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La dernière éruption de Onanar



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» Auteur : Onanar - Voir le profil
» Créé le 09/10/2018 à 17:17
» Dernière mise à jour le 30/10/2018 à 16:59

» Mots-clés :   Guerre   Kanto   Présence de personnages du jeu vidéo   Slice of life

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Chapitre 3 : Attentat à la lave
Kanto était aux pieds de l’Orateur, au sens propre comme au sens figuré. Dans sa salle du trône qu’il s’était faite aménager dans la dernière pièce du quartier général de la Ligue Pokémon, une carte géante de Kanto, avec des reliefs et des précisions dignes des plus grands artistes, se trouvait juste en dessous du sol de verre. L’Orateur pouvait contempler son royaume à tout moment juste en baissant la tête. Ici, à l’endroit même où le Maître de Région siégeait autrefois, au plus haut du Plateau Indigo. Comme c’était approprié… Il avait fait tomber les puissants dresseurs qui régnaient de fait sur cette région, jusqu’à leur voler leurs sièges.

Voir cette région dans tout son ensemble avait toujours su apaiser son cœur. En dépit de ce que ses opposants pouvaient clamer sur lui, l’Orateur aimait Kanto. Il aimait ses villes ; la rose Céladopole, le célèbre port de Carmin, la mégalopole de Safrania, Parmanie et son parc aux centaines de Pokémon… Il aimait ses reliefs ; le Mont Sélénite d’où l’on pouvait observer les étoiles, Cramois’île et son volcan capricieux, le Plateau Indigo sur les flancs du Mont Argenté, symbole de gloire et de puissance… Il aimait ses forêts, telle celle de Jade, tout comme il aimait ses grandes constructions humaines, comme la Piste Cyclable qui reliait Céladopole à Parmanie. Il aimait ses grottes tout comme il aimait ses plaines.

Oui, l’Orateur aimait Kanto, et parce qu’il l'aimait, il se devait de la diriger et de la mener vers le chemin de la grandeur. Il devait la transformer, tout en faisant en sorte de conserver son âme réelle. Il devait la renforcer jusqu’à qu’elle puisse se débrouiller sans Pokémon. Quasiment toutes les régions du monde dépendaient étroitement de sa faune Pokémon, et ça, c’était inacceptable. L’Orateur voulait une région qui forge son propre avenir par la sueur et le travail des seuls humains. Ne compter que sur les Pokémon, c’était la voie ouverte à l’affaiblissement et à la décadence.

Même au niveau politique ! Avant la prise de pouvoir de l’Orateur, Kanto était officiellement dirigée par un conseil d’hommes politiques et de puissants industriels qui siégeaient à Safrania. Mais en réalité, le vrai pouvoir s’était toujours trouvé au Plateau Indigo. Quand une région comptait en son sein plus de dresseurs que d’autres choses, c’était naturellement les dresseurs les plus puissants qui contrôlaient de fait le territoire. Le Conseil des 4, et plus particulièrement le Maître Peter, avaient toujours fait la pluie et le beau temps à Kanto. Et en vertu de quelle autorité ? Juste celle que leur conférait leurs Pokémon et leurs talents de dresseurs.

C’était un non-sens, une aberration, en plus d’être totalement injuste. L’Orateur avait mis fin à cela en détruisant le Conseil des 4. La région était désormais dirigée par un seul homme fort, qui avait acquis le pouvoir par ses propre moyens, et non grâce à sa fortune ou à ses Pokémon. Il avait mis la majorité des dresseurs de la région au pas, et nul ne pouvait désormais plus contester sa suprématie. Enfin… presque. Il existait toujours des gêneurs. Cette fameuse organisation, Kanto Libre. L’Orateur devait sérieusement s’en occuper, et c’est pour cela qu’il avait placé ses espions un peu partout dans la région. Et justement, l’un d’eux avait des choses intéressantes à raconter.

- Auguste, tu dis ? Demanda le maître de Kanto à son premier serviteur.

Clément, dernier survivant du Conseil des 4, aujourd’hui rallié à l’Orateur, sourit en faisant une révérence théâtrale.

- Absolument, ô Orateur. Nous avons la confirmation que Jeannine de Parmanie - qui est largement soupçonnée de faire partie de K.L - lui a rendu visite hier. Mes Pokémon espions n’ont bien sûr pas pu rentrer dans l’arène pour écouter ce qui s’y est dit, mais notre jeune ninja est ressortie visiblement dépitée.

