La légendaire quête du cookie au miel d'Apireine de Lief97

« ROBOT OKLM QUI SE FAIT CHIER AVEC UNE BANDE DE TARÉS RECHERCHE ACTIVEMENT FORME DE VIE INTELLIGENTE POUR RENCART. RELATIONS D’UN SOIR DE PRÉFÉRENCE. »

Annonce posté sur le KrénioNet par PROTOTYPE IA RX 5226.


***



Les marais puants laissèrent place à de jolies plaines perchées sur des falaises ; le vent apportait l’odeur salée de la mer, visible au loin près de la ligne d’horizon. Après avoir affronté ces mercenaires de pacotille, il n’avait fallu qu’une nuit et quelques heures de marches supplémentaire pour parvenir jusque-là : et déjà, les rumeurs disant que l’est de Krénios était magnifique s’avéraient.

— MISE À JOUR DISPONIBLE POUR PROTOTYPE IA RX 5226. VOULEZ-VOUS LA TÉLÉCHARGER ?
— Tais-toi, Jack, grommela Antoine. On est presque arrivés.
— VOUS AVEZ UN REÇU NOUVEAU MESSAGE DE LA PART DE : Professeur Cumulo Nimbus, de Citéfol. VOULEZ-VOUS L’ÉCOUTER ?

Ticho, posé près de la tête de Jack au sommet du gros sac à dos d’Antoine, haussa les sourcils, surpris.

— L’autre vieux débile est assez intelligent pour nous envoyer un message ? Tichôôô, c’est louche, ça.

Julie et Insolourdo, qui traînaient derrière, accélérèrent pour se rapprocher. Antoine soupira.

— Allez, Jack, fais-nous écouter cet imbécile de scientifique.
— BZZZZ… Ras-le-bol de ces inventions qui fonctionnent pas ! Bordel, c’est quoi, cette notice rédigée en langue Zarbi ? Comment qu’on fait pour envoyer ces foutus messages vocaux ? J’aurais mieux fait de conserver ce prototype que m’ont pris ce gosse et cet horrible oiseau de malheur… C’est quoi, ce bouton rouge, là ? Ça fait peut-être quelque chose si j’appuie dess… BZZZZ….

Ticho secoua la tête, exaspéré.

— Je me doutais bien qu’il n’était pas assez intelligent.
— Il est mort, vous croyez ? demanda Julie. Il a fait explosé un truc, à la fin, non ?
— J’espère, mais... il tient trop à son Pétabull pour mourir si facilement, rétorqua le Pokémon Vol.

Insolourdo interrompit la conversation :

— Ne serait-ce pas un de ces villages pittoresques typiques de la région, que j’aperçois juste en face de cette vaste prairie ?

Devant eux, coincé sur un plateau rocheux et dominé par une petite montagne qu’ils voyaient depuis plusieurs heures déjà, se tenait un village aux maisons de bois et aux toits de chaume. L’endroit semblait animé et plein de charme. Ticho lâcha un grognement.

— Ouais, limace savante. Voilà un autre bled paumé. Je le sens déjà venir, le nom du village.
— Allons-y, lâcha Antoine en souriant, rassuré. Le sage dont parlait Jack doit s’y trouver. On va enfin avoir un indice sérieux sur la recette du cookie au miel d’Apireine.
— T’excite pas trop, hein, répliqua Ticho, de mauvaise humeur. J’ai le sensation qu’il reste encore trop de chapitres pour qu’on soit si proches du but…


***


— Qu’est-ce que je disais ? Un autre nom de merde, tiens. « Hon-népaloindelamèrr ». Sans déconner, ils l’ont trouvé comment, celui-là ?
— Tais-toi, dirent Julie et Antoine en chœur.

Le garçon se dirigea tout droit dans la rue principale, une artère pavée encadrée de petites maisons aux façades ocre. Des habitants vaquaient entre les étals de quelques devantures colorées, un grand sourire aux lèvres. Humains et Pokémon se promenaient, vendaient, achetaient, discutaient, l’air naïfs. Les toits des maisons eux-mêmes semblaient respirer le bonheur.

