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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 20/05/2018 à 08:18
» Dernière mise à jour le 28/01/2020 à 09:20

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 362 : La bataille de Veframia ( 14ème partie )
Ithil n’avait toujours été qu’un exécuteur pour la famille Igeus. Fils illégitime caché de Balthazar Igeus, il avait grandi à l’écart de la famille, puis était revenu la servir quand ses dons de G-Man s’étaient révélés. Il avait fidèlement servi son père, puis son demi-frère Erend après lui, en tuant des gens pour eux, entre autres choses. L’infiltration, l’espionnage, et surtout le meurtre. Voilà dans quoi il était doué. Quand Erend avait disparu suite à son enlèvement par le Grand Empire, et que personne n’avait plus aucun espoir de le revoir un jour, Ithil avait continué de tuer, cette fois pour le compte de la Confédération, puis de la Fédération des Alliances Libres, les héritages d’Erend.

Mais aujourd’hui, alors qu’il portait le frêle corps ravagé d’Erend, il se questionnait sur le sens de tout ceci. Réfléchir n’était pas dans ses attributions - il devait se contenter d’obéir - mais ce qui se jouait actuellement allait décider de son avenir. Il était né pour servir les Igeus, et Erend était le seul d’entre eux. Mais il était clair que son frère ne redeviendrait jamais l’homme à l’esprit acéré qu’il avait été. Il avait été brisé, aussi bien physiquement que mentalement. Alors qu’Ithil descendait les étages du Palais Suprême pour l’amener sur le croiseur principal de la FAL, Erend ne cessait de se débattre faiblement en produisant de petits sons apeurés. Il regardait tout autour de lui de son regard hanté, totalement perdu.

Il avait vécu un an dans une seule et unique pièce, qui avait fini par devenir son unique univers. Même s’il y avait vécu un enfer, cette pièce était devenue son seule repère. Ces mois de tortures incessantes lui avaient fait oublier le monde extérieur, et probablement aussi ses anciennes connaissances. Son esprit brisé avait fini par être rassuré par cette monotonie. La douleur elle-même était sans doute devenue une amie, prouvant à Erend qu’il était vivant. Ithil connaissait bien tout cela, ayant travaillé dans des milieux pas très recommandables. Naulos avait sans doute été un psychopathe, mais il n’avait pas torturé Erend juste pour le plaisir de l’entendre hurler ou de lui couper des choses. Son but, c’était de le détruire mentalement, de le réduire à rien. Sans doute que c’était Venamia qui avait ordonné cela, voulant ainsi s’assurer une victoire totale sur son ennemi.

Erend n’était plus là. C’était la conclusion à laquelle Ithil ne pouvait que souscrire en regardant l’être difforme et perdu qu’il tenait dans ses bras. Ce n’était plus qu’un corps sans rien derrière, une coquille vide elle-même brisée. Plus jamais il ne serait comme avant. Ithil ne pourra plus jamais le servir. Ou peut-être que si. Un dernier acte. Qu’est-ce que Erend aurait souhaité, s’il s’était su dans cette condition ? Aurait-il voulu survivre à tous prix et demeurer un infirme physique et mental jusqu’à la fin de ses jours ?

Ithil arrêta sa marche, et sa main s’avança naturellement vers son poignard. Non. Bien sûr que non. Monsieur Igeus n’aurait jamais voulu ça. Il aurait préféré mourir dix fois. Ithil le savait. Et c’était son devoir de serviteur, et même de frère, que de lui rendre ce service. Peu importe ce que diraient les autres. Tant pis s’il devait passer en procès, ou même être exécuté. De toute façon, serait-il capable de vivre en sachant qu’il avait tué son maître ? Probablement pas.

