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Echos Infinis de Icej



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» Auteur : Icej - Voir le profil
» Créé le 03/10/2016 à 16:53
» Dernière mise à jour le 30/03/2020 à 07:20

» Mots-clés :   Action   Aventure   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de shippings

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Épisode 29 : Le temps des bêtises
(Échos du passé)
Elle était enfouie dans une riche toison verte, forêt d’émeraude, d’anis, de pommes, d’épices. Elle était agrippée à de larges épaules, rassurantes, chaudes et douces contre ses paumes nues. Une mélodie s’élevait, riche comme les épices et chaude comme les muscles de son porteur. Élin chantonna doucement en cadence avec leur avancée, ses entrailles fondant, se fondant avec le tempo de la vie.

Soudain elle se retrouva toute petite, toute nue sur du carrelage blanc, les jambes écartées—quelqu’un était penchée sur elle, elle discerna un halo blond—puis tout son corps trembla et brûla, elle hurla et pleura et tapa de ses petits poings, mais il ne l’écoutait pas, il augmenta la décharge ÉLECTRIQUE—

Élin s’éveilla en sursaut, le matelas bas-de-gamme du centre grinçant sous son corps d’adolescente. Leur chambre était plongée dans une noirceur terrible qui attaquait chaque pore de sa peau, ruisselait entre ses articulations. L’adolescente resta immobile, saisie de bouffées de chaleur. Toutes ses muqueuses brutalement asséchées, craquant sous la pression de son cartilage.

Elle se rappelait. Elle se rappelait. Elle se rappelait.
Elle se souvenait de son cauchemar.

—chacun de ses battements de cœurs et souffles s’étiolaient, s’étiraient en minutes angoissantes, en quarts d’heure, en demi-heures—

C’était la première fois que ça lui arrivait ! La première fois… que… Un pic de douleur. La jeune fille se recroquevilla, pressant deux paumes lisses contre ses prunelles écorchées. Un râle rauque racla sa gorge palpitante, se traînant aux commissures de lèvres gercées. Dans la tais d’oreiller collée à son coccyx, elle pouvait sentir ses Pokéball, et dans les boules de métal les créatures s’agitaient, anxieuses… non… comment pouvait-elle deviner les pensées de ses compagnons immatériels…

Lentement, la douleur parti. Mais sa peau resta aussi sèche qu’un parchemin ancien, ruiné par le temps.

Après quelques minutes, quarts d’heures, demi-heures, sa lèvre craqua—et une grosse goutte de sang coula jusqu’à son menton, suinta jusqu’à son vieux tee-shirt « MEILLEURE DRESSEUSE ».

Tremblante, Élin se pencha vers l’échelle au pied de son lit, et la descendit lentement, le bois gémissant sous son poids. Les entrailles nouées. Ses pieds nus touchèrent le sol froid en un bruit mat, et elle se reposa une seconde contre les poutres du meuble, essoufflée. La gamine pria pour que ses amis ne s’éveillent pas, jouant avec les aspérités du bois, ses pensées dérivants. L’accueil du centre distribuait des dolipranes—cela lui suffirait certainement—elle n’était pas malade après tout, elle avait juste eut un coup de chaud.

Un cauchemar.

Une fois remise, l’adolescente s’avança vers la direction où se trouvait la sortie, selon ses estimations. Elle tâtonna un instant, attrapa le plastique lisse de la poignée, et s’éclipsa discrètement, silhouette momentanément léchée de lumière. Le couloir du centre était entièrement désert—incroyable quand on savait que l’auberge logeait plus de trois mille dresseurs en moyenne. Et encore, cette figure pâlissait face au centre de Volucité…

Élin secoua la tête, saisie de vertige face à tous ces chiffres. Elle s’avança, en boxers et tee-shirt, pieds nus, sur la moquette grisée du corridor… Et s’arrêta net quand elle discerna Syd qui remontait les escaliers, à l’autre bout du couloir. L’adolescent hésita aussi un instant, puis la reconnu et s’approcha, fronçant les sourcils.

— Tu ne dors pas ? s’inquiéta-t-il, la dévisageant.
— Non, je… bafouilla-t-elle en réponse, l’esprit embrouillé. J’ai… je crois que j’ai besoin de médicaments, il y en a peut-être à l’accueil…
— J’en ai dans mon sac si tu veux, proposa-t-il immédiatement, attrapant son coude pour la guider vers leur chambre.
Mais Élin se soustrait à son emprise, baissant les yeux.
— J’ai fait un cauchemar…

Syd se raidit, et retira sa main. Un cauchemar… et que devait-il faire… ? La réconforter ? C’est ce que sa famille faisait quand il était petit, lui offrant une tasse de thé et de nombreux câlins. Mais lui n’était pas très tactile, et…

Il avait trahi Élin sur le Ferry, à la Mélodie du Répit, au Château Enfoui. Il suivait une trajectoire honteuse, suicidaire, la spirale du pire. Comment pouvait-il prétendre réconforter quelqu'un ?

— Syd… sans un mot de plus, la gamine se laissa glisser contre le mur du couloir, seul ses yeux noirs s’accrochant à son ami.

Quelque chose en Syd craqua.

— Tu veux… en parler ? marmonna-t-il, mal à l’aise.

Elle fit non de la tête.
Lentement, il s’assit aux côtés de la blonde, sans la toucher, sans la regarder.

— Tu veux parler d’autre chose ?
— Qu’est-ce que t’étais parti faire au Château Enfoui ?

Super sujet.

— Je me suis perdu, souffla-t-il.
— Comme dans les égouts de Volucité ?
Touché. Il ricana, fermant les yeux.
— Apparemment, oui…

Un sentiment de nausée le saisi, et sa tête tomba en avant, droit dans ses paumes.

— Tu fais peur… ajouta la blonde, sa voix venant de l'autre côté d'un brouillard.

Peur ? Hein ? Peur de quoi ? voulut demander Syd, cette question le brûlait, frénétique ! Et lui, de quoi avait-il peur ? Mais il se retint, avec la maîtrise de soi terrible qu’il avait acquise depuis tout petit. Seule manifestation de son déchirement secret : son regard chuta du plafond à la moquette. Elsa avait entendu sa conversation avec Anto...
Élin ne le remarqua pas : elle aussi avait essayé de déglutir… mais il ne lui restait plus aucune salive.

— Tu t’es coupé la lèvre, murmura Syd.
— Peut-être durant mon cauchemar, mentit-elle.
— Tu devais avoir très peur, durant ton sommeil.
— C’est pour ça que je me suis réveillée, sans doute.
La conversation était surréaliste ! Comment—
— Élin… est-ce q-que… tu as peur de quelque chose ?

Elle semblait avoir une vie lumineuse. Elle se liait facilement aux autres, elle était entourée de ses Pokémon—quatre alors que Syd s’estimait uniquement capable d’en élever deux… Élin souriait tous les jours.
(Elle pliait le monde à ses caprices, rigolant—)
Mais cette fois, au lieu de son rire mordant, ne sortit qu’un ricanement sombre, presque sifflant, terminé par une quinte brutale de toux.

