokémon Oisancien bondit sur le chemin, complètement apeuré et paniqué. Régis, avec d'excellents réflexes, attrapa le Pokémon en plein saut, le prenant dans ses bras, et essaya de calmer le tout jeune Arkéapti qui se débattait aveuglément en pleurant. Je fus étrangement ému... de voir ainsi... un petit de mon espèce.

- La pauvre ! gémit Shaymin, qui accourut vers le bébé terrifié apparemment de son genre. Qu'est-ce qu'elle a ?

- Elle est complètement angoissée ; faut qu'elle se calme... lança l'éminent second Professeur Chen en essayant de garder tant bien que mal la femelle dans ses bras. Elle est jeune ; elle dû se perdre et croiser un Pokémon territorial en chemin... Essaie de te calmer, tout va bien !
Ou pas. Aussitôt, un autre piaillement préhistorique, d'une voix plus mature, fut émit en même temps que nous ouïmes une course effrénée gratter le sol forestier ; un grondement ronronnant semblait aussi se distinguer, au loin, et se rapprochait rapidement. Un Aéroptéryx, presque tout aussi affolé et perdant plus de plumes que la p'tiote, bondit alors de l'endroit où l'autre venait de s'enfuir. Le Pokémon vit que Gary Oak avait l'un des siens, il se jeta sur l'humain en le faisant choir de nouveau (c'était sa journée, à lui) pour prendre la petite entre ses serres, avant de planer au-dessus de moi et de me la faire tomber dans les ailes. Bien que surpris, j'eus le réflexe d'attraper l'Arkéapti, et l'autre Aéroptéryx, une femelle d'après sa voix, me cria, après avoir atterrit de l'autre côté du chemin en me désignant la moitié de la forêt qui longeait ce côté-ci :

- VITE ! ILS ARRIVENT !

Zekrom hurla alors :

- PLANQUEZ-VOUS !

C'est alors que le vrombissement qui avait accompagné le dernier Aéroptéryx venu dans sa course se fit extraordinairement plus bruyant, et, en arrachant plusieurs buissons et arbres sur son passage, un énorme camion blindé déboula dans le tonnerre de son moteur. Zekrom, lui aussi rapide comme l'éclair, se jeta sur le plus de monde qu'il put, écartant Fire, Drak, Shaymin, Régis et Goyah au dernier moment sur le bas-côté, les protégeant ainsi du carnage naturel que faisant le pare-choc de l'engin roulant sur son passage. Lugia, lui, fut plus lent, et le monstrueux véhicule le percuta en pleine patte, le faisant rugir et trébucher. Ainsi stoppés nets par cette bruyante force invisible, une voix cruellement puissante provenant du siège passager vociféra alors, nous pointant du doigt derrière son pare-brise :

- ILS SONT LA ! CHOPPE-LES !

- MAIS QU'EST-CE TU FOUS ?! hurla l'autre Aéroptéryx qui m'attendait.

Je n'eus pas plus le temps de me rendre compte que je ferais mieux de me barrer que le toit du camion noir monumental s'ouvrit ; un bras mécanique grotesque en sorti, se déploya dans un cliquetis, et fila droit sur ma personne qui agrippait la petite en larmes. La pince m'arracha en un instant le bébé, avant de l'envoyer valdinguer à l'arrière du véhicule. L'autre Aéroptéryx rugit, jurant contre le créateur et moi-même, avant de prendre son élan de s'envoler à l'attaque du pavé d'acier roulant. Sans se faire plus prier, le connard de conducteur prit de nouveau le levier de commande du bras mécanique en main, et l'envoya empoigner violemment le volatile, qui hurla. Il la balança aussitôt rejoindre le bébé dans la soute, avant de se réarmer, prêt à chopper le dernier piaf préhistorique qui leur était servi sur un plateau. Les derniers événements trop rapides et brusques pour mon esprit éreinté firent que je me retrouvai sans défense, figé par la peur. Face à l'imposant plusieurs tonnes blindé et monté sur des pneus déchaînés, je me sentis plus petit et plus en faiblesse que jamais ; et ce durant cette fraction de seconde terrifiante.

- LE TOUCHE PAS, CONNARD !

Je vis Drak sortir en héros du bas-côté, là où Zek les avait envoyés dans sa précipitation salvatrice. Premier à se remettre du choc, ses ailes déployées et une aura rosée l'enveloppant, le loyal Pokémon Caverne chargea de toute sa Surpuissance le flanc gauche du véhicule kidnappeur. La confrontation n'eût pour effet que de faire rugir le Pokémon Dragon de douleur et de le faire tomber à terre : la machine renforcée se moquait de telles minables et petites attaques et s'en sortit sans la moindre éraflure. Le conducteur rugit :

- On va lui apprendre la vie, à cet imbécile !

Son bras mécanique en main, il l'envoya balancer droit sur Drak, qui se prit la poigne de fer dans le museau, avant de voltiger sur le groupe tout entier qui se relevait de l'autre côté. Je pris ma raison à deux pattes et décidai de profiter de cette attaque pour inspirer, pensai à tout le pouvoir qui pouvait m'habiter, retrouvai rapidement cette sensation de brûlure au niveau de la gorge, puis j'expulsai un Dracosouffle, sulfureuse radiation scintillante, en plein dans leur pare-brise. La vitre, elle, ne se fêla qu'à peine sous l'impact ; les abrutis de connard de merde, momentanément désemparés, ne se gênèrent pas pour reprendre le levier de commande en main et de m'envoyer la griffe d'acier me clouer le bec. Je fus ainsi impétueusement choppé à mon tour, la pression exercée par le bars mécanique m'empêchant toute action et me compressant l'anatomie, avant d'être jeté comme un vulgaire déchet, à l'arrière, dans ce grand pavé sombre, où je ne manquai pas de me manger la paroi d'acier trempé. Leur moteur redémarra dans un grondement féroce, tout l'habitacle se secoua désagréablement, et l'impulsion de la vitesse nous projeta les deux Oisancien et moi contre la porte arrière dans un nuage de plumes. Le bras de métal se replia agilement, leur toit se ferma en un claquement, et alors qu'il repartait à travers la forêt à une vitesse démente dans un environnement pareil, je perçus la pensée de Lugia qui me disait de tenir bon, et le rugissement de Zekrom qui insultait ces enquiquineurs de première catégorie.


Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elles ne parlaient pas beaucoup.

- Elles évitent ton regard ou te fusillent ?

La petite a son bec fourré contre la grande ; et la grande alterne entre les yeux réconfortants pour celle qu'elle tient dans ses ailes et les yeux haineux pour celui qu'elle a en face d'elle.

- Hmmm... C'est bon. Ça va le faire. Les gonzesses, ça me connaît.

Bon. Si la Voix de la Raison même l'assurait. Ça faisait bien dix minutes que les méchants de la seconde moitié de l'après-midi nous avaient balancés dans la soute de leur camion blindé, et nous n'avions pas pu faire autre chose que poser notre arrière-train emplumé et attendre là, sur la paroi métallique froide, dans ce conteneur obscur, qui se secouait aux aléas de la topographie des terres qu'on nous faisait parcourir de force. Timide et assez confus de n'avoir rien pu faire d'autre que resté bouche bée devant l'attaque, je trifouillai machinalement mon Ruban Joie autour du cou, baissant le regard devant la femelle que je supposais mère de l'enfant.

- T'es pas d'ici, toi, ou je me trompe ?

- Non madame.

L'Aéroptéryx eut une réaction appropriée :

- Roh, c'est bon, fais pas ton oisillon. Je t'ai sans doute pris au dépourvu, mais bon sang, tu pouvais tout de même te bouger, non ?!

Je ne répondis rien. Elle soupira, puis posa à nouveau son regard tendre vers la petite qu'elle câlinait entre ses plumes. Le bec enfoui dans le plumage de la grande, l'Arkéapti essayait de trouver le plus de sécurité qu'elle pouvait dans cette chaleur pokémonesque. La grande femelle poursuivit :

- Ma petite Ryxa est ce que j'ai de plus cher au monde. Je ne m'en remettrai jamais s'il lui arrivait quelque chose.

Nouveau silence. Gênant pour ma personne, qui se sentait le Pokémon le plus con du monde. Soudain, le camion s'arrêta brusquement ; notre parallélépipède sur roues se calma, souffla un grand coup, puis ouvrit sa grande bouche, nous baignant dans les rayons de soleil qui perçaient à travers le feuillage. Juste assez longtemps pour que l'ombre d'une cage de fer nous tombe dessus.


Okay. La situation est certes celle de trois piafs préhistoriques emprisonnés, mais ça pouvait être pire. Des centaines de piafs préhistoriques emprisonnés, par exemple ? En tout cas, ça semblait bien le point de vue du duo d'abrutis qui discutaillaient de leur chasse, en train de s'enfiler des rations de fortune, juste devant notre cage d'acier trempé, le tout planté au beau milieu d'une clairière.

- Toute une colonie ?

- Ouais... C'est ce que le boss a repéré apparemment. Et avec ce petit bijou... fit-il en montrant le camion outrageusement néfaste, noir, qui emprisonne, en plus d'être rageusement inexpugnable et énorme (que j'abrègerai ici en CONNERIE). C'est physiquement impossible qu'on échoue sur ce coup-là !

Toujours dans cette espèce de tenue en kevlar, noire, et toujours le crâne aussi rasé, ces gus. Les mêmes mecs, tout le temps... C'était désespérant.

- Hé Bill, tu crois que c'est grave si on n'a pas réussi à faire sauter le Pokéathlon ?

- De une Jack, on allait réussir, mais c'est juste que les flics ont trouvé la bombe avant qu'elle explose ; de deux, c'était juste pour faire peur aux gens, cet attentat. Le terrorisme, tu connais ?

- Ah okaaaaay ! J'avais pas compris, j'me disais qu'c'était pour voler encore des Pokémon ! Mais comme ils allaient se faire sauter, je comprenais pas à quoi ils allaient nous servir une fois que...

- Arrête de réfléchir Jack. Tu te fais du mal. Là, les ordres sont de voler des Pokémon puissants. Et donc on va voler des Pokémon puissants, en l'occurrence ces Aéroptéryx, ok ?

- Ok.

Bill, voyant bien que son comparse avait toujours du mal à comprendre quoi que ce soit, voulut s'assurer que tout était bien enregistré dans sa tête de petit pois :

- Et dis-moi pourquoi on veut des Pokémon puissants ?

- Parce qu'on doit avoir une armée puissante pour imposer nos lois et fabriquer notre propre monde génial ! Et venger l'affront qui nous a été fait dans le passé ! se réjouit l'imbécile heureux.

- Bah voilà. On voit que tu comprends bien malgré tout.

Puis ils continuèrent alors d'engloutir leur espèce de pâtée, en causant de comment, je cite, "qu'on va faire pour chopper tous ces piafs déplumés". La mère Oisancien, qui portait toujours aussi soigneusement Ryxa, les fusillait du regard, et rageait de ne pouvoir rien faire d'autre.

- Mais c'est pas possible ! J'en ai ma claque de rester là à se lisser les plumes ! grognait-elle doucement, histoire de ne pas attirer l'attention.

Moi, dans mon coin de cage, j'avais repéré un petit Canarticho sur une branche, roupillant dans nid... Qui me faisait saliver. Fallait dire que je n'avais rien mangé depuis un certain temps. Et me l'imaginer en petit plat était la douce pensée qui me trottait dans la tête. Avec un bâton ramassée à travers les barreaux de notre cage, je titillai doucement la branche, histoire d'essayer de faire chavirer son lit de brindilles sur notre prison...

- Tu connais la colonie dont ils parlent ? hasardai-je, continuant mes affaires.

- Un peu que je les connais ! On en vient, hé ! Et on n'a pas suivi Keops jusque dans ce pays pour tomber sur ces imbéciles !

- Keops... ?

- C'est le chef de notre famille, t'occupe, balança-t-elle en n'ayant rien à taper que je sois nouveau dans le coin. Faut sortir de là. Coûte que coûte. Je peux compter sur toi, pour cette fois ?

Elle m'avait paru soudain confiante, comme si elle savait désormais quoi tenter, mais que ça serait dangereux. Je relevai le museau un instant, et acquiesçai, content intérieurement que cette femelle puisse nous sortir de là. Je retournai à mon Canarticho somnolent, et elle ne broncha pas :

- Parfait. Maintenant, faut juste un plan.

- PARCE QUE T'EN N'AS PAS ? piaillai-je, désillusionné.

Sur le coup, mon bâton m'échappa des griffes, et, essayant de le rattraper je trébuchai en m'emmêlant mes pattes dans ma queue ; le bout de bois fut envoyé contre la branche que je visais, la frappa, et fit valser le Pokémon Canard Fou par ici, qui alla se taper la tête la première sur notre plafond grillagé. J'l'avais finalement eu, ce Pokémon, mais la femelle qui m'accompagnait eut la peur de sa vie au moment de la chute du goûter, et s'égosilla :

- MAIS ÇA VA PAS LA TÊTE ?! QU'EST-CE QUE TU FOUS ?!

- OH ÇA VA HEIN ! J'AI FAIM, VOILA ! ET MOI AU MOINS JE FAIS DES PLANS !

- Oh, on se calme, hein ! Le soleil t'as tapé sur le système, mon vieux ! rétorqua-t-elle. Moi, quand je fais des plans, c'est pour sauver des plumes, pas pour penser à ma panse !

- Ouais, bah j'aurais cru que tu serais assez intelligente pour nous sortir de là !

- EH BAH TROUVES-EN UN, TOI, DE PLAN, SI TU TE CROIS SI MALIN, MONSIEUR-J'AI-FAIM !

- Mais j'ai jamais dit que je me croyais si malin, la rembarrai-je, croisant les ailes. C'est pas moi qui me suis foutu dans ce pétrin, madame-j'en-fais-tout-un-plat !

- M'ACCUSE PAS ! C'EST EUX QUI NOUS ONT TROUVE ET PRIS EN CHASSE, NOUS ON S'ÉTAIT JUSTE ÉLOIGNÉES UN PEU !

- BAH DANS CE CAS ON EST DANS LA MÊME SITUATION !

- ME GUEULE PAS DESSUS ALORS !

- TOI NON PLUS !

- PARFAIT DANS CE CAS !

- PARFAIT !

- PARFAIT ! rajouta-t-elle encore une fois.

- Et c'est quoi cette manie de vouloir avoir le dernier mot ?! balançai-je, énervé.

- Tu me lâches un peu, oui ?! Je suis occupée à trouver un moyen de m'échapper !

- Pfff.

- Pfff.

- HA AH ! m'exclamai-je, sautant sur le fait.

- QUOI ENCORE ?!

- TU VOIS QUE TU VEUX LE DERNIER MOT !

- MAIS NON ! C'EST FAUX ! C'EST TOI QUI FAIS TON OISILLON !

- JE FAIS PAS MON OISILLON ! MOI AUSSI JE CHERCHE A M'ÉVADER DE CETTE PUTAIN DE CAGE !

- BAH T'AIDES PAS !

- BAH TOI NON PLUS !

On allait commencer à se voler dans les plumes, quand Bill arriva :

- Hé ho, vous avez pas bientôt fini votre bordel, les amoureux ?

Moment gênant qui calme direct.

- Comment tu sais qu'ils sont ensemble ? demanda Jack.

- Bah un mâle - c'est forcément un mâle, regarde, il a même un petit foulard avec une clochette -, une femelle, et une petite, les deux grands ayant voulu protéger la jeune... C'est forcément une famille.

La "grande femelle" réagit au quart de tour, menaçant l'homme :

- Vous allez retirer tout de suite ses élucubrations rocambolesques ou je vais vous...

- CHUT !

Tout le monde se tut. On arrêta de se prendre le bec. Bill avait ordonné le silence. Il tendit l'oreille.

- J'ai entendu des pas. On vient.

Jack regarda aux alentours :

- J'vois rien...

Bill huma l'air :

- Ça sent le crâmé...

L'un s'humecta le doigt, puis le tendit vers les cieux :

- Vent de sud-sud-ouest. Ça arrive de par là.

Les deux chasseurs/sbires/GATEAU prirent leur arme sous l'épaule, nous quittèrent sur la pointe des pieds, et s'avancèrent délicatement vers les grands cerisiers fleuris qui nous entouraient. Ils jetaient de méthodiques coups d'oeil, prêts à l'affrontement et/ou la capture, quand soudain... Un MOTHERFUCKING Lance-Flamme jaillit, les envoyant valser à dix mètres, et qu'un sauveteur sorte fièrement de l'ombre :

- Contre les ennemis de la paix et les abrutis pleins de toupet ! Contre le mal qui fait mal et le paranormal pas normal !

Je voulus hurler de joie, mais je continuais gaiement, accroché aux barreaux de la cage :

- Hey hey ! Qui défend la veuve et l'orphelin ? Qui défend les fleuves et le pain ?

Le Dracaufeu, fier, prit son élan, déploya ses ailes, et s'envola :

- Qui sauve les damoiseaux et demoiselles en détresse ?

- Qui ose, dame, des zozos et du zèle sans traîtresse ?

Il arriva à nous, agrippa notre cellule de fonte, l'explosa littéralement avec toute sa puissance, et nous déclamâmes tous les deux en coeur, pendant que les connards se remettaient de la surprise :

- C'est nous, l'épique recours, l'équipe de secours W.T.F. ! Yeah !