Le G-Man en combinaison plaça sa lame contre la gorge d’Erend. Ce dernier le regarda sans réellement le voir. Ithil attendit bien une minute entière, à la recherche de la moindre étincelle dans les yeux de son demi-frère, le moindre indice qui lui permettrait de retrouver ne serait-ce qu’une partie de l’homme qu’il avait été. Il ne vit rien. L’homme qu’il tenait ne semblait même pas avoir conscience qu’il avait un couteau sous la gorge. Ithil serra sa main sur le manche du poignard.

- Je suis désolé, Monsieur Igeus, dit-il en serrant les dents. Je vous ai failli.

Mais alors qu’il s’apprêtait à lui trancher la gorge, le regard d’Erend se fixa sur le sien, sans ciller. Le fameux regard gris, analytique et perçant qu’Ithil connaissait bien.

- E-Erend ?

Tout l’étage trembla alors, et tout autour d’eux s’écroula. Les vitres explosèrent, et une partie du mur fut éventrée. Ithil se retrouva à terre sans comprendre pourquoi, et en voyant un morceau du plafond lui tomber droit dessus, il se dématérialisa en catastrophe, passant ainsi à travers le sol. L’étage en dessous était dans le même état de destruction avancée. Quelque chose dehors avait provoqué un tremblement énorme qui avait fait vaciller jusqu’aux fondations du Palais. Et Ithil comprit ce que c’était en voyant par l’un des trous du mur le gigantesque Pokemon Titank.

Ainsi donc, Djosan était revenu, et probablement Mercutio avec lui. Mais Ithil n’avait pas le temps de s’en préoccuper. Il avait lâché Erend à l’étage du dessus. Il sauta en utilisant ses capacités physiques améliorées grâce au Fanex et traversa le plafond. Tout était sens dessus-dessous. Une partie de l’étage supérieur s’était écroulée sur celui-ci, qui lui-même était percé en de nombreux endroits. Il y avait des tonnes de gravats un peu partout, et aucune trace d’Erend.

- Monsieur Igeus ! Cria Ithil.

Il se rendit compte de l’absurdité de son geste. Même si Erend pouvait l’entendre, il ne pouvait plus lui répondre. Après avoir fait plusieurs fois le tour sans rien trouver, Ithil s’affola, se disant qu’Erend avait peut-être était enseveli sous les décombres. Auquel cas, vu sa condition physique, il était certainement mort. N’avait-il pas prévu de le tuer de toute façon ? Oui, mais le dernier regard qu’il lui avait lancé avant le choc avait fait vaciller ses certitudes. Peut-être Erend était-il encore là, quelque part…

Ithil s’efforça de se calmer, et tenta d’utiliser l’Aura pour le localiser. Tous les G-Man en étaient capables. Le souci, c’était qu’Ithil avait reçu une formation des plus sommaires. Son père avait payé pour une formation illégale par un G-Man peu scrupuleux, mais il avait juste payé pour qu’Ithil soit capable d’utiliser les capacités du Pokemon Spectre dont il partageait l’ADN, la seule chose qui comptait pour Balthazar Igeus pour faire de son fils illégitime un assassin de première classe. L’étude de l’Aura et de ses possibilités avait été largement survolée, et Ithil avait beau se concentrer, le monde bleu et gris typique de l’Aura se refusait à lui. De dépit, il jeta violement ses poignards au sol en hurlant. Décidément, il était inutile. Inutile en tant que serviteur, en tant que frère, en tant que G-Man…


***


Vilius et sa vingtaine d’hommes loyaux encadraient le prince Julian dans sa marche jusqu’à la salle des transmissions, au huitième étage. Les quelques GSR restant dans le Palais avaient visiblement été informés que le prince avait quitté ses quartiers, sans savoir où il se rendait. Le colonel Angurs et ses hommes ne faisaient plus dans le détail ; dès qu’ils croisaient un type en noir, ils le descendaient. Il y avait toutefois d’autres soldats du Grand Empire, qui n’appartenaient pas à la GSR, que Vilius essayait de convaincre quand ils leur bloquaient le passage.