— J’ai peur de tout, avoua-t-elle d’une voix rauque, pupilles dilatées et poings crispées. Depuis toute petite, je suis terrifiée par le silence… Ou l’enfermement… Là, tout de suite, j’ai peur que Hope se soit réveillé, qu’il veuille sortir, qu’il soit inquiet pour moi. J’ai peur de causer du souci à mon père parce que je suis enfuie. J’avais peur que vous ne m’aimiez pas au début, et j’étais malade à l’idée que Bianca me vire du voyage—elle avait une expression noire, railleuse—et en plus de cela j’avais peur que Baggy ne m’obéisse jamais, cette tête à claque.

Syd se tourna lentement vers elle, stupéfié. Mais son amie ne le remarquait pas, poursuivant avec passion et défi—

— Le truc, c’est que j’ai appris à vivre avec cette peur ! Avec les regrets, aussi ! J’aime la peur, j’pourrais en croquer comme du chocolat ! Comment tu veux vivre une vie sans la peur, hein ? Comment tu veux vivre une vie, si… si tu n’as pas à la fois le sucre et le sel, l’idéal et la réalité ?

La voix de son amie, se brisa.

— Le pire… c’est que c’est grâce à toi que j’ai appris ça… quand vous m’avez mis « en probation », ça m’a tellement marquée, j’ai réalisé ce que je pouvais perdre… et sur le Ferry aussi, j’ai été naze… rigola-t-elle faiblement. Toi, tu avais l’air si fort.
— Sur le Ferry… commença-t-il, sa voix le trahissant—
— Mais j’ai réalisé que tu n’étais pas fort, le coupa-t-elle brusquement. Au contraire, t’es putain de faible, Syd.

Il hoqueta.

— Parce que toi, tu n’acceptes pas de vivre avec la peur—tu es terrifié. Cela veut dire que tu n’as pas la force de vivre avec.

Le jugement final était tombé, brutal.
Les mots d’Élineera avaient plongé dans son cœur comme un couteau sale et rouillé, tâché par ses erreurs.
Et Syd ne trouvait rien, rien à répondre.
Dire que quelques secondes plus tôt, il avait été prêt à tout lui avouer, il avait débuté : « Sur le Ferry… ».

— Bref, t’es louche, épilogua Élin sur un ton monocorde. C’est louche, quelqu’un qui a tout le temps peur. En plus, depuis le début du voyage, tu louvoies, un coup c’est « cœur-cœur-cœur » je vous aime et un coup tu nous ignores avec l’air de porter le ciel sur tes épaules… mec, confonds pas, ça c’est le boulot de Regigigas…

Et cette dernière remarque, ridicule dans l’atmosphère pesante, arracha un rire hystérique à Syd. Élin sursauta à peine, mais l’observa se recroqueviller nerveusement, les yeux écarquillés, pour la première fois entièrement tournée vers son ami.
Les lumières jaunâtres du centre jouaient sur leurs cernes.

— Dis… hoqueta Syd, essuyant une larme. T’étais pas supposée avoir eu un cauchemar ?

Élin ne lui répondit rien, impénétrable.
Silence de gomme.
Peurs de sable fin.

— Et si… j’étais un traitre ? hasarda-t-il, d’une toute petite voix.
C’était presque un aveu.
— Je m’en fiche, dit simplement Élin. J’ai décidé que je te suivrai jusqu’au bout.

Ses paroles résonnèrent, glacées, parmi les échos infinis du temps.


(Disparition)
Vers midi, Mélis toqua à leur porte. Le dresseur portait une chemise à moitié ouverte et affichait un air préoccupé. Sous ses sourcils froncés et ses yeux gris tombaient des cernes noires.Elsa recula, le cœur battant, laissant la porte s'ouvrir. Élin et Syd, qui discutaient dressage, se retournèrent et lui lancèrent un salut inquisiteur.

— Dites, les mômes, vous n'avez pas vu Maëlle ? demanda l'adulte. Elle m'a laissé un mot pour me dire qu'elle irait loger chez un ami et s'occuperait des échantillons d'Oryse, et sa Jeep a disparu... elle est passé vous dire au revoir ?
— Non... répondit Syd, prudent.

Elsa lui lança un regard soupçonneux.


(Étape finale)
Des parois rugueuses de la grotte se détachait une plaque entièrement lisse. Parmi les ténèbres, cette subtile différence était uniquement remarquable par des doigts fins, tâtonnants. Souffle retenu. Recherche patiente. Le froid de la caverne engourdissait les membres découverts, attaquait la peau fragile. Puis—cette pierre lisse, enfin—plaque, porte, portail.

Elles inspirèrent.

Lentement, les femmes aplatirent leurs paumes, doigts étendues, contre la paroi. Alors, comme une exhalation, trois halos spectraux se détachèrent de leurs corps, suivant leurs vaisseaux sanguins jusqu’à leurs mains, phalanges, première, deuxième, troisième jusqu’à bout des ongles… La porte luisit doucement, irisée, s’illuminant à la fois d’azur, de rose et d’or.

D’un coup, elle s’effondra.

Ne laissant qu’un vide froid, et les ténèbres.
Immédiatement, les deux femmes y plongèrent, sans hésitation ou regard en arrière.
Leurs pas ne résonnaient pas contre la roche, et l’obscurité absorbaient leurs souffles glacés.
Sans lumière, sans tempo, le temps s’écoula. Peut-être une heure, ou plus.
Cela avait peu d’importance.

Puis—au loin—un faible scintillement. Les éclisses s’imprimèrent sur leurs rétines, blanches et légères, étoiles s’étiolant sur les parois de la grotte. Elles marbraient les ténèbres, zébraient la roche de lumière. Elles se fondaient dans le givre translucide.

Les femmes se hâtèrent, leurs traits peu à peu éclairés par le jour, la brillance du dehors. Sans prendre garde au gel ou aux aspérités de la roche, elles couraient. Et rapidement, elles atteignirent le seuil de la caverne, entrailles à ciel ouvert, surplombant une étendue indistincte de neige. Leurs yeux luttèrent pour chercher une limite, un horizon—mais les nuées grises se confondaient avec la blancheur de la poudreuse. Rien ne semblait exister au-delà de l’étendue gelée.

Alors les compagnes se retournèrent, observant la partie de la montagne dont elles venaient de se libérer… La roche abrupte s’élançait vers le ciel, perçant les nuages. Muettement, elles échangèrent un regard, et tâtonnèrent, à la recherche d’aspérités. Il restait peut-être seulement un kilomètre à escalader…

Anthéa sourit à Concordia, puis scruta le chemin qu’il leur restait à gravir, résolue. Au sommet du Mont Couronné, elle en était certaine, N les attendait.


(Doutes)
Elle glissa sa carte magnétique dans la fente de la porte, se faufilant dans la chambre une fois celle-ci entr'ouverte. Un rayon de soleil jouait sur la moquette. Elle grimpa l'échelle jusqu'au lit de Syd, posa ses mains sur les draps tièdes, chercha, chercha. Quel téléphone portable avait-il utilisé dans le désert ? L'avait-il caché sous son oreiller ?

Ses mains ne rencontrèrent que des draps lisses.

Lentement, la brune redescendit l'échelle et se laissa glisser à tête, le teint cireux. Comment allait-on la croire, sans preuves...?