Ryxa, qui s'était réveillée sous l'effet de surprise, nous trouvait super cools et riait, alors que sa mère était pas convaincue :

- Tu m'expliques ?

- C'est Fire, le meneur d'une épique équipe de secours et d'exploration, t'occupe, balançai-je, en n'ayant rien à taper moi non plus qu'elle soit nouvelle dans le scénario.

Enfin libérés, il était temps de prendre les pattes à notre collerette, mais bien sûr :

- VOUS ALLEZ PAS VOUS BARRER COMME CA !

Un certain Jack et un certain Bill n'étaient pas de cet avis. Ils commencèrent à ranger les flingues et à sortir les filets, et se ruèrent sur nous avec presque de la bave au nez. A croire qu'ils en ont ras-le-cul de voir leurs plans foirer quand un Aéroptéryx à foulard est impliqué.

- ON SE TAILLE ! hurla le Dracaufeu.

On sprinta chacun ensemble, étendîmes nos ailes ou pattes plumées, puis décollâmes en trombe, la nana Aéroptéryx tenant Ryxa dans ses serres, alors que le duo d'abrutis bondirent et s'enfoncèrent dans leur CONNERIE en essayant de nous poursuivre depuis la voie terrestre. Bien entendu, avec toute cette végétation à abattre et le manque de toit panoramique, repérer quatre types Vol en camion blindé était casse-couille. Surtout quand ceux-ci viennent juste de faire demi-tour, guidés par une femelle qui savait où trouver un endroit tranquille.


Même si ce n'était pas ma première expérience de vol en roue libre, je ne peux ne pas m'attarder sur ô combien cette sensation de liberté, cette puissante montée d'adrénaline, bref, ce sentiment fougueux de battre des ailes et de planer au-dessus de cette forêt était jouissif. Le plancher des Écrémeuh que nous survolions, lui, changeait peu à peu de couleur. Nous arrivions dans le nord de Johto, ces terres recouvertes par ces arbres singuliers ; leur feuillage émeraude se changeait par le biais d'un surprenant dégradé en une bruissante et touffue couche d'or et d'ambre. A l'horizon, vers l'est, nous apercevions la Tour Carillon qui se dressait vers les cieux, ses cloches scintillantes à son sommet, et puis le Mont Argenté, en arrière-plan, qui scintillait sous ce soleil aride d'une fin d'après-midi... Un tumultueux et étroit cours d'eau tenait le rôle du torrent de cristal qui traversait ce gisement de métaux précieux, et se dirigeait droit vers l'ouest de la Route 40 pour s'y déverser.

C'est vers ces arbres au précieux feuillage d'automne éternel que la jeune mère Aéroptéryx nous fit descendre, ayant comme objectif un brin de rivière bien particulier ; nous nous rapprochâmes donc peu à peu de la terre, passâmes à travers les feuillages, et il nous apparut ensuite toute une flopée de Pokémon Oisancien. Ils couraient ci et là, se reposaient près du cours d'eau ou y plongeaient leurs becs ; alors que nous posions nos pattes sur le sol forestier, nous découvrîmes presque émerveillés par ce spectacle naturel que certains d'entre eux faisaient leur nid sur des branches, perchés, ou bien sur le sol, penchés, nourrissant les petits Arkéapti tout justes sortis de l'œuf, ou nous regardant étrangement. Fire et moi étions impressionnés de découvrir autant de vie et une aussi grande concentration de mêmes Pokémon plumés sur un tel espace. La femelle Aéroptéryx qui tenait Ryxa fut, dès qu'elle leur apparut, accueillie à ailes ouvertes, plusieurs de mes semblables se ruant sur elle, on ne peut plus heureux de la revoir.

- Opéa ! Te revoilà enfin !

- On se faisait tellement de souci pour toi !

- Tu vas bien ?

- Et Ryxa ? Tu as pu la retrouver ! C'est génial !

Elle s'appelait donc Opéa. Cette néanmoins jolie maman était ravie de rentrer au bercail, et ne se donna même pas la peine de nous présenter à tous ; il fallut qu'un mâle de leur groupe se ramène, au plumage abondant, au bleu plus vif que la moyenne, et qu'il se dresse humblement pour qu'il sourisse de sa voix grave :

- Opéa ! Te voilà revenue parmi nous !

- Oui Keops ! répondit fièrement la femelle. Ryxa et moi sommes tenaces, hihi !

- Et... Tu nous présenterais tes amis ? Ce grand Pokémon et... Cet Aéroptéryx qui ne fait pas partie de la famille, vu son odeur... ?

Qu'est-ce qu'elle a, mon odeur ?

- Voici Fire, un Dracaufeu d'une équipe de secours et d'exploration ! annonça-t-elle gaiement en pointant Flamme, qui était gêné. Il est venu nous sauver des griffes des chasseurs !

Des applaudissements et des cris d'admiration se firent entendre de toutes parts, et le Dracaufeu essayait de calmer les Pokémon, soufflés d'accueillir un membre d'une de ces fameuses équipes, tout en restant humble. Et moi que dalle. Mais qu'est-ce qu'elle avait, mon odeur, à la fin ?! Opéa enchaîna en me pointant d'un griffe :

- Quant à lui, je sais pas trop qui c'est, mais il fait évidemment pas partie du clan - vu son odeur. Si vous voulez mon avis, il a pas l'air doué.

- HEY ! Je fais de mon mieux pour sauver le monde, okay ? rétorquai-je soudain. Et lâchez moi avec mon odeur !

Keops gonfla le torse (ou alors il devait être naturellement gonflé, vu la carrure) et croisa les ailes :

- "Sauver le monde" ?

Je croisai les pattes et me bouffai les plumes du torse, l'imitant, et je lançai, en jouant le Pokémon dédaigneux, d'une manière plutôt sarcastique :

- Ouiiiii, mais c'est compliqué, voyez-vous ; et puis, je n'aimerais pas enquiquiner votre très chère "membre de la famille" avec toutes mes histoires d' "oisillon", ça risque de la coincer encore plus. Quant à mon odeur, c'est l'épicé mélange du fumet l'effort masculin constant et d'un plumage lissé maison, de l'essence du côtoiement singuliers de Dragons, de Légendes épiques, et du parfum de l'aventure rocambolesque. Gueux.

C'était peut-être la meilleure réplique pour se faire soudain haïr de l'intégralité du groupe, mais au moins c'était balancé. Opéa, la concernée, voulut prendre sa défense et sans doute m'enfoncer encore plus auprès de nos semblables, mais Keops, qui avait compris que je n'avais pas été cordialement invité, intervint à sa place et s'excusa au nom de la fraîche mère, se voulant réconciliant :

- Je suis vraiment désolé si Opéa a pu vous paraître antipathique, et je m'en excuse très sincèrement, cher confrère ; néanmoins, vous êtes, vous et votre ami, les bienvenus chez nous. Je me propose d'ailleurs de vous faire faire le tour de notre belle grande famille, qu'en dites-vous, hm ?

Il réussit ainsi à calmer les esprits, puis nous emmena, Fire et moi, nous montrer les merveilles de leur groupe, alors que la femelle blessée dans son ego partait à l'opposé avec sa fille. J'lui en foutrais, de mon odeur.


C'était un véritable art de vivre. Si j'avais su que ça me servirait pour mes études, ce détour ! Il faut dire qu'ils étaient rudement bien organisés. Un groupe d'Oisancien était chargé de chasser des Pokémon de toute taille et d'autres d'aller faire les cueillettes dans les touffus buis ; d'autres encore servaient de maîtres aux petits pour les entraîner à prendre le relais, et d'aucuns s'amusaient simplement, barbotant sur les rives du cours d'eau ou se taquinant en se tirant la queue ou les plumes. Nous voyions des Arkéapti apprendre à voler, d'autres seulement à marcher avec leur plumage naissant et leurs parents comblés. Mâles et femelles se pavanaient avec leurs nouvelles plumes colorées, et ceux d'âge plus mûr se complaisaient dans l'ancienneté de leur plumage soyeux. Keops nous apprit que la saison des amours avait été particulièrement réussie avec des mâles et des femelles au poil (ou à la plume) cette année, et qu'avec les récents événements, étrangement, la durée de gestation de tous fut grandement raccourcie, d'où toutes ces naissances plus que précoces. Heureusement, aucun petit n'en avait l'air affecté ; et puisque tout se passait bien, qu'il y avait de l'amour et que l'eau était fraîche, Keops s'en branlait, des problèmes du monde.

- Notre famille se porte à merveille, alors je vois vraiment pas où est le problème, héhé !

On nous invita à partager du Rattatac et des Noigrumes fraîchement pressées à coups de Dracogriffe sous les feuillages, donc on était obligés d'accepter, vu que l'on ne s'était rien enfilés depuis pas mal de temps déjà. Le Dracaufeu avait décidé, à en croire ses paroles, de venir tout seul me sauver pendant que les autres continuaient le chemin pour pas se ralentir - j'étais assez étonné de cette raison, mais à y réfléchir, je pensais bien que Goyah avait pu avoir cette réaction sereine et légèrement je m'en foutiste. De toute façon, Fire se plaisait à raconter ses aventures sous le drapeau de la Guilde de Farfaduvet depuis le début, devant les mirettes ébahies et émerveillées des tout jeunes Arkéapti, qui me rappelaient entre deux bouchées la mine réjouie de Victini devant Monsieur Aéroptéryx. Le Pokémon Flamme en profitait, et j'en étais d'autant plus heureux que ce grand gaillard ait enfin droit à son heure de gloire, après avoir réalisé son rêve de participer aux Jeux Pokélympiques. Voir son sourire sur sa gueule de Dracaufeu, enjoué comme un petit Salamèche qui redécouvrait le monde, c'était une des plus splendides choses de la journée.


- Attendez les gamins, je vous ai pas encore raconté comment Drak et Frère Plume sont sortis du ventre du gros Pokémon !

Les p'tiots étaient frénétiques :

- Ouah ! Ils sont trop forts hé !

- Ze veux savoir la suite !

- Mais Monsieur le Dracaufeu, c'est pas possible de se faire manger comme ça tout cru !

- Hé, pourquoi tu dis za toi ? Bien zur que zi z'est pozible !

- Comme le grand monstre du Lac Colère ?

- Meuh non, ça c'était juste un Léviator de rien du tout ! T'es trop bête !

- Moi ze lui aurais mis la pâté au monztre !

- Mééé, fais pas ton Aéropt.. Aéroptptrycz, toi ! T'es même pas cap' de voler des ailes !

- Et toi, tu crois que tu peux faire un lancer de gros caillou tout seul ?

- Mamaaan ! Il arrête pas de m'embêter !

- Mais heu ! C'est qu'un menteur et un gros débile d'abord !

- Regardez moi touz ! Ze combats le gros monztre ! Tindiiin ! Ze vais touz vous tuer !

- MAIS ARRÊTE DE ME TAPER HEU !

- OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN !

Les petits Arkéapti commencèrent à se marcher sur les serres et à pleurer à grosses larmes de Crocrodil, les pères et mères respectives essayèrent donc de les séparer et de s'excuser devant Flamme pour le capharnaüm. Ce dernier, gêné, répétait que ce n'était pas très grave et qu'il devait censurer pas mal de choses de toute façon, puis se gratta la tête discrètement, essoufflé, avant de soupirer :

- Putain, les gosses, ça me manque pas.

Alors que tout ce petit monde essayait de calmer les plus jeunes histoire de connaître la suite de nos fabuleuses péripéties, je sentis quelqu'un arriver derrière moi discrètement. Je me retournai vivement, ne voulant pas me faire prendre une fois de plus, mais fut soulagé de voir que ce n'était "que" Ryxa, la toute jeune fille d'Opéa, qui s'amenait en dandinant et voulait jouer avec le bout de mon appendice caudal emplumé, à la manière dont elle le regardait. J'agitai donc ma queue frénétiquement pour la faire rire, vu que ça semblait l'amuser, et elle joua le jeu, se préparant à sauter dessus et s'amusant à la poursuivre comme une apprentie chasseuse au bec encore trop imposant pour elle. Opéa arriva alors, en bonne maman qui surveillait sa progéniture, et lança :

- Fais attention Ryxa, ne va pas te blesser bêtement.

- Elle ne fait que jouer, hein, rétorquai-je.

L'Aéroptéryx s'amena et prit l'Arkéapti dans ses ailes, l'éloignant de mon derrière et la faisant faire une mine toute triste pour le coup. Elle se défendit :

- Peut-être, mais c'est en jouant un peu trop loin qu'elle était tombé sur ces humains. De plus, vous n'avez pas de petits, à ce que je sache, donc allez vous faire foutre.

Je réagis au quart de tour :

- HÉ ! C'est quoi votre problème ? Depuis que je vous ai rencontré, vous me cherchez toujours la petite bête !

- Peut-être parce que vous êtes responsable de notre capture de tout à l'heure ?

- ABSOLUMENT PAS ! JE-

Elle me coupa net, jouant la fille désespérée devant un tel mec :

- Je me suis dit "Tiens, génial, un congénère, il va pouvoir nous sortir de là et je vais pouvoir compter sur lui" mais bon, au final, t'as été aussi utile qu'un Kokiyas à pierre-feuille-ciseaux.

Soudain déstabilisé, je voulus protester, cherchant des arguments valables :

- Mais... Tu m'as un peu pris au dépourvu, aussi... Tout s'est passé d'un coup, et...

- Bah, c'est pas grave. Je comprends juste pourquoi ta famille a dû te bannir.

Là, c'en était un peu trop. Aussitôt ces mots prononcés, je rugis violemment sur la femelle alors que sa p'tiote se fourrait le bec contre son plumage, par peur (ou parce qu'un vent froid arrivait soudain, aussi) :

- JE SUIS DÉSOLÉ, OKAY ?! ET JE T'INTERDIS DE DIRE CA DE MA FAMILLE ! C'EST MOI QUI SUIS PARTI PARCE QUE... Parce que... Heu... PARCE QUE J'AI PAS EU LE CHOIX ! ON M'A PAS DEMANDE MON AVIS !

- Ah ouais ?! Alors pourquoi tu retournes pas la voir, ta famille ? argua-t-elle avec une férocité croissante, embrassant son bébé de ses ailes. Pourquoi t'es pas avec eux, au lieu de traîner dans nos pattes à faire capturer nos enfants ?

- J'AIMERAIS BIEN, FIGURE-TOI, SAUF QUE LES TROIS QUARTS SE SONT FAIT ENLEVÉS ET QU'A CHAQUE PUTAIN MOMENT DE RÉPIT LES MÊMES ABRUTIS REVIENNENT FOUTRE LEUR MERDE !

- C'EST PAS UNE RAISON ! QUAND ON VEUT, MON GARS, ON PEUT !

- DANS CE CAS VA RETROUVER TON MEC POUR PASSER TES NERFS DESSUS AU LIEU DE ME COLLER !

- JE COLLE PAS LES PAS DOUÉS QUI ONT UNE PLUME DANS LE CUL ! ET LAISSE MON MEC OU IL EST !

- DANS CE CAS BARRE-TOI ET RESTE PAS PLANTÉE LA !

- NAN ! TOI, BARRE-TOI ! s'égosilla-t-elle. T'ES CHEZ NOUS ICI, DONC VIRE DE LA AVANT QUE TU NOUS ATTIRES D'AUTRES MERDES !

- PARFAIT ! J'AI JUSTEMENT UN MONDE A SAUVER, MOI !

- PARFAIT !

- PARFAIT !

- PARFAIT ! CASSE-TOI MAINTENANT !

Je tournai rudement le dos à cette délicate pouffiasse qui veut toujours avoir le dernier mot, me retenant de lui balancer la première pierre venue qui ferait un Anti-Air dont elle me donnerait des nouvelles. Je vociférai à l'attention de Fire, en traversant la foule ébahie par la scène, renouant mon Ruban et mon Glas autour de mon cou en manquant de m'étrangler :

- ON SE CASSE ! J'AI PLUS QUE DEUX PUTAINS DE JOURS DANS CETTE VIE DE MERDE ; ON A PERDU ASSEZ DE TEMPS ICI !

Fire ne savait pas comment réagir, et c'était pas plus mal, car le premier qui me touchait risquait de se prendre le Cru-Aile du siècle. Keops ramena sa carrure de leader et d'Aéroptéryx mâle alpha qui voulait le bonheur dans sa petite grande famille, et me suivit, peiné :

- Attendez, attendez ! Monsieur... Frère Plume ! Ne vous énervez pas ; pardonnez-la, elle est un peu à cran depuis que... Que certains incidents se sont déroulés... Notre migration, tout ça, ça nous met un coup sur le système, et avec cette vague de chaud, puis de froid qui arrive... ! On est un peu déstabilisé ! Attendez, restez un peu avec nous, vous rafraîchir ! Ou vous réchauffer ! On doit s'aider entre congénères, Frère Plume !

Ce fut comme un tunnelier en plein cerveau. Je m'arrêtai net, grinçant des crocs et grognant car ne voulant pas hurler, fermant les yeux du plus fort que je puisse, avant de me prendre le crâne entre les griffes et de me crisper de tout mon long. Keops resta figé, ne sachant que faire devant cette soudaine réaction, comme tous les Oisancien présents d'ailleurs. Ce fut Fire qui bondit, me rattrapant au moment où je commençai à flancher et où mes esprits me semblèrent prendre leur envol. Je fus rattrapé par ses fougueuses pattes, et je l'ouïs me crier quelque chose ; rien n'y faisait, mes sens étaient abruptement secoués et je me retrouvais désorienté avec cette effroyable douleur mentale. C'est à ce moment pourri de mal de crâne que je sentis la terre soudain trembler, et que j'eus le pressentiment que ça allait tourner au drame.


