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Chroniques du Pokédex - Le souffle de Drad



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Informations

» Auteur : Drad - Voir le profil
» Créé le 25/11/2014 à 20:46
» Dernière mise à jour le 27/11/2014 à 17:36

» Mots-clés :   Action   Aventure   Hoenn   Organisation criminelle

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Chapitre 7 - Les lendemains
Un roulement tonitruant secouait le champ de bataille. Des hurlements de rage, des pétarades, des lames qui fendent l'air, des cornes qui frappent les cages. Un homme tombe, en s'arrachant les cordes vocales de douleur. D'autres bipèdes casqués se ruent sur lui ; on ordonne à un Machopeur en armure d'aller le chercher. L'homme est agrippé, traîné dans la boue ; il hurle, il grogne, la tête branlante ; on le hisse dans une charrette, contre des planches piquées d'échardes, qui partent en s'ébranlant sous les cris d'un humain. Une charge de l'ennemi, rugit dans la haine ; l'auberge s'écroule, et le Machopeur est écrasé par un pilier, disparaît dans la fumée ; la charrette s'éloigne.


Les fruits s'étaient parés, empourprés, et dorés pour la digestion. On les enfourne, enfoncés dans une tarte, après avoir jeté les pépins. Elle s'essuie le front, puis les mains sur son tablier. Elle repose son torchon, avant de passer un coup d'éponge sur le plan de travail ; elle jette un coup d'oeil par la fenêtre, à travers les rideaux de dentelle. Sa fille revient, elle traverse le potager, à côté d'un Medhyèna ; elle... porte une grosse masse terreuse dans ses bras ? La porte s'ouvre, la clochette tinte. Des pas et des griffes courent sur le carrelage, jusqu'à l'arrière boutique.

– Maman, maman, regarde ce que j'ai trouvé !

Elle lâche son éponge, et se retourne vers la jeune fille, décoiffée. Celle-ci lui présenta son bloc de saletés ramenée du dehors, en souriant avec ses dents cassées.

– On pourrait le vendre, non ?

– Qu'est-ce que c'est ?

– Je ne sais pas, on dirait des os, dans la roche. Ça pourrait se vendre cher aux gens, hein, dit ?

Elle reconsidéra le caillou terreux, vraiment sale. Cela s'émiettait par terre, et en plus, on se distinguait pas grand chose, à part du caillou. Peut-être une forme de mâchoire ; il y avait des crocs.

– Va remettre ça dehors, chérie, avant q-

Une porte se claque, et une voix éclata. A ce bruit, le Medhyèna sursauta, et la jeune fille aussi.

– Bordel ! C'est quoi toute cette merde dans la boutique ?! Alicia ?! Alicia !

Des pas lourds et violents, cadencés par une jambe boiteuse, se ruèrent jusqu'à la cuisine. L'homme surgit du couloir.

– Qu'est-ce que cette sale bestiole fout ici !

Alicia veut le calmer, elle s'approche doucement, les mains en avant ; il ne veut rien entendre. L'homme empoigne alors le Medhyèna par le cou, qui jappa. Sa fille crie, lui demande de le lâcher. Le père vociféra des injures ; avec ses doigts épais, il traça dans la boutique, il secoua, puis jeta le quadrupède à fourrure dehors. Il fit un demi-tour apocalyptique ; vint le tour du bout de terre. C'était un scandale que cette chose, cette fille qui criait. Il lui décocha une baffe en plein visage, ses cheveux volèrent, elle chancela ; et le gros caillou tomba à terre.

Il y eut une onde de choc.

Plein de rage, le père saisit le caillou, et déboula dehors. Là où se trouvait le Medhyèna, l'homme, de toute sa colère, lança le fossile hors de chez lui. Le Pokémon détala, se cacha derrière un arbre ; la relique alla se fracasser en morceaux contre le tronc. De l'écorce fut arrachée sur le coup. Une porte se claqua, des beuglements retentirent dans la maison, derrière les rideaux de dentelles.
Des coups. Des pleurs.

