Team Rocket X-Squad de Malak

- C’était pas ma guerre, marmonna Ad. Non, c’était pas ma guerre…

- Tu nous fais Godbert Mandersbrand armé de ses deux mitrailleuses ? Demanda Kelifa en faisant référence à un vieux film où l’acteur phare de Galatea Crust jouait un ancien militaire bourrin et désabusé.

- Qu’est-ce qu’on fout là, Kelifa ? Tu le sais toi ?

La question pouvait effectivement se poser. Loin de l’agitation de la bataille de Veframia, les Gardiens de l’Harmonie menés par Adélie Dialine étaient affectés à des tâches soi-disant importantes mais, de l’avis de la jeune femme, à chier. Aidés par plusieurs escouades, les Gardiens avaient infiltrés les souterrains de la ville. Des prisonniers avaient révélé à la FAL l’existence de ce réseau permettant à la GSR de faire transiter hommes et matériel rapidement d’un bout à l’autre de la ville tout en étant à l’abri des bombardements. L’objectif assigné aux Gardiens étaient donc de prendre possession des égouts et de les retourner contre leur propriétaire.

Et ça puait. Mais alors, ça puait très sévère. Les Tadmorv qui infectaient chaque recoins des égouts n’aidaient pas. Certes, les trois Gardiens de l’Harmonie étaient parfaits pour ce rôle d’infiltration et de prise de position en douceur. À l’aide du Don et des flèches d’Ad, les troupes de la FAL n’avaient pas à combattre. Tous les soldat adverses qu’ils croisaient déposaient rapidement les armes et se joignaient parfois même à la cause de la FAL, convaincus par le Don. Pareil pour les Pokemon. De quoi faciliter le travail et surtout surprendre grandement le Grand Empire lorsque toutes les troupes jailliraient de terre pour se battre à l’air libre.

- On marche dans des égouts puants, affirma Kelifa. C’est le boulot que nous a confié le général Lance.

- Je le sais. Je voulais dire, qu’est-ce qu’on fout ici, dans cette ville, dans cette région, dans cette guerre ? Après avoir libéré la nôtre du joug du Triumvirat, on devait juste venir à Johkan pour remercier Venamia de nous avoir aidé dans notre combat. Et voilà qu’on se retrouve à se battre contre elle !

- C’est toi qui voulait à tous prix intervenir parce que tu ne l’aimais pas, cette nana, lui rappela Kelifa. T’as même été convaincre Balterik de rallier Naya à la FAL.

- Je le sais aussi. Mais ça n’a pas de sens quand même. J’avais une dette envers Venamia. Comment je peux la rembourser en aidant à la faire tomber, hein ?

Kelifa soupira, et Narek, leur compagnon, eut un triste sourire. Tous deux savaient très bien que le code d’honneur d’Adélie Dialine ne souffrait d’aucune approximation. C’était une fille très sincère, franche et directe. Quand elle pensait quelque chose, elle le disait, et quand elle disait quelque chose, elle le faisait. C’était pour cela qu’elle faisait une très mauvaise aristocrate, et qu’elle se tenait le plus éloigné possible de la politique. Mais les dettes étaient pour elle sacrées. Elle était, après tout, une commerçante. Elle avait créé des engins de dressage Pokemon comme l’involuteur qu’elle avait vendu en grand nombre, et ce grâce à quelques contrats bien choisis. Si Adélie, méfiante de nature, passait rarement de contrat ou contractait rarement de dettes, quand elle en avait, elle les respectait toujours.

Voilà pourquoi la situation présente était un crève-cœur. Venamia, par le biais de son Agent 007, avait mis des ressources à disposition pour la résistance que dirigeait Ad durant sa guerre contre son propre frère Nathan, le premier triumvir de Naya. Ce n’était évidement pas un geste désintéressé ; à l’époque, Venamia commençait sa prise de pouvoir à Johkan, et voulait obtenir le soutien de régions éloignées comme Naya. Mais le fait est qu’Ad n’aurait certainement pas pu gagner sa guerre sans l’aide apportée par la Team Rocket.

