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Gardiens de l'Harmonie T.1 : La mélodie de vie de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 28/05/2014 à 08:53
» Dernière mise à jour le 03/09/2017 à 17:16

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Présence de Pokémon inventés   Région inventée   Romance

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Chapitre 44 : La chute des triumvirs
Ad était revenue. Kinan le sentait dans le Don. Ses souvenirs la concernant étaient bizarrement flous. Il savait qu'elle avait disparu peu avant la bataille aux portes d'Odipolis, mais étrangement, il l'avait aussi cru morte. Il ignorait pourquoi il avait pensé ça. Et en ce moment, il ne pouvait pas trop réfléchir à ce problème. Il était en train de faire face à Eléonore Sochenfort aux côtés de Maître Balterik. Le vieux dresseur était le plus apte à pouvoir affronter la triumvir, du fait de son Don qui pouvait invoquer un tissu protecteur propre à contrer tous les effets des pouvoirs des Agents du Chaos. Or, celui de Sochenfort, c'était d'infliger la douleur. Une douleur fulgurante, invisible, que Kinan avait déjà expérimentée.

Sauf que Maître Balterik ne pouvait invoquer qu'une seule étoffe à la fois, et qu'il la portait déjà quand Kinan était arrivé. Kinan pouvait se protéger avec son propre Don, mais pour un temps seulement. Normalement, il n'aurait pas besoin de plus. Hormis cette capacité d'infliger la douleur, Sochenfort était impuissante. De plus, Maître Balterik avait appelé son Letali en renfort ; le combat devrait donc tourner court. Pourtant, Lady Sochenfort n'avait pas l'air inquiète. Elle souriait même.

- Deux beaux mâles ont choisi de me défier. Mais quels mâles ? Un ado et un senior. Pourquoi ne suis-je pas tombée sur Spam ? Il est si classe et charmant. Ou sur Killian du Groupe Go-rock ? Il est un peu jeune, mais si célèbre que ça en deviendrait presque sexy.

Kinan fronça les sourcils. Il connaissait la réputation de la chef de la famille Sochenfort. Une collectionneuse de bijoux... et d'hommes. Elle s'était souvent targuée, même en public, d'avoir dépassé la centaine d'amants. Maître Balterik répondit calmement à son sourire.

- Vous ne voudriez pas vous rendre, par hasard, Lady Sochenfort ? Il me navrerait d'avoir à combattre une dame telle que vous.

- Me rendre ? Et pourquoi devrai-je me rendre ? Sachez que durant cette dernière année, tandis que vous vous terriez, Lord Dialine m'a apprit à pousser mon pouvoir à un niveau que vous ne pouvez imaginer.

Elle écarta les bras, et une aura noire s'échappa de son corps, se matérialisant ensuite en une centaine d'aiguilles noires, assez longues et larges, sans doute pas capable de tuer, mais assez pour provoquer les pires douleurs qu'il soit.

- J'ai appris à matérialiser la souffrance que mon pouvoir inflige, ricana Sochenfort. Vos corps seront transpercés de dizaines d'aiguilles, et vous subirez une agonie telle que vous me supplierez de vous achever !

Elle baissa un bras en direction des Gardiens de l'Harmonie. Les aiguilles foncèrent aussitôt sur eux. Balterik invoqua son Don pour agrandir son châle protecteur afin qu'il recouvre tout son corps. Ça arrêta bien les aiguilles, mais ça nécessitait un niveau de Don qu'il ne pourrait pas tenir longtemps. Quant à Kinan, il appela en renfort son Grolem qui lui servit de bouclier. Les aiguilles noires rebondirent contre son corps de roche, mais vu la grimace du Pokemon, il en subissait quand même des dommages.

Kinan se fit toucher néanmoins par deux fois, à l'épaule gauche et au ventre. En effet, ça faisait très mal. Et Sochenfort pouvait réinvoquer ses aiguilles à volonté. Elle leur en envoya une seconde volée, cette fois venant de plusieurs directions. Renforçant ses poings de ses gants de Don, Kinan se mit à détruire les aiguilles qui s'approchaient trop de lui. Mais même avec ça et le soutien de Grolem, il en laissa passer plusieurs. Elles ne s'enfonçaient pas bien loin dans son corps, mais le faisaient quand même saigner. Et à trop perdre de sang, il finirait inévitablement par être terrassé. Il devait prendre les devants et terminer ce combat au plus vite.

