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Gardiens de l'Harmonie T.1 : La mélodie de vie de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 02/04/2014 à 08:53
» Dernière mise à jour le 02/09/2017 à 11:42

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Présence de Pokémon inventés   Région inventée   Romance

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Chapitre 40 : Dernier miracle
Kelifa Akenvas se mouvait parmi les ombres. Tel un spectre, elle utilisa son grappin pour monter sur le toit de la grande demeure, siège de la noble famille Morneto. La capitaine Rocket savait que tous les nobles de la Rébellion mangeaient maintenant dans la main du Triumvirat. Et elle n'allait pas les prendre tous en chasse pour ça. Par contre, elle ne pouvait pas pardonner aux deux qui les avaient trahi en pleine bataille, en aidant les troupes du Triumvirat contre eux, et en étant donc indirectement responsables de la mort d'Ad.

Ça lui coûtait de le dire, car Kelifa avait toujours été une personne distante et solitaire, mais elle avait fini par apprécier la gamine Dialine. Elles avaient beaucoup de points communs. Toutes les deux filles héritières des grandes familles de Naya, toutes les deux les méprisant. Même au niveau du caractère, elles étaient similaires. Et Kelifa respectait la force et l'engagement d'Ad. Que ces deux pourritures de Morneto et Luklon puissent se prélasser confortablement chez eux, heureux d'avoir participé à la mort d'Ad en échange de maintes récompenses, était insupportable à Kelifa. Ils allaient payer.

Kelifa ne savait plus trop ce que comptaient faire le Seigneur Archangeos et les autres. Ad morte, ils n'avaient plus d'Elue d'Arceus pour chanter la Mélodie de Vie, et sans Mélodie de Vie, Odion demeurait immortel. Dommage, car ce taré mégalo de Prince des Ténèbres était haut placé dans sa liste de cibles potentielles. Kelifa n'avait pas oublié les tortures terribles qu'il lui avait infligées. Mais bon, tant pis. Il restait quand même cette enflure de Nathan Dialine, et bien sûr, son propre père, le triumvir et Agent du Chaos Charlus Akenvas. Si elle parvenait à le tuer, à se venger de toute cette souffrance et ces humiliations qu'elle avait subies étant enfant, alors, le sort de la région Naya, et même de sa propre vie, n'aurait plus aucune importance. Kelifa serait contente.

C'est du moins ce qu'elle aurait pensé il y a un an. Mais maintenant, elle était liée aux Gardiens de l'Harmonie et au Seigneur Archangeos. Au début, ça n'avait été qu'un prétexte pour sa propre vengeance et les intérêts de la Team Rocket à Naya, mais plus maintenant. Elle y croyait vraiment, à ces conneries d'harmonie dans le monde. Était-elle une Rocket, ou un Gardien de l'Harmonie ? Pouvait-elle être les deux ? Kelifa en doutait un peu, étant donné ce qu'était en train de devenir la Team Rocket à Johkan sous l'égide de cette Lady Venamia. Tôt ou tard, si elle survivait, elle allait devoir faire un choix.

Mais pour l'heure, ce n'était pas d'actualité. Pour l'instant, elle était une Rocket, utilisant son entraînement pour aller tuer un traître. Une activité tout en fait en phase avec son statut de Rocket, mais pas très Gardien de l'Harmonie, certes. Mais elle avait dans l'idée qu'Ad aurait fait pareil pour elle si ça avait été Kelifa qui était morte par la faute de ces nobles. Tout comme elle, elle aurait fait passer le bien pensant des Gardiens après son propre code d'honneur et ses propres convictions.

Kelifa repéra les gardes qui protégeaient les entrées de la demeure de Morneto et les rondes qu'ils effectuaient. Elle attendit que la lune se soit momentanément éclipsée sous un nuage pour bouger. La Rocket était excitée. Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait plus effectué de mission d'assassinat, et pourtant son corps et son esprit conservaient encore tous les réflexes nécessaires. Elle avait bien été formée. Techniquement, l'assassinat n'était pas une activité régulière de la Team Rocket, mais ça arrivait, et tous les subordonnés des Agents Spéciaux y étaient minutieusement entraînés. Kelifa pouvait remercier le zèle de l'Agent 007 à ce sujet.