Un ricanement retentit sous le masque blanc et violet de l’Orateur.

- Elle a sans doute tenté de rallier le vieil homme à sa cause rebelle. Futile. Auguste a toujours vécu en dehors de tout bouleversement. Il restera sur son île, gardant jalousement son arène, quoi qu’il puisse se passer sur le continent.
- Toutefois, Seigneur… Il continue de vous défier en maintenant son arène ouverte. C’est le dernier champion de Kanto. Il faudrait peut-être faire un exemple de plus ?

L’Orateur pesa la proposition de son conseiller.

- Je n’ai pas encore interdit officiellement les arènes Pokémon. On ne saurait reprocher au vieil Auguste de ne pas respecter ma loi. Cela dit, promulguer une loi juste pour sa petite personne serait… fâcheux. Ce qu’il faudrait, ce serait qu’Auguste soit victime d’un tragique accident, dans lequel personne ne pourrait y voir mon œuvre, et qui pourrait même passer pour une sorte de… punition divine pour avoir essayé de me défier.

Clément sourit largement. S’il avait trahi ses anciens confrères pour se ranger du côté de l’Orateur, c’était certes pour sauver sa peau, mais pas seulement. Il aimait la façon de penser du dirigeant masqué. Il aimait son ironie et sa volonté de tout faire pour arriver à ses fins, même s’il devait pour cela avoir les mains pleines de sang.

- Auguste est si vieux… et le nombre d’accidents pouvant venir à bout d’un vieil homme est énorme. Les aléas de la vie, le triste hasard…
- Tu m’as compris, approuva l’Orateur. Je te laisse te charger de ça, mais veille à ce que ce soit discret.
- Et concernant Jeannine ? Mes Pokémon Psy espions sont toujours sur sa trace. On pourrait peut-être remonter l’endroit où se cache la base de K.L ?
- Fais donc, mais je pense savoir depuis le début où elle se trouve. Si je les ai laissés faire, c’était seulement par amusement, pour avoir un ennemi avec qui m’occuper. Mais ils sont devenus un peu trop entreprenants, ces derniers temps. Une fois qu’on en aura terminé avec Auguste, on se chargera de la bande à Régis. Le nom de Chen devra disparaître à jamais : il est le symbole même de ce lien entre les humains et les Pokémon que je veux reléguer aux oubliettes du passé !
- Il en sera ainsi, ô Orateur, déclara Clément en s’inclinant.


*-*-*-*

Comme tous les jours, Auguste occupait sa routine quotidienne faite de rien en passant un peu de temps avec ses Pokémon, non loin des bacs de lave au centre de son arène. Ses six Pokémon principaux, avec qui il s’était toujours battu : Pyroli, Maganon, Volcaropod, Galopa, Feunard, et son fidèle Arcanin, qu’il avait avec lui depuis près de quatre-vingt ans. Son tout premier Pokémon. Il était un Caninos quand le jeune Auguste l’avait apprivoisé. Peut-être même qu’il était encore plus vieux que lui. Que de bons temps il avait passé à ses côtés… Qu’il aurait aimé pouvoir remonter sur son dos et sentir la caresse du vent sur son visage ! Mais aujourd’hui, c’était impossible, sauf à accrocher Auguste avec des cordes pour ne pas qu’il tombe.

Auguste avait d’autres Pokémon bien sûr, mais il les laissait la plupart du temps en liberté, dans ses bacs de lave ou carrément dans le cratère du volcan. Auguste n’avait jamais utilisé le système de transfert par PC. Il n’était pas de cette génération là, et de plus, il préférait garder ses Pokémon près de lui. Alors qu’il sentait sa fin proche, il ne demandait rien d’autre que de pouvoir quitter ce monde en étant entouré par eux. Puis ensuite, soit ils retrouveront leur liberté, soit ils appartiendront à Ren. Ce sera leur choix, à eux et à eux seuls. Auguste savait que son Arcanin ne comptait pas se trouver un nouveau maître. Il était lui aussi trop vieux pour faire un Pokémon valable.

