Valdea, voyage vers l'inconnu de Shaam

Les rayons du soleil s'introduisirent dans la chambre du jeune homme qui en était à ses derniers instants de sommeil. Finalement il ouvrit doucement les yeux mais éprouva une certaine difficulté à se lever.
Voilà cinq jours que Desmond était rentré chez lui. Lui et Maxime avaient eu l'impression d'avoir été absents pendant des lustres, pourtant leur première excursion avait duré moins d'un mois.
Il regarda le réveil qui ne se faisait plus régler depuis fort longtemps. Déjà neuf heures et quelques. Son père et son frère étaient donc déjà partis travailler depuis un bon moment. La seule personne encore à la maison était Vivianne Maevan, étant mère au foyer.
Il fallut un certain effort au cadet Maevan pour quitter son lit bien douillet. Il n'y a pas à dire, les lits des Centres Pokémon sont de piètres concurrents.
En parcourant la maison le jeune homme aperçut le Mangriff de son frère, allongé dans le balcon. Un Pokémon fainéant qui ne combattait qu'occasionnellement et préférait passer ses journées à flâner. Le mangouste blanc vit le frère cadet de son dresseur et alla vers lui, demandant quelques caresses. Desmond les lui accorda en souriant.

- Tu as hérité des gênes d'un Monaflémit, toi...

Le cadet Maevan alla dire bonjour à sa mère qui l'embrassa chaleureusement. Une fois à la salle à manger puis entama son petit déjeuner. Viviane vint s'assoir en face de son fils.

- Tu n'as pas encore pris ton petit déj ? demanda ce dernier.
- Je n'avais pas spécialement faim et je t'attendais.
- C'est sympa.
- Avoue que mes petits plats t'ont beaucoup manqué !
- Oh oui, c'est sûr.
- La nourriture n'a pas du être vraiment fameuse ces derniers temps, n'est-ce pas ?
- Certes... mais c'est pas grave, on fait avec.
- Alors profite bien de tes trois derniers jours à la maison !
- Je compte bien.
- Tu vas encore me manquer et je ne peux pas m'empêcher de m'en faire à ton sujet...
- Tu sais que tu exagères.
- Peut-être mais il faut me comprendre...

Une fois de plus il a fallu que la discussion bascule vers ça. Desmond soupira, excédé.

- Je te comprends maman, mais ça ne sert à rien de s'inquiéter. Ton anxiété n'a aucune influence sur ce qui peut ou ne peut pas m'arriver. De toute façon je ne vois pas ce qui pourrait m'arriver de grave, j'ai mes Pokémon pour m'aider et me protéger. Tu sais très bien qu'ils sont balèzes ! Et puis y a toujours Maxime avec moi, franchement ce voyage c'est limite une promenade de santé.

Viviane sentit que son fils commençait déjà à se sentir agacé et se résigna à ne pas prolonger le sujet.

- Bien, si tu le dis... oublions ça. Tu as un programme pour cette journée ?
- Pas vraiment, non...

Desmond passa la matinée entre ordinateur et télévision. Il soupira, éprouvant un ennui de plus en plus agaçant au fil des jours. Ca lui manquait déjà de voir du pays ; il faisait peut-être son désintéressé devant Maxime mais il aimait ça. En fait c'était sa mère qui le retenait. Il aurait préféré avoir déjà repris la route. Et Maxime qui l'attendait pour repartir avec lui... il soupira encore.

Durant l'après-midi, Desmond alla rendre visite à son ami de toujours. Ce dernier lui ouvrit mais Desmond remarqua qu'il était moins joyeux que d'habitude. Le brun alla à la cuisine pour ramener des cookies et du lait tandis que son ami s'installa dans la salle de séjour. Les deux garçons commencèrent à discuter de tout et de rien mais à un moment Desmond soupira.

- Allez Maxime, accouche.
- Hein ?
- T'as l'air genre tourmenté, qu'est-ce qui t'arrive ?
- Euh... eh bien en fait...
- Quoi, tu as trouvé un Tadmorv dans ton lit ce matin ?
- J'aurais préféré que ce soit ça...
- Oh... c'est quoi alors ?
- Je comptais t'en parler... c'est mon père... il a fait un accident au boulot... il était sur un chantier dont il est responsable et... ça s'est passé si bêtement et si subitement. Il était à un endroit fragile et un peu élevé, et a chuté. Il s'est cassé un bras et une jambe.
- Oh bon Dieu...
- Mais bon... ça aurait pu être pire...
- Et... il va bien en ce moment ?
- Ouais, il est tiré d'affaire. Mais il va falloir du temps pour qu'il puisse reprendre le boulot. Justement...

