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Gardiens de l'Harmonie T.1 : La mélodie de vie de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 14/05/2014 à 08:41
» Dernière mise à jour le 02/09/2017 à 11:46

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Présence de Pokémon inventés   Région inventée   Romance

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Chapitre 43 : L'Elue d'Arceus
Ad était un peu paumée. Il venait de se passer, ces deux derniers jours, une série d’événements étranges et inexpliqués qui la laissèrent avec une migraine folle. Ça avait commencé la veille de la bataille d'Odipolis. Ad avait rassemblé les forces loyales aux Gardiens de l'Harmonie et s'était mise en route vers la capitale pour empêcher Nathan d'utiliser à nouveau son Cibleur Mortel, et aussi pour tenter de secourir Madison, si elle était toujours en vie. Mais, juste au moment de partir, quelqu'un l'avait agressée. Ad n'avait même pas eu le temps de voir son visage que l'individu, caché derrière un manteau à capuchon, l'avait assommée.

Quand Ad était revenue à elle, elle se trouvait dans les Montagnes de Zaelle, dans la même caverne où Maître Balterik se terrait il y a un an, là où Ad avait rencontré Geran. Un lieu étrange, car Ad s'était attendue à se réveiller dans une cellule du Centre Général du Triumvirat, ou même ne pas se réveiller du tout. Pourtant, elle était bien captive. Ses bras et ses jambes étaient ligotés. Son kidnappeur était là. Un homme entre deux âges aux cheveux blancs, le visage buriné, pâle et lugubre, mais qui bizarrement était familier à Ad, sans qu'elle n'arrive à lui mettre un nom dessus. En tout cas, lui devait la connaître, car il la regardait avec des yeux tels qu'on aurait dit un père ayant perdu de vue sa fille adorée durant des décennies.

- Euh... bonjour, avait commencé Ad en tentant de se remettre assisse malgré ses liens. Je me pose pas mal de questions en ce moment. Est-ce que vous seriez disposé à répondre à certaines d'entre elles ?

L'homme avait sourit, un geste bizarre, comme s'il n'avait plus eu l'habitude de le faire depuis des années.

- Je peux essayer, mais je ne peux pas répondre à tout, avait-il dit d'une voix rauque.

- Première question : qui êtes-vous ?

- Hélas, en voilà une où je ne peux rien vous dire, désolé.

- Bon. Deuxième question : que me voulez-vous ?

- Que du bien, rassurez-vous.

- Trop vague, avait répliqué Ad. Surtout après m'avoir assommée et ligotée.

- Je l'ai fait pour votre bien. Vous vous apprêtiez à vous rendre à une bataille perdue d'avance, où vous alliez trouvez la mort. En vous empêchant d'y aller, je vous ai sauvée.

- La bataille... Mais quel jour nous sommes ? Ils y sont allés sans moi ?! Comment se passe-t-elle ?

L'individu avait soupiré.

- Je vous l'ai dit, elle était perdue d'avance. Les nobles présents vous ont trahi. Narek Congois a rejoint les Agents du Chaos. Une grande partie de votre armée a été décimée. Mais tous vos amis Gardiens ont survécu.

Ad avait eu le vertige à cet instant.

- Relâchez-moi... Je dois aller les retrouver.

- Vous irez, avait acquiescé l'homme en la détachant. Le reste dépendra de vous. Tâchez de ne pas vous faire tuer à nouveau. Je ne serai plus là pour réparer les dégâts.

Ad ne comprenait pas ce que ce type voulait dire. Était-il fou ? Cette pensée se retrouva renforcée quand l'homme se prit soudainement la tête entre les mains en gémissant et en tombant à genoux.

- Vous allez bien ?

- Non. Mon temps est fini apparemment. Dialga réclame réparation pour ce que j'ai fait.

Il regardait ses mains, qui commençaient à devenir trouble, tout comme le reste de son corps. L'homme disparaissait peu à peu.

- Rejoins ceux qui t'aiment, Ad. Ils t'attendent.

L'homme avait recroisé son regard, et Ad avait senti quelque chose. Ses yeux, ou le ton de sa voix, mais c'était surtout le faible Don qui s'était échappé de cet homme. Un Don très familier.

