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Smirnoff : Renaissance de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 10/09/2011 à 01:06
» Dernière mise à jour le 17/09/2011 à 01:47

» Mots-clés :   Hoenn   Johto   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Slice of life

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056 - The Walking Bed
« L'esprit c'est comme un parachute: s'il reste fermé, on s'écrase. »
(Frank Zappa)

« Dormir, c'est du temps perdu. Dormir me fait peur. C'est une forme de mort. »
(Edith Piaf)

« Rêver et fondre l'or, faire de la mort une immortelle
[…] Rêver jusqu'à l'aurore, aimer encore, aimer le ciel… »

(Mylène Farmer, Lonely Lisa)

« Le problème avec la folie des grandeurs, c'est qu'on ne sait pas où finit la grandeur et où commence la folie. »
(Quino)



Rachel, Claire, Lily, Kate et Bernice débarrassaient la table. Tout le monde avait bien mangé. Même Yann, soutenu par Charlie et Léopold. Denis et David entouraient Perrine.

- Dommage qu'Aude ait dû garder les enfants… soupira Colin.
- Nous on avait maman pour ça ! sourit Malcolm.
- Malcolm, ta mère n'est pas une garde d'enfants professionnelle non plus… soupira Claire.
- Mais elle va beaucoup mieux… Et ses Pokémon aussi, merci de nous avoir recommandé madame Cordwig, David !
- De rien ! Elle était bonne prof, je me suis dit que c'était la moindre des choses… pour m'avoir hébergé.
- J'apprécie !
- En tout cas, j'espère que ça t'a plu, Yann ? sourit Roland.

Yann soupira.

- Mon meilleur ami est en HP parce que je l'y ai envoyé, j'ai toujours pas le droit de l'y visiter… Ouais, c'est cool. Je kiffe.
- T'en fais pas, marmonna Finn. Ils vont bien s'occuper de lui, mieux que n'importe qui aurait pu le faire. Te fais pas de bile, t'as fait un très bon choix.

Yann acquiesça.

- Merci, oncle Finn.
- Et encore une fois : Tu as été un petit homme très responsable. Tu n'as rien à te reprocher ! sourit Denis.
- Mais oui, fiston. On est tous fiers de ton courage ! sourit Charlie.

Yann acquiesça.

- C'est cool. Merci.
- Pauvre gosse, vous allez le traumatiser avec vos paroles rassurantes ! ricana Bernice.
- Comment on peut traumatiser quelqu'un qu'on veut rassurer ! ricana Colin.
- En étant trop collant. Oh, Roland, je peux sortir Mushana dans votre jardin ? La lune est pleine, j'aimerais bien qu'il… tu vois, qu'il recharge ses batteries…
- Tu veux surtout qu'il n'ait pas ses chaleurs ce mois-ci… Le rut des Mushana se caractérise par une forte concentration psychique et tu ne veux pas mal dormir ce mois-ci à cause de ses ondes névralgiques qui sont en réalité pour lui une façon d'appeler ses congénères à des séances d'accouplement sauvages.

Bernice plissa les yeux en regardant Roland.

- Merci pour le langage imagé !
- Tu m'étonnes ! soupira Lily.
- Hanlala… soupira David.
- Quoi ? Perrine est sourde de toute manière !
- Oui c'est vrai, j'entends rien !

Roland regarda Perrine, blasé.

- Tu joues très mal la comédie. Ne deviens jamais actrice !

Denis leva les yeux au ciel.

- On se fait un film pour finir ? sourit Malcolm. J'en ai ramené un super !
- Virgin Suicides ?!

Grognement général. Léopold se tourna vers Roland.

- Tu le fais exprès ?
- OUI ! cria Roland d'un air orgasmique.

Rachel leva les yeux au ciel et frappa son mari derrière sa tête.

- Ouch !
- Tu ne peux pas faire preuve d'un peu de sensibilité ?
- Non !

Malcolm soupira.

- Mon film c'est La Guerre des Mondes !
- De Byron Haskin ? demanda Roland.
- Non, de Steven Spielberg, bien sûr !

Roland tira la langue.

- Berk. Préparez tous vos dossiers d'admission à la scientologie !
- Roland ! soupira Rachel.
- Quoi ? C'est de l'arnaque ! Les hétéros n'ont rien à mater et les homos n'ont que Tom Cruise…
- Berk ! geignirent David, Denis, Léopold et Charlie.
- … et Justin Chatwin !

David, Denis, Charlie et Léopold semblèrent agiter la tête.

- Ça passe ! sourit Charlie.
- Moui ! admit Denis.
- Plus que passe en ce qui me concerne ! sourit Léopold.

Malcolm alla mettre le film dans le lecteur DVD. Tout le monde s'installa devant la télé.

- J'me sens célibataire ! geignit Colin.

Bernice alla lâcher son Mushana dans le jardin.

- Et tu restes là ! Compris ?

Malcolm mit le film alors que tout le monde se plaça par terre ou devant le canapé.

- Ethan est au lit ? demanda Rachel.
- Non, il fait de la gym dans le garage !
- Mais qu'est-ce que t'as ce soir ? soupira Lily.
- Rien, je suis Roland Smirnoff.
- Oh, pardon, j'avais oublié ! grogna Lily, cynique.

Le film démarra.

***

Dix minutes plus tard, TOUT LE MONDE dormait.

La baie vitrée de Roland et Rachel s'ouvrit, et de la fumée rose s'introduit dans la pièce. Mushana entra. Le gros Pokémon rose et violet tournoya dans la pièce, répandant sa fumée rosâtre sur les dormeurs, les maintenant endormis. Le Pokémon émit un ricanement sourd. La baie vitrée se ferma.

Ils étaient bien partis pour dormir toute la nuit.

***************************************************************************



THE WALKING BED



***************************************************************************



Colin dormait, seul, paisible. Et c'est alors que son rêve commença.

- Le pion en D5…
- La tour en G6.
- Le fou en L4.

Partie d'échecs classique. Colin déplace ses pions. Il semble fébrile. Il regarde en face de lui. Son père l'invite à jouer le prochain coup.

- Quelque chose ne va pas, fiston ?
- … J'ai peur.
- De quoi ?
- … De blesser des gens.

Colin prit le pion, un poids en laiton sur lequel est gravé « TNT » comme sur tous les pions. Jonathan hoche la tête.

- C'est compréhensible, fiston. Tu n'aimes pas faire du mal.

Une infinité d'autres parties d'échecs se déroulaient dans la pièce infinie où ils jouaient.

- Papa, j'ai peur. J'ai peur de… De faire exploser ma propre vie. Je suis un explosif, moi aussi. Si je défaille, ma famille pourrait en pâtir. Je ne veux pas que ça s'arrête. Je veux… être un bon père, un bon mari. Comme toi. Mais à quoi ça sert si je n'arrive même pas à endosser la responsabilité d'un meurtre ? J'ai tué cette femme… et quand je regarde Aude en face…

Colin regarda sa femme dont les yeux pleuraient du sang derrière son père.

- … je sens qu'elle sait à quoi je pense.

Aude se leva et partit.

- Et ça me terrifie.

Jonathan acquiesça en déplaçant nonchalamment ses pions.

- Tu sais, Colin, il y a des gens dont le seul destin est de simplement élever et faire grandir des enfants. Rien d'autre. Et en tant qu'explosif, tu dois être prêt à te soumettre à ce sacrifice.
- Sacrifice ?
- Le sacrifice de ta vie pour eux. Pour Walter.
« J'aime mon petit Walter. C'est ma fierté, mon petit bonhomme. Je sais que ce n'est pas mon fils biologique mais… Je l'aime comme si c'était le mien, la chair de ma chair. Et je sais qu'Aude aussi.
- Daria, et Nadia.
« Mes petites jumelles, mes petites puces. Je vous protègerais quoi qu'il arrive. Papa sera là pour vous aider à avancer dans la vie. Je vous le promets. Le jour de votre naissance, j'étais tellement bien… »
- Echec et Mat, fiston.

Colin regarda la partie d'échecs qui était un champ de ruines.

- Tu as perdu.

Colin haussa les épaules.

- Tant pis.

Il s'endormit au milieu du plateau d'échecs couvert de ruines.

Pour se réveiller dans une salle de classe. Sa mère donne un cours.

- Et c'est pour ça que les ratons-laveurs sont de très mauvais gardiens de parking ! Quelqu'un a une question ? Oui ? Oui ? Oui ? Toi aussi ? Oui ? Et c'est pour ça que les ratons-laveurs sont de très mauvais gardiens de parking ! Quelqu'un a une question ? Et c'est pour ça que les ratons-laveurs…

Colin plissa les yeux.

- J'comprends rien.
- C'est la guerre, mec.

Colin regarda son voisin, un mec blasé.

- Y'a des missiles. Des bombes. Des mines. Des explosions. Ça tue des gens, ça les blesse, ça détruit des vies, ça ampute des destinées… et accessoirement des bras et des jambes, et des têtes même !
- … je sais tout ça !

Le mec blasé soupira.

- Tu as mis fin à une vie, mec. Ca fait de toi la pire personne de cette famille.

Colin grimaça et regarda son bureau. Il y avait gravé dans le bois « TUEUR »

- Tu es comme ton père, qui avait aussi tué des gens. Voire pire. Lui au moins il avait une bonne raison.

Colin frissonna, ne sachant même pas de quoi son propre subconscient lui parlait. Tout ce qu'il savait en réalité c'est qu'il avait fait de la prison, mais impossible de savoir pourquoi, personne n'avait jamais pu lui dire.

- Au fond, ta vie n'est qu'un destin qui se répète.

Colin regarda le mec. Il secoua la tête.

- Non, non, NON !

Colin se leva. Estelle le regarda.

- Et c'est pour ça que les ratons-laveurs sont de très mauvais gardiens de parking !
- Je sais, maman, je sais !

La classe ricana. « Aaaah il a appelé la prof MAMAN ! »

Colin sortit de cet endroit où il était définitivement mal à l'aise, incompris, jugé. Il se retrouva dans une grande clairière.

Il fait bon. Colin s'assied. L'air est pur. Colin ferme les yeux et hume l'air.

Quand il rouvre les yeux, Aude et les enfants sont là. Nadia, Daria. Et Walter marche, il n'est plus handicapé !

« Je n'ai plus aucun souci à me faire pour eux ! Autre que les voir grandir !! »

Il se lève, au comble du bonheur. La belle clairière ensoleillée s'obscurcit.

- … hein ?
Dommage. Les beaux rêves sont ceux qui se finissent le plus mal.

Colin eut à peine le temps de voir une forme noire avant de se prendre un terrible coup de poignard dans le dos.

- ARGL… N… N…

Colin toussa du sang qui atterrit dans la belle herbe verte, qui s'empourpra et forma un désert d'épines rouges à mesure qu'elle s'empourprait du sang du sacrifié.

- MAIS QU… QUI…

La forme disparut aussitôt. Colin creva seul dans la clairière qu'il s'était inventé.



Lily se réveilla enfin.

- Qu'est-ce qu'il était chiant ce film !

Lit à baldaquin rose. Elle se relève et regarde autour d'elle. Gentille chambre rose de petite fille bien sage. Peluches, poneys et arcs en ciel. Du rose partout, absolument partout. Ambiance girlie à en vomir.

- Ouah ! Trop beau !

David entra dans la pièce.

- Salut Sœurette !
- Coucou Frérot !
- Je t'emprunte ton poney à paillettes !
- Okay !

David prit le poney et regarda la chambre de Lily.

- Ouah. J'adorerais vivre là !
- Je sais !

David sourit et sortit devant une Lily toute contente.

- Ainsi font-font-font…

Lily se tourna vers sa collection de poupées.

- … les petites marionnettes, ainsi font, font, font…

Deux marionnettes, répliques exactes de Maya et Chloé, chantonnaient au milieu des jouets. Lily se leva, s'approcha d'elles et les regarda.

- Trois petits tours et puis s'EN VOOOOOONT !

Lily s'étonna alors que les deux poupées s'étaient tuent. La porte de la chambre s'ouvrit dans un grincement lugubre.

Lily se retourna et vit Ted faire quelques pas. La belle chambre rose se teinta de noir. Lily secoua la tête.

- Ne fais pas ça…

Lily se recroquevilla alors que Ted la regardait, neutre.

- Sors d'ici… Non…

Elle se recroquevilla contre son meuble qui s'ouvrit. Des mains la saisirent.

