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Smirnoff : Renaissance de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 13/09/2011 à 21:23
» Dernière mise à jour le 14/09/2011 à 14:31

» Mots-clés :   Hoenn   Johto   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Slice of life

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057 - « Je suis désolé... »
« Dieu ne peut pas répondre à tous ceux qui l'appellent.
Il est comme un garçon dans un restaurant. Il a trop de tables à servir. »

(Mel Brooks)

« Se repentir du passé, s'ennuyer du présent, craindre l'avenir : telle est la vie. »
(Ugo Foscolo)



[Et dans l'actualité, nous reparlons de Laszlo Calderone, auteur de « Destinée manifeste : Histoire d'un acharnement venu des cieux ». Monsieur Calderone, bonjour !]

Le sachet de nourriture se vidait dans des gamelles.

[- Bonjour !
- Vous avez vécu une vie hallucinante si on en croit votre livre. Chaque moment crucial a été marqué par une tragédie !
- Eh oui…]

Les gamelles furent posées au sol, attirant à elles des Pokémon.

[- Et ces tragédies amenaient à d'autres tragédies, c'était un peu une réaction en chaîne !
- Exact, oui.
- Et vos enfants les subissent maintenant !
- Tout à fait, je suis maudit en quelque sorte !]

La main éteignit la radio. Capidextre, Scarhino, Pachirisu, Seviper, Flagadoss et Lucario mangeaient dans la cuisine.

- Voilà, vous étiez les derniers ! souffla Etienne.

Etienne sortit de la cuisine et retourna au jardin. Estelle avait ramené l'orangeade.

- Tu as nourri tes Pokémon ?
- Hm !
- T'en as mis du temps !

Linda sourit.

- On prend toujours du temps pour les choses importantes, hein, Etienne.
- Exactement.

Le téléphone se mit à sonner. Linda se leva. Estelle servit les verres.

- C'est bien calme en ce moment…
- Il ne vaut mieux pas s'en plaindre… soupira Etienne.
- OH MON… OH MON DIEU !!!

Linda revint dans le jardin, affolée.

- Linda ?
- ETIENNE ! DAVID… C'ETAIT DAVID AU TELEPHONE !!!
- Joiiiiie ! sourit Estelle.
- IL FAUT QU'ON FASSE NOS BAGAGES IMMEDIATEMENT !
- Quoi ?!!
- VITE !!! IL FAUT PARTIR !
- Hein ?! s'étonna Estelle.
- MAIS DEPECHEZ VOUS !!! C'EST UNE URGENCE !

***



Quelques heures plus tôt



***

Roland se réveille. Il caresse Rachel.

- Bien dormi ? sourit Rachel.
- Ouais. Comme d'hab. A côté de toi, et… En vacances !
- Ca, c'est le pied ! sourit Rachel. On reste au lit toute la journée ?
- Je rappelle à ton bon souvenir que nous avons un fils qui n'aime pas beaucoup faire la grasse matinée.
- Pourquoi faut-il toujours que tu brises mes rêves les plus fous !
- Tu voudrais qu'on passe une journée au lit ?
- Comme quand on était jeunes !
- … On n'a même pas trente ans, Rachel !
- Oui mais ça me manque d'être libre, sans contraintes.
- On ne peut pas tout avoir, Rachel. Moi je préfère un cadre structuré comme on a maintenant.
- Vraiment ?
- Oui. Et surtout depuis que ça va mieux entre nous.

Rachel haussa les sourcils.

- Y'a un deuxième bébé en route, vaut mieux que ça aille !
- Tu m'étonnes. Si ça se trouve, rien ne va se passer comme prévu, tu vas mourir en couche !
- Merci Roland, j'apprécie ton… humour ?!
- Au moins, maintenant tu ne veux plus rester au lit !
- Là, non, c'est sûr !

***

Rachel préparait le petit déjeuner alors qu'Ethan jouait avec sa peluche Muciole.

Roland prit le journal envoyé par Mike.

- Bon ! Au moins il est à l'heure ! Hm !
- Roland ?

Roland se tourna vers Frank, un voisin. Blond avec une moustache blonde. « Berk ! »

- Salut, Frank… grommela presque Roland.
- Je voulais juste t'avertir que ce matin, moi et madame Colton, ma voisine – donc pas que moi, on a vu un type bizarre roder dans le quartier.
- Un type bizarre ?
- Bah c'est-à-dire qu'on aurait pu penser qu'il ne faisait que passer mais il est allé et venu… Enfin, c'était bizarre, comme tu as une famille, je préfère t'informer.

Roland haussa les épaules.

- Sûrement un touriste égaré.
- Hm… Peut-être… Bon, bonne journée !
- Hm, c'est ça.

Roland plissa les yeux. « Un type bizarre… comme toi par exemple ! Moustache blonde, j'vous jure ! »

Roland retourna dans la maison.

- Oh, Roland, il va falloir qu'on aille en courses !
- Ciel, que d'action. Ça me rappelle le tournoi ! Ca va devoir attendre, je dois aller chez David et Denis.
- Tiens donc…
- Oui, pour le retrait de domiciliation !

Rachel acquiesça.

- Aaaaah oui, oui, oui. Je me demande s'il va le signer.
- Mais oui. C'est plus un bébé quand même. Franchement ça m'étonnerait même qu'il hésite.
- Si tu le dis. On va t'attendre dans le jardin avec Ethan.
- Cool. T'as intérêt à te salir, Ethan !
- Oui papa !
- Non, papa, Ethan va rester propre parce que je ne le changerais pas avant d'aller en courses !
- Si on peut plus rigoler ! souffla Roland. Bon j'y vais rapidement.
- Ok !

Roland prit la porte. Rachel alla dans le jardin avec Ethan.

- Je suppose que tu vas vouloir nourrir les Pokémon ?
- Oui, oui, oui !
- Bon… Fais attention à ne pas te salir alors !
- Ok !

Clarence passa la tête de l'autre côté de la palissade.

- Hey, Rachel !
- Salut Clarence ! Dis bonjour Ethan !

Le gamin salua d'un geste de la main, sans rien dire.

- Alors comme ça on rompt un contrat de presque trois ans !
- Oh, Clarence !
- Mais non, mais non c'est très bien ! Au moins tu vas passer du temps avec ton fils !
- Je ne sais pas si j'aurais dû faire ça plus tôt, mais… Je sens que c'est la meilleure solution, tant pour lui que pour…

Rachel se tourna vers Ethan qui versait les sachets dans la gamelle sous l'œil gourmand des Pokémon.