Le zéphyr, mêlé à la fumée de la cheminée, fit s'agiter les branches, au dehors.


***

Les évènements qui s'étaient déroulés dans le ciel d'Atalanopolis, et, fatalement, sur Atalanopolis, avaient fait grand bruit. Les journaux parlèrent d'un miracle, car il n'y eut aucun mort, mais de nombreux blessés. L'histoire du jeune Professeur disparu (dont le petit ami avait été agressé lors de l'attaque du Centre de Concours de Nénucrique), puis retrouvé dans cette soute, avec toujours ses Poké Ball sur lui, avait également émerveillé l'opinion, d'autant plus qu'on lut en entendit qu'il avait été séquestré et battu. Les secours, dépêchés sur place, retrouvèrent aussi l'Oniglali du jeune homme ; des spécialistes prônèrent l'esprit qui avait eut l'idée de geler l'aéronef, ce qui avait pu arrêter l'engin tout en le protégeant, minimisant ainsi les dégâts du choc. Cependant des contradictions apparurent, car un seul Oniglali n'aurait pu être responsable d'un tel exploit ; un journaliste dans la salle objecta qu'il avait peut-être méga-évolué, mais on lui rétorqua que le Professeur Hellébore n'avait sur lui aucun moyen de parvenir à pareille chose.

En somme, on parla beaucoup de ce qu'il s'était passé, mais guère de ce qu'il s'était déroulé exactement ; on découvrit, dans les décombres, que cela concernait le groupuscule criminel qui avait revendiqué l'attaque du Centre de Concours de Nénucrique. Dans les magazines à sensations, on rapporta des témoignages de locaux, qui affirmaient avoir vu les trois golems légendaires s'échapper de l'armature peu après le crash, mais qui avaient disparu dans la nature.

On n'entendit plus parler de la Team Anima, qui n'avait été dans les journaux qu'une histoire d'à peine vingt-quatre heures. Mais cela évoqua aux gens des affaires de complots secrets, relança le débat sur les menaces terroristes, et, lorsqu'on apprit leurs antécédents avec la Team Magma, cela effraya, de savoir que les ennemis du passé n'étaient pas totalement morts. On disserta longuement sur les risques que cela se reproduise, sur l'insécurité ; des experts furent invités sur des plateaux de télévision, et on hocha silencieusement la tête en les écoutant.


Le Professeur Hellébore fut transporté d'urgence à l'hôpital, et cependant son rôle dans l'"affaire Anima" fut connu du public. En sortant de la salle des opérations, il était dans le coma. Il fut mit en soins intensifs, dans une chambre au rez-de-chaussée, qui donnait sur un jardin peu gai, mais où l'herbe et quelques arbres rassurait lorsqu'Arthur le retrouva dans cette chambre aux couleurs froides. Le Coordinateur avait accourut dans sa chambre, et revint beaucoup de fois, peut-être trop régulièrement. De nombreux Hoenniens toquèrent à la porte, pour remercier le jeune homme ou s'émouvoir devant ce corps vidé de tout mouvement, mais à qui ces gens-là pensaient pourtant devoir la vie. Le Commandant du ferry passa aussi, et exprima à quel point il était bouleversé, ah ! S'il avait su, il ne lui aurait rien indiqué du tout, et l'aurait invité à reprendre la mer. Arthur était souvent là lors de ces démonstrations de sympathie, et était touché par tant de considération ; il essaya de rire aux remarques du Commandant.

Au bout d'un semaine, l'état de Basile ne donnait aucun signe d'amélioration, et on l'apprit à Arthur. Le jeune amant dut digérer la nouvelle. Cependant, lui disait-on, gardons à l'esprit qu'il était toujours en vie ; de plus, il était jeune, en bonne santé, donc les chances de guérison étaient grandes.