- AH ! NON !!!

Des mains d'homme, elle le sentait bien.

- LACHEZ-MOI !!! AAAAAAAAH !!! AH !!! ARRETEZ NON !!!

Elle fut emportée dans un rire macabre.

La lumière se rallume. Projecteur au-dessus d'elle. Elle se releva, habillée dans son désormais quasi-permanent tailleur. Toutes les lumières s'allumèrent. Couloir. Finn. En smoking, bien coiffé avec du gel. Lily le regarda. Des nombreuses portes des couloirs sortirent des danseurs. Lily pencha la tête.

(Pub Thalys 2011 – Bienvenue)

Finn s'avança en chantant.

- Wilkommen, bienvenue, welcome, Freunde, étranger, frende !

Lily s'étonna alors que Finn et les danseurs faisaient tourner cannes et chapeaux.

- Guten Abend, bonsoir, Guten Abbund ! Leave your troubles outside !! s'enjoua Finn en tournoyant.

Finn prit la main de Lily et l'entraina dans le couloir alors que les danseurs faisaient des pirouettes.

- Here, the seats are beautiful !

Finn assied Lily dans un trône d'or et de velours, et il la regarda comme une reine.

- The candles are beautiful ! Even the meals are beautiful !

Toujours la danse, et Lily toujours stupéfaite. Finn fait des bonds comme un cabri, tenant sa canne des deux mains.

- Wilkommen ! Bienvenue, Welcome ! Amor de Lily's, Amour de Lily, aux enfants de Lily !

Lily vit arriver Noé et Flora, respectivement en chemise blanche pantalon noir et en robe rose.

- Lily, bienvenue chez nous ! sourit Finn.
- …

Finn et les danseurs regardaient fixement Lily. Il y eut un battement.

- … si je comprenais quelque chose, je dirais quelque chose…
- C'est ton rêve, chérie, tu fais ce que tu veux.
- Mon… rêve ?
- Mais oui. Belle maison, belle petite famille policée, les domestiques. Personne d'autre que nous. Il n'y a pas… de frère qui te brime ou de frère que tu dois protéger. Toi, moi, les enfants.

Lily acquiesça. Bizarrement, elle trouvait cela assez flippant.

- Euh…
- Dis quelque chose, n'importe quoi et ce sera à toi.

Lily se leva. Elle regarda tout le monde qui était mobilisé pour elle.

Son choix fut de rire comme une gamine de cette situation idiote et de courir dans le couloir en rigolant.

- HAHAHAHAHA ! HYAAAAHAHAHAHA !

Un peu comme une folle, diront certains, comme une enfant diront d'autres.

En proie à une forme d'euphorie, elle ouvrit une porte au hasard.

- YouhouuuuuAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

Chute dans un sombre précipice semblant infini.

- AAAAAAAAAAAAH !

PLOUF. Retombée sur du liquide.

Tu ne t'es rien cassé, Lily ? Non.

Elle s'étonna. Il faisait tout noir autour mais elle voyait très bien où elle était.

Une plaine rouge. Rouge sang.

Sang… son tailleur en était maintenant couvert.

- Nan…

Elle se mit à quatre pattes dans le sang et regarda : C'était bien du sang.

- Oh mon…

Elle regarda mieux le sang et vit s'y refléter un visage qui n'était pas le sien, mais presque. En plus jeune. Beaucoup plus jeune.

Bébé.

- AAAAAAAAH ! NON ! NON !!!

Elle se leva et hurla.

- SORTEZ-MOI DE LA ! SORTEZ-MOI DE LA !
- Tout va bien chérie ! cria Finn par la porte en haut. Nous t'envoyons une corde !

Une corde ! Bah voyons !

Le sol se déroba sous ses pieds, elle était emportée par le sang bouillonnant.

- HIIIIIIIIIIIIIIIII !!! AU SECOURS !!!!!!!

Un cordon ombilical tomba du ciel. Juste à temps pour que Lily soit embourbée définitivement dans le sang.

Son réveil fut vaporeux. Elle était dans un hammam. La scène ressemblait au bain turc d'Ingres. Sauf qu'elle était cette fois entourée d'hommes nus et grassouillets. Par chance pour elle, Lily portait une serviette autour du corps. « Au moins je ne fais pas de rêves lesbiens, c'est parfait… »

Elle aperçut alors sa prof, Jennifer, nue comme un ver. « … je n'ai rien dit… »

- … Madame ?
- Ici, tu es chez toi.

Lily regarda le sol qui était constituée d'une grille carrée aux barreaux très étroits.

- Tu as tout ce que tu veux, tu es aimée, désirée, et personne ne pose de questions.
- … Je passe de la chambre au couloir luxueux… avec une comédie musicale… à une pièce remplie de sang puis à un hammam ? C'est censé vouloir dire quoi ?

Jennifer haussa les épaules.

- Plusieurs pièces, plusieurs Lily.
- Vous ne diriez pas des choses pareilles, je suis dans un rêve. Ça n'est pas explicable autrement.

La serviette tomba en miettes.

- Oh non…

Les hommes la regardaient. Jennifer s'éloigna doucement. Lily était gênée.

- Oh… Ar… Arrêtez de me regarder !!!

Lily se couvrait comme elle pouvait. Les hommes se levaient. Elle s'agenouilla et se recroquevilla contre la grille. Elle aperçut des doigts qui s'accrochaient.

- Que…
- Lily ?!
- David ?!

C'était bien son frère sous cette grille.

- David, sors-moi de là !
- Je ne peux pas, Lily !
- Après tout ce que j'ai fait pour toi !
- Mais tu ne comprends pas, je ne peux pas te protéger moi, Lily !
- Me protéger ?

Lily releva la tête.

Une ombre, une silhouette toute noire.

Plusieurs Lily. Mais au final Lily si seule, si vulnérable.

CLAK.

Coup de serviette dans la gueule. Lily retomba en arrière, nue et assommée, laissée à la vindicte des hommes grassouillets qui la dévorèrent.



Grand verger dont les fruits sont déjà mûrs et pendent aux arbres.

Une femme arrive en dansant dans sa belle robe blanche. C'est Rachel.

Elle cueille un fruit et le mange. Hm, qu'il est bon ! Rachel sourit, elle est heureuse. Elle caresse son ventre rond.

Rachel regarde autour d'elle. Personne à l'horizon.

Bah, qu'importe, elle est heureuse quand même et danse au milieu du verger, mue par une musique inaudible, le silence, le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles. Elle cueille des fruits et les recueille dans son tablier. Et elle rit en le faisant.

L'herbe est si verte, si fraîche… Pourquoi ne pas s'y alanguir ?

Elle tombe en arrière et s'y allonge.

Hop, la voilà dans un lit ! Elle s'agite pour bien s'enfoncer dedans.

Un inconnu, nu, à sa droite, se relève et la regarde.

- Le danger, la plongée dans l'inconnu, voilà ce qui t'amuse. Mais non. Il faut être responsable, être quelqu'un de bien. Sinon, on n'est personne. Les gens bien ne s'amusent pas à prendre des risques. Tout est calculé.

Un autre inconnu tout nu, à sa gauche, se relève aussi et la regarde en ricanant.

- Plus, plus, toujours plus ! Jamais assez, toujours plus. Mais non. Il faut se restreindre. Il faut élever les enfants, s'occuper de son mari, être quelqu'un de bien. Sinon on n'est personne. Les gens biens ne dépensent pas comme ils le veulent. Tout est calculé.

Le nu de droite regarda le nu de gauche.

- Je devrais te détester.
- Mais je t'admire. Tu es part de moi.
- Oh non, toi tu es part de moi !

Les deux hommes se mirent à genoux, et formant une arche au-dessus de Rachel, qui regardait cela en souriant, ils s'embrassèrent. Rachel éclata de rire, de façon presque sinistre. Les deux hommes nus lui prennent la main et la relèvent. Elle se retrouve dans un pré, avec des gens qu'elle connait. Megan Doppler est là, dans une tenue hyper sexy.

- La course des jumeaux va commencer ! Préparez-vous !

Rachel regarda à ses côtés. Malcolm, aussi nu qu'elle.

- Salut soeurette ! Etrange situation, non !

Rachel regarda son nombril, relié à Malcolm par un câble.

- Ca me fait tout drôle d'être uni à toi à nouveau. Tu sais que certains jumeaux couchent ensemble ? Je comprends pourquoi ils le font. Je me sens à nouveau complet maintenant qu'on est unis l'un à l'autre !

Rachel grimaça, dégoûtée.

- Non pas que j'ai eu l'idée moi-même ! Toi tu l'as eue, peut-être ? demanda Malcolm.

Rachel secoua la tête, censurant cette pensée de son esprit. Mais ça n'est pas comme si on était dans sa tête à elle, non ? Si ?

Megan donne le coup de départ en tirant une corde reliée à son cou. C'est le départ ! Les jumeaux courent. Rachel fonce, athlétique, mais elle chute.

- Aourf !
- Rachel ! Attends !

Malcolm l'aida à se relever.

- Allez !
- Hmmmmph !!!

Rachel se mit à courir comme une dératée, faisant tomber Malcolm.

- Rachel, aide-moi !

Non. Rachel court, Rachel est compétitive, Rachel fonce.

- Ah… Ah, Rachel, au secours !

Malcolm se transforme alors en boule d'acier noire que Rachel traine au bout d'une chaîne reliée à son nombril.

- RHAAAAN FAIS CHIER !!!

Rachel franchit la ligne de départ. Elle est habillée cette fois. Dans une grande pièce toute blanche. Un jeune homme blond est assis à une table.

- …
- … maman ?

Rachel porte ses mains sur son cœur. Le jeune homme sourit.

- Ethan !
- C'est moi, maman.
- Oh mon bébé !

Rachel approche et saisit le visage de son fils qui la regarde.

- Pourquoi tu m'as laissé chez cette dame, maman ?

Rachel regarda son fils.

- Pourquoi tu m'as laissé me faire agresser par ces types dans la voiture ?

Rachel balbutia.

- Pourquoi toi et papa vous vous êtes toujours plus occupés du reste de la famille, de vos frères et sœurs et de vos amis, plutôt que de moi ?

Rachel voulait dire quelque chose mais impossible.

- Qu'est-ce que j'ai fait de mal, maman ? Pourquoi vous me délaissiez comme ça ?

Rachel tente de s'excuser, mais le jeune adulte face à elle rajeunit, devient l'adolescent, l'enfant, le bébé, puis le nourrisson qui pleure. Rachel le saisit dans les vêtements blancs immaculés où elle l'a laissé.

- Ethan…

Tout devient noir. Rachel regarde autour d'elle.

- … Il y a quelqu'un ? Roland ?
- Je suis là.

Rachel s'assied sur une chaise qu'elle n'avait pas vue, le bébé dans ses bras. Roland est à côté d'une des trois pierres tombales.

« KENNETH LEONARD HEINE »

« JUDITH ELSA HEINE née NATHIS »

« MALCOLM HEINE »

Roland, en soutane, sous une pluie battante, donnait la messe.

- Il dit à l'homme: Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l'arbre au sujet duquel je t'avais donné cet ordre : Tu n'en mangeras point !

Rachel hocha la tête. Roland avait un ton tellement autoritaire…

- Le sol sera maudit à cause de toi. C'est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l'herbe des champs.

Rachel acquiesça.

- C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière.

Rachel se leva, lâchant le bébé dans la tombe de son frère où il chuta, et elle applaudit à tout rompre. Roland affichait un grand sourire satisfait.



- Mais qu'est-ce que je fous là, moi… soupira Denis

Il marchait dans un désert de sable blanc. Les chameaux et dromadaires étaient promenés par les Touaregs.

« Je connais ce désert… »

Denis regardait les dunes devant lui.

« Je l'ai déjà traversé une fois… »

Il tomba à genoux, assoiffé.

« Je n'étais pas le seul… »

Des gens passent en effet à côté de lui, idem.

Denis s'effondra dans le sable qu'il commença à renifler.

- Hhhhhhhhhhhhhhhh !!! AH CA FAIT DU BIEEEEEEEEEN !!!!

Denis reniflait tout ce qu'il pouvait, piétiné par les autres qui continuaient d'avancer, mais qui trébuchaient immanquablement sur lui et tombaient à leur tour dans le sable.

- OH MON DIEU ! OUI ! OUIIII !!! HHHHHHHHHHHHHH !!! AAAAAAAAAH !!!