Aujourd’hui, elle pouvait se dire qu’elle remboursait sa dette envers la Team Rocket en aidant sa boss actuelle, Estelle, mais c’était jouer avec les mots. Ce n’était pas Estelle qui avait débloqué les fonds pour la résistance d’Ad à Naya, mais bel et bien Venamia. Mais malgré tout le code d’honneur d’Ad, cette dernière ne pouvait pas fermer les yeux sur les exactions commises par la Dirigeante Suprême. Il était hors de question de s’allier avec elle, surtout en sachant qu’elle était proche des Agents de la Corruption, des sortes de cousins des Agents du Chaos dont Ad ne gardait pas de bons souvenirs…

- Et puis, qu’est-ce qu’on s’emmerde ! Ajouta le jeune femme. J’aurai été bien plus utile en haut. Ça a l’air d’envoyer sec, si on en juge à toutes ces secousses. J’espère qu’ils ne vont pas nous enterrer vivants d’ailleurs.

- Le Général Lance sait que seul le Don peut nous permettre de faire sortir les troupes embusquées dans les souterrains de leur planque sans difficulté, argua Narek.

- Mouais… Tu sais ce qu’on aurait dû faire ? Piquer Stratoreus à Kinan pour le temps de cette guerre. Je trouve que la FAL manque sérieusement de Pokemon qui en jettent.

- Tu trouves ? S’étonna Narek. J’en compte pas mal moi.

- Bah, le grand gris à trois doigts, énuméra Ad, le bouquet de fleur sur patte toujours avec la reine, et le petit chevalier marrant mais un peu con… Vu qu’ils savent tous causer et qu’ils sont haut placés dans la hiérarchie, on peut pas vraiment les considérer comme des Pokemon à part entière.

- T’as oublié l’espèce de dragon de métal façon avion à réaction du beau gosse, signala Kelifa.

- Ah oui, comment ai-je pu, alors qu’on l’a tous vu se ramasser contre Venamia…

Ad ne se considérait pas spécialement comme une dresseuse hors-pair, mais elle avait pensé depuis le début que confier un Pokemon si puissant à cette pseudo star était du gâchis. Sa rapide défaite face à Venamia l’avait démontré. Personne ne savait si Bertsbrand était mort ou vivant, mais limite valait mieux qu’il soit mort pour que quelqu’un de plus capable hérite d’Excalord. Au bout d’un moment, elle s’en voulut d’avoir pensé ça, d’autant qu’elle était vite devenue amie avec Anna Tender, les deux jeunes femmes ayant des caractères similaires. Et si Bertsbrand était mort, rien ne présageait en rien que ce serait quelqu’un de la FAL qui obtiendrait Excalord. Ce serait-même plutôt un ennemi, et Ad préférait ne pas penser à ce que pourrait donner une Venamia habillée de ce Pokemon…

- Lady Dialine !

Ad soupira intérieurement en reconnaissant cette voix.

- Oui, Faduc ?

Le jeune Rocket n’avait certainement pas été découragé par la distance qu’Ad avait essayé de mettre entre eux. Il avait même demandé officiellement à sa hiérarchie d’être placé sous les ordres des Gardiens de l’Harmonie. Ad n’avait pas été très chaude, mais Kelifa avait plaidé en sa faveur, arguant qu’un ancien GSR comme lui pourrait être utile quand il s’agirait d’infiltrer Veframia et de se prévenir des pièges adverses. Mais surtout, Kelifa adorait voir l’embarras d’Ad devant l’admiration sans borne du jeune homme.

- L’escouade 16 que nous avions laissée à l’entrée, ils ne répondaient plus. On a envoyé quelqu’un aux nouvelles, et… apparemment… ils sont tous morts.

- D’ordinaire, quand on est mort, on est vraiment mort. On ne l’est pas « apparemment ».

Kelifa eut un sourire ironique à cette phrase. Ad n’était sans doute pas bien placée pour dire ça, étant donné qu’elle était elle-même morte une fois, avant d’être ramenée par une modification temporelle du passé.

- Oui m’dame, acquiesça Faduc. C’est juste que… ils n’ont aucune blessure apparente. Pas d’impact de balle, pas de signe d’explosion, rien.

Alors que Narek allait suggérer le fait d’un Pokemon ennemi, une alerte surgit de leurs coms respectifs. Une autre unité venait de succomber. Puis encore une quelques minutes après. Quelque chose se déplaçait dans les tunnels à toute vitesse et supprimait des escouades entières en quelques instants. Ad sentit son adrénaline revenir.

- Narek, Kelifa, on s’en charge, ordonna-t-elle. Faduc, informe-nous du déplacement approximatif de la menace, et surtout reste ici. J’ai pas envie que la Team Rocket me reproche d’avoir laissé tuer un marmot comme toi en l’amenant au-delà du danger…

- Je n’ai qu’un an de moins que vous, m’dame, répondit Faduc, vexé.