— Ça pue le gnian-gnian, par ici, murmura Ticho à Jack.
— JE SUIS TOTALEMENT D’ACCORD AVEC TOI, CANARD.
— Je suis un Canarticho, Jack. Pas un simple canard !
— ET MOI, JE NE M’APPELLE PAS JACK, CONNARD. JE VEUX DIRE, CANARD.

Ticho s’apprêtait à frapper la tête de Jack avec son poireau quand Antoine se dirigea droit vers un homme posté au coin d’une rue.

— Excusez-moi, dit Antoine. Nous cherchons un sage, qui vit dans le coin. Vous pouvez nous renseigner ?
— Oh, vous cherchez le Sage 33 ? Il faut suivre le chemin vers la montagne du vent, juste dans cette direction. Il doit méditer au sommet, comme il le fait chaque matinée.
— Hé, attendez deux secondes, intervint Ticho. C’est qui, le Sage 33 ? Pourquoi ce nom, tichôô ?

L’homme se tourna vers lui, lui souriant avec euphorie.

— Parce que ce n’est un sage qu’à 33%, bien entendu, répondit-t-il.
— Ah ouais. Encore un con, quôa.

L’homme ne se départit pas de son sourire. Il avait l’air heureux, pour aucune raison.

— Je ne sais pas, monsieur l’oiseau. Je ne le connais pas personnellement.
— Merci, m’sieur, lança Julie. On doit vite y aller pour que Toinou trouve sa recette.
— Arrête de m’appeler Toinou !

Le groupe quitta rapidement Hon-népaloindelamèrr en continuant leurs disputes comme ils en avaient l’habitude. Julie continuait à parler de sa voix criarde, Tichô à grogner et à se plaindre, Insolourdo à lancer de longues répliques soutenues qui horripilaient ses compagnons, et Jack à se moquer de chacun d’eux sans distinction.

La montagne s’éleva devant eux ; le chemin était pentu. Julie soupira d’avance.

Ticho se vanta d’être un oiseau.

Puis le groupe se lança dans la montée, espérant profondément que ce Sage à 33% pourrait enfin leur révéler quelque chose d’utile à propos de leur quête insensée.


***


Au sommet de la montagne du vent, le Sage 33 observait l’horizon brillant de l’océan.

C’était un Dodrio. Les trois têtes, le regard perdu dans le vague, semblaient plongées en profonde réflexion.

— Qui suis-je ? murmura la tête droite. Où vais-je ?
— Pourquoi y a-t-il tant d’inégalités dans notre société ? renchérit celle de gauche.
— Et si tout ce que je croyais être réel n’était qu’une illusion ? termina la tête centrale, plus philosophique.

La tête de gauche crut entendre un bruit derrière elle.

— Oh ? Y’a quelqu’un !

La patte gauche de Dodrio, qui obéissait à 50% à la tête associée et à 50% à la centrale, tenta de faire demi-tour. Mais les deux autres têtes décidèrent de rester immobiles. Elles rouspétèrent :

— Arrête ça, Bob ! dirent-elle simultanément.
— Mais nous avons des invités, malpolis !
— Qu’ils attendent ! lança Marcel, la tête de droite. Nous méditons sur le sens de la vie !

Bob soupira et s’adressa à la tête la plus mature des trois, celle qui était sage et grâce à laquelle Dodrio était intelligent à 33%.

— Albert ! Il faut respecter nos invités quand il y en a, non ?
— Tu as sans doute raison, Bob.

Dodrio pivota enfin.

Julie, Antoine, Insolourdo, Ticho et Jack, bouche bée, le regardèrent avec circonspection. Apparemment, ils avaient suivi la discussion depuis le début. Ils semblaient sur le point d’éclater de rire, ou alors de pleurer, difficile à dire.