Denis prit le « sable » entre ses mains.

- Merci de guider ma vie ! Merci !

Il avala le sable entre ses mains et se frictionna les gencives avec.

- C'est tellement… *slurp* délicieux…

Une main traversa le sable. Denis la regarda. Une petite main d'adulte, frêle et chétive.

Denis prit la main qui l'entraina dans le sable.

Il chuta sur une chaise, dans son appartement. Entouré par David et Perrine.

- Papa je peux avoir le sel ?
« Cette scène n'a jamais eu lieu. »
- Bien sûr, ma chérie !
« De ce point de vue là j'ai été gâté »

David passa le sel à Perrine.

« David ne supporte pas trop le sel dans ses aliments. »

Perrine prit la salière en forme de Flamoutan.

« Alors on n'a pas de salière à la maison. »

Perrine sala ses aliments. Denis regardait la petite saler son plat avec un air pervers.

« Cette poudre blanche qui tombe, ça me rappelle tellement… »

- Pas trop, Perrine, tu vas te faire du mal.

Denis regarda David.

« Comment tu peux vouloir d'une sous-merde comme moi ? »

- Ca va, Denis ? Tu as l'air fatigué ce matin !
- …
- Pourtant on s'est pas fatigués, ce matin, hein ? sourit malicieusement David.

Denis sourit.

« Si tu me voyais comme je suis à l'intérieur… »

David grimaça, se leva et prit peur.

- Oh mon Dieu ! Perrine !! Viens ici ! Vite !

La gamine se mit à courir dans les bras de David, apeuré.

- N'approchez pas !

Denis tendit un bras pour s'apercevoir qu'il était grisâtre, comme en cendres. Il s'effritait peu à peu. Denis se leva, provoquant la peur de David et Perrine. Il se dirigea vers un miroir et aperçut son visage de cadavre.

« Voilà. C'est ça, moi à l'intérieur. Je suis une loque, une pourriture. Un déchet… »
« Il me faut absolument cette drogue. Il me la faut. »
« Au moins ça me fera oublier à quel point je souffre d'exister… »

- Chéri ?

Denis regarda David. Il redevint soudainement normal.

- Ça va ?

Denis hocha la tête.

« Mais toi, en voulant une meilleure vie, tu m'as soutenu, et tu m'as encouragé à croire en moi, à ce que je sache que je suis une bonne personne. »
« Tu dis avoir changé à mon contact, mais c'est moi que tu as transformé par ta présence. Avant toi, j'étais dans une illusion, je pensais être incapable de rechuter, mais à coup sûr je l'aurais fait au bout d'un moment. »

David embrassa Denis et l'étreignit. Seuls au milieu d'une île d'oreillers et de draps sur une rivière.

« Aujourd'hui je sais que j'ai tout ce qu'il me faut et que ma vie a plus qu'un sens, elle a une direction, une ligne conductrice, une utilité ! Elle sert ce projet merveilleux… »

- Je t'aime !
- Non, moi je t'aime.
- Non, c'est moi.

« …NOUS ! »

David était sur Denis. Ils faisaient l'amour.

« Toi, toi seul me rend plus complet et me donne la force… »

Denis repoussa son amant et prit le dessus, fauve et félin.

« L'amour… »

Denis dominait David sous tous les angles. David observait son maître en tout, en bon disciple de ses caresses. Ils étaient comme entourés de plumes, dans une volupté transcendantale.

« Le soutien… »

David s'accrochait à Denis qui dansait avec lui cette danse sans musique ni pas précis, juste une répétition, un frottement, un battement d'aine qui mène à la chaleur la plus amène…

« La compréhension… »

David regarda Denis dans les yeux. Denis sourit et utilisa ses mains à autre chose qu'à tenir David sur lui. David lui en fut gré et posa sa tête sur son épaule.

« La gratitude… »

Elan en arrière respectif. Choc doublement ressenti. Ils s'écroulent. C'est le nirvana.

Denis se relève et se retrouve dans un tribunal. Comme un voleur.

- Mesdames et messieurs… Je suis devant vous ici pour vous dire combien j'aime cet homme, et combien à présent je ne suis plus rien sans lui. Je ne vous demande pas la clémence ou la jalousie, simplement… De me laisser vivre avec lui pleinement, avec lui et avec notre fille.

David, assis au banc des accusés, hochait la tête. Le juge Kyle était dubitatif. Les jurés se levèrent et frappèrent dans leurs mains en rythme. Entrèrent dans la pièce le reste de la famille de Denis : Sa mère, son père, ses sœurs et son frère.

- Tribunal, tribunal, c'est une erreur ! cria le père.
- Ne privez pas notre fils de tout ce bonheur ! souffla la mère.
- C'est un si bon garçon ! crièrent Sandrine et Virginie d'une voix doucereuse.
- Même si il a une tête de con… soupira Martial.

La petite famille se mit à danser à travers le tribunal vide, Ruben et Ester se lançant dans un tango, Sandrine et Virginie dansaient en arrière, en tournoyant et en faisant de grands mouvements de bras comme dans un ballet.

- Un jour enfin notre fils deviendra un homme ! chantaient Ruben et Ester.
- C'n'est qu'une question de temps avant qu'il le réalise… chantait Martial en franchissant le tribunal, déterminé.
- Un jour notre p'tit frère deviendra un homme ! chantèrent Sandrine et Virginie.
- Mais enfin, qu'est-ce que vous cherchez tous à me dire ? s'étonna Denis, en chanson.

Martial assomma le juge Kyle avec une barre de fer. La musique cessa, et Denis remarqua que le jury était pendu. Virginie, Sandrine, Ester et Ruben applaudirent. Martial redescendit de l'estrade en tenant David par le bras.

- Allez, quoi, prenez-vous la main. C'est un grand jour. Celui de la grande promesse.

Denis regarda son frère qui haussa les épaules.

- C'est pas le moment de flancher, frérot, si tu vois ce que je veux dire !

Denis prit la main de David, mais tout le monde disparut dans un torrent d'obscurité.

- N… Nan ! Nan, pas juste au moment où on allait se retrouver… non…

Une chaîne prit Denis à la gorge.

- UERH !!! EEEERRRH !
Tel un kleenex, quand tu ne serviras plus, on te jettera !

Denis jeta un coup d'œil vers l'étrange silhouette noire qui le trainait. L'ombre s'éleva dans les airs.

- NaAanan… Arkh…

D'un coup sec, Denis fut pendu par la chaîne.




Claire était très inquiète. Elle marchait dans une grande pièce noire, où une musique douce-amère résonnait.

- Je me demande où sont les autres… Tout cela est tellement étrange… Comment est-on passé de regarder un film entre amis à cette obscurité ?!

Elle arriva au milieu d'un amoncelas de matériel de sport. C'était très étrange comme décor.

- Euh… Il y a quelqu'un ?!

Une plainte, comme un sanglot, mais prolongé. Claire avançait, traversant la jungle de punching-balls, de poids, d'haltères, de tapis roulants…

- Mais qu'est-ce que c'est que cet endroit ? Roland a vraiment des pièces bizarres dans sa maison.

Les pleurs étaient plus proches. Elle vit soudain Max. Claire grimaça.

- Oh non, j'hallucine encore ! Nell ? Oh mais Nell n'est même pas ici avec moi, elle est chez nous… Max, est-ce que ça va ?!
- Je suis un monstre !
- … Max voyons, je t'ai pardonné tout ça. Tu sais bien.
- Oui pour toi c'est facile, mais pour le monde extérieur ?! TU Y PENSES PARFOIS SEULEMENT ?
- Calme-toi, on va discuter et trouver une solution…
- J'ai fait des choses affreuses, je t'ai fait des choses affreuses !
- Max… Je sais, j'en ai conscience !
- TU N'AS CONSCIENCE DE RIEN DU TOUT !!! PRENDS CA !!!

Max se saisit d'un grand miroir et l'abattit sur la tête de sa sœur.

Elle s'éveilla du choc dans une forêt bleue avec une nouvelle musique glauque assortie.

- Oh ! Une forêt bleue ! Waaaah !

Claire gambada dans la forêt. Les oiseaux, les lapins, les fleurs, tout le monde était son ami.

- Ouiiiiiiiiii !
- Tu t'amuses bien ?

Claire s'étonna et regarda de tous les côtés.

- Qui a parlé ?
- Qui ? Mais moi bien sûr !

Claire regarda un gros chat perché sur une branche avec de grands yeux jaunes. Et recouvert de signes mathématiques.

- … MALCOLM ???
- Ca alors tu m'as vite démasqué !
- Q… Qui d'autre cela pouvait-être ?
- Je ne sais pas, le chat du Cheshire peut-être ! sourit le chat-Malcolm.
- Une telle chose n'existe pas… Qu'est-ce qui se passe ?!
- Tu es de l'autre côté du miroir ! Ici, les gens sont heureux ! Regarde mon sourire ! On pourrait jouer du piano dessus !

Claire acquiesça.

- Roland pourrait jouer du piano dessus. Pourquoi sommes-nous ici et… pourquoi est-tu un chat ?
- Serais-tu passée de l'autre côté du miroir ?
- … possible !
- Alors tout ce qui se passe là est normal, et ce que tu penses est anormal !

Claire s'étonna.

- Alors je dois être une grande originale.
- Ou une criminelle.

Claire s'étonna alors que Chat-Malcolm descendait de son arbre.

- Il ne m'étonnerait pas que tu sois la cible de la Reine de Cœur.

Claire frissonna.

- La Reine de Cœur ?
- Oui, elle tue sans discernement ceux qui ne se conforment pas. Ton esprit tordu et libéré est un vice absolu ici, qui ne saurait être toléré par les mains royales.

Claire secoua la tête.

- Je choisis de t'ignorer, je saurais raisonner cette reine. Et puis au pire j'ai mes Pok… Où sont mes Pokémon ? Malcolm ?
- Ici !

Malcolm était autour de son cou, lové comme le chat qui l'était.

- Toi et moi sommes comme les deux doigts de la main. Je dis un, tu dis…
- … Toi…
- Je dis deux, tu dis…
- …Nous…
- Et je dis trois, tu dis…
- … Nell…
- Et je dis quatre tu dis…
- Alex…
- Et je dis cinq tu dis…
- Léa…

Le chat-Malcolm secoua la tête.

- Faux. Il fallait répondre Balise Argos, Pénultième, Onanisme, Famélique et Quadrumane !!

Claire s'étonna. Le chat-Malcolm sourit.

- Tu es tellement coincée dans ton petit monde que tu ne cherches même pas à mentir pour mieux sauver ta peau ! C'est à la fois touchant et… triste !

Le chat disparut dans un éclat de formules mathématiques dorées.

- Adieu Claire ! On se reverra sur notre lit de mort quand les poules auront des dents et que les vins français auront de nouveau la côte !

Claire plissa les yeux, totalement intriguée par cette rencontre. Elle se dirigea à travers la forêt.

« Je ne tomberais pas sur une scène plus étrange que celle-ci… »

En fait si : Elle tomba sur une table de banquet en pleine forêt, et ses trois enfants étaient assis, face au goûter.

- Les enfants !
- Maman ! cria Nell avec sa voix normale !
- Maman ! cria Alex avec sa voix normale !
- … Maman ! cria Léa avec une voix très grave de routier.

Claire regarda Léa qui haussa les épaules. Claire plissa les yeux.

- Euh… Vous fêtez quoi ?
- Assis-toi maman !

Claire s'assied face à ses enfants.

- On fête pas l'anniversaire d'Alex !
- Et on fête pas l'anniversaire de Léa !
- Ni l'anniversaire de Nell ! cria la barytonne Léa avec sa voix d'homme viril.

Claire grimaça.

- Donc vous fêtez…
- Pas un anniversaire !
- Voilà !
- Pour résumer c'est ça… marmonna Léa la gutturale en s'allumant un cigare.
- LEA !!
- T'en fais pas maman, c'est du chanvre indien !
- …………….

Claire regarda en bout de table.

Une femme avec un grand chapeau vert.

- Non-anniversaire. T'étais pleine au cidre le jour où ils ont passé Alice au Pays des Merveilles à la télé ?

Megan Doppler, le Chapelier fou, monta sur la table et dansa entre les théière dans un habile ballet.

- Eh oui Claire…

Les fines jambes de Megan passèrent entre Claire et ses enfants.