(Le mystère est résolu)
Écorcia. Une minuscule ville au cœur d’une péninsule étroite, étouffée d’une dense forêt, envahie de Ramoloss. Une ville vieillissante, centre de tradition et de savoirs antiques. Fargas était un des gardiens de ce savoir. Depuis des dizaines d’années, il étudiait les propriétés des Noigrumes pour fabriquer des Pokéball, et étudiait des Pokéball pour mieux comprendre les Noigrumes. Pour le vieil homme, ce travail n’était pas juste un gagne-pain… il avait élevé la technique au rang de l’art comme sa mère avant lui, et il espérait que sa petite-fille reprenne l’entreprise.

Lila…

La jeune femme était actuellement occupée à préparer du thé dans leur petite cuisine. Elle et son grand-père attendaient que leur scanner livre ses derniers résultats sur leur projet en cours : des « MystèreBall » envoyées par Bianca Lenoir d’Unys.

Fargas écoutait les chuchotements de la pluie. Elle glissait lentement le long de la vitre du salon, goutte à goutte sur les vieux carreaux teintés. Et le vieil homme observait le centre-ville verdoyant d’Écorcia, belles chaumières se perdant sous les chênes et la grisaille. En été, le Sud de Johto s’assombrissait, saturé de pluie et d’humidité. Ce jour-ci, les averses avaient été si furieuses que la famille avait dû fermer les fenêtres…

Que les semaines s’écoulaient tranquillement, dans la quiétude de la demeure…

Soudain le scanner émit un BIP strident, faisant sursauter à la fois le grand-père et la petite-fille. Cette dernière jura, une attitude qui ne plaisait guerre à Fargas, et se rua vers la machine, abandonnant sa décoction. Il la vit s’affairer autour du digitaliseur dans la pénombre, trifouillant ceci ou cela, il ne saurait dire. C’était Lila, après tout, qui avait apporté tant de modernité à leur travail—un ajout dont il restait méfiant. Il ne s’en servait que pour des cas complexes, où les techniques traditionnelles se révélaient insuffisantes…

Comme pour ces mystérieuses MystèreBall.

Lila jura de nouveau, et il s’apprêta à la réprimander—mais sa petite fille pâlit, écarquilla les yeux. Brusquement, elle appuya sur une série de boutons, alors qu’il semblait à Fargas que l’analyse était finie…

— Ça ne va pas ? s’enquit-il avec un calme voulu, s’approchant de la jeune femme. La machine ne fonctionne pas correctement ?
— Non, ce n’est pas ça, répliqua Lila d’un air troublé. Tu peux attendre un moment, s’il-te-plaît ? Juste deux secondes. Il faut que… il faut que je confirme les résultats.
— Non. Explique-moi quand même les résultats provisoires ! exigea le plus vieux, qui pour toutes ses qualités… avait toujours été d’une impatience remarquable.

Mais sa petite-fille ne fit que lui jeter un regard exaspéré et froncer les sourcils.
Tant de défiance insupportait Fargas.

— Je viens de te faire une requête, Lila, s’offusqua-t-il, sévère. Les mots t’auraient-ils échappé ?
— Rah, combien de fois je dois te rappeler que je suis une adulte, maintenant ! s’énerva sa petite-fille en réponse. Si je te dis de patienter, c’est que—

À cet instant, le scanner émit un nouveau signal sonore, et la famille se figea, toute dispute oubliée. Une série de codes s’afficha sur l’écran de la machine, identiques aux précédents. Lila se prit la tête entre les mains, plongeant dix doigts tendus dans ses courtes mèches brunes.

— Merde, ce n’est pas possible… gémit-elle, prête à relancer une analyse.

Mais Fargas l’arrêta net, engloutissant son coude dans une poigne brusque. Il fronça les sourcils, prenant quelques secondes pour comprendre et reconnaître la série de chiffres. Et alors, le vieil homme se décomposa.

— Cette s-série de nombres… réalisa-t-il, les mains tremblantes. C’est le code des…
— Non, attends, je recommence ! le coupa Lila—
— Ce code indique que les MystèreBall ont contenu…

Ils se regardèrent longuement, incapable de prendre une décision. Se noyant dans des conclusions, des hypothèses qu’ils refusaient pourtant de considérer.
Un silence glacé balaya la vieille demeure.
Et contre la vitre, les chuchotements de la pluie.

— Il faut que je prévienne Bianca.

Et contre la vitre, les chuchotements secrets de la pluie.


(Ashes to Ashes)
Elle glissa sa carte magnétique dans la fente de la porte, se faufilant dans la chambre une fois celle-ci entr'ouverte. Un rayon de soleil jouait sur la moquette. Cette fois, elle remarqua un sac au pied de la mezzanine. Le sac de Syd.

Le cœur battant, elle se jeta sur la besace.

Ce matin, il était remonté dans leur chambre, et s'était de nouveau enfoui sous sa couette pour fuir le groupe. Aucun des trois n'avait remarqué sa fuite, pensant sans doute qu'il était allé nourrir les Pokémon. Après tout, se recoucher à peine levé était une attitude étrange pour Syd, toujours le plus organisé, celui sur lequel on pouvait toujours compter pour mettre la main à la pâte... Mais il devenait fou. Il paniquait au moindre mot échangé. Il avait besoin d'être seul pour se répéter ses mensonges en boucle—

La porte s'ouvrit doucement, tout doucement, et depuis le haut de sa mezzanine il retint son souffle. Un murmure léger. Elsa. Puis il entendit une main ouvrir délicatement la fermeture éclair de son sac, qu'il avait laissé au pied du lit. Le sac dans lequel se trouvait le téléphone Plasma, et... bien caché dans une double couture... le Galet Blanc.

Elsa allait découvrir sa trahison !

Vite il se redressa le coeur au bord des lèvres au moment où elle sortait le téléphone Plasma, fronçant les sourcils, l'autre main toujours plongée dans sa besace à la recherche d'autres d'objets suspects et—la porte éclata contre le mur. Ils sursautèrent—le regard d'Elsa capta le mouvement de Syd et elle écarquilla les yeux, rougissant—Élin se tenait à la porte, illuminée d’un sourire comblé, traînant un Mélis blasé.

La gamine, rouge, ne comprit pas tout de suite la scène. Elle reprit contenance, et s’exclama : « Leafer vient de m’appeler, il arrive demain à Méanville ! ».

Mais Mélis fronça tout de suite les sourcils, son regard perçant scrutant l'expression honteuse d'Elsa, sa main toujours perdue dans le bagage de Syd. Après quelques secondes de silence, même la blonde remarqua toute la bizarrerie de la position d'Elsa.

La brune se recroquevilla. Sous le regard brûlant de ses amis, de Mélis. Elle trembla. Incapable de voir au-delà de sa honte, de son action misérable, la dernière idée qu'elle avait eu pour confirmer ses suspicions. Depuis des jours, personne n'avait voulu l'écouter : elle avait tenté de reparler à Mélis, mais il ne pensait qu'au départ de Maëlle, et Élin la traitait de jalouse dès qu'elle l'approchait. Elsa était seule—toute seule ! Elle n'avait pas eu le choix de mener des actions honorables, elle avait dû—mais pourquoi n'avait-elle pas directement confronté Syd ? Car elle n'avait aucune preuve. Cryptéro n'avait plus jamais retransmis la conversation, celle où elle avait cru déceler, au bout du téléphone, une voix suave et glaciale...

