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A Guy and his Thundering Destiny de Drad



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» Auteur : Drad - Voir le profil
» Créé le 26/03/2011 à 20:34
» Dernière mise à jour le 22/08/2017 à 23:45

» Mots-clés :   Action   Aventure   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo

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III - Aller Simple
Tout se passa comme prévu.
Bastiodon se prit le Tram Éclair en pleine gueule, et le Tram Éclair se prit Bastiodon en pleins phares.
Toujours dans le crissement infernal et perçant de l'acier, un formidable boucan manqua de me rendre sourd. Bouclier recula sous le choc de la collision, repoussé par le train dans un nuage de débris et de poussières. Puis tout s'arrêta très vite. Il fut entraîné sur une dizaine... Non, plutôt une centaine... Bon, on va arrondir à cinquante... Oui, sur environ cinquante centimètres. Que voulez-vous ? J'avais sans doute un peu sous-estimé la défense de mon Pokémon et exagéré sur le nombre de Malédictions. La fumante locomotive concassée ressemblait maintenant à une feuille de papier d'alu écrasée, et le premier wagon avait bien morflé. Bastiodon retira sa tête qui était quasiment incrusté dans la loco, puis me regarda tout radieux et fier de son exploit. Latios souffla :

- Bon, ben voilà ! Tu t'en es pas si mal tiré, machin !

- Merci, répondis-je d'un hochement de tête, retourné par l'action, mais plutôt fier.

J'entendis des gémissements de personnes qui commençaient à sortir du Tram. Je me tournai vers Latios :

- Vite ! Cache-toi !

Mais le bougre avait déjà disparu.


J'aidais petit à petit les personnes à sortir du Tram. On avait appelé les urgences ; puis les techniciens s'occupant du Tram Éclair accoururent. Une fois tout le monde évacué, et par miracle aucun mort (j'ai pas dit qu'il n'y avait pas de blessés graves) tout le monde m'applaudit pour ce que j'avais accompli. Bastiodon et moi étions assez embarrassés, d'une part par tant de remerciements, d'une autre car nous savions que c'était plus ou moins de ma faute. Après avoir salué, embrassé trois mamies, serré la main à deux Dresseurs et avoir signé des autographes à quelques Gamins, je rappelai Bastiodon et sortis du Grand Marais. Je quittai ma célébrité de petit villageois qui ne dépasserait pas le fait-divers, les mains dans les poches, et songeai à ce que je comptais faire maintenant.
Hm ? Quoi ? Un tel accident, seulement un fait-divers ? Hé bien, dans un monde où l'équilibre mondial est menacé tous les deux ans dans une région ou une autre, menaçant des millions de vies, suite aux actions discutables d'organisations d'envergure nationales aux intentions peu louables, et où des attaques de voleurs de Pokémon en tout genre sont contrées par les actions héroïques de Dresseurs locaux, oui, l'accident sans décès du petit tramway du Grand-Marais qui transportait dix personnes, et qui a perdu les pédales à cause d'une surcharge de son réseau dont on ne se donnera même pas la peine de cherche une cause, en effet, ça resterait dans la colonne des faits-divers. La célébrité, c'était certainement pas pour tout de suite, mais c'était loin de me préoccuper l'esprit. Non, ce qui était dangereux, et ce qui pouvait m'attirer le monde entier sur le dos, c'était justement cette cause de l'accident - cette chose qui était de retour dans ma poche.


Je marchais silencieusement dans les rues de Verchamps. Je me rassis sur le même banc où Gardevoir m'avait convaincu d'aller au Marais pour connaître Zekrom. Bah voilà, c'est fait. Dire que ça s'annonçait bien, jusqu'à ce que Latios ramène sa fraise. Pourquoi est-ce qu'il l'avait attaqué ? Et il avait parlé de « colère de l'équilibre bancal », ou un truc dans le genre. Et puis pof - plus là, le Latios. Je soupirai, puis décidai de me rentrer à l'arène. Il n'y avait plus que ça à faire, de toute façon.
Je me dirigeais tranquillement vers notre maison se trouvant à l'arrière de l'arène couleur bleu azur, quand j'entendis du raffut à l'intérieur de cette dernière. Je me dirigeais vers la porte, l'ouvrit, et entendis hurler :

- Léviator ! Hydrocanon !

Et je me pris le susnommé Hydrocanon en pleine face. Le temps de me relever, de me rendre compte de se qu'il s'était passé, et de refaire les 50 mètres que j'avais traversé en volant, tout en dégoulinant, je retournai à l'entrée de l'arène le plus prudemment possible cette fois. Je vis mon père disputer le badge d'arène avec un jeune dresseur. Ce devait être celui dont il attendait la venue depuis ce matin. Que je me fasse éjecter dès mon arrivée n'avait apparemment alerté personne, vu qu'ils continuaient leur match avec un air concentré. Le jeune était en difficulté, il tremblait, était nerveux et hurlait à chaque nom d'attaque. Son Étourvol était mal en point.