- C'est de ta faute si je me suis pendue.
- Non, non, je sais que non. Tu étais folle, Megan.

Megan avait sa bouche au niveau de l'oreille de Claire.

- Si ça t'arrange de croire ça !

Claire sursauta. Megan dansait toujours.

- Tu…

Megan fit une belle pirouette qui l'emmena dans l'autre chaise où elle s'assied parfaitement.

- Tu te doutes que chaque jour de l'année qui passe pourrait être MON anniversaire. Et ça, ça te fait peur.

Claire plissa les yeux, mal à l'aise.

- Mais rassure-toi. Ça restera entre nous. N'est-ce pas les enfants ?
- Oui madame le chapelier fou !
- Braves gosses.

Claire essaie de se lever mais elle ne peut pas partir. Elle regarde derrière elle.

Léopold est là. Habillé en ange, il est tout pâle. Il semble faire du stop à une route invisible. Sur chaque joue, il a un cœur rouge maquillé. Le panneau d'autostoppeur qu'il tient montre, écrit en lettres noires :

« Mange-moi. Bois-moi. Aimez-moi. »

Claire est effrayée. Tout ici l'effraie.

- Je… Je ne me sens pas bien.
- La folie te guette. C'est bon signe.
- Non, vous me faites peur ! Tous ! Même vous les enfants !
- Faut pas te tracasser maman ! sourit Léa avec sa voix de camionneur.
- Non, non, non TAIS-TOI !

Claire balança une théière sur sa fille qui partit en fumée, tout comme la table, tout comme Megan.

- …

Claire était les fesses par terre, abasourdie. Elle remarqua Léopold qui fumait un narguilé.

- C'est toujours comme ça. Toujours.
- …
- Je mesure cent quatre-vingt centimètres et je suis fier de chacun d'entre eux.
- Léop…
- Tu es en retard, Claire.

Claire soupira, affolée, et se remit en route

- Je suis chez les fous, je suis chez les fous !! Concentre-toi, Claire, concentre-toi…

Claire ferma les yeux.

« Rappelle-toi de ta petite vie tranquille…
Pourquoi est-elle si soudainement agitée ?
Voilà, tu reprends pied.
Tu retournes doucement chez toi… »

Claire ouvrit les yeux. Elle se trouvait entourée de soldats. Léopold sonna la trompette.

- LA REINE DE CŒUR !

Marie-Hélène arriva, dans une tenue absolument ignoble : Un justaucorps et tutu noir avec des bottines rouges. Ses cheveux avaient la forme d'un cœur et ils étaient rouges.

- Non… Non… NON !
- TUUUUUUUez-là !

Les soldats de cœur s'avancèrent vers Claire.

- Ne me tuez pas ! Ne me tuez pas…

Ils ne la tuèrent pas.
Ce fut pire.

- Sale pute !
- Catin !
- Roulure !

Claire s'étonna.

- Monstre !
- Erreur de la nature !
- Grognasse !
- Tu fais chier tout le monde !
- Crève !
- A la fosse, la morue !!
- Pouffiasse !

Claire se mit à courir pour leur échapper.

- ARRETEZ ! NON ! ARRETEZ !!
- Fille de pute !
- C… C'EST PAS VRAI !
- Sale garce !
- Merdeuse !
- C'est quoi, cet air malicieux ? Tu caches quelque chose ?

Claire courrait aussi vite qu'elle pouvait.

- Voulez-vous que nous fassions circoncire votre enfant ?

Claire grimaça en voyant un soldat de cœur avec un chapeau noir, des bouclettes et une barbe.

- Moi, je demande juste !
- … AU SECOURS !!!
- Trainée !
- Putain !
- Crasseuse !!!

Mur ! Claire commença à pleurer, désespérée. Mais si elle franchissait ce mur, à coup sûr, elle s'en sortait.

Elle l'escalada.

- Hmph ! Hhhhhhnnnnng ! Hmmmph !!! Aaaaah !! Oh !

Claire repéra quelqu'un sur le mur.

« Le Lièvre de Mars ! »

Un lapin noir aux grands yeux rouges qui lui tendait une main, l'autre dans son dos.

« Monsieur le lapin ! »

Claire tendit la main, heureuse.

- Merci mon Dieu ! sourit Claire.

Le lapin attrapa la main de Claire de sa main libre.

La main dans son dos se montra, tenant une petite hache.

- AH ! AAAAAAAAAAAAAAH !!! NOOOOOOOOOOOOOON !!!!
La prochaine fois, reste chez toi !

Claire tenta de lâcher la main mais le lièvre la tenait avec force. Le lapin noir aux yeux rouges fit un horrible sourire plein de dents de rongeur.

- NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!!!!!!!!

SCHLAK !


- Récapitulons. Kate. Bonjour, Kate.

Sur le divan de psychanalyste, Kate n'était assurément pas rassurée. Elle était même stressée, en témoignaient les mouvements de ses mains.

Elle releva la tête et reconnut très précisément ce fameux professeur de Combat Direct qui l'avait forcée à combattre contre lui quand elle avait reçu son Pokémon Académique. Ce qu'elle avait presque ressenti comme un viol.

- Alors. Tu es toujours aussi mauvaise en combat ?
- … Je me suis ressaisie.
- Non, tu sais qu'au fond tu es nulle. Et c'est pour ça que tu ne feras jamais partie intégrante de cette famille.
- Je suis déjà lesbienne, j'aime m'habiller de façon légère, je ne cherche pas forcément à faire partie intégrante de la famille, juste à être moi.
- Et ça t'apporte quoi ?

Kate resta silencieuse. Elle regardait le plafond sur lequel était écrit à l'encre : « Aut amat aut odit mulier, nil est tertium »

- Le sentiment d'être libre.
- Ca n'a jamais rien apporté à personne, la liberté.
- A moi, ça me parle. Le fait d'être libre d'exister, de manger, de boire, de vivre.
- C'est subjectif. Objectivement tu es la même qu'avant.
- Non, j'ai changé. Je me suis casée. Bientôt je vais adopter des enfants, je vais me marier, je vais enfin être heureuse. Comme le reste de ma famille.
- D'un côté tu ne veux pas en être, tu fais ton originale, d'un autre côté tu veux leur ressembler.

Kate soupira.

- Sentimentalement aussi, tu es incapable de ressentir un amour pur. Tu aimes Bernice, mais au fond tu regardes toujours les autres femmes. Et elle aussi.
- … Je ne suis pas jalouse et elle non plus. Quand je regarde une femme, elle le sait !
- Tu crois que c'est sain pour un enfant ?

Nouvelle locution latine au plafond : « Damnant quod non intelligunt »

- Je suis une personne tout à fait saine et je vous interdis de…

Kate s'était relevée. Le professeur avait disparu, remplacé par son père. Kate s'étonna.

- Papa…
- Tu es une fleur, Kate. Une fleur qui est en train de s'épanouir. Il n'y a rien dont tu ne doives pas être fière.

Kate acquiesça, rassurée.

- Merci, papa.
- Ne fais rien pour moi, pour ta mère, ton frère ou pour les autres, fais le pour toi.

Kate acquiesça. Nouvelle locution latine, sur le mur derrière son père cette fois : « Natura nihil frustra facit »

- Va reprendre ta veste, ma puce, et quitte ce cabinet de malheur.

Kate acquiesça, elle se leva et prit sa veste. Elle ferma les yeux et inspira, heureuse. Un bruit sec la fit sursauter. Elle se retourna vers… Un homme complètement noir. Sombre.

- Euh… Vous… êtes qui ?

L'Ombre regarda Kate, un marteau à la main. Kate plissa les yeux alors que la silhouette se dirigeait vers elle.

- Non, non…

Kate fut attrapée à la gorge, plaquée au mur…

Ne crois pas que tu as la langue mieux pendue que d'autres…

L'ombre leva le marteau, menaçante.


Les éditions Britannique et Blond présentent…

Une superproduction en Technicolor

Diffusé en exclusivité par POKEBIP

CHARLIE et LEOPOLD, une comédie musicale à eux tous seuls !!

Bien sûr, ils ont deux cerveaux et font deux rêves différents. Mais leurs songes et leurs personnalités sont tellement connectés que leur amour résonne à travers leurs esprits respectifs par le biais de leurs rêves !!!

Voici en exclusivité leur histoire, en musique !

***

Charlie, seize ans, observe son homme, Léopold, qui n'est pas encore son homme. Mais qui emmène n'importe qui dans sa chambre, sauf lui.

La porte de la chambre claque. Charlie soupire. Il se lève et regarde une photo de lui et Léopold. La musique démarre, et il se met à chanter.

Grégoire – L'ami Intime

- Je suis l'ami intime
Celui que tu appelles
Dans tes soirs de déprime
Quand l'espoir se fait la belle


Charlie dansait sur un ou deux pieds en regardant toujours la photo de lui et Léopold allongés dans l'herbe, souriants.

- Je suis celui qui reste
Quand l'ennui assassine
Qui veut bien faire les tests
Pourris des magazines


Charlie regarda le couloir et cette porte derrière laquelle il se passait tant de choses chaque soir.

- Je suis la bonne oreille
Qui sait tout de ta vie
Et quand tu as sommeil
Celui qui veille tes nuits


Charlie était dans la chambre de Léopold et il voyait en accéléré les gens passer dans son lit. Garçons, filles, hommes, femmes, mariés, célibataires, homos, hétéros, vieux, jeunes, un, deux, trois…

- Mais serai-je autre chose un jour
Si la question se pose
Si le cœur me l'impose


Charlie ne dansait pas mais il chantait de façon habitée, comme s'il vivait ce qu'il disait.

- Sait-on jamais si j'ose un jour
Devenir autre chose, devenir autre chose
Autre chose


Charlie regarda Léopold, seul dans son lit, prenant un café face à un film porno sur son ordi. Charlie baissa lourdement la tête.

- Je suis l'ami d'enfance

Charlie se souvient de lui et Léopold enfants qui jouaient au loup sur la plage.

La voix du réconfort
Et qui prend ta défense
Que t'aies raison ou tort


Charlie s'interposait souvent entre Léopold et les enfants qui l'embêtaient.

- Je suis un peu ton père

Charlie, adolescent, aidait Léopold à s'habiller pour aller en soirée.

Celui qui te protège
Quand ils se font la paire
Pour une autre Blanche Neige


Charlie rassurait Léopold après ses multiples ruptures.

- Je suis là quand il faut
Et j'accepte aussi bien
Quand tu me tournes le dos
Parce que tu vois quelqu'un


Charlie était sorti de la chambre de Léopold, faisant dos à la porte.

- Mais serai-je autre chose un jour
Si la question se pose
Si le cœur me l'impose


Charlie tentait de tenir la main de Léopold mais il la traversait comme si c'était un fantôme. Charlie regarda Léopold repartir vers d'autres gens, probablement plus intéressants que lui.

- Sait-on jamais si j'ose un jour
Devenir autre chose, devenir autre chose
Autre chose


Charlie observait cette fois une photo prise à leur mariage, un grand sourire aux lèvres. Il se tourna vers le lui du passé, morne et triste.

- Et tu me parles de toi
Et tu me parles d'eux


Charlie futur montra à Charlie passé Léopold assis au bord du lit, pleurant sa rupture d'avec Jessica.

Parfois je parle de moi...
Mais parlons de nous deux


Le jeune Charlie avança vers Léopold sous l'œil attendri du Charlie futur.

- Serons-nous autre chose un jour
Si la question se pose
Si le cœur nous l'impose
Il faudra que l'on ose un jour
Devenir autre chose, devenir autre chose


Charlie s'assied à la table de leur ancien salon alors que Léopold rejoignait Charlie pour ce qui allait être leur première nuit.

- Serons-nous autre chose un jour
Si la question se pose
Si le cœur nous l'impose
Il faudra que l'on ose un jour
Devenir autre chose, devenir autre chose
Autre chose…


Le Charlie futur referma l'album photo où il regardait, fermant ainsi la page des souvenirs passés.

- Pour toujours

Charlie se leva et sortit de l'appartement.

Plus loin, dans son rêve à lui, Léopold se sentait seul et abandonné. Pourtant, il vivait les scènes que Charlie avait vues dans son rêve. Cette résurgence de sa jeunesse. A une époque où il se sentait si sale…

(Late Night - Etienne Daho – C'est un lien Music Me, vous êtes obligé d'aller spécialement appuyer sur la flèche « Play » sur la première version de la chanson proposée.)