- Quelle cruauté que ce temps qui nous file entre les doigts, mon vieux compagnon…

Arcanin, assis à côté d’Auguste sur les bords du bac de lave, acquiesça en un bref aboiement. Puis d’un coup, comme s’il avait senti quelque chose, il se leva soudainement, ses sens en alerte. Les autres Pokémon autour, ceux qui se trouvaient au bord du bac comme Auguste et Arcanin, ou ceux qui étaient assez résistants pour se baigner carrément dans la lave, firent de même avec quelques secondes de retard. Il se passait quelque chose ; Auguste avait vécu assez longtemps pour faire confiance à l’instinct des Pokémon.

- Qu’est-ce qui… commença Auguste.

Mais sa question fut emportée par un rugissement lointain qui devenait de plus en plus assourdissant, et dont l’origine était le bac de lave lui-même. Auguste chercha sa canne pour se relever, mais Arcanin ne perdit pas de temps. Il attrapa son vieux dresseur par le col de sa blouse et l’envoya en l’air pour ensuite le rattraper au vol sur son dos. Auguste se dit qu’il s’était sans doute brisé tous les os du bassin dans la manœuvre, mais vu ce qui arriva après, il était content qu’Arcanin ait eu la présence d’esprit de faire cela.

Le bac de lave explosa, envoyant du magma partout autour, comme si l’arène d’Auguste était soudainement entrée en éruption. Auguste, s’accrochant autant qu’il le pouvait à la fourrure de son Arcanin qui courrait aussi vite que possible, vit avec horreur les jets de lave atteindre son Galopa et son Feunard derrière eux. Ils avaient beau être des Pokémon Feu, leurs corps étaient fait de chair et de sang, à l’inverse d’un Limagma par exemple. Alors qu’ils tentaient de fuir, ils s’écroulèrent sous l’effet des jets de magma qui brûlèrent leurs corps, et quand la lave déborda du bac, ils disparurent dans le liquide rouge, leurs corps fondant à vitesse grand V sous les yeux horrifiés de leur dresseur.

Pyroli parvint lui à fuir, tandis que Volcaropod se mouvait dans la lave sans aucun problème. Alors qu’ils étaient proches de la sortie, Auguste sentit une douleur aigüe à l’épaule. Un minuscule jet de magma l’avait touché, et ses vêtements commençaient à prendre feu. Auguste parvint à retirer sa blouse, mais ne put s’enlever la chemise, boutonnée, alors qu’il était secoué de telles sortes sur son Arcanin. Ce dernier dut faire un bond de plusieurs mètres pour quitter l’arène qui commençait à prendre feu de toutes parts.

Auguste n’attendit pas qu’il se fut reposé pour sauter. Il sentit ses jambes fragiles céder sous le choc, mais se débattit pour retirer sa chemise en flammes, avec l’aide d’Arcanin qui la réduisait en lambeaux avec ses crocs. Quand finalement Auguste fut libéré de son haut enflammé, Arcanin commença à lui lécher ses brûlures, mais le vieil homme s’accrocha à la crinière de sa tête pour attirer son oreille près de sa bouche.

- Pas le temps… grogna-t-il sous l’effet de la douleur. Ren… toujours dedans… pompiers…

Arcanin comprit l’essentiel. Il repartit dans l’arène en feu, dont les murs même commençaient à fondre sous l’action de la lave qui s’en échappait toujours. Avant cela, il poussa un énorme hurlement, ce qui alerta les habitants voisins de l’arène, si d’aventure ce spectacle de flammes ne les avait pas prévenus avant. Auguste, laissé sur l’herbe, entendit vaguement plusieurs personnes se rassembler autour de lui, certaines affolées et d’autres vaguement curieuses, avant qu’il ne perde finalement conscience.

Il revint à lui dans un lit aux draps blancs, le corps entouré de bandages, et plusieurs intraveineuses autour de lui. Vu qu’il sentait à peine ses membres et qu’il était à moitié dans le coma, on avait dû le bourrer de morphine. Il remarqua son fidèle Arcanin, allongé par terre à côté de son lit, montant la garde. Et sur une chaise, l’air préoccupé, il y avait…

- Ren… Arceus merci !
- Maître ! fit le jeune homme aux cheveux rouges. Je suis soulagé de vous voir réveillé si tôt… Le docteur n’avait pas l’air très optimiste.
- Ces foutus toubibs veulent me déclarer mort depuis des années maintenant. J’aime bien les renvoyer à leurs chères études. Et toi, tu vas bien ?