- Geran ?

L'homme avait sourit, juste avant de disparaître totalement, sans laisser de trace. Et au moment même de sa disparition, les deux trames temporelles s'étaient réunies en une seule. Alors, Ad eu la tête pleine de souvenirs qui pourtant ne s'étaient jamais déroulés. La bataille d'Odipolis. La trahison des nobles. Les trous du nouvel Agent du Chaos. La chute de Lopchu. Le combat contre Narek. Et Odion. Le Prince des Ténèbres avait utilisé sa Déferlante sur elle à bout pourtant. Ad se souvenait de ce froid intense, puis ensuite, le noir absolu.
Elle avait été tuée, oui. Bien que tout ça ne ce soit jamais passé, elle s'en souvenait. C'était les souvenirs d'une autre époque, une époque qui avait changé. Alors, tout se mit en place dans son esprit. Cet homme... Oui, c'était bien Geran. Il avait utilisé sa Bénédiction de Dialga pour voyager dans le passé et empêcher ça. Il avait gaspillé sa seule chance de revoir sa fiancée de son époque, puis il avait disparu, pour elle.

Ad avait laissé les larmes couler sur ses joues un bon moment. Pour se réconforter, elle se dit que le Geran du présent était toujours là lui, et que surtout, il ne pouvait plus rentrer chez lui maintenant. Dialga ne lui accorderait plus rien. Ad pouvait l'avoir pour elle tout seule. À peine eut-elle pensé ça que son égoïsme la frappa de plein fouet, et qu'elle éclata de rire. Le Geran du futur s'était sacrifié pour une belle connasse, songea-t-elle. Elle voulait croire que Geran l'avait sauvée uniquement parce qu'elle était l’Élue d'Arceus censée arrêter Odion, mais elle savait que c'était faux. Geran l'avait sauvée parce qu'il l'aimait. D'un amour bien plus fort et bien plus vrai que celui d'Ad. Elle savait que elle, elle ne l'aurait pas fait pour Geran. Décidément, elle ne le méritait pas.

Quoi qu'il en soit, elle se mit en route. Elle devait rejoindre le Temple de la Vie et chanter cette foutue Mélodie de Vie, et ensuite en finir avec Odion une bonne fois pour toute. Elle devait ça au Geran du futur. Et puis ensuite, elle allait se charger de son frère qui avait pensé à tort être enfin débarrassé d'elle. Elle utilisa son Don pour attirer vers elle un Pokemon vol, en l'occurrence un Roucarnage, puis, suivant la piste de son pouvoir, elle se dirigea vers l'endroit où elle sentait le plus grand Don. Odipolis. Plus elle approchait, plus elle voyait la bataille qui était en train de s'y passer. Elle se promit de penser à passer un savon aux autres d'avoir attaqué sans elle. Qu'ils l'aient cru morte n'était pas une excuse valable.

- Ad ! Cria quelqu'un.

Adélie se retourna, et sentit son cœur se serrer en voyant Geran - le Geran de cette époque, celui qu'elle connaissait - venir à sa rencontre en chevauchant un Etouraptor.

- Qu'est-ce que tu fiches là ? Lui demanda-t-elle. Pourquoi tu n'es pas là-bas avec les autres ?

- Je te cherchais. Je te cherche depuis que tu as disparu la veille de la bataille d'Odipolis. Et puis, il y a environ une heure, j'ai senti... C'est dur à expliquer. Comme des souvenirs qui n'étaient pas les miens m'envahir. J'ai su où te trouver.

Ad compris que dès que le Geran du futur avait disparu, le futur qui avait été modifié s'était imposé à tous, et pas seulement à elle. Geran devait avoir les souvenirs de celui qui avait remonté le temps. À en juger par son visage, il en était encore plus retourné qu'Ad elle-même.

- Tu es un crétin, tu sais ça ?

- Techniquement, ce n'était pas moi, mais mon double, se défendit Geran. J'ai du mal à croire qu'il ait osé enfreindre l'interdit en modifiant le passé, mais... je ne peux imaginer ce que ça lui a fait de te perdre...

- Commence pas à être sentimental, ce n'est pas le moment. Mais songe juste qu'à cause de ton toi du futur, tu ne pourras jamais plus rentrer dans ton époque.

