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La légendaire quête du cookie au miel d'Apireine de Lief97



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Informations

» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 10/05/2016 à 17:54
» Dernière mise à jour le 18/02/2021 à 12:00

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Humour   Médiéval   Région inventée

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Chapitre 5 : Le Culte de l'Infâme
« Il faut toujours agir après avoir réfléchi. Et parfois agir en réfléchissant, pour prouver à notre femme qu’on peut faire deux choses à la fois. »
Président de Krénios.

***

— Malotru ! Espèce de limace de mes deux ! Ronflex affamé ! Comment as-tu osé ? s’égosillait Ticho.

C’était le matin. La nuit avait été mouvementée, surtout à partir du moment où Ticho avait été réveillé par les bruits de Léchouille que faisait Insolourdo sur le précieux poireau qui lui servait de doudou. En fait, personne n’avait pu se rendormir après ça. Ticho n’en finissait pas de crier, serrant contre lui le précieux légume encore recouvert de bave. Julie lui tira la langue :

— C’est bien fait pour toi, tête de piaf !

Insolourdo, las et fatigué, ne disait rien, ayant abandonné l’envie de continuer une joute verbale sans intérêt avec Ticho, dont le vocabulaire se limitait aux grossièretés uniquement. Antoine jeta son énorme sac sur ses épaules et grogna :

— Bon, Ticho, on y va ?
— Hors de question que j’y aille si ces deux-là nous suivent encore !
— Oui, ne t’en fais pas, Insolourdo et moi avons passé un marché cette nuit. On ira seul à Citéfol, et on trouvera un scientifique pour nous aider.
— C’est vrai, tichôôô ? s’émerveilla le canard. Je vis un rêve !

Julie se figea, stupéfaite.

— P… P… Pardon ? Un accord ? C’est quoi cette histoire ?
— Insolourdo m’a avoué avoir menti depuis le début. Il ne connaît pas la recette du cookie au miel d’Apireine. Ticho avait raison de dire que vous vous foutiez de nous, alors on se sépare. Salut.

Antoine fit volte-face, et Ticho le rejoignit en faisant un grossier geste dans la direction de leurs anciens partenaires de route. Julie courut derrière eux :

— Toinou, attends !
— Ne m’appelle plus jamais Toinou ! vociféra le garçon sans se retourner. Et laisse-nous tranquille !
— Mais je veux t’aider ! S’il te plaît !
— T’es lourde !
— T’es sourde ! renchérit Ticho. Il t’a dit de partir, crasseuse humaine !

Julie resta les bras ballants dans leur dos. Insolourdo rampa à ses pieds, l’air sombre et peiné.

Antoine et Ticho, silencieux, s’en allèrent sur le sentier qui les mèneraient à la capitale de Krénios, Citéfol.


***


— Qu’est-ce que c’est que ça, tichôôô ?

Antoine, durant la pause qu’ils venaient de s’accorder au bord du chemin, avait sorti une sorte de minuscule cube jaune de son sac.

— C’est un bonbon, crétin.

Antoine déballa le petit sachet jaune, ce qui permit à Ticho de découvrir une friandise brune qui dégageait une odeur sucrée. Ticho grimaça :

— Tu vas manger cette chose ? On dirait un morceau d’Aspicot…
— C’est au caramel. Tu connais pas les Kakahembar ?
— Non.

Antoine déplia l’emballage et plissa les yeux en l’approchant de son visage.

— Il y a une blague à l’intérieur.
— Vas-y, raconte, tichôôô.
— T’attends pas à un truc drôle, hein. C’est réputé pour n’avoir que des blagues pourries à l’intérieur.

Ticho écouta Antoine déchiffrer le bout de papier.

— « Quelle est le point commun entre la planète Terre et un cerveau ? »

Le canard resta immobile, attendant bêtement la suite. Le garçon releva la tête, lui jetant un regard empreint de méfiance.

— T’es censé chercher la réponse.
— Quôôa ? Qu’est-ce que j’en sais, moi ?
— La réponse est : « Les deux ont un hémisphère. LOL. »
— … hilarant, mentit Ticho.

Antoine soupira et jeta le bout de papier par terre.

— Je t’avais dit que c’était nul.
— On se fait quand même vachement chier pour se divertir avec ta blague Kakahembar, tichôôô.
— T’as raison. On repart et on oublie cet incident à tout jamais.

Les deux compagnons de route se levèrent avant de se remettre à marcher sur le sentier. Une forêt les entourait. Dans leur dos, ils entendirent des bruits de pas et des voix étouffées par la végétation. Antoine soupira.