- Étourvol ! Cru-Aile !

Le Pokémon Étourneau, bien fatigué, s'éleva dans les airs avec difficulté, puis fit scintiller ses ailes. Arrivé au plafond, il plongea vers Léviator, qui sortait la moitié de son corps de la surface du bassin gigantesque qui servait de terrain d'arène. Les plateformes flottantes tanguaient tellement ; le match a dû être mouvementé.

- Plonge ! ordonna mon père.

Léviator s'exécuta, s'enfonçant dans les profondeurs de la piscine, puis l'oiseau s'arrêta net avant de toucher la surface de l'eau. Il battait des ailes laborieusement, essoufflé. Puis mon père sourit :

- Désolé, gamin ! Léviator, maintenant !

Une gigantesque ombre bleue surgit hors de l'eau brusquement, derrière l'oiseau blanc et noir.

- Saumure ! cria Lovis.

Léviator cracha un cours jet d'eau, à haute pression et bien placé, en cadeau surprise pour l'Étourneau. Ce dernier ne le vit pas venir, et se fit toucher au dos. Il tomba sur une plateforme à la surface, en poussant un dernier cri. Quelques secondes ; le silence de la défaite. Notre arbitre leva un bras.

- Étourvol est hors-jeu ! La victoire revient au Champion de l'arène de Verchamps, Lovis Le Teigneux !

Le jeune challenger baissa la tête. Il rappela son Pokémon, sans un mot. Mon père fit le tour du bassin, et rejoignit le jeune Dresseur. Il croisa ses bras épais de catcheur, et se voulut réconfortant, avec sa grosse voix.

- Beau combat ! Tes Pokémon sont très bien entraînés. Peut-être devrais-tu travailler sur une stratégie plus précise, non ? En tout cas, je suis impatient de voir tes progrès. Je t'attends de pied ferme pour ta revanche, ok ?

Le garçon releva soudainement la tête vers mon père, et, le sourire retrouvé, approuva d'un signe de tête. Il le salua, puis sortit de l'arène en me remarquant. Ce garçon fit un signe vers mon père:

- Il est vraiment coriace !

- Ne t'inquiète pas, il s'est déjà fait battre, souris-je en guise de réponse.

Le jeune Dresseur rit doucement, sa confiance revenant peu à peu. Il s'éloigna en agitant sa main et en promettant de revenir. Une fois le garçon parti, mon père s'approcha, me regarda, ses bras toujours croisés, et soupira, son égo un peu détruit.

- Dis, t'étais pas forcément obligé de sortir ta dernière remarque.

- Si ça peut encourager ! lui retournai-je, souriant de toutes mes dents.


Nous dinâmes ensemble, humains au tour de la table et Pokémon à leurs gamelles. Mon père me posa plein de questions concernant ce qui m'était arrivé, je lui racontai que tout allais bien, aucun souci, que tout était rentré dans l'ordre.

- Tu es sûr ? J'ai l'impression qu'un truc te tracasse.

- T'inquiète pas ! Je vais parfaitement bien !

Gardevoir se retourna et me regarda. Je lui rendis le regard, en faisant comprendre de ne rien dire pour ne pas être encore plus dans la mouise. Le repas fini, nous nous spuhaitâmes la bonne nuit, et j'allai me coucher, comme tous les soirs.


Bien entendu, ce n'avait pas été un soir comme les autres. Je me tournai et retournai dans mon lit. Je regardai le plafond, ma chambre, et ma fenêtre à tour de rôle. Je repensais à ma journée, à Zekrom, à Latios, au Train Magnétique, à Bastiodon, à la foule acclamant notre courage, à mon retour à la maison. Déjà j'étais heureux que mon père n'ait pas eu vent de cet incident; ce n'était plus qu'une question d'heures avant qu'il sache que son fils était sur place. Que faire ? Je n'en savais rien. Je ne savais même pas quoi penser de la situation. Et puis, je me suis brouillé avec ce Zekrom, et il doit sûrement m'en vouloir...

- Tu sais, c'est un gars plutôt sympa !

Je sursautai. Je tournai ma tête vers l'endroit d'où le son m'était arrivé, ma fenêtre : elle était ouverte, et je vis Latios à l'extérieur qui me souriait depuis derrière la vitre.

- Latios ? T'étais passé où ?

- Tu peux sortir ? Je pense que je te dois des explications, répondit-il par télépathie, sans se soucier de ma question.

Un peu dubitatif, je me levai finalement (j'étais pas prêt à dire non à un Pokémon Légendaire). J'ouvris ma fenêtre, et je sortis dans le jardin en enjambant le rebord. La fraîcheur de la nuit me prit le corps, et l'herbe légèrement humide me chatouilla les pieds - quelle idée de me faire sortir comme ça, là, aussi. Il avait intérêt à me donner de bonnes explication. La tios prit un air dramatique/

- Bien ! Avant toute chose, je dois te dire... l'équilibre du monde est en grand danger.