- J'en ai conscience. C'est triste à dire, mais ça m'est égal.

Ad le comprenait. Elle-même, au plus profond d'elle, en était heureuse. Elle se maudit une nouvelle fois pour son égoïsme et se reconcentra sur le combat à venir. Le Temple de la Vie, qui survolait la capitale, était la cible de centaines d'attaques, et son bouclier n'allait vraisemblablement pas tenir longtemps. Dès qu'elle se fit cette remarque, un coup de canon alla briser le haut du bouclier, sur le toit du temple... là où se trouvait l'orgue.

Ad jura en forçant l'allure. Si l'orgue était détruit, Ad aurait tout aussi bien pu rester morte. Quand son Roucarnage survola le temple, Ad le quitta pour se réceptionner sur l'un des piliers encore debout. Geran fit de même. Les deux Gardiens virent Odion, le Prince des Ténèbres, préparer une de ses Déferlantes de Mort par le biais d'une sphère noire qui était la mort à l'état pur. Et il la pointait vers le groupe de Rockets qui défendaient tant bien que mal le toit. Et avec eux, il y avait la mère d'Ad.

Ad ne perdit pas de temps et invoqua une grande quantité de Don qu'elle matérialisa en une flèche épaisse et puissante. Puis elle la tira sur Odion, qui fit un beau vol jusqu'à s'écraser sur un immeuble un peu plus bas. Alors, tandis que tout n'était que cris et désordre juste avant, un lourd silence régna tandis que tout le monde, alliés comme ennemis, prirent conscience de qui avait tiré. Ad croisa le regard à la fois stupéfait, perdu et rassuré de sa mère, juste avant qu'Odion n'émerge des décombres et qu'il lui hurle :

- Toi ! Combien de fois vais-je devoir te tuer ?!

Etrange remarque. Odion était véritablement stupéfait. Il était persuadé de la mort d'Ad. Les souvenirs du passé modifié ne s'étaient-ils pas implantés en lui ?

- Tu étais morte ! Poursuivit-il comme un dément. Je t'ai tuée moi-même ! Quelle magie est à l'œuvre ? Qui a osé ?! Je suis le créateur de l'Univers ! Rien ne doit arriver qui ne soit pas de ma volonté !

Ad ignora les absurdités qu'Odion débitait pour repérer les autres Gardiens grâce au Don. Killian était dans le Temple, mais c'était le seul. Les autres se trouvaient dispersés dans les rues de la ville, en train d'affronter les Agents du Chaos. Ad aurait voulu les aider, mais elle avait autre chose à faire, de plus important.

- Je me charge d'occuper Odion, lui dit Geran. Tu dois chanter la Mélodie de Vie.

- Mais je ne sais pas du tout comment faire, et Archangeos n'est pas là !

- Tu trouveras. Tu es l'Elue d'Arceus. Et ta tante Frilvia sait sans doute beaucoup de choses. Je te fais confiance.

Avec un dernier sourire, il tira son épée, activa son bouclier de Don, et se lança à l'assaut d'Odion, son Rétrectis à ses cotés. Ad savait qu'il n'avait aucune chance face au Prince des Ténèbres. Le seul moyen de le tuer était bel et bien de chanter cette fichue mélodie. Ad sauta donc sur la place de l'orgue, au milieu d'une foule de Rockets et de sa mère Fastia éberluée.

- Adélie, ma chérie...

- Bonjour m'man. Je suis surprise de te trouver au milieu d'une bataille.

- Je pensais... j'ai cru que... tu étais morte. Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé ça...

Elle semblait perdue, mais Ad n'avait ni le temps ni l'envie de lui expliquer la vérité.

- Eh bien, je suis en vie pour le moment. Profite d'être ici pour un spectacle que tu n'es pas prête d'oublier : ta fille adorée va chanter une chanson qu'on entendra dans toute la ville et même plus loin.

- Toi ? Chanter ? Mes aïeux ! Tu n'as plus chanté quoi que ce soit depuis les leçons catastrophiques de chant que je t'ai payées quand tu avais huit ans ! Tu as une voix tellement fausse !

