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Détective Pikachu : Le Monstre de Galar de T'oine



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Informations

» Auteur : T'oine - Voir le profil
» Créé le 25/09/2019 à 18:36
» Dernière mise à jour le 29/09/2019 à 18:13

» Mots-clés :   Absence d'humains   Aventure   Policier   Suspense

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Chapitre 3 : Histoires de fantômes
Lorsqu’il arriva au point de rendez-vous, il avait les pattes trempées. La rosée du matin qui recouvrait les Terres Sauvages le faisait frissonner, rafraîchissant l’air déjà froid du lac en accentuant l’humidité ambiante. Il sirotait ce qui était son troisième ou quatrième café depuis qu’il s’était réveillé.

Pikachu présenta son badge au Pokémon qui se tenait devant la rubalise de la police et passa sous le ruban jaune, investissant la scène de crime. Il reconnut plus loin le commissaire Noctunoir et l’agent Colombeau, en grande discussion. Alors qu’il s’approchait, Noctunoir donnait ses dernières instructions et le Pokémon oiseau décolla aussitôt, saluant au passage le détective.

– Vous n’êtes pas très matinal, lui reprocha le commissaire.

– Disons que le voyage et la nuit dernière m’ont bien amoché, et votre café est loin d’être aussi fort que celui dont j’ai l’habitude.

– On est plus thé, dans le coin. Bref, revenons à nos Moumouton. On a un nouveau cadavre sur les bras.

– Quelle espèce ? Oh seigneur…

Alors qu’il posait la question, le regard de Pikachu se posa sur la victime. Le tueur n’y était pas allé de main morte, encore une fois, mais la nature du corps rendait la scène encore plus insoutenable. Voir un corps en décomposition, la chair à l’air, c’était une chose, mais voir toute cette… flaque de chantilly qui s’étendait sur l’herbe, qui avait éclaboussé les troncs et buissons alentours, c’en était une autre. C’était un véritable carnage qui s’étendait sur plusieurs mètres à la ronde.

– Charmilly. Femelle, d’après nos premières estimations. Difficile à dire, vu… enfin, vous voyez.

– Je vois… confirma Pikachu. Et je devine qu’il n’y a aucune piste ?

– Aucune. On a bien des empreintes tout autour, mais l’attaque était tellement violente qu’il est impossible d’en tirer un échantillon correct. On navigue encore à l’aveugle. Ce serait le moment d’utiliser votre magie, monsieur le grand détective.

Pikachu jeta un regard en coin au commissaire. Il avait du mal à savoir si Noctunoir était au courant pour son cuisant échec et s’il se moquait de lui, ou bien s’il était tout simplement de nature cynique et cinglante. Il opta pour la seconde option.

– Je suis enquêteur, commissaire, pas magicien. Le mieux à faire, c’est de laisser vos équipes rassembler… tout ce qui peut l’être. Quant à moi, je vais aller interroger les habitants aux alentours, si vous n’y voyez pas d’inconvénients ?

– Faites à votre guise, lui dit Noctunoir. Je dois quand même vous mettre en garde. Je ne pense pas que vos interrogatoires vont donner grand-chose. Les gens qui vivent ici ne sont pas forcément des grands lettrés, et ils sont tous très… friands de superstitions. Pour le dire poliment.

– Vous seriez surpris de voir combien les témoignages des gens « pas très lettrés » peuvent être précieux, commissaire. Ils n’ont pas cette habitude malsaine des classes hautes à se croire supérieurs aux autres. Leurs témoignages sont souvent bien plus authentiques et sans artifices.

Il confia son gobelet vide à un agent qui passait par là et se glissa de nouveau sous la rubalise, puis il se dirigea vers les premières habitations.

– Pikachu, l’arrêta Noctunoir. N’oubliez pas, Monsieur le maire attend de vous des résultats. Et vite, de surcroît. Si on lui ajoute des cadavres au compteur mais qu’on ne dessine aucun profil de suspect…

– Les suspects ne tombent pas du ciel, commissaire, le coupa Pikachu, et ce n’est pas mon genre d’accuser les gens sans en être certain.

Noctunoir acquiesça, et partit en direction de la petite tente d’enquête qui avait été dressée. Tu parles, se maudit Pikachu. Pas mon genre d’accuser les gens. Si c’était le cas, tu ne serais pas là, imbécile. Ou alors Tiplouf serait à tes côtés…

*
– J’ai dit : bonne journée ! cracha le Tritosor avant de s’enfoncer dans la mare et de disparaître sous la surface.