Kinan profita du fait que le Letali de Balterik ait utilisé une attaque Puredpois pour plonger dans la brume empoisonnée. Ça ne lui ferait pas du bien, mais au moins était-il invisible pour Sochenfort. La triumvir pointa naturellement une bonne partie de ses aiguilles dans la direction de l'attaque poison, sans aucune précision. Grolem prépara alors son attaque Roulade en direction de l'Agent du Chaos. Pour le contrer, Sochenfort fit disparaître ses aiguilles et tendit le bras vers Grolem, qui se tordit alors de douleur au sol. Elle venait de revenir à son pouvoir primaire, infliger une douleur invisible sur une cible en particulier, mais elle ne pouvait apparemment pas créer ses aiguilles en même temps. Kinan en prit bonne note.

Il aurait pu rappeler son Grolem dans sa Pokeball pour lui épargner cette terrible souffrance, mais il ne le fit pas. Le rayon de rappel aurait révélé sa position dans le brouillard, et il devait profiter du fait que Sochenfort était occupée à torturer Grolem. Il invoqua tout le Don qu'il put dans son gant pour frapper la triumvir dès qu'il sortit de la Puredpois. Prise au dépourvue et ne pouvant pas changer de cible si vite, Sochenfort ne put rien faire, et Kinan lui décocha un concentré de Don qui l'envoya quelques mètres plus loin. Elle se releva toutefois, le visage congestionné par la colère et la douleur. Elle était blessée, certes, mais sa fierté et sa fureur lui permettaient encore de se battre.

- C-comment oses-tu ?! Toi, un garçon du peuple, me frapper ainsi ? Je suis Eleonore Sochenfort, l'héritière de la puissante famille qui existe depuis un demi-millénaire ! Il n'y a pas homme qui nous manque de respect dans tout Naya !

Laissant Sochenfort à sa fureur, Balterik félicita Kinan d'un signe de tête pour ce coup. Puis il s'avança, et dit :

- Bien joué Kinan. Si tu veux bien, maintenant, je prends le relais. Il existe d'autres armes que les poings pour résoudre les différents. Les mots, par exemple.

Faisant face à Sochenfort, il demanda d'une voix douce :

- Pardonnez-moi, ma dame, mais je me pose une question. Qu'est-ce qu'une personne comme vous peut attendre du Chaos ?

- Pardon ?

- Pourquoi vous battez-vous ? J'ai du mal à croire qu'une femme bien née et avec tant de pouvoir puisse souhaiter un retour à l'anarchie tel que le préconise l'idéologie de Diavil. Vous tirez votre pouvoir et votre fierté de votre nom et de votre fortune. Sachez que dans le Chaos, les noms et les richesses ne vous apporteront rien.

Sochenfort hésita, comme si elle n'avait jamais réfléchi à la question.

- Le Seigneur Diavil nous a donné un grand pouvoir, se justifia-t-elle avec peine. Il a fait de nous des êtres à part... Il est normal de le servir... Vous servez bien Archangeos, vous !

- Parce que nous croyons à sa cause, pas pour les pouvoirs qu'il nous a donné, intervint Kinan.

- En effet, ajouta Balterik. Les pouvoirs ne sont qu'un moyen de parvenir au but que nous recherchons. Et vous, Lady Sochenfort, quel est donc ce but ?

Le visage de la triumvir se ferma, tandis qu'une escouade d'une dizaine de soldats du Triumvirat se présentait derrière elle en renfort.

- Je n'ai aucun but ! Je n'en n'ai pas besoin. Ce qui compte, c'est moi, et mon pouvoir ! Je me fiche de ce que feront Nathan et le Seigneur Diavil de cette région !

Elle se tourna vers ses soldats.

- Abattez ces criminels !

- N'en faites rien, messieurs ! S'exclama Balterik. Vous devez tous me connaître. Je suis l'ancien maître de Naya, Balterik. Je me bats pour cette région qui est la mienne autant que la vôtre, et que j'aime. Vous avez entendu Lady Sochenfort ? La région et votre sort lui indiffèrent totalement. Pensez-vous que tout ce qui se passe dans le Triumvirat est bon pour Naya ?

Les hommes derrière Sochenfort ne faisaient pas partie de la Garde Gouvernementale. Ils étaient de simples soldats de métiers, des citoyens, des pères de familles, et les paroles de Balterik les firent hésiter.

- Qu'attendez-vous pour tirer ?! Gronda Eléonore.