- One, two, three, four !

Léopold, sur son ancien lit, jouait de la guitare. Il se rappelait tous ces moments où lui et Charlie jouaient, où Charlie était toujours là pour lui. Tout cela superposé à leur premier baiser.

- When I woke up today and you weren't there to play
(Quand je me suis levé aujourd'hui, et que tu n'étais pas là pour jouer)
Then I wanted to be with you
(Alors je voulais être avec toi)

Léopold se tourna vers Charlie qui observait cette même scène avec nostalgie mais qui ne pouvait le voir.

- When you showed me your eyes, whispered low of the skies
(Quand tu m'as montré tes yeux, et murmuré doucement aux cieux
Then I wanted to stay with you
(Alors je voulais rester avec toi

Léopold se leva avec sa guitare en se regardant, prenant son café face à son ordinateur, seul dans son lit.

- Inside me I feel alone and unreal Au fond de moi je me sens solitaire et transparent)
And the way you kiss will always be
A very special thing to me

(Et cette façon que tu as d'embrasser, restera quelque chose de très spécial pour moi)

Nouvelle vision sur ce premier baiser entre lui et Charlie. Léopold sourit et se reconcentre sur sa guitare. Il se retrouva en pleine nuit, dehors, à la fenêtre de la chambre de Charlie, le soir de leur première nuit. Après ça, Charlie s'était endormi. Pas lui, qui regardait à la fenêtre la nuit dehors.

- When I lay still at night, seeing stars high and light
(Quand je reste éveillé la nuit, observant les étoiles hautes et lumineuses)
Then I wanted to be with you
(Alors je voulais être avec toi)

Léopold jouait toujours de la guitare en regardant, ému, son alter-égo du passé se serrer contre Charlie.

- When the rooftops shone dark, all alone saw a spark
(Quand les toits luisent dans le noir, je suis le seul à voir une étincelle)
Spark of love, just to stay with you
(Une étincelle d'amour juste pour rester avec toi)

Léopold continuait à jouer de la guitare sous le regard rêveur de Charlie.

- Inside me I feel alone and unreal
And the way you kiss, will always be
A very special thing to me


Jour. Lendemain de cette nuit. Froideur entre les deux. Léopold regarda tristement cette scène. Il reprit sa guitare et chanta à voix basse.

- If I mention your name, turn around on a chain
(Si je mentionne ton nom, une chaîne mêlée dans mes mains)
Then the sky opens out for you
(Alors le ciel s'ouvre en grand pour toi)

Charlie se tenait derrière Léopold en regardant cette scène avec regret.

When the grow very tall, when I saw you so small
(Quand je deviens très grand, quand je te vois si petit)
Then I wanted to stay with you
(Alors je veux rester avec toi)

Léopold entra dans l'appartement par la fenêtre et s'observa en train de refuser l'amour sincère de Charlie.

Inside me I feel alone and unreal (Au fond de moi, je me sens seul et transparent)
And the way you kiss… (Et cette façon que tu as d'embrasser…)

Charlie semblait malheureux à la table, alors que Léopold partait seul en cours.

…Will always be a very special thing to me… (… restera quelque chose de très special à mes yeux…)

Léopold lâcha sa guitare et observa ces débuts difficiles, annonciateurs d'une passion complexe mais néanmoins suivie.



- EN PLACE TOUT LE MONDE ! VOUS ETES SUR SCENE D'ICI QUINZE MINUTES !

Léopold mettait des collants. Charlie arriva vers lui.

- Salut mon amour !
- Coucou mon cœur !

Ils s'embrassèrent.

- Je vais chanter ma chanson pour toi !
- Ah, cool cool cool !!
- Tu sais, cette chanson qui représente ce que je ressens pour toi !
- Ah ça c'est chouette !
- Parce que… toi et moi on s'aime et… je veux te montrer que je t'aime de la même façon que tu m'aimes moi !

Léopold afficha un grand sourire. Charlie sourit et tapota l'épaule.

- OK EN PLACE. CHARLIE, MOULE TON BEAU PETIT CUL DANS TON COSTUME ET VAS-Y !
- Yes sir !


Dans la salle, il y avait les familles de Charlie et Léopold. Linus était habillé en gentleman britannique alors que Lucy portait une stricte robe violette. Lionel portait un splendide haut de smoking avec une jupe plissée, tandis que Norbert arborait une robe couleur pêche, s'était maquillé comme pour aller à l'église et portait le plus extravagant des chapeaux.

Charlie arriva sur scène dans un magnifique costume de cow-boy.

- Christine, si tu veux bien…

La sœur de Charlie se mit à jouer une rythmique au piano. Charlie tapa du pied.

(Lillicub, Faire fi de tout)

- Faire fi de tout comme
Si de rien n'était
Se dire qu'un jour viendra
Mais d'ici là : "Wait and see"
C'est la seule issue sauf im…Prévu !


Léopold, en coulisses, était scié. Charlie fut accompagné par des danseurs qui reprenaient ses pas chassés et ses mouvements d'épaule.

- Faire fi de tout
A coup se dis… Penser de penser
Car on ne s'y trompe pas
A deux fois, même l'inédit
Cela va de soi
Ça compte aussi !
O-o-oooh.. O-o-o-o-o-oh !

Léopold se décomposait. Matt, à ses côtés, sirotait du cyanure.

- Il y va fort. Tu dois vraiment lui porter sur les nerfs !

Mitch haussa les épaules.

- Aucun couple n'est parfait, si ?

Charlie fit des claquettes, cette fois.

- Faire fi de tout comme
Si on le croyait
Qu'un jour, ON ne sera plus
D'ici là : "Wait and see"
Il n'est pas d'issue sauf im… Prévu ! Héhé !


Charlie arborait un parfait sourire benoît, absolument pas conscient du mal qu'il faisait.

- Faire fi de tout
A coup se dir…Iger au hasard
Mais qui vivra verra bien
Qui sera le dernier
A faire fi de tout jusqu'au
Bout…
Oh-oh-oooh…

« En gros tu te demandes comment tu fais pour être aussi patient avec moi ?! »

- Léo, sérieusement ! soupira Matt.
- Toi et moi c'était juste un coup comme ça pour clore une belle amitié virile ! admit Mitch.
- Moi et lui c'était sentimental, profond, admirable ! sourit Matt, extatique.
- Mais non, monsieur prétend que le problème du couple c'est TOI !
- Toi et tes manies…
- Toi et tes manières…
- Toi et ta façon de lui donner ton derrière ! sourit Matt.

Léopold grimaça.

Charlie s'arrêta de danser et chanta calmement à la foule.

- Faire fi de tout
A coup se dis…Penser de penser
Car on ne s'y trompe pas
A deux fois, même l'inédit
Cela va de soi
Ça compte aussi…


Avant que la chanson ne se termine, le théâtre tomba en ruines. Les spectateurs furent écrasés et tués sauf les familles de Charlie et Léopold. Marine arriva, en tenue d'ouvreuse.

- Mais qu'est-ce qui se passe ?

Charlie se retourna vers Léopold, fou de rage, tenant Matt, ensanglanté dans sa main.

- Léo ?

Léopold balança le cadavre de Matt. Mitch s'éloigna. Léopold approcha.

- TOI ! Tu m'as trompé !
- Nous sommes passés au-dessus de ça, mon chéri…
- Tu m'as frappé !
- Mais…
- J'ai dû subir tes dépressions alors que moi je m'efforçais de faire en sorte que mes déprimes t'atteignent le MOINS possible !
- …
- La mort de tes parents, je l'ai sentie passer, ah ça oui !
- Léo…
- MAIS A PART CA C'EST MOI LE PROBLEME ?

Charlie serra les dents.

- Nous… n'aurions pas cette dispute en vrai !
- Non, parce qu'en vrai, je n'ai pas la force de manifester mes émotions. Mais ici…

Léopold leva les bras vers le ciel et cria un grand « O-O-OH… »

(Lady Gaga – Judas)

- I'm in love with Judas-as ! Judas-as ! Oh-oh-oh-oh-oh I'm in love with Judas-as, Judas-as !
- Je suis pas un Judas, mon chéri, voyons…
- JUDAS, JUDA-A-AS ! JUDAS-JUDA-A-AS ! JUDAS / GAGA !

Léopold partit dans une chorégraphie endiablée, explosant tout autour de lui. Charlie recula, apeuré. Les danseurs autour de Léopold s'agitaient aussi. Léopold ne portait qu'une robe légère et un diadème de princesse.

- When he comes to me, I am ready !! (Quand il vient à moi, je suis offert !)
I wash his feet with my hair if he needs ! (Je laverais ses pieds avec mes cheveux si nécessaire !)
Forgive him when his tongue lies to his grave (Je lui pardonne ses écarts de langage !)
Even after three times he BETRAYS ME !!! (Même après trois traitrises il récidive !!)

Cri primal de Léopold. Charlie est collé au mur.

- I'll bring him down !! Bring him DOWN, DOWN ! (Je vais le descendre ! Plus bas que terre !)

Nouveau cri, mais cette fois, Léopold s'approche de Charlie, sensuellement.

- A king with no crown, king with no crown ! (Un Roi sans couronne, Roi sans couronne…)

Léopold embrassa Charlie et repartit dans sa danse.

- I'm just a holy fool, oh baby, he's so cruel (Je suis vraiment un saint idiot, oh bébé il est si cruel)
But I'm still in love with Judas baby ! (Mais je suis toujours amoureux de Judas, bébé !)
I'm just a holy fool, oh baby he's so cruel
But I'm still in love with Judas baby !


Léopold désigna Charlie.

- Oh, oh, oh, oh, oh I'm in love with Judas-as, Judas-as,
Oh, oh, oh, oh, oh I'm in love with Judas-as, Judas-as !

Léopold repartit dans une folie de chorégraphie alors que Charlie s'avançait et chantait cette fois.

- I couldn't love a man so purely ! (Je ne peux pas aimer plus purement un homme !)
Even darkness forgave my crooked way ! (Même les ténèbres ont pardonné mon chemin sinueux !)
I learned love is like a brick, you can (J'ai appris que l'amour est tel une brique)
Build a house or sink a dead body ! (Edifiant des maisons ou lestant un corps !)

Charlie, cette fois, partit dans un cri primal, une danse de la passion pour reconquérir Léopold.

- Don't bring me down, don't bring me down, down ! (Ne me descends pas !)
I'm a king with no crown, a king with no crown ! Je suis un Roi sans couronne, un Roi sans couronne !)

Léopold le repoussa d'une main et soupira, dépité par son éternel pardon qu'il donne à Charlie.

- I'm just a holy fool, oh baby, he's so cruel
But I'm still in love with Judas baby !
I'm just a holy fool, oh baby he's so cruel
But I'm still in love with Judas baby !


Nouvelle chorégraphie entre Charlie et Léopold, entre domination et passion enflammée.

Léopold se mit à chanter.

- In the most Biblical sense, (Au sens biblique du terme)
I am beyond repentance (Je suis au-delà de la repentance)
Fame hooker, prostitute wench, vomits her mind
(Pute de reputation, demoiselle prostituée, vomissant son âme)

Charlie s'opposa courageusement à la furie de Léopold.

- But in the cultural sense (Au simple sens culturel)
I just speak in future tense (Je parle juste au futur !)
Judas kiss me if offenced, (Judas m'embrasse quand il m'offense)
Or wear an ear condom next time (Porte un protège-oreille la prochaine fois !)

Charlie et Léopold, main dans la main, chantaient ensemble.

- I wanna love you, (Je veux t'aimer)
But something's pulling me away from you (Mais quelque chose m'éloigne de toi)
Jesus is my virtue, (La confiance est notre vertu)
Judas is the demon I cling to (Mais la trahison est le démon devant lequel je m'incline…)

Léopold et Charlie baissèrent les yeux.

- I cling to (Je m'incline devant…

Nouvelle chorégraphie à deux qui semble cette fois fissurer le sol

- Just a Holy Fool, oh baby he's so cruel
But I'm still in love with Judas, baby
I'm just a Holy Fool, oh baby he's so cruel
But I'm still in love with Judas, baby…


Silence.

Noir.

Ils volent. C'est un Charmillon.

Le ciel est ambré, orangé.

Charlie et Léopold sont dans les bras l'un de l'autre.

Le piano démarre.