- L'équilibre du monde ?

- Oui. Accroche-toi, c'est un peu complexe.

Il fit mine de se racler la gorge et de prendre son inspiration, ce que je trouvai risible pour un télépathe.

- Vois-tu, dans ce monde, toute chose naît, et chacun doit naître d'une union. Cette union, composée de deux êtres, transmettra le négatif et le positif, l'ombre et la lumière, le noir et le blanc, notre sens à voir la réalité des choses, à faire la paix, et notre sens à nous lancer des objectifs pour faire de notre vie notre idéal, pour avancer dans notre existence. Ces deux êtres, eux qui font ce que nous sommes, ce sont Zekrom et Reshiram. Les deux sont opposés dans ce qu'ils apportent, mais l'un ne serait rien sans l'autre. Opposés mais complémentaires. Complémentaires car dans un monde sans idéaux, nous n'apprécierons pas notre capacité d'évolution. Et dans un monde où seuls les ideaux règneraient, nous n'apprécierons pas l'apaisement et l'objectivité qu'offrent les temps de paix. Pour éviter que l'un ne prenne le dessus sur l'autre, mais aussi pour qu'entre le négatif et le positif il y ait un juste milieu, pour qu'entre le Noir et le Blanc il y ait le Gris, il y a Kyurem. Kyurem est tout aussi lié à cette symbiose que Zekrom et Reshiram. Ce trio est complété par deux autres Pokémon, qui eux apporteront le masculin et le féminin chez un être, car Zekrom et Reshiram combinant leur pouvoir, il fallait deux autres êtres distincts. Ces deux autres êtres, ce sont Latias et moi-même, Latios. Nous cinq, avec le pouvoir de Créfadet, Créhelf et Créfollet, créons l'âme des gens et des Pokémon. Or donc, récemment, Kyurem a été violemment blessé. Comment, je ne sais. Un lien télépathique nous reliant tous les cinq me l'a fait ressentir. Mais Kyurem faisant partie du trio d'équilibre avec Zekrom et Reshiram, ces deux derniers sont devenus peu à peu fous, pris d'une colère incontrôlable. Latias et moi nous mîmes d'accord : elle devait arrêter Reshiram, et moi Zekrom, pour enfin nous rejoindre et porter secours à Kyurem. Je poursuivis donc Zekrom jusqu'à cette région de Sinnoh, où je trouvais Zekrom en pleine crise de folie au-dessus du Lac Courage. J'essayai de l'arrêter, mais lors du combat, ta Faiblo Ball est tombé sur lui. Il fut capturé ; je m'enfuis pour ne pas être repéré. Pensant que le cas de Zekrom allait te mettre en danger, je vous ai suivi jusqu'au Grand Marais, où nous nous sommes rencontrés. Tu connais la suite.

Il me laissait sans voix. Je pris du temps pour tout remettre dans l'ordre - cette histoire de "création d'âmes", d'équilibre des forces, d'équilibre rompu, de Légendaires en pagaille... Selon ses mots, les légendes de tous les horizons se mêlaient pour se retrouver dans un schéma bien défini. C'était loin de la plupart des théories en Pokémonologie folklorique que l'on m'avait enseigné. Dans les faits, et concernant notre histoire, le discours de Latios avait au moins le mérite de résoudre tous les problèmes, répondre à toutes les questions, dénouer toutes les incohérences. Sauf une peut-être.

- Mais... Pourquoi ai-je réussi à capturer Zekrom ?

Il éclata de rire :

- Ça, mon ami, ça s'appelle avoir une putain de chance !

Ah. Ok. Latios se redressa, prit de la hauteur, regarda aux alentours, s'étira, puis m'expliqua :

- Bon, le plus important, c'est que tu sais maintenant dans quelle situation tu te trouves - et elle n'est pas super confortable, je l'avoue. Tu l'as capturé, alors tu t'en charges, Dresseur ! Je te donne rendez-vous dans une semaine à l'endroit où doit gésir Kyurem en ce moment - et je pense que cette vieille branche n'est pas près de quitter cet endroit. Faut qu'on soit efficace, histoire qu'on règle cette énième affaire d'équilibre mondial qui part en couille. Ti'nquiète, on est habitués à gérer ces situations au QG, c'est qu'une histoire de s'y mettre un coup et que quelqu'un s'y colle. De mon côté, je vais voir où en est Latias. Allez, ciao!

Il disparut ensuite en volant à la vitesse du son. Il me laissa planté là comme un con. J'étais encore en train d'essayer de comprendre les indications qu'il m'avait déblatéré à toute allure avant de partir en m'envoyant ces rafales de vent... Donc on est censé rétablir cet équilibre mondial? Et celui qui "s'y colle", c'est moi? Tout ça pour avoir fait tomber une Faiblo Ball sur le coin de la gueule d'un Zekrom? Ok. Sympa. Ne sachant que faire exactement, et n'ayant qu'une envie, aller me recoucher pour pouvoir enfin dormir, je sentis un bout de papier me tomber sur les orteils. Je baissai les yeux: une enveloppe avait atterrit là, porté par la bourrasque du départ de Latios. Je la ramassai, l'ouvris, et trouvai un seul billet d'embarcation pour l'étoile d'Unys qui partait demain après-midi de Joliberges. Le billet (qui soi dit en passant, ne valait que pour un aller simple), était accompagné d'un mot.