- Les soldats ont pour devoir d'obéir aux ordres, continua Balterik. Mais ils ont aussi pour devoir la résistance à l'oppression. Seul un aveugle pourrait ne pas voir ce qu'est devenu le Triumvirat. Entre Odion et les massacres qu'il perpètre pour le compte de Lord Dialine, le Cibleur Mortel, les innocents transformés en Inhumains ou en horreurs génétiques, les Pokemon devenant des esclaves, et surtout, les triumvirs, protecteurs du peuple, qui se contrefichent du peuple... Est-ce ça, la Naya que vous souhaitez ?

Les soldats se regardèrent entre eux, totalement perdus, jusqu'à que l'un d'entre eux, visiblement un officier, fasse un pas en avant, et déclare :

- Non. Ce n'est pas la Naya que je souhaite, Maître Balterik.

Tour à tour, les autres soldats acquiescèrent, et baissèrent leurs armes.

- Comment osez-vous me désobéir ! Fulmina Sochenfort. Est-ce une mutinerie ? Je ferai exécuter toutes vos familles, traîtres !

- Il n'y a pas qu'eux qui doivent penser ainsi, dit Balterik. J'ai bien connu votre père, Lady Sochenfort. C'était un homme droit et juste, il l'a démontré lors du conflit contre la famille Zolnys en rejoignant dès le début le camp de Guben Dialine. Je n'ai pas eu la chance de vous connaître comme lui, mais je suis sûre qu'en dépit de votre démagogie et votre vanité, vous êtes une femme sensée, qui sait bien que tout ce qui arrive par la faute de Nathan Dialine et d'Odion n'est que folie. Vous les avez rejoints par appât du gain, mais désormais, vous ne les servez que par peur.

Un conflit semblait naître en Eléonore Sochenfort, mais d'un geste brusque, elle leva le bras pour invoquer une centaine d'aiguilles noires, pointées à la fois sur Balterik, mais aussi sur les soldats derrière elle. Ces derniers levèrent leurs armes en direction de la triumvir, mais Balterik leur fit signe de ne pas tirer.

- Il est encore temps de tout arrêter, ma dame, continua-t-il. Laissez tomber votre orgueil de Sochenfort pour une fois, et ouvrez les yeux. Bien des choses peuvent être pardonnées. Je ne pense pas qu'Adélie Dialine ait une quelconque rancune à votre égard, et vous n'avez rien fait de si grave qui puisse vous faire encourir la colère d'Archangeos. Prenez la bonne décision, Eléonore.

Une lueur de colère véritable luisit dangereusement dans les prunelles de Sochenfort, et Kinan crut pour de bon qu'elle allait lancer ses aiguilles. Mais Balterik ne cilla pas, et finalement, Sochenfort baissa le bras, laissant disparaître ses épines noires. Aussitôt, elle fut entourée par ses propres soldats.

- Veuillez amener Lady Sochenfort à l'abri des combats, messieurs, ordonna Balterik. Surveillez-la, mais traitez-la avec égard.

Puis, à Eléonore, il hocha la tête avec un certain respect.

- Aujourd'hui, vous avez fait le bon choix, ma dame.

La triumvir le regarda avec amertume tandis qu'elle était amenée par les soldats. Kinan siffla, impressionné.

- Vous avez réussi à convaincre un Agent du Chaos de se rendre ! En effet, vous pouvez transformer les mots en arme véritable, maître.

- Mon petit discours n'aurait pas marché sur Nathan Dialine ou sur Charlus Akenvas, sourit Balterik. Je savais que Lady Sochenfort n'avait pas encore son âme trop abîmée.

L'officier qui a parlé le premier les rejoignit.

- Mes gars et moi, nous sommes avec vous, maître Balterik. Depuis trop longtemps, le Triumvirat commence à puer très fort. Beaucoup d'autres soldats pensent comme nous. Je peux en convaincre d'autres de déserter.

- C'est génial, sourit Kinan. Si on prive Nathan de l'armée, ça serait un gros coup porté au Triumvirat !

Mais l'officier secoua la tête.

- Hélas, jeune homme, nous autres de l'armée régulière, nous ne sommes plus si nombreux. Lord Dialine s'est entouré de ses Inhumains, et il a les Pokemon qu'ils contrôlent comme armée. Même si l'ensemble des soldats vous rejoignait, ça ne fera pas grande différence.

- Ça en fera une pour vous, répondit Balterik. Il ne s'agit pas de changer le court de la bataille. Il s'agit de permettre à des gens de pouvoir dire non, de pouvoir choisir leur destin. Que l'on montre bien à Nathan Dialine que toute la région est contre lui !