Ce fut le drame. Il ne fallut pas longtemps pour que tous les Pokémon du coin se mirent à frémir et à paniquer, et lorsque les tremblements se firent plus nets, que je distinguai les fracas du bois vert se briser, puis que j'eus l'image floue du camion outrageusement néfaste, noir, qui emprisonne, en plus d'être rageusement inexpugnable et énorme, qui déboula toutes pinces dehors. Une voix relayée par des hauts-parleurs s'éleva dans les airs, entre les piaillements affolés de tous :

- Bonjour à tous ! Avis à tous les Aéroptéryx et autres puissants Pokémon d'ici ! Nous sommes ici pour venir tous vous capturer sans aucun répit ! Inutile d'opposer la moindre résistance ou de chercher à fuir/disparaître par magie, nous sommes trop bien équipé pour vous, bande de riz ! D'ailleurs, pour vous montrer notre détermination, on va commencer par chopper l'un d'entre vous, votre chef chéri !

Bill critiqua les rimes de son acolyte en lui rappelant qu'ils n'avaient pas le temps pour ces conneries, et j'entendis le grincement de leur bras infernal, rapidement suivi de son claquement, accompagné d'un hurlement rauque de l'un des nôtres... des leurs... de...

- Putain, Keops ! rugit Fire en plein dans mes orifices auditifs.

A croire qu'ils avaient touchés juste. La voix contrainte du chef me parvint entre deux flots sanguins qui me martelaient les pensées :

- Restez soudés... ! Argh... Vous en faites pas ! Repoussez l'ennemi ! Gardez les jeunes en sécurité ! Paniquer est le meilleur moyen de mener à la perte du groupe !

- Alors ? On reste plantés là à bâiller aux Cornèbre ? hurla Bill, aux commandes de l'engin. Parfait ! Ne bougez pas, ouvrez grands vos yeux, le spectacle est sur le point de commencer !

C'est à ce moment que j'eus la subliminale image de toute une volée de piafs préhistoriques se jeter à corps et âmes sur leur CONNERIE. Anti-Air, Éboulements, Dracogriffes, Dracosouffles, Acrobaties et autres Mâchouilles cinglèrent contre le blindage de la machine ; des centaines de croassements et autres rugissements rauques répondaient aux grincements, aux vrombissements du moteur et aux articulations métalliques des divers bras qui se mirent à sortir de toutes parts. Le meneur des W.T.F. était en train de courir lourdement, me portant à l'écart alors que je reprenais peu à peu pleine conscience à cause de ce FUCKING mal de crâne lorsqu'un un violent coup de pince le frappa de plein fouet. Le Dracaufeu tomba à terre, me lâchant ; je me rétamai quelque mètres plus loin, traîné dans la fureur de l'action. Le choc de l'impact de ma chute eut l'effet d'un stimulus démesuré, et je pus aussitôt rouvrir les yeux, rebondir sur mes serres, et être pleinement confronté à la situation, de nouveau apte à en découdre. Flamme se releva, remarqua du coin de l'œil que tout allait mieux en ce qui me concernait, puis nous partîmes tous deux à l'assaut dans un rugissement vengeur.

Le véritable raid qui s'opérait chez les Aéroptéryx était ce qu'il y a de plus acharné. Les Pokémon qui s'attaquaient à cette CONNERIE avait beau la recouvrir à ne plus en voir sa carrosserie, ses pilotes savaient ce qu'ils faisaient. Ils balançaient bras mécaniques après bras mécaniques, déblayant leur champ de vision en envoyant valser moult Oisancien, ou arrachaient à leur terre de repos petits et grands, d'une pleine poigne de fer, qui allait s'essuyer contre l'intérieur de leur soute et revenir aussitôt se salir les mains, entre bave, plumes, poussières et sang des blessures. Fire, lui, enchaînait Lance-Flamme après l'autre, moi je Dracosoufflais et Anti-Aérais comme je pouvais ; rien n'y faisait. Leur camion ne comportait pas la moindre égratignure, et était tout juste secoué par la tonne d'attaques qu'il se prenait. Rapidement, le nombre d'Oisancien diminua, tous étant peu à peu enfermés dans le dos de la CONNERIE ; ceux qui restaient manquaient de PV, de PP sûrement mais surtout de forces généralement, esquintés comme ils étaient par cette bataille qui semblait être perdue d'avance. Tous se firent attraper les uns après les autres, et plus aucun n'était assez apte à s'enfuir, s'écroulant après avoir plané sur quelques mètres. Il ne restait plus qu'une demi-dizaine de Pokémon, dont Opéa et Ryxa, sans compter Fire et ma personne, qui commençaient sérieusement à s'essouffler. On s'attendait donc à se voir attraper par ces griffes d'acier à notre tour, lorsque Jack, voyant que nous opposions tout de même une résistance notable pour avoir tenu bon jusqu'à présent, annonça dramatiquement :

- Je vois qu'on a nos élus pour tester la toute-puissance de ce tout récent mécha à roues ! Donc maintenant, mesdames et messieurs, c'est le temps d'utiliser notre arme secrète, le Super Rayon Piaf Préhistorique !

- Vos chers camarades vont nous prêter un peu de leur grosses stats ! beugla l'autre, assénant un gros coup de poing sur le tableau de bord.

La soute depuis laquelle s'échappait des hurlements de Pokémon se mit alors à reluire ; des étincelles crépitèrent à sa surface, et un énième bras articulé, lui dix fois plus gros que les précédents, sortit terriblement des entrailles du monstre de fer devant lequel nous étions tous à moitié K.O.. Le bout de cette nouvelle chose grinçante se terminant par un orifice, il ne nous fallut pas longtemps pour se rendre compte qu'on allait se recevoir un truc qui ne chatouille pas de ce canon démesuré.

- REGARDEZ COMME VOUS ÊTES PUISSANTS, POKEMON ! hurla Bill. SUPER RAYON PIAF PRÉHISTORIQUE, MAINTENANT !

Le canon scintilla, et je n'eus pas plus de temps pour me décrire l'arme dantesque qu'ils firent feu. Un éblouissant éclat de lumière fut balancé dans un explosif boucan assourdissant, et le Dracaufeu et moi n'eurent même pas le temps de se bouger. Je fermais les yeux, avant d'entendre hurler, et d'être puissamment projeté par le souffle du choc. Lorsque je me remis sur mes pattes et que j'osai ouvrir les yeux, je constatai trois Aéroptéryx, deux Arkéapti, Opéa, et Ryxa, étendus sur le sol, s'étant jeté devant nous pour se prendre l'attaque.

- OPÉA !

J'eus à peine hurlé son nom qu'ils se firent tous happés par les membres solides du camion de malade que les tarés conduisaient. Aussitôt envoyés rejoindre tous les autres, Flamme et moi nous retrouvions seuls face à l'envahisseur. Le Dracaufeu ne pouvait presque plus cracher le feu, et ayant presque tout donné niveau Colère, et l'Aéroptéryx que j'étais recommençait à perdre des plumes de fatigue, de stress et d'épuisement. Nous étions cernés face aux abrutis.

- AH HA ! ENFIN ! ON VA POUVOIR EN FINIR AVEC VOUS ! Jack !

- Bill !

Ils inspirèrent, puis crièrent, heureux de leur coup, gros bras sorti et CONNERIE reluisante :

- SUPER RAYON PIAF PRÉHISTORIQUE !

Les deux membres d'équipe de secours que nous étions n'eurent pas d'autre idée que de se jeter dans les pattes l'un de l'autre, voulant se protéger du danger imminent l'un l'autre, alors que, dans les cris de douleur des Pokémon emprisonnés, le canon de leur mécha poids lourd fit feu, soulevant les tonnes de blindage en arrière sous l'impulsion de l'aveuglant tir dantesque.


Boum.


La stridente sonorité du Super Rayon Piaf Préhistorique et sa force lumineuse déflagrait toujours, et mon compagnon et moi étions devenus les spectateurs illuminés d'un surprenant choc des titans d'acier trempé. En effet, ayant apparu soudain héroïquement, venu pour remporter la victoire, un Pokémon au véritable bouclier crânien s'était mis en tête de nous défendre de tout son possible. Malgré la vive lueur qui émanait de la confrontation entre la CONNERIE et Bouclier, je voulus pleurer de joie en reconnaissant mon brave Pokémon, qui avait fait une entrée totalement inespérée.

- BASTIODON ! piaillai-je. DÉFONCE-LES, MON AMI !

Fire et moi le vîmes grogner d'approbation ; tout son corps brillait d'une aura argentée, et il tenait, dans sa gueule grande ouverte, une boule d'énergie blanc d'albâtre, qui absorbait l'intégralité du laser qui était vomi par le mécha ennemi. On discerna dans le brouhaha Jack et Bill jurer contre le retournement de situation, avant que leur arme secrète s'épuise et estompe son attaque, ayant épuisé toutes les réserves d'énergie capturée. Les spectateurs et membres des W.T.F. que nous étions rugîmes de bonheur, et Bastiodon balança la sauce. Il tira la sphère fulminante que constituait l'attaque Fulmifer, devenue aussi imposante que la CONNERIE d'en face à force d'encaisser le Super Rayon, et frappa en plein pare-brise des abrutis ; il en résulta une destruction totale des trois-quarts de leur engin, qui vola en mille morceaux, libérant au passage la conséquente soute où tous les Pokémon étaient retenus captifs. Tous les Oisancien purent ainsi détaler à l'abri, menés par Keops qui réussit à s'imposer de nouveau rapidement.
Quant à moi, je rejoignis les côtés du fidèle Bastiodon, légèrement épuisé par la dernière attaque spectaculaire ; il voulut m'aider à en finir avec le tracteur routier où paniquait le duo de sbires entre deux vitres, mais je m'avançai si bien décidé qu'il jugea préférable de me laisser régler mes comptes avec ces abrutis. Cette sensation ; je ne voulais pas qu'elle m'échappe. La rage de vouloir les défoncer. Je posai mes ailes sur le sol, j'étais à quatre pattes, stabilité maximale. J'entendis un tintement délicat à mon cou. Je scintillai. J'ouvris la gueule. Je ressentis une incommensurable puissance dans ma trachée... Et je rugis. Il y eut une explosion cataclysmique, me repoussant puissamment en arrière, moi et mon corps fermement planté sur ses griffes. J'envoyai ainsi une gargantuesque tornade flamboyante en pleine Team antagoniste qui pleuraient leur maman, et je les explosai à nouveau. Je réduisis à néant ce qu'il restait de leur CONNERIE et ils s'envolèrent vers d'autres cieux, avec toute une rangée d'arbres d'or arrachés par le pouvoir de l'attaque.


Je m'écroulai... Avant d'être rattrapé par une bosse dure comme l'acier et rugueuse comme la roche.

- Ho là, Chris ! Vas-y doucement ! T'as vu un peu ce que tu nous as balancé là ? T'es vraiment sérieux ?!

Une masculine voix grave, comme celle d'un vénérable Pokémon, mais avec ce je ne sais quoi de vivace dans le ton qui nous trompait sur son âge, prononça ces mots. Entendre parler Bastiodon ; entendre la voix de son plus cher membre d'équipe... Ca me faisait tellement drôle. Complètement HS, je laissai se dessiner un sourire sur ma gueule presque déboîtée et légèrement ensanglantée par ce que je venais d'émettre. Le silence se refaisait peu à peu, une fois les débris tombés à terre et les nuages enragés de sable retombés à terre. Le groupe d'Oisancien était resté muet devant ma dernière attaque ; Bastiodon me transporta à la rivière, et Fire, après un moment de berlue, nous rejoignit de son pas lourd et rapide :

- Ça c'est du made in Frère Plume ! Tu nous l'as ressorti ! J'y crois pas ! La putain de tornade de la mort ! Celle qui explose des tsunamis et sauve des vies ! Comme à Vaguelone ! Youhou !

Je me sentis tomber le museau le premier dans un frais courant d'eau, puis d'autres ailes que les miennes me savonnèrent vigoureusement avec l'écume du flot. On me ramena sur la rive, toussotant, puis on m'étendit à l'ombre des feuillages ambre, avant de m'éventer, et d'avoir la queue d'un Dracaufeu s'agiter frénétiquement sous le museau ; ensuite on m'apporta des baies, des feuilles humides, de l'eau, du réconfort, des félicitations, des offrandes, tout ça en même temps.

- Réveille-toi, débile ! Tu dois partir de là ! T'as déjà oublié ?! me secouai Opéa.

Je piaillai :

- Daah ! Stop, arrêtez ! Je vais bien, très bien ! Lâchez-moi un peu, laissez-moi respirer !

Bastiodon ordonna qu'on respecte un périmètre autour de "ce Pokémon" et il s'approcha, me servant d'appui pour me remettre sur mes cuisses emplumées encore fébriles.

- Eh ben ! La prochaine fois que tu comptes balancer un Aéroblast, préviens, hé hé !





O_o





- UN... UN... UN AERO...

- Ouais, mon vieux. Un Aéroblast. C'en était bien un, ou je ne viens pas de passer une semaine au QG d'une Team qui se repasse en boucle tous les témoignages concernant chaque légende de chaque région !

Et, à ce moment-là, je me rendis compte d'une chose : la Voix de la Raison n'avait rien relevé depuis le début de cette aventure de fin de journée.

- J'aurais quelque chose à ajouter, peut-être ?

J'en sais rien. Un Aéroblast, ça te concerne légèrement.

- ... Je n'ai rien à en dire. A part bravo, peut-être ? Surprenant.

C'est tout ?!

- Yep.


Bastiodon, Dracaufeu et moi étions tranquillement ramenés par Keops, Opéa et Ryxa vers le chemin que ma rencontre avec la femelle m'avait fait quitter. Et, étrangement, il se trouve que nous enfoncer dans cette forêt et vivre cette fin d'après-midi avec toutes ces emmerdes nous avait fait gagner du temps, puisqu'au loin, nous remarquions tout le reste de la troupe que nous avions laissé en début d'épisode arriver, nous rejoignant en courant.

- C'est normal ! Le chemin que vous suiviez contournait simplement la forêt. La traversée est beaucoup plus court en fait ! m'apprit tout simplement le chef de famille aux plumes bien fournies.

Nous nous arrêtâmes tous les six au milieux du chemin, vite rejoints par Zekrom, Goyah, Régis Chen, Shaymin, Drak et Lugia l'invisible, qui s'arrêtèrent un peu plus loin, voyant que ce groupe de Pokémon ailés accompagnés d'un revenant en était au moment des adieux, devant le coucher de soleil, qui commençait à se confondre avec le feuillage de la flore du nord de Johto.

- Bon... Et bien c'est là qu'on se quitte !

- Ouais. C'est pas trop tôt, si tu veux mon avis ! souffla Opéa.

Je restai coi d'incompréhension devant cette femelle, et Keops éclata de rire :

- Hahaha ! Si t'en avais vraiment marre de lui, pourquoi nous as-tu accompagnés ?

Il me sembla voir aussitôt l'Aéroptéryx concernée rougir, avant de me tourner rapidement le dos :

- Hooo ! Zut à la fin ! Qu'on les laisse vite fait, que je n'aie plus affaire à ce boulet !

Ryxa, qui trottait de son pas de mignonne petite Arkéapti, vint me dire au revoir de son propre chef, me faisant un grand sourire et coucou avec ses deux ailes. Je lui rendis son sourire, utilisant ma queue écailleuse et son plumeau à l'extrémité pour lui caresser le bec et l'amuser une dernière fois. Sa mère lui demanda de revenir, ce qu'elle fit docilement. Puis après quelques poignées de pattes avec Fire, salutations amicales avec Bastiodon et des remerciements, le trio d'Oisancien s'en retourna vers la forêt, nous souhaitant bon vent.

- ET T'AS INTÉRÊT A PLUS REVENIR ! piailla une femelle d'un cri enroué par un ineffable sentiment, s'en retournant à son nid.


- Alors alors alors ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- C'est compliqué, et ça me saoulerait de tout expliquer, répondis-je en haussant les ailes.

- Mais j'en ai besoin pour mes recherches ! insista Blue - enfin, Régis -, avec son carnet dans une main et son crayon dans l'autre. Allez, s't'eu plaît ! Il va faire méga tard, et si tu veux pas me dire où se trouve leurs nids, je vais revenir comme un gland au laboratoire sans rien ! Il en va de la survie de...

Alors que Goyah soufflait à Fire et sa Carte Miracle entre les pattes qu'il espérait que Régis ne reste pas longtemps avec nous et que Zek', Shaymin et Drak récupéraient le temps perdu avec Bastiodon plus à l'arrière, je rétorquai, la face ombragée par la silhouette du versant gauche de la forêt que nous traversions :

- Qu'est-ce tu veux que j'te dise ?! Ils vivent en paix, ils manquent de rien, la saison des amours a été fructueuse, leurs naissances ont été précipitées suite aux dérèglements globaux récents, mais leurs petits vont tous très bien...

- Attends, attends ! Va pas trop vite ! bafouilla le jeune scientifique, griffonnant à toute allure. T'aurais une idée du nombre d'individus ? Et du nombre de leurs petits cette année ? Y avait des Pokémon Chromatiques dans le groupe ? Pas même un avec le Pokérus ?