- … mon mariage !
- Oh, alors ça très honnêtement je ne saurais pas te dire ! ricana Clarence.
- On se verra moins avec Roland, ça empêchera des frictions comme on en a eues l'an passé…
- Hm, certainement. Loin des yeux, près du cœur !
- Exactement !
- J'y retourne, mes petits monstres attendent !
- Euh, Clarence, ça veut pas dire qu'on n'est plus copines, hein !
- Ah mais si ma grande ! C'était tout pour la garde du petit, qu'est-ce que tu crois !

Les deux femmes ricanèrent. Rachel soupira en secouant la tête. Elle se tourna et vit Tobias qui avait franchi la baie vitrée.

- … Tobias ?!
- Excusez-moi, la porte était ouverte…
- … c'est pour quoi ?
- Ma mère vous rend le moule à tarte, elle est en plein dans ses topiaires…
- Oh ! Merci Tobias !
- De rien… à plus !
- Hm !

Tobias repartit. Rachel plissa les yeux. « Mémo personnel : Fermer les portes ! »

***

Perrine ouvrit à Roland.

- Tes parents ne t'ont jamais dit de ne pas ouvrir à des inconnus ?
- Tu n'es pas un inconnu, tu es tonton Roland.
- … Bien répondu. Où sont tes parents ?
- Occupés.

Roland entendit la douche.

- Oh-mon-Dieu… Et toi tu es toute seule ici ?

Perrine secoua la tête et désigna Queulorior et Cacturne. Roland pencha la tête sur le côté.

- Mouais. Tu fais quoi ?
- Je peins, bien sûr, que veux-tu que je fasse d'autre !
- … T'es vachement insolente !

Roland regarda ce que Perrine peignait : Deux mains jointes, sur une toile rectangulaire.

- … C'est une affiche militante pour la cause gay ?!
- Non c'est pour mes papas. Ils m'ont dit de peindre ce que je voulais, je me suis dit que j'allais peindre quelque chose pour eux.
- Mais tu peux aussi peindre des choses plus artistiques comme… des choses de ton âge !
- … c'est-à-dire ?
- Bah… je sais pas, des licornes !
- … quel est l'intérêt ?
- Tu peins, de base, ça n'a aucun intérêt !
- … c'est gentil, tonton Roland…
- C'est tout naturel, je suis ton oncle !
- Et puis de toute façon… OUPS …

Roland se retourna vers David et Denis, en peignoir.

- Alors, c'était bien ? demanda Roland.
- …
- …
- Allez donc vous habiller, j'ai à négocier avec David et je fais pas ça avec des gens à moitié à poil !
- Désolés… soupira David.
- Si on peut plus s'amuser ! soupira Denis.
- J'adore ce peignoir rose, David…
- Magenta… grommela David.

Perrine haussa les épaules. Roland semblait passablement gavé. « J'ai bien fait de ne pas amener Ethan. »

***

- Alors. Faisons simple. David, quand nous t'hébergions à la maison, nous avions une réduction d'impôts, celle qui est due aux familles qui hébergent un membre en difficulté. Cette réduction était ensuite minorée par ton travail, en somme elle s'était atténuée et finalement, elle est peu appréciable aujourd'hui.

Denis hocha la tête alors que David était paumé.

- Cependant, ça doit faire des mois que tu n'es pas revenu dormir à la maison. Donc nous devrions cesser de bénéficier de cette réduction – et moralement, et parce que bon, c'est la loi. En outre nous allons avoir comme tu le sais un second enfant – on se chicane pour le prénom en ce moment et on hésite entre Bob pour un garçon et Maria pour une fille – enfin bref, avec un deuxième enfant, nous aurons donc deux sources d'allocations familiales – tu dois savoir ce que c'est Denis, des allocations familiales !
- Si tu pouvais aller droit au but… marmonna Denis.
- Le souci c'est que nos allocations seraient réduites avec deux enfants si on conserve cette réduction d'impôts alors plutôt que de frauder, je viens te demander de signer cette jolie lettre d'expropriation que nous joindrons à notre dossier d'impôts cette année afin de payer plus d'impôts MAIS de bénéficier plus tard d'allocations familiales pleines afin de bénéficier d'un plus d'argent vu que nous allons bientôt vivre sur mon seul salaire vu que ma femme se la joue chômeuse.

David regarda Roland.

- Je veux que tu signes le papier qui dit que tu n'habites plus chez nous. Et donc que tu habites ici avec ton mec et ta gamine. Capice ?
- Mais…
- Evidemment si jamais ça allait mal pour toi, on t'hébergerait de nouveau, mais en l'occurrence ça a l'air d'aller, j'ai une famille à nourrir, toi aussi, Lily aussi, bon, on va pas entériner, hein…

Roland posa le papier sur la table et le tendit à David en le faisant glisser. Denis regarda David.

- … David ?
- Euh…
- Ton nom, tu te rappelles comment écrire ton nom ? marmonna Roland, intrigué.

David regarda Denis qui haussa un sourcil en désignant le papier.
David acquiesça et signa, l'air hésitant. Roland plissa les yeux. David toussota.

- Ça va ?
- Oui, oui…
- Si tu vas encore mourir, préviens avant, que je trouve un donneur de je sais pas quoi.
- …
- Tu veux un café, Roland ?
- Non merci, je vais vous laisser vous disputer tranquilles ! On se voit plus tard, les jeunes… Salut Perrine, joue à de vrais jeux de fille !

Perrine regarda son oncle prendre la porte, intriguée. Une fois que le vrombissement du monte-charges se fit entendre, Denis explosa.

- Je peux savoir c'est quoi, le problème ?
- … rien, je tousse, c'est tout…
- Je parle pas de ça ! David, tu as hésité pour signer un bête papier !!
- M… Mais j…
- Un bête papier qui dit juste que tu n'es plus domicilié chez ton frère ! On en avait parlé, tu avais dit que ce serait bien effectivement si tu étais domicilié ici !
- J'ai… juste eu un peu peur d'être désolidarisé du reste de ma famille !
- Et de t'installer définitivement avec moi !
- Pourquoi tu t'énerves ?!
- Ton frère est venu te demander quelque chose de très simple…

David secoua la tête. Denis rectifia.

- Ton frère est venu te demander quelque chose de très simple de façon très compliquée, mais c'était tout con : Signe un papier qui dit « Je n'habite plus chez mon frère » ! Où est le problème ? Pourquoi tu hésites ?
- Mais… c'est difficile quand même !
- Je ne vois pas en quoi, je croyais que tu étais bien ici !
- Oui mais comprends-moi, ils m'ont accueilli alors que je leur avais presque craché à la gueule, ça fait un coup au cœur de me séparer comme ça d'eux…
- Certes mais… J'aurais vraiment préféré que tu signes ce papier avec une mine réjouie du genre « voilà, enfin je suis libre et indépendant ! »

David sembla dubitatif. Denis soupira.