Maintenant, il lui fallait trouver la fenêtre qui donnait sur la chambre du Lord. Cette baraque en avait beaucoup, de fenêtres, et aussi de pièces. Mais ça pouvait aussi être un avantage. Si Lord Morneto s'était enfermé dans une cabane en bois, Kelifa n'aurait pas pu approcher, car tous ses gardes auraient été regroupés en un seul endroit. Mais là, ils étaient dispersés pour protéger une grande structure, et quelqu'un d'entraîné comme Kelifa avait une grande liberté de mouvement.

Toutefois, elle ne pourrait pas rentrer sans être vue. Il fallait éliminer au moins le garde qui se trouvait sur le balcon, car il entendrait obligatoirement la tentative d'intrusion de Kelifa même s'il ne la voyait pas. La Rocket monta son fusil sniper silencieux. Bien évidement, ce n'était pas des balles qu'il y avait dedans. Kelifa n'avait qu'une cible : Morneto. Elle n'allait pas tuer ces pauvres types qui faisaient leur boulot. Quand elle tira, ce fut une fléchette de tranquillisant qui parti, et alla frapper directement dans la nuque du garde. Il eut le temps de retirer la fléchette, ébahi, avant de tomber sans un bruit.

Kelifa sauta ensuite sur le balcon, toujours silencieusement. La fenêtre était fermée bien sûr, mais Kelifa avait apporté son appareil spécial de cambrioleur. Elle fit un trou dans le verre pour passer le bras à travers et ouvrir de l'intérieur. Ça donnait sur une chambre, hélas vide. Pas celle de Lord Morneto. Repasser par dehors serait difficile. Vu qu'elle était dedans, autant continuer. Elle prit cette fois son petit pistolet, toujours chargé de tranquillisants. Elle colla l'oreille à la porte pour entendre un bruit de pas derrière. Il y avait bien un garde qui faisait sa ronde. Kelifa attendit que les pas s'éloignent pour entrouvrir la porte. Le garde était loin au bout du couloir. Kelifa aurait pu lui tirer dessus, mais s'il y en avait d'autres, ça les aurait alertés, puis elle se savait assez discrète pour sortir sans se faire repérer.

Ce qu'elle fit. Avant que le garde ne se retourne, elle était déjà entrée dans une autre pièce. Celle-ci était allumée, et toute brillante. C'était la salle du bain, une des plus immenses que Kelifa n'ait jamais vu, et pourtant, elle avait grandit dans le manoir de la famille Akenvas. La baignoire pouvait passer pour une piscine, avec autour ce qui semblait être de l'or massif. Et elle était occupée. À l'intérieur, il y avait un jeune homme que Kelifa identifia comme étant Baylan Morneto, le fils du lord. Et il était en charmante compagnie, avec pas moins de trois femmes à ses cotés. Kelifa était dégoûtée. C'était ça, les nobles. Ils semblaient tous avoir une libido supérieure à la moyenne, peut être pour compenser leur ennui et leur stupidité sans pareille.

Baylan et les filles furent si surpris par son arrivée qu'ils furent longs à crier. Kelifa eut le temps de tous les endormir avant qu'ils ne donnent l'alerte. Elle sortit ensuite les femmes de la baignoire pour ne pas qu'elle se noient, mais envisagea de laisser Baylan dans l'eau. Puis elle y renonça, et le sortit lui aussi. Baylan avait beau être rangé du côté de Nathan, comme tous les nobles, il n'avait pas participé à la trahison de la bataille d'Odipolis. Et puis, tout comme son ami Narek, c'était l'un des rares à ne pas être trop largué niveau intelligence.