C’était la troisième fois que Pikachu se faisait envoyer promener. Noctunoir avait raison, les gens du coin étaient vraiment superstitieux. Tout le monde refusait de lui parler de ce qui se passait sur les Terres une fois la nuit tombée. Il avait déjà interrogé une Apireine qui s’était montrée très ignorante, mais d’une ignorance feinte, se servant du moindre prétexte pour éviter la discussion. Un Chrysacier, pourtant bien conscient lorsque Pikachu avait lancé la conversation, avait fait mine d’être profondément endormi une fois la fâcheuse question posée. Et impossible de le secouer une fois réfugié sous son armure, bien évidemment. Quant au Tritosor, il n’avait même pas fait semblant de cacher sa peur et son agacement.

– Bien, bien, bien… Tout se passe à merveille, ironisa le détective.

Il arriva au niveau d’un gros pic rocheux, près des montagnes à l’est des Terres, et il entendit un bruit caractéristique qu’il reconnut sans problèmes : un bruissement d’ailes de chauve-souris.

– S’il vous plait ? appela-t-il.

Le bruit s’arrêta aussitôt, mais aucun Pokémon ne pointa le bout de son museau pour autant.

– S’il vous plaît, je sais que vous êtes là ! J’ai quelques questions à vous poser…

Une tête surgit alors d’une petite cavité en haut du rocher. Les oreilles pointues, le nez rose en forme de cœur : c’était un Rhinolove.

– À propos ? demanda la créature.

– Oh, trois fois rien, je suis nouveau dans le coin et je cherche juste à glaner quelques infos.

Menteur, se reprocha Pikachu. Ce n’était peut-être pas très professionnel de piéger un pauvre inconnu de la sorte, mais au vu de tous les refus qu’il avait essuyés concernant le sujet, un peu de ruse ne ferait pas de mal. En tout cas, ça portait ses fruits.

Le Rhinolove descendit en quelques battements d’ailes à la hauteur de Pikachu, se frottant les yeux avec ses membranes. Pikachu lui demanda si tout allait bien, car ces Pokémons étaient plutôt nocturnes ou bien évoluaient dans des endroits sombres, comme les grottes.

– C’est vrai, confirma le Rhinolove, mais avec tout ce qui se passe en ce moment, vous comprendrez que je n’ai pas trop le courage de sortir en pleine nuit !

– Avec tout ce qui se passe ? demanda Pikachu, feignant l’ignorance.

– Vous n’êtes pas au courant ? Mais je parle de tous les meurtres qui sont commis sur les Terres toutes les nuits ! Oh non, moi ça me fait vraiment froid dans le dos, je préfère changer mon rythme de vie plutôt que de risquer de me faire dévorer par le monstre et de la perdre, la vie !

– Quel monstre ? Vous l’avez déjà vu ?

– Ô grand jamais ! Et j’en suis bien content figurez-vous ! Mais on raconte que son pelage est noir comme la nuit, qu’il a des dents énooormes et que la dernière chose que voient ses victimes, ce sont ses yeux rouges, rouges comme le sang qu’il boit ! Brrr, voyez comme j’en frissonne ! Voyez !

Pikachu restait dubitatif. Ce n’était pas la première fois qu’il entendait parler du dit monstre en des termes similaires, mais il doutait un peu de leur véracité : un tel monstre ne passerait forcément pas inaperçu, d’autant plus par les temps qui couraient : tout le monde était plus ou moins sur le qui-vive, et la police aurait eu de nombreux signalement de personne suspecte. A moins que…

– Est-ce que vous pourriez m’en dire un peu plus ? Je veux dire, ce monstre arrive forcément à se fondre dans la masse. Vous ne connaitriez pas quelqu’un d’un peu… comment dire… qui se comporterait un peu de façon étrange, ces derniers temps ? Quelqu’un que les gens auraient l’habitude de voir, de côtoyer, mais qui pourrait correspondre à cette description ?

Le Rhinolove se tendit aussitôt. Son regard se dirigea vers des buissons, un peu plus loin, qui semblaient dissimuler quelque chose.

– Non, je suis désolé, je ne vois pas, et je viens de me rappeler que j’avais des baies sur le feu, au revoir !

Puis, sans plus de cérémonies, il décolla et retourna dans sa grotte. Pikachu entendit quelque chose, comme une pierre que l’on déplace, et le calme revint dans la clairière. Il avait la certitude que ce bruit était la porte de la cavité du Rhinolove : il venait de se barricader. Étrange, se dit-il. Qu’est-ce qui a bien pu lui faire peur à ce point ?