- Son Altesse Julian et moi-même devons nous adresser à la nation et au monde, dit Vilius à une unité de simples gardes essentiellement composés d’anciens Rockets.

- Tout ceci est extrêmement irrégulier, monsieur, fit le jeune caporal, gêné.

- Je pourrai vous dire que je suis le dirigeant en second du Grand Empire et vous ordonner de vous écarter. Je pourrai également vous tuer à l’instant. Mais je vais plutôt vous dire ceci, mon gars : jetez un coup d’œil par la fenêtre. Le palais est encerclé de partout, que ce soit au sol ou dans les airs. Il n’y a plus que Lady Venamia et quelques GSR fanatisés qui combattent encore. Alors soyez raisonnable, et joignez-vous à nous. Nous incarnerons la nouvelle autorité légale du Grand Empire pour présenter une reddition dans les règles.

Comme le jeune officier hésitait toujours, ce fut Julian lui-même qui enfonça le clou.

- Laissez-moi passer. Je suis le prince, et je sauverai ce qui reste de notre pays !

Les soldats furent évidements stupéfaits d’entendre pareils propos de la bouche d’un si jeune enfant, et surtout avec une telle détermination. Le caporal finit par faire un pas de côté en se mettant au garde à vous.

- Bonne décision, le félicita Vilius. Quand les forces de la FAL arriveront, déposez les armes sans hésiter, et dîtes-leur bien qu’on est aux transmissions.

Il fallait croire que la propagande de Venamia continuait de fonctionner à plein régime même maintenant, car la salle des transmissions était gardée par pas moins de cinq GSR en revêtement intégral. Le combat pour forcer l’entrée durant un moment, et Vilius dut lui-même intervenir. Huit hommes d’Angurs étaient morts, et il y avait quatre blessés, dont le colonel lui-même. Vilius ouvrit lui-même la porte, pour y découvrir à l’intérieur Esliard, le conseiller en communication et directeur de la propagande de Venamia, avec trois de ses laquais. Tous étaient armés, et ils avaient un Hypnomade avec eux.

- Baissez vos armes, ordonna Vilius. Je réquisitionne cette salle.

- Sous quelle autorité ? Demanda Esliard.

- La mienne, et celle de Son Altesse Julian.

- Nous sommes en train d’exhorter les habitants de Veframia à lutter contre l’envahisseur sur toutes les ondes radios de la ville, protesta l’ancien journaliste. C’est là le souhait de la Dirigeante Suprême !

Vilius fit mine de soupirer.

- Un mec aussi intelligent que vous devriez savoir quand la partie est finie, Esliard…

- Notre Dirigeante Suprême lutte encore ! Ce ne sera pas fini tant qu’elle sera debout ! Elle accomplira un miracle, et nous sauveras tous !

À l’écouter pérorer son délire, Vilius se souvint qu’il n’avait jamais pu encadrer ce gars, et avec la puissance et la rapidité que lui conféraient ses bracelets en Sombracier, il lui envoya son poing dans la figure, lui cassant le nez et lui faisant sauter quelque dents. Puis il se tourna vers les trois techniciens, qui avaient eu la bonne idée de lâcher leurs armes.

- J’ai un message à faire passer, leur dit Vilius. Je veux le son, et l’image. Et on se dépêche.

Les techniciens ne se le firent pas redire deux fois. Tandis qu’ils préparaient la caméra et l’éclairage, les hommes d’Angurs restant se mirent en position pour défendre la salle coûte que coûte. Quand les préparatifs furent prêts, et qu’on commença à tourner, Vilius s’avança avec Julian devant la caméra, et prit un ton solennel.