Ad sourit, amusée. C'était la stricte vérité, en effet. Fastia Dialine avait été le modèle parfait de la femme aristocrate douée en couture et en chant. Elle avait tenté d'apprendre cela à sa fille, avec des résultats plus que désespérants.

- Justement. C'est une chanson spécialement écrite pour rendre Odion mortel. Et avec de la chance, ma voix lui fera tellement siffler les oreilles qu'il en mourra peut-être. Au fait, où est tante Frilvia ?

- Frilvia ?! S'écria Fastia en fronçant les sourcils, comme indignée que sa fille la réclame.

- Oui mère. J'ai besoin d'elle. Elle connait mieux que quiconque ici comment fonctionne cet orgue et ce qu'on doit faire. Et Archangeos l'avait chargée de retranscrire intégralement la Mélodie de Vie des trois parchemins que l'on a trouvés.

Comme sa mère était toujours maussade, Ad soupira.

- Vous aurez tout le temps de vous crêper le chignon entre vous après. Là, c'est assez urgent, mère.

- Très bien, consentit Fastia quoi qu'à contrecœur.

Elle descendit du toit pour se lancer à la recherche de sa belle-sœur qu'elle détestait tant. Ad se tourna ensuite vers les Rockets.

- Je veux que ce lieu soit protégé jusqu'à que j'en ai fini ici. Concentrez le bouclier autour de nous, quitte à le réduire ailleurs. Rien n'est plus important que l'orgue. Les haut-parleurs sont prêts ? Je veux qu'on entende ma voix si sublime à des lieues à la ronde !

Les soldats de Kelifa se mirent presque au garde à vous et firent le nécessaire. Entre temps, Fastia était remontée avec Frilvia. Killian les suivait.

- Yo, Ad ! Tu vas pas me croire, j'étais sûr que tu avais clamsé ! Trop bizarre.

- Contente de te revoir aussi. Tu étais en train de jouer de ta musique spéciale guitare de Don qui booste nos potes et affaibli nos ennemis ?

- Ouais. La première fois que je me produis à la capitale de Naya, et surtout sur une telle scène !

- Tu vas devoir arrêter un moment, je vais prendre le relai. Tante Frilvia, vous avez la chanson ?

Sa tante lui tendit une feuille de papier sur lequel étaient écrites les paroles de la Mélodie de Vie. Ad les regarda un moment avant de se dire avec certitude qu'en plus de sa voix qui allait en faire souffrir plus d'un, elle aurait l'air totalement ridicule de chanter un truc pareil. La précédente Elue d'Arceus devait vivre dans le monde des Bisounours ou un truc du genre. Pourtant, ces paroles lui étaient familières, mais sans qu'elle puisse se souvenir où elle les avait déjà entendues.

- Bon, si le ridicule tuait, ça se saurait, de toute manière, soupira Ad. Que dois-je faire ?

- Insère la clé dans l'orgue, répondit Frilvia.

Ad empoigna le médaillon qu'elle avait reçu de son père et que jamais elle n'enlevait, qui représentait le symbole de la famille Dialine. Elle s'avança vers l'orgue géant et le plaça dans l'interstice prévue à cet effet. Il rentra parfaitement, et aussitôt, le Grand Orgue, jusque là endormi, s'enclencha en un bruit épais. Une lumière surgit au milieu du sol, juste devant lui. Ad avait plus l'impression d'être devant une espèce de réacteur que devant un instrument de musique.

- Et maintenant ?

- Rentre dans la lumière, poursuivit tante Frilvia. Et restes-y. Le Grand Orgue va ressentir la présence de l'Elue d'Arceus, et débuter tout seul la musique.

- Je vois. Je tiens à préciser une chose : je suis très mauvaise en chant, c'est vrai, mais peut-on m'expliquer comment je suis censée chanter un truc que je n'ai jamais entendu avant, même avec les paroles ? Je ne connais pas le rythme !

- Contente-toi de te laisser aller. Lis seulement la mélodie. La chanson devrait être imprégnée dans l'esprit de l'Elue d'Arceus.