- Je prends la télé…
- …

Denis alla se placer sur le canapé. David resta dans la cuisine, mélancolique. Perrine n'avait RIEN compris, et elle s'assit pour continuer sa peinture.

***

Roland revint à la maison.

« Pourquoi Rachel a fermé la porte ?!! »

Roland ouvrit et découvrit Rachel qui jouait avec Ethan.

- Il a signé !
- YES !! Ah, super !!
- C'était trop marrant, il a hésité comme un glandu, Denis lui a lancé un de ses regards ! Je suis sûr qu'ils vont se disputer !
- Et tu t'en réjouis ?! s'étonna Rachel.
- Nan, nan, je sais que ça va aller, avec Kyle j'en doutais à chaque fois mais là je pense qu'on n'a pas de souci à se faire.

Rachel acquiesça.

- Bon. Tant mieux, mais j'aurais préféré qu'il prenne ça comme une opportunité d'affirmer sa volonté de s'installer clairement avec Denis… Il est vraiment incorrigible, toujours si têtu et hésitant…
- Borné comme un Smirnoff… ça va entrer dans le dico un de ces quatre…
- Moi ça ne me rassure pas. Qu'après tout le chemin qu'il ait parcouru, il soit toujours aussi incertain… J'avais pourtant l'impression qu'il était devenu plus ou moins solide…
- Faut croire que non, pas tant que ça.
- Il a quand même signé.
- On l'a un peu poussé sans le vouloir avec Denis. Oh, tu sais ce que fait Perrine ? Elle peint pour ses parents !
- C'est trop mignon !
- Je me demande ce qu'elle va donner plus tard. Peut-être qu'elle va se marier avec Walter.

Rachel haussa les sourcils.

- Ca va pas non ? Ils sont civilement de la même famille !!
- Et alors ?!
- … C'est comme si moi je te quittais pour ton frère !
- Tu deviendrais affreusement malheureuse ! admit Roland.
- Certes mais ce serait dégoûtant d'un simple point de vue métaphysique !
- … oui c'est vrai. Mais imagine le truc !
- Non Roland, berk ! ricana Rachel en prenant ses affaires.

Roland haussa les épaules en souriant. Rachel prépara Ethan.

- On va où ?
- En courses mon chéri.
- Ah.
- Quand j'avais ton âge, je ne me sentais vivante qu'au moment des courses !! soupira Rachel.
- Moi c'était quand mes parents partaient en courses et que j'avais la maison pour moi tout seul ! admit Roland.
- Ils ne t'emmenaient pas ?
- Je me faisais un plaisir sadique de les humilier en ajoutant des articles dans le caddie, ils passaient pour des fous, ça me faisait hurler de rire… à la réflexion c'était vraiment drôle !
- Mon pauvre Roland ! sourit Rachel.

***

Le supermarché était plutôt grand, et Roland tenait fermement Ethan.

- On a du café ?
- Si, c'est les filtres qu'on commence à ne plus avoir.
- Ah oui… C'est bizarre qu'on use plus rapidement les filtres que le café en lui-même !
- C'est parce que le café, je le dose ! clama Roland.
- Eh bah c'est stupide ! Et ça explique pourquoi il est aussi mauvais, ce café, certains jours on dirait du mauvais thé.
- Ah non, du mauvais thé c'est de l'eau chaude !

Ethan regardait autour de lui.

- Dis, Rachel…
- Hm ?
- … Ça tient toujours, cette intention de ta part de ne plus travailler ?
- Oh que oui.
- Et je suis toujours d'accord. Ce sera définitif ?

Rachel s'étonna.

- Comment ça ?
- Bah en théorie, à six ans, Ethan ira en cours préparatoires. Tu pourras reprendre après.
- Roland, être prof ce n'était même pas ma passion première. Je le faisais surtout pour être dans un secteur proche du combat, mais pas forcément pour enseigner aux mioches !
- Ciel, c'est notre mariage qui s'effondre !
- J'aurais au contraire dû faire ça plus tôt. Dès la naissance d'Ethan, pour son bien. Mais tu me connais, je suis une connasse orgueilleuse…
- Oui, j'avais cru comprendre ça aussi…
- … et puis ça aurait été mieux pour nous deux aussi.

Roland regarda Rachel qui semblait se faire des tas de reproches. Roland souffla en l'air.

- Rachel, voyons. Moi nouvel homme ! Moi regarder futur, pas passé !
- Oui, d'ailleurs c'est bizarre, ta nouvelle attitude, tout ça, j'ai l'impression qu'on vient de se rencontrer.
- Tu dis ça à cause des trucs-du-soir-dont-j'ai-pas-le-droit-de-parler-devant-Ethan ?
- Entre autres.
- En même temps, il faut dire que David nous a un peu fait chier sur ce coup… Tu ne pouvais pas arrêter de travailler, on avait besoin de l'argent pour nous quatre, et puis il aurait pris ça pour une invitation à ne pas aller bosser…
- Ouais… Mais quand même ça aurait empêché pas mal de disputes.
- Rachel, voyons…

***

Denis alla se chercher à boire, et il aperçut David en train de manger un pot de glace.

- … ah, carrément ?
- … c'est tout ce que j'ai trouvé.
- Tu vas grossir, David ! sourit Denis.
- Ca me fera pas de mal… marmonna David.

David regarda Denis en souriant faiblement. Denis se mordilla les lèvres. « Je ne peux pas m'énerver sérieusement contre lui, c'est pas possible ça ! »

Denis s'assit à côté de David.

- Qu'est-ce qui ne va pas ?

David regarda le pot de glace puis regarda Denis.

- J'me sens comme un gros boulet.
- Pourquoi ?
- En signant ce papier j'ai pris conscience que j'avais été un boulet et rien de plus pour mon frère et ma belle-sœur. En signant ce papier… j'avais l'impression de les libérer d'un énorme poids, c'est comme ça que ça a sonné pour moi.

Denis hocha la tête.

- D'accord. Très bien. Désolé d'avoir mal compris ta réaction.
- … y'avait un peu de vrai, sauter le pas… si Roland ne m'y avait pas poussé, je sais pas si je l'aurais fait.
- Mais tu l'as fait finalement. Tu es un brave. Et je suis persuadé que ton frère le sait.

David hocha la tête en souriant.