— Ça fait une demi-journée qu’on les a quittés, vingt-trois fois qu’on leur dit de nous laisser tranquilles, et ils continuent de nous suivre ?
— Julie est une vraie tête de mule, tichôôô. Au fait, on leur a dit vingt-quatre fois, pas vingt-trois.
— Bah, on trouvera un moyen de les semer plus tard. On arrive dans un village.
— S’il a encore un nom de merde, tichôô, je me pends.


***


La pancarte qui indiquait le nom du village était visible dès leur arrivée. Ticho lâcha un soupir.

— Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Sérieusement, qui a choisi le nom de ce village, tichôôô ?
— Le chef du village, je suppose.
— Sans déconner, « Village-pas-très-loin-de-Citéfol », ce n’est même pas un vrai nom !
— Tu devais te pendre, non ? lâcha Antoine avec lassitude.
— Je suis un oiseau ! La pendaison n’a aucun effet sur moi, puisque je vole !
— Si tu voles aussi bien que tu plonges dans les puits, alors je te crois.

Le village était bien plus grand que Troupômé ou Machomière. Les maisons, en briques et aux toits de tuiles, avaient plus d’allure. Une large avenue filait droit entre les habitations, et se scindait régulièrement en petites ruelles pentues.

Situé idéalement au pied d’une colline et à l’ombre d’un pic rocheux, l’endroit dégageait quelque chose de chaleureux. Quelques drapeaux flottaient au vent sur les toits, et plusieurs cheminées dégageaient de fins lambeaux de fumée. C’était la première fois que Ticho avait l’impression de voir des traces d’une réelle civilisation à Krénios.

Les habitants, humains comme Pokémon, avaient l’air nombreux et sympathiques. Un marché semblait se tenir sur la place du village, accueillant une foule d’acheteurs et de commerçants braillards.

— C’est la banlieue de la capitale, expliqua Antoine alors qu’ils s’avançaient dans l’avenue. On n’est qu’à une journée de marche de Citéfol. Et cette foule est l’occasion rêvée pour semer les deux imbéciles qui nous suivent. Reste près de moi, et fais-toi discret.

Les deux compères s’avancèrent dans la marée humaine et Pokémonesque qui s’amassait devant les étals. Ticho, suivant Antoine en tentant de ne pas voler trop haut pour éviter d'être repéré de loin, entendit des cris à sa droite :

— Une PokéBall gratuite à celui qui m’offrira cent Pokédollars, une !
— J’la veux, j’la veux ! hurla un imbécile.
— Esclavagisme ! rugit violemment un Carapuce perché sur le rebord d’une fontaine. On n’en veut pas, de ta prison en forme de Trompignon !
— C’est animé, ici, commenta Ticho pour lui-même, stupéfait.

Le canard percuta involontairement quelqu’un. Il écarquilla les yeux de terreur. Il venait de foncer droit dans la tête d’un Drattak.

« Je suis cuit. » eut-il le temps de penser. Il ferma les yeux, s’attendant à sentir la douloureuse sensations de crocs vengeurs lui briser le corps.

Pourtant, le dragon recula d’un pas, tremblant de peur.

— Désolé, désolé, m’sieur l’oiseau gracieux ! Infiniment désolé ! Je vous demande pardon !
— Hein, ah, euh… bégaya Ticho, pris au dépourvu. Pardon accordé.

Le Drattak, les larmes aux yeux, baissa profondément la tête vers le sol.

— Votre gentillesse m’émeut énormément, sérénissime.

Antoine revint sur ses pas, attrapa Ticho dans ses bras et s’éloigna à grands pas :

— Ignore-le, abruti !
— Tichôôô ! Lâche-moi !
— Pas tant qu’on sera pas loin de Julie et Insolourdo. T’es à la traîne !

Les deux compères profitèrent de la foule pour se précipiter dans une ruelle déserte. Antoine marcha à travers deux autres rues puis relâcha Ticho, qui, vexé, se percha sur un rebord de fenêtre.

Antoine souffla, soulagé :

— Ils n’ont pas dû voir qu’on avait quitté l’avenue principale. On est enfin débarrassés d’eux.
— Excusez-moi… dit une voix fluette à quelques pas de là.

Les deux partenaires firent un bond de surprise ; Drattak les avait suivis.

— Pour la discrétion, c’est raté, grommela Ticho.
— Je voudrais me racheter, sérénissime oiseau, pour vous avoir si brutalement bousculé sur le marché.
— Tu m’as pas bousculé, crétin, osa le canard.

Le Drattak sursauta violemment, et ses tremblements furent si violent qu’il paraissait être en mode vibreur.