— Euh… hésita Antoine. C’est vous le… le Sage ?
— Le Sage 33, c’est nous ! s’écria Bob.
— Plus précisément, c’est Albert, annonça Marcel en montrant du bec la tête du milieu.

Albert, le Sage, s’exprima avec douceur.

— Enchanté, humains, Pokémon et… tête cubique. Puis-je vous être utile ?
— Bah… j’espère que oui, répondit Antoine.
— Bizarrement, j’ai un doute, là, tichôôô.

Les autres ne relevèrent pas, conscients que pour une fois, tous étaient sur la même longueur d’ondes. Un oiseau à trois têtes et schizophrène n’était pas vraiment ce qu’ils pouvaient considérer comme une aide rassurante.

— Je cherche la légendaire recette du cookie au miel d’Apireine, continua le garçon. Vous savez quelque chose de précis sur elle ?
— Bien sûr, répondit Albert. Je l’ai déjà tenue entre mes mains, après tout.

Ticho toussota, gêné.

— Dites, le sage machin. De quelles mains vous parlez, exactement ?

Bob, énervé, s’écria :

— Quoi, tête de piaf ? Tu te moques de nous, c’est ça ? Tout ça parce qu’on n’a même pas d’ailes ni de bras, hein ? Tu te crois malin, saloperie de Type Vol !
— On est aussi de Type Vol, lui souffla discrètement Marcel.
— Ah oui, merde, rougit Bob, pris au dépourvu.

Albert soupira et lâcha une excuse à ses invités :

— Ne faites pas attention à ces deux-là. Ils ne sont pas très malins, je le crains. Je voulais plutôt dire que j’avais déjà été en possession de cette recette par le passé. C’est un ami proche qui l’avait rédigé. Un Pokémon d’une grande sagesse, très gentil et très généreux, qui voue sa vie corps et âme à la cuisine de luxe.
— Où est cette recette aujourd’hui ? demanda Antoine, excité.

C’était bien la première fois de sa courte vie qu’il obtenait autant d’informations d’un coup sur les origines de la recette ultime.

— Au nord-est d’ici. Mais il vous faudra traverser l’océan pour l’atteindre. Il y a une île, loin de côtes, regorgeant de légendes. Elle est la source de tous les mythes. On l’appelle l’Île des Origines.
— Enfin un nom qui pète la classe, soupira Ticho, rassuré.
— Mais je vous déconseille de vous y rendre seuls, avertit le Sage 33. Je peux vous inviter dans ma demeure, où nous pourrons parler plus à notre aise de tout cela. Qu’en dites-vous ?
— Avec plaisir, l’autruche ! sourit Julie.


***


La maison du Sage Dodrio était une sorte de grand chalet, plus bas sur la montagne, à quelques minutes de marche du village. Situé sur un de ses flancs au milieu des pins, l’endroit respirait la liberté, surtout avec l’océan à portée de vue. Hon-népaloindelamèrr était invisible depuis le chalet, mais on entendant parfois, portées par le vent, des voix lointaines emplies de niaiserie et de gentillesse mielleuse.

Dodrio invita les compagnons dans son vaste salon.

— Sympa, la déco, lança amèrement Ticho.

Les murs en planches de bois ne comportaient aucune trace de décoration. Il n’y avait qu’un tapis de paille au centre de la pièce. Ni table, ni lit, ni rien du tout. Aucun meuble, aucun panier de provisions, rien. Bob, la tête de gauche, s’énerva de nouveau.

— On n’a pas de bras pour décorer, tête de linotte ! On y laisserait des plumes à essayer !
— Cessons ces prises de bec, le gronda Albert.

La tête centrale se tourna vers ses invités qui s’assirent par terre à la suite du Sage.

— Bien, lâcha la tête centrale. Je me doute que vous devez rechercher ardemment cette recette, vu votre enthousiasme à ce sujet.

Tout le monde hocha la tête positivement. Exceptés Jack et Ticho, qui se regardèrent avec lassitude.