Elle finit par dénicher, quelques minutes plus tard, la chambre du lord. Morneto dormait confortablement dans son immense lit, le sourire aux lèvres. Sans doute devait-il rêver aux récompenses qu'il tirerait de Nathan, et se satisfaire de la mort d'Ad. Kelifa aurait pu le tuer en silence sans même qu'il ne se réveille, mais elle voulait qu'il s'en rende compte, et qu'il sache pourquoi. Tant pis s'il donnait l'alarme. Kelifa voulait que sa dernière pensée soit du regret pour son odieuse trahison.

Elle fit donc sortir son Brutapode de sa Pokeball. Le bruit et la lumière réveillèrent le noble, qui se recroquevilla dans son épais matelas à la vue du gros Pokemon Insecte penché sur lui. Et à la vue de Kelifa, il se figea d'horreur. Même lui devait avoir saisi pourquoi un des Gardiens de l'Harmonie était sans sa chambre. Il paraissait trop effrayé pour émettre un seul son. Kelifa voulut se délecter de sa peur. Elle fit signe à Brutapode de monter sur le lit. Morneto cria de douleur alors que le Pokemon l'écrasait.

- P-pitié ! Glapit-il.

- Il n'y en a aucune pour les traîtres, dit Kelifa.

Elle baissa son bras, et Brutapode planta ses deux cornes-antennes dans le corps du noble. Kelifa ne resta pas pour profiter de son agonie. Son cri avait bien sûr alerté tout son bataillon de garde. Deux d'entre eux arrivaient déjà, ouvrant le feu sur l'intruse. Kelifa s'abrita derrière la carapace de Brutapode, où les balles rebondirent. Elle tira la dernière fléchette qu'elle avait, puis ordonna à son Pokemon de lancer Grincement. L'attaque stridente fit lâcher leurs armes aux gardes qui arrivaient de plus en plus nombreux tandis qu'ils essayaient désespérément de se boucher les oreilles. Kelifa en profita pour lancer une de ses grenades aveuglantes.

- Brutapode, Bulldoboule sur le mur ! Ordonna-t-elle à son Pokemon.

Le Pokemon Insecte et Poison se roula en boule et fonça sur le mur qu'il emporta avec lui. Kelifa sauta et se réceptionna sur Brutapode qui l'attendait en bas. Elle s'accrocha bien à lui et lui demanda une attaque Hâte. La vitesse du Pokemon doubla, amenant sa dresseuse hors d'atteinte des balles qui avaient commencé à pleuvoir. Kelifa se permit un sourire sinistre. Un de fait.


***


Narek et son père étaient revenus dans leur demeure à Crepiten, et avec eux, l'ensemble des nobles, réunis pour fêter la fin de la guerre. Ou plus exactement, le fait d'avoir pu la conclure sans tragédie pour eux et d'avoir pu toucher une bonne compensation de la part des vainqueurs. Narek les méprisait tous. Mais pas plus qu'il ne se méprisait lui-même. Eux avaient vendus Adélie Dialine pour la richesse, mais lui avait vendu son âme au mal incarné en échange d'un pouvoir.

Oh oui, maintenant, les autres nobles le traitaient avec déférence, parce qu'ils savaient qu'il était l'égal des trois autres triumvir avec leur magie démoniaque. Et oui, Narek pouvait invoquer un tunnel de néant pour y enfermer à tout jamais ses ennemis. Peut-être aurait-il mieux valu qu'il s'y enferme lui-même... Pour que cette souffrance qui l'oppressait depuis qu'il avait affronté Adélie s'amenuise un peu, Narek n'avait cessé lors du banquet de se resservir du vin. À la fin du repas, il n'avait plus trop les idées claires, et c'était tant mieux.

- Lord Congois, demanda l'un des nobles avec une mine faussement inquiète. Est-il vrai les rumeurs que l'on entend sur Lord Morneto ?

Il s'était adressé à Narek, car officiellement, c'était maintenant lui le dirigeant de la famille, mais ce fut Robeos qui répondit.