- Merci de me rassurer.
- Allez, viens sur le canapé, Perrine sera heureuse de t'aider à finir cette glace !
- … c'est de la pistache, elle n'aime pas ça !
- Cette glace n'est pas d'assez bonne qualité pour avoir un vrai goût précis ! marmonna Denis. Allez, viens, mon petit loup !

David hocha la tête et se leva. Denis entraina David dans un baiser.

- N'oublie jamais que quoi qu'il arrive, je t'aime, David.
- Je sais. C'est pour ça que je ne suis pas allé me cacher en pleurant !

Denis ricana. David se serra contre lui.

***

- J'adore quand ton père va fureter en librairie, me laissant seule avec toi…

Ethan était dans la place assise du caddie. Rachel traversait le rayon jouet.

- Allez, Ethan, je sais que ça pue le déjà-vu mais choisis un jouet ! N'IMPORTE lequel !

Ethan regardait autour de lui, intrigué.

- Euuuuuh… Hm ! Hm !

Ethan désignait un jouet du rayon. Rachel jubila. « OUIIIIIII ! Mon enfant est normal-heu ! Mon enfant est normal !! »

Rachel regarda le jouet en question… une horloge Pikachu.

- ETHAAAAAAAAAAAAAN !!!
- Je veux ça s'iteuplé maman !
- … Mais ne réclame pas ! C'est de la déco, Ethan ! En plus tu sais à peine lire l'heure !!
- Mais c'est joli !
- … même pas !
- Je veux ça s'iteuplé maman !!

Rachel soupira.

- Tu réclames avec tant d'insistance… Tu ne veux pas des robots, des trains, des figurines d'action ?

Ethan secoua la tête. Rachel soupira.

- Bon sang mais pourquoi tu ne veux pas de jouets ?!
- …

Ethan regarda sa maman.

- Bah… parce que… moi je veux jouer avec toi et papa, pas avec des jouets.

Rachel regarda son fils et le serra dans ses bras.

- Oh mon bébé ! Moi aussi j'aime bien être avec toi. Et dorénavant, j'aurais plein de temps pour toi ! C'est promis ! Tout le temps.

Ethan sourit.

- Vivement dorénavant alors !

Rachel sourit avec son fils et lui embrassa le front. Roland arriva.

- RACHEL ! RACHEL ! Le nouveau traité de Gishentov sur l'attaque Tunnelier !!! RACHEL !!
- C'est toi qui a l'argent, Roland, prends-le et ne réclame pas comme ça, on dirait un gamin sauf Ethan !
- Ouaiiiiiiiiiiiis !!!
- Quel crétin… On passe au magasin d'objets Pokémon.
- Pourquoi, tu veux perdre du temps ?
- Non, Roland, je veux tester de nouvelles stratégies, je vais avoir du temps pour m'entrainer, et mon combat au tournoi m'a encouragée à essayer, entre autre, les objets tenus. Donna aussi m'a dit que c'était sympa et qu'il fallait que j'essaie.

Roland soupira.

- Comme si tu avais besoin de ça.
- Eh bah oui.

La petite famille se dirigea vers les magasins de la galerie marchande.

- Ethan a juste pris une horloge Pikachu ?
- Oui mais c'est pas grave. On devrait le laisser faire comme il veut ! proclama Rachel. Si plus tard il veut des jouets, il en aura.

Roland haussa les épaules.

Magasin d'objets. Rachel farfouille. Roland joue les papas profs.

- Ceci est une Loupe. A ne pas confondre avec un Lentilscope. La loupe, Ethan, augmente la précision des attaques. C'est très pratique quand ton Pokémon possède Agitation par exemple.
- C'est quoi Gitation ?
- Agitation, c'est une aptitude nulle à la base. Ca fait baisser ta précision, mais ça augmente ton attaque. Bien utilisé, ça peut faire des miracles !!
- Ouah. Et comment je peux avoir cette aptitude, moi ?
- Pas toi, Ethan, les Pokémon !
- Ah.
- Et ça c'est des restes. C'est pour manger !
- Les Pokémon mangent ça ?
- Hors du combat, généralement, non, mais Restes leur permet de prendre un casse-croûte pendant le match.

Rachel trouva son bonheur : Un Grelot Coque d'occasion.

- Avec mon style de combat, cet objet-là est par-fait.
- T'as trouvé ton bonheur ?
- Oui avec ce que j'ai pris ce sera très bien.
- Et ça, Ethan, ce sont des baies. Les baies, ça ne sert à rien.
- Ca a l'air bon !
- Disons que ça sert de nourriture, mais les dresseurs qui s'en servent au combat sont d'une prétention… « Hahaha, j'ai la baie truc qui réduit tes dommages ! » Crois-moi, Ethan, c'est nul !
- Ok papa !
- C'est bien mon garçon ! Au moins tu es raisonnable.