- Oui, mais t’es un mec, donc en réalité, j’ai au moins dix ans de plus que toi.

Les trois Gardiens se mirent en route à toute vitesse à travers les tunnels. Guidés par com en leur indiquant progressivement la position des soldats disparus, ils parvinrent assez vite à avoir une localisation de leur mystérieux visiteur. Alors qu’ils arrivaient à un croisement, ils entendirent des cris d’effrois puis des corps qui tombaient. Ils étaient tout proches. Ils se mirent à couvert derrière un mur, n’ayant pas encore de visuel, et se préparant à intervenir jusqu’à ce qu’un cri retentisse et glace le sang d’Adélie.

- Hahaha… de nouveaux sacrifices pour toi, Mère ! Qu’il est bon de pouvoir t’honorer !

Ad pâlit et échangea un regard avec ses deux compagnons, qui eux-mêmes ne paraissaient pas en croire leurs oreilles. Non, c’était impossible… Serrant les dents et voulant en avoir le cœur net, Ad se pencha vers l’origine du bruit. Et cette fois, après ses oreilles, ce fut ses yeux qu’elle ne cru pas. Un homme à la chevelure noire, aux yeux gris acier complètement fou était en train de lancer des vagues noires sur de pauvres soldats, leur ôtant instantanément la vie. Une silhouette et un regard qui hantait encore parfois les songes de la jeune femme. L’individu se tourna vers Ad et sourit largement.

- Adélie Dialine… Enfin te voilà. Je n’ai eu de cesse de te chercher. Mère te réclame.

Ad resta sans voix un moment, puis déclara :

- Tu es mort. Je t’ai tué, bon sang !

- Mort ? Moi qui ne vit que pour elle, et qui suis né d’elle ? Ah ah ah !

Odion, l’autoproclamé Prince des Ténèbres, était le plus terrible des Agents du Chaos à avoir jamais foulé cette terre. Considéré aujourd’hui comme l’un des Grands Fléaux de l’humanité, c’était un homme qui avait provoqué des massacres sans précédent cinq cent ans plus tôt, notamment dans la région de Naya. Immortel, il était toujours accompagné d’un Proscuro, une évolution unique d’Absol qui incarnait la mort. Son pouvoir d’Agent du Chaos qu’il tenait de Diavil lui permettait de donner la mort par simple contact, ou en lançant ses terribles vagues noires.

Dans son but fou de donner la mort à un plus grand monde, il s’était allié à Nathan Dialine, le dirigeant de Naya, et accessoirement le frère d’Ad. Il avait arraché à Ad beaucoup d’êtres chers, comme son oncle, sa tante et sa demi-sœur. Mais malgré tout, les Gardiens de l’Harmonie avaient fini par venir à bout de son immortalité à l’aide d’un rituel lors de bataille finale contre le Triumvirat, et Ad l’avait elle-même achevé. Elle l’avait vu être réduit en poussières et dispersé au vent ! Alors… pourquoi ? Pourquoi était-il là ?!

- T’es vraiment comme la peste toi, s’exclama Kelifa. Tu reviens toujours.

- S’il est là… c’est qu’il est allié à Venamia ! En conclut Narek.

Ça n’étonnait pas vraiment Ad. Odion avait déjà fait le coup en devenant le petit toutou de Nathan à Naya. Il aimait apparemment bien bosser pour les dirigeants de pays qui étaient aussi dingues que lui. Odion ne répondit rien, se contentant de les dévisager avec amusement. Il avait l’air quand même… différent de la dernière fois. Ad sentait bien une pression ténébreuse s’échapper de lui, mais rien de comparable à cette aura meurtrière et mortelle qu’elle avait connu. Et puis son regard avait l’air moins fou que d’habitude. Ad n’en fit pas moins apparaître son arc de lumière, tandis que Kelifa matérialisa son fouet, et Narek ses lucioles explosives.

- Peu importe le nombre de fois que tu reviendras nous faire chier, connard, déclara Ad. Je te renverrais toujours chialer dans les jupes de ta mère la Mort.

