Valdea, voyage vers l'inconnu de Shaam

Derek Edwell trouvait agaçante la couleur blanche qui régnait sur l'hôpital. C'était morbide et triste à souhait. En attendant de sortir, il n'y avait rien à faire et Derek s'ennuyait beaucoup. Il tuait un peu de temps en lisant le numéro actuel de TopDresseur. De temps à autre il recevait une visite de collègues, d'amis et de proches.
Justement, en cette fin d'après-midi, était assis à côté de lui son fils, sa fierté : Maxime Edwell. Ils avaient entamé une discussion mais un il y eut un blanc d'une minute. En effet, Derek hésita un peu à dire ce qu'il pensait. Finalement il tourna le visage vers Maxime et reprit la parole :

- Fiston...
- Oui papa ?
- Je... je suis désolé.
- Mais... pourquoi ?
- A cause de cet accident... à cause de moi, tu es obligé d'arrêter ton parcours alors que tu l'avais à peine commencé.
- Mais, ce n'est absolument rien, papa ! Ne t'en fais pas pour moi, ça ne me dérange pas du tout.
- J'ai de la chance d'avoir un fils comme toi, aussi compréhensif... mais je ne peux pas m'empêcher de penser que je te pose un obstacle. Je me demande si tu auras assez de temps pour rassembler les huit badges... la ligue aura lieu dans pas très longtemps.
- Ne te prends pas la tête, papa. Tout ça peut attendre.
- Certes, mais...

Derek s'adressait à son fils avec douceur et un regard chargé de peine et d'affection. Celui de Maxime n'était pas vraiment joyeux non plus et il se demandait encore pourquoi il a fallu que les choses prennent cette tournure.
Un infirmier entra dans la chambre, interrompant par la même occasion le blanc qui venait de s'installer à nouveau.

- Monsieur Edwell, vous avez de la visite.
- Laissez-moi deviner... nan c'est trop facile comme devinette.

Maxime sourit en voyant sa mère, sa sœur aînée et son frère cadet tous faire leur entrée. L'infirmier retourna à ses occupations.
Claire avait de courts cheveux blonds et portait des lunettes. Apparemment le temps lui avait fait prendre du poids.
Janette, quant à elle, avait le même teint blond que sa mère mais qui s'étendait sur une chevelure plus longue et attachée. Son regard était perçant, plein de jeunesse et de vitalité. Elle en était à sa vingt-et-unième année. Enfin, Alain était un brun de douze ans avec une bouille bigrement mignonne.

- Chérie...
- Comment tu te sens, Derek ?
- Ca va bien, mais j'ai hâte qu'on me lâche. Dis Janette, tu ne termines pas ton boulot plus tard que maintenant ?
- Je me suis arrangée pour sortir un peu en avance... répondit l'aînée de la fratrie. Maman tenait à ce qu'on soit ensemble.
- Hm, je vois...
- Ca va papa ? demanda Alain. Tu n'as plus mal ?
- Non, poussin. Ca va de mieux en mieux. Ne te préoccupe pas de moi et concentre-toi sur tes études, les examens de fin d'année ne sont plus très loin.
- Oui je sais, je me débrouillerai.
- Papa, ne stresse pas le petit... marmonna Janette. A son niveau les études ne sont pas coton !

Claire observa Maxime un moment, chose que le brun remarqua.

- Un souci, maman ?
- Maxime... tu es sûr de ta décision ?
- Mais oui, c'est évident.
- N'empêche, dit Janette, ça doit être plutôt maussade pour ton pote en ce moment. Il va bien s'ennuyer tout seul.

La blonde aperçut le regard tout à coup peiné de son frère.

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Avec ce même regard, Maxime faisait face à son ami de toujours, Desmond. Pour cette fois, ce dernier portait un blouson léger, sobre mais élégant. Pour le reste du corps il avait choisi un jean blanc et des espadrilles confortables.
Les deux garçons étaient à la sortie Est de Féli-Cité, un lieu assez désert avec une voie pour véhicules peu fréquentée. En effet la route 203 se caractérisait par une banalité affligeante. On préférait souvent suivre la route 204 en sortant par le nord de la ville.
Desmond souriait. Un sourire plutôt faible mais qui demandait à Maxime d'arrêter de s'inquiéter.