— Cryptéro, tenta-t-elle vaguement. Elle hoqueta : Cryptéro m'a répété la. La conversation de Syd.

Le concerné sentit son coeur plonger dans un bain de glace.

— Il a fini par la répéter, finalement ? demanda Mélis, se penchant vers la brune.
— Aucun rapport ! siffla Syd, dissimulant sa panique. Je parlais avec ma mère !
— MENTEUR ! hurla Elsa. On ne captait aucun réseau dans le désert !
— Alors comment j'aurais pu avoir une conversation au téléphone, tu te contredis totalement ! cria-t-il en retour, chutant presque de la mezzanine.
— Avec ça ! s'exclama-t-elle, se redressant, montrant le téléphone Plasma. C'est un téléphone différent de ta Pokémontre—

Mélis ouvrit la main pour s'en saisir. Il étudia le modèle du téléphone, fronçant les sourcils. Mais l'engin avait l'air tout à fait normal, si ce n'est qu'il n'y avait aucun bouton pour l'allumer. Peut-être s'activait-il automatiquement...

— Ce téléphone est un cadeau de ma part, claqua une voix froide.

Ils se tournèrent vers Élin, incrédules, incertain. Syd—une fois leurs regards éloignés, exhala avec terreur, chancelant sur le fil du rasoir. Il n'osait croire qu'Élin l'aide de cette manière, alors que les éléments suspects s'empilaient. Il aurait eu bien du mal à expliquer l'existence de ce modèle étrange sans elle et—il ricana, s'étouffant, tremblant comme une feuille.

— Ce que je trouve dingue, enchaînait la blonde, c'est qu'on demande à Syd de se justifier alors qu'Elsa est en train de fouiller ses affaires.

L'étudiante vacilla, son dos heurtant le mur. Sous le regard de Mélis qui grimaçait face au discours d'Élin, déçu tout en se trouvant incapable de contrer sa logique. Le jeune adulte avait déjà vu Écho minée pendant des jours, exécutant des actions extrêmes quand elle était amoureuse de lui. Il avait vu Matis se plier en quatre car lui, de son côté, était amoureux d'Écho. Les adolescents étaient vraiment des créatures irrationnelles... Et Elsa ne lui avait-elle pas avoué il y a quelques jours qu'elle était jalouse ? Une conversation où l'on donnait des directions, un téléphone portable un peu étrange... ces preuves n'étaient pas convaincantes.

— Tu devrais avoir honte, ajouta Élin avec colère. La gamine partit en claquant la porte. Mélis se dirigea à sa suite, soupirant.
— Pour le rappel, le nabot Leafer arrive demain... marmonna-t-il, coulant un regard désolé vers Elsa. Quand il referma la porte, il l'entendit éclater en sanglots.

Pendant quelques temps, seuls les pleurs de la brune brisèrent le silence.

Syd inspira un grand coup, calmant son coeur chancelant. Il passa une main sur son front moite, ses pensées filant comme la lumière entre ses doigts. Puis il se força à adopter un masque calme, et sauta de la mezzanine, récupérant son sac et le portable Plasma, échoué sur le sol. Il jeta un regard à Elsa, qui ne le regardait pas, roulée en boule.
Un long moment s'écoula, tandis qu'il cherchait ses mots. Devait-il l'enfoncer ou non ? Il était perdu. Et pourquoi... pourquoi Élin avait-elle menti pour le défendre ?

— ... Ok, soupira-t-il enfin.

Il s'écroula sur le seul lit inoccupé de la pièce, en face de la brune, et l'observa plus en détail. Ses bras était serrées autour de ses jambes maigres, sa jupes retombant en plis carmins autour de sa maigre figure, écrasée par le talon de ses ballerines noires. Parfois ses épaules tressautaient, sa taille avec, et le tissu tirait contre les chaussures, se creusant d'ombres.
Que devait-elle penser de lui ? De la conversation qu'elle avait entendu ?

— Cryptéro t'a retransmis une conversation que j'ai eu grâce à un téléphone spécial de Black Hei. Il l'a donné à Élin au cas où, et ce modèle capte partout. C'était avec ma soeur, tenta-t-il, lourdement. Comme je te l'ai dit il y a longtemps, je ne l'aime pas. Elle étudie la médecine à Sinnoh. Mais avant de partir là-bas, elle a fait un voyage initiatique à travers tout Unys. Le voyage qu'Otis... n'a jamais pu faire.

Quelques secondes de vide.
Puis... Elsa releva un regard outremer rougi, des prunelles gonflées.

— Menteur, souffla-t-elle. Pourquoi, alors, avais-tu une voix terrifiée ?

D'un coup, il se sentit sale, très sale. Mais il devait le faire.
Il devait utiliser Otis.

— Mon grand-frère vient de faire une rechute.


(Une ville de plaisirs !)
La foule du métro les engloutit, pressée, serrée, eux luttant à contre-courant. Des néons puissants balayaient leurs mines blafardes et leurs traits fatigués—surtout pour Mélis, qu’ils avaient dû tirer du lit. Mais le visage d’Élin s’éclairait d’un sourire excité, et ses yeux pétillaient. Elle tirait Syd et Elsa par le bras, impatiente, fronçant sans hésitation dans la masse grouillante d’inconnus. Des cris leur parvenaient, de la musique qui explosaient depuis les casques des voyageurs, et puis des annonces…

Élin avait convenu de rencontrer Leafer dans la section de la gare dédiée aux trains reliant Méanville et Ondes-sur-mer. Il attendrait sur le quai numéro sept avec son oncle, qui devait l’héberger durant son séjour dans la ville.

Leafer les vit d’abord. Il perçut les mèches volantes d’Élineera à travers la foule, remonta leur fil clair… et rencontra la bouille ronde de la jeune fille qui l’avait défiée, avec à ses côtés, deux de ses camarades. Le garçon fit signe à son oncle que c’était les amis qu’il attendait, et l’homme tira la valise de son neveu jusqu’au groupe, cherchant un adulte à qui confier son gamin.
Mélis lui apparu correspondre—à peu près.

— Bonjour monsieur ! lança-t-il, bourru.
— Oui… répondit Mélis avec circonspection, examinant les muscles de son interlocuteur et calculant la probabilité qu’il pourrait dégainer un Pokémon plus vite que l’autre son poing. Bonjour.
— Vous encadrez ce groupe de jeunes…
— On peut dire cela—en tout cas, je passe mon temps à leur courir après…

Pendant ce temps, chez les jeunes héros, de touchantes retrouvailles. Élin et Leafer s’étaient rapidement fait la bise, et même un câlin, et puis le jeune garçon avait enchaîné avec Syd et Elsa. Il demandait à présent des nouvelles de l’œuf qu’il avait vu éclore autour du feu de camp : Amagara.

— C’est toujours un bébé, débuta Elsa—
— Mais il est avec Oscar, donc tu ne pourras pas le voir… ajouta Élin, déçue.
— Pourquoi ça ? Il n’est pas avec vous ? chercha Leafer, fronçant les sourcils et scrutant la foule, espérant y trouver le baba-cool aux cheveux longs.
— Non. Il a eu des soucis de famille et a dû rester à Volucité, expliqua Syd. Par loyauté, il décida de passer à un autre sujet : que fais-tu à Méanville, au fait ?