— Mon ami cuisinier n’est malheureusement pas dans les parages. Il vous faudra aller à la cité des cuisiniers, au nord. C’est à une semaine de route à pied, mais le chemin est dangereux.
— Je connais un peu le coin, répondit Antoine. Je devrais bien trouver quelques raccourcis.
— Tant mieux pour vous, alors. Je vous conseille d’y trouver mon ami, mais… Il ne vous dira certainement pas tout de suite où il a mis sa recette. Il aime le divertissement. Je suppose qu’il vous demandera de résoudre des énigmes ou d’accomplir des épreuves avant d’accepter de vous aider.
— Hm, je vois.

La Sage 33 jeta un regard par la fenêtre, comme se remémorant de lointains souvenirs.
— Ce sera difficile, je vous préviens. Mon ami est capricieux. Et comme je vous l’ai dit, j’ai entendu des rumeurs qui disent que la recette se trouve sur l’Île des Origines. Mais le seul qui pourra vous le dire avec certitude, c’est justement mon ami cuisinier.

Antoine sembla pensif.

— Donc on doit aller à la cité des cuisiniers, faire les épreuves du créateur de la recette afin qu’il nous confirme sa localisation, et ensuite, la trouver.
— Hé, sage machin, intervint Ticho.
— Un peu de respect, jeune sot ! souffla Insolourdo.

Le Sage 33, pas le moins du monde blessé, se pencha en avant.

— Oui ?
— Vous me faites flipper avec vos histoires d’Île Originelle de je-sais-pas-quoi. C’est quoi, cette île ?

Les autres le regardèrent avec suspicion ; et se souvinrent qu’il ne venait pas de Krénios, et qu’il ignorait les bases-mêmes de ce monde.

— C’est l’Île de la naissance du Trio de Légendaires Ultime. Là où sont nés Keunotor, Rattata et Caratroc.
— Ah, merde, lâcha Ticho. C’est des légendaires, ceux-là ?
— Bah, évidemment ! s’agaça Julie.

Albert fronça les sourcils :

— C’est étrange. J’ai rarement vu de Canarticho de ma vie, et vous m’avez l’air de connaître bien peu de choses. Seriez-vous d’une région lointaine ?

Ticho eut soudain un déclic. Et si, enfin, quelqu’un dans ce monde de fou pouvait comprendre les raisons de son arrivée dans Krénios ?

— En fait, m’sieur le sage machin, je me suis retrouvé du jour au lendemain dans cette région, Krénios, que je ne connaissais pas du tout. Et d’un seul coup, j’ai appris que tout ce que je savais sur les Pokémon était différent ici. De là où je viens, les Rattata et les Keunotor sont des Pokémon merdiques. Donc savoir qu’ils sont maintenant des Légendaires… Je suis un peu paumé. Surtout avec des compagnons de route aussi stupides.
— On lui revaudra ce qu’il vient de dire, chuchota Julie à Insolourdo, en se croyant discrète.

Albert sembla abasourdi.

— Incroyable ! J’avais entendu des légendes au sujet d’un monde voisin du nôtre, le Monde Inversé. Peut-être que vous venez de là-bas.
— Vous savez quelque chose d’autre à ce sujet, sage machin ?
— Non, désolé. C’est un sujet méconnu.
— Bah, on s’en fout de toute façon, rétorqua Julie. Maintenant, on doit aller chercher ce cuistot.

Antoine se leva d’un bond, arrachant un cri de surprise robotique à Jack.

— Merci, Sage 33. Nous allons reprendre la route. Je vous remercie pour tout.

Dodrio se releva. Bob, Marcel et Albert dirent en chœur :

— Tout le plaisir était pour moi. Faites bonne route !


***


Ticho était pensif. D’ailleurs, il l’était tant que son cerveau commençait à être douloureux, comme le premier jour de son arrivée à Krénios, quand il s’était rendu compte qu’il pouvait parler comme un humain.

Ainsi, le monde dont il était originaire, où se trouvaient Kalos, Sinnoh, Kanto, et d’autres régions dont il avait entendu parler, était le Monde Inversé.