- Raaah, j'en sais rien, moi ! Ils vivent, c'est tout ! Ils étaient une bonne cinquantaine, voire plus, je sais pas, j'les ai pas comptés ! Ils étaient assez important pour que des mercenaires s'y intéressent, comme je vous l'ai dit !

Il était vraiment collant, le new-Gary Motherfucking Oak. Tout ce que je voulais, c'est que cette journée se finisse, moi.

- Hmmmm, intéressant, intéressant... HE, UNE MINUTE ! s'exclama-t-il soudain. T'as pas fricoté avec la femelle, au moins ?

- ... Pourquoi cette question ?

- Faudrait pas troubler leur équilibre génétique si possible.

- JE FAIS CE QUE JE VEUX DE MES GÈNES, PAR ARCEUS !

- Okay ! Je prends ça pour un non ! C'est pas grand-chose niveau infos, mais merciii ! Savoir qu'ils sont tous en bonne santé rassurera déjà l'équipe du labo.

Il rangea alors son carnet dans sa sacoche, siffla entre ses doigts, puis sa Chavrelot rouge cinglant pétarada à l'horizon, avant de débouler en crissant des pneus et d'être autant remplie de minettes qu'à l'aller.

- Sur ce ! enchaîna-t-il tout naturellement devant nos mines qui avaient du mal à concrétiser un départ aussi précipité, il est temps pour moi d'y retourner ! Les interviews, tout ça... Ha ha !

Le Maître de la Ligue d'Unys se précipita, chevelure au vent :

- Ah, Régis ! Parfait dans ce cas ! Bien l'au revoir, et salutations à ton père ! Je penserai à lui quand je ferai de la bicyclette dans le prochain Centre Pokémon !

- Comptez sur moi pour lui dire ! Tenez, pour ce soir, s'arrêta-t-il un instant en allant chercher dans le coffre de sa voiture, avant de revenir avec des sacs pleins de vivres. Vous devez mourir de faim avec tout ce que tu m'as raconté ! Donc allez-y, baffrez-vous en mon honneur, huhu !

Goyah acquiesça sympathiquement, acceptant avec joie la marchandise. Régis n'eut pas d'autres au revoir significatifs, vu que tout le reste lui faisait la gueule. Il se barra de toute façon plutôt vite fait, histoire de ne pas avoir affaire à un Dracaufeu qui voudrait lui sauter à la gorge une fois de plus, et nous l'entendîmes klaxonner à l'horizon, dans un nuage de fumée, retournant vers la civilisation, complètement à l'opposé de notre direction.

- Pfiou ! J'sais pas vous, mais moi, ça me soulage grave de plus l'avoir dans les pattes ! soupira Shaymin en frémissant de sa touffe d'herbe. C'est dingue comme je ne peux plus le voir en peinture !

- Dois-je rappeler que ce n'est plus le même, une fois de plus ? demanda Plongeon, fatigué que l'on ne s'y fasse pas. Allez, je suppose que non, vu les museaux que vous tirez.

Le Drakkarmin du groupe souleva alors une question que j'aurais fini par poser, se tournant vers Bastiodon :

- Vu qu'on n'arrête pas de dire adieu pendant cette heure... Tu comptes bien rester avec nous, toi, n'est-ce pas ?

- Hé ho, gamin ! Tu crois quand même pas que je vais faire demi-tour et aller planquer mon bastion alors que Chris est parti sauver le monde ?!

Le Dragon céruléen aux pointes carmin se gratta le crâne, gêné :

- Ah, heu, hé bien non, en effet, non, c'était idiot comme question.

- Content de te revoir parmi nous, dans ce cas ! sourit gaiement Noir Idéal, donnant une tape franche sur le dos de Bouclier. Ca remettra de l'aplomb dans le coeur de ce cher Chris !

Je répliquai, tournant le bec vers le groupe, sans nous arrêter pour autant de marcher :

- Hey ! J'ai pas besoin de plomb... Heu, d'aplomb dans le coeur ! Je vais très bien !

Je les entendis chuchoter à propos de la femelle Aéroptéryx, et Goyah plaisanter, se frottant son menton carré :

- J'y pense, c'est vrai que c'était une femelle, celle avec qui t'es revenu ! T'as ressenti quoi ? Attiré ? Même si t'es un humain, au fond, mais un Pokémon, à l'extérieur ? Est-ce qu'on peut parler de relations outrageantes, dans ce cas ? Haha !

- AH, LÂCHEZ-MOI LES PLUMES, VOULEZ-VOUS ?! J'aimerais profiter de cette belle journée où nous avons réussi tout ce que nous avons entrepris depuis ce matin, donc laissez-moi un peu respirer le soir d'été et la satisfaction d'une conscience un peu reposée !

Je les entendis s'excuser platement pour certains, d'autres en gardant une once d'esprit railleur, et une en continuant à remettre la situation sur le tapis ; moi, de mon côté, j'étais déjà assez tiraillé entre la situation d'humain-Pokémon, de Poké-humain, d'humain ou de Pokémon, allez savoir, qui m'habitait.


Le calme paisible d'une forêt chatoyante. Bon, le grand avantage de notre groupe maintenant, c'est que Bastiodon était là. En plus de combler un certain vide (Zekrom n'avait pas tout à fait tort, en effet (c'est bon, arrêtez de me regarder comme ça, je vous dis)), il avait cette présence dans le groupe à vouloir que tout se passe toujours bien, et ainsi à participer à tout et n'importe quoi pour le bien de tous et de chacun. Il s'était donc mis en tête de nous trouver un endroit sympa pour passer la nuit qui s'amenait peu à peu, et nous emmenait désormais à travers les arbres et buissons, nous promettant qu'en venant par ici, il avait fait une halte dans un endroit buccolique, en reprenant ses mots.

- Au moins, ce coin de Johto est vachement joli ! s'émerveillait Minshya la Rebelle. J'adore la couleur des arbres !

- On se croirait dans les salles aux trésors de Donjons ! s'extasia Fire.

Zekrom complimenta, enjambant les troncs cassés, faisant s'envoler des nuées de Coxy :

- Je féliciterai le responsable de cette beauté naturelle à la prochaine réunion, pour sûr !

- Regardez, c'est par là ! nous annonça Bastiodon, qui avait pris la tête du groupe.

Nous le suivîmes en hâtant un peu le pas, et débouchâmes alors sur un grand lac, en pleines terres. La rivière que j'avais croisée le reste de l'après-midi prenait sa source ici ; nous avions donc en panorama une magnifique étendue d'eau claire au beau milieu de ce sylvestre paysage éternellement automnal. On ne pouvait pas faire une vision plus rafraîchissante pour cette journée torride (le courant d'air frais n'ayant pas persisté) ; surtout vu la journée qu'on venait de se farcir, et les réflexions discutables sur les odeurs. Et puis on avait soif aussi. Et puis juste se détendre un peu, quoi !

- Même s'il nous reste ce soir et deux jours ? résonna ma Voix de la Raison.

Roh, on va tout de même pas se fier H24 à une prévision médicale du premier Nanméouïe venu !

- ... Mais c'est ce que tu fais tout le temps.

Roh, zut à la fin !

- Tiens, je propose qu'on se jette tous dans le lac tel des amis ! enchaînai-je, voyant que tout le monde restait planté là en attendant que le scénario avance. Comme dans les films Pokéwoodiens ! Et ça fera du bien à pas mal d'entre nous ! Et je parle surtout d'un certain Plongeon !

- NAN ! C'EST FAUX ! J'EN N'AI PAS BESOIN !



[...]



- MAIS RETENEZ-MOI, BON SANG !

Shaymin se mit alors à fuser, détalant sur ses petites pattes blanches, vers l'étendue d'eau, en criant à tue-tête :

- LE DERNIER A L'EAU MANGE DES GRACIDEES PAR LA RACINE ! COMME ZEKROM D'AILLEURS !

Et ce fut epic. Tout le monde se rua vers les berges, seul Goyah lançant son poncho dans les airs, hurlant comme un gamin, comme tout le monde. Zekrom s'envola sur-le-champ, sourire en coin, voulant rendre la monnaie de sa pièce à Minshya ; Drak prit un grand élan, avant de piétiner, bondir, et de planer à la suite du grand bestiau de jais, bien décidé à arriver premier ; Fire, gai comme jamais, encourageait frénétiquement les deux dragons, plaisantant sur ce qui allait leur arriver sinon ; quant à Bastiodon, fier de son idée, il prit part à la course dans un esprit bon enfant, sachant qu'au moins, lui, il n'aurait pas de problème pour manger des plantes.
Détaler sur la terre, courir dans l'herbe, puis sentir ses serres s'enfoncer dans le sable humide du rivage, avant de bondir, en rugissant de joie !
Avoir la bombe surprise de Lugia qu'on n'avait certainement pas oublié, et le revoir ressortir visible et trempé, pouvoir ainsi contempler à nouveau la chance d'avoir un Légendaire aussi impressionnant avec nous, et qui retrouve le sourire qui plus est ; Shaymin qui se la joue en se faufilant dans le dos de chacun pour leur balancer une gerbe d'eau claire ; Zek' qui électrise un peu la situation avec un petit coup d'jus dans l'eau histoire de pouvoir gagner à tous les coups ; Drak qui se planque derrière les rochers pour nous prendre par surprise...

- Heeey ! T'as pas le droit de faire ça, toi ! Attends que je te choppe, tu vas voir !

- Zekrom n'a jamais pu tirer un coup avec Latias, en fait ! Hihihi !

- HEY ! J'T'AI DEMANDÉ QUELQUE CHOSE, A TOI ?! Tu vas moins faire la maligne quand je t'aurais noyé sous dix mètres de fond !

- Faut dire que ce bain me rappelle en tout point l'Océan ! Quelle joie, Arceus, quelle j-

*zplarf*

- Ah ha ! En plein bec !

- Woho ! Tu crois pouvoir rivaliser avec le Gardien des Spet Mers dans son propre terrain de jeu, peut-être ? Tu te fous la griffe dans l'oe-

*ZPLARF*

- And one again, héhé !

- HYDROCANON DANS TA FACE !

*ZPLAARFF*

- Hey ! On avait dit pas la queue !

- J'm'en branle, héhé !

- Toi tu vas tellement morfler que même ta mère te prendra pour un Tadmorv !

- Shaymin ! Regarde où tu mets tes Vampigraines !

*SPLASH*

- Sinon j'peux toujours venir la calmer d'un petit Lance-Flamme !

- TU T'APPROCHES ET TU VAS VOIR LA VIE EN TOI S'ETEINDRE A PETIT FEU !

*SFROUSH*

- En plein dans la touffe, héhé !

- TU VAS ME LE PAYER ! ...Hihihi !

- Zek' ! Fais gaffe à ta queue !

- Huhu, c'était fait exprès !

- Ah ouais ? Bah tu vas voir, tiens !

Et ainsi de suite, entre les éclats de rire de l'homme nous accompagnant, simplement heureux de passer du temps avec des Pokémon, et ceux de Bastiodon, reposé contre un arbre, qui se réjouissait de voir le bonheur qui habitait tout cette petite famille.


La baignade finie, tout le monde séché et le soleil déjà couché, la nuit couvrait peu à peu le campement dressé. Fire s'était volontiers porté volontaire pour s'occuper du feu, vu que c'était, je cite, "son domaine de mettre le feu" ; et, avec la nourriture fournie par Gary Motherfucking Oak "gentil", pas la peine de chercher de quoi chasser. Bon, Lugia a tout de même dû s'occuper de son cas, vu qu'il mangeait une part de roi ; mais, une fois sa petite chasse/plongeon terminé, il nous revint aussi frais qu'un Remoraid. Tout le monde ayant pris sa place autour du feu qui servait plus de lumière qu'à se réchauffer vu la température de cette nuit d'été, et tout le monde ayant mangé un morceau dans la joie et la bonne humeur, c'état le moment de s'essuyer la gueule, se retirer les bouts de nourriture entre les crocs et de trouver une position confortable histoire de papoter avant de ronfler. C'est à ce moment là que Goyah, assis en tailleur, déclama de sa forte voix :

- Alors alors alors ! Si vous le voulez bien, j'aimerais que quelques questions obtiennent quelques éclaircissements !

Nous nous tûmes tous, et tournâmes le regard vers l'homme du groupe, qui avait levé les bras au ciel pour faire un effet dramatique :

- Bon ! Déjà, vous êtes tous au courant que le monde va mal !

- Êtes-vous obligé de casser l'ambiance en nous ramenant à la réalité ? remarqua Lugia en le prenant naturellement de haut.

Zekrom se pencha vers moi :

- Reshiram l'aurait mal pris.

- Faut dire que la Réalité c'est souvent pas le pied.

- Heureusement il est toujours dans son galet.

- Dire que j'ai essayé de le réveiller ce matin au p'tit dej.

- On l'a échappé belle.

- HEHO, SI JE VOUS EMMERDE, VOUS LE DITES ?! s'écria Goyah, voulant montrer qu'on devait un peu s'y remettre. Bien. Je sais que c'est pas forcément ce qu'il y a de plus jouissif, mais rappeler tous ces désordres, aussi bien climatiques que vitaux, sans compter l'omniprésence de la même Team, quelque soit la région, quelque soit l'endroit, ne devrait pas nous rassurer. On a sans doute trois Légendaires de légende avec nous-

- ET MOI JE COMPTE POUR DU BEURRE ? protesta Gratitude, se redressant soudain avec son ton aigu.

- ...Quatre légendaires avec nous, mais j'vous signale que deux ont disparu, un a été capturé, et un autre assassiné. Autant vous le dire tout de suite : je pense bien que les deux disparus ont été capturés. De plus, demain matin, il reste 2 jours à Chris, et je suppose pas beaucoup plus pour nous, alors...

Bastiodon se permit d'interrompre la conversation à ce moment, la face éclairée par les reflets des flammes du feu de camp :

- Hem... Excusez-moi, mais... Pourquoi deux jours à Chris ? Et pas à tout le monde ?

Moment d'incompréhension.

- Et puis... enchaîna-t-il. Si vous parlez de Kyogre et Groudon, ils sont bien entre leurs mains, en effet.

- PARDON.

Bouclier parut perplexe et gêné :

- Eh bien, oui... Vous le saviez que ce sont eux qui détiennent le créateur des mers et le créateur des continents suivant la mythologie de Hoenn, non ?

Okay. Génial.

- Tu viens de nous l'apprendre, soupira Drak. Comment t'as eu ces infos ?

- Eh bien, lorsqu'on est emprisonné durant une semaine au QG-même, on entend et apprend un certain nombre de choses... expliqua le Pokémon. Vous deviez être dans le même cas que moi, Shaymin et toi, non ?

La Gratitude ne fit une nouvelle fois pas gloire à son nom d'espèce, et ne manqua pas de pointer sa touffe à ce moment :

- Faut croire qu'on avait une cellule toute moisie, alors... T'as pu entendre d'autres infos à leur sujet ?

Bastiodon se racla la gorge, avant de nous raconter :

- Par où commencer ? Ils font des recherches sur toutes les légendes à portée. Ils veulent des Pokémon puissants pour bâtir une armée, et n'importe quel Pokémon Feu pour s'alimenter en énergie. Ils font tourner une formidable usine là-dedans ; et en plus, depuis l'arrivée en masse de nouveaux sbires, ils doivent redoubler encore plus d'efforts.

- Une arrivée en masse ?

- Ouaip. Je sais pas trop comment, mais des millions de personnes les ont rejoint en deux jours. C'était l'euphorie.

Tout le monde faillit s'étrangler.

- DES MILLIONS ?

- Oui... Presque une région entière, quoi.

...Wait a minute. Une région entière ?

- Ils... Ils auraient pas détruits Hoenn pour ça ?! s'envenima le Maître des Abysses.

- Détruire une région pour la recruter entièrement dans ses rangs... Faudrait vraiment être taré.

- J'en sais vraiment pas plus là-dessus, s'excusa le Pokémon qui était revenu des rangs ennemis. Voyons... Je sais donc aussi qu'ils s'apprêtent à frapper "un grand coup" dans deux jours, justement. Après, quoi en particulier...

Je traduisis pour Goyah, et il rejoignit les autres dans leur silence. Donc ce décompte quotidien des jours restants était vraiment important, en fait. Bon. Au moins, ma situation de Pokémon pressé se globalisait au groupe entier ; qui, pour le coup, restait muet comme un banc de Magicarpe.

- Comment t'as réussi à sortir, au final ? demanda judicieusement Caverne. Parce que nous, Chris est un peu arrivé comme ça, sans plus d'explications...

- C'est ma Voix de la Rais- heu, Lugia qui m'a guidé ! me défendis-je.

Le sang bleu de l'imposant Oiseau ne fit qu'un tour :

- Je n'ai pas à m'expliquer sur le sujet, d'accord ? Vous vouliez de l'aide ? Je vous en donne, voilà !

- D'ailleurs, comment t'expliques la super tornade de la mort de Frère Plume ? questionna Fire, qui brandissait l'encyclopédie électronique hors de son Sac à Trésors. Cet "Aéroblast", t'es le seul qui est censé le maîtriser dans tout le règne Pokémon, si j'en crois le Pokédex.