Leafer, perspectif, acquiesça. Il n’avait connu le groupe qu’une seule journée, mais il sentait qu’il ne valait mieux pas irriter Syd, l’adolescent fermé et sérieux.

— Je suis ici pour commencer mon voyage initiatique ! sourit-il plutôt, avec un vague geste en direction d’Élin.
— C’est ce que tu nous avais dit quand on s’est rencontrés ! réalisa-t-elle un peu tard—et puis elle s’emporta : t’as quels Pokémon ? J’avais affronté ton Spinda, c’est ton starter, c’est ça ?
— Oui, et j’ai aussi deux Bargantua.
— Tu ne vas pas pouvoir les utiliser contre Inezia, observa Elsa.
— Effectivement, je pense que je vais demander un match simple…
— Et moi, je pourrais utiliser Trucmuche tu penses ? lança Élin, ravie rien qu’à l’idée de remporter un nouveau badge.
— Seulement si tu es suicidaire… coupa Syd, s’attirant un rire timide d’Elsa. Chovsourir possède le type Vol, qui est faible face à l’électrique…

Élin s’envola dans une réplique défiante sous l’œil amusé de Leafer, utilisant ses mains pour mieux appuyer son propos. Et Syd, en profita pour s’incliner vers Elsa, et lui glisser à voix basse…

— Je vais dire à Élin que c'était un malentendu.
Et elle de répliquer d'une voix blanche :
— M-Merci—

Mais la discussion des adultes touchait à sa fin. L’oncle de Leafer était à peu près satisfait que Mélis avait plus de trois neurones, et avait convenu d’attendre son neveu au Centre Pokémon, vers dix-huit heures. C’était surtout une offre inespéré de Mélis qui avait convaincu le quarantenaire méfiant : le dresseur avait en effet garanti qu’il pourrait obtenir à Leafer un créneau à l’Arène d’Inezia. L’attente pouvait sinon prendre des jours, ou des semaines…

— Tu es sûr de vouloir accompagner tes amis ? s’enquit une dernière fois l’oncle, étudiant la mince figure du petit.
— Oui, vraiment ! répondit celui-ci avec un sourire franc. Je suis désolé de te faire faux bond le premier jour…
— Mais non ! Un Voyage Initiatique est fait pour vadrouiller avec des amis, pas s’encroûter avec son vieil oncle…
— On se verra quand même à dix-huit heures, au Centre, répondit Leafer avec un rire gentil.
— Comme convenu.

Et l’homme s’éloigna avec la valise de son protégé, s’attendant sans-doute à de nombreux embouteillages avant de parvenir chez lui.
Élin sourit, prenant la main de Syd et Leafer, et se tourna vers Mélis.

— Bon, on se voit ce soir ? lança-t-elle malicieusement.
Quelques secondes passèrent avant que l’information n’intègre le cerveau du dresseur.
— Attends, non—
— Coouuureeeez ! hurla la gamine dramatiquement, et elle lâcha ses amis avant de plonger dans la foule, disparaissant entre les corps pressés.

Les deux garçons du groupe échangèrent un regard, déglutirent, et se lancèrent à sa poursuite. Elsa se figea, partagée entre le respect des règles, sa honte, et l’envie d’emmerder Mélis. Ce fut finalement sa dignité—ou l’envie d’emmerder Mélis—qui l’emporta et la brune se rua aussi à la suite de ses amis !
Ils laissèrent un Mélis catastrophé dans la poussière et éclatèrent au grand air, se déversant sur le parvis ensoleillé avec le monde de voyageurs, les joues rouges, haletants.

Et Elsa lâcha un rire léger.

[…]

Les quatre adolescents s’étaient réfugiés à quelques rues de la, dans un café qu’ils payaient avec leurs quelques deniers de dresseurs. Leafer balayait l’avenue de regards inquiets, s’attendant à repérer un Mélis furieux à chaque instant, tandis que les trois autres sirotaient leurs boissons, complètement blasés.

C’était, pour reprendre le cliché, une belle matinée de juillet. L’été avait perdu la légèreté de juin, mais il ne s’alanguissait pas encore d’aout—le soleil brillait avec vivacité, creusant les ombres colorés de Méanville, et un vent chaud chatouillait les terrasses. Le temps s’égrenait comme du sable fin au cœur d’un désert… chaque seconde portait la promesse d’une sœur identique, de minutes dorées, de journées d’été pareilles à la leur. Quand aout n’a pas commencé, on ne s’alanguit pas d’été.

— Mais c’est un dresseur très puissant, quand même ! répétait Leafer, déstabilisé.
— Mouais, commenta judicieusement Élin.
— Elle veut dire : il est paresseux, élabora Syd.
— À la limite, il pourrait utiliser Extrasenseur d’Eoko pour nous suivre à distance… médita Elsa.
— C’est quoi extrasenseur ? s’enquit Élin, intéressée.
— Une attaque, dit Syd.
— Et cela permet de nous senser ?
— Senser n’est pas un verbe.
— Ce n’est pas censé permettre de nous senser, expliqua gentiment Elsa. Avant de froncer les sourcils et de lâcher d’une voix hésitante :
— Syd, tu viens de dire que senser n’est pas un verbe ?

Et Leafer d’halluciner.
Sentant—sans mauvais jeu de mot—que la discussion allait mal tourner pour Syd, Élin recracha la paille qu’elle mâchonnait depuis qu’elle avait fini sa menthe à l’eau, et demanda sagement :

— Bon, maintenant qu’on est libres comme l’air, que fait-on de notre journée ?

Cette question plongea le groupe dans une réflexion intense. Leafer eut le malheur de dire que son oncle allait suivre un match de Pokéfoot à la télévision : Élin voulu tout de suite s’infiltrer dans le stade, argumentant que son père était le premier sponsor de ce match alors ils avaient intérêt à l’accueillir avec tapis rouge ! Elsa voulait quant à elle se rendre au Music Hall, une destination que préféraient largement Leafer et Syd sans oser l’avouer, mais Élin bouda jusqu’à ce qu’on convienne d’y aller après le match.

C’est ainsi qu’ils se retrouvèrent, une heure plus tard, cachés derrière les plus hauts gradins, après avoir traumatisé quatre gardes. Syd se bouchait les oreilles, grimaçant devant ce sport brutal, qu’il trouvait sans intérêt. Elsa hurlait des explications à Élin, ne ratant jamais une occasion pour transmettre son savoir. Et Leafer essayait de penser à autre chose, attendant que le moment passe… l’adolescent avait juste mentionné la journée de son oncle en passant, sans réfléchir—lui-même ne comprenait rien au Pokéfoot, cela ne l’intéressait pas—quelque chose qu’il semblait avoir en commun avec ce grognon de Syd.