Maxime avait l'air sérieusement affligé. Desmond crut un moment que le brun était sur le point de verser des larmes.

- Quoi, qu'y a-t-il ?
- Le problème c'est que mon père va revenir de l'hôpital dans quelque temps. Et il faudra quelqu'un pour s'occuper de lui et l'aider à la maison sinon il aura trop de mal à se débrouiller. Or ma mère et ma grande sœur travaillent, mon frère est à l'école... tu... tu vois ce que je veux dire, Desmond ?

Lequel venait de recevoir un coup et pas des moindres. Son regard ébahi soutint celui peiné de son ami.

- Je... vois...
- Je suis désolé Desmond ! Je ne pourrai pas t'accompagner dans ton voyage !
- Je comprends, ouais. T'en fais pas... ça ira pour moi.
- Tu vas te sentir vachement seul !
- On n'y peut rien... c'est comme ça. Prend soin de ton père.
- Pourquoi il a fallu que ça se passe comme ça...
- Ca va aller Maxime, c'est pas la fin du monde, je me débrouillerai...
- Si jamais après quelque temps les circonstances deviennent favorables je te rejoindrai !
- Ouais, j'espère... allez rassure-toi vieux, les choses s'arrangeront.

Les deux amis tentèrent de parler d'autre chose mais eurent du mal à chasser la nouvelle de leurs esprits. L'ambiance pesante n'allait décidément pas disparaître et, aigri, Desmond décida de rentrer chez lui.

- A plus, Desmond...
- Au revoir, Maxime. On se revoit demain, ok ?
- Ok.

Desmond fit le chemin du retour d'un pas lent. Il commença à appréhender la situation. Plus de meilleur ami avec qui voyager ! La suite s'annonçait bien morose. Jules Gorkuff ricanerait un bon coup en s'il apprenait ça. Desmond se remémora ce que Maxime lui avait dit une fois. « Là tu es encore avec moi, tu as de la chance. Mais ça ne sera pas pour toujours, il arrivera bien un moment où tu devras faire face aux gens sans mon soutien »
Le jeune homme arriva chez lui et se demanda s'il allait apprendre à sa famille cette désagréable nouvelle. Auquel cas sa mère se allait se faire encore plus de soucis. Il se demanda alors s'il ne valait pas mieux d'oser mentir.

Desmond monta dans sa chambre et s'allongea sur son lit. Il n'arrivait pas à chasser la nouvelle du jour de son esprit. Alors qu'il tentait d'oublier ça en lisant un bouquin, son frère aîné frappa à sa porte puis entra.
Dylan Maevan avait à peu près la même tête que son frère mais avec un légère barbe en plus.

- Salut frérot.
- Hey, Desmond ! J'ai ramené le Blu-ray des Vengeurs ! On le mate ce soir ?
- Cool ! Ouais, je me retenais de le voir sur le net ! s'efforça de répondre Desmond.

Un peu plus tard, alors qu'il ne savait trop pas quoi faire, Desmond aperçut son père dans le canapé et décida de partager avec lui quelques minutes. Son père accepta de poser son journal et discuter avec son fils. Après tout, ce n'était plus tous les jours qu'il le voyait.
Luc Maevan était le genre de personne à trouver la satisfaction dans une vie monotone et paisible. Après être rentré d'une longue journée passée au bureau, il avait pour routine de s'installer dans le canapé puis de déplier son journal qu'il allait lire en attendant le journal télévisé. Et chaque soir Viviane lui apportait telle ou telle boisson.
Desmond se demandait depuis des lustres si son père n'était pas au courant pour Valdea mais il n'avait jamais osé en parler.

- Alors Desmond. Tu ne t'es pas trop ennuyé aujourd'hui ?
- Si. Rester à la maison n'est déjà plus de mon goût.
- Moi et Dylan on compte partir à la pêche ce dimanche. Ca t'intéresse ?
- Oui ! C'est cool, je vous rejoins.
- Et tu comptes repartir lundi prochain, c'est bien ça.
- Oui c'est ça.
- Je vois.