***


Kelifa se servait de son fouet de Don pour faire disparaître les images de Charlus Akenvas les unes après les autres. Si frapper autant de fois l'image de son père avait de quoi la défouler, elle n'allait pas l'avoir comme ça. Charlus pouvait multiplier son image à l'infini, et chacune de ses nouvelles copies était, comme l'original, recouvert de l'encre de l'Octillery de Kinan.

- Tu perds ton temps, fille puérile, se moqua son père, sa voix désagréable répercutée par plus d'une centaine de copies. Depuis que tu es née, tu n'as fait que ça, perdre ton temps.

- Tu as raison, admit Kelifa. J'aurais du te tuer depuis très longtemps déjà.

Elle lança la Pokeball de son Brutapode, qui fit disparaître trois illusions en apparaissant dessus. Aussitôt, les autres reculèrent.

- Attaque Séisme !

Kelifa monta sur son Pokemon pour être moins affectée par le tremblement de terre qu'il provoqua autour de lui. Comme elle l'avait espéré, ça fit disparaître toutes les images d'Akenvas, tandis que le vrai était tombé à terre.

- Déchiquète-le ! Mégacorne !

Mais à peine Brutapode s'est-il élancé que les illusions revinrent, encore plus nombreuses. Kelifa avait perdu sa cible de vue, et dut faire face à autre chose : son père venait de lancer son couteau familial sur elle, et ce faisant, tous ses duplicatas aussi. Kelifa avait une centaine de couteaux se dirigeant vers elle, sans savoir quel était le vrai. Et si elle ne bougeait pas, elle savait qu'elle se ferait avoir. Charlus Akenvas était doué en peu de chose, mais le lancer de couteau faisait parti de ces peu de choses. Le noble art, comme il disait.

Kelifa n'avait pas le temps d'ordonner à Brutapode une attaque pour esquiver ou se protéger. Faute de mieux, elle s'enferma dans le Don, tenta d'apercevoir quelque chose que ses seuls yeux ne pouvaient distinguer. Le Don était une énergie des êtres vivants. Les Gardiens de l'Harmonie pouvaient repérer et influencer les esprits des humains et des Pokemon grâce à lui, mais ils ne pouvaient rien faire pour les simples objets. En revanche, le Don repérait bien le pouvoir sombre et répugnant des Agents du Chaos. Le poignard d'Akenvas, qui était longtemps resté avec son possesseur, avait la même puanteur que lui dans le Don. Une odeur que les illusions n'avaient pas.

Instinctivement, Kelifa fit tournoyer son fouet de Don dans cette direction. Elle dévia le vrai poignard, et donc en même temps tous ses reflets, qui repartirent dans plusieurs directions à la fois, provoquant un beau désordre parmi les illusions d'Akenvas. Car Charlus ignorait désormais lui aussi quel était le vrai poignard. Sa peur du couteau l'emporta sur sa prudence, et il mit fin à ses illusions pour repérer le vrai poignard, qui passa très loin de lui. C'était l'occasion qu'attendait Kelifa. Même si son père avait fait revenir immédiatement ses doubles, la Rocket avait repéré l'original et ne le quitta pas des yeux alors qu'il tentait de se fondre dans la masse de ses copies.

- Tu es à moi mon salaud, marmonna-t-elle tandis qu'elle sautait de son Brutapode, courant en direction de sa cible.

Mais c'est alors qu'elle s'arrêta, surprise. Il n'y avait plus seulement des doubles de Charlus autour d'elle, mais aussi d'elle-même. Plusieurs dizaines de Kelifa, qui s'entre-regardaient d'un air abasourdi. Kelifa jura, comprenant le stratagème de son père. Par ce nouveau tour de passe-passe, il venait de la distraire suffisamment longtemps pour qu'il puisse à nouveau se cacher parmi ses copies. Et ça avait marché. Kelifa l'avait quitté des yeux à peine deux secondes, et elle ne pouvait plus dire où il était.

- Tu fais peine à voir, ma fille, se moqua Akenvas avec sa voix sortant de centaines de gorges. Comme toujours, tu fonces sans réfléchir.

- Un de tes anciens fantasmes, de faire apparaître des doubles de moi ?

- Le pouvoir des Agents du Chaos est en perpétuelle évolution, expliqua Akenvas. Plus on l'a, mieux nous le contrôlons, et nous pouvons pousser ses possibilités. Désormais, je peux faire apparaître exactement cent dix-huit copies à la fois, et même copier les autres, et ce quelque soit leur nombre, je pourrai toujours en faire cent dix-huit. Mais regarde plutôt.