La Voix de la Raison, l'aide impromptue de cette dernière, le Glas Tempête qui m'est remis, notre sauvetage par Lugia, le fait que je puisse utiliser Aéroblast...

- C'est vrai que ça fait beaucoup de liens entre nous, remarquai-je à mi-voix, pensif.

Le Légendaire en question monta aussitôt sur ses grands Galopa :

- HO, MERDE, A LA FIN ! PUISQUE JE VOUS DIS QUE JE NE SAIS RIEN ! ET PUIS, SI VOUS NE VOULEZ POINT DE MON AIDE, JE N'AI QU'A ME BARRER, VOILA !

- Mais non ! le retins-je en secouant les ailes. Reste ! Bien sûr, tout ça nous dépasse un peu, on se pose des questions ; mais on t'aime, Lugia !

- Enfin, ce qu'il veut dire, me reprit Drak, c'est qu'on te remercie chaleureusement pour toute l'aide que tu nous apportes ; on est juste en train de se poser des questions, de chercher des pistes, vu que beaucoup de choses sont floues pour nous pour le moment...

- Grmpf, bouda le Gardien des Abysses. Vous devez savoir que si je vous cachais quelque chose, je me serai empressé de vous le dévoiler dès notre première rencontre. On oeuvre tous ensemble pour le bien de ce monde, nom d'un Snubull.

Il avait l'air vexé tout de même.

- Bien sûr que je le suis, Nanab. Sur ce, je vais aller me coucher ; je suivrai la conversation via l'esprit de Chris, si ça me chante.

Il alla s'allonger dans un coin, de toute sa magnificence ivoire, replia ses plaques dorsales, se recroquevilla de manière à pointer sa queue vers son bec, et déclama :

- Bonne nuit le monde. Je dois récupérer de ma blessure par balles, pour rappel.

Puis il se tut. Ca avait jeté comme un froid, malgré la chaleur lourde qui s'apesantait dans l'atmosphère nuitée.

- Pour en revenir au comment je me suis retrouvé là... reprit mon ancien Pokémon, attirant de nouveau l'attention de ce côté-ci du groupe. Il se trouve qu'un Pokémon Ranger est responsable.

Hein ? Un Pokémon Ranger ? Dans tout ce foutoir ?

- Qu'est-ce que c'est exactement, cette chose ? demanda le Dracaufeu.

Je traduisis l'annonce au Maître de la Ligue d'Unys qui essayait de suivre malgré tout cette converstaion pokémonesque, et il s'exclama :

- Ah ! Je veux bien expliquer, oui ! C'est ; comment dire... ? Un humain qui défend la nature et les Pokémon. Les Pokémon Ranger sont un peu l'escouade de défense des intérêts pokémonesque du côté des humains, et dévouent leur vie à leur défense et à leur protection, respectant l'harmonie qui officie les relations humains/Pokémon. Ils se servent pour cela d'un Capstick, une sorte de toupie téléguidée qui transmet les sentiments du Ranger à un Pokémon ; le Pokémon en question pourra alors momentanément venir en aide au Ranger, avant que celui-ci ne le relâche dans son environnement d'origine. Le lien créé est moultes fois moins puissant que lors d'une capture par Ball ; le lien créé via le Capstick est uniquement une manière de transmettre efficacement et rapidement ses intentions au Pokémon en question, voire de le calmer.

Après ce rapide point culture, il reprit :

- Et donc tu aurais été sauvé par un Pokémon Ranger ?

- Absolument. Ce dernier a déboulé sans crier gare, et, à l'aide de son Etouraptor, s'est arrangé pour ouvrir nos cages et nous libérer, dans la panique qu'il semât au Quartier Général.

Je réagis aussitôt à l'entente des pronoms utilisés :

- ATTENDS. "Nous" ? Tu veux dire que...

Bastiodon se voulut rassurant, et fit un léger sourire :

- Je veux dire que, dans l'obscurité de leur tanière électronique, je n'étais pas seul dans mon désespoir. Lançargot et Crocrodil étaient enfermés avec moi ; quant à Noctunoir, il était enfermé dans une prison spéciale, dû à son type Spectre et donc à sa capacité de passe-muraille. Nous étions enfermés dans une grand chambre glauque ; des ordinateurs clignotaient sur tous les murs, et au centre de la salle trônait un bureau en foutoir, couvert de fioles étranges, de choses inertes flottant dans du formol et de livres ouverts poussiéreux. Le Scientifique qui nous avait en charge voulait tout d'abord étudier Noctunoir et sa capacité à "Revenir", si vous voyez ce que je veux dire...

- Ce Noctunoir maîtrise l'attaque Revenant, complétai-je à l'attention de Goyah, auquel je continuais la traduction phrase après phrase.

- Et nous gardait pour plus tard, poursuivit Bastiodon. Lançargot, Crocrodil et moi avions été "sélectionnés" pour être les plus aptes à passer à la mode.

- La "mode" ? demanda Zekrom, portant une de ses pattes avant à sa gueule. C'est débile.

Non. J'avais déjà entendu cela... Dans l'enregistrement de Genesect, lorsqu'on était dans la forêt des Polagriffe... Ils disaient que Paléozoïque n'était pas... Compatible avec la mode, ou quelque chose comme ça ? Cela m'avait d'ailleurs intrigué sur le moment...

- Non, la MODE et un sigle, vu comment ils l'écrivent à la craie sur leur grand tableau noir à la craie. Quant à savoir ce qu'il signifie... Je suppose que ce doit être une invention obscure et dont il faut drôlement se méfier. Selon eux, c'est ce qui leur offrira le monde ; c'est le centre de leur projet, ils ne vivent que pour ça.

Ouah. On était donc censé combattre... la MODE ? Mouais. Ça sonnait pas vraiment bien, m'enfin. Bouclier reprit son récit :

- Donc, ce Pokémon Ranger est arrivé soudain, déclenchant l'alerte générale dans leurs locaux. Néanmoins, Walker - puisque c'est le nom de ce Pokémon Ranger, vu comme Purple Eye gueulait son nom dans les hauts-parleurs - a réussi à nous libérer tous les quatre. Pour ma part, j'insistai pour aller sauver les autres, sachant pertinemment où trouver Noctali, Vaututrice et Charkos ; mais le Pokémon Ranger nous ordonna de décamper sur-le-champ, et qu'au point de gravité où nous en étions en ce qui concerne l'intrusion, rester plus longtemps dans les couloirs de l'organisation était trop dangereux. Walker quémanda de l'aide pour pouvoir sortir et couvrir la fuite-sauvetage du Victini de Purple Eye qui était la cible première de sa mission, mais qui n'y arriverait pas tout seul. Lançargot décida qu'un seul d'entre nous devait l'accompagner, sous risque de se refaire capturer si l'on y allait en trop grand nombre ; Noctunoir acquiesça, mais, en bon MOCLASM, me soutint dans l'idée de ne pas abandonner ceux qui restaient. Il décida de prendre Crocrodil son son égide et de promettre de revenir quand ils se seront préparés. Quant à moi, je certifiai que j'avais assez de panache pour m'en sortir seul, et me mis en tête de te retrouver, Chris, pour te rejoindre le plus vite possible... Et t'apporter ces infos.

Un silence, histoire de digérer tout cela, de remettre les pièces du puzzle en place, et de préciser quelques infos à l'attention du Maître de la Ligue d'Unys. Puis je contai à mon tour, plongé dans mes souvenirs :

- Quand nous étions arrivés à Oliville... Je me souviens parfaitement... Lors de cet incendie sur la place du marché, incendie causé par Victini, j'avais été sauvé par Lançargot, j'en suis certain. Et l'Etouraptor que j'avais aperçu... Ce devait être ce fameux Walker !

- Mais pourquoi Lançargot est resté avec Walker après leur fuite du QG dans ce cas ? Ou pourquoi est-ce qu'il ne nous a pas rejoint à cet instant ? remarqua Shaymin. Il est gonflé de t'avoir sauvé et de s'être barré fissa, sans même nous rassurer sur la situation des autres...

- Tu sais Shaymin, c'est un Pokémon plutôt réservée, le défendit Bastiodon. On en apprend des choses lorsqu'on passe plusieurs jours enfermé avec les mêmes personnes.

Ah ?

- Bref, il se trouve que lors de la panique générale, je me suis un peu perdu dans le dédale de couloirs... poursuivit le jeune Pokémon vénérable, un peu honteux. Et puis ça faisait longtemps que je n'avais rien mangé de consistant, donc la tête qui tournait, ça n'aidait pas... J'ai tout de même réussi à passer furtivement la journée, puis le lendemain, alors que j'entendais parler de tous ces nouveaux sbires qui arrivaient, j'ouïs l'arrivée de Chris dans leurs prisons. Je me démenais comme un dingue pour te retrouver, mais il se trouve que tu as réagis plus rapidement, déclenchant l'alarme. Toi, le Dracaufeu, Shaymin et Drak vous enfuyèrent, si j'en crois les indications lancées via le système d'alerte, et, alors que j'accourais pour vous retrouver malgré tout, je fus soudain soulevé dans les airs, et téléporté. Je suis retombé ici, en pleine forêt. Puis on s'est croisés alors que vous étiez en danger de mort, comme tu le sais. Voilà.

Hmmm, intéressant. Alors comme ça Rayquaza s'était également chargé du téléport de Bastiodon ? Puisqu'à première vue, il l'avait été en même temps que nous... Puis on s'est retrouvé ainsi, par pur hasard... Ou chance... Par un coup du Destin.

- Ce que tu dis là nous est vachement utile, annonça Zekrom après un moment de réflexion.

- Ah oui ? Tant mieux, dans ce cas ! sourit Bastiodon, qui partait se désaltérer après ce speech.

- Oui, beaucoup, poursuivit Noir Idéal dans une réflexion que je ne lui connaissais pas souvent. Je ne sais pas si vous le savez, mais dans une téléportation précipitée, sauf distortion spatio-temporelle, on ne se pose pas la question de corriger ou non les distances entre les membres du groupe téléporté. Ce qui explique que, malgré le fait que vous avez tous été téléportés au même instant, vous ne vous êtes pas retrouvés à l'arrivée ; mais aux mêmes distances les uns des autres, vos distances initiales.

- Hé ! Mais attends... Ca veut dire que Bastiodon était vachement, vachement loin de nous, si on nous a téléporté au-dessus de la Faille Argent ! s'exclama Fire, Carte Miracle à l'appui.

Il nous présenta la Carte en question, et pointa d'une griffe le trajet :

- Regardez, si le Donjon près duquel loge Lugia est là... Y a genre tout ça de distance entre nous et lui au moment du téléport !

- Ce qui montre que Bastiodon n'était pas prêt de retrouver Chris et les autres dans le QG, renchérit Zekrom. Et ce qui montre aussi... La taille conséquente qu'occupe ce fameux Quartier Général des abrutis.

Par Arceus. C'était vrai. Si la téléportation fonctionnait effectivement ainsi... Alors leur QG s'étendait au moins sur l'équivalent de la moitié d'une région !

- Ou alors ce sont deux bâtiments disctincts ; mais, vu le nombre de "sbires" qu'ils ont récemment recrutés, j'ai bien peur que ce ne soit qu'un seul et unique bâtiment... Ou du moins, contrée de ciment, vu la taille.

Silence de nouveau. On déglutissait. Comme Bastiodon avait apparemment fini ; Shaymin alla se coucher, car n'en pouvait plus. Drak, qui commençait à somnoler, se mit en position, et nous supplia de ne pas nous inquiéter s'il ne répondait plus à un instant, cela signifierait seulement qu'il s'était endormi. Le Dracaufeu, lui avait encore une question qui lui tenait à coeur :

- Bastiodon...

- Hm ? fit le Pokémon naturellement barricadé, tournant son regard et ses épaisses paupières vers Flamme.

- Est-ce que, par hasard, t'aurais entendu parler d'un Fragilady ou d'un Polarhume, au même moment que l'arrivée de Chris ?

Bonne question. Lilas et Bisou. C'est vrai qu'on n'avait pas de nouvelles d'eux... Bastiodon songea un instant en regardant l'océan d'étoiles, puis se prononça, ouvrant sa gueule d'où d'épais crocs dépassaient :

- Maintenant que tu le dis... Je crois bien, oui.

- SÉRIEUX ?! ALORS ALORS ALORS ? OU SONT-ILS ? ILS VONT BIEN ?

Le Dracaufeu, animé par un vivace espoir, avait limite bondi sur mon Pokémon, qui était pris au dépourvu :

- Hé ho, doucement ! Je... Heu... Il me semble en avoir entendu parlé, c'est tout... Hm... Heu... Je crois que c'est Purple Eye qui en avait la charge... Après, ce qu'il en a fait, de ces Pokémon... Erm... J'en sais rien...

- Rah ! Toujours ce foutu gars tout en violet ! râla Fire, serrant la patte de colère. Qu'est-ce qu'ils ont, vos humains débiles, à la fin ?! Y en n'a ptêt pas assez des Pokémon qui foutent la merde d'eux-mêmes ?! FAUT QU'EN PLUS EUX SE RAMÈNENT ET FASSENT CHIER LE MONDE ?!

Zekrom retint le Dracaufeu de partir dans une autre Colère incontrôlée, mettant ses grandes pattes sur les épaules du Pokémon Feu/Vol, et le calmant amicalement. Une fois que j'eus tout décrit de cette inattendue véhémence pour le Maître de Ligue qui nous accompagnait, ce dernier s'étonna :

- Hein ? Comment ça ; il veut dire que des Pokémon se mettent eux-mêmes dans de tels conflits ?

- Pour sûr ! Tu crois qu'on en arrive comment à former des équipes de SECOURS ? ragea Flamme. Des Pokémon en danger, des Pokémon hors-la-loi, le monde à sauver parce qu'une météorite approche ou que la Paralysie de la Planète menace ; tout ça, on n'a pas besoin d'humains pour l'avoir, et eux, ils se ramènent comme ça, en empirant les situations, si ce n'est en en créant des pires... !

Noir Idéal tint alors à intervenir, faisant un lourd pas et levant une griffe :

- Excuse-moi, mais à ce que je sache, ce fut très souvent grâce à l'aide d'un humain que vous vous en êtes sortis... Un humain transformé en Pokémon certes, mais c'est un humain à la base, tout de même.

Je me tus pour le coup, parce que j'étais mal placé pour la ramener. Le Dracaufeu fier de son badge officiel d'explorateur et de secouriste croisa les pattes avant de donner son avis :

- Mouaich. Moi, tout ce que je demande, c'est retrouver ma coéquipière, son Polarhume, et la compagnie très utile de Frère Plume pour aller explorer des Donjons et sauver des Pokémon en détresse, botter les arrières-trains de nos hors-la-loi... Comment au bon vieux temps, avec Lilas. Le mieux, c'est toujours que les Pokémon et humains vivent chacun de notre côté. Les humains sont trop... Différents pour qu'on puisse vivre en paix, à mon avis. Tu crois pas, Frère Plume ?

Moment de gêne. Fire avait en effet momentanèment oublié que j'étais humain. Bon, à la base, je l'étais, et sur l'instant, non, mais... Rah, vous me comprenez. Le Dracaufeu s'en rendit compte rapidement, et s'emmêla les pinceaux, cherchant à reformuler sa phrase... Mais rien n'y faisait, il n'y arrivait pas. Vu que je faisais partie des W.T.F... Laisser ma vie et mes rencontres d'Aéroptéryx derrière moi... Sûrement quitter Fire... Et Lilas, et Bisou, lorsque nous les auront retrouvés... ! Hmm. C'était... Etrange, tout ce bazar. Et surtout le fait que même moi, je ne savais plus exactement ce que j'étais.


Ce brave Dracaufeu s'en était retourné à son endroit choisi pour faire un somme ; Bastiodon était tombé soudain de sommeil, et Drak s'était effectivement endormi. On éteignit le feu, jugeant que la lumière n'était plus nécessaire à cette heure, et la chaleur nocturne suffisait donc amplement. Goyah, qui était le dernier encore debout (enfin, éveillé) avec Zek' et moi, nous prévint qu'il allait faire un tour autour du lac, à côté duquel nous nous étions installés, "histoire de se dégourdir les pattes et de penser à tout ça". Il nous souhaita une bonne nuit au cas où nous dormions lorsqu'il reviendrait, puis, les mains croisées dans le dos, il se mit en route, le regard perdu vers la surface qui miroitait au clair du croissant de lune, en fredonnant je ne sais quel air. Zekrom et moi nous étions couchés sur l'herbe verte et parlions de nos précédentes aventures, lui en tant que Légende et moi en tant que Dresseur, allongés ensemble entre tous ces arbres joliment roussis, bien que la nuit, tout le paysage soit gris.

- Et comment ça s'est terminé ? demandai-je au regard rubis du grand bestiau.

- L'Epée de la Terre est retournée à sa place, le gamin a été sauvé par Victini, et le p'tiot a pu enfin voir la mer. Ca se finit bien, quoi !

- Ouah. J'pensais pas que t'avais fait toutes ces missions en étant Membre Officiel du Comité Légendaire des Agents Sauveurs du Monde !

- Héhé, on en fait des choses, crois-moi ! sourit-il de ses crocs blancs.

Je retombai sur mon dos, mes plumes se mêlant aux herbes revêches, ailes étendues, et écailleux museau pointé vers la voûte céleste.

- Dire que j'en fais partie... Ca me dépasse. Bon, comme tout depuis deux semaines, tu me diras. J'en suis même à me demander si je retrouverais une vie normale... Comme avant.