- Citoyens du Grand Empire de Johkania. Je m’adresse à vous tous, que vous vous trouviez à Veframia ou ailleurs. Je m’adresse à vous tous, et je le fais sans l’accord de la Dirigeante Suprême. Je m’adresse à vous tous, car il faut que tout cela cesse…


***


Venamia s’était certes attendue à ce que Trefens soit plus coriace que les autres Shadow Hunters. Mais elle ne s’était pas attendue à ce que la fréquence de ses coups soit telle qu’elle ne puisse pas attaquer, seulement se défendre. Même s’il était très rapide, Venamia parvenait à lire ses attaques. Mais elle avait seulement le temps d’en contrer une qu’une autre arrivait. Comme il était seul à l’affronter, Trefens bénéficiait de tout l’espace qu’il voulait et se déplaçait avec une fluidité étonnante. Ses coups de katana, du fait de sa force hors du commun, résonnait durement contre le Vifacier d’Ecleus, et Venamia sentait les chocs passer dans son corps.

Mais la Dirigeante Suprême voyait bien que Trefens était à son maximum. Et tout Shadow Hunter drogué au Fanex qu’il était, il avait des limites que tous êtres humains avaient. Il allait finir par fatiguer et par ralentir, inévitablement, alors qu’Ecleus, lui, en bonne machine-vivante qu’il était, n’avait pas ces soucis de muscles et d’oxygène. Et même si Venamia était obligée de se concentrer exclusivement sur la défense, elle pouvait lancer quelques attaques sans gestes inutiles, comme Onde de Choc. Cette attaque était censée ne pas pouvoir être évitée, mais visiblement, Trefens n’était pas au courant. Peut-être distinguait-il quelques millisecondes à l’avance quand Venamia allait lancer l’attaque.

Tant pis. Venamia allait continuer à contrer chacune de ses attaques et le laisser s’épuiser. Mais au bout d’un petit moment, elle se rendit compte de quelque chose de désagréable. Elle commençait elle-même à respirer plus vite, et ses bras devenaient lourds. Bref, elle était hors d’haleine. C’était la première fois depuis le début de la bataille. Ce n’était pas anormal en soi ; après tout, sous l’armure, elle restait humaine, et même si Ecleus avait tendance à faire bouger ses membres pour elle-même, ses muscles restaient mis à contribution quand-même. Et ça faisait un moment qu’elle se battait aussi, depuis le commencement face à Bertsbrand. La cadence imposée par Trefens avait seulement accéléré cette prise de conscience de ses propres limites.

Venamia avait bien, dans sa combinaison, des seringues d’hormones pour repousser la fatigue et stimuler l’apport d’oxygène dans le sang, mais elle doutait que Trefens lui laisse gentiment le temps de retirer Ecleus, de prendre la piqure et de se la faire. Lui-même n’avait pas cillé depuis le temps qu’il se battait, et ses attaques n’avaient nullement ralenti. Il continuait à porter ses coups de katana à la même fréquence, le regard froid et concentré. Aucun signe de faiblesse ou de distraction.

Venamia ne l’avait jamais vraiment affronté face à face, même quand la Team Rocket était en guerre contre les Shadow Hunters, et elle pouvait maintenant se rendre compte à quel point il était terrifiant. Ce n’était pas seulement sa force et sa rapidité. Ses yeux étaient ceux d’un homme qui avait vu et fait beaucoup de choses, et qui avait acquis une discipline mentale à toute épreuve. Une vraie machine à tuer, implacable, sans aucune action ou parole inutile. Bref, l’assassin ultime. Il représentait une menace sérieuse ; aussi Venamia allait faire une petite entorse à son objectif de triompher avec honneur.

Elle s’était souvenue qu’elle avait sur elle les Pokeball de ses anciens Pokemon, qu’elle n’avait plus utilisés depuis des lustres. Elle les avait vues dans son bureau avant la bataille, et les avais prises avec elle sans trop savoir pourquoi. Un pressentiment ? Un signe du destin qui voulait qu’elle triomphe ? Peu importe. Ils allaient enfin pouvoir se rendre utile. Elle lança une autre attaque Onde de Choc pour se donner le temps de les prendre et de les lancer. Ce fut un son étrange pour elle, que celui d’un Pokemon qui sortait de sa Pokeball. Elle ne l’avait plus entendu depuis un bon moment, et étrangement, cela la rendit nostalgique.