- T'étais pas obligé de m'accompagner jusqu'ici... j'aurais très bien pu passer te voir chez toi.
- Non, ça ne fait rien. En plus ça me permet de tuer le temps, moi aussi je m'ennuie pas mal chez moi.
- Si tu le dis... bon, il est temps pour moi de reprendre la route.
- Ok. Bonne chance pour Valdea... et pour tes prochains badges !
- Ouais.
- Prends soin de toi.
- Oh ça va, on dirait ma mère ! T'inquiète.
- Bien. Je t'appellerai.
- Hm.

Les deux amis se serrèrent les mains puis ne purent s'empêcher d'échanger une chaleureuse accolade.

- Allez, au revoir Maxime.
- Bon vent ! Desmond.

Aussitôt que ce dernier tourna le dos à son ami, sa mine rassurante s'assombrit. Il ferma les yeux, encore peiné par cette séparation. Ce n'est qu'en perdant de vue une chose ou une personne que l'on réalise sa valeur.
Desmond entama le parcours de la route 203 d'un pas lent. Décidément c'était bien parti : Cet endroit offrait un avant-goût du voyage avec sa vacuité ennuyeuse. En réalité, d'un point de vue autre que celui de Desmond, il faisait beau ce jour-là et le paysage naturel était parfait pour une agréable randonnée.
Pour se sentir moins seul, Desmond décida de sortir Adam, son fidèle premier Pokémon. Le Braségali marcha aux cotés de son dresseur.
Au fil de ses pensées, le garçon se remémora ce que son frère lui avait dit le week-end précédent.

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Desmond et Dylan étaient à une pizzeria et savouraient chacun leurs tranches.

- Tu sais, Desmond...
- Hm ?
- Je ne l'ai pas réalisé avant que tu partes... ce n'est qu'après que j'ai commencé à comprendre... en fait tu m'as bien manqué. Ça faisait tristounet le soir à la maison quand il n'y avait que moi avec les parents. De plus je me couche de moins en moins tard ces derniers temps.
- Oh... je vois. Toi aussi tu m'as manqué, frérot. Enfin pas trop mais quand même.
- Tu as suivi un chemin radical... maintenant il faut que ça débouche sur quelque chose qui en vaut le coup. Tu ne peux pas rester un dresseur lambda, il faut que tu deviennes une grande personnalité du dressage.
- Oui... oui je sais. Ne t'en fais pas.
- Et sinon, pourquoi tu n'as que le badge d'Unionpolis ? Tu es passé par Vestigion, non ?

Desmond ne pouvait certainement pas faire part de sa défaite, étant donné ce que son frère venait de lui dire. Il improvisa un mensonge.

- L'arène était fermée pour réaménagements divers et ça allait prendre un certain temps. On a décidé d'y revenir plus tard. Sinon, tu peux me passer l'huile d'olive ? Je veux en rajouter encore.

Le dresseur professionnel se soulagea de la crédulité de Dylan. Il se fixa comme résolution d'exploser les prochains champions d'arènes.

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Un Luxio passa à côté de Desmond et Adam. Ce dernier regarda son dresseur en montrant le Pokémon électrique du doigt. Desmond sourit.

- Non, Adam, tu sais bien que je n'ai pas envie de capturer de nouveau Pokémon. Vous quatre vous me coûtez déjà suffisamment d'argent pour la bouffe...

L'oiseau humanoïde haussa les épaules.

- Et si tu veux un combat il vaut mieux que ce soit contre un adversaire de taille. Un Hippodocus, ou un Yanmega...

Ils continuèrent leur chemin. Le jeune homme aux cheveux noirs croyait que cette journée allait être paisible, or ça n'allait pas être le cas. En effet, à un moment donné, un Tropius fit son apparition en émergeant des arbres non loin du chemin de Desmond et Adam.

- Wow... ce n'est pas tous les jours qu'on voit un Pokémon pareil...

Les deux compagnons s'étonnèrent de voir le curieux Pokémon les toiser du regard puis se mettre en face d'eux, bloquant carrément la route.

- Quoi, il veut se bastonner ou quoi ? Relax, toi, on ne fait que passer...