- Tu veux dire... Comme lorsqu'on ne se connaissait pas encore ?

Silence.

- C'est pas fun, ça ! éclata-t-il de rire. Attends, toutes les rencontres que t'as fait via cette mission - bon, même si t'avais pas trop le choix par moment - ça va te rester à tout jamais ! Tout ce qu'on a vécu ensemble, et même lorsque tu étais avec les We Tackle at Foes au complet... T'as vu le monde, t'as découvert des choses !

Je souris :

- Ouais, t'as pas tort. J'en aurais appris, des trucs ! Plus que dans n'importe quel bouquin, d'ailleurs.

Le Dragon se releva, mettant son imposant générateur électrique caudal en arrière, replia ses ailes sur son dos musclé, et cita, levant une patte et se grattant l'abdomen bien fourni de l'autre :

- Tu sais ce que dirait Reshiram ? "On reçoit trois éducations différentes dans notre vie. Celles de nos parents, celle de nos maîtres, et celle du monde. La troisième chamboule toujours les deux premières."

- Il a pas tort, voire même un peu raison, lui aussi ! éclatai-je de rire. Tiens, d'ailleurs... Tu veux toujours pas qu'on essaie de voir si on peut le réveiller ?

La réponse fut directe :

- Holà, hé, je veux pas mêlé à ça, moi. Après, il va croire que j'ai voulu le réveiller, et va me narguer H24 en quoi j'avais envie de le voir, qu'en fait je lui suis indispensable et gnagnagna. Je peux très bien me débrouiller sans lui. Surtout que... Vu comme il est à fond sur le protocole du héros machin, va savoir si, lui, te considère toujours pas comme tel.

Mouais. C'est vrai qu'après le vent que je me suis pris la dernière fois, réentendre cette voix posée me balancer que je suis pas un héros ne me remettrait guère du beaume au coeur.

- J'avais oublié cette imbécilité de "héros", soufflai-je. En même temps... Je suis pas comme les hommes des légendes. Ou même comme les Pokémon, pour le coup.

Zekrom se pencha alors, croisant ses pattes, et imita exagérément la mou que je tirais, d'un sourire blanc et de son regard précieux et étincelant de Pierre Feu :

- Dites-donc, monsieur le grincheux de service !

Avant de me faire un grand sourire, fermant ses yeux derrière son museau draconnique et faisant frétiller sa crête luisante :

- Moi, je te trouve très bien !

- ... Ah oui ? relevai-je le museau vers le Pokémon.

- Ouaip ! T'es le héros le plus abracadabrantesque auquel j'ai jamais eu affaire ! Et c'est pour ça que t'es vachement cool !

Wouah. Hum... Okay. Je ne savais pas trop quoi répondre, voire quoi bégayer, mais mon acolyte me sauva la vie une fois de plus :

- Bah, de rien, va ! Je comprends que je dois faire un peu d'effet, mouhahaha.

Complètement embarassé, je me grattai le crâne d'une aile et souris :

- Pour en faire, t'en fais ! Sacré Zekrom, va !

- Pour vous servir ! enchaîna-t-il promptement et gaiement, en mimant à moitié une salutation.

Je ris de sa prestation, ce qui le ravit davantage ; ensuite, je voulus ajouter, pour en finir avec ce sujet :

- En revenant à Reshiram... C'est juste que j'ai l'impression de transporter un noyau du monde sans pouvoir avoir la certitude que je fais bien.

- Bah, mieux vaut qu'il soit ici avec nous plutôt qu'entre les pattes des abrutis !

- Hm, t'as raison... Ils en ont déjà trop, de toute façon.

Le Dragon Légendaire entendu la peine de retour dans ma voix, et voulut me réconforter davantage :

- Hey, t'en fais pas pour eux ! Kyurem, avec sa classe intergalactique, il sait gérer la situation, et puis, Kyogre et Groudon, ils peuvent se battre comme Ponchien et Chacripan, ils en ont tous les deux à revendre. Les orbes rouges et bleues ont d'ailleurs été bien scellées, alor aucun souci qu'ont les contrôlent à nouveau !

J'en profitais pour relever, à ce propos :

- C'est quand même une connerie d'avoir créé tous ces objets mythiques. Arceus y est pas allé un peu fort ? Je veux dire... Il devait bien se douter que ça poserait des problèmes, voire que le premier groupe d'eco-terroristes venu pourrait s'en servir... Entre tous les autres agissements qu'ont pu opérer d'autres Team.

Zekrom se tut un instant, prenant la pointe de son menton dans une patte Il pensa à voix haute :

- Si tu veux mon avis, je ne pense pas qu'Arceus soit responsable... Ou alors indirectement. J'en sais rien. C'est qu'une hypothèse. Il avait l'air anxieux, ces derniers temps ; n'était pas confiant en l'avenir, pas rassuré des événements passés, pas serein quant à la situation présente.

- Un problème avec Dialga ? hasardai-je, en plaisantant un petit peu tout de même.

- Va savoir. Il n'arrêtait pas de le consulter pour savoir s'ils faisaient bien... C'était bizarre. Voir le Créateur comme ça ; le voir douter.

Le mythique Dragon au générateur électrique, derrière son air assuré, avait l'air tout de même inquiet. Moi, ça me surprenait plus qu'autre chose.

- Jusqu'ici, il avait l'air plutôt sûr de ce qu'il faisait, non ? Je veux dire ; quand on créé un monde, faut plutôt être confiant, remarquai-je. Et je vois pas ce qu'il a foiré jusqu'ici...

Le Dragon noir de jais se figea soudain, avant de se recoucher sur-le-champ. Il me tourna le dos, sa grande queue glissant au niveau de mes serres ; il réagissait ainsi comme pour contredire ce que je venais d'affirmer. Je me relevai aussitôt :

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il ne va pas ?

- J'en sais rien.

Autre silence.

- Je lui en veux juste de nous avoir rendu stérile, c'tout, finit-il par maugréer.

- Ah... Désolé pour ça, m'excusai-je, me voulant réconfortant pour le coup.

- C'est quand même fort ! Latias est une vraie putain de femelle, elle peut avoir des gosses avec le premier Latios venu, et moi... ! Je peux même pas éprouver le plaisir d'élever un gosse, d'être juste père... Non pas que je regrette d'avoir ce que j'ai entre les pattes, loin de là ; c'est juste que je ne comprends pas pourquoi on est condamnés à une longévité aussi énorme et que c'est môssieur Arceus qui se charge des nouvelles naissances, quand on est en fin de looongue de vie. "Ca créerait un déséquilibre des forces naturelles", blahblahblah, pfff. Ca me saoule, voilà.

Je me taisais, vu que je n'avais accessoirement rien à y répondre. C'était peinant, de voir que le Pokémon qui représentait l'Idéal dans toute une région et même plus avait lui-même un idéal... qui ne pouvaient appremment pas se réaliser.

- Je ferai n'importe quoi pour avoir un gosse... Si j'en avais la possibilité. C'est mon souhait le plus cher.

- Hmm... Un Jirachi pourrait pas... ?

- Oh, arrête, veux-tu, m'arrêta-t-il assez brusquement. Evite de cantonner chacun de nous à ce que déballe votre Pokédex de malheur ; le monde est bien plus compliqué, tu sais.

- Heu... Oui... D'accord. Excuse-moi.

Il se remit sur son dos, prenant garde à ne pas s'écraser les ailes, et, reconsidérant le ton qu'il venait de prendre, ne voulut pas conclure en me laissant croire qu'il me faisait la gueule. Zekrom me fit donc un de ses grands sourires chaleureux :

- Allez, bonne nuit, Chris !

Rassuré, je lui rendis la pareille :

- Bonne nuit, Zekrom !

Et nous nous couchâmes pas loin l'un de l'autre. Lui s'endormit plutôt rapidement, et moi, ne voulant pas que moultes dilemmes viennent me perturber avant de m'endormir, je me laissai emporté par la fatigue de toute cette journée. Je m'endormis on ne peut plus rapidement, les bienheureuses pensées de tous ces amis autour, avec lesquels rien ne pouvait nous résister, finalement.


Cette ambiance aux couleurs chaudes... Cette impression de flotter dans les airs, aussi léger qu'un Papilord... Et cette sensation de bien-être... Reposé... Apaisé... Lorsqu'une voix féminine, que j'avais décidément attendu durant maintes nuits depuis la dernière fois (enfin, deux nuits, quoi), se réverbéra contre le fin fond du doux rêve télépathique. Je perçus la gentille et agréable voix d'Etreinte, et voulus sauter de joie malgré le semblant de Lévitation qui m'habitait.

- A... Allô ? Chris ? Chris, c'est toi ?

- Gardevoir ! Gardevoir !

- Chris ! C'est bien toi ! l'entendis-je de nouveau sourire, cette vision de mon Pokémon heureux me réchauffant le coeur.

- Gardevoir ! Oh, que je suis heureux de t'entendre ! Je viens à peine de m'endormir, avec Zekrom, au bord d'un lac...

- ... Avec Zekrom ?

- Oui, enfin heu, tu me comprends, quoi, avec tout le groupe !

- Ah ! Ok, je vois ! continua-t-elle dans le bonheur et la douceur qu'elle apportait.

- Tellement de choses se sont passées depuis la dernière fois ! m'emportai-je presque immédiatement, dans mon élan de retrouvailles. Hoenn, le QG des abrutis, Zekrom, Reshiram, Lugia, Johto, l'Asagi Beach Resort, le Coritzyon d'Or Cinglant Gastronomiqu'2, 893-0-0-1, les Jeux Pokélympiques, l'attentat déjoué, les Aéroptéryx, Bastiod-

- Ouiiii je sais que ça fait deux jours, mais vu ta vie en ce moement, ça doit faire longtemps ! rit-elle. Pour Hoenn, je crois malheureusement que nous sommes au courant... Sans Rayquaza, puis avec Kyogre et Groudon disparus, il ne restait plus beaucoup de Pokémon pour protéger la région, bien malheureusement... Ici, c'est pas trop la fête ; la seule à trépigner de joie c'est Latias, qui est allée s'enfermer histoire de pouvoir joindre Zekrom tranquillement. Le reste...

Étrangement, son ton s'était attristé au fur et à mesure, comme si elle avait fait semblant d'être réjouie depuis le début de son appel. Mon ancienne et chère Pokémon conclut par un profond soupir :

- Bref, tout le monde fait la gueule. C'est pas la joie, en ce monde.

Vraiment étonné d'une telle réaction de la part de la créature la plus heureuse et chaleureuse de mon équipe en temps normal je m'exclamai :

- Attends, c'est quoi cette mine peinée ? Hey, Gardevoir ! Tout va bien aller ! Je suis désolé également que Kyurem ait également été enlevé par ces abrutis, que Groudon et Kyogre aient disparus, et on ne peut plus désolé pour ce qui est arrivé à Rayquaza ; mais Zekrom, Lugia et puis Reshiram sont ici, avec nous ! Shaymin et Drak m'ont rejoint ! Fire est toujours là et en pleine forme ; Goyah, le Maître de la Ligue d'Unys, nous accompagne ; puis Bastiodon vient de nous rejoindre ! On file droit voir Arceus aux Ruines Sinjoh, et tout va être réglé ! Puis Kyurem est le plus sage des Légendaires que j'ai rencontré jusqu'ici, il ne va pas se laisser faire si facilement ; je suppose que c'est la même chose pour Kyogre et Groudon ! Si c'est pas porteur d'espoir, tout ça !

- T'en es certain ?




[...]




- Pourquoi tu me fous le doute, là, soudain ?

- J'en sais trop rien, inspira-t-elle, avant de soupirer à nouveau. Avec tout ce qui te tombe - voire nous tombe - sur le coin du museau ces temps-ci, j'ai un peu peur que tu n'arrives jamais à Arceus... Voire, si tu y arrives, qu'il ne puisse rien faire. Déjà qu'on doit pas le déranger en ce moment pour une obscure raison, alors toi...

- Attends, comment ça, notre Créateur n'y pourrait rien ?! ris-je. Ca serait un peu le monde à l'envers !

Elle balança du tac au tac :

- Ouais, m'enfin t'oublie le Destin.

Ce fut comme un violent déjà-vu. Comme si on agrippait un mot enfoui dans votre Hypotrempe, qu'on enlevait la poussière de flou dessus, qu'on le mâchait dans la bouche du désespoir, qu'on le tartinait de confiture de réalité ensuite puis qu'on vous le collait sur les pupilles avec le scotch de l'évidence. Métaphore moisie certes, mais tellement frappante.

- Qu-qu'est-ce qu-...

- Qu'est-ce que quoi ? Tu l'as bien vu, non ? Avec ce foutu Destin... Je vois pas trop où y a de l'espoir.

Nan mais attendez là. Ce... Truc.... Etait vraiment...

- Tu veux dire qu'il existe putain de bien ? C'est pas une hallucination bizarre ?

J'entendis feuilleter des pages, souffler comme pour nettoyer rapidement quelque chose, puis tousser.

- Dans ce manuel poussiéreux trouvé au fond du placard à objets perdus, j'ai vu qu'il y avait un Destin. Après, il en ai juste fait mention sur deux-trois lignes, sur deux-trois légendes, mais bon, avec tout ce qui nous est arrivés, tout ce qui arrive, ce que tu as vu après ton réveil post-raz-de-marée et au QG des abrutis, j'ai commencé à y croire franchement. Et ça me rassure pas.

- Ouais, mais attends ! Si ça se trouve, il a décidé que ça finirait bien ! protestai-je de vive voix. Et puis, zut ! On peut quand même décider de ce que l'on fait, nan ? Je veux dire... Si j'ai envie de remuer le bras, là, maintenant, alors je peux le remuer ; ça m'étonnerait qu'il s'est cassé les fesses à prévoir que j'allais remuer le b-

- Chris... Tu crois que c'est en remuant le bras que tu vas tout régler ?

Je bégayai, choqué par un tel pessimisme de sa part et qui n'allait pas avec une voix si douce :

- Heu... Bien sûr que non, mais... Je peux chosir ce que je fais, quand même...

- Ha oui ? Et tu penses que si tu choisissais, tu serais là à l'heure qu'il est ?

Non. Okay. Je l'avoue. C'est clair que non.

- Ptêt bien que non, mais zut, à la fin ! C'est pas en raisonnant comme ça qu'on va arranger les choses ! Qu'est-ce qu'il t'arrive, mon amie ? T'as toujours gardé la tête haute, dans les moments compliqués ! Et là, tu... Tu... T'es pas toi, voilà !

Puis je l'entendis éclater en sanglots :

- MAIS C'EST QUE TU ME MANQUES, VOILA !




[...]




What.

- Hein ?

- BAH OUI, lança-t-elle soudain avec une véhémence que je ne me souvenais pas avoir déjà remarqué chez elle, TOUT LE MONDE SE BARRE ICI, TOUT LE MONDE DISPARAÎT, TOUT LE MONDE NE VEUT PAS PARLER OU RÉFLÉCHIT DANS SON COIN, ET LATIOS EST ENCORE BARRÉ JE NE SAIS OU POUR JE NE SAIS QUOI ! Heureusement que y a sa soeur, tiens... SAUF QUAND ELLE SE BARRE RETROUVER SON AMOUR PAR TÉLÉPATHIE ! MOI JE SUIS TOUTE SEULE DANS MA TRISTESSE DEPUIS HIER ! ALORS QU'AVANT ÇA M'ARRIVAIT JAMAIS, D'ÊTRE SEULE ! J'AI BESOIN DE TE VOIR POSITIVER, DE TE VOIR TE GAMELLER, T'ÉNERVER POUR UN RIEN ET DE TE VOIR TE FOUTRE DES ABRUTIS MALGRE TOUT POUR QUE CA AILLE BIEN !

Puis elle conclut, plus bas, et plus timidement :

- C'était bien quand on voyageait... ! Quand on voyait du pays ! Quand on combattait contre l'adversité ! J'ai rien à faire ici, moi ! Je m'ennuie... Et tout ces gens déprimés, d'un coup, là... Ça... Ça me déprime... Voilà. J'ai tout dit.

Bon. Okay. C'est quoi, ce coup-là, Destin ? On veut jouer avec les relations ? On attaque la zone sensible, hm ? Ma pauvre Gardevoir... Je me devais de dire quelque chose pour pas la laisser dans cet état, alors j'ouvris la bouche sans avoir rien préparé d'autre que le courage de le faire :

- Heu... Hem... Je... Je suis censé réagir comment... ? Parce que savoir quoi faire, y a pas grand-chose à faire dans l'état actuel des choses vu que moi je peux pas me téléporter, et encore moins décider de faire ce que je veux puisqu'un truc noir à chapeau noir à veste noire en décide apparemment à ma place - en espérant qu'il me fasse pas crever demain avec une bête chute de météorite - alors bon, moi, au final, je suis un peu au milieu entre deux eaux voilà, sans savoir quoi faire, et puis t'es là, je t'entends, toute triste, mais je peux rien faire, parce que comme je l'ai expliqué, bah je peux pas faire grand-chose en fait, et...

C'est à ce moment que je l'entendis étouffer un petit rire, pour au final éclater de rire quelques secondes, et m'arrêter de parler de ce fait. Puis elle se reprit, et me sourit :

- T'en fais pas, c'était pile ce que je voulais entendre, hihi ! Ca m'a fait plaisir de t'avoir ce soir. Je suis heureuse aussi que Bastiodon ait pu te retrouver ! Il y tenait vraiment, tu sais.