- Hélas oui. Il a été assassiné hier soir dans sa propre demeure, sauvagement empalé par un Pokemon. Les gardes n'ont pas pu bien voir le meurtrier, mais il semblerait que ce soit cette fille Akenvas de la Team Rocket qui fait désormais parti des Gardiens.

- Une tragédie, renchérit un autre noble en faisant gesticuler sa cuisse de poulet.

Narek retint un sourire. Qu'un noble meure, et il ne trouverait pas grand monde parmi ses confrères pour le pleurer. Au contraire : un noble de moins signifiait moins à partager. Mais les autres avaient peur, forcément. Les Gardiens de l'Harmonie réclamaient vengeance.

- Il est navrant qu'à part Dialine, ils aient tous réussi à s'échapper.

- Il faut faire confiance au Triumvirat, ils les auront. Et désormais Lord Narek peut nous protéger.

Narek secoua la tête. Si, à cet instant, un des Gardiens s'étaient présentés pour les tuer tous, Narek aurait plutôt applaudit.

- Il faut que chacun d'entre vous prenne garde, désormais, les conseilla Robeos. Les Gardiens ont toujours été plus ou moins incontrôlables, mais cette fois ci, ils sont plus dangereux qu'ils ne l'ont jamais été. Arceus seul sait qui sera leur prochaine victime.

Narek sourit.

- Peut-être vous, père ?

Il avait parlé à voix haute, et tous les nobles le regardèrent d'un air consterné. Robeos se tourna lentement vers son fils.

- Narek ?

- Ou peut-être moi, continua le maître Pokemon. Imaginez ce qu'ils me feraient s'ils m'attrapaient ? Ou peut-être... Ah, pourquoi pas Lord Hisfang ? J'imagine qu'ils le donneront à manger à Stratoreus, étant donné sa corpulence des plus appréciables.

Le gros Lord Hisfang, assis à la gauche de Robeos, couina comme une petite souris, horrifié. Robeos lança un regard d'avertissement à son fils, mais Narek n'en n'avait pas fini. Il se leva et désigna un autre noble.

- Ou alors ça serait Lord Vrenos ? Peut-être que Spam lui trouera son magnifique corset avec ses pistolets magiques ?

- Cela suffit Narek, dit Robeos en se levant à son tour. Tu as trop profité des boissons ce soir apparemment...

Narek éclata de rire.

- Oui, remercions tous Lord Dialine pour ces merveilleux rafraîchissements et cette bonne chaire.

Il leva son verre et en renversa la moitié en titubant.

- À Nathan Dialine, la plus grande pourriture que la terre ait jamais portée !

Les nobles prirent des expressions outragées et terrifiées, comme ils savaient si bien le faire. Narek n'en eut cure. Il vida son verre et s'en resservit un, qu'il leva à son tour.

- Et à vous tous, bande de cloportes puants bouffis d'orgueils. Vous, espèce de pets de Tadmorv, qui ne pensez qu'à manger et à baiser, sur le dos du peuple de Naya.

- IL SUFFIT NAREK ! Gronda son père.

- Ne me touche pas, espèce de...

Mais il n'eut pas l'occasion d'insulter son père. Au même moment, il y eu un grand bruit, alors que quelque chose de lourd tomba sur l'immense table du festin. Les nobles se mirent à crier, à bouger dans tous les sens. C'était un corps qui venait de tomber. Narek et son père observèrent, en silence, le corps mutilé de Lord Luklon, avec sur le ventre, gravé dans sa chair, le symbole de la famille Dialine, qui était devenu celui des Gardiens pour les gens du commun. Passé la stupeur, Narek éclata de rire, comme s'il n'avait jamais rien vu d'aussi marrant.


***


Tous, au Temple de la Vie, avaient été surpris par le départ spontané de Geran vers une destination qu'il se refusait de révéler, de même que ses intentions. Une chose était claire : il les abandonnait. Avec ça, Archangeos était arrivé avec un plan qui les fit tous se récrier : cacher le Temple de la Vie, et attendre la venue d'une nouvelle Elue d'Arceus pour enfin arrêter Odion.