Rachel arriva à la caisse, mais la vendeuse était déjà occupée avec un client…

- C'est N'IMPORTE QUOI ! Pourquoi cette Orbe Vie coûte plus cher qu'une Orbe Flamme ou une Orbe Toxique ?!!
- Monsieur, ce sont les prix du marché…
- Je m'y connais, figurez-vous et la fabrication est la même !
- Monsieur, il y a des circonstances spécifiques, si vous vous y connaissez, vous savez qu'il y a une différence entre le fait d'augmenter la puissance et de…
- MAIS JE SAIS CA, VOILA QU'ELLE ME PREND POUR UN INCULTE !
- Non mais ça va, baissez d'un ton, là ! soupira Rachel.
- DE QUOI JE ME MELE ?
- Calmez-vous ! Je ne vois pas de quoi vous vous plaignez, c'est évident qu'une Orbe Vie sera toujours plus chère qu'une Orbe Toxique ! L'Orbe vie provoque un avantage et l'orbe toxique un désavantage ! Ça tombe sous le sens !
- Madame, sauf votre respect, la fabrication est la même, avec les mêmes produits, vous comprenez que c'est scandaleux ?
- Seulement si on est un gros plouc qui s'intéresse à ce genre de choses… soupira Roland en se mêlant à la dispute.
- Pardon ? De quoi je me mêle encore là ?
- C'est à ma femme que vous parlez, là !
- Ah oui ? Bah votre femme vous devriez la dresser un peu mieux !
- Pardon ?
- Non mais dites donc !
- C'est quand même inadmissible que vous la laissiez parler comme ça !
- Monsieur, j'ai des clients, si vous pouviez juste régler votre achat… marmonna la vendeuse.
- PAS AVANT QUE JE N'AI VU UN DIRECTEUR QUI ME DISE CLAIREMENT POURQUOI CETTE ORBE VIE EST VENDUE PLUS CHERE !
- Si vous n'êtes pas content, allez sur un marché noir, là vous pourrez négocier ! soupira Roland.
- Voilà tout à fait ! soupira Rachel.
- Vous n'y connaissez rien, moi je suis un dresseur professionnel, ça n'est pas un couple en goguette qui va m'apprendre à négocier !
- Négocier ? Dans un supermarché ? s'étonna Rachel.
- Vous êtes débile ma parole ! ricana Roland.
- Monsieur, nos prix ne sont pas à négocier… Cela n'est inscrit nulle part dans notre charte ! admit la vendeuse.
- Foutaises ! On ne peut pas négocier mais vous nous imposez des prix prohibitifs ?!
- Monsieur, c'est le marché !
- Je vais vous dire ce qu'il en est du marché, espèce de petite dinde !
- Vous pourriez cesser de hurler… soupira Roland.
- Quelle grossièreté… soupira Rachel.
- Tu m'étonnes ! soupira Roland.
- Je ne VOUS AI PAS SONNES !
- Non, mais moi j'aimerais rentrer chez moi avant la nuit ! souffla Rachel.
- Eh bien vous allez attendre, parce que tant que je n'aurais pas eu gain de cause, il ne se passera rien !
- Gain de cause sur QUOI ? Vous espérez qu'un objet qui vous donne de la puissance soit aussi cher qu'un objet qui empoisonne ou qui brûle ! Au pire vous êtes con !
- PARDON ?
- MAIS OUI TOUT A FAIT !
- Franchement il a raison ! admit Rachel.
- Vous je ne vous permets pas !
- Moi encore moins ! grommela Roland.
- Faut-il que j'appelle la sécurité ? geignit la vendeuse.
- BAH VOYONS ! Allez-y, évitez le débat !
- QUEL DEBAT ! soupira Rachel.
- Y'a pas de débat, vous êtes juste un gros con !
- NON MAIS DITES VOUS LA !
- JE SAIS CE QUE JE DIS, JE LES RECONNAIS QUAND JE LES VOIS !
- Ah ça oui, croyez-moi, il en a vu !
- J'en ai même été un pendant un temps !
- Mais quel genre de personnes vous êtes !
- Le genre qui déteste les abrutis dans votre genre !
- Voilà !
- N'importe quoi, non mais faut vous faire soigner !
- Je vous retourne le compliment !
- Du vent, laissez les vrais clients régler leurs achats !!
- Voilà !
- Pffff non mais on aura tout vu !
- Ah ça je ne vous le fais pas dire !!

Le client coléreux partit. Roland et Rachel soupirèrent. Rachel fit payer ses achats.

- Désolés ! souffla Rachel.
- Merci plutôt de m'avoir débarrassé de ce type… soupira la vendeuse.
- Ethan ?

Rachel se retourna vers Roland qui était mortifié.

- ETHAN ?
- Roland, qu'est-ce qui…
- OU EST LE PETIT ?
- Mais je sais pas, il était avec toi !
- JE L'AI LACHE CINQ MINUTES JE PENSAIS QU'IL ETAIT DERRIERE NOUS !
- Calme-toi ! Ethan ?

Roland arpenta le magasin. Rachel regardait de tous les côtés.

- ETHAN ?
- Vous cherchez…
- Notre fils ! cria Rachel en regardant la vendeuse.
- Je n'ai vu aucun enfant à vos côtés à la caisse !
- Oh mon DIEU ! ETHAN !!!
- IL EST PAS DANS LE MAGASIN ! hurla Roland, paniqué.
- ETHAN ! cria Rachel, hystérique, en sortant du magasin.

Roland sortit également du magasin, laissant leurs courses sur place.

- ETHAN !
- ETHAN MON CHERI !

Roland prit un vigile par le bras.

- AIDEZ-MOI ! NOTRE FILS A DISPARU !
- Calmez-vous, monsieur…
- MON FILS ! ETHAN ! UN PETIT, QUATRE ANS, BRUN, IL PORTAIT UN T-SHIRT VERT AVEC UN JEAN, IL TENAIT UNE PELUCHE DE MUCIOLE !
- Monsieur, du calme…
- NE ME DITES PAS DE ME CALMER PUTAIN ! MON FILS A DISPARU !!!

Rachel était partie en furie dans le magasin en hurlant le nom de son fils dans toutes les boutiques.

- ETHAN ??? ETHAN ? ETHAN REPONDS MON BEBE !!! ETHAN ???

Le vigile prit son interphone.

- Euh… lancez un appel pour un certain Ethan, demandez le petit Ethan à l'accueil !

Evidemment il n'en fallut pas plus pour déclencher une explosion nucléaire.

- PARDON ??? TOUT CE QUE VOUS FAITES C'EST LANCER UN PUTAIN D'APPEL AU MICRO ?
- Monsieur, que voulez-vous que je fasse ? Je suis vigile ?
- TU T'ECOUTES SEULEMENT PARLER ESPECE DE SOUS MERDE ???... Le type du magasin ! Oh je vois !! C'est un complot, il est complice, il a enlevé notre gamin !!! Je dois retrouver ce fils de pute !!! OU TU ES ????

Le vigile regarda Roland partir en courant dans le magasin.

- … euh… Appel à tous les vigiles, essayez d'arrêter le dingue qui hurle…
- ETHAN !!! ETHAN ! OH MON DIEU OH MON DIEU OH MON DIEU !!!
- … ainsi que la folle hystérique…

[Le petit Ivan est demandé à l'accueil…]

Roland cessa sa course, repérant le type qui mangeait un sandwich, sans Ethan.

- … quoi, vous allez aussi me faire chier parce que je mange un sandwich ? Vous voulez une revanche ?!

Roland regarda le type.

« C'est pas lui… pourquoi ils appellent un Ivan ?! »
- ROLAND ! ROLAND JE LE TROUVE PAS !
- M… Moi non plus…

Rachel tenait Roland par les bras.

- MAIS COMMENT ON A PU LE PERDRE ??? COMMENT TU AS PU LE LACHER !
- NE COMMENCE PAS A DIRE QUE C'EST MA FAUTE PUTAIN ! TU CROIS QUE J'AI FAIT EXPRES DE LE LACHER ???
- TU AURAIS PU MIEUX LE TENIR !!!
- J'AI EU DIX SECONDES D'INATTENTION !

Quatre minutes plus exactement mais nous y reviendrons.