« C’est plutôt le contraire, oui ! Un Caratroc Légendaire, c’est une blague ! », songeait le Pokémon alors que le groupe continuait d’avancer.

Au moins, Ticho savait désormais qu’il préférait rester à Krénios, même si son ancien monde lui manquait et que celui-là était totalement illogique par moments. Là, il avait la parole, et si les Pokémon nuls de son monde étaient si puissants, alors peut-être qu’il pouvait lui-même devenir fort ici… Après tout, les Canarticho n’étaient pas vraiment réputés pour leur puissance. C’était à peine si certains d’entre eux menaient les dresseurs par le bout du nez dans le Bois aux Chêne, une CS Coupe dans le bec.

Ce rôle secondaire était sincèrement blessant pour les siens.

— VOUS AVEZ UN MESSAGE DE LA PART DE Professeur Cumulo Nimbus, dit soudain Jack en brisant le silence. VOULEZ-VOUS L’ECOUTER ?
— Encore ? marmonna Julie.
— On écoute, dit Antoine, méfiant.

Jack vibra légèrement pour lancer l’écoute du message.

— BZZZZ… Allô ! Allô ! Bon, si ça enregistre pas, tant pis ! Ramenez-moi mon prototype le plus vite possible ! C’est un ordre ! Le grand, éminent, magnifique chercheur Psykokwak va faire une conférence dans deux jours et j’ai une seule et unique chance de l’impressionner, c’est avec mon prototype IA RX 5226 ! Alors dépêchez-vous, sinon je vais devenir la risée du monde scientifique ! BZZZZ…
— Il l’est déjà, répliqua Ticho.
— OSEF, Lâcha Jack.
— Osef ? s’étonna Antoine. Qu’est-ce que ça veut dire ?

Jack émit un soupir électronique. Antoine grommela.

— Bon, de toute façon, pas question de faire demi-tour pour aller aider cet imbécile, hein ? On a plus urgent.
— Ouais, tichôôô. Trouver la recette du brownie magique, c’est tellement excitant.
— Je crois percevoir de l’ironie dans cette réplique, remarqua Insolourdo. Et un manque de respect flagrant.
— LOL.


***


Sur le bord de mer, un homme lança l’hameçon de sa petite canne à pêche à la mer. Il attendit, s’attendant à pêcher les habituels et si fragiles Wailords si communs de Krénios.

Mais quand la canne bougea, et qu’il la tira à lui, ce ne fut pas un simple Wailord qui émergea de l’eau.

Un Magicarpe.

— Mon jour de chance ! s’écria le pêcheur.

Avec ça, il pourrait le vendre et devenir le plus riche habitant du continent.

Le Magicarpe le regarda, se libéra de l’hameçon avec une agilité surprenante, et sautilla sur le ponton.

Sur le flanc, il regarda le pêcheur avec colère.

— À mort les humains ! Pour le Roi Magicarpe ! Hourra !

Le pêcheur, surpris, regarda le Magicarpe bondir vers lui. Le Pokémon voulait le tuer !

Magicarpe heurta violemment le pêcheur.

Le pêcheur se gratta la tête, à peine bousculé.

— Hm ? C’est tout ?
— J’essaie de noyer la race humaine !
— Faudrait d’abord peser un peu plus lourd, non ?
— Pourquoi ça, sale humain ?
— C’est pas avec tes deux kilos que tu vas réussir à me faire bouger en utilisant Trempette.

Le pêcheur donna un coup de pied au Magicarpe, qui fit un bond de dix mètres avant de retomber dans l’océan.

— Voilà, ça, c’est ce qu’il faut faire, dit le pêcheur.

Puis l’homme se rendit compte qu’il venait de renvoyer sa victuaille à la mer. Il baragouina :

— Mince, je viens peut-être de rater la chance de ma vie, là…

Râlant contre sa bêtise, il s’éloigna du ponton avec sa canne à pêche, alors que le Magicarpe déprimait sous la surface.