« T'auras tout le temps de me rembourser le billet !
Latios »

Evidemment, ce n'était pas avec les révélations de Latios que j'avais réussi à trouver le sommeil. Après avoir dormi deux heures en rêvant que je me faisais poursuivre par un train volant avec une tête de Tournegrin qui essayait de me dévorer avec de la confiture de baie Pêcha femelle (me posez pas de questions), je me réveillai en sursaut et en sueur. Le soleil pointait, et les Etourmi chantaient gaiement. Quand toute l'histoire me revint en tête : je devais préparer ma journée, et surtout trouver une bonne excuse pour m'absenter longtemps. Je me levai, m'habillai, et me dirigeai vers mon petit-déjeuner. Mon père lisait le journal « Sinnoh Matin » en buvant son café. Il me vit arriver:

- Salut, gamin ! Alors, la forme ?

En première page, en gros, "ACCIDENT AU MARAIS - Un Dresseur local comme héros". Je déglutis.

- Ouais... Tout baigne.

Je tirai ma chaise et m'assis ; mon père me regarda avec étonnement. Chacun continua ses activités dans le silence. Il ne me parla pas. Me dites pas qu'il est si bigleux? Quand j'eus terminé mon bol, je le posai assez énergiquement sur la table et décidai de prendre les devants:

- Papa, je vais continuer mon voyage.

Il s'arrêta net, caché derrière son journal. Il baissa lentement celui-ci, puis me regarda dans les yeux :

- T'en es sûr ?

- Ecoute, puisque je te dis que oui.

- Mais, quand t'es revenu de Hoenn, tu as dit...

- Je sais ce que j'ai dit ! Mais j'ai changé d'avis, je veux le continuer. Ça te dérange si je pars ce matin ?

Il me regarda, puis éclata de rire :

- Eh bien ! Je ne te retiens pas ! Tant que tu me donnes des nouvelles !

Je le remerciai, heureux que mon excuse fonctionne, puis courus préparer mes valises.
J'entrai dans ma chambre comme une furie, gagné par la même excitation que j'avais connue lors du départ pour mon premier voyage. Je fouillai dans mes armoires, lorsque j'entendis une voix :

- On va où ?

Je me retournai, et vis Gardevoir. Elle était sortie de sa Super Ball, restée sur mon bureau, et me souriait, comme à son habitude.

- Eh bien, on va à Un... euh, Joliberges !

Mon père étant pas loin, pour éviter les questions du genre « Et comment tu vas t'y rendre ? » je préférais indiquer une destination pas trop loin (question de point de vue). Elle me demanda :

- Pourquoi ?

- Pourquoi ? Eh bien, pour que je continue mon voyage de dresseur !

Elle resta figée de surprise, puis éclata de joie :

- Magnifique ! Alors tu t'es remis de ta défaite à Eternara ?

...Tiens, c'est gentil, j'avais oublié ce misérable moment de ma vie, merci beaucoup.

- Oh, hum... Désolée...

Ouais. Je me retournai, la tête baissée, songeant à la raclée que je m'étais prise à la Ligue d'Hoenn et au fiasco que Colho... Bref. Je faisais mine de chercher des affaires, en rageant intérieurement. Je glissais un petit « oui, évidemment » comme réponse. Elle vit bien que non, évidemment. Quand tout à coup, mon père cria :

- Chris ! Ramène-toi, et oublie pas tes Poké Ball !

Ça avait l'air urgent. Je pris mes trois Ball, et celle de Gardevoir une fois qu'elle fut rentrée à l'intérieur. Je courus jusqu'à l'entrée. Mon père me vit, se jeta sur moi, me prit le bras, et me tira jusqu'à l'extérieur en riant :

- Allez, allez ! On ne perd pas de temps pour un départ si important !

Je n'eus pas le temps de contester ; il m'envoya dans un taxi qui venait d'arriver. Il me jeta mon sac sur les genoux, puis donna un certain nombre de Pokédollars au chauffeur :

- Il va à Féli-Cité !

Le gars qui conduisait remercia rapidement mon père, puis démarra sur les chapeaux de roue, dans un nuage de poussière. J'entendis à peine mon père crier « Bon courage ! Et oublie pas de me téléphoner ! » par la porte de la voiture qui était restée à moitié ouverte.