Elle se débarrassa de ce court instant de faiblesse et se reconcentra sur le combat. Trefens, en voyant le flash des Pokeball qui s’ouvraient, venait de reculer d’un bond, analysant calmement la nouvelle situation. Venamia regarda elle ses Pokemon. Drakoroc, un Pokemon Roche et Dragon, qu’elle avait capturé dans les souterrains de la cité royale de Duttelia, il y a de ça sept ans. Octave était avec elle ce jour là. Puis le grand et solide Dojosuma, qui avait évolué au même moment, en combattant Drakoroc. Venamia l’avait depuis qu’il était un Makuhita. Elle l’avait rencontré aux excavations de Cuplens, alors qu’elle avait été réduite en esclavage par la Team Freedom. Et à cette époque, c’était Zelan qui était avec elle. Elle se secoua la tête, se méprisant elle-même pour ces accès de sentimentalismes inutiles.

- Tuez-le ! Ordonna Venamia à ses Pokemon.

Si ces deux derniers parurent plus que surpris d’être tirés de leurs Pokeball depuis tout ce temps, et de revoir leur dresseuse habillée d’une armure jaune à ailes, ils ne se mirent pas moins tout de suite au travail en se tournant vers Trefens. Venamia savait qu’il pourrait les tuer sans même leur laisser le temps de lancer une seule attaque. Elle se lança donc elle aussi et fut sur Trefens avant eux, reprenant leur valse mortelle. Dojosuma et Drakoroc ne servaient qu’à ajouter encore plus de pression sur Trefens, qui devait donc maintenant se soucier des attaques de deux Pokemon. Et inévitablement donc, ses coups contre Venamia diminuèrent en intensité et en nombre.

- Tu t’es bien amusé, à trancher d’un coup toutes mes forces et une partie de ma ville, lui cracha Venamia. Dommage que tu aies gaspillé tout ton Flux pour cela.

- Je te l’ai déjà dis, répondit Trefens sans cesser le combat. Je suis un Shadow Hunter. Pas un Mélénis. Je n’assassine donc personne avec mon Flux. Je te tuerai avec ma force et mon katana, mon héritage de Shadow Hunter.

- Ah, de l’honneur chez un chasseur de prime. J’aurai tout vu.

De son côté, Mercutio voyait tout du duel entre Trefens et Venamia, et bien qu’il mourrait d’envie de le rejoindre, Mister Smiley l’occupait toujours à plein temps. Ce malade venait de créer des espèces de pacman géants en acier, qui ouvraient et refermaient leurs gueules mécaniquement en essayant de manger Mercutio. Ce dernier se déplaçait de telle sorte que ces monstres jaunes ne puissent l’attraper, et parfois, il en renvoyait un vers Smiley avec sa force de Shadow Hunter, comme un jeu de balle au prisonnier. Silas n’avait bien sûr qu’à tendre la main sans faire un seul geste, et la boule d’acier mécanique retournait instantanément au néant sans lui avoir fait le moindre mal.

Après en avoir écrasé un au sol en lui sautant dessus, Mercutio arrêta à mains nues celui qui fonçait sur lui. Grâce au Fanex, il referma ses doigts dans l’acier, souleva la boule et l’envoya de toutes ses force sur Brenwark. Encore une fois, ce dernier se contentant de lever le bras pour l’intercepter et la faire disparaître. Mais cette fois, Mercutio l’entrava avec le Flux à distance, l’obligeant à lui faire baisser son bras. Il n’avait pu le garder sous contrôle que deux secondes, mais cela suffit. Silas se mangea la boule de plusieurs tonnes de plein fouet avec un bruit des plus répugnants. Mais de toute évidence, ça ne lui avait pas détruit le cerveau sur le coup, car immédiatement après, un autre Silas apparut juste à côté, totalement indemne.