Desmond eut soudain une pensée pour le moins troublante. « Les Tropius ne vivent pas dans cette partie de Sinnoh, ce qui veut dire que... celui-là appartient à quelqu'un !! Mais... oh non putain ne me dites pas que ça va recommencer !! On me suit encore en cachette ?! »

- Adam ! Tu vas avoir ce que tu veux. Prépare-toi au combat !

Le coq de combat hocha la tête et embrasa ses poings. Il attendit le premier ordre tout en adressant un regard hostile à Tropius qui semblait ne pas en demander moins.

- Bon. Utilise Lance-flamme !

Braségali prit une inspiration puis cracha le long jet de feu mais Tropius le dissipa à l'aide d'une puissante Lame d'Air. Il battit des ailes puis s'éleva dans les airs. Desmond s'étonna un peu de la scène « Ça vole vraiment ces Pokémon... même quand on le sait, ça reste toujours impressionnant à voir »
Le Pokémon vert et marron agita les ailes et envoya une volée de feuilles acérées.

- Si tu crois que ça va marcher... Poing de Feu, allez !

Adam distribua une série de coups de poing fulgurants aux feuilles qui cessèrent carrément d'exister. Desmond n'attendit pas l'action suivante de Tropius.

- Pied Brûleur !

Braségali effectua un bond spectaculaire et se retrouva en un moment dans les airs, juste en face de Tropius à qui il asséna un violent coup de pied enflammé. Les deux Pokémon retombèrent au sol. Tropius avait déjà l'air mal en point mais Desmond ne comptait pas s'arrêter pour autant. Seulement...

- Stop !

Comme il s'y attendait, trop blesser ce Pokémon allait attirer son dresseur. Desmond aperçut un homme sortir de derrière un arbre. Il avait de longs cheveux bruns et une barbe. Il portait un chapeau ainsi qu'un long manteau qui finissait aux genoux.

- Allez ça suffit, tu es un excellent dresseur, tout ça. Maintenant laisse mon Pokémon tranquille, tu veux bien ?

L'étrange individu rappela son Pokémon dans sa Pokéball. Il s'approcha ensuite de Desmond, le salua et lui tendit la main tout en souriant. Après hésitation, le jeune homme lui serra la main. L'homme au chapeau proposa même une poignée de main à Braségali qui accepta, étant assez familier avec les manières des humains.

- Bonne journée, n'est-ce pas... Desmond Maevan ?

Desmond sentit un choc le traverser. Il recula ; son Pokémon fit de même, sentant la confusion soudaine de son dresseur.

- Hey ! Pas la peine de faire cette tête !
- Vous... vous travaillez pour Enzo Esteban, c'est ça ?!
- Nan pas du tout, calme-toi mon bonhomme.
- Mais alors pourquoi vous avez lâché votre Tropius sur moi ?
- Je l'ai fait juste sur un coup de tête, c'est tout ! Je voulais juste voir ta force et Tropius avait besoin d'un peu d'exercice. Eh ouais, tout n'est pas comploté dans la vie !
- Ah ouais ? Alors comment me connaissez-vous ?! Et comment savez-vous pour Enzo Esteban, d'ailleurs ?

L'homme au chapeau prit une inspiration, l'air de faire une révélation.

- En deux mots... Raoul Rodolphe.
- .........euh...
- Raoul est un ami à moi. Il m'a parlé de toi. Par ailleurs, je suis intéressé par le sujet de Valdea et Raoul me renseigne toujours sur les dernières nouveautés.

Valdea. Ca y est, le mot venait d'être lancé. Desmond en ouvrit la bouche, pris de stupeur.

- Allez, ne me fais pas cette tête-là ! On dirait que tu as vu Giratina. Laisse-moi t'expliquer davantage.

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Prosper et Raoul s'étaient retrouvés dans un café.

- Bien, je vois. Vous avez son numéro ?
- Vous voulez lui parler ?
- Mieux que ça, je veux le rencontrer.
- D'accord, je vous le passe.

Prosper nota le numéro puis but une gorgée en souriant.