- ROLAND, MAIS QUI A PU L'EMMENER ???
- … LES ISSUES ! IL FAUT BLOQUER LES ISSUES ! CONTINUE A CHERCHER, JE M'OCCUPE DES ISSUES !
- OK ! ETHAAAAAAAAN !

Roland fonça vers les escalators et descendit à toute vitesse. Dans le hall d'accueil, personne. Roland regarda toutes les portes, tous les bâtiments, toute l'agitation, la foule, les lumières…

Tout cela avait un effet dévastateur sur Roland.

Une dévastation qu'il mit en place. Il sortit Minotaupe, Chovsourir, Tartard et Scorvol.

- Chovsourir…

Roland, par une sorte de réflexe générationnel, avait, de lui-même cessé de surnommer ses Pokémon. Un geste quelque peu inexplicable vu de l'extérieur.

Les gens s'étonnaient, sachant que sortir des Pokémon dans un centre commercial était une pratique inhabituelle.

- Cherche Ethan. Trouve-le, peu importe où tu doives aller. Si tu dois frapper ou tuer des gens pour le reprendre, fais-le !

Chovsourir hocha la tête. L'ordre de Roland était d'une stupidité hallucinante – surtout la dernière partie – mais Roland avait dit cela très sérieusement. Donc Chovsourir exécutait.

Rachel était toujours en roue libre, hurlant le nom de son fils dans tout le magasin, en pleine descente aux enfers nerveuse.

Roland atteignit un point de non-retour flagrant.

Minotaupe, Tartard et Scorvol bloquaient l'entrée. Les gens s'étonnèrent. Roland arrive à l'accueil. C'est un petit jeune à qui il s'adresse, un stagiaire. C'est son premier jour ici. Son premier emploi. Il était tout content en allant au travail, ce matin. Rare, pour un jeune.

- Petit, ferme les portes !!
- Hein ?
- FERME LES PORTES EN FER DU MAGASIN !
- Mais, euh…

L'état de folie de Roland, l'impatience dont il était le tributaire et la rage profonde résultant de la disparition d'Ethan l'amena à faire ce qu'il n'aurait auparavant jamais fait.

Il empoigna violemment le jeune homme.

- BORDEL DE MERDE FERME CES PUTAINS DE PORTES !!! JE SUIS LE DIRECTEUR DU MAGASIN !!!
- N… Non, j'ai vu le directeur lors de mon entretien…
- ME FAIS PAS CHIER AVEC TA VIE INSIGNIFIANTE !!!

Roland repoussa le jeunot qui tomba au sol. Le gamin, pas con non plus, sonna l'alerte avant, effectivement, de refermer les grilles.

Mais pas parce que Roland l'avait demandé.

Pour retenir Roland dans le magasin avant la venue de la police.

Ce réflexe, d'un autre âge que le sien, témoignait d'une force de caractère que Roland n'avait pu soupçonner. Roland Smirnoff et Simon Gribble ne se connaissaient pas, mais s'ils s'étaient rencontrés en d'autres circonstances, ils auraient pu être amis.

Ce ne serait pas le cas, et la grille de fer qui se refermait derrière les Pokémon de Roland avait été baissée comme un couperet.

Une vieille dame approcha d'un Roland paniqué et fébrile. On eut pu dire que la vieille était complètement folle.

Rachel commençait à s'arracher les cheveux.

L'excité du magasin d'objets descendit l'escalator, son sandwich à la main.

- Monsieur, enfin, calmez-vous, inutile de vous agiter ainsi !

Roland aurait pu la tuer, cette vieille.

Il se faisait violence pour ne pas laisser partir un bras pour lui fouetter la gueule, à cette morue.

Une forme de colère beaucoup plus puissante s'abattit.

- TA GUEULE ! QUAND J'AURAIS BESOIN D'UNE SERPILLERE JE TE SONNERAIS, VIEILLE BIQUE !

Roland regarda autour de lui et prit le micro. A cet exact moment précis, Roland s'empara du micro.

[VOTRE ATTENTION S'IL VOUS PLAIT ! LE BÂTIMENT EST A PRESENT BOUCLE ! VOUS ALLEZ TOUS REGARDER AUTOUR DE VOUS ! SI VOUS APERCEVEZ UN ENFANT QUI N'EST PAS AVEC SA MERE OU SON PERE, IL S'AGIT TRES PROBABLEMENT DU MIEN, RAMENEZ-LE IMMEDIATEMENT A L'ACCUEIL !]

Inutile de dire que le discours de Roland n'avait aucune cohérence.

Les gens étaient surpris mais s'étonnaient plus d'entendre que le bâtiment était bouclé que de vraiment chercher à retrouver l'enfant disparu.

Seule Rachel ne ressentit rien du choc créé par la voix de Roland.

Rire de fou dans le micro. Simon Gribble se cacha, très inquiet.

[PERSONNE NE SORTIRA DE CE BATIMENT AVANT QUE JE N'AI RECUPERE MON FILS. MON PETIT ETHAN. ETHAN, VIENS VOIR PAPA. SIGNALE TA PRESENCE ET VIENS VOIR TON PERE OU TA MERE, NOUS TE CHERCHONS…]

L'excité jeta son sandwich dans une poubelle. Les gens autour étaient paniqués. Roland les regarda. Ses Pokémon, empourprés par le mal-être résonnant de Roland, avaient des airs méchants au possible.

- Vous avez compris ? Personne ne sortira AVANT que j'ai retrouvé mon petit garçon ! Où peut-il bien être ? Personne n'a rien vu ?

Les gens ne bougeaient pas, apeurés. Roland avait vraiment l'air d'un fou.

- Toi !

Roland regarda une jeune fille. Elle n'avait RIEN fait. Bon, certes, elle était habillée de façon un peu légère, n'avait pas l'air d'être reconnue pour ses talents scolaires, mais au demeurant elle n'avait rien fait.

- Tu sais sûrement quelque chose, non ? C'est toujours comme ça avec ma famille. Le danger vient de gens qu'on ne connait pas mais à qui on a pu faire quelque chose par inadvertance. Qu'est-ce que je t'ai fait ? Hein ? Dis-moi. Pourquoi as-tu enlevé Ethan ? Qu'est-ce que ça va t'apporter ?

L'adolescente ne répondit rien, trop effrayée. Il faut dire que quand un Minotaupe tend ses griffes vers vous…

- Minotaupe est gentille. Elle ne te fera aucun mal. Sauf si elle apprend que tu as fait du mal à mon bébé. Dans ce cas elle t'éventrera.

N'importe quelle famille normale aurait prévenu la police.

Cela faisait bientôt onze minutes qu'Ethan était introuvable, Roland et Rachel avaient tout simplement fait n'importe quoi, et Ethan avait eu mille fois le temps de disparaître.