— Oh, désolé, désolé !
— Quoâ, pourquoâ désolé ?
— Je suis un crétin, sérénissime.
— Alors disparais de ma vue.
— À vos ordres !

Le Drattak retourna par où il était venu, laissant un Ticho dépité et un Antoine désespéré derrière lui.

— Rassure-moi, tous les Drattak ne sont pas comme lui ?
— Bien sûr que si.
— Monde de merde… soupira le Pokémon.

Ils furent de nouveau interrompus, par une voix provenant d’une ruelle sombre derrière eux.

— Salutations, jeunes ignorants.

Ticho et Antoine firent volte-face et se retrouvèrent nez à nez avec un Azurill vêtu d’une cape rose bonbon.

— Je sens une aura maléfique flotter autour de votre âme, continua l’Azurill en grimaçant. Vous êtes comme des Carchacrok pris entre les crocs indestructibles d’un terrifiant Chrysacier…
— Euh… ouais, si tu le dis, tichôôô.
— Si vous rejoignez ma cause, jeunes ignorants, alors peut-être que vous obtiendrez des pouvoirs vous permettant d’atteindre n’importe quel objectif… souffla mystérieusement l’Azurill avec grand sérieux.

Il paraissait convaincu par sa comédie, et même gonflé d’orgueil. Peut-être avait-il l’impression d’être intimidant ?

— Ça fonctionne si on cherche une recette de cookie ? questionna Antoine, intéressé.

L’Azurill sourit, dévoilant une rangée de dents particulièrement inoffensive :

— Ça marche SURTOUT pour trouver une recette de cookie…
— Ok, on vous suit.
— D’accord, approuva Ticho. Ça chassera l’ennui, t’as l’air d’être un abruti marrant, Azurill. C’est quoi, ta cause, exactement ?

L’Azurill ouvrit grand ses yeux et une aura sombre sembla l’envelopper alors qu’il répondait d’un air machiavélique :

— Je fais partie du Grand Culte Sataniste du Maléfique Pichu. Je vais vous mener dans notre quartier général ultrasecret…


***


Ticho s’arrêta et tourna la tête vers Antoine :

— L’autre con nous avait pas dit que son quartier général était ultrasecret ?
— Si, et alors ?
— Et alors il y a une énorme pancarte rose avec écrit en gros « Quartier Général Ultrasecret du Grand Culte Sataniste du Maléfique Pichu » juste au-dessus de l’entrée.
Bref silence.

— Oui, et ?
— Bah, du coup, c’est plus un secret pour personne.
— Bah si, puisque c’est écrit « secret ». Personne ne doit savoir que c’est ici.
— Dis-moi, tu serais pas devenu stupide, depuis ce matin ?

Azurill, qui les devançait, s’approcha de la porte qui mesurait à peine un mètre de haut. Il l’ouvrit et esquissa un sourire diabolique :

— À vous l’honneur, jeunes ignorants.
— J’le sens plus trop, tout à coup, répondit Ticho.
— Toi d’abord, machin bleu, dit Antoine.

Azurill acquiesça et entra, suivi des deux autres, Antoine étant obligé d’avancer en rampant avec son énorme sac à dos. Le couloir bas de plafond déboucha sur une énorme salle au plafond voûté culminant à plus de cinq mètres. La pièce, éclairée par des dizaines de bougie de cire rose, était presque vide, mis à part un autel de marbre, rose également.

D’autres Pokémons, vêtus de capes roses, étaient debout, parfaitement immobiles, tout autour de l’autel. Ils formaient un cercle, et semblaient occuper à prier des malédictions dans leurs lèvres serrées. Un frisson parcourut l’échine de Ticho devant ce regroupement de Pokémon satanistes. Non pas un frisson de peur ; disons plutôt qu’il se retenait d’éclater de rire. Et que c’était très difficile.

En plus d’Azurill, le Culte du Maléfique Pichu comprenait un Rondoudou, un Axoloto, et un Flamiaou.

— Bienvenue, ignorants, scandèrent les Pokémon en cœur.
— Je m’appelle Rondoudou.
— Et moi, Axoloto.
— Et moi, Flamiaou.
— Sans déconner, qu’est-ce que vous foutez, dans ce culte, tichôôô ?

Un chœur de réponses synchronisées lui répondit avec une synchronisation déconcertante.

— Nous vénérons l’Infâme, le Terrifiant, l’Horrible Pichu, seigneur des ombres et de l’obscurité ténébreuse.
— Ça veut pas dire grand-chose, commenta Antoine. Mais ça en jette. Vous allez nous aider à trouver ma recette du cookie ?
— Avec plaisir, ignorant, répliqua calmement Axoloto. Mais avant d’acquérir les pouvoirs de ton choix, tu vas devoir nous prouver que tu aimes l’Infâme Pichu.