Le triumvir reproduit par illusion l'image de plusieurs soldats et Pokemon qui se battaient non loin. Désormais, autour de Kelifa et de son père, c'était une véritable marée d'illusions. Kelifa avait l'impression d'être à un concert du Groupe Go-Rock, tous serrés comme des sardines.

- Ah ah ah ! Rigola Akenvas. Essaies donc de me trouver maintenant, stupide trainée !

Kelifa soupira, et haussa les épaules.

- Tant pis... Je ne voulais pas t'avoir comme ça, mais te débusquer prendrait trop longtemps.

Elle sortit une grenade de son uniforme Rocket, qu'elle dégoupilla. Les centaines de sourires d'Akenvas disparurent quand le triumvir perça à jour les intentions de sa fille. Puis Kelifa la lança au milieu de cet attroupement de reflets, tandis qu'elle se réfugia derrière la solide carapace de Brutapode pour se protéger. Qu'importe où se cachait Akenvas, après tout, tant qu'elle pouvait l'atteindre. Et en effet, après l'explosion, toutes les illusions avaient disparu. Il ne restait que le vrai Charlus Akenvas, à terre un peu plus loin.

Il avait été assez éloigné de la grenade pour ne pas partir en morceau, mais l'explosion l'avait quand même jeté à terre en lui causant diverses blessures. Kelifa n'était pas croyante, mais remercia quand même silencieusement Arceus. Ça l'aurait peinée que son père meure d'un coup lors d'une explosion, après tout ce qu'il lui avait fait subir quand elle était jeune. Elle voulait au moins le regarder dans les yeux quand il mourrait. Elle s'approcha de lui. Il tenta de se lever en gémissant, et fut réduit à ramper. Quand il vit sa fille venir vers lui, une lueur meurtrière dans le regard, il se mit à pleurnicher.

- N-Ne m'approche pas... Tu... Tu n'as pas le droit ! Je suis triumvir !

- Tu dois être bien désespéré pour penser que ton titre va te protéger maintenant...

- Arrière ! Je... Je suis ton père, tu dois m'obéir !

- Encore un argument à chier, renchérit Kelifa. Allez, essaie encore. Je t'en accorde deux de plus.

En même temps, elle sortit son poignard, et le mit bien en vue devant elle. Akenvas blêmit.

- Attend ! On peut s'arranger... Mon argent... J'ai des tonnes d'argent ! Je peux t'en donner la moitié... non, même tout !

Kelifa soupira. Elle se plaça au dessus de son père et baissa son poignard vers lui.

- Tu n'as pas l'air très inspiré. Dernière chance...

- PITIÉ ! Se mit à hurler Charlus Akenvas. TU NE PEUX PAS ! Tu es ma fille, Kelifa. Je... je t'aime !

- Je sais, répondit Kelifa. Tu me l'as assez démontré par le passé, n'est-ce pas ?

Alors, Kelifa abattit son poignard, à l'endroit même où son père l'avait tant fait souffrir quand elle était enfant, et ce tant de fois. Elle frappa, une fois, deux fois, trois fois, alors qu'Akenvas poussait un hurlement effrayant. Ne le supportant plus, elle enfonça son couteau dans l'œil droit de son père, et ce jusque dans son cerveau. Ceci fait, elle recula, tremblante, comme fébrile. Depuis tant d'années qu'elle avait rêvé cette scène... aujourd'hui, ça ne lui faisait rien. Elle aurait aimé pouvoir éclater de rire, laisser exploser sa joie, sa vengeance enfin accomplie.

Mais non, rien de tout cela. Elle ne ressentait rien. Avait-elle vraiment changé à ce point durant cette année passée avec les Gardiens de l'Harmonie ? Kelifa ne s'attarda pas. Sans jeter un seul coup d'œil au cadavre de son père, elle se lança dans la bataille. Tuer Charlus Akenvas avait été son petit plaisir personnel, qui finalement n'en avait pas été un. Arrêter les Agents du Chaos n'était pas son plaisir, mais son devoir. En tant que Gardien de l'Harmonie, en tant qu'agent de la Team Rocket, en tant qu'humaine, tout simplement. Et Kelifa Akenvas n'avait jamais failli à son devoir.