- Vous comptez qu'on se cache en laissant le Triumvirat faire ce qu'il veut ici ? Répéta Kinan, effaré.

- C'est ce qu'on a fait toute l'année dernière, jeune Kinan, répliqua Archangeos.

- Mais c'était pour le temps que le Temple soit prêt ! Là, il s'agit d'un abandon pur et simple ! Ce n'est pas ce que Ad aurait voulu.

Les autres acquiescèrent, même Maître Balterik, pourtant toujours en accord avec le Pokemon de l'Harmonie. Il y avait une absente en plus de Geran : Kelifa, qui était allée « s'occuper », selon ses termes, des nobles qui les avaient trahis.

- Que proposez-vous, dans ce cas, mes Gardiens ? Demanda Archangeos.

- Tant pis pour Odion, fit Spam. On peut au moins combattre le Triumvirat. Avec le Temple, on a l'avantage de la surprise.

- On ne peut vaincre Odion sans l'Elue d'Arceus, renchérit Archangeos. Risquer de perdre le Temple de la Vie et donc par la même le Grand Orgue est folie. Sans lui, Odion est assuré de demeurer immortel et de plonger le monde entier dans le néant le plus total. Alors que les dirigeants du Triumvirat sont mortels, eux.

- Mais le grand badass en chef a son Cibleur Mortel, rappela Killian. Avec ce pétard, il peut rayer des villes entières de la carte sans bouger. Et je parie ma guitare qu'il ne va pas hésiter à s'en servir encore plus.

- Avec la menace du Cibleur Mortel, les gens n'oseront plus jamais se soulever, poursuivit Spyware. Si nous le détruisons, nous laisseront un espoir à une future révolte, maintenant que tout le monde a vu le vrai visage de Nathan Dialine.

Ils étaient tous d'accord. Archangeos, bien que ne partageant pas leur avis, fut heureux. Ses Gardiens, qui l'étaient devenus par la force des choses, presque par hasard, formaient un vrai groupe soudé à présent, capable de prendre des décisions similaires. Archangeos lui-même n'aimait pas trop sa propre idée d'aller se cacher avec le Temple en attendant des jours meilleurs. Il l'avait déjà fait en dormant pendant cinq cent ans. Et qui sait quand une autre Elue d'Arceus arriverait. Ça pouvait être dans un demi-siècle de plus. Odion aurait eu largement le temps de tout raser.

À défaut d'autre idée, il accepta celle des Gardiens. Ils allaient lancer le Temple de la Vie à Odipolis, dans un assaut désespéré pour au moins détruire le Cibleur Mortel, et au plus vaincre quelques Agents du Chaos. Et puis, il y avait Geran et son propre plan aussi. Un plan totalement fou aux conséquences imprévisibles, mais s'il fonctionnait, alors il leur resterait une chance d'enfin arrêter Odion. Archangeos se disait qu'il devait avoir foi en Geran. De toute façon, il n'avait pas d'autre choix, hormis celui de fuir. Mais on ne battait pas le Chaos en le fuyant.

- Fort bien. Faisons cela. Parfois, il est vrai que la prudence n'est pas de mise. Allons défier les Agents du Chaos sur leur propre terrain !

Tout le monde le regarda d'un air étrange, bluffés par sa soudaine fougue.

- Vous avez vite changé d'avis, seigneur, commenta Balterik.

- Votre foi et votre détermination ont su me convaincre. Et il faut parfois croire aux miracles. Ils apparaissent quand on s'y attend le moins. Je vous fais confiance. Mais moi, je ne pourrai pas venir. J'ai à faire ailleurs. Une personne importante qui va chercher à me rencontrer.

Les autres attendirent, mais Archangeos refusa d'en dire plus.

- Parfait alors, déclara Kinan qui semblait avoir pris les choses en main. Cap sur Odipolis. On va