(East 17, It's Alright)

Charlie et Léopold dansaient doucement sur la mélodie au piano, à pas chassés. Le Charmillon géant les transportait au-dessus des nuages.

Charlie en gras, Léopold en italique.

- Don't you worry, cause it's alright (Ne t'en fais pas, car tout va bien)
- Don't you worry, child of the night (Ne t'en fais pas, enfant de la nuit)
- Cause in the morning, come (Car à l'aube se profile)
- with the new day sun (Avec le soleil levant)
- Love - an everlasting light (L'amour – une lumière sans fin…)

Charlie et Léopold s'éloignèrent et réalisèrent des mouvements de danse classique parfaitement symétriques.

- We are the seed of the new breed (Nous sommes les graines d'une nouvelle espèce)
- We'll succeed our time has come (Nous allons réussir, notre heure est venue)
- We are the new (Nous sommes les nouveaux)
- These words are true (Ces mots sont vrais)
- Let the light of love shine through (Laissez la lumière de l'amour se répandre…)

Charlie et Léopold se rejoignirent, se prirent dans leurs mains et tournaient dans une valse.

- It's alright (Tout va bien…)
It's alright
It's alright
It's really alright (Tout va vraiment bien)

Charlie et Léopold s'approchèrent, l'un contre l'autre, front contre front.

- It's alright…

Ils s'éloignèrent enfin à la fin ce ce chœur.

- It's really alright…

Charlie s'agita le premier dans une danse solitaire proche du flamenco.

- Alright, alright
Everything's gonna be alright
(Tout ira bien)

Au tour de Léopold qui exécute les mêmes mouvements.

- Alright, alright
Everything's gonna be alright


Cette fois, mouvements parfaitement symétriques, rapides, synchrones, sur les ailes du grand Charmillon qui les emmène Dieu sait où.

- Alright, alright
Everything's gonna be alright
Alright, alright


Les deux s'arrêtèrent dos à dos.

- It's really alright !

Nouvel éloignement.

- No don't be so sad
Cause love is by our side
(Non, ne sois pas si triste, l'amour est avec nous)

Charlie tendait ses bras vers Léopold, dans de grands mouvements, tout en tournant en rond en même temps que Léopold, si bien qu'ils semblaient incapables de se rejoindre.

- No don't be so sad
Cause life is too short to live
(Non, ne sois pas si triste, la vie est si courte)

Léopold et Charlie s'arrêtèrent face à face et s'immobilisèrent, les mains repliées sur eux.

- No don't be so sad
I'll be mad if you're this
(Non, ne sois pas si triste, je serais fou si tu l'es)
- It's alright
The message that I give
(Tout va bien, c'est le message que je donne)

Nouveaux mouvements de bras et de pieds en tournoyant de façon parfaitement symétrique.

- We are the seed of the new breed
We'll succeed our time has come

- We are the new
These words are true
Let the light of love shine through !


Ils se saisirent les mains et dansèrent en tango avec violence et fermeté.

- Alright, alright
Everything's gonna be alright

Alright, alright
Everything's gonna be alright

Alright, alright
Everything's gonna be alright
Alright, alright it's really alright


Le tango s'acheva, et ils avancèrent vers l'avant du Charmillon, semblant parler à… des gens en face, à une caméra invisible, enlacés.

- Listen to me
Dreams can come true
(Ecoute-moi, les rêves se réalisent)
- Call out to love
It will answer you
(Si tu appelles l'amour, il te répondra)
- Forget your trouble and smile (Oublie tes problèmes et souris !)
- Let your heart speak awhile (Laisse donc parler ton coeur !)
- Let the light of love shine through ! (Laisse la lumière de l'amour se répandre !)

Charlie et Léopold continuaient à danser ensemble sans chanter dans une valse agitée, souriants.

Au bout d'un moment, la chanson changeait radicalement de rythme. Charlie et Léopold, sur le Pokémon géant, regardèrent vers une montagne. Un énorme monstre démoniaque noir recouvrait le ciel.

- Oh mon…
- Mais qu'est-ce que…

Un frisson s'empara d'eux. Le frisson de la mort. La chanson s'arrêta et reprit au début.

- Don't you worry, cause it's alright (Ne t'en fais pas, car tout va bien)

Charlie caressa le visage de Léopold.

- Don't you worry, child of the night (Ne t'en fais pas, enfant de la nuit)

Léopold se serra contre Charlie, apeuré.

- Cause in the morning, come (Car à l'aube se profile)

Charlie regarda la forme noire qui s'apprêtait à les dévorer avec sa bouche pleine de dents et de bave.

- With the new day sun (Avec le soleil levant)

Charmillon se dirigeait droit vers la montagne.

- Love - an everlasting light (L'amour – une lumière sans fin…)

L'embarcation explosa contre la roche, emportant les deux amants rêveurs.


[A ce stade de la soirée, Charlie, Léopold, Claire, Colin, Kate, Denis, Rachel et Lily avaient un sommeil assez agité et semblaient très mal dormir. Roland, encore en plein dans son rêve, dormait paisiblement.]

[Mushana avait épargné sa maîtresse par simple réflexe de Pokémon qui protège son dresseur pendant une attaque. Sauf que l'attaque, ici, était dirigée contre d'autres humains.]


Perrine se réveilla au milieu de toute cette agitation.

Elle regarda la plupart des adultes qui étaient en cercle et jouaient du tam-tam. Malcolm, Claire, Kate, Bernice, Colin, Aude, Charlie et Léopold, tous étaient en sous-vêtements à jouer du tam-tam. Perrine haussa les sourcils.

- Kumbaya my lord, Kumbaya ! chantonna le groupe.
- PERRINE !

Perrine regarda Lily qui était habillée en fée.

- Je suis ta marraine la fée ! Tu ne l'as pas oublié, hein ? Je suis riche, gentille et je vis dans une grande maison dont tu entends parler mais où tu n'iras jamais ! Tu veux du bon gâteau ?

Perrine secoua la tête.

- Pourtant tu adores manger !
- *BIP*-lui la paix sale *BIP* !

Lily regarda Finn, bourru et borgne.

- Sale *BIP*, va lécher la vaisselle !
- Très bien, très bien. Tant que tu fermes ta *BIP* de *BIP* !

Ils commencèrent à se battre, dérangeant tous les meubles. Perrine tourna vite la tête.

Perrine marcha dans la maison. Elle tomba sur Ethan, debout.

- Euh, sal… salut ?! s'étonna Perrine.

Le gamin avait du sable qui lui sortait par la bouche et les oreilles.

- …

Perrine s'éloigna de lui en le contournant. La porte vers le jardin était ouverte. Perrine alla regarder. Oncle Roland et Tante Rachel dansaient tous nus dehors.

- HAHAHAHA ! LA VIE, C'EST TELLEMENT MAGNIFIQUE !
- VOLEZ AU VENT MES BELLES *BIP* ! VOLEZ !
- OH ROLAND, *BIP*-MOI !
- OH OUI !

Rachel s'allongea par terre et Roland vint se mettre sur elle. Perrine se retourna vers Kyle, déguisé en docteur.

- Tu veux une piqure, Perrine ?

Perrine secoua la tête.

- Je suis ton papa, Perrine. Reste dans ta chambre le temps que j'accueille le gentil Monsieur Padeslip !

Un type en slip arriva.

- Salut, Perrine. Je suis ton PDD. Ton Papa à Durée Déterminée.
- Je vais me contenter de lui bourrer la *BIP* jusqu'à ce qu'il en ait marre.
- Ne t'inquiète pas je ne te ferais pas de mal. Je me contenterais de t'observer en sous-vêtements.

Perrine frissonna.

- Ou de te tapoter les fesses avant que tu ne partes à l'académie. Ou de te regarder prendre ton bain avec l'air de me réjouir du spectacle. Ou alors je me contenterais de te regarder manger silencieusement en imaginant que ces saucisses de Francfort sont tout à fait autre chose ! L'important ça n'est pas nos actes ou les tiens, l'important c'est que tu saches qu'on te regarde !

Kyle hocha la tête.

- C'est un bon programme. Et que cela arrive ou pas, je m'en tamponne. Tant que tu es à la maison avec moi. Merci pour les allocs !

Perrine baissa la tête, coupable. Quand elle la releva, elle vit Denis, une chaîne autour du cou, et David avec une minerve.

- Eh bah ma chérie ! sourit Denis.
- Viens ! sourit David.

Perrine retrouva le sourire face à ces deux gens qui voulaient bien s'occuper d'elle. Derrière le canapé, son père et sa mère biologiques, silencieux, leurs bouche couvertes de gâteau.

- Papa ! Papa !

Perrine allait atteindre ses parents lorsque l'homme en noir apparut.

Pas de pitié pour les enfants !

Il tira une corde et passa Perrine sous une trappe où elle disparut et où on ne la revit plus jamais.


Au départ j'étais juste un être humain.

Et puis un jour, je suis devenu un NOUNOURS !

David le nounours est heureux de vous accueillir dans son rêve !

Tout le monde aime porter et cajoler le nounours David ! Il est si mignon, si joyeux. On en mangeait. (Même si sa mousse doit parfois être remplacée car elle était défectueuse et sale).

Mais le soir venu…

String

Soutif

Perruque Blonde…

ET ON SE BARRE EN BOÎTE !!

Nounours dansait sur une barre face à d'autres jouets qui semblaient s'amuser. D'autres peluches forniquaient ensemble dans un coin.

Oh, mais que voit Nounours ! Le bel Optimus Prime. Il lui donne un gros pourboire. Après tout, les belles histoires, ça commence bien !

Et hop, virginité prise ! Optimus Prime culbute Nounours dans l'arrière salle ! L'ambiance est chaude ! Whooo !

Nounours retourne ensuite chez son papa et sa maman : La poupée Abraham Lincoln et l'adorable Bergère en Porcelaine.

Mais un jour…

Le nounours est devenu un homme.

- Ah, qu'est-ce que c'était bien quand j'étais un nounours ! soupira David.

Et c'est aussi un docteur.

- Est-ce que ça va aller, Docteur Smirnoff ?
- Oui. Ça n'est pas ma première opération.

David entra dans le bloc et regarda la personne qu'il allait opérer. Il ouvrit la cage thoracique avec une tronçonneuse. Puis il prit des baguettes pour prendre le cœur.

- N'y touche pas !

David regarda Kyle, étendu sur la table d'opération.

- Tu peux me faire une petite branlette par contre si tu veux. Je me demande quel effet ça fait sous anesthésie…

David plissa les yeux, et il approcha sa main du slip de Kyle.

- … ….. …….. ………. Je… JE NE PEUX PAS…

L'assemblée qui observait David acquiesça. Samuel arriva, satisfait.

- Et donc, vous le voyez. Le sujet est incapable de quoi que ce soit qui ne convienne pas à la morale chrétienne.
- C'est scandaleux !

Lily se leva, mécontente.

- La méthode Ludovico est trop dangereuse. Nous créons des individus formatés ! Cet homme n'a rien appris, il ne répond qu'à un stimulus ridicule. Laissez ce pauvre homme tranquille. Séparez-le de ce malade dangereux !

Kyle fut éloigné de David.

- Dommage ! soupira Kyle.

David, infantilisé, jouait avec une fusée.

- Lalala… Je suis un enfant… Je suis un petit bébé…

Il fit tomber la fusée. Il grimaça et se mit à sangloter.

- Ouiiiiiiiiiin j'ai cassé ma fusée !
- Eh, ça va ?

David regarda Denis qui lui tendait amicalement la main. David sourit et lui prit la main. Denis emmena David vers un endroit lumineux.

- C'est beau ! Qu'est-ce que c'est ?
- Ca ? C'est tout ce que je ressens pour toi !
- C'est immense !

Denis laissa David sur une scène avec des gens qu'il connait dans la salle. Tout le monde l'applaudit.

- Hahahaha ! Ah ! Un grand destin, vous-dis-je, et ce depuis que je lui ai caressé les fesses !

David regarda Jools Siviter.

- Je… vous connais ?!
- Non, je vais me pendre dans cinq minutes !

David grimaça, perturbé.

Etienne et Linda étaient dans la pièce mais au fond, cherchant à voir David.

- David !
- Nous sommes là !

Lily et Roland dansaient la Macarena en coulisses, loin de lui et hors de ses affaires. David les regarda, intrigué. « Ils dansent à part ? Pourquoi ne viennent-ils pas danser avec moi ? »

- UN DISCOURS, UN DISCOURS, UN DISCOURS !