Je regardai le paysage montagneux par la fenêtre du taxi. On venait de sortir d'Unionpolis, on se dirigeait maintenant vers Charbourg pour enfin arriver à Féli-Cité. La route était très chaotique, couvertes de nid-de-poule et de bosses, le tout sur du gravier. Le conducteur ne faisait pas attention à moi, il fredonnait « Le Luxray est vivant ce soir », en cœur avec Sinnoh FM. Je songeai à ce que j'allais faire une fois arrivé. Bon, avec le nombre de Pokédollars que m'a mis mon père dans mon sac, ça ne devrait pas poser de problèmes. C'est que champion d'arène, ça rapporte, quand on est fort. Il m'avait glissé un sandwich entre deux Super Potions et deux Hyper Ball vides, au cas où. Enfin bon, j'aurais quand même préféré prendre des valises.


Après deux longues heures interminables et des haut-le-cœur assez désagréables (je déteste la voiture), les immeubles de Féli-Cité apparurent. Il me déposa à toute vitesse en freinant comme un dératé devant le Centre Pokémon, me salua, et repartit en trombe. Je me retrouvai en plan dans cette ville. Je décidai de déjeuner : il était 11h45 à ma Pokémontre, mon bateau n'était qu'à 16h30. Je traverserai la route 218 plus tard.

Bon, j'aurais bien aimé vous décrire en détail une après-midi superbe, avec plein d'action, de bonheur et tout et tout, mais non. Il a plu des cordes cinq minutes plus tard, j'ai mangé mon sandwich tout seul sous un abribus, puisque le Centre Pokémon était trop loin pour aller s'y abriter. Puis j'ai attendu que ça se calme. J'avais bien choisi mon jour, tiens. Deux heures en plus à s'emmerder et à se cailler sous quelques mètres carrés en plastique, à regarder la grisaille des grandes villes et les gens jurer à cause de ce temps de Ponchien, c'est top bonheur. Enfin, comme je le disais, deux heures plus tard selon ma Pokémontre, il ne pleuvait plus (je n'ai pas dit qu'il faisait beau, hein). Je sortis donc prudemment de l'abri, et je me dirigeai vers la route 218. Je passais la porte qui y conduisait, puis me retrouvai en face d'une étendue d'eau. Et merde. J'avais oublié. Et, forcément, sans Surf... J'aperçus un Pêcheur sur le côté, et lui demandai :

- Excusez-moi, pour Joliberges ?

- Eh bien, traversez ce petit chenal, et vous y êtes !

C'est bien ce que je craignais. Je n'avais aucun moyen... Ou, disons, aucun moyen viable de le faire. Le Pêcheur vit mon embarras :

- T'as pas de Pokémon Eau, petit ?

- Euh... Non, enfin... pas d'utilisable.

- C'est-à-dire ?

Pourquoi est-ce que j'ai abordé le sujet ? Il va vouloir le voir, maintenant.

- Allez, montre-moi ça, petit. Je vais te le dresser, moi ! Aucun Pokémon Eau ne me résiste !

- Non, merci, je m'y connais en dressage, insistai-je en forçant un sourire. Mais, si un jour j'ai besoin de conseils, je saurai où vous trouver.

Le Pêcheur se renfrogna direct :

- Bon. Comme tu veux.

Je sortis ma Scuba Ball de ma poche. Je la regardai dans le bleu de son métal. C'était celle qui était tombée dans la forêt, que j'étais allé chercher. Celle que je prends toujours avec mes autres Pokémon. Mais celle aussi qui m'a fait perdre à Eternara. Non, ce n'était pas le moment de risquer de sortir ce Pokémon. Je ne serais pas plus avancé que maintenant, d'ailleurs. Je rangeai donc ma Scuba Ball. Mais comment traverser ce chenal ? A moins que...

- Excusez-moi, ça vous dérangerait de me prêter un de vos Pokémon ?

Le Pêcheur se retourna, puis me regarda, dédaigneux :

- Ah, oui, ça me dérangerait. Je n'aide pas quelqu'un qui ne sait pas élever ses Pokémon.

Il m'énerva rapidement, à prendre son air hautain. Il renchérit :

- Et d'ailleurs, ça m'étonnerait que t'y arrives, petit. Bonne chance, puisqu'apparemment, tu ne fais que compter sur elle !

Je sortis ma Faiblo Ball de ma poche cette-fois ci. Oui, ma Faiblo Ball. Vous qui savez ce qu'il y a dedans, vous vous doutez bien que je ne m'apprête pas à faire des Poffins. Je m'approchai soudainement du gars et le regardai attentivement. Il fut surpris, puis je lui dis d'un ton sérieux :

- Vous êtes pâle. Vous devez être malade.

- A-Ah non...? J-Je me porte bien, merci, assura-t-il, étonné de ma remarque.

Je me mis à faire les cent pas, en tournant autour de lui.

- Non. Vous êtes malade. Vous n'avez pas eu des symptômes bizarres, récemment, comme des visions ?

Le gars commençait à flipper.

- Euh non... Enfin, je ne crois pas...

- Vous en êtes sûr ?