Pourtant… réfléchit-il, les yeux happé par le sourire d’Élin. Pourtant certains s’émouvaient grâce au sport.
La blonde, inconsciente de son regard, sauta sur ses pieds et brandit le poing, encourageant l’équipe de la Ville Noire à pleins poumons. Elle était resplendissante de défi et de vitalité…
Après tout, le sport n’était qu’un autre moyen d’interagir avec les Pokémon. Au lieu de les entraîner pour se combattre, comme le dresseur, les athlètes travaillaient leur sens d’équipe et se soumettaient au même régime intense que leurs compagnons. C’était une autre manière, plus égalitaire, d’envisager les rapports avec ces créatures magiques…

— J’espère qu’on va leur nicker leur race à ces chochottes de Méanvillois ! lui hurla Élin, tapant du poing. Elle appela Baggy et enchaîna : tu vois petit moron, c’est comme ça que tu dois te battre durant un match !

Le Pokémon Wesh observa un Drakkarmin assaillir un Libégon d’un air blasé, puis rentra dans sa Pokéball sans autre commentaire qu’une injure en direction de sa dresseuse. Non mais. L’était folle, l’autre.
Pendant ce temps, Elsa souriait, levant les yeux au ciel. Elle attrapa l’épaule d’Élin, oubliant leur dispute dans le feu de l'action, et pointa le Libégon, ou plus particulièrement son Attaque.

— Tu vois ? cria-t-elle pour se faire entendre, la voix enrouée. Le Sonicboom du Pokémon sert uniquement à repousser son adversaire, pas à faire de dégâts !
— Mais c’est juste du son ! rétorqua Élin. Ça ne se touche pas, ça ne s’attrape pas, comment veux-tu que ça repousse ?
— Parce que le son est un liquide qui se propage de manière mécanique—sous forme normale il est seulement perçu par notre ouïe, mais les Libégon savent le rendre assez puissant pour être tangible !
— Quoii ?

Elsa soupira tandis que Syd se frappait le front, atterré. Mais Leafer se pencha en avant, pas assez habitué à Élin pour trouver son cas désespéré.
Le petit brun sourit, expliquant gentiment :

— Elsa veut te dire que les Attaques peuvent s’utiliser de manières très différentes ! Par exemple, mon Spinda connaît Danse Folle, une Attaque qui rend tous les Pokémon engagés confus. Mais je l’utilise souvent pour rendre Spinda confus car grâce à sa capacité spéciale, son esquive augmente de moitié !
— C’est intéressant ! meugla Elsa. Mais ne prends-tu pas le risque de réduire son efficacité ?
— Rouletabille s’est entraîné spécialement pour !
— T’as appelé ton Spinda Rouletabille ? beugla Élin.

Finalement, ils furent bien contents quand le match se termina, ne serait-ce que parce que leurs voix étaient totalement brisées. Surtout celle d’Elsa, qui ne supportait pas de crier. Suivant le flot d’enthousiastes—Méanville avait fini par remporter la coupe, l’humeur des locaux étaient donc au beau-fixe—ils se déversèrent sur le boulevard Victini.

Le Music Hall était à presque une heure de marche : il leur fallait remonter toute l’avenue. Mais Leafer était habitué à accompagner sa mère Ranger dans de nombreuses randonnées, et les trois autres ne faisaient que marcher de la journée depuis plus d’un mois. Depuis le temps, leurs quadriceps ne souffraient plus. Ils avaient tout simplement rendu l’âme.

Syd profita de cette marche pour prendre Élin à part, sous le regard inquiet d'Elsa. Il lui expliqua que la brune s'était excusée, qu'elle avait même eu de bonnes raisons de le suspecter. Il lui raconta la conversation que Cryptéro avait retransmis. Élin haussa les épaules. Elle se souvenait de la discussion que Syd et elle avait eu, dans le couloir du Centre Pokémon, et restait fidèle à elle-même : elle refusait de réfléchir au passé.

Le Music-Hall leur offrait une toute nouvelle expérience que le Pokéwood, beaucoup plus relaxante et moins tapageuse. Leafer, Elsa et Syd se décidèrent pour une pièce de théâtre contemporaine, et Élin les suivit après quelques dernières protestations. La salle où se tenait la représentation était toute en velours rouge, luxueuse à la manière des vieux amphithéâtres royaux… Leurs chaises étaient presque des fauteuils tant elles étaient spacieuses et rembourrées !

Tant mieux pour Élin, qui s’endormit dès le premier acte.

Elle trouva les commentaires animés de ses amis tout aussi ennuyants après la pièce, tandis qu’ils se trouvaient quelque chose à manger dans une petite gargote.

— La Sidérella était presque hypnotisante tant elle jouait bien ! s’enthousiasmait Elsa, des étoiles dans les yeux. La manière dont elle a dépecé l’écrivain, on croirait presque qu’elle aimait ça !
— Les Pokémon Psy en coulisse doivent être très puissants pour maintenir des illusions aussi réalistes, commenta Syd, pensif.

Autour de Ponchien-chauds, Leafer trouva finalement les mots pour l’intéresser. Il se pencha vers elle avec un sourire, et lui demanda simplement :

— Est-ce que tu aimes tes Pokémon !
— Bien sûr ! s’offusqua-t-elle au début, sans comprendre.
— Qu’est-ce que tu aimes faire avec eux ?
— Plein de choses, répliqua-t-elle, haussant les épaules. Les entraîner, leur parler…
— Tandis que les acteurs jouent au théâtre avec eux—comme les sportifs, d’égal à égal. C’est tout simplement une autre manière de se lier à eux, ou de les honorer, affirma Leafer.
— Peut-être…

Mais elle hocha du chef, et y réfléchit silencieusement, mâchonnant son sandwich avec énergie tandis qu’Elsa relançait Leafer sur ses rapports avec les Pokémon.
Syd la scruta, arquant un sourcil. Pourquoi était-elle si calme et facile avec Leafer, alors qu’elle agissait toujours avec défi quand il lui apprenait quelque chose ? Élin avait toujours été pénible, avec lui…

La blonde, ignorant tout de ses pensées, insista avec force et fracas pour qu’ils se rendent au parc d’attraction dès leur repas fini.
Et puisqu’ils n’avaient rien de mieux à faire avant leur match contre Inezia le lendemain, tous acquiescèrent.

Leur excursion les mena d’abord à l’ancienne arène, reconverti en stade d’auto-tamponneuses. Syd et Elsa, plutôt grands, passaient largement la taille minimum requise. Élin y arrivait, au centimètre précis… Mais Leafer était trop petit ! Du haut de ses douze ans il n’atteignait pas le mètre quarante. Ils furent donc tous redirigés dans la section enfant : quelle humiliation !

Élin les entraîna ensuite vers le train-fantôme, boudeuse, tandis que Leafer haussait les épaules avec bonne grâce… il ne cessait d’observer la blonde, comme hypnotisé, au grande dam de Syd. Aussi, durant les attractions suivantes, le dresseur prit bien garde de toujours s’asseoir à côté de la gamine—acceptant même d’essayer des montagnes russes alors qu’elles le rendaient toujours malade—.

Ils s'approchèrent de la grande roue quand le soleil déclinait, discutant à voix basse Une longue queue s’étirait vers le manège, serpentant parmi les allées fleuries du parc.

— Tout ça ! s’exclama Élin, dépitée. Ça va nous prendre longtemps…
— Peut-être faudrait-il partir... suggéra Elsa. Il ne faudrait surtout pas être en retard au Centre.
— Pas question ! J’ai envie d’y aller depuis toute petite !
Avant que la brune ne lance de réplique, Leafer s’interposa avec un sourire.
— Restons, alors.