Pikachu tourna la tête dans la direction des buissons qui avaient tant effrayé Rhinolove, et il eut un mouvement de recul. Là-bas, dans les fourrés, une masse noire et menaçante se tenait camouflée, et seuls deux grands yeux brillaient dans l’ombre. Des yeux qui le fixaient…

*
– J’ai pas peur. J’ai pas peur. J’ai pas peur. J’ai pas peur…

Pikachu se répétait cette phrase à mi-voix, comme un mantra se voulant rassurant. Il faisait des petits pas en direction des buissons derrière lesquels il avait entraperçu ce regard si terrifiant, les oreilles aux aguets, les bajoues chargées en énergie électrique, prêtes à tirer.

– Il… il y a quelqu’un ? demanda-t-il d’une voix hésitante.

Reprends-toi mon vieux… se gronda-t-il. Personne ne lui répondit. Seul le bruissement des feuilles se faisait entendre, comme si quelque chose se mouvait dans les fourrés. Et il n’aimait pas du tout ce bruit. Trop gros. Beaucoup trop gros.

– Je sais que vous êtes là, reprit-il. Je vous ai vu tout à l’heure, montrez-vous et tout se passera…

Un grondement sourd lui répondit. Sourd, et terriblement puissant. Pikachu déglutit avec peine, tentant de rassembler le peu de courage qui lui restait. Pourquoi diable n’avait-il pas demandé à quelqu’un de l’accompagner ? L’agent Caninos, par exemple. Non pas qu’il était d’une puissance redoutable, mais il aurait pu faire diversion pendant qu’il fuirait !

– … bien. Oh, mazette...

Alors la créature sortit enfin de sa cachette, et Pikachu réprima un cri d’effroi. Une silhouette, énorme, se dressa devant lui, écartant de ses larges épaules les branches les plus basses des arbres qui craquèrent en se brisant. Les yeux, profonds et glaçants, le fixaient encore. La gueule de la créature s’ouvrit sur de larges crocs, et de cette bouche infernale sortit un son, grave et terrifiant qui disait :

– Pas ici. Suis-moi.

Pikachu cligna plusieurs fois des yeux, incrédule. Alors on n’allait pas le manger ? Pas encore, se dit-il, méfiant. La silhouette lui tourna le dos et s’enfonça entre les arbres. Pikachu resta là, hésitant entre l’envie de savoir de quoi il en retournait, et celle de fuir le plus loin possible. Je ne veux pas mourir, moi… se lamenta-t-il intérieurement.

– Alors, tu les veux, tes réponses ? fit la voix caverneuse.

– Ah oui, ça je veux bien !

Alors il suivit la grosse silhouette, restant tout de même sur ses gardes. Après avoir passé quelques buissons et tourné autour de quelques pins, il déboucha devant une petite grotte, creusée à la main dans la roche.

– Par ici, l’appela la voix amplifiée par l’écho.

Pikachu entra dans la cavité, non sans avoir vérifié avant qu’aucun piège ne risquait de se refermer derrière lui. Puis il lâcha un sifflement.

La grotte était superbement aménagée. Au sol, un tapis moelleux recouvrait la quasi-totalité de la surface habitable. Dans un coin, une cheminée à deux foyers : à droite, une marmite dans laquelle mijotait un potage qui chatouilla le nez du détective, et à gauche, une petite plaque sur laquelle était posée une casserole où bouillait de l’eau. Au-dessus, un trou dans la roche, fermé par des grandes feuilles, faisait office de ventilation. Une table basse en bois reposait au centre de la pièce, entourée de petits coussins à l’aspect moelleux. Au fond de la pièce, enfin, un rideau était à demi tiré, laissant deviner une chambre et un lit sur lequel au moins vingt Pikachu auraient pu tenir.

– Installe-toi, lui ordonna son hôte en brisant deux grosses tiges de bambous sans fournir le moindre effort.

Pikachu put enfin distinguer son hôte. Sa peur avait été influencée par les récits à dormir debout des habitants, car maintenant qu’il l’avait en face de lui, le Pandarbare n’avait d’effrayant que l’allure rustique propre à sa race. Rien d’autre. Bon, c’est vrai qu’il était quand même imposant, et son pelage sombre ne le rendait pas…

– Tu veux du thé ? lui demanda-t-il. Bambou noir, importé de Mallié. Un délice.

– Euh… volontiers, répondit Pikachu, peu désireux de le contrarier.

Pandarbare lui prépara une tasse fumante, et vint s’installer en face de lui, croisant les jambes à même le sol.

– T’es là pour le monstre, c’est ça ?

– Vous savez quelque chose ? demanda Pikachu en avalant une gorgée brûlante. Brûlante, mais délicieuse. Il en fit le compliment à son hôte.

– Moi, pas vraiment. Pas plus que mes voisins. Disons que la nuit, on entend des choses. Des bruits. Mais rien d’étonnant, en pleine nature. On n’est pas en centre-ville, ici, la nuit, c’est un autre monde qui se réveille. Et puis, si on ajoute à ça nos légendes, y’a de quoi filer les miquettes, c’est clair.

– Vos légendes ?

Pandarbare but d’une traite son thé avant de se lancer dans des explications courtes et sans artifices. Il lui parla des Dolmens du Storr1, soi-disant hantés. Des mines de Geevor, soi-disant hantées. Des montagnes qu’il y avait juste au-dessus de leurs têtes, soi-disant hantées. De la tour abandonnée, près du Lac, soi-disant… bref, Pikachu commençait à comprendre l’idée. Les gens du coin avaient été bercés dans des contes et des légendes de fantômes propres à chaque peuple. Chez eux aussi, à Kanto, ils avaient leur lot d’histoires à vous faire dresser les cheveux sur la tête – mais pas autant, ça c’était clair !

– Les légendes ne transforment pas pour autant les criminels en monstres de contes, précisa Pikachu. Ils restent des criminels. Vous n’auriez pas… une information plus concrète à me fournir ?

Pandarbare le fixait sans mot dire, ses yeux sombres disparaissant derrière ses épais sourcils broussailleux. Il tira sur une petite branche de bambou qu’il se coinça entre les dents. Son calme, malgré sa force apparente et sa carrure, était apaisant, encore plus dans ce cadre agréable qu’était sa maison. Une force tranquille.

– Je suis d’accord avec toi. Les monstres, c’est pour que les gosses mangent leurs légumes. Y’a peut-être un type, à qui je pense. Il bossait à la gare, avant, comme contrôleur de billets. Un tout petit bonhomme, pas plus gros que toi, mais qui… avait un petit problème de contenance.

– C’est-à-dire ? l’encouragea Pikachu.

– Quand il avait la dalle, il pétait les plombs. Littéralement. Il changeait même de tête et de couleur. Il foutait les jetons. Morpeko qu’il s’appelle. Il s’est fait mettre à la lourde le jour où il a défiguré un gars de l’usine, parce qu’il avait un p’tit creux, qu’il disait. C’était pas jojo.

– Vous le connaissez personnellement ?

– Non, je le croisais des fois, au boulot. Je bossais là-bas, moi aussi, au charbon. J’suis à la retraite maintenant. Pas trop tôt.

– Et où est-ce que je pourrais trouver ce Mor… Morkepo ? demanda le détective, masquant avec peine son enthousiasme d’avoir enfin une piste.

– Morpeko, le corrigea Pandarbare. Aucune idée. J’te l’ai dit, on se croisait pas beaucoup quand on bossait ensemble, alors quand il s’est fait jeter, aucune nouvelle. Pas plus mal, ‘pouvais pas le piffrer, ce minus. Avec son caractère de…

– Et vous savez qui pourrait me renseigner ?

– Ouais, tu peux aller trouver Mysdibule, à la gare. C’est la responsable d’équipe, elle avait les dossiers de tout le monde. Et ça en faisait, du monde. Elle pourra sûrement t’aider. Je te le dis-moi, ce Morpeko, il est pas clair. Quand on voit ce qu’il était capable de faire quand il était affamé en pleine journée… Je serais pas étonné que ce soit lui l’auteur de ces carnages en pleine nuit. Après tout, pas vu pas pris, hein ?

Pikachu reposa sa tasse à moitié pleine et remercia son hôte. Il ne pouvait pas se permettre de trainer plus longtemps : il tenait enfin une piste, et une piste sérieuse, qui plus est ! Il ne devait pas la laisser refroidir, pas comme le thé.

– Par contre, l’arrêta Pandarbare, tu dis pas que c’est moi qui t’ai refilé le tuyau, OK ? Je veux pas d’ennuis, moi. Je suis bien ici. Peinard.

Pikachu acquiesça et le remercia encore une fois, lui promettant une récompense si son tuyau s’était avéré utile. Il quitta la grotte et rejoignit les Terres Sauvages au pas de course, sans se douter un seul instant que dans l’ombre, deux yeux rouges le suivaient sans ciller.


Notes :
1 : Pour une question de compréhension, les noms que j'ai donné aux lieux mentionnés sont ceux des véritables endroits qui ont inspiré le jeu, que vous pouvez retrouver dans le dossier du site, afin de savoir à quoi ils correspondent : https://www.pokebip.com/page/jeuxvideo/pokemon-epee-bouclier/region-galar. (Il a déjà été fait mention du Loch Shiel, de la ville de Conwy et du château d'Ivernay dans le chapitre précédent. Je vais y ajouter la même note pour les futurs lecteurs, désolé pour l'oubli).
Par la suite, les noms seront modifiés lorsque j'aurai les véritables appellations, une fois les jeux sortis. Bonne lecture !