Elle invoqua une énorme flèche de Don qui ressemblait plus à un pieu, et tira sans attendre ses amis. Odion ne chercha pas à esquiver. Il se prit tranquillement la flèche de plein fouet. Elle ne lui traversa pas le corps. Elle fut stoppée net avec un bruit étrange, comme si Ad venait de tirer sur une cloison de métal. La jeune femme en resta un moment perplexe. Que se passait-il ? Même quand il était immortel, Odion ne raffolait pas du contact avec le Don, bien au contraire ! Ce fut la même chose quand Narek lui envoya dessus ses petites boules lumineuses de Don qui explosaient à tout contact. Même les amples vêtements sombres d’Odion ne subirent aucun dégât. Ad n’avait pas le temps de s’appesantir sur ce mystère de plus. Elle devait agir.

- Kelifa, Narek, puisque le Don ne marche pas, manœuvre 7, comme à l’entrainement, leur dit Adélie.

Les deux Gardiens hochèrent la tête. Ils prirent chacun une Pokeball et les lancèrent devant eux à tour de rôle. La première Pokeball, celle de Ad, roula jusque sous les pieds d’Odion et s’ouvrit, révélant un petit Pokémon lapin rose qui sauta immédiatement vers le visage du Prince des Ténèbres. Son corps de mit à luire soudainement, évoluant d’un coup pour devenir deux fois plus imposant, et avoir des poings surdéveloppés. Le Lopchu d’Ad avait la faculté d’évoluer ou de régresser à volonté grâce à l’involuteur, la célèbre invention de sa dresseuse pour qui permettait aux Pokemon de prendre la forme de son choix.

- Maintenant, Stratopercut, cria Ad.

Le désormais Kung-Fufu surprit Odion, qui était comme fasciné par cette évolution soudaine, et lui asséna une lourde mandale sous le menton qui le fit décoller du sol lourdement, malgré la petite taille de celui qui lui avait porté le coup. La deuxième Pokeball s’ouvrit, révélant le Brutapode de Kelifa. Ce dernier se mit aussitôt en boule mais ne chargea pas, commençant à rouler sur place. Il utilisait en fait Hâte pour booster sa vitesse, puis selon le plan, utiliserait ensuite Danse-lames tandis que les autres occuperaient Odion.

La troisième Pokeball, celle de Narek, révéla son Pokemon fétiche, Artemillion. Un des sept Pokemon Merveilleux, l’un des deux seuls connus en possession d’un dresseur. Légendaire bien sûr, mais bien plus que cela. De tous temps, ces Pokemon avaient fait parler d’eux dans différentes mythologies humaines. Il faisait la renommée de Narek et lui avait jadis permis de devenir Maître de Naya, tant par prestige que par puissance.

Doté d’une apparence de cerf doré, avec deux faux Eoko pendant des bois, et un bâtiment magnifiquement ouvragé sur le dos. Ses bois, eux, étaient tous percés de trous comme s’il s’agissait de flûtes. Et de par eux sorti justement son attaque. Un puissant Grincement retentit pendant que Odion volait toujours dans les airs, tandis que les trois Gardiens se bouchaient les oreilles face à la puissance du son émit par Artemillion, capable de faire exploser des tympans à une telle proximité. Le but était évidemment de baisser la défense physique d’Odion, et à peine eut-il retouché le sol que le Brutapode le chargea dans un puissant Bulldoboule, l’enfonçant dans un mur dans un vacarme assourdissant et soulevant un nuage de poussière camouflant le résultat aux Gardiens.

- On ne peut pas l’avoir eu aussi facilement, dit Kelifa en serrant les dents.

- Il se fout de nous, grinça Ad. Il ne peut pas être si faible. Il n’utilise même pas sa Déferlante !

Comme pour la contredire, une vague noire se dirigea droit sur eux. Les trois Gardiens étaient prêts. Ils exposèrent leur Don au plus fort, la seule façon de résister à cette attaque qui terrassait tous les êtres vivants qui se trouvaient trop prêt. Mais la Souillure d’Odion ne se heurta cette fois pas au Don des Gardiens. Elle le traversa, sans toutefois que ses victimes ne ressentent les effets habituels de la célèbre Déferlante de Mort qui avait tué tant de gens à Naya lors de la guerre. On aurait dit… une simple attaque Ténèbres.

- C’est quoi ce bordel ? J’y comprends rien… s’agaça Ad.

- Il n’y a rien à comprendre, très chère Adélie.