Syd retint un soupir exaspéré, et il échangea un regard avec Elsa. Leur amie parvenait toujours à ses fins.
Cela prit bien vingt minutes, mais leur tour vint finalement. Pour cette attraction, la taille ne posait aucun problème, mais le nombre de personnes par cabine était limité : seuls deux humains par nacelle.

— J’y vais avec Leafer ! clama aussitôt Élin, taquine.
Les joues du petit brun se colorèrent.
— Je suis enchanté… souffla-t-il maladroitement sous le regard orageux de Syd.

Le neveu d’Aloé, coupé en plein élan vers son amie blonde, se retourna vers Elsa. Son cœur pulsant contre veines et poumons.
Elle ne le suspectait plus, les yeux brillants. Mais il avait honte d'avoir eu recours à tant de coup bas pour détruire ses doutes.

— À nous deux alors, sourit-il, enroué.

Et Elsa d’acquiescer.
Ainsi les adolescents s’engouffrèrent-ils, chacun à leur tour, dans une nacelle de verre coloré. Lentement ils s’élevèrent, admirant les teintes ambrées de Méanville sous le coucher de soleil… L’édifice complexe de la grande roue les amenait silencieusement à se délier.


(Illusions)
— Elsa bégayait avant, non ? s’enquit Leafer, brusquement gêné.

Mais son amie blonde resta muette, lui adressant uniquement un sourire de confirmation avant de se pencher vers le paysage. Seul le plancher de la cabine paraissait solide : le reste de son monde tanguait, il lui semblait qu’elle plongeait dans le vide à chaque mouvement de sa tête… pourtant les gratte-ciels extravagants de la métropole la fascinaient, elle ne cessait de s’accrocher à eux—du regard—les effleurant—de ses prunelles noires.

— Je n’aurais jamais imaginé, petite, qu’il y avait un monde aussi vaste au-delà de la Ville Noire… lança-t-elle simplement, ses doigts pressés contre la vitre.

[…]

— Je suis vraiment désolée... souffla Elsa, installée contre un bord de la nacelle.

Syd répondit difficilement à son rictus. Il se tourna vers la brune avec un vertige soudain—lui qui avait pensé admirer un peu le paysage—et déglutit difficilement. Elle était assise, mais il voulait rester debout, il mourrait d’envie de bouger, tourner dans la nacelle comme dans une cage, sauter, bondir, franchir, s’élancer, s’échapper—car il avait honte de lui mentir ainsi.

— Tu sais... énonça-t-il lentement. Le départ d'Oscar, puis la traversée du désert, nous ont tous fatigués. Surtout depuis le Ferry...
— Oui, fit-elle d'une petite voix.
— C'est normal que je te pardonne, dit-il. Tu es mon amie. Une amie précieuse.

Que je trahis et que j'enfonce.

[…]

— Moi aussi, quand j’étais petit… se rappela Leafer. Je n’avais vu que mon village, et le centre-ville d’Ondes-sur-mer. Puis mon oncle a déménagé à Méanville, et j’y suis allé quelques fois… mais je n’ai rien visité du reste d’Unys, et rien des autres régions.
— J’ai envie de voir le monde entier… répondit Élin, perdue dans le vague.
— Même la Fédération Ranger, où l’on a pas le droit de capturer de Pokémon ? rigola son ami, taquin.
— Ça existe ? s’exclama Élin, choquée.

Un silence gêné s’étira.

— Non je rigole, je savais, ajouta la gamine, blasée.
Leafer resta muet de soulagement.
— Mais qu’est-ce que vous avez à tous me croire à chaque fois que je dis une bêtise, n’empêche ? s’énerva-t-elle ensuite. Vous me prenez pour une débile ou quoi ? Y avait la télé chez moi je vous signale !

La logique est parfois bien étrange. Car ce fut à ce moment incongru, au sommet de la grande roue, devant une Élineera rouge et à cent lieux de la nacelle, que Leafer réunit tout son courage et avoua :

— Depuis ce matin, j’ai un cadeau à te faire !

Il ferma les yeux, fouilla dans sa besace en cuir et, priant pour qu’elle adore, tendit le présent à Élin.

[…]

— Si tu es d'accord... débuta Elsa, serrant les bras autour de sa poitrine. J'aimerais faire table rase. Passer complètement à autre chose, comme Élin l'a fait avec moi aujourd'hui.
— ... Ok, répondit Syd, hochant du chef.

Pourtant, ce n'était pas leur genre. Lui et Elsa se tourmentaient, se posaient des questions, ressassaient toujours le pour et le contre d'une décision avant d'agir. Ils ne pouvaient être insouciants comme Élin et Oscar, tout simplement « passer à autre chose ». Mais Elsa était prête à essayer, pour lui. Elle était prête à oublier comment il l'avait mise de côté dans le désert, comment il l'avait lâché lors d'une des meilleures journées de sa vie ; et puis l'humiliation du matin-même. La brune possédait cette force en elle...

Une ténacité formidable.

[…]

Élin décela en premier la couleur : un fuchsia irisé, rutilant à lumière qui filtrait dans la nacelle. Elle saisit le présent avec douceur, passant un pouce délicat sur sa surface lisse : c’était une écaille… mais elle ne savait pas de quel Pokémon.

— Cela vient d’un Mamambo, commença Leafer, nerveux.
— Mais cette espèce n’est pas rose, normalement ? demanda naïvement la blonde en retour.
— Si, si ! Justement… et avec un sourire, il expliqua : cette écaille vient d’un Mamambo shiny. On en trouve en moyenne un sur trois millions dans les eaux autour d’Ondes-sur-mer… Ma maman a eu sacrément de chance de le pécher.
— Vous l’avez mangé ?
— Évidemment que non ! s’exclama le brun, catastrophé. On l’a relâché !

Parfois, il se demandait d’où venaient les idées qui passaient par la tête de son amie !
Élin inspectait l’écaille avec émerveillement, réalisant qu’elle avait été percée d’un minuscule trou, et que dans se minuscule trou passait une minuscule chaîne en argent… Leafer lui offrait un collier.

— J’espère que ça te plaît… rougit le dresseur débutant, se grattant la nuque avec empressement. Je ne savais pas si tu portais des bijoux… mais si tu n’en portes pas, euh, je—
— Je n’en ai pas l’habitude, mais cela ne veut pas dire que je ne peux pas commencer ! le coupa Élin avec un sourire, abrégeant ses souffrances. D’ailleurs…

Et elle fouilla dans son sac-à-dos coloré, élimé, à la recherche d’un pendentif qu’on lui avait offert il y a bien longtemps. Ricanant un peu, elle extrait la Pièce Rune du bordel incongru de son bagage, et fit miroiter le métal doré au soleil à côté de l’écaille.

— Il n’y a pas de doute, ton cadeau est plus joli, siffla-t-elle. Mais tant qu’à faire, autant porter les deux !