L'excité de tout à l'heure sortit une Pokéball. Sous ses airs d'excité, c'était un homme modérément intelligent.

- Laissez cette fille tranquille.

Roland se redressa et regarda l'excité. L'adolescente partit se réfugier dans un coin, totalement désœuvrée.

- Vous… Vous, je suis persuadé que vous avez un lien.
- Absolument pas. Je suis désolé que votre gamin ait disparu mais vous vous y prenez comme un manche.
- Qu'est-ce que vous en savez ?
- La première chose que vous auriez dû faire c'est vérifier les issues aux alentours de la dernière fois où il a été vu. Prévenir la police, le magasin, demander à voir les caméras de surveillances, puis lancer une enquête avec la police. Ce que vous faites là est d'une stupidité confondante. Et vous êtes enfermé.
- C'est FORCEMENT quelqu'un d'ici ! Qui m'en veut, qui nous en veut. C'est toujours comme ça que ça se passe. On en veut à ma famille et on s'en prend à nous de diverses façons…
- La vie ne se déroule pas comme ça. La vie se compose de petits hasards malencontreux, vous le savez bien.
- Fermez-là, je ne vous parle pas à vous.
- Vous êtes enfermé, vous n'avez pas le choix.
- ETHAAAAAAAAAAAAN OU ES TU MON CHERI ETHAAAAAAAAAAAAAAN !!! criait Rachel dans le silence du magasin.

Roland réalisa qu'il était enfermé. Il regarda vers la grille en fer.

- TUNNELIER !

Minotaupe fonça en vrille vers la porte, déjà bloquée par un robuste Avaltout qui obstruait la porte de fer.

- Cessez tout ça. Rappelez vos Pokémon… Ils vont vous aider à retrouver votre enfant.

On entendit la police arriver. Forcément, dans tout ce tas de personnes, quelqu'un l'avait appelée en prétextant, je cite : « Une prise d'otage orchestrée par un fou ».

- … mon fils…
- C'est ça. Faites confiance à la police, ils vont vous aider. Vous vous êtes énervé, c'était stupide, mais maintenant tout va bien et vous allez pouvoir vous consacrer pleinement à retrouver votre enfant. Ok ?

Roland hocha la tête. On frappa à la grille. Roland s'avança vers elle alors qu'Avaltout était rappelé par son maître. Un policier était derrière cette grille.

- Monsieur, on m'a appelé pour me prévenir d'une prise d'otages…
- C'est pas une prise d'otages, monsieur l'agent… mon fils a disparu…
- Depuis combien de temps ?
- Une… un bon quart d'heure…
- Et appeler la police…
- Sur le coup, j'y ai pas pensé…
- Vous avez vérifié les issues de secours au moins ?
- … non…
- Les autres portes du magasin ?

Roland était blême. Stupide. Terrassé, même, par sa propre connerie. S'il avait été son frère, il aurait pété un câble tel qu'il en serait mort.

Roland soupira et ouvrit la grille, laissant les gens sortir, dont l'excité qui le salua d'une main.

- Pardon… excusez-moi… pardon… marmonnait Roland sur le passage des gens qui à présent le méprisaient.
- Monsieur…
- Smirnoff, Roland Smirnoff…
- Monsieur Smirnoff, vous devez aller déclarer la disparition de votre fils dans un commissariat. Faire un signalement. Organiser des battues. Cimetronelle est une petite ville, vous n'aurez aucun mal à fouiller les horizons. Le problème c'est qu'il y a beaucoup de forêts.

Roland acquiesça. Rachel arriva, en larmes, décoiffée, folle.

- ROLAND JE L'AI PAS TROUVE ! J'AI CHERCHE PARTOUT JE L'AI PAS TROUVEEEEEEEEEEE !!!! ROLAAAAAAAAAAAAAAND !!!!

Roland regarda Rachel, sans émotions. Trop secoué.

- TROP DE PORTES, TROP D'ENDROITS OU SE CACHER, TROP, TROP… IL PEUT ETRE N'IMPORTE OU, N'IMPORTE OUUUUUUUUUUUHOUHOUUUUUUUU !!!
- Appelez-moi une ambulance, vite !! Monsieur Smirnoff, avez-vous de la famille qu'on peut appeler ?! Monsieur Smirnoff ?

Roland serrait Rachel qui sanglotait contre lui. Le temps, la réalité autour, n'avait plus de prise. Roland était sûrement encore plus choqué que Rachel, mais il n'arrivait plus à extérioriser. Il réalisait à peine qu'ils avaient perdu leur fils. Qu'Ethan n'était plus là, et que plus rien ne serait jamais pareil. Qu'il y avait eu cette fraction de seconde où Ethan était là, et où tout d'un coup il n'était plus là. Comme s'il était tombé en poussière.

- Monsieur Smirnoff, vous voulez passer un coup de fil ?

***

(Muse : Exogenesis Symphony Part 3, Redemption)

- David… David, c'est moi, Roland…

Rachel était prise en charge par les médecins. Ils parlaient d'elle.

- J't'en prie, David, appelle papa, je pourrais pas, je pourrais pas supporter de leur dire…

- A vue de nez, comme ça, il lui faudrait une aide psychiatrique…

- Merci, frérot… tu me sauves la vie…
Roland haussa les sourcils.
- Quoi ? Si… B… Bien sûr que…
Roland s'essuya les yeux.
- M… Merci David, ça me touche. V… Viens, si tu veux, oui…

Rachel s'efforça de paraître la plus normale possible.
- Madame Smirnoff ? Vous nous entendez ?
- Ca va, je vais bien… je veux mon fils…
L'idée d'être éloignée des recherches lui était tellement insupportable qu'elle était sortie de l'état de quasi-catatonie dans lequel elle était entrée.

- Colin, c'est moi, Roland… je t'appelle parce que…

- Je vais bien, ne vous en faites pas, sur le coup j'ai… juste été un peu secouée… excusez-moi de vous avoir inquiétés… souffla Rachel. Je veux juste mon fils.

- Merci cousin… j'apprécie. Merci beaucoup…

- Allô, Kate ? C'est Roland, je te dérange pas ?

- Mac… Mac, c'est… c'est moi Roland… D… Déconne pas, Mac, je t'appelle parce que… parce qu'Ethan a disparu…. J… Je sais pas, il a été enlevé, un truc comme ça… Crie pas… Crie pas, Malcolm ! J…

- Voilà, tout ça pour vous dire ça… merci Charlie…. Ça ira, si vous pouviez juste rester disponibles au cas où…

- Je veux mon fils, je veux mon fils, je veux mon fils…
- … Elle est en état de choc… elle a beau lutter contre, elle va mettre du temps à supporter.