Ren avait quelques pansements aux mains et à la joue, et ses habits de dresseurs étaient un peu roussis par endroit.

- Juste quelques brûlures sans importance. J’étais à la cuisine, et la lave est arrivée bien après qu’Arcanin soit venue me sauver. Les vôtres par contre, elles sont plus graves.
- Ce ne sont pas les premières que j’ai, et si Arceus le veut, ce ne seront pas les dernières.

Auguste ne pouvait pas se soucier de son état alors qu’il avait encore en tête l’image atroce de son Galopa et de son Feunard se consumant dans la lave qui débordait. Il retint ses larmes pour demander :

- Que s’est-il passé, Ren ?
- Je suis retourné au sous-sol de l’arène quand l’incendie a été maîtrisé et la lave refroidie par les Pokémon Eau locaux. Les valves de sécurité régulant la pression étaient toutes fermées !

Auguste comprit. Pour alimenter ses bacs dans l’arène en lave, il avait lui-même conçu un système de pompage sous terre allant jusqu’au volcan. Pour maintenir la lave à ébullition et pour ne pas qu’elle ne refroidisse, il fallait maîtriser cette pression volcanique en provenance du cratère, d’où les valves qui la régulaient. Si elles étaient toutes fermées, la pression s’accumulait sans pare-feu et inévitablement, une catastrophe comme celle qui était arrivée était inéluctable.

- Ce n’est pas toi qui a fermé les valves par erreur, n’est-ce pas ? demanda Auguste tout en connaissant par avance la réponse.
- Bien sûr que non, maître. J’ai effectué la dernière maintenance il y a cinq jours. Je n’avais aucune raison d’y retoucher d’ici une dizaine de jours. C’est un sabotage pur et simple. On a tenté de nous tuer et de faire disparaître l’arène avec nous.

Auguste imaginait très bien qui puissent être les coupables. Mais bien évidement, il ne pourrait jamais le prouver.

- L’arène ? demanda-t-il.
- Il ne reste que des ruines fumantes, avoua Ren, désemparé. L’incendie s’est même propagé en ville avant qu’il ne soit maîtrisé, et les… les habitants nous accusent, maître. Ils pensent que c’était un accident de notre part.
- Bien sûr, sourit ironiquement Auguste. J’imagine que nos coupables ont tout fait pour leur faire penser cela…
- Nous ne sommes plus les bienvenus à Cramois’île, je le crains. Quand vous serez un minimum rétabli, il nous faudra partir, ou je présage que les habitants nous chasserons de force. Ils ont peur. Ils pensent que l’on va attirer la colère de l’Orateur sur l’île.

Auguste hocha la tête. Ils avaient raison, bien sûr. Il avait été stupide et arrogant. Par son geste puéril de défi envers l’Orateur, en gardant l’arène ouverte, il n’avait pas mis que lui en danger. Il avait mis Ren, ses Pokémon, et mêmes les habitants de l’île en danger. Aujourd’hui, Galopa et Feunard avaient payé le prix de son erreur, et ça aurait pu être bien pire. Cramois’île était sa maison depuis toujours, mais pour la protéger, il devrait partir, oui. Partir, en emportant avec lui ses souvenirs de l’île, de l’arène, du Laboratoire Pokémon, et de ses amis. Il repensa à un ami en particulier, qu’il avait lui-même chassé de l’île, il y a plus de vingt ans de cela…



Vingt-et un ans plus tôt…


Auguste, président honoraire du Laboratoire Pokémon de Cramois’île, déboula d’un air furieux dans la salle 2X, l’endroit le plus sécurisé du bâtiment, là où se tenait la plus secrète et la plus importante expérimentation de tous les temps.

- Fuji ! Par Arceus, qu’est-ce que tu as fait !

Le scientifique à qui Auguste s’adressa se retourna lentement vers son ami et collègue, détournant son regard de l’immense tube rempli de liquide dans lequel se déroulait l’expérience en question.

- De quoi veux-tu parler, au juste ?