- Allons, je vous ai beaucoup renseigné pourtant… se plaignit-il. Si vous pouviez ne lancer que des attaques visant à me tuer pour de bon, ça m’arrangerait. Se faire aplatir, ça fait mal, je vous signale !

Mercutio hésita à utiliser son Septième Niveau. Si Smiley se prenait son épée géante de Flux bleu enflammé, aucune chance qu’il ait le temps « d’imaginer ressusciter ». Le problème, c’est qu’il serait ensuite momentanément privé du Flux pour quelques temps, et il ne devrait alors compter que sur le Fanex pour affronter Venamia. Ça aurait peut-être pu le faire avec tous les autres Shadow Hunters, mais maintenant qu’il ne restait que Trefens, lui aussi privé du Flux, ça serait compliqué.

La jeune homme renonça donc à son Septième Niveau, et fit à la place appel à deux de ses Pokemon, Eü et Pixagonal. Le Pokemon Psy artificiel avait des PV quasiment illimités et une capacité à se subdiviser en petites figures géométriques pour protéger son dresseur. Quant à Eü, son débit d’eau magique pourrait gêner Silas. Mercutio n’avait pas sorti ses deux autres, Mortali et Pegasa, préférant les conserver au cas où. Mister Smiley sembla rester perplexe face à l’apparition d’Eü et Pixagonal.

- Des Pokemon ? Fit-il. Allons, soyez sérieux un instant. C’est dépassé, ces choses là. Vous comptez revenir au temps où vous régliez vos comptes avec un combat Pokemon, celui où les sbires Rockets rackettaient des gamins de dix ans à l’aide d’Abo ou de Rattatac ?

- Je suis un gars assez nostalgique, se justifia Mercutio. Eü, attaque Vibraqua. Pixagonal, attaque Extrasenseur.

Mercutio chargea en même temps que ses Pokemon lançaient leurs attaques, mais fut proprement stoppé par… un mur de béton, de plusieurs mètres de long et de large, qui venait d’apparaître entre eux et Silas. Les attaques s’écrasèrent dessus, l’éventrant, mais Mister Smiley avait déjà disparu. À la place, il y avait derrière une vingtaine d’armes à feu, allant des simples pistolets aux fusils automatiques gros calibre, qui flottaient tranquillement dans les airs, et qui tirèrent tous en même temps. Une onde de Flux de Mercutio dévia les balles et propulsa les armes.

Le jeune Mélénis fut tout d’un coup recouvert par plusieurs cubes violets provenant de Pixagonal, sans qu’il ne sache pourquoi. Il comprit quand il sentit quelque chose s’écraser sur les cubes comme sur un bouclier. Smiley venait d’invoquer un camion à rouleau compresseur au dessus de lui, et Pixagonal, qui l’avait vu à temps, l’avait protégé. Eü tira une attaque Hydrocanon, mais Silas l’évita en effleurant le jet d’eau des doigts. Le résultat fut que ce n’était plus de l’eau qui avait tiré, mais un liquide jaune et gazeux. Smiley ouvrit une porte spatiale dans les airs, coupant le jeu en deux, qui alla se perdre dans la dimension de Smiley. Mais Eü poussa alors un cri.

- Attention, copain Mercutio !

Mercutio se retourna pour voir une autre porte spatiale s’ouvrir devant lui. Le jet d’eau que Smiley avait transformé en liquide jaune ressortit par ce passage, en trempant Mercutio de la tête au pied. Il se rendit compte au goût que c’était de l’Orangina, et il était désormais tout poisseux. Smiley éclata de rire à la tête dépité de Mercutio.

- Ah ah ! Vous voyez comme on s’amuse ? Vous voyez comme la vie est drôle ?