Le Professeur Seko rendit plusieurs fois visite, afin de donner des nouvelles des Pokémon de son collègue. Physiquement, Flingouste allait bien, Tropius avait rapidement retrouvé la forme, mais Oniglali avait drôlement souffert. Ce dernier mit plus de temps à s'en remettre, et, petit à petit, à force de repos et de soins, cicatrisa, se recomposa avec la glace qu'il produisait, et reprit du poil de la bête. Psychologiquement, ils étaient profondément affligés pour leur Dresseur. Afin d'y remédier, un jour, Seko, avec un grand sourire, les amena ; Tropius passerait son coup par la fenêtre. Ils furent tous les trois heureux de retrouver l'humain, même si celui-ci ne put les embrasser. Arthur remercia sincèrement, et approuva cette idée ; le Professeur, se perdit dans les conventions de la politesse. Ils restèrent un peu plus longtemps, ce jour-là, les Pokémon les divertissant. A un moment, Seko se gratta la barbe, et osa demander s'il avait récupéré la sacoche, à tout hasard. Arthur ne vit pas de quoi il parlait ; ah, mais si la sacoche qu'il avait ! Il se souvenait des papiers dont il lui avait parlé, mais, non, il ne savait pas ce qu'elle était devenue. Le Professeur trouva cela un peu dommage. Arthur demanda ce que cette histoire de Chartor avait donné, et l'homme lui répondit que les relevés étaient redevenus normaux, l'affaire abandonnée, et personne ne sait ce qu'il s'y était vraiment passé. Le jeune amant acquiesça sans chercher à en savoir plus. Il demanda cependant en quoi la perte de la sacoche avait été "dommage", et le Professeur lui apprit qu'on aurait voulu offrir à Hellébore la Gemme Sésame qu'on lui avait confié.

La deuxième semaine, une jeune femme, qu'Arthur ne connaissait pas, passa également. Elle regarda davantage Basile qu'elle n'expliqua les raisons de sa visite, lesquelles restèrent floues. Elle déposa un bouquet de Gracidées, et repartit. Cela dit, le jeune amant fut rassuré par le visage doux et rasséréné qu'elle avait.

Le Professeur Hellébore fut sauvé au bout d'un mois. Les médecins lui ont dit, à son réveil, qu'il avait bien failli y rester, dans cet accident, et que c'était un miracle qu'il soit encore en vie. Ils lui expliquèrent, aussi, pourquoi ils avaient dû lui amputer le bras droit. Il avait été écrasé par un poids important lors de l'accident. Il entoura donc d'un bras Flingouste, caressa Tropius, puis, avec quelques larmes, put poser la main sur Oni, dont il apprit le rétablissement.

Il finit par sortir de l'hôpital. Arthur, qui était là pour l'aider, portait pour lui une nouvelle sacoche que Seko lui avait offert ; le jeune amant plaisanta un peu, pour cacher sa gêne et sa tristesse. Basile lui répondit qu'il ne fallait pas se donner tant de mal, que le principal était qu'il soit encore en vie. Il l'embrassa sur ses mots, et ils se sourirent.


Basile Hellébore devint par la suite un Professeur émérite. Il fut célèbre pour les cours qu'il donnait en étant aidé de Flingouste, et il avança la théorie des Régisseurs de la vie dans un livre qu'il écrivit à l'ombre de Tropius, qui aimait prendre des bains de soleil. Lui et son Oniglali se firent un nom dans l'histoire de recherche sur la Méga-Évolution – il reçut une Méga Gemme et une Oniglalite de la part de l'université.


Des décennies passèrent. Leur vie fut fructueuse en émotions, en découvertes. Ils eurent un grand jardin, où Basile y plantait des arbres natifs de Hoenn, et aimait y cultiver des Baies. Ils en passèrent, du temps, avec leurs Pokémon, dans ce jardin. Ils finirent par décider de prendre une maison dans la région, et le déménagement devait forcément inclure celui du jardin. Ce fut une autre source de bonheur et de bons souvenirs, cette histoire de bout de terre à déplacer de l'autre côté de l'océan.


Arthur Emerson eut un cancer. Il continua jusqu'au bout de se donner sur scène avec Drattak, et finit sa vie parmi ses amis, et en compagnie de son amant. Puis, des années plus tard, le Professeur Hellébore s'éteignit de vieillesse.