Le professeur Fuji était un homme de l’âge d’Auguste, actuellement allant vers ses soixante-dix ans. Il portait de fines lunettes et un bouc poivre et sel. Lui et Auguste se connaissait depuis des lustres. Ils avaient presque fondé le Laboratoire Pokémon ensemble. Et il y a un an, ils avaient participé à une expédition scientifique secrète au plus profond de la Jungle X, où ils y avaient découvert un inestimable trésor…

- Je veux parler de ça, bien sûr ! s’exclama Auguste en désignant le tube d’un air furieux. Pourquoi as-tu modifié la formule de reconstitution de l’ADN sans me prévenir ?!

Dans le tube rempli d’un liquide brun flottait ce qui semblait être un embryon rose, pas plus grand qu’une main, avec une petite queue à l’arrière. Le professeur Fuji soupira face à l’accusation d’Auguste.

- C’était une exigence de Giovanni. Tu sais très bien qu’il nous finance, et que nous pouvons rien faire sans lui. Le projet Mewtwo est illégal, et seule la Team Rocket a accepté de nous soutenir. Nous devons donc nous plier à leurs demandes.

Auguste se gratta sa longue moustache, furieux.

- C’est une chose de pactiser avec une organisation criminelle pour faire progresser la science, Fuji, mais s’en est une autre de mettre le monde en danger pour la seule ambition d’un homme sans principe. Giovanni avait donné son accord pour la création d’un clone pur. Nous n’avions jamais évoqué la possibilité de trafiquer l’ADN de base !
- Nous ne l’avons pas évoqué car nous ignorions que c’était possible, riposta Fuji. Mais si on se fie à ma formule…
- Oui, TA formule, l’interrompit Auguste. Celle qui était censée ne jamais fuiter de ces murs. Tu en as informé Giovanni, n’est-ce pas ?!

Fuji ne trouva plus l’intérêt de nier. Il baissa la tête, d’un air vaguement honteux. Auguste s’approche et le prit par les épaules.

- Tu sais ce que Giovanni prévoit de faire de la chose que tu es en train de créer, n’est-ce pas ? Nous, nous voulions cloner Mew pour le bénéfice de toute l’humanité ! Mais lui, il veut seulement une arme de guerre, un Pokémon surpuissant pour imposer sa domination partout ! Tu en es conscient, non ?
- Je suis un scientifique, Auguste, répliqua Fuji. Mon but est de pousser la science toujours plus loin. Créer le plus puissant Pokémon du monde est un défi pour moi. Les conséquences ne me regardent pas.
- ABRUTI !

Auguste le poussa violement contre une console, et Fuji s’écroula par terre en perdant ses lunettes, sous les yeux stupéfaits de son équipe d’assistants.

- Avant d’être un scientifique, tu es un humain non ?! continua Auguste.

Guère troublé par cette attaque, Fuji se releva avec un triste ricanement.

- C’est vrai. Je suis humain. Et c’est sans doute la pire faiblesse d’un scientifique.
- Qu’est-ce que…
- Le projet Mewtwo me permet d’affiner mes recherches sur le clonage, Auguste. Grâce au soutien financier de la Team Rocket, je vais pouvoir y arriver… Je vais pouvoir… ramener Amber !

Auguste regarda son vieil ami, plein de pitié. La mort accidentelle de sa fille Amber, vingt ans plus tôt, l’avait brisé. Il s’était réfugié dans son travail de chercheur, il avait gagné l’amitié d’Auguste, mais n’avait jamais cessé de penser à sa fille disparue. Le projet Mewtwo n’était pour lui qu’un défi doublé d’une occasion de pouvoir se créer une seconde Amber. Auguste vit ce profond désespoir et cette folie douce qui guettaient dans le regard de Fuji, et sut que son ami était au-delà de tout espoir de guérison.

- Je suis désolé, Fuji. Je ne peux plus cautionner ça. Le Laboratoire de Cramois’île cessera toute activité sur le projet Mewtwo, et tous les autres projets de clonage que tu as lancé. Je ne veux plus de ça ici !
- Je le mènerai à bien ailleurs, dans ce cas, déclara Fuji. Ce ne sont pas les moyens qui manquent, avec Giovanni comme mécène.
- Fais à ta guise ! Et Arceus puisse te pardonner pour avoir tenté de te prendre pour lui…

Ce fut la dernière fois qu’Auguste parla à son ami. Un an plus tard, il appris sa disparition dans l’explosion inexpliquée du laboratoire où il s’était réfugié, lui et son équipe.