Les regards des satanistes se portèrent sur le garçon. Un étrange silence, presque menaçant, envahit la pièce. Antoine, embarassé, se racla la gorge avant de parler.

— Ok, je dois faire quoi ?
— Ce que tu désires, ignorant. Tant que tu prouves ton attachement à l’Infâme.
— Compris. Un discours, c’est bon ?

Les Pokémons satanistes acquiescèrent et se turent. Antoine ferma les yeux, réfléchissant à son introduction. Ticho recula, grognant des grossièretés.

Après un instant de réflexion, Antoine rouvrit brusquement les yeux, et plaça une main sur son cœur, solennel.

— J’aime Pichu !

Grand silence, puis…

— J’ai fini, conclut-t-il.

Les Pokémons satanistes s’échangèrent un regard, et Azurill hocha vigoureusement la tête.

— Nous apprécions ton geste d’amour éternel envers notre Infâme démon Pichu. Nous avons clairement ressenti l’affection que tu portes à l’Infâme !
— C’était un plaisir, machin bleu.
— Nous t’offrons le pouvoir de notre Culte pour te récompenser, apprenti.

Azurill lui tendit un morceau de tissu rose minuscule :

— Cette cape rose t’offrira le pouvoir incommensurable de te déguiser en membre du Grand Culte Sataniste du Maléfique Pichu, apprenti.
— Quoi, c’est tout ?
— C’est tout, mais cela t’ouvre d’infinies possibilités ! Tu seras le cinquième membre de notre confrérie ! Nous vénèrerons Pichu tous ensemble ! Tu… tu… oui, un problème, apprenti ?

Antoine était rouge de colère. Il dégaina sa PokéBall. Keunotor apparut, arrachant des cris de terreurs suraigus des Pokémon satanistes. Antoine sourit d’un air presque diabolique :

— Keunotor, plonge-les dans un profond sommeil et brûle-moi ces horreurs roses à tout jamais ! Ticho et moi, on t’attend dehors ! Je déteste être pris pour un imbécile.

Ticho éclata de rire :

— La supercherie était quand même flagrante, non ?
— Non !


***


Village-pas-très-loin-de-Citéfol était désormais loin dans le dos des deux compagnons de route. Keunotor, après avoir utilisé Hypnose sur les Pokémon satanistes et s’être défoulé sur les capes et les bougies roses du Culte, avait réintégré tranquillement sa PokéBall. La route, rectiligne, filait droit vers l’horizon, s’enfonçant entre prés, collines et forêts. Le soir tombait, et avec lui, le soleil s’apprêtait à disparaître.

Soudain, alors qu’ils avançaient tranquillement sans échanger un mot, un craquement anormal retentit dans le dos des deux compères. Antoine et Ticho, surpris, firent volte-face ; une silhouette se dessinait à l’ombre d’un arbre, au bord du chemin, à peine éclairé par la lueur crépusculaire qui baignait les environs.

— Qui êtes-vous ? s’écria Antoine en saisissant sa PokéBall.

La silhouette s’approcha d’un pas, quittant l’ombre de l’arbre et se dévoilant soudain.

— Désolé, vraiment désolé de vous avoir fait peur, sérénissime ! Comme promis, je suis resté hors de votre vue !

Ticho se laissa choir sur le sol en reconnaissant Drattak.

— Maintenant, tu ne l’es plus.
— Désolé, désolé, j’aurais dû rester caché ! Que dois-je faire, maintenant ?
— Tu te casses loin d’ici ! Vraiment loin !
— À vos ordres, votre Altesse.

Le Drattak fit demi-tour et s’éloigna sur la route, vers le Village-pas-très-loin-de-Citéfol. Antoine soupira :

— Tu comprends un peu ce que je vis depuis le temps que je cherche ma recette du cookie au miel d’Apireine ?
— Totalement, tichôôô. Tu es toujours embêté par des imbéciles, dans ce pays de fous.
— Oui. Je suis toujours entouré d’imbéciles. Enfin, pour le moment, il n’y en a plus qu’un, Rattata merci.
— Qui ça ?
— À ton avis, tête de piaf ?

Antoine reprit la route. Ticho s’empourpra soudain.

— Hé, l’humain ! Tu viens de m’insulter ?

Le Pokémon Vol rejoignit son camarade en deux battements d’ailes, sans se rendre compte que dans l’ombre des arbres, une jeune fille et une limace savante les prenaient discrètement en filature.