Il réfléchit, inquiet, puis, pris d'un sursaut, il me dit :

- Euh... Maintenant que vous le dites... Souvent, je crois avoir une touche. Je vois le flotteur bouger, s'enfoncer dans l'eau. Je tire sur ma canne, et...

- Laissez-moi deviner. Il n'y a rien, c'est cela... ? questionnai-je, inquisiteur. Ou, dans le meilleur des cas, un petit Magicarpe de rien du tout... ? Alors que vous étiez persuadé que c'était au moins un Léviator ?

Le Pêcheur était devenu tout pâle, maintenant. Il stressait comme un malade, de la sueur coulait sur son front. Il avoua en tremblant :

- ... Oui.

Je me retournai brusquement en le pointant du doigt :

- Aha ! Je le savais ! Et...

Je m'approchais très près de lui, puis le fixait dans les yeux :

- ... je vous dis que vous allez en avoir une très bientôt, de vision.

Il flippait grave, à la limite de la crise cardiaque. Blanc comme un linge, il murmura :

- A... Ah bon ?

Je m'éloignais rapidement, puis je lançai la Faiblo Ball en l'air. Dans son déclic tout à fait normal, elle s'ouvrit. Dans toute sa puissance et sa grandeur, un grand Dragon noir aux yeux rouges, monté sur deux pattes puissantes, projetant son ombre sur la moitié de la berge, avec une centrale électrique en guise de queue, sa silhouette surplombant notre ami Pêcheur - bref, Zekrom, apparut sur le bord du chenal. Le gars était figé sur place et sa canne à pêche aurait pris ses jambes à son cou si elle avait des jambes (ou même un cou). Je me tournai, et je lui annonçai avec un petit sourire de médecin:

- Si vous ne voyez pas un Cheniti, c'est que vous êtes malade.

Il s'enfuit en hurlant, en laissant tomber sa canne dans l'eau. Au moins, maintenant, je n'avais aucun témoin gênant dans les parages.


Ceci fait, je me tournai vers Zekrom. Il me tournait le dos, et semblait m'éviter. Je m'approchai doucement : il détournai vraiment le regard et boudai. Je me souvins alors que je l'avais fait rentrer dans sa Ball au moment où le Tram Eclair entrait en gare à toute berzingue. Et je l'avais laissé sur des mots blessants. Je me sentis coupable d'un crime horrible d'avoir vexé un Pokémon Légendaire... aussi amnésique qu'il fût.

- Je... Euh... Désolé.

Il me répondit du tac au tac :

- L'amnésique te dit merde.

Bon. Au moins il ne mâchait pas ses mots.

- Excuse-moi, vraiment. J'ai, hm... J'ai besoin de toi.

Il ne me répondit pas. J'étais désemparé. A ce moment là, Gardevoir sortit de ma poche et me murmura :

- Vas-y avec plus de délicatesse.

Facile à dire !

- Mais, Zekrom... Tu as bien entendu Latios depuis ta Poké Ball, non ? Ton rôle dans la création des âmes, l'équiulibre du monde, tout ça... Tu ne te rappelles de rien ?

Il fermait toujours sa grande gueule de Dragon. Je désespérai. Gardevoir à la rescousse, elle lévita jusqu'à arriver à la hauteur de la tête de Zekrom. Elle lui souriait et lui expliqua des trucs à voix basse. Le Pokémon Noir Idéal tourna la tête tout d'un coup vers son interlocutrice, puis elle continua de lui parler. Ensuite, il me regarda. Je ne savais pas quoi faire à part me faire regarder et visiblement me faire commenter. J'allais commence rà me sentir vexé à montour, mais finalement Zekrom annonça :

- Hm, je sais pas trop.

A vrai dire, ça ne m'étonnait pas, qu'il ne savait pas. Mais bon. Gardevoir redescendit vers moi, puis me murmura :

- Il attend des excuses, je crois.

Allons bon. Je m'avançai à ses côtés, puis m'excusai, non moins gêné ou impressionné.

- Désolé. Je suis un idiot. Ce n'est pas de ta faute, je le sais. Ça ne doit pas être facile, je m'en doute. Je regrette ce que j'ai dit, moi-même je me sens mal après t'avoir parlé de la sorte... Mais maintenant, on doit faire équipe, non ? Tu l'as entendu toi-même, le monde... I-Il est en danger. Apparemment. Enfin, selon Latios. Je sais que je suis ptêt pas le mieux placer pour le "sauver" ou je ne sais quoi, mais, si on peut au moins aider... Du moins, toi, tu as un rôle important, et je me dois de t'aider. En tant que ton Dresseur - seulement officiellement, je veux dire. Tu peux très bien ne pas me considérer comme tel, après tout, cette Faiblo Ball, cette capture, c'est sans doute qu'une coup de chance, ou de malchance, et toi, tu es destiné à faire bien plus que de livrer des combats entre Dresseurs. Il va juste... Falloir m'aider. Un peu. Juste le temps qu'on trouve comment régler ce problème de monde déséquilibré.