- Oui, je pense bien, répondis-je, heureux que tout rentre peu à peu dans l'ordre. Ca m'a fait drôlement plaisir à moi aussi ; et faut dire qu'il est arrivé pile au bon moment, sans lui on serait ptêt encore dans les cachots des abutis !

- Et sans ton Aéroblast aussi, hihi !

Je me grattai la tête mentalement :

- Oh, ça, j'y suis un peu trop pour rien, c'est sorti tout seul, héhé...

Gardevoir continua, ne voulant appremmant plus me lâcher maintenant qu'elle m'avait retrouvée psychiquement :

- D'ailleurs, j'espère que Crocrodil et Noctunoir vont bien de leur côté ! J'ai eu un peu peur vu la décision de ce dernier d'entraîner âprement le petit... Enfin, il a évolué face à Hélio, mais il est encore un peu nouveau dans ce monde à mon avis.

- Bah, oublie pas qu'il vient d'une époque plutôt ardue ! rappelai-je gaiement. Ce p'tiot là en a à revendre, pour sûr !

Puis, après une petite réflexion, j'osai demander :

- ... Ca se passe bien entre Zek' et Latias ?

- Hm ? Ah, Zekrom ! Heu, et bien, je suppose, oui... Latias me dit qu'il manque un peu d'en train, ces derniers temps, mais elle m'assure que c'est parce qu'il est en mission, que c'est un peu plus compliqué que normalement, et caetera.

- Ah oui ? Okay, répondis-je tout naturellement.

- Pourquoi ? Zekrom ne va pas bien ?

Je la rassurai aussitôt, en mentant un peu certes :

- Oh, si, si, tout va bien. Il pète la forme, héhé. De toute façon, je m'inquiète pas pour lui ; c'est un grand gaillard !

- Oui, t'as rais-son... R-ai... son... r... on...

J'avais du mal à capter, brusquement.

- Gardevoir ? Gardevoir ! J't'entends mal, là !

Un crépitement se fit entendre. Des grésillements ; puis plus rien. Le vide total. La sensation de bien être disparut soudain ; les couleurs chaudes aussi.

- Heu... Gardevoir ? T'es là ?

Tout devint noir et sombre. Froid et inquiétant. Le silence le plus profond régnait. Je fus figé, ne pouvant plus faire le moindre geste, expirer le moindre souffle, violemment transit de peur. Cette sensation... Je commençais sérieusement à flipper, à vouloir me réveiller. Je savais que quelque chose n'allait pas. Je savais que ce truc allait revenir. Toute cette atmosphère l'annonçait... Pas ça... Pas encore ça... Puis, tout doucement, tout légèrement, le frisson glacial me remonta le long de la colonne vertébrale, et la faible voix susurra :

- Me voilà... Encore et toujours... Comme toujours... Et encore...

- Qu... Qui êtes-vous, à la fin ? Laiss... Laissez-moi ! Laissez-moi tranquille ! Je veux parler à Gardevoir ! Qu'est-ce que... Vous lui avez fait quelque chose ?

Puis, soudain, ma gorge se serra brusquement, une présence glacée m'étranglant avec une poigne funeste. Plus aucun filet d'air ne passait dans ma trachée, et l'enserrement était de plus en plus violent. Je ne pouvais plus rien dire, restait la bouche ouverte, immobilisé, et ne pouvant me débattre. Je crevai à petit feu, je me débattai, mais je ne pouvais rien y faire ; cette chose immatérielle m'étranglait, me strangulait froidement, quand son souffle gelé fut expiré sur mon cou tenaillé entre ses griffes crochus :

- Je suis partout, Chris... Je te vois, Chris... Je te sens, je te suis, je te sais, Chris... Tu sais très bien que je vois tout... tu le sais... Tout comme toi, tu le sais, ce que je suis... Et ce que je ne suis pas... Après tout... Je suis en toi... Tu vas finir avec moi... pour l'éternité... Je saurais parfaitement... quoi faire... quand je... serai aux commandes... Car... après tout... je suis fait pour ça... Je veux tout détruire... Annihiler... Et j'en suis capable... Tu en es capable... Toi... Tu seras... à jamais... tu seras mien... puisque... après tout... j'ai toujours été.... et suis...


- LÀ.




Je me redressai sur-le-champ, haletant, crispé, et ayant dix fois trop chaud ; le temps que cette sensation d'horreur se dissipe, et que je retrouve mes esprits, mes repères, ce silence, à côté du petit lac, sous ce ciel étoilé, entre ses arbres dont le feuillage d'or et d'ambre était assombri à cette heure de la nuit. Je tournai ma tête ; derrière, tout le monde, dormait autour du tas de branches calcinées. A quelques mètres de moi, Zekrom, qui ronflait doucement, se releva péniblement et ouvrit ses paupières lourdes de sommeil :

- Gnhein ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Ah, heu... Excuse-moi si je t'ai réveillé, chuchotai-je ; juste un cauchemar.

Ses yeux rubis scintillaient dans la pénombre :

- T'es sûr que tout va bien ?

- Oui, je te dis, souris-je. Rendors-toi.

- Okay... Mais c'est quand même bizarre, ce brouillard, là-bas.

- Gné ?

- Bah ouais, là-bas, balança-t-il, en me montrant machinalement la rive opposée.

Je tournai mon regard de l'autre côté du lac... Effectivement. Du brouillard. Une épaisse couche brumeuse s'était développée ; allez savoir quand, allez savoir comment.

- C'était pas là tout à l'heure... ?

- C'est bien ce que je dis. Y a un truc qui cloche, fit le grand Dragon, croisant les pattes.

Et... C'était moi ou... Il y avait... Deux lumières... Ecarlates... Qui clignotaient, là-bas, dans la brume... ? Quand j'entendis ce bruit. Je bondis sur mes serres, puis courus à perdre haleine sur la rive de l'étendue miroitante, vers le brouillard, avec Zekrom volant à ma poursuite, générateur en marche, qui insistait pour savoir ce qui me prenait.


Je courais à perdre haleine, longeant le lac, dans la nuit noire. Je me devais de courir. Il le fallait. C'était lui. J'en étais certain. Je devais le voir. Devais le trouver. Je gardais le brouillard mystérieux comme point de repère, et étais guidé par ces deux lueurs rouges ; je commençais alors à m'enfoncer dans un bosquet qui bordait l'étendue d'eau limpide, fut enveloppé dans le brouillard, et, ne sachant trop où je me trouvais finalement, distinguai sa silhouette au loin. Je hurlai :

- GENESECT !

Je m'approchai de lui, ralentis, et vis qu'il n'était pas seul. A côté du Pokémon dressé sur ses deux fines pattes violettes, un jeune homme. Le Pokémon Paléozoïque, puisque c'était bien lui que je distinguais dans ce brouillard, tourna sa singulière tête plate vers moi, me fixant de ses phares rouges ; le gars aux cheveux verts qui se tenait devant lui fit de même, nous constatant, le Dragon Légendaire de l'Idéal, qui arrivait essoufflé, et moi-même.

A ce moment... Quelque chose d'étrange se produisit. Une singulière atmosphère régnait dans cette clairière brumeuse, tout en bleu nuit et vert jade, la lumière lunaire ne devenant plus pâle et froide, mais douce et mystique, comme si elle baignait une rencontre d'un autre âge, d'un autre lieu. Le jeune homme à la longue chevelure vert thé eut un regard neutre mais légèrement curieux vers ma personne, puis un vif sentiment sembla secouer son esprit quand il vit Zekrom. Ce dernier, du haut de ses 2,9 mètres, ne bougeait point, et après un coup d'oeil étonné et animé d'une once de nostalgie vers le garçon au collier, le salua d'un geste, et fit de même pour Genesect, arborant un grand sourire. C'est d'ailleurs le Pokémon génétiquement perturbé par la Team Plasma qui brisa le silence d'un son électronique :

- Analyse terminée. C'est bien Chris. Salutations... Dresseur. Seconde analyse terminée. Il s'agit de Zekrom. Salutations, Zekrom.

Mes plumes et moi ne savions vraiment comment réagir, un peu coincés entre ce trio de personnes. Le jeune homme à la casquette noire s'approcha de moi naturellement, et ouvrit grand ses bras, faisant balancer un cube doré qui pendait à sa ceinture, et tinter des bracelets ambres qu'il portait au poignet :

- Enchanté, mon ami ! Très heureux de te connaître enfin ! Depuis que j'ai retrouvé notre ami ici présent, fit-il en montrant Genesect, il n'a cessé de me parler de toi.

Il me fit alors un grand sourire, s'approcha de l'Aéroptéryx que j'étais, et s'accroupit, me tendant sa main gentiment :

- Mon nom est N !

Un peu brusqué par la joie que présentait l'humain débonnaire, je fus agréablement surpris de trouver de quelqu'un aussi amical ; c'est avec une inquiétude vite dissipée que je souris également, et que je serrai mes griffes autour de sa paume :

- Chris ! Tout aussi enchanté !

"N" fut alors émerveillé :

- Ça alors ! Tu peux vraiment parler ?

- Il faut croire que c'est la seul chose qui me reste d'humain, plaisantai-je en haussant les ailes.

Il enchaîna, en effet content de me voir :

- Oui ! Notre ami m'a parlé de ta "transformation"... Tout simplement incroyable... ! Et surtout très inquiétant, quand on pense aux personnes qui t'ont fait ça...

- Vous l'avez dit, acquiesçai-je. Mais, dites-moi... Genesect vous a parlé ? Vous l'avez retrouvé ? Vous...

N se releva, et expliqua sympathiquement, en retournant vers Paléozoïque, et allant lui caresser le capot avant :

- Il faut croire que c'est une rencontre par la force du destin, sourit-il. J'étais dans la forêt aux alentours de Rotombourg lors de l'accident de métro. J'ai accouru aider mes amis blessés, et j'ai trouvé ce grand en train de gésir, tout fumant. Je l'ai emmené en sécurité, connaissant son cas ; il a pu reprendre des forces, et il est de nouveau sur pieds !

J'avais du mal à comprendre quelque chose, pour le coup :

- Attendez, attendez... Vous connaissez...

Zekrom lança alors, s'approchant joyeusement :

- Je te présente N ! Un humain des plus humains que j'ai jamais vu de toute ma longue vie ! Accessoirement ex-Roi de la Team Plasma, aussi, mais...

QUOI. CE... CE GARS ETAIT...

- Je préfère ne plus en parler, si cela ne vous dérange pas, se raidit un peu le jeune homme, en gardant son calme et son naturel. J'ai déjà eu mon mot à dire en ce qui concernait le Projet G, mais je vois qu'on ne m'a pas écouté...

J'étais littéralement soufflé. Si j'avais su que le Roi de la Team Plasma était aussi... Aussi... Bah, pas gros con. Woah. Donc effectivement, il doit être au courant pour Genesect... N continuait à caresser amicalement G, et c'est à ce moment que je me rendis compte qu'en tant que "Dresseur", je n'avais jamais pris le temps de câliner Paléozoïque. D'un côté, les événements se sont enchaînés, mais d'un autre... Il est vrai que même lorsqu'il était dans sa Compèt Ball, attaché autour de mon cou, il ne m'avait servi que pour sa puissance. Et combien de temps cela faisait-il que je n'avais pas simplement passé du bon temps avec mes Pokémon... ?

- Et voilà qu'on se rencontre à nouveau, mon cher ami ! sourit de nouveau le jeune humain, se tournant vers Noir Idéal.

Et donc eux deux se connaissaient aussi, apparemment... ? Voyant que j'avais un peu de mal à relier les deux bouts, tout ça à cause d'un seul mec qui fait le lien entre tant d'histoires, Zekrom éclata de rire :

- Ha ha ! Je crois que notre cher ami Chris ici présent a un peu de mal... Hm, comment t'expliquer rapidement ? Disons qu'il se trouve qu'avec les agissements de la Team Plasma, j'ai été amené à être réveillé par un Dresseur ; du moins, il a tenté, mais il n'avait pas l'âme d'un héros, donc j'ai refusé. J'suis pas aussi à Galopa sur les principes que l'autre grand blanc, mais bon, lui, c'était vraiment pas possible. Bref, N m'a retrouvé - enfin, en Galet Noir quoi - juste après que cette histoire se soit finie, histoire de faire juste connaissance, et voilà !

- T'es reparti bien vite après cela, d'ailleurs ! rit N de son côté. C'est Reshiram qui t'as mis dans cet état ?

WHAT WHAT.

- PARCE QUE VOUS CONNAISSEZ AUSSI RESHIRAM ?! piaillai-je, halluciné.

- Je veux plus le voir, lui et sa Réalité à deux Pokés, souffla Zek, croisant les pattes antérieures.

L'ex-Roi de la Team Plasma parut gêné, se gratta la tête, et s'excusa gentiment :

- Hé bien... Désolé d'avoir un peu forcé la rencontre, héhé.

Puis, il changea de sujet, et s'adressa de nouveau à Genesect, dressé sur ses pattes filiformes améthyste, qui réajustait son canon convenablement avec ses singuliers membres antérieurs, histoire de pas s'empatouiller avec s'il croisait quelques branches basses :

- Mon ami, je peux te laisser avec Zekrom un instant ? J'aimerais parler un moment avec Chris, si cela ne te dérange pas.

- Absolument pas. Bien sûr que vous pouvez, je renouerai quelques connexions perdues à cause de mon absence avec Zekrom en attendant, et m'informerai des récents événements, histoire de faire une petite mise à jour.

Le Dragon mythique, pendant ce temps, s'était approché en douce de l'Insecte remis au goût du jour, et commença à le taquiner par des petits coups de coude, en plaisantant sur le fait qu'il avait dû profiter de l'occasion du déraillement de la Ligne Marron pour filer à l'unyssaine et aller passer du bon temps au lieu se sauver le monde ; son comparse, qui ne devait pas être habitué encore bien à l'humour, lui répondit par un gentil petit Technoblast dans la gueule. Il nous fallut un temps pour comprendre que le Pokémon Paléozoïque semblait sourire. Zek' et G se pousuivirent alors l'un l'autre, commençant à jouer ensemble comme des gamins ; mais cela ne faisait qu'apporter de la joie dans la sombre forêt, et en plus de faire plaisir à voir, vraiment, quand on se souvient que la dernière fois qu'ils étaient ensemble, c'était lors du combat contre Denice, et c'était pas pour se chatouiller. N éclata de rire en voyant "ses amis" jouer ainsi entre les arbres, et je fus profondément touché par cette personne qui pour moi venait de sortir du brouillard, mais qui respirait la joie de vivre et la bonté naturelle.


- Et donc... Comment tu te sens ?

- Bah... Pas trop mal, à vrai dire. Disons que c'est comme si on m'avait juste pris intérieurement, et déplacé extérieurement, dans ce corps.

Je remarquai alors, un peu bousculé par cette idée dérangeante :

- En fait, c'est seulement le souvenir d'avoir été humain qui me dit que je suis humain. Sans ce souvenir... Peut-être que je penserais être un Pokémon comme un autre.

- Je vois. Et la parole, tu penses que... ?

- Je pense que c'est juste le souvenir de la parole, le souvenir de "comment parler" qui m'est resté dans le crâne. Après j'en sais rien, j'suis pas Infirmière Joëlle.

N et moi nous étions simplement assis dans l'herbe, toujours dans cette clairière à l'atmosphère magique, entourés par la nuit, sous les arbres, avec la brume qui disparaissait petit à petit. Zekrom et Genesect continuaient à jouer tous les deux dans la forêt ; N, lui, était intéressé par mon cas. Un mélange de curiosté naturelle et de profonde colère enfouie pour ceux ayant pratiqué nous ne savions quelles expériences.

- C'est étrange ; pourquoi se seraient-ils embêtés à te transformer ? Si tu les gênais simplement, ils auraient juste eu à t'éliminer...

Je pensais alors à ce que m'avait appris Julie, lorsque j'étais enfermé dans le QG des abrutis. J'en fis part à l'humain :

- D'après une... heu... "connaissance", "ils" ont besoin de moi... Donc je suppose que ma transformation en Pokémon faisait partie de leur affaire, mais que Rayquaza l'a juste interrompue, en venant me sauver.

Rayquaza... N, voyant ma mine déconfite à l'idée de parler du Pokémon qui m'avait sauvé et qui n'était plus de ce monde, croisa ses mains, et songea. Puis il déballa, comme si ce fut l'évidence même, et me troubla devant tant de lucidité :

- Les Pokémon sont différents des humains. Ils t'ont changé toi, et personne d'autre aux dernières nouvelles. Ils désiraient sûrement effectuer une opération qui ne pouvait se faire qu'avec un Pokémon, mais sur toi ; et tu dois avoir je ne sais quoi de particulier à ton état humain... Qui se conserve que tu sois humain ou Pokémon. Tu es sûr de n'avoir rien de particulier en plus, depuis que tu es Pokémon ? Dans ta tête, par exemple ; vu que c'est ce qu'ils ont gardé de toi.

Dans ma tête... ?

- Heu... Ben... Maintenant que tu le dis... Il y a bien quelque chose qui me dérange... Outre les violents maux de tête, je fais souvent le même cauchemar...

Le jeune homme aux longs cheveux verts sauta sur l'info :

- Ah oui ? Des cauchemars ? Quels genres ?