- Monsieur Smirnoff, le directeur du magasin accepte que vous voyiez avec lui les caméras de surveillance.
Roland acquiesça.

- Mon fils, je veux mon petit garçon…
- Calmez-vous, madame Smirnoff…
Les yeux de Rachel n'avaient plus de couleur à force qu'elle pleure comme une damnée.

- Là, c'est le dernier moment où on le voit. Il part dans l'angle mort de la caméra. Et la seule sortie avec quelque chose de suspect, c'est cette personne qui suit une foule en portant ce qui ressemble à un paquet à la sortie de secours numéro 8, non loin du magasin où Ethan se trouvait.
Roland n'en revenait pas. Ca avait été aussi simple d'enlever son petit garçon.
« Je suis un dresseur surpuissant, émérite… »
Roland appuya ses mains sur la console de contrôle des caméras du magasin.
« … et on m'enlève mon gosse en un claquement de doigts… je suis… je ne suis rien qu'une sombre merde ! Je ne suis rien du tout, je ne vaux rien… »
Roland regarda à nouveau la silhouette noire qui partait avec le paquet.
- Impossible de savoir si c'est un homme ou une femme… aucun détail ne filtre, c'est comme si la personne connaissait les angles morts des caméras et s'y était faufilée.

- Mon petit garçon, mon bébé, mon Ethan…
- Madame Smirnoff, on va vous envoyer à l'hôpital, ok ? Vous avez besoin d'être traitée.
- RACHEL !
Elle releva la tête vers David et Denis, accompagnés par Perrine.
- Rachel ! geignit David.
Rachel s'effondra sur David.
- DAVID ! DAVID !!
- J… Je sais, Roland m'a tout dit ! Ça va aller, Rachel…
- Tout ira bien, Rachel, vous allez le retrouver en un rien de temps ! assura Denis.
- C'est ma faute, tout est ma faute, j'ai été une mère horrible et égoïste… Il nous a échappés seulement deux minutes, deux toutes petites minutes…
- Rachel, ça aurait pu arriver à n'importe qui ! admit David.
- Ne te blâme pas, et au contraire rassemble tes forces pour le retrouver ensuite. Ethan a besoin de toi et de Roland, c'est pas le moment de flancher, ok ? souffla Denis.
Rachel hocha la tête. David s'éloigna avec Denis.

- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je reste à l'écart avec Perrine, et j'appelle tout le monde pour organiser la garde des enfants et le rassemblement de « l'équipe de secours ».
- D'accord. Il faut rassembler du monde.
- Oui, Roland a prévenu tout le monde, maman a dit qu'elle ferait venir papa et tante Estelle, mais on va avoir besoin de plus de monde. Finn pourra nous aider, Colin aussi, Claire est la plus raisonnable…
- Très bien David, fais ça, je te soutiens à 100%. Moi je reste avec Rachel.
- Ok.

Denis alla se placer auprès de Rachel.

- Ca va aller ?

Rachel acquiesça. Elle appuya sa tête sur l'épaule de Denis en sanglotant doucement.

Roland arriva à ce moment-là.

- Ils n'ont aucune piste, aucune empreinte, aucun mobile, aucun profil, rien…
- …
- Je sais pas ce qu'on va faire…
- Il y a de l'espoir, forcément. Il y a toujours un espoir, Roland.

Roland regarda Denis et hocha la tête. Rachel releva la sienne.

- Je vais remuer ciel et terre mais je le retrouverais, je retrouverais mon fils.

Rachel acquiesça.

- On le retrouvera.
- Vivant. Et en bonne santé. Y'a pas de raison. Je sais pas qui… quoi… comment ni pourquoi mais je retrouverais la personne qui a enlevé mon gamin et…

Denis se mordilla les lèvres. Roland semblait avoir des envies de meurtre. David arriva.

- Tout le monde va venir, j'ai appelé Malcolm, il commençait à appeler les autres, on va tous venir t'aider, et évidemment je t'aiderais aussi, Roland.

Roland acquiesça et serra son frère dans ses bras.

- Merci, David… merci…

La ville.

La ville dans son ensemble.

Tant d'endroits où se terrer, où se cacher. Un maquis inextricable qui renferme ses secrets.

Chaque élément a sa propre individualité, chaque élément bouge comme il le souhaite.

Ce que La ville donne, La ville peut aussi le reprendre. Le bonheur est fragile et se voit souvent entravé par les projets les plus sombres, les plus indélicats, les plus ignobles.

Quand on ne voit plus rien, qu'on ne sait plus rien, qu'on n'a plus de nouvelles, tout peut arriver.

Absolument.

TOUT.

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COMMENTAIRE POST SCRIPTUM
Je suis désolé

C'était sympa, hein ? Qu'est-ce qu'on a rigolé ! ^o^

21 pages seulement, c'est ce genre typique de chapitres courts mais cruciaux.

Donc nous y voilà, l'évènement qui va rythmer toute la fin de saison : Notre petit Ethan est tout disparu. Comment des gens sains d'esprit et calmes comme les Smirnoff vont-ils gérer ça ? Je sens qu'on va bien s'éclater ! C'est une fin de saison toute en drama qui vous attend, et je vous ai préparé de bonnes péripéties typiquement Smirnoffiennes.

Donc déjà évidemment contraste entre le début d'une banalité juste affligeante et le moment où Ethan disparaît. Roland devient fou et manque de provoquer une prise d'otages (un comble), Rachel tourne folle, joie, joie… Denis et David vous paraissent hors du trip ? Pas du tout, au contraire.

La musique de fin de chapitre a été difficile à trouver. Au départ ce devait être « Avant que l'Ombre » de Mylène Farmer, mais à la réflexion les seules paroles qui correspondaient à ce que je voulais exprimer étaient « Avant que l'ombre/je sais – ne s'abatte à/mes pieds – pour voir l'autre/côté » et c'était limité – vous comprenez là que la chanson agissait en call-back avec le chapitre précédent. J'ai donc choisi un instrumental bien mélancolique et je n'ai trouvé qu'une des trois parties du triptyque de Muse sur Résistance que j'adore me passer.

Voilà donc je vais m'excuser pour vous avoir aveuglés au Caps Lock et j'embraye sur le chapitre suivant qui sera plus long, plus dur, plus atroce, plus tout ce que vous voulez.

Et qui s'appellera, sauf changement de dernière minute : « Abréger les souffrances »

Bref grosse marrade en préparation.