Il ne se retourna pas. Il me demanda avec, je l'entendis, la voix qu'on a lorsqu'on dissimule ses craintes.

- Et toi, peux-tu m'aider? Sans cette mémoire, je... Je...

- Bien sûr, assurai-je aussitôt. C'est ça, être le Dresseur d'un Pokémon.

Il se retourna doucement, et, ses yeux rouges brillant d'espoir, il hocha la tête.

- Alors... Je veux bien t'essayer comme Dresseur.

Je lui fis un grand sourire. Puis il me demanda, en ayant peur que je le prenne pour un idiot :

- Comment on peut appeler ça, ce mélange d'entraide et de confiance ?

Je ris :

- Ah, ça ! On peut appeler ça de l'amitié.

Il annonça fièrement :

- Alors, soyons des amitiés !

Je pouffai de rire en même temps que lui, et Gardevoir fut heureuse de cette réconciliation. Voilà. Le moment « Emotion », il fallait bien le mettre quelque part. Et je fus content qu'il soit maintenant.


Après cet interlude Kleenex, on était toujours au même point : traverser l'étendue d'eau nous séparant de Joliberges. Je demandai à Zekrom s'il pouvait me faire traverser en volant ; le Dragon, fier de son nouveau statut officiel de "Pokémon en dressage", accepta volontiers. Je rappelai Gardevoir en la remerciant pour son aide, elle s'en satisfit, et Zekrom se coucha sur l'herbe, en face de moi. Il me proposa de grimper sur son dos.

- Oh, hum, oui, bien sûr.

- Ben, c'est le seul moyen pour y aller en volant. Je te dis, je le sens bien, je vais pas me foirer, cette fois !

- Oh je n'ai pas vraiment peur que tu voles mal (quoique, quelle profondeur avait cette étendue d'eau... ?) C'est plutôt... Monter sur le dos d'un Pokémon Légendaire...

- Oh, c'est si impressionnant ? rit-il en remuant les épaules et en étendant ses ailes. Bon, il est vrai que j'ai peut-être un peu trop la classe, mais bon, quand on est obligé d'en profiter...

- Ouais ouais, t'as pas oublié la modestie, au moins.

- "Modestie" ? Connais pas, sourit-il à pleines dents.

- Fais genre, va.

Je m'approchai du grand Dragon, et, afin de prendre appui, je posai ma main sur son dos. A peine l'eus-je touché, je remarquai que sa peau, malgré son apparence écailleuse, était très douce, étonnamment lisse. Mais, surtout, une incroyable sensation de bien être, une chaleur essentielle, qui emplissait tout mon être, s'en exhalait, et me pénétrait intensément - par tous les pores de ma paume. Je me sentais requinqué, plein d'espoir, je me sentais prêt à déplacer des montagnes - cette histoire de monde à sauver, soudainement, ne devenait qu'une bagatelle, une chose aussi faisable et aussi concevable qu'une corvée d'aspirateur. Peut-être trouvez-vous que j'en fais tout un plat pour une simple main humaine lambda posée sur une peau de Dragon Légendaire de l'idéal de l'âme du vivant, mais ce moment, aussi court fût-il, avait eu le chic de m'animer un feu intérieur que je crois n'avoir jamais senti auparavant. Sans plus m'étendre sur ce moment, et en ravalant mon excitation de vivre un si grand moment dans la vie d'un humain, je me hissai entre les épaules de la bête. Quand je fus correctement assis, j'eus à peine ouvert la bouche qu'il décolla brusquement, tant bien que mal. L'impulsion fut surprenante, et le bourdonnement de turbine qui venait de sa queue curieux, mais, une fois dans les airs, à quelques mètres de la surface, il planait parfaitement ; plus gros que la plupart des Pokémon volants que j'avais eu le plaisir de chevaucher dans ma vie bien sûr, mais tout aussi habilement.

- C'est super ! Tu y arrives, Zekrom !

Je le sentis heureux d'avoir retrouvé aussi rapidement cette faculté. Et, étant sur son dos, j'en étais d'autant plus ravi. Je sentais la brise fraîche sur mon visage ; l'eau scintillante filait à toute allure sous nos pieds. Je me doute bien que toute personne au monde aimerait être à ma place, j'eus conscience de ma chance à ce moment là. J'étais heureux, finalement. Et je pense que Zekrom l'était également.

Après quelques minutes de vol rafraîchissant et revigorant, nous arrivâmes de l'autre côté : il n'y avait personne, fort heureusement. Zekrom et moi fûmes content que ce premier vol se déroule sans problème... puis Zekrom se mit à bouger dangereusement ; on vacilla brusquement. Il perdait peu à peu le contrôle, le vent autour de moi perdit de sa constance, et l'on finit par se crasher sur la berge dans un beau roule-boulé musclé. Zekrom atterrit de force en se rattrapant à la terre, et je fus éjecté sur les talus. Après m'avoir remis les idées en place et constaté que ma tête ne s'était pas fracassée sur le mur en pierres à vingt mètres, je me relevai rapidement (après une chute d'hélicopètere, je commençais à avoir de l'expérience) et je courus voir le Dragon.