Bien sûr la famille de Desmond allait lui manquer mais son enthousiasme quant à ses recherches sur Valdea prenait le dessus. Les résultats de son premier voyage dépassaient ses attentes et il ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin. Et cet Enzo Esteban... peut-être qu'il serait amené à le rencontrer une nouvelle fois, ou alors peut-être qu'un nouvel espion allait le traquer... non, il ne fallait pas basculer dans la paranoïa. De toute manière ce Shawn ne s'était pas pris aux deux dresseurs.

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Le lendemain était un samedi. Dylan allait profiter du week-end pour passer du temps avec son frère vu qu'il allait reprendre la route.
Alors qu'ils traînaient en ville, Dylan proposa à Desmond un match ; tous deux se rendirent à un parc avec un terrain spécialement aménagé pour les matchs entre dresseurs. Quelques jeunes qui glandaient là décidèrent de suivre le combat. Dylan fit face à son petit frère en souriant.

- Je sais que tu es bien plus fort que moi mais ne te retiens pas ! Typhlosion, à toi !

Le Pokémon Volcan apparut et cracha un jet de feu en l'air, enthousiaste. Apparemment il s'ennuyait dans sa Pokéball.

- Ok. Etienne ! Il est temps pour toi de te dégourdir les ailes.

Rapasdepic sortit en criant, tout aussi enflammé que son opposant.

- Commençons. Canicule !

Rapasdepic agita frénétiquement ses ailes et projeta une bourrasque emplie de feu. Typhlosion la reçut volontiers.

- Tu plaisantes, frangin ? Je t'ai dit de me prendre au sérieux. Lance-flamme !
- Je l'aidais juste à s'échauffer ! Etienne, Vol !

Le grand oiseau évita le jet de feu et entreprit une ascension rapide dans les airs, bien au-delà du champ d'action de l'adversaire. Un moment plus tard il retomba à toute vitesse vers sa cible. Seulement Typhlosion vit l'attaque venir et put l'esquiver quoiqu'il y échappât de peu. Dylan ordonna immédiatement l'attaque Aéropique que son Pokémon exécuta avec rapidité et précision. La réaction de Desmond fut fulgurante.

- Tunnelier !!

Rapasdepic oublia sa douleur et se transforma rapidement en une dangereuse perceuse. Typhlosion fut durement frappé par le rapace tournoyant sur lui-même avec frénésie.

- Allez, serre les dents ! Tonnerre !

Dylan adoptait un style très direct pour ne pas dire bourrin. Typhlosion recula en arrière tout en rassemblant la décharge électrique puis l'envoya vers Rapasdepic. Ce dernier reprit son envol pour l'esquiver mais finit par se faire toucher. Les spectateurs suivaient le combat avec passion.

- Hé, je n'étais pas au courant de ça ! Ca ne doit pas faire longtemps qu'il a appris Tonnerre.
- C'est en voyant Dimitri employer cette attaque, je me suis dit que Typhlosion pouvait faire la même chose...
- Cool en effet. Comme ça il peut se débrouiller face aux Pokémon Eau. Atterrissage.
- Mais oui, comme si j'allais contempler ton piaf en train de se reposer. Tonnerre, encore !

Seulement Typhlosion avait besoin d'un moment pour recharger l'attaque. Seuls les Pokémon électriques pouvaient utiliser cette attaque instantanément et à maintes reprises, or Typhlosion n'en était pas un. Son adversaire le rapace put s'envoler pour se mouvoir rapidement dans les airs, devenant ainsi moins accessible. La capacité Atterrissage n'avait pas fait tout son effet mais Etienne se sentait déjà mieux et parvint à éviter l'offensive adverse.

- Bon finissons-en, dit Desmond. Je te préviens, ton Typhlosion va morfler sévère. Etienne, Aéropique !

L'attaque infaillible atteignit la cible. Typhlosion s'étala mais alors qu'il cherchait à se relever, Etienne l'acheva d'un Bec Vrille bien placé. Le Pokémon Feu s'avoua vaincu.

- Ouais bah au moins je m'y attendais en quelque sorte ! dit Dylan en rappelant son Pokémon.

Ce petit match avait permis à Desmond d'oublier son angoisse. Mais ce n'était que partie remise.