Mercutio ne comprenait pas bien. Tout cela faisait-il partie d’un plan tordu pour que Mercutio perde son sang-froid et ne commette des erreurs fatales, ou bien Silas Brenwark était-il simplement un demeuré avec un âge mental de six ans ?

- Il faut dédramatiser tout cela, poursuivit l’homme au masque. Toutes ces histoires trop sérieuses de guerre, de politique et de religion. Il nous faut seulement nous…

Smiley s’arrêta d’un coup. Il leva la tête vers le ciel, et retira son masque. Il fronçait les sourcils, comme s’il voyait ou entendait quelque chose qui ne lui plaisait pas. Puis il soupira.

- Décidemment, c’est pas de chance… Je regrette, mon brave Mercutio, mais il va falloir remettre notre petit jeu à une autre fois. Un de mes clones d’ombre est en train d’assister à un truc important, et il faut que je sois là en personne. Débrouillez-vous pour survivre face à votre sœur. Sur ce.

Il ouvrit une de ses portes spatiales dans les airs, et y pénétra avant de disparaître. Mercutio n’était pas certain que ce ne fut pas un piège, que Silas allait revenir d’un coup par surprise, mais il ne pouvait pas ignorer cette occasion. Il utilisa le Niveau Cinq pour s’élancer dans les airs, direction Venamia. Trefens se battait toujours, mais était mal en point. Venamia bénéficiait du soutient de ses deux Pokemon et n’avait cessé d’accroître la pression sur le Shadow Hunter à lunettes, qui avait reçu nombre de blessures et de chocs électriques. Mais Mercutio nota qu’il avait toutefois réussi à trancher l’aile gauche d’Ecleus, ce qui expliquait pourquoi Venamia avait l’air si furax.

- Je prends le relais ! Lui cria Mercutio.

Il n’arrêta pas sa course quand il fut arrivé, se jetant de tout son élan aérien sur Venamia. Le coup d’épée contre les deux bras en armure fit largement reculer Venamia, tandis que Pixagonal et Eü avaient engagé le combat contre Dojosuma et Drakoroc. Trefens put alors s’effondrer à terre, hors d’haleine, les muscles en compotes et les membres meurtris. Mais quitte à rester sur le banc de touche, il pouvait encore faire quelque chose. Il se força à se relever, et descendit des ruines jusqu’à l’endroit où Galatea Crust était adossée contre un mur, elle aussi plus en état de combattre, à peine consciente grâce au peu de Flux que lui avait donné son frère. Trefens la regarda avec sévérité.

- Tu vas te prélasser longtemps encore ? Ton frangin affronte seul Venamia. Y’a plus de GSR ni de machines de guerre. Brenwark s’est tiré, et mon équipe… a été décimée. Il ne reste plus qu’eux.

- J’ai à peine assez de Flux pour m’éviter une hémorragie générale… marmonna la jeune femme. Toi par contre, je vois qu’il t’en reste pas mal… Pourquoi t’es là à me causer au lieu d’aller aider Mercutio ?

- Navré, il a beau m’en rester, je ne peux plus m’en servir. J’ai utilisé le Septième Niveau pour exterminer les forces de Venamia d’un coup, et il y en avait un paquet. Par contre, ce ne sera pas un Flux de gâché. Ton frangin m’a fait un petit listing des techniques possibles pour les Mélénis. Tu sais pomper le Flux chez un être vivant non ? Prends le mien.

Galatea grimaça.

- C’est une technique de Mélénis Noir… et c’est dangereux. Le Flux équivaut à la force vitale. Dans ton état, si je t’en prends, tu risques d’y passer…

- Prends-le, répéta Trefens.