- Ça va ?

Il se releva doucement :

- Oui, oui. Je ne sais pas ce qui s'est passé, j'ai perdu le contrôle. Mais tout va bien.

Je fus soulagé :

- Tant mieux. Bon, on va rentrer dans Joliberges, puisque je pense que le bat... (je regarde ma Pokémontre) Par Arceus ! Déjà 16h15 ! Grouillons-nous !

Je rappelai Zekrom dans sa Faiblo Ball, puis je hâtai le pas. Je passai la porte à toute vitesse, et entrai dans Joliberges. Ah, Joliberges... Ses jolies berges (quoi, c'est vrai), ses bateaux venant du monde entier, ses toits bleus, sa bibliothèque, ses restaurants, son grand pont-levis, ses habitants accueill...

- VOUS !

Je m'arrêtai net dans ma course, interpellé par cette voix. Je tournai ma tête vers la droite, puis vis une troupe de passants agglutinés autour d'une espèce de stand. Le groupe se scindait en deux, laissant un couloir avec, au bout, une table avec une vieille femme derrière. Elle me pointait du doigt, et tout le monde me regardait. J'étais embarrassé :

- Euh... moi ?

La mégère me fit signe de venir :

- Approchez-vous !

Je m'approchai donc, traversant le couloir de gens, fixé par des regards, et sans doute critiqué par des chuchotements. J'arrivai en face de la vieille :

- ... Oui ?

Elle me repointa du doigt, et annonça avec un air de devin :

- VOUS ! Vous détenez une graaaaaaaande puissance en vous, n'est-ce pas ?

C'était bluffant.

- Eh bien... D'un certain point de vue, oui, répondis-je troublé.

Le public s'exclama, eu un cri d'émerveillement.

- Très bien ! Je le savais... Je vais vous poser une question, une seule. Et veillez à bien répondre ! Car vous seul connaissez la réponse !

Elle me faisait un peu flipper.

- Euh... D'accord.

Le public m'applaudit ; la vieille demanda le silence. Puis elle annonça avec un ton de présentateur télé au moment de la question à 1 million de Pokédollars :

- Très bien ! Alors, attention... Question ! Qui est le Champion de l'arène de Verchamps ?

Gros blanc parmi les spectateurs. Tout le monde se la fermait. Tout le monde me regardait. J'avais peur de me foirer, sur ce coup là. Et mon bateau qui va bientôt partir ! Merde, c'était vraiment pas le moment... Bon. Moi seul connaissais la réponse ? Eh bien...

- Euh... (roulements de tambour provenant d'un poste de radio sur la table de la mégère) Je pense que c'est...


A suivre
















[...]


Bon, d'accord, j'ai compris.

- Mon père ?

La vieille me regarda droite dans les yeux, puis hurla :

- Par les mille bras d'Arceus, le fondateur de l'Univers ! Vous... Vous avez gagné !

Tout le monde m'applaudit encore une fois, mais avec des cris de joie et des sifflements. J'avais l'impression d'être arrivé en plein congrès international des fous. La vieille riait. Elle se pencha, chercha quelque chose sous sa table et me donna, dans une capsule chauffante... un œuf ?! L'oeuf avait l'air... Un peu plus allongé que ceux dont j'avais eu l'habitude dans mes livres de Professeur, en plus de briller de motifs rayés, tranchés d'un violacé étonnant.

- Tu l'as bien mérité ! Cet œuf très rare est pour toi ! Prends en soin !

- Euh... Merci ?

J'entendis au loin le dernier appel pour les passagers des bateaux. Je l'aurai reconnu entre mille : c'était la sirène de l'Etoile d'Unys ! J'agrippai la capsule avec le précieux œuf, la tint fermement contre moi, puis je partis en courant, faisant signe à la foule qui m'acclamait. J'arrivai à toute berzingue sur le quai, le contrôleur me vit arriver, me montra avec un air saoulé que j'étais en retard. Je sautai à bord en me rattrapant à la rembarde humide et froide, m'excusant platement et en donnant mon ticket, qui fut poinçonné d'un air amer. Le bateau partait, la sirène retentit lors de mes premiers pas sur le pont. Le grand pont-levis s'ouvrait devant nous, solide et majestueux ; je le regardais lorsque le contrôleur revint vers moi, m'indiqua mon numéro de cabine, en grommela que j'avais eu de la chance, que l'Etoile ne se permettait aucun retard. Je regardai ma Pokémontre : il était très exactement 16h25.

...

Ça me fait aussi penser que quelqu'un a dû me la piquer, sur ce bateau, cette Pokémontre, parce que je n'en ai plus jamais vu la couleur. Mais, vu ce qui m'attendait, la retrouver aurait de toute façon été le cadet de mes soucis.