Je parlai alors de la prmeière fois à quelqu'un de cette chose :

- Une voix froide, flippante, et obscure qui me susurre des choses qui rassurent pas, dans le style "tu m'appartiens", "je suis toi", "tu es moi", "nous sommes nous", etc. Mais j'ai pas l'habitude de prêter attention à mes rêves, alors...

- Avoue tout de même que c'est une drôle de coïncidence, d'avoir ces "cauchemars" seulement depuis que tu es Pokémon, souleva-t-il fort adroitement. Les rêves sont le domaine de l'inconscient ; peut-être veulent-ils quelque chose de ton inconscient... ?

Je tournai mon museau écailleux vers N, dans le genre "t'es sérieux là ?", puis il arbora un de ses sympathiques et amicaux sourire, avant de me frotter la tête :

- Laisse tomber, je dois sûrement m'imaginer des choses idiotes. En tout cas, mon ami, j'espère vraiment que tu vas pouvoir retrouver ton corps ! En attendant, profite de ta capacité à pouvoir communiquer aussi facilement avec les humains qu'avec les Pokémon, car c'est ce que beaucoup désirent, et qui seraient prêts à faire n'importe quoi pour cela.

- Tu connais des personnes comme ça ? demandai-je, sans m'intéresser aux conséquences de cette question.

N parut chamboulé par cette question ; il regarda l'herbe argentée se faire délicatement soufflée par le vent d'est, ferma les yeux, inspira profondément, et me souris :

- Mon père. Adoptif.

- Ah oui ?

- Cet homme a voulu utiliser mon don qui est de savoir écouter la voix de mes amis Pokémon afin de contrôler Unys...

Ah oui ? Ce gars aurait un don comme celui-ci ? Ca expliquerait son attention et sa sympathie, remarquez... Ou alors c'est juste une manière de dire qu'il est plus compréhensif que le premier humain lambda venu ?

- Heureusement, j'ai pu compter sur un Dresseur de Renouet pour l'en empêcher, et m'aider à m'en sortir, poursuivit-il.

Un Dresseur... De Renouet... Une minute... Zekrom... Le Galet Noir... Et ce que m'avait dit Ludwig sur le quai de la Ligne Jaune...

- Ce ne serait pas un certain Ludwig ?

Le jeune homme à la casquette noire et blanche fut surpris :

- Mais si ! Tu le connais ?

- Disons que j'ai déjà eu affaire à lui à de multiples reprises, souris-je. Mais oui, on peut dire que je le connais ! Il m'a dit qu'il n'a pas été reconnu comme un héros...

- C'est une longue histoire, cette histoire de Team Plasma, m'expliqua sagement N, mais c'est bien lui qui a mis Ghetis et ses comparses en déroute.

Donc ce fameux père adoptif, c'est Ghetis... Tout se recoupait dans ma tête ; et pendant que la Team Plasma menaient à bien ses plans de conquête, cette histoire de Gensect avait été mis en projet, mais fut abandonnée par N, puis reprise par Denice, la parente de Ghetis... Et puis mon histoire vient se caser là-dedans... Le jeune homme qui devait en avoir vu de belles par ses yeux bleus se remit à songer, perdu dans ses pensées :

- Mais même si mon père fut emmmené par Goyah et Tcheren, j'ai peur qu'il veuille prendre sa revanche... Son désir de puissance et de suprématie sur Unys - voire le monde, est tellement grand...

Goyah et Tcheren étaient aussi de la partie ?! Bah mon Grotichon.

- Tu penses pas que ce serait ton père qui soit à la source de ma transformation en Pokémon ? hasardai-je, vu le cas que ce devait être, ce bougre-là. Le salaud de toute cette histoire ?

- Ça se pourrait bien, oui... Il pourrait se louer les services du plus brillant scientifique, avec ses belles paroles...

Vu qu'il me fallait quelqu'un sur qui pester, je commençai à considérer que ce fut lui, l'abruti de connard de merde en chef. Ca pourrait ptêt bien lui ressembler, à chopper Kyogre, Groudon, et capturer Kyurem...

- Mais je ne pense pas qu'il aurait l'audace de tuer Rayquaza, ajouta N après une petite réflexion. Un homme tel que lui aurait trouvé cela du gâchis que de ne pas utiliser sa puissance comme une arme... Il pense que les Pokémon sont fait pour nous servir, pas comme de simples objets qu'on prend ou que l'on jette. Non, vos hommes doivent juste avoir quelque chose qui ferait qu'ils ne se soucient pas d'avoir de la puissance...

Ne se soucient pas de la puissance ? Mais Jack et Bill, pas plus tard que cet aprem, parlaient d'avoir pleins de Pokémon puissants... Donc si on prend en compte les paroles de N, ce serait autre chose qu'un Pokémon, cette "puissance" ? Un rapport avec la MODE ?

- Raaaaaaaaaah... J'en ai marre d'y penser, grognai-je en m'arrachant les plumes. J'ai l'impression que c't'histoire est un puzzle géant tarabiscoté, donc chaque pièce est découverte dans un ordre aléatoire, et que chacune d'entre elles est un puzzle à elle seule...

Nous soupirâmes tous les deux, en entendant Zekrom se vanter d'avoir un générateur électrique au-dessus de l'arrière-train, et Genesect rétorquer que lui, au moins, il avait un canon sur le dos.

- Et ça fait combien de temps que cette histoire de héros, de Ludwig et de Team Plasma est finie ?

- Ca va faire deux ans tout rond dans quatre mois, conclut l'ex-Roi de l'organisation.

Quand même.

- Bon, c'est pas le tout, mais je vais devoir y aller ; parler du passé me fait penser qu'il faudrait que je me préoccupe de l'avenir, et retrouver mon père ne serait pas une mauvaise chose pour notre monde, lança N, se relevant.

Il s'étira puis bâilla, pendant que je me relevais de mon côté et bâillais aussi ; faut dire qu'on était toujours en plein milieu du seul moment de repos qu'on pouvait se trouver.

- Et, dis-moi... T'as jamais connu tes "vrais" parents ? Excuse-moi d'être si franc, mais vivre avec des doutes sur sa propre origine...

Le jeune homme me fit un grand sourire :

- C'est normal de se poser la question. Il faut croire que je n'en ai rien à faire, hé hé ! Aussi loin que je me souvienne, j'ai vécu avec les Pokémon, dans la nature ; je les considère donc tous comme ma fmaille, comme les amis les plus fidèles, car en plus d'être comme nous, ils se sont occupés de moi, ce qu'un homme n'a jamais pu faire sans être intéressé par ma personne. En bref, je sais ce que je suis et qui m'a apporté le plus de bonheur, donc c'est à eux que je dois mon existence !

Woah. Tout de même. Quelle vie, ce N.

- C'est bien de trouver quelqu'un comme toi, de savoir qu'on peut encore compter sur quelques humains, souris-je.

Puis, j'eus un regard vers Genesect, planqué derrière un tronc, près à bondir sur Zekrom pour le surprendre :

- Genesect est différent... Il a changé ; il me semble plus Pokémon qu'avant... Je suppose que je dois te remercier pour ce q-

- Genesect est un Pokémon comme un autre, me coupa N. Il a son histoire, comme chacun d'entre nous, mais le fait est qu'il est aussi Pokémon que Zekrom, qu'un Cliticlic ou que le premier Chenipan venu. Le considérer de la même façon que tous mes autres amis : voilà ce que j'ai fait ! s'enjoua-t-il. De plus, il a confiance en toi. Je sais que tu dois te morfondre après ce qu'il s'est passé dans le Métro ce jour-là ; mais peut-être les dégâts auraient-ils été plus importants encore et le nombre de tués plus grand si tu n'avais pas arrêté cette rame comme tu l'as fait. Remercier Genesect, car c'est grâce à lui que tu as sauvé des vies, prendre confiance en toi, car tu es le seul à faire ce que personne n'a jamais fait, et lutter contre ceux qui nous veulent du mal : voilà ce qu'il te reste à faire.

Après un instant, il ajouta, arborant de nouveau son sourire sympathique :

- Et je sais que tu es un excellent dresseur, si ce n'est un héros ! Je le lis au fond de toi, héhé !

...Il vient de lire en moi, là ?!

- Tu sais que t'es flippant quand tu fais ça ? plaisantai-je, en le taquinant d'un coup d'aile.

Il haussa les épaules :

- Bah, mieux vaut te le dire que te laisser douter !

N alla voir Genesect, et Genesect s'arrêta pour aller voir le jeune homme à la chevelure thé vert qui s'approchait de lui :

- Je vais devoir y aller, mon ami. Nous nous reverrons, j'en suis certain ! Prends bien soin de toi, en attendant ; et détruis-moi ces imbéciles ! sourit l'humain en caressant amicalement le canon de la bête.

- Je vous promets qu'ils vont se prendre la raclée du siècle, assura Paléozoïque.

- Et je fais bien aussi dans le genre raclée monumentale hein ! balança Zekrom, en ramenant sa Fraive.

- Je n'en doute pas ! rit chaleureusement N. Ah, tiens, avant que j'oublie...

Il fouilla dans sa poche, et en sorti une petite cassette, couleur givre, qui reluisait au clair de lune ; il demanda à Genesect de se tourner, ce que le Pokémon fit, et l'ex-Roi de la Team Plasma lui inséra alors l'objet dans une fente en plein milieu du dispositif qui lui était installé à la base de son canon. La petite cassette s'emboîta en un déclic, et Genesect informa :

- Lecture du module en cours... Module Cryo installé. Merci beaucoup, N !

- Pas de quoi ! Je suis sûr que ça te sera plus utile qu'à moi, hé hé ! Sur ce... Zekrom ! Genesect ! Chris ! Mes amis ! lança-t-il à tour de rôle, nous frottant à chacun le crâne. A la prochaine ! Et sauvez le monde ! Faites-en une Réalité ! lança-t-il en agitant sa main, s'en allant à travers le brouillard qui se fit soudain de plus en plus dense. Au revoir !

- Sauvez-le aussi en attendant ! le saluai-je.

- A la revoyure ! lança Zek'.

- Et merci pour tout ! Je vous en suis reconnaissant ! sourit tout naturellement Genesect.

Et le jeune homme naturellement sympathique disparut dans la brume, comme il était venu. Ce N... Quel humain.


Genesect était donc rentré avec nous. Nous avions marché jusqu'au camp, et alors je demandai au Pokémon presque légendaire désormais s'il préférait continuer avec nous où nous retrouver en temps voulu. Il préféra choisir son chemin, rétorquant qu'il pouvait voler, donc arriver plus vite, aller s'entraîner, et faire un deus ex machina au cas-où, comme ça. J'acquiesçai à cette idée. Zekrom demanda comment il nous retrouverait dans ce cas, et j'eus l'idée de présenter le Pokédex que nous conservions dans le Sac à Trésor à Genesect. Par je ne sais quel moyen, le Pokédex et Genesect s'entendirent vite très bien, et Paléozoïque nous assura qu'en localisant ce Pokédex, il saurait où nous trouver. Il nous laissa donc là, replia ses pattes, et décolla vers d'autres cieux, filant avec une silhouette d'astronef devant une myriade d'étoiles. Nous étions désormais tous les deux sûrs de pouvoir compter l'un sur l'autre ; de plus, lui laisser sa liberté ne pouvait pas lui faire de mal, lui qui devait sûrement encore apprendre tant de choses... De toute façon, nous savions que l'on allait se revoir.


Zek' et moi étions rentrés au campement, tranquillement, puis nous étions allongés sur le sol herbacé que nous avions plissé par notre dernier sommeil. Ainsi remis à nos places respectives, Zekrom se remit en position pour la nuit, et quant à moi, je contemplai le ciel étoilé.

- Merci, Zek'.

- Hein ? De ?

- D'être là.

Silence.

- Ouais, merci d'être là, renchéris-je. C'est vraiment plaisant de t'avoir capturé ! Sérieusement, je suis heureux. Merci d'être là, d'exister à ce moment, et de croire en moi. Que je suis quand même un héros et tout ça. Merci.

- Bah, y a pas de quoi ! sourit-il en se grattant la tête, gêné. C'est mon devoir d'aider les gens à atteindre leur Idéal !

Alors que j'avais une impression d'agréable déjà-vu, j'éternuai fortement, puis reniflai, avant de me prendre littéralement la tête.

- Daaaaah, j'ai choppé froid dans c'te mare, tout à l'heure. Et un autre mal de crâne qui revient...

En plus de la tête qui redevenait compote, j'avais la chair de poule totale. Pour un Oisancien, c'était comique. Zekrom, qui avait relevé la tête en m'entendant éternuer, tourna son regard rubis vers moi. Je frissonnai, me recroquevillant :

- Allez, c'est cet enfoiré de Destin qui a voulu ça, donc je me la ferme ! Bonne nuit ! Brrr.

J'éternuai. Puis me raclai la gorge. C'est dingue c'que j'avais pu me chopper ; j'me sentais mal, à me tourner et retourner dans tous les sens.

- Comment tu faisais quand t'étais en voyage avec tes Pokémon ? demanda-t-il soudain.

- J'avais un sac de couchage... et une serviette.

- Et c'est tout pour dormir ?

- Bah oui. Ca tenait chaud au moins.

...

- Mais sinon on se soutient avec nos Pokémon en cas de coup dur.

- Hein ?

- Ça nous est arrivé une fois, sur la Route 119, lors de notre voyage à Hoenn. Un orage s'est levé la nuit, et une violente bourrasque a balayé le coin où l'on s'était posé. Alors on s'est soutenus mutuellement, se regroupant pour se tenir chaud ensemble. On a passé la nuit comme ça.

- Ah. Okay.

J'allais essayer de retrouver le sommeil, quand j'entendis la puissante voix du Dragon mythique chuchoter :

- Tu veux dormir avec moi ?

Je me redressai, voulant m'assurer d'avoir bien compris :

- Pardon ?

- Oh, heu, nan, rien, bonne nuit, lança-t-il, avant de se retourner.

- Nan, mais j'ai juste pas entendu c'que tu m'as dit, mentis-je.

Il chuchota :

- Nan, mais comme tu me dis et que je vois que tu as froid, je te proposais de faire comme avec tes Pokémon, là, donc de venir près de moi si, par un moyen ou un autre, je pourrais te réchauffer.

- Vraiment ?

- Puisque je te le dis.

Sans plus tarder, je me mis sur mes serres, fis quelques enjambées en prenant soin de lever ma queue histoire qu'elle ne réveille personne en traînant contre des feuilles mortes ou casse une brindille, et vint alors vers Noir Idéal. Lui, lui était allongé sur le dos, me fit signe de grimper sur son ventre ; il avait apparemment la flemme de se retourner, ou désirait juste pouvoir continuer d'admirer les étoiles, ce que je comprenais parfaitement. Je ne me fis pas plus prier, et grimpai doucement sur son abdomen écailleux.

- Woah ! C'est tout frais !

- Si je crois me rappeler les enseignements de Kyurem, il me semble que certains Pokémon ont le sang froid ; c'est peut-être dû à ça.

- Tu sais pas si t'as le sang froid ? ris-je doucement en m'allongeant sur la bête.

- Qu'est-ce qu'on s'en fout, sérieux ! plaisanta-t-il.

- Ooooooh c'est trop bien ! Et en plus t'es tout chaud du torse !

- Chaud... Du torse ?

- Heu, oui, enfin ça me paraît moins froid quoi. Attends vas-y recommence ! piaillai-je doucement.

- Hein ? De quoi ?

- Parle encore !

- Mais je dis quoi ?

- C'que tu veux, mais parle ! attendis-je, ma tempe écailleuse collée sur son torse écailleux.

- Hé bien, hum... Bonjour.... Je m'appelle Zekrom...

- Haaaan c'est super cool je sens ta cage thoracique vibrer ! souris-je, en positionnant confortablement ma tête sur cette gorge tiède, écaillée mais lisse, sentant tout mon être aller et venir avec le respiration du Dragon.

C'était impressionnant ; j'étais encore plus près de son museau que je ne l'avais jamais été. Il me fit un grand sourire de ses crocs blancs, plissant ses dorés yeux rubis, la pointe de sa crête luisant délicatement d'un bleu électrique. Il décida ensuite de me prendre entre ses grandes et puissantes pattes. Je me sentis alors en incroyable sûreté là où j'étais, et vraiment bien aussi. Presque chez moi, pour la première fois depuis deux semaines.

- Voilà ! Tu vas pas avoir froid là ! remarqua-t-il en serrant l'étreinte. C'est comme ça que vous faisiez ?

- Heu, aucun de mes Pokémon n'atteignaient ta taille, mais c'est tout comme, répondis-je également d'un sourire.

- Parfait ! continua-t-il, me grattant le dos pour je ne sais quelle raison.

Il parut un moment gêné :

- Ah, et, si tu remarques c'que je me trimballe frémir, c'est normal.

- What.

- Hum, je veux dire, si t'entends mon générateur grésiller, t'en fais pas, hé hé !

Je me rallongeai contre la bête, enserrant son cou de mes ailes :

- Ah, okay ! De toute façon, je m'en fiche, ça vient de toi !

Il reposa son crâne draconnique sur le matelas naturel, et murmura :

- Allez, bonne nuit, Chris !

- Bonne nuit, Zekrom, soupirai-je, reposant mon museau et fermant les yeux, m'endormant avec le Dragon Légendaire.