Ce n’était pas une demande, mais carrément un ordre. Galatea lui fit signe de lui donner sa main, et y pratiqua une petite incision avec son ongle, juste pour ouvrir la peau. Elle posa alors les doigts dessus, et comme elle l’avait appris d’AM-1 et d’AM-2, les clones maléfiques de Mercutio et d’elle-même, elle aspira le Flux de Trefens dans son corps. Ce dernier resta stoïque durant le procédé, ce qui était tout à son honneur, car c’était quelque chose de particulièrement désagréable, comme un viol.

- Ne regarde pas à la légère. Prends tant que tu peux.

Galatea s’étonna de trouver de telles ressources de Flux en Trefens, qui n’était pourtant qu’un Naturel, ces très rares humains dotés du Flux sans aucune ascendance Mélénis. Mais Maître Irvffus leur avait bien dit que les Naturels étaient généralement plus puissants que les Mélénis pur sang. Quand Trefens tomba à genoux, Galatea cessa de le ponctionner. Si elle continuait, elle allait le tuer, si tant est qu’il survive déjà à ça. Elle en revanche, elle se sentait revivre. Grâce à cette nouvelle source de Flux, elle utilisa le sien pour soigner rapidement ses blessures et restaurer son énergie. Puis elle remercia Trefens d’un signe de tête, qui s’installa dos au mur avec difficulté, le souffle court.

- Mettez un terme… à tout ça, lui demanda-t-il. Arrêtez-la… pour de bon.

Galatea décolla comme un avion en réaction, et chargea ses mains de Flux. Mercutio et Venamia se battaient sur le toit d’un immeuble un peu plus loin. Avec une aile en moins, Venamia ne semblait plus capable de voler à toute vitesse comme elle l’avait fait jusque là. Sentant dans le Flux qu’il n’y avait plus personne dans cet immeuble, Galatea chargea son Flux en une attaque destructrice de Sixième Niveau. Pas pour toucher Venamia, mais bel et bien l’immeuble !

Mercutio la sentit arriver un peu avant, et s’envola pour l’éviter. Venamia tenta de le suivre comme elle pouvait avec une seule aile, mais Mercutio revint au contact, la repoussant vers le bas avec sa force surhumaine. L’onde de choc de Sixième Niveau balaya toute la moitié supérieure de l’immeuble pour l’envoyer à des kilomètres plus loin. Venamia, entraînée dans ce chaos, fut incapable d’en sortir en volant et ne compta plus que sur son bouclier d’Eucandia pour la protéger.

Elle fut envoyée jusqu’au dehors de la ville, derrière les remparts, dans un champ désert et ravagé plein de carcasses de vaisseaux et de cadavres. Furieuse, et pleine de poussière, elle émergea de sous les décombres. Son bouclier l’avait préservée de toute blessure, mais l’Eucandia sur son brassard allait bientôt commencer à manquer. Et maintenant, elle était loin du palais, et des réserves de Crenden. Comme elle ne pouvait plus voler pour l’instant, elle laissa tomber le Revêtarme, et fit repasser Ecleus sous sa forme Arme.

Mercutio et Galatea arrivèrent quelques instants plus tard en flottant dans les airs. Ils n’étaient plus que tous les trois. Trois Crust, au milieu de ce champ de bataille désert, en face de la capitale. Venamia fit tournoyer son éclair géant, prête au combat. Tant pis pour l’armure ; il lui restait encore un peu d’Eucandia, et surtout l’Ysalry qui la protégeait du Flux. Qu’importe si ces adversaires étaient deux Mélénis. Elle était Lady Venamia. Elle ne pouvait pas perdre.

- Ça finit maintenant, déclara Mercutio. Il parait que tu t’es largement améliorée avec Futuriste. Tu peux donc voir assez loin dans le futur pour distinguer ta défaite ?

- J’imagine qu’en me concentrant, je pourrai voir vos cadavres à tous les deux, mais je préfère les voir en temps réel.

Mercutio et Galatea chargèrent, et Venamia lança son éclair tranchant et tournoyant. C’était le dernier round, et tous trois le savaient.