Ad baissa son arc, encore plus abasourdie que quand elle avait vu Odion. La voix devant elle venait de changer, et pour cause : ce n’était plus le sinistre Prince des Ténèbres, mais un autre personnage qui lui faisait face. Un jeune homme aux cheveux platines, presque blancs, au port noble et fier, vêtu d’une tenue quelque peu archaïque, mais également d’une cape verte, symbole des Gardiens de l’Harmonie.

- Ge-Geran ? Balbutia Ad.

Geran Glasbael était beaucoup de choses à la fois pour Ad. Un ancien mentor, ami, amant, Gardien, frère d’Odion, et aussi curieux que ça puisse être, son lointain ancêtre. Mais il ne pouvait pas être là. Il était reparti à son époque après la mort d’Odion, justement pour retrouver sa fiancée et fonder la lignée des Dialine !

- Que… Mais qu’est-ce tu fais là ?

- Te laisse pas avoir, marmonna Kelifa. Je ne ressens pas le Don en lui.

C’était vrai. Ad ne parvenait pas à retrouver cette sensation apaisante à chaque fois qu’elle s’était trouvée près de Geran, ce Don qui ressemblait tant au sien. Comprenant qu’on était en train de se payer sa tête, Ad plissa les yeux, furieuse.

- OK enfoiré, qui que tu sois, tu arrêtes ça tout de suite !

Le visage de Geran se tordit d’un sourire amusé et moqueur qui ne lui allait pas du tout. Il éclata alors de rire tandis que son image semblait comme légèrement se brouiller.

- Alors le Don vous permet de vous sentir entre vous ? Un peu comme le Flux et l’Aura ? C’est fascinant.

- RETIRE CETTE FORME ! Cria Ad, qui ne supporta pas de voir Geran avec cette tête.

- Ah, mille excuses, fit l’imposteur. Je me doutais bien que celle-ci vous ferait plus réagir que la première. Que dîtes-vous de celle-ci ?

Geran se changea d’un coup en Nathan Dialine, le grand-frère d’Ad, ancien dirigeant de Naya, et chef secret des Agents du Chaos.

- J’en ai d’autres dans ma banque de données. J’ai pris grand soin de me renseigner sur la guerre civile de Naya, grâce aux infos de ce cher Agent 007.

- Mais bordel, t’es qui au juste ?

Le corps de Nathan se dissipa et révéla un être mécanique noir et rouge, à la crinière tranchante, et aux globes oculaires bleus électriques. La silhouette ne pouvait évoquer que le Pokemon Zoroark… qui justement était capable de se faire passer pour qui il voulait grâce à ses illusions.

- D-Zoroark, pour vous servir, se présenta le robot. C’est une grande joie de pouvoir vous rencontrer, Gardiens de l’Harmonie. Je suis venu dans cet égout malodorant rien que pour vous ! Enfin, quand je dis malodorant, je suis incapable de sentir quoi que ce soit bien sûr…

Ad fronça les sourcils. Elle se rappelait effectivement avoir lu dans des rapports de la Team Rocket l’existence de ces Pokemon Méchas, et surtout ce fameux D-Zoroark qui n’avait cessé de tromper son monde en se faisant passer pour des personnes importantes dont il avait pris la place. Vilius, l’espion de la Boss Estelle auprès de Venamia, avait apparemment attesté que D-Zoroark se faisait actuellement passer pour l’ancien Agent 006 Bornet, mais qu’il prenait désormais rarement la peine de revêtir forme humaine, tant beaucoup de monde dans le cercle de Venamia était au courant.

- C’est ouf ça ! S’exclama Ad presque pour elle-même. Une entité robotique indépendante à l’image d’un Pokemon capable de reproduire ses pouvoirs à la perfection ! Jamais vu une technologie pareille !

C’était là chercheuse et inventrice en Adélie qui parlait. Elle aurait bien donné une bonne partie de sa fortune pour pouvoir étudier et disséquer ce robot.

- C’est pas le temps de s’extasier sur sa ferraille, rétorqua Kelifa. Ce gus bosse avec Venamia. On l’explose !

Mais D-Zoroark leva une main.

- Je ne désire pas vous combattre, chers humains. Je voulais seulement vous rencontrer. Voyez-vous, j’ai un grand faible pour votre race. Je vous ai longuement étudié, en me faisant passer pour l’un des vôtres. Je trouve ça formidable qu’il existe plusieurs genres d’humains avec des capacités différentes, comme vous, les Gardiens de l’Harmonie.