David se plaça au pupitre.

- Euh… merci ? « Pourquoi ?! »

Standing Ovation.

- Euh… J'ai… beaucoup changé… Il est probable que je meure avant d'avoir cinquante ans…

Nouveaux applaudissements. David souffla, soulagé.

- Merci… euh…

On entra dans la pièce mais David n'arrivait pas à reconnaître la personne. « Un homme tout noir ? »

La silhouette monta sur scène.

- Un souci monsieur ?!
Avec toi tout est question de Gulliver !

L'ombre brisa la nuque de David qui s'écroula face à un Denis désolé et impuissant.



- C'est délicieux, Finn !

Finn sourit face à Lily. Dîner aux chandelles…

- Et puis ce décor, c'est si bucolique !

… sur un champ de bataille. Ca explosait autour d'eux, mais qu'importe.

- Nous sommes tellement différents, moi la belle blonde, toi le grand militaire sexy… Mais qu'importe, l'important c'est que tu me supportes et que je te supporte !
- Hm, je suppose que c'est important, dans un couple de se supporter.

Lily sourit malicieusement. Elle se glissa sous la table.

- Euh, Lily…

Lily disparut sous la table.

- Lily il faut que je t'avoue quelque chose, je crois qu'on devrait vivre un peu plus simplement. Pour le bien des enfants et un peu pour mon bien parce que…

Finn grimaça.

- …Je crois que je suis en train de changer – qu'on est en train de changer. Je m'empâte, j'ai beau faire du sport, je le sais, je m'empâte. J'ai besoin d'action. Je pense que je pourrais essayer d'entrer dans la police, qu'est-ce que tu en penses ?

Finn regarda la chaise vide. Il sourit.

- Je savais qu'on pourrait s'accorder ! Je…

Finn était toujours assis, mais… nu. Dans le musée Rodin.

Penseur.

« Je me demande si nous deux ça a un avenir.

Je me demande si je n'en ai pas trop fait avec Noé.

Et Flora, j'en fais trop ou pas assez ?

C'est ma fille. Je devrais être plus doux avec elle qu'avec Noé. Elle est si silencieuse, si timide…

C'est normal qu'elle soit plus proche de sa mère, après tout, ce sont des filles.

J'aimerais pouvoir pleurer parfois.

C'est possible ?

Et si on faisait une pause, Lily ?

Lily… qu'est-ce que je ressens au fond, pour elle ?

Une profonde liaison émotionnelle.
Un ressenti similaire sur la vie.
C'est un peu mon âme sœur, pour qu'on tombe amoureux pendant une guerre, ça ne peut être que ça.
Et si c'était une illusion ? »

Finn courrait dans le désert, les yeux pleins de larmes, les mains s'agitant comme une femelle en chagrin.

« J'aimerais t'aimer comme tu aimerais que je t'aime !

Je suis un bon ou un mauvais mari ?

Je suis un bon ou un mauvais homme ?

Qui répondra à ces questions ? PERSONNE ! QUI LES ENTEND ??? PERSONNE !!!

J'aimerais qu'on essaie de me comprendre !!! »

Finn s'accroupit, pleurant avec emphase, en proie à des émotions surpuissantes.

« JE » est un être SENSIBLE à ne pas confondre avec « MOI » !!!

« Ce sont deux choses tellement différentes !

Aimer, être aimé, se faire aimer…

Ces concepts triviaux que j'ai tenté de faire perdurer de manière générale toute ma vie en étant le soldat, le bras armé au service d'une idéologie maladroite et sans fondements, pourquoi ne puis-je me les faire accepter ? Il me faudrait un militaire, en moi…

UN CASSE-NOISETTES !

Il me dirait comment accepter l'amour dans mon cœur ! »

Finn regardait une fleur, et cela semblait le bouleverser.

« Je ne suis pas un automate.
Je suis aussi un être humain. »

Finn s'était allongé dans le sable du désert infini où se dessinait le visage de Lily.

Et il n'était qu'une larme.

« Et il se releva, géant d'airain
Monté sur ses pieds si longs, si fins,
Nous domina de sa stature d'arbitre
Nous regarda de ses yeux d'albâtre
Il vit que cela était beau
Et il en fut ainsi jusqu'à la fin. »

Finn était debout sur son socle de penseur, au musée Rodin, les bras écartés, tenant un Baggiguane dans une main, un Skitty dans l'autre.

« Voilà ma complétude, mon accomplissement, ma quête, mon infinie perfection !! »

Il regarda en l'air. Les 649 Pokémon volaient dans le ciel. Que c'était beau.

« L'UNIVERS COMPLET AUTOUR DE MOI GRAVITE ! C'EST UN OCEAN DE SENSATION ! C'EST TOUTE LA METAPHYSIQUE DE L'ESPACE ET DU CORPS QUI SE REFLETE EN MOI ! »

Il lâcha les statues qui se dissipèrent en cendres. Il portait maintenant le monde sur ses épaules.

« Voilà ce qu'a été ma vie, un investissement altruiste. Je suis un homme qui porte avec lui les malheurs des autres. Dans mon couple… Je porte les malheurs de ma famille et de la sienne. C'est ça, notre vie. »

La terre bouge. Finn haussa les épaules. « Elle va éclore ! »

Il posa la planète par terre (?) au milieu de la vasque d'obscurité où il se trouvait.

Une forme noire émergea de l'oeuf-planète. Finn plissa les yeux.

- Je te connais…

La forme tendit un bras.

- Tu es dangereuse !

Finn prit une mitraillette d'or et d'ivoire appelée Princesse Sérénité Cristal Prodige.

- Prends ça ! CANON LEXUS !

Finn tira sur son ennemie avec la force des anges, mais la forme noire semblait insensible aux armes à feu. Finn regarda la forme qui lui prit le cœur dans sa cage thoracique.

Un être aussi insignifiant que toi ne PEUT penser

Finn tomba à genoux. La forme noire mangea son cœur, et c'est sur cette image que Finn s'effondra, raide mort.



Roland et Malcolm marchaient dans la forêt. Tranquillement, sans crainte.

- Tu vois, Malcolm…

Malcolm regarda Roland en souriant.

- Maintenant, nous sommes beaux-frères. Assurément, ça ne fait pas de nous des amis comme les autres… Nous sommes différents des amis normaux. On peut presque dire que notre mariage à moi et à Rachel a brisé notre amitié et l'a transformée en autre chose.

Malcolm plissa les yeux.

- … au contraire, Roland, je pense que ça fait de nous des amis, comme avant et même encore plus qu'avant.

Roland sembla dubitatif.

- Fragile, tout cela…

Roland soupira.

- … est si fragile.

Malcolm haussa les épaules.

- On se connait depuis 5875 jours ! Tu te rends compte ! Tu sais comment je l'ai calculé, Roland ?

Roland sourit et prend Malcolm par la main.

- Es-tu prêt à me suivre, Malcolm ?
- … bien sûr, Roland, comme tous les amis, je te suivrais n'importe où !

Roland emmena Malcolm dans les tréfonds de la forêt.

- R… Roland, ça va vite, arrête ! Roland ! Eh ! Je me prends des branches dans la gueule ! Connard !!!

La main de Roland lâcha Malcolm.

- … Roland ?!!

Malcolm écarta des branches et vit Roland en peintures de guerre et en pagne.

- … Roland ?!!

Malcolm s'étonna de le voir ainsi, à côté de ce grand feu. Lui-même était habillé en smoking avec un attaché-case, prêt à aller au travail.

- Roland ?!
- MOTETEBE ! MATATABO MOTETEBE BOUTOUBOUTOU !!!
- …………… Woland ?!

Roland se mit à danser et à hurler des cris de guerre devant un Malcolm sidéré qui en tomba sur ses fesses…

… dans sa chaise. Car il est l'heure de manger !

- A table ! cria Claire.

Malcolm vint s'asseoir tout comme Nell, Alex et Léa. Kenneth et Judith prirent place aussi, ainsi que Hildegarde et Hermann.

- Hop-hop-hop ! Les grâces ! sourit Malcolm. Grand-Mère ?

Hildegarde croisa les mains.

- Je vous salue, Dow Jones plein de grâce. Dollar, le fils de la bourse, est notre sauveur ! Bénissez ce repas acheté 27 Pokédollars dans un supermarché de province !

Malcolm sourit. Kenneth regarda son fils.

- Mangeons. Cela va être froid. Comme ma viande !

Malcolm et le reste de la tablée ricana. Malcolm mangea une bouchée qui fit disparaître Hildegarde, Hermann, Kenneth, Judith…

Le visage de Malcolm s'attrista.

- … plus rien… Il n'en reste plus rien…

Malcolm regarda Claire et les enfants qui mangeaient comme si de rien n'était. « Je les fais vivre dans ma tête. C'est insupportable. C'est comme si j'avais un cafard dans l'oreille. Maudit moi, je vis dans le passé… »

On entra dans la pièce. Malcolm vit Roland entrer comme s'il était chez lui. Il monta sur la table avec un marchepied qui semblait avoir été mis ici uniquement pour lui. Roland arpenta la table, s'essuya les pieds dans le plat et descendit de la table pour se rendre dans le jardin.

- Désolé ! soupira Roland, désolé.

Le repas cessa, évidemment. Claire se leva et regarda dans le jardin. Malcolm la suivit et sortit dans le jardin qui était un cimetière. Claire arriva derrière lui.

- Je vais bientôt planter des lilas.

Malcolm hocha la tête.

- Ca n'a rien… rien d'étonnant.
- Pourquoi tu n'es plus un chat ?

Malcolm soupira.

- Parce que je suis devenu un vieux con, Claire. J'ai trente ans et je suis un vieux con.

Malcolm s'avança au milieu des tombes, et il chanta une petite chanson.

- Je chante pour ma peine
Ma peine qui dure et qui traine
Je chante et je me saigne
Je chante à perdre haleine

Mon malheur est celui que je veux bien m'imposer
Et vous êtes là à me regarder
Mon malheur est mien, il m'est purement dévoué
Et je ne voudrais pas vous en priver…

Coup de pied dans le dos. Malcolm tomba violemment dans une tombe creusée face à lui.

- AH ! AH ! MAIS ????

Tête noire. Malcolm écarquilla les yeux.

- TU LES AS TUES ! TU LES AS TOUS TUES !!! REPONDS !!!
C'est toi le pire. Tu n'as rien d'humain.

De la terre tomba sur Malcolm pour seule réponse.



Océan.

Soleil.

Beau temps, pas de vent.

Goélise, Békipan, Lakmécygne, Couaneton.

Et Sharpedo.

Pont.

Suspendu, rouge.

Gigantesque.

Infini.

C'est un petit voyageur, il porte un chapeau de paille et un baluchon. Il regarde autour de lui. C'est le pont des immigrants. Il est nouveau en ville, il arrive.

Un clochard s'approche de lui. Il s'étonne.

- Yann !!
- … Papa ?!

Yann s'étonna et regarda son père. Charlie semblait brûlé, blessé, mal en point, mais il marchait.

- I… Il… Il a arrêté la musique ! Nous ne pouvions plus danser !

Yann plissa les yeux.

- Papa, mon papa…
- Fais demi-tour, mon fils ! Tu le peux encore ! Je t'en supplie ! Pour nous il est trop tard, mais toi tu le peux encore. Tu es si…
- Si ?
- … … … Lucide…

Charlie dépassa son fils en criant comme un cinglé. Yann haussa les épaules et choisit de continuer à avancer.

***

Après une longue marche, il atteignit une île. La plage était grande, mais la forêt encore plus, c'était la Rolls-Royce des îles avec une jungle. Yann regarda les gens sur la plage.

Colin était à terre, inerte, mais les yeux ouverts, et le dos couvert de coups de poignard.
Lily frissonnait, couverte par une bâche, les cheveux mouillés.
Rachel, en tenue de deuil, était les pieds dans l'eau et regardait fixement la mer.
Denis se tenait le cou avec des tics anormaux, comme si il cherchait quelque chose qui n'était plus là.
Claire regardait sa main comme si elle ne devait pas être là en réalité. Traumatisée.
Kate était au sol et se couvrait contre une menace invisible qui semblait avoir le dessus.
Perrine s'était enterrée dans le sable et seule sa tête dépassait. La marée arrivait vers elle.
David avait la tête qui ne tenait plus à aucune vertèbre et qui pendait nonchalamment sur son épaule.
Finn se tenait la poitrine en sanglotant comme une fille.
Malcolm mangeait du sable. Il le croquait et ça avait l'air bon.