Ad haussa les sourcils, mais finalement acquiesça. Après tout ce qu'elle avait vécu cette dernière année, elle devrait savoir que s'interroger sur le surnaturel ne servait à rien. Elle pénétra donc dans le cercle de lumière, la peur au ventre. Elle allait être ridicule, elle en était certaine. La Mélodie de Vie serait sans doute si mal interprétée qu'elle ne fonctionnerait pas ou quelque chose comme ça. Ad avait beau avoir la précédente Elue d'Arceus comme aïeule, elle ne se sentait pas du tout le rôle d'une prêtresse chanteuse. Qu'est-ce qu'avait donc pu fumer Arceus pour la désigner comme Élue ?! Elle attendit que la musique débute, comme Frilvia l'avait dit, mais rien ne se passa. Le Grand Orgue restait silencieux.

- Il en met du temps, votre engin. Vous êtes sûre qu'il marche ?

- On l'a vérifié plusieurs fois, et pour autant que je sache, il n'a pas été touché durant la bataille, répondit un Rocket.

- Alors c'est la clé d'activation qui est mauvaise ? Demanda Ad à Frilvia.

- Impossible. C'est bien l'héritage des Dialine que Guben tenait de ses parents. D'ailleurs, l'orgue s'est activé dès qu'on la mise, ça n'a aucun sens !

- Mais alors...

- Normalement, le Temple de la Vie doit ressentir la présence de l'Elue d'Arceus. Il joue le rôle de catalyseur pour le Grand Orgue. Mais s'il ne s'est rien passé quand tu es entrée dans la lumière, ça veut dire que...

Tante Frilvia secoua la tête, comme si cette option lui paraissait impossible, mais poursuivit pourtant :

- ... que tu n'es pas l’Élue d'Arceus.

Ad sorti de la lumière, à la fois soulagée et agacée.

- C'est vous qui avez dit que c'était moi, ma tante, protesta Ad. Et c'est vous qui êtes une experte des Gardiens de l'Harmonie. Si vous ne savez pas, alors on n'est pas dans la merde !

- C'est invraisemblable, se défendit Frilvia. L'Elue d'Arceus est forcément une femme qui descend directement de l'Elue qui a composé les paroles de la Mélodie ! Et les seuls descendants de cette femme sont les membres de la famille Dialine !

- Papa avait-il des sœurs ou des cousines ? Demanda Ad à sa mère.

Ce fut Frilvia qui répondit.

- Non, il était fils unique, et son père avant lui aussi. Il n'y a aucune autre Dialine de sang à part toi ! C'est...

Tante Frilvia s'arrêta alors, comme si elle avait compris ce qui lui échappait. Ad compris au même instant, et les deux femmes échangèrent un regard. Ad maudit cent fois leur idiotie. Qu'elles avaient été connes ! Bien sûr que si, il existait une autre Dialine de sang en dehors d'Adélie ! Ad tourna le dos au Grand Orgue et s'adressa aux Rockets.

- Continuez à protéger cet endroit. Je reviens bientôt.

- Où est-ce que tu vas ? Demanda sa mère.

- En bas. Au Centre Général, plus précisément.

- Au Centre Gé... C'est de la folie, Adélie ! On ne peut pas s'y approcher, et en plus, ton frère s'y trouve ! J'ai vu de quoi il était capable. Personne ne peut le vaincre !

- Je ne compte pas le vaincre. Pas encore. Je dois juste sauver quelqu'un.

Ad espérait que ce « quelqu'un » soit encore en vie, sinon, c'en était déjà terminé pour les Gardiens de l'Harmonie.


***


Nathan les sentit plus qu'il ne les vit. Trois nouveaux Don venaient d'arriver sur le champ de bataille. L'un était la fille Rocket Sochenfort. L'autre était ce Gardien du passé, Geran. Et le dernier, c'était sans nul doute celui d'Adélie Dialine. Nathan n'y crut d'abord pas, et dut le voir de ses propres yeux à travers la fenêtre de son bureau. Oui, c'était bien sa sœur Ad. Elle venait de tirer une flèche sur Odion, elle se tenait debout sur un des piliers du temple. Or, si elle était debout et qu'elle avait tiré une flèche, c'était que, selon toute logique, elle était vivante.