Les trois Gardiens furent surpris par le ton désormais cordial et amical de la machine. Ad aurait bien aimé lire ses intentions réelles avec le Don, mais son pouvoir ne fonctionnait pas sur lui. Évidement. Le Don agissait sur l’esprit des êtres organiques, mais ne pouvait rien sur des machines.

- Tu as tué tous ces soldats juste pour nous attirer jusqu’à toi ? S’indigna Narek.

- Ah, bah, c’étaient des humains normaux, comme il en existe des milliards, se justifia le Pokemon Méchas.

Kelifa intervint avant que Narek puisse répondre d’un ton outré.

- Je crois qu’il est inutile d’épiloguer sur la valeur de la vie humaine avec ce tas de boulons. Réduisons-le en pièces détachées, je vous dis !

- Je crains que vous ne soyez tristement impuissants face à moi, les prévint D-Zoroark. Comme vous l’avez vu, votre Don est inutile, et ce ne sont pas vos Pokemon qui me feront grand-chose. Même les Mélénis Crust ont du mal face à nous. Nos corps sont quasiment indestructibles grâce au Sombracier qui le constitue, nos pouvoirs sont immensément supérieurs à ceux de nos modèles Pokemon, et notre système central est capable de réagir à une vitesse qui serait impensable pour vous.

Ad aurait pu le suspecter de mentir bien sûr, mais Galatea lui avait déjà parlé de ces bestioles mécaniques, et elle avait effectivement galéré comme pas possible. De plus, Ad ne pouvait pas déployer toute l’étendue de ses capacités dans un espace réduit comme celui-là, et s’ils usaient trop d’explosions ici, le plafond allait leur tomber sur la tête. Elle fit donc disparaître son arc. Kelifa interpréta cela comme un ordre, et à contrecœur, fit de même avec son fouet.

- Qu’est-ce que tu veux alors ? Demanda Ad.

- Rien de particulier. Je vous l’ai dit, je voulais juste vous rencontrer. En dépit de ce que vous pouvez penser, je ne suis pas allié à Venamia. Elle m’accueille en échange de quelques infos ou services, mais je ne travaille pas pour elle. Je suis… disons… un observateur indépendant. Vos guerres sont pour moi le meilleur des divertissements ! Que Venamia gagne cette bataille, ou que ce soit vous, peu m’importe. J’aurai toujours un camps dans lequel me dissimuler sous une forme ou une autre.

- Bon, tu nous as vu alors. Tu peux nous laisser passer maintenant ? Ou mieux tiens, tu peux aller foutre le bordel dans les troupes du Grand Empire plus loin pour nous aider ?

- Oh hé ! Fit Kelifa, indignée que sa chef demande l’aide de l’ennemi.

Mais D-Zoroark éclata de rire. Un rire mécanique fichtrement flippant.

- J’ai décidé que je vous aimais bien, Adélie Dialine. Votre culot est très rafraichissant. Soit. Par souci d’égalité, je vais aller tuer autant de soldats de Venamia que j’ai tué des vôtres. J’espère que nous nous reverrons.

Il s’éloigna dans les ténèbres de l’égout, laissant les trois Gardiens quelque peu étonnés. Quelque secondes plus tard, Faduc vint les rejoindre avec son Latios et tout un groupe de sbires Rockets.

- Lady Dialine ! Vous allez bien ? Qu’est-ce qui…

Ad l’arrêta avec une petite pichenette du doigt sur le front.

- Heureusement que je t’avais dis de pas nous suivre, sale gosse.

- Je m’inquiétais pour vous, se défendit le jeune homme. Mais j’ai attendu des renforts. Vous avez eu l’ennemi ?

- Il est reparti tranquillou.

Ad n’en dit pas plus, même devant l’expression d’incompréhension de Faduc. Elle ne savait pas trop que penser de ce Pokemon Méchas, mais son existence même rebattait les cartes de la vision du monde qu’Ad avait jusque là… et qui ne cessait de changer beaucoup, ces derniers temps. Ce qui l’inquiétait, c’était que même si ce D-Zoroark était sincère dans son intérêt pour les humains, si les autres comme lui étaient moins sympathiques, les humains risquaient d’avoir mal, un jour ou l’autre…





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Note de l'auteur : Les images de Lopchu, Kung-Fufu et Artemillion sont à voir sur la fic les Gardiens de l'Harmonie, pour ceux qui ne les auraient pas vues. Auquel cas, il pourront aussi lire la fic en même temps :D