Yann grimaça devant cette scène surréaliste.

- Salut à toi, fiston !

Yann regarda son père, Léopold, qui portait une toge de vieux sage ainsi qu'une couronne de lauriers, un collier de perle, des chaussures Louboutin, la ceinture de l'Homme Sirène (en mode Wombo) et des barrettes dans les cheveux.

- Bonjour à toi, fils.
- … salut… Papa ?!!
- Je suis un guide spirituel.
- Ah. C'est pour ça que t'es habillé comme une tafiole.
- Exactement.

Yann acquiesça.

- Fais demi-tour, fiston.
- Papa m'a dit ça aussi…
- Je sais, lui et moi partageons un inquiétant lien psychique qui doit être dû à notre amour indéfectible. Bref. Yann.
- C'est toujours moi.
- Personne ne ressort vivant ou normal de l'île de la Mort Noire.

Yann haussa les épaules. Il se moquait du danger. Il dépassa son père et s'enfonça dans la jungle.

- Je t'aurais prévenu ! sourit Léopold.
- J'ai pas peur de mourir ! cria Yann.

Yann soupira. « J'ai pas peur. Je sais que je le mérite. »

Yann arriva dans une clairière. Il découvrit quatre guerriers prêts à l'aider.

Dimitri, bête mais fort.
Sheldon, rusé mais faible.
Rose, la fille.
Et Amy, l'amazone.

Léopold apparut derrière Yann.

- Soit, mon enfant. Va de l'avant. Peut-être que toi, tu pourras tous nous sauver. Tu devras cependant franchir mille périls en compagnie de tes fiers guerriers. Amis, ennemis, traitres, chair à canon, choses précieuses, à toi de décider qui tu veux ranger à quel endroit.

Le groupe se mit à courir en direction d'une colonne de fumée dans la jungle.

- C'est par là ! cria Yann.

Léopold, sur un Papinox géant, suivait le groupe.

- EPREUVE UN ! Le super tapis de clous en rythme mathématique !

Rose regarda les pointes entrer et sortir des trous alternativement.

- HIIIIIIIIIII ! JE SUIS UNE GROSSE LACHE, UNE IDIOTE DE PREMIERE ! YANN, JE TE LAISSE TE DEMERDER ! HIIIIIIII !!!

Rose se barra en courant. Yann cracha par terre.

- Ca ne m'étonne pas de cette pute.

Yann observa les pointes. Peu après, il déduisit une solution.

- Il faut marcher sans s'arrêter au moment où la boucle reprend. Tout droit !

Le groupe procéda ainsi, et tout le monde s'en sortit sans encombre.

- Ouf ! Bon…
- EPREUVE DEUX ! Les ponts sournois !

Trois ponts tendus au-dessus de la lave.

- Un seul n'est pas piégé et vous mènera à bon port de l'autre côté !

Il y avait un pont suspendu aux planches vermoulues, un pont de singe et un pont de béton solide.

Yann acquiesça et prit le pont aux planches vermoulues. Les autres le suivirent. Le pont de singe brûla rapidement et le pont de béton fondit sous la chaleur de la lave.

- EPREUVE TROIS ! La course aux lances ! Saurez-vous passer assez vite pour éviter les lances ?

Les lances étaient lancées avec un minutage précis. Yann souffla.

- Ok, on passe tous à trois ! Un… deux… TROIS !

Yann, Amy, Dimitri et Sheldon traversèrent la rangée de colonnes cracheuse de lances.

Une fois au bout, Yann allait bien, Amy et Dimitri aussi…

… mais Sheldon avait été perforé.

- Non… Sheldon… geignit Yann.
- EPREUVE QUATRE ! La poutre infernale !

Une poutre tendue au-dessus d'un océan de pointes.

- … Amy, c'est trop dangereux, tu dois rester ici. Moi et Dimitri on ira seuls !

Amy hocha la tête et s'assied pour attendre Yann et Dimitri.

Les deux jeunes hommes franchirent la poutre.

Il y avait un sentier en pente à arpenter, ce que Yann et Dimitri firent.

- On n'est plus très loin du centre de l'île !

Le sentier s'enfonça dans la jungle. Yann souffla de soulagement.

- On y est presque !

Il manqua de se prendre un coup. Yann regarda Dimitri.

- Eh !!!

Dimitri avait les yeux noirs, sclères comprises. Yann s'étonna.

- D… Dimitri ?!
- …

Dimitri sort un couteau et tente de tuer Yann.

- DIMITRI, ARRETE !!!

Dimitri agitait le couteau vers Yann, ce qui effrayait ce dernier. Une tentative plus frontale de Dimitri fit réagir Yann par un coup de genou qui lui fit lâcher le couteau.

- Dimitri !
- Pourquoi tu m'as fait ça, Yann ? Pourquoi tu m'as trahi ?
- Je ne t'ai pas trahi, tu en avais besoin, tu m'as remercié !
- Est-ce que ça t'empêche de te sentir mal pour autant ? Tu m'as trahi en ne faisant pas ce que tu aurais fait pour moi normalement. Tu savais à quoi tu t'exposais en devenant mon ami, tu savais que je pèterais un plomb ! TU LE SAVAIS !

Dimitri se jeta sur Yann, tentant de l'étrangler.

- Je me… Je me moque de l'avenir ! Seul… seul le présent est important, et un jour tu iras mieux, et ce jour-là, je serais là pour toi, parce que moi non plus je ne supporte pas les situations désespérées ! Tout ce que je veux c'est du calme !

Dimitri avait desséré son étreinte autour du cou de Yann. Yann plissa les yeux, malheureux.

- Je suis désolé !

Yann poignarda Dimitri dans le flanc. Dimitri regarda Yann, souriant et mourant en même temps.

- … merci…

Il s'écroula, le corps en sang. Yann soupira.

- Quelle vie de merde !!!

Il se remit à courir dans la forêt.

***

Clairière. Yann arrive et découvre l'homme autour d'un petit feu qui fume beaucoup. Yann s'avança et vint s'asseoir devant le feu, face à l'Ombre.

- … Salut ! salua Yann.

L'Ombre regardait le feu de ses yeux sans âme.

- C'est moi qui ai tué tous les autres dans leurs rêves, dit-elle d'une voix neutre et sans âme non plus.
- … J'avais cru comprendre ça. Pourquoi tu le fais ?

L'Ombre soupira.

- C'est mon rôle. Je suis celle qui détruit les vies en les touchant. C'est ma malédiction. Mon poison. Quand je touche une vie, elle s'effrite, se meurt.

Yann haussa les épaules.

- Vous allez me tuer ?

L'Ombre secoua la tête.

- Ton désespoir était réel, insoluble. Ton meilleur ami. Tu as osé l'envoyer en asile, c'est quelque chose que je n'aurais jamais pu faire. Faire quelque chose de difficile, de bien, de lourd, mais d'indispensable pour quelqu'un qu'on aime. Un grand geste. Mais qui au final t'a coûté ta sensibilité.

Yann baissa la tête.

- Ils ont beau avoir essayé de t'aider ce soir… tu vas prendre du temps à t'en remettre. Mais je sens déjà que cela va mieux. Ce désespoir, tu l'as consumé dans ce rêve. J'ignore comment tu as fait pour renverser mon sort, mais tu as réussi.

Yann acquiesça. L'Ombre continua son discours.

- Tous ceux qui gravitent autour de moi doivent mourir, tu comprends ?! Je mange, je dévore et je détruis tout. Je suis le mal dans la vie de ces gens, et ils m'ont résumé à cela, l'Ombre. Tout le monde se méfie de moi. J'assombris les cœurs. Je fais le mal autour de moi. Je suis une silencieuse mais réelle menace sur vos vies à tous. Et je vous tuerais tous.

Yann secoua la tête.

- Tu ne tues personne. Personne d'autre que toi.

L'Ombre sembla intriguée.

- La seule personne que l'Ombre tue en dévorant les autres, c'est elle-même.

L'Ombre hocha calmement la tête.

- Personne ne peut vivre seul.

Yann se leva et partit dans la jungle. L'Ombre se leva. Elle allait dire quelque chose, mais elle se contenta d'enlever la cagoule qui recouvrait sa tête.

Elle était en réalité Roland Smirnoff, qui fit un grand sourire et tapa dans ses mains.


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Réveil.

Lily, David, Finn, Denis, Rachel, Bernice, Kate, Colin, Charlie, Léopold, Malcolm, Claire, Perrine…

- Mais qu'est-ce que…
- Qu'est-ce qui s'est passé ?! s'étonna Malcolm.
- On… J'ai fait un rêve bizarre… s'étonna Lily.
- Ah non, moi j'ai fait un rêve bizarre…
- Vous avez rêvé de quoi ? Je m'en rappelle plus ! s'étonna Kate.
- M… Moi non plus… songea Claire.
- Moi j'ai rêvé de Portia de Rossi… marmonna Bernice.
- On s'est endormis devant la Guerre des Mondes ! Eh oui, Tom Cruise, sans scènes torse-nu, tu n'intéresses personne ! soupira Léopold en éteignant la télé.

Rachel s'étira. Elle regarda Perrine qui se frottait les yeux.

- J'ai faim… marmonna David.
- Moi aussi. On va manger un peu et après on installe les lits ?
- Ouais !
- Hm !
- Ok !
- Des graissins avec du fromage, ça va à tout le monde ? demanda Rachel.
- Hm !
- Ok !
- Cool !
- Yeah ! sourit Léopold.

Charlie se tourna vers Yann qui dormait encore. Il le borda avec la couverture du canapé et lui embrassa le front.

- Reste couché, va. Tu es bien mieux là où tu es !

Tout le monde s'était arrêté devant la cuisine. Charlie les rejoignit et vit Roland qui avait préparé un super apéritif avec des légumes.

- Vous pionciez comme des masses, je vous ai fait des branches de céleri, de carottes, des asperges, des tomates… Il y a aussi des saladounettes, vous savez, des Apericube avec une feuille de salade pour faire des cheveux…

Roland regarda tout le monde qui semblait… intrigué par sa présence. Roland haussa les épaules.

- Quoi ?

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COMMENTAIRE POST SCRIPTUM
The Walking Bed

Gros, gros chapitre (54 pages sans compter le Comics Roland)

Le titre est un mélange entre The Walking Dead et le titre d'une histoire de Little Nemo dans laquelle son lit enjambe des immeubles, The Walking Bed, donc.

Bon. Déjà je ne veux AUCUNE remarque sur ma façon de dessiner, je n'ai pas de tablette graphique, j'ai tout fait au pavé tactile d'ordinateur portable. J'accepterais juste les moqueries du genre « Tu dessines tellement mal que… » - par exemple « Les gribouillages de ma petite sœur sont exposés dans un musée » !

Chaque rêve à un SENS par rapport au personnage, j'ai envie de dire que c'est à vous de faire du travail métaphorique. Il y a aussi des choses qu'il ne faut pas chercher à creuser et qui sont là pour le fun.

Le but du chapitre est… de faire de jolies insinuations à la suite de la fic (y'a des indices cachés) mais également des rappels salutaires sur la psychologie des personnages.

Tous les rêves étaient scénarisés SAUF celui de Perrine que j'ai fait au dernier moment parce que le scénario original était du pur Foreshadowing (indices sur ce qui se passera dans le futur) sur l'éventuelle saison future de Smirnoff (not Smirnoff plus précisément). Je me suis dit « bon Mika t'arrête les conneries, tu fais un rêve original ».

Evidemment – je le dis pour qu'on évite de me le reprocher et parce que je l'assume complètement même que – ce chapitre est hautement inspiré de l'épisode de Buffy qui achève la saison 4 : « Cauchemars » - Restless en VO.

On est enfin bien d'accord pour dire que tout ce qui se passe dans les rêves n'appartient pas au canon de la fic.. Les personnages eux-mêmes ne s'en rappellent plus.

Vous pouvez remercier Ze_Gobou en partie, nous avons eu une très enrichissante conversation sur les rêves il y a longtemps, ce qui m'a aidé à réaliser ce chapitre.

PS : Copyright de la blague "Hyper Ball" dans la BD redonné à Wrey'.

Sur ce, je pars en week-end sur Paris me reposer, moi ! ZOU !