***


Ad, accompagnée d'un petit groupe de dresseurs, dont sa mère, tentait de se frayer un chemin jusqu'au Centre Général. Les soldats ennemis n'étaient pas le problème. Il y en avait de moins en moins, et Ad en avait même croisé qui retournaient leur arme contre le Triumvirat. Le barrage de canon qui retentissait un peu partout s'était calmé, Stratoreus s'étant débarrassé de la plupart d'entre eux. Le Pokemon Légendaire de l'orage s'était d'ailleurs joint à eux, en les couvrant d'en haut des Pokemon adverses. Fastia avait toujours le puissant Minolcan avec lui, qui ouvrait des passages à travers les forces ennemies comme un Taupiqueur creusait dans la terre. La puissance des Pokemon Légendaires était stupéfiante, mais face à eux, il y avait un groupe d'au moins vingt Inhumains, et face à ça, même Stratoreus et Minolcan avaient du mal.

Comme ils étaient des Pokemon capturés, ils étaient protégés contre la prise de contrôle mentale des Inhumains sur eux. Mais chaque Inhumain contrôlait des dizaines de Pokemon, et eux-mêmes étaient très difficile à détruire. Ad n'avait plus de vibrolame sur elle, ces couteaux spéciaux envoyés par l'Agent 007 de la Team Rocket qui venaient à bout des monstres de Nathan. Elle n'avait que ses flèches de Don, et si ses flèches pouvaient ralentir un peu les Inhumains, elles étaient très loin de pouvoir les tuer. Le seul moyen était de leur arracher leur tige métallique centrale, et pour ça, il fallait être proche d'eux. Or là, il y'en avait une vingtaine, et avec eux une petite armée de Pokemon.

Ad avait remarqué depuis longtemps que les Pokemon qui étaient contrôlés par un Inhumain étaient bien moins efficace au combat qu'un Pokemon qui prenait ses ordres d'un dresseur. Parce que leur volonté était écrasée par l'Inhumain, les Pokemon sous leur emprise ne pouvaient plus penser par eux-mêmes. Ils attendaient simplement les ordres des Inhumains. Et parce que l'Inhumain en avait souvent plusieurs à contrôler, les ordres qu'il donnait étaient très laconique, du genre « Tuez-les tous ». Cela faisait que même si les Pokemon contrôlés étaient cinq fois plus nombreux, les Pokemon des dresseurs, avec les puissants Stratoreus et Minolcan, pouvaient rivaliser avec eux. Ad avait aussi appelé les siens, Kung-Fufu, Cliticlic et Zegrozard en renfort.

Mais s'ils pouvaient tous faire face aux Pokemon, quand les Inhumains rentrèrent dans la bataille, ce fut une autre histoire. Après plusieurs blessures et de gros efforts, Ad parvint à en éliminer deux en leur retirant leur tige centrale, mais les autres avaient déjà mis en déroute le gros du groupe d'Ad. Le repli était inévitable, mais Ad ne le voulait pas. Le temps leur était compté. Sans Madison, pas de Mélodie de Vie, et Geran ne pouvait pas retenir Odion éternellement. C'était téméraire, même inconscient, mais elle chargea tous les Inhumains à la fois. Ad entendit sa mère crier, mais elle n'y prit pas garde. C'est alors qu'avant que les Inhumains soient sur elle, une sorte d'onde de choc venait d'apparaître. Elle envoya les Inhumains aux quatre vents, souvent en plusieurs morceaux, mais laissa Ad intacte. Elle n'avait même rien ressenti.

- Toujours aussi peu disposée à la raison, à ce que je vois, fit une voix moqueuse. La mort ne vous a donc rien appris ?

Ad se retourna, la voix lui étant familière.

- Vous êtes... Ardulio ?

- Content de voir que vous vous souvenez de moi, Adélie Dialine, sourit le jeune homme.

Son aura nimbé d'un Don si brutal, mêlé à autre chose, le rendait d'autant plus impressionnant qu'il se trouvait sur un Pokemon à l'allure d'une statue de pierre envahie par la végétation et la mousse. Un Pokemon qu'Ad connaissait aussi.

- Je suis venu vous prêter main forte, dit Ardulio, et j'ai amené notre vieux copain Silphuine avec moi. Il avait hâte de retrouver ses deux amis de longue date.

En effet, en voyant Silphuine, Stratoreus et Minolcan allèrent à sa rencontre. Pas de paroles échangées, du moins audible pour les humains, mais ils se mirent tous trois en une position d'attaque synchronisée. Les trois Pokemon légendaires de Naya étaient à nouveaux réunis depuis tant d'années, et avec le si puissant et mystérieux Ardulio à leurs côtés, les forces d'Ad firent une percée spectaculaire vers le Centre Général.