- Alors notre Desmond a dit qu'il allait rentrer chez lui, à Féli-Cité. Il est bien naïf, il continue à donner des renseignements sur lui même après avoir découvert qu'un inconnu le connaissait !
- En fait il m'a demandé franchement si j'étais dans la bande d'Enzo et j'ai eu du mal à le convaincre !
- Je vois... et il repart quand ?
- Il a dit qu'il allait rester une semaine.
- Parfait ! J'ai envie de faire connaissance avec lui et de... connaître ses motivations profondes.

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- Putain... j'en marre qu'on fasse des choses dans mon dos.
- Relax ! Je n'ai pas de mauvaises intentions.
- Je suis pas naïf, vous savez.
- D'accord, d'accord. Sinon, es-tu sûr de ne pas me connaître ?
- Euh... je crois que je vous ai déjà vu à la télé, mais je me rappelle plus où...
- Cherche dans ta mémoire, tu finiras par trouver.
- Ça vous dérangerait de vous présenter ?
- Pas la peine d'être désagréable, jeunot ! Mon nom est Prosper Nov, quarante et un ans au compteur, à ton service ! Ça ne te dit toujours rien ?
- Je crois que ça me revient... vous étiez dans une émission genre... les types écolos qui explorent la jungle...
- Pas que la jungle ! Je suis un grand amoureux de la nature en général. Je fais des émissions télé sur les voyages, je suis aussi chercheur voire explorateur sur les bords. J'ai écrit un bouquin sur Hoenn et un autre sur les Pokémon Plante. Accessoirement je fais partie d'une association de lutte contre le braconnage. Et il paraît aussi que je suis bon dresseur !

Desmond regarda Prosper avec indifférence, nullement impressionné. Quoique l'allure sympathique de cet homme lui rappela celle de Maxime.

- Votre palmarès je m'en bats les steaks. On ne m'impressionne pas avec ça.
- Tu es toujours aussi acide ?
- Ça dépend des personnes...
- J'imagine que ça doit être ennuyeux de voyager avec toi.
- Et qu'est-ce que ça peut vous faire ?
- Eh bien, justement c'est ce que je comptais te proposer. Ça te dirait que je t'accompagne dans ton voyage pour quelque temps ? Tu te sentiras seul moins et tu pourras profiter de ma célébrité pour faire ton intéressant !
- Vous me connaissez mal !
- Ton copain le brun t'a parlé du Monaflémit qui a battu ses Pokémon ?
- Et c'est quoi le rapport ? Non attendez... c'est vous qui l'aviez aidé ?
- Bingo !
- Vous me dites ça pour que je vous accorde ma confiance, c'est ça ?
- Et alors ?
- Rien ne me prouve que vous n'êtes pas un sbire d'Enzo Esteban.
- Peut-être mais laisse-moi te dire une chose : pourquoi Enzo Esteban chercherait-il à te suivre encore ?
- Hein ? Euh...
- Il voulait te rencontrer et il l'a fait. Il t'a fait une proposition et tu as refusé. Accessoirement il était curieux de voir ce qu'il y avait dans ton carnet et ça aussi il y est déjà parvenu. Mais surtout il t'a dit que son groupe savait beaucoup plus de choses sur la région perdue que toi. Honnêtement tu ne lui es plus d'aucune utilité, tu ne mérites pas qu'il se casse encore la tête avec toi.
- .........Ouais, c'est... vrai... admit Desmond, presque à contrecœur.
- Alors cesse d'être une boule de nerfs et détends-toi ! J'ai du temps libre en ce moment, et j'ai bien envie de voyager un peu.

Desmond soupira. Peut-être que ça n'allait pas être aussi désagréable qu'il le pensait. Cet homme semblait sympathique mais le jeune homme n'allait pas baisser sa garde pour autant.

- Bon... c'est d'accord. J'accepte votre compagnie.
- Très bien !
- Mais je vous préviens, je reste méfiant.
- Ah mais quel casse-bonbon, ce jeune homme... tu es toujours comme ça ?
- J'suis pas de bonne humeur aujourd'hui. Bon, hâtons-nous, je veux arriver à Charbourg avant la tombée du soir.
- On n'a pas envie de dormir à la belle étoile, hein ? Tu ne sais pas ce que tu rates !
- M'en fiche. Allez...