Et elle requit l’aide de Leafer pour accrocher la chaîne à son cou, ses deux pendentifs tintant légèrement. Ils tombaient à la naissance de ses seins, juste à l’endroit où son débardeur se creusait, dévoilant deux épaules musclées. C’est ce que Leafer ne pu s’empêcher de remarquer quand elle l’entraîna dans un câlin reconnaissant, le remerciant bruyamment, et il eut chaud, et son cœur cogna violemment contre sa peau—

— Et sinon sais-tu que les écailles de Mamambo ont des propriétés thérapeutiques pour les Pokémon ? Elles peuvent aider à guérir toutes sortes de maladies ! Dommage qu’elles ne marchent pas pour les humains ! Il y a plein de chercheurs qui font des recherches dessus d’ailleurs mais ils ne trouvent paaas—

[…]

— Ok, ne reparlons plus jamais de cette affaire, répéta Syd. Et si Élin essaie seulement, je la frappe !
Elsa rigola.
— Elle appellerait Baggy, qui te ficherait une sacrée Balayette...
— J'appellerais Grotichon en retour, contra Syd.
— Tu as perdu ton match la dernière fois !
— Ce qui veut dire que je gagnerai le prochain combat !

Ils ricanèrent, un instant de légèreté.

— Dis... lança Syd, d'un coup sérieux. Pourquoi tu n'entraînes plus Amaryllis ?
— Ah... tu as remarqué, sourit Elsa.
— Évidemment. Mais nous n'avons pas eu l'occasion d'en parler.
— Eh bien...

Son regard se fit distant, se perdit dans le paysage caramélisé de Méanville. Il scruta son visage à l'étrange beauté, la manière dont elle se tenait droite et fière. Cassable comme de la porcelaine creuse.

— Je veux attendre qu'Oscar revienne pour vous expliquer ! finit-elle, haussant les épaules comme pour s'excuser.

Leur nacelle finissait sa décente, et il ne pouvait arracher de sa figure délicate.
Elsa n’avait jamais été aussi soulagée.
Il se leva, et la tira sur ses pieds, et lui fit un long câlin.
Elle rit un peu, retint quelques larmes, l'enlaça à son tour.
À présent leur vie pouvait redevenir… parfaite.

[…]

Les adolescents s’avançaient, les bras ballants, vers la sortie du parc d’attraction. Chacun ayant retrouvé une bonne humeur, les nerfs apaisés. Avec un peu de chance, ils ne seraient pas en retard au Centre Pokémon, et l’oncle de Leafer ne devinerait jamais que Mélis ne les avait pas surveillés de la journée !

Un vent joyeux accompagnaient leurs discussions et gestes animés, portant le récit d’Élin jusqu’aux autres passants qui quittaient le parc.

— Et le fou de la Galerie Concorde voulait absolument qu’on reste pour quelques jours ! Qu’on fasse tout le travail pour appâter les passants, les convaincre d’ouvrir une boutique sur place et tout ! Enfin, un truc de malade !
— Que tu étais sur le point d’accepter… rappela Elsa, amusée.
— Oui—euh non, jamais de la vie !
— Si, tu as même dit que cette entreprise te permettrait d’être plus riche que ton père—
— Lalala lalaaa !
— Et Mélis essayait de te tirer, physiquement, en dehors de la Galerie—
— Lalalaa si je ne t’entends pas c’est que tu n’existes paaas—
— Mais tu t’étais mise en position de Starmi.
— Bref !

Leafer ricana, fasciné par le manège des filles, et surtout par les épreuves dantesques qu’elles avaient traversées. Il ne doutait pas qu’Élin avait foncé dans le danger la tête baissée tant elle était courageuse—quant à Elsa, une intelligence terrifiante brillait au fond de ses iris clairs, et il voyait en la brune une adversaire formidable.

— Du coup, on est repartis fissa vers Méanville… reprit Élin, retrouvant le fil de ses souvenirs.
— Et, oh surprise ! On est arrivés pile à temps pour les embouteillages.

Il fallu quelques secondes au groupe pour identifier la source de cette remarque empreinte d’une douce autodérision.
Puis il fallu que l’information remonte à leur cerveau et circule par les bonnes synapses.
Enfin qu’ils la digèrent.

Syd a fait une blague ?

Les voix des deux filles se mêlèrent en un chaos suraigu, et même celle de Leafer—même s’il n’oserait jamais l’avouer, peu importe la violence de la torture—

Suite à cette réaction pour le moins choquée, le dresseur se vexa et replongea dans le mutisme, jetant un regard scandalisé à Élin et Leafer. Dont il avait reconnu la voix, peu importe combien de fois le petit brun s’évertuerait à la nier à l’avenir.
Quel cri de petite fille.

— Quand Syd fait une blague… annonça philosophiquement Élin… ce n’est pas Syd, mais un Zoroark.
— Comment on fait la différence ? s’enquit Leafer, méfiant.
— Un Zoroark fait des blagues. Un Syd n’en fait pas.
— Les Pokémon ne savent pas parler ! s’irrita finalement le neveu d’Aloé, incapable de se taire plus longtemps.

Mais la gamine lâcha un soupir dramatique, pour le plus grand plaisir de Leafer.

— Ok, si c’est à ça que tu veux jouer ! s’emporta alors son rival. Quand Élin connaît les attaques de ses Pokémon… ce n’est pas Élin, mais un Zoroark.
— Quand Syd ne tire pas une tronche de pauvre-gamin-incompris-torturé-de-la-vie, ce n’est pas Syd mais un Zoroark, répliqua la blonde du tac-au-tac.
— Quand Élin se tait ce n’est pas Élin, mais un Zoroark.
— Quand Syd se gratte les fesses ce n’est pas Syd mais un Zoroark.
— Ça n’a aucun rapport !
— Sauf quand on sait que t’as un balais dans le cul !
— T’es vulgaire !
Voilà quelque chose qui n’a aucun rapport !

C’est à cet instant qu’un rire clair les interrompit, et qu’une voix aux accents purs et précis les rejoint, taquine.

— Quand Élin se lave les pieds, ce n’est pas Élin, mais un Zoroark.

Silence dégoûté.

— Élin… tu veux aller voir un podologue ? hasarda Syd.
— Mais non ! rétorqua la gamine, frustrée. Chuis plus une enfant, je devrais au moins avoir le droit à un adologue, pas un pédologue !
— Oh Arceus… souffla son ami, absolument terrifié par l’esprit de la blonde.
— Élin, un podologue, c’est… ce n’est pas… tenta faiblement Leafer, dépassé.
— Quand Leafer ose finir ses phrases ce n’est pas Leafer, mais un Zoroark, le cassa tout de suite la dresseuse sans aucune émotion.

Le petit brun s’arrêta net sous le choc et chercha vainement quelque chose à répondre. Le reste du groupe le dépassa et mis quelques mètres à se rendre compte que leur camarade s’était figé, le visage encore dans une position offusquée.

— Faut-il vraiment retourner le chercher ? se demanda tout de même Syd, un index sur le menton.
— C’est plus prudent, jugea doctement Elsa.

À ces paroles, Élin trottina vers le petit brun, les yeux au ciel. Les deux observèrent leur amie s’éloigner, ses mèches dorées scintillant sous le coucher de soleil. Il leur semblait que les épis avaient blondis durant leur traversée du désert, se trouvant à présent beaucoup plus clairs…

— Quand Elsa et Syd sourient ce n’est pas eux, mais des Zoroark ! leur lança brusquement la blonde, faisant volteface.

Deux paumes heurtèrent avec violence les fronts des adolescents.


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So, est-ce que la transition avec Elsa fait naturel ? 8D