Au-delà de sa rage, Nathan songea d'abord qu'Odion lui avait menti. Après tout, Nathan n'était pas là quand Adélie s'était faite tuée, et il avait cru Odion sur parole. Le Prince des Ténèbres ne mentait généralement pas sur les personnes qu'il avait envoyé à sa Mère. Odion cherchait-il à le trahir ? Absurde. Du moins, pas pour les Gardiens de l'Harmonie. Avait-il fait erreur en croyant avoir tué Ad ? Possible, mais pourtant, Narek Congois avait été là lui aussi, et avait été assez abattu pour que Nathan comprenne qu'il pensait Adélie bel et bien morte.

Non, Odion et Narek n'avaient pas menti. Adélie était morte ce jour là. Mais pourtant, elle était bien là maintenant. Un imposteur ? Nathan aurait pu le penser s'il n'y avait pas le Don. Il sentait celui de sa sœur, si similaire au sien. Même un autre Gardien n'aurait pu imiter si parfaitement un Don. Un tour d'Archangeos peut-être ? Mais même le Pokemon de l'Harmonie ne pouvait pas ramener les morts à la vie. Arceus lui-même en était incapable. Il aurait fallu pour cela une activité conjointe de Palkia, Dialga et Giratina, une inversion de l'Espace-temps et du Royaume des Esprits, quelque chose de si compliqué que les effets s'en seraient fait obligatoirement ressentir.

Nathan ne comprenait pas. Il n'avait pas de réponse à ce mystère. Et ça le rendait d'autant plus fou furieux qu'il avait l'impression d'être le seul surpris. Grâce à son propre Don, il parvenait à sentir celui des autres, leurs émotions en surface. Les Gardiens qui se battaient contre les Agents de Nathan avaient senti l'arrivée d'Ad. Ils étaient soulagés, heureux, un peu confus, mais aucunement ébahi et perdu comme Nathan. Comme s'ils savaient quelque chose que Nathan ignorait. Et s'il y avait bien une chose que Nathan Dialine détestait, c'était que quelqu'un en sache plus que lui.

- Ils ont triché, marmonna-t-il pour lui-même. Ce n'est pas normal, ça. Non. Ils m'ont joué un mauvais coup. Alors je vais leur en jouer un moi aussi.

Il invoqua à la fois son Don et son pouvoir d'Agent du Chaos. Son bras gauche se couvrit de ténèbres tandis que sa fourche se matérialisait dans sa main. Et son bras droit, lui, devint lumineux tandis que son Don créait son déflecteur tout autour de son corps. La Souillure et le Don, sur une même personne. Cela n'était jamais arrivé. Et cela faisait de Nathan l'homme le plus puissant de Naya.

Bien que le Seigneur Diavil ne lui ai jamais dit, Nathan avait trouvé la vérité seul. Le Don et la Souillure étaient les deux faces d'une même pièce. Ils n'étaient pas contraires, mais complémentaires. Séparés, ils se confrontaient et s'annulaient entre eux. Mais réunis, ils donnaient naissance au plus puissant des pouvoirs. Un pouvoir que ni Diavil ni Archangeos ne pouvaient imaginer.

Nathan l'avait découvert récemment. Pour cela, il avait fallu qu'il trouve comment utiliser la véritable facette des pouvoirs du Don, qui avait été débloqué par Archangeos il y a un an, quand il a donné le Don aux amis d'Adélie. Tandis qu'Ad pouvait créer et tirer des flèches, tandis que Geran invoquait un bouclier, lui, Nathan, levait tout autour de lui un déflecteur parfait qui déviait n'importe quelle attaque, et ce jusqu'à ce que Nathan soit à court de Don.

Et ce fut lors d'un heureux hasard qu'il tenta d'invoquer sa fourche des ténèbres en même temps qu'il gardait son déflecteur de Don. Et alors, le Don et la Souillure avaient réagi entre eux, recouvrant son corps petit à petit, jusqu'à se mélanger, et donner naissance au pouvoir ultime. Celui que Nathan allait bientôt utiliser pour anéantir ce temple volant, et pour faire en sorte que sa sœur retourne à la mort d'où elle était mystérieusement partie. Nathan Dialine éclata de rire.

- Après tout, c'est peut-être mieux comme ça. Qu'Odion t'ai tuée ne m'a pas satisfait. C'est de ma main que tu seras bannie de l'existence, ma chère sœur !