Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Détective Pikachu : Le Monstre de Galar de T'oine



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : T'oine - Voir le profil
» Créé le 23/09/2019 à 14:30
» Dernière mise à jour le 25/09/2019 à 18:37

» Mots-clés :   Absence d'humains   Aventure   Policier   Suspense

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 2 : Un voyage périlleux
– Allez, on s’active ! Ça décolle dans treize minutes ! Magnez-vous !

Le chef de gare, comme à son habitude, pestait contre ses employés. Il faut dire que la compagnie ferroviaire de Galar avait beaucoup souffert d’une mauvaise réputation, la faute à de nombreux retards répétés. Et le petit Debugant ne manquait pas de virulence pour motiver ses troupes.

Les cris répétés de son chef lui tapaient sur le système. Il avait un satané mal de crâne. La nuit dernière avait été longue, et particulièrement éprouvante. Il ne s’était pas attendu à perdre ainsi le contrôle, et il avait dû fournir plus d’efforts que nécessaire. Tu parles, tout ça pour un Moumouton gringalet…

– Hé, le rêveur ! Tu m’as entendu ? Grouille-toi, j’veux pas être en retard ! lui cria Debugant.

C’était sûrement à lui que son chef parlait, mais il préférait ne pas lui répondre. C’était la meilleure attitude à adopter, face au petit Pokémon Bagarreur. Il avait un si mauvais caractère que le mieux était de faire profil bas. Et d’ailleurs, il ne voulait pas attirer l’attention sur lui avec une scène en plein quai d’embarquement.

Il attrapa donc ses caisses de cargaison et les déchargea sur le quai. Il devrait ensuite les amener à l’usine, où tout ce matériel servira à la confection de matériaux industriels. Et le lendemain, rebelote. Et le surlendemain…

Alors qu’il déchargeait une nouvelle caisse, son ventre se mit à grogner et à lui faire mal. Une délicieuse odeur s’était répandue dans l’air, une odeur sucrée, ambrée, légèrement fruitée, qui lui fit par instinct retrousser les babines et…

– Excusez-moi, monsieur… Pouvez-vous m’aider ?

Il se figea. La voix était douce, et sucrée elle aussi. Sûrement le Pokémon qui dégageait cette succulente odeur… Il fit mine de ne pas l’avoir entendue et attrapa une autre caisse de livraison.

– Monsieur ?

Et crotte. Il n’avait pas le choix. Il se retourna pour faire face à son interlocutrice et son ventre hurla à la vue de cette délicieuse créature. Son corps recouvert d’une crème onctueuse, les fruits qui lui servait à maintenir sa coupe glacée à l’odeur alléchante, tout chez ce Pokémon donnait envie de…

– Je cherche à rejoindre l’école Pokémon, pourriez m’indiquer le chemin ? Je suis la nouvelle institutrice, mais je vous avoue que, en dehors de ma capitale, je ne connais pas du tout la région. C'est la première fois que je vais si loin au sud de Galar !

Elle partit d’un rire léger, chantant, qui révélait la douceur qui dormait en elle. Il se reprit, sentant sa langue pendre avec avidité, et fixa un point au-dessus de la tête de cette charmante Charmilly, pour ne pas trahir ses pensées.

– Le mieux, répondit-il, ce serait de reprendre le train pour…

Mais qu’est-ce que tu fais ? se reprit-il. Tu vas pas la laisser filer, abruti ! Tue-la ! Bouffe-la !

– Mais en même temps, se corrigea-t-il, on a des problèmes sur la ligne en ce moment…

– Oh…

– Ouais, c’est galère, la coupa-t-il. Il de ne devait pas lui laisser le temps d’analyser la situation, pour avoir plus de chances de la berner. Le plus rapide pour vous, reprit-il, si vous comptez y arriver avant la nuit tombée, c’est d’y aller à pied. Vous descendez les Terres Sauvages – rassurez-vous, en pleine journée, y’a rien à craindre. Vous passez le Loch Shiel1, et vous continuez au sud, encore et encore. De là, entre deux collines, vous aurez une petite station de gare. Vous pourrez prendre le premier train qui s’arrête au Bourg. Après, ce sera simple à trouver.

Charmilly acquiesçait, mais il voyait bien qu’il n’avait pas réussi à la convaincre entièrement. Il étouffa un grognement agacé quand elle lui demanda :

– Oh… Les Terres Sauvages… Mais… Vous êtes sûr qu’il n’y a pas un autre moyen ? Pourquoi ne pas appeler un Taxi Corva…

– Ils sont complets. Complets. Bah oui, comprenez, avec le problème sur la ligne… Tout le monde prend un taxi, et premier arrivé, premier servi. Tous les Corvaillus sont demandés. Honnêtement, à part à pied, je ne vois pas. Mais décidez-vous vite, que vous ne vous retrouviez pas perdue dans les Terres en pleine nuit. Ce serait… Dommage… Qu’il vous arrive malheur.

Charmilly frissonna en voyant un rictus se dessiner sur les lèvres de l’agent de gare. Elle avait beau chercher une autre solution, elle se rendit vite à l’évidence : il avait probablement raison…

*
Le train filait au-dessus des vastes collines verdoyantes. Il n’y avait pas à dire, même si Kanto était une belle région, vivre au milieu de la nature était quand même merveilleux.

Pikachu s’était procuré le journal à la gare, et il était plongé dans la lecture d’un article concernant la tragique découverte du cadavre de Moumouton pour lequel on l’avait fait venir. Malheureusement, sa lecture lui appris les mêmes choses que ce qu’il avait pu lire dans le document envoyé par le commissaire Noctunoir : rien.

Alors qu’il était plongé dans ses pensées, un bruit écœurant de mastication le fit revenir à la réalité. Il pencha légèrement son journal pour observer le Pokémon avec qui, faute de place, il était contraint de partager sa cabine.

Le Ratattac le fixait de ses grands yeux de bêta, une barre chocolatée dans la main, les dents tachées par la friandise. Toujours en fixant Pikachu, il amena la barre à sa bouche et croqua dedans, mâchant encore sans la moindre discrétion. Pikachu secoua la tête et reprit la lecture de son journal.

– J’vous connais vous, lâcha le Ratattac.

– Je ne pense pas…

– Si, j’vous connais. Vous êtes Pikachu.

– Quel sens de l’observation…

– Ouais, j’sais, j’m’ai entraîné.

Pikachu se força à retenir un rire. Pourquoi fallait-il qu’il se coltine toujours les débiles ? Il consulta rapidement sa montre et soupira. Il restait encore un petit bout de temps avant d’arriver à Galar. Et donc, encore un bout de temps à côtoyer cet énergumène.

– Z’êtes toujours détective ?

Ah. Il ne l’avait pas vu venir celle-là. Il chercha une réponse cinglante à sortir, qui tuerait dans l’œuf toute tentative de moquerie. Mais il ne trouva rien de mieux à dire que :

– Non.

– C’est dommage, reprit le Ratattac. J’aimais bien vos aventures, moi, j’suis un grand fan, vous savez. J’ai suivi toutes vos affaires dans le journal, j’ai regardé toutes vos interviews, toutes ! Et Tiplouf, il a trop la classe. J’adore. L’est pas avec vous ?

– De toute évidence…

– C’est dommage. Pourquoi l’est pas avec vous ?

Pikachu replia le journal. Il fixa son interlocuteur, qui ne semblait pas narquois, ni moqueur. Il avait dû rater les dernières nouvelles concernant le duo de détectives… Mais il n’avait aucune envie de revenir dessus. Aujourd’hui, il partait pour un nouveau départ.

– Vous connaissez bien la région de Galar ? demanda-t-il.

– Sûr. J’y vais souvent, j’vais à l’école là-bas. Je passe mon année scolaire et je rentre chez moi que pour les vacances !

– Vous pouvez peut-être m’en dire deux mots ? C’est la première fois que j’y mets les pieds…

– Pour une affaire ? demanda le Ratattac les yeux brillants d’enthousiasme.

– S’il vous plaît, relança Pikachu avec un sourire. Parlez-moi juste de Galar.

Deux mots, c’était optimiste. Une fois lancé, le Ratattac ne s’arrêtait plus, et il passa le reste du trajet à lui raconter tout ce qu'il savait de la région. Il lui parla avec enthousiasme de la ville où se situait son école, la ville de Conwy, avec son enceinte à tête de dragon. Il décrivit avec émerveillement la capitale de Galar avec ses nombreux monuments, plus particulièrement la grande roue où il rêverait d’emmener une de ses camarades pour lui avouer son amour. Il évoqua également le château d’Ivernay, qui lui faisait froid dans le dos, ainsi que les Terres Sauvages et la petite tour qui surplombait le lac, tour soi-disant hantée, si on croyait aux fantômes, mais lui il y croyait hein, oh oui parce qu’il se souvenait quand il était petit à Lavandia et blablablabla… Même l’interruption d’une passagère qui cherchait un Cradopaud égaré et l’arrivée du chariot de restauration ne réussirent pas à le faire taire.

Puis, après d’interminables digressions et descriptions, ils émergèrent d’un long tunnel qui déboucha sur un paysage magnifique. Le train surplombait ce que Pikachu devinait être les fameuses Terres Sauvages, vastes étendues d’herbe et de végétation qui poussait autour d’un lac dont la surface reflétait le ciel orangé de ce début de soirée. Au nord se détachaient les lumières d’une ville recouverte d’un couvercle de fumée s’échappant des cheminées des usines. Pikachu eut tout juste le temps d’apercevoir ce qu’il pensait être la fameuse tour « hantée » des Terres Sauvages, avant que le train ne s’engouffre dans un nouveau tunnel, et le commandant de bord leur annonça leur arrivée imminente en gare.

*
Le soleil commençait à se coucher, mais il ne pourrait pas attendre qu’il fasse entièrement nuit. Ça ne lui plaisait pas. Il n’aimait pas œuvrer sous la lumière, c’était la meilleure façon pour que quelqu’un vous repère.

Il n’avait pas chômé. À peine avait-il terminé sa journée de travail qu’il avait foncé sans plus attendre en direction des Terres Sauvages, suivant de son odorat développé et affamé l’odeur alléchante de la petite Charmilly. Elle non plus n’avait pas traîné. Il avait mis du temps à retrouver sa piste au nord des Terres, sa trace olfactive s’étant presque entièrement évaporée. Elle devait déjà être arrivée à la station, ou presque. Il fallait qu’il fasse vite !

Slalomant entre les rochers et les arbres, il avait longé le lac, se camouflant dans les hautes herbes quand il apercevait un autre Pokémon. Son ventre le tiraillait, il avait faim, si faim… Il en perdait le contrôle. Encore. Ça devenait de plus en plus fort, mais aussi de plus en plus dangereux, cette faim qui contrôlait son esprit et décuplait sa violence.

Alors qu’il ruminait ses sombres pensées, il la vit enfin : là, droit devant. Elle n’allait pas tarder à déboucher dans la dernière colline avant la station, là où elle serait – et lui aussi, par extension – à découvert.

Il prit à nouveau de l’élan et fonça comme l’éclair en direction de sa proie, brisant une branche en marchant dessus pour attirer son attention. Bingo. La petite Charmilly se retourna dans un sursaut, la panique se lisant sur son visage. Mais quand elle reconnut le Pokémon qui se tenait derrière elle, elle en fut légèrement soulagée.

– Oh, c’est vous, dit-elle. Vous m'avez fait peur.

– Vous n’avez pas eu d’ennuis, j’espère ? lui demanda-t-il, prévenant.

– Non, tout s’est bien passé, j’ai juste eu peur de me perdre, mais…

Mais elle ne termina jamais cette phrase, les crocs du monstre se refermant autour de sa gorge, son estomac se remplissant avec avidité de sa chair sucrée et fruitée.

*
– Votre consultant est arrivé, monsieur, annonça Caninos.

– Faites-le entrer.

Pikachu passa la porte du bureau du commissaire Noctunoir. Le grand Pokémon se tenait devant sa fenêtre, l’air pensif.

– Je vous souhaite la bienvenue, Détective Pikachu. J’espère que vous avez fait bon voyage.

– Ma foi, un peu longuet sur la fin, mais vos paysages sont si magnifiques qu’on en oublierait presque notre ennui.

– Magnifiques, oui… Café ?

Pikachu leva les yeux au ciel. Enfin quelqu’un de sensé ! Il n’avait eu droit dans le train qu’à un vulgaire breuvage vaguement amer que la décence refusait qu’on l’appelât « café ».

– Ne vous privez pas, lui conseilla le commissaire. La nuit va être longue. Votre acolyte nous rejoint quand ?

– Ah… oui, mon acolyte… Eh bien, il n’a pas pu se libérer. Il… Je vais assurer seul cette enquête. Enfin, avec vos équipes, bien sûr.

Noctunoir plissa son œil, sondant la petite souris électrique. Visiblement, il était contrarié de ne pas avoir affaire au duo, mais il n’en fit rien paraître. Il désigna à son consultant un fauteuil à côté du bureau.

– Installez-vous confortablement, je vais vous faire une mise à jour précise de notre affaire. Vous jugerez vous-même de la difficulté de gérer une telle enquête, tant sur le plan chasse aux monstres que sur le plan médiatique.

Et il commença son récit, sous l’écoute attentive de Pikachu qui sentit monter en lui au fur et à mesure de l’histoire une peur grandissante, une peur primitive, qui vous ramenait à vos cauchemars d’enfant, des monstres sous votre lit, des fantômes de votre placard et des loups garous de la forêt…



Notes :
1 : Pour une question de compréhension, les noms que j'ai donné aux lieux mentionnés sont ceux des véritables endroits qui ont inspiré le jeu, que vous pouvez retrouver dans le dossier du site, afin de savoir à quoi ils correspondent : https://www.pokebip.com/page/jeuxvideo/pokemon-epee-bouclier/region-galar. (Il a déjà été fait mention du Loch Shiel, de la ville de Conwy et du château d'Ivernay dans le chapitre précédent. Je vais y ajouter la même note pour les futurs lecteurs, désolé pour l'oubli).
Par la suite, les noms seront modifiés lorsque j'aurai les véritables appellations, une fois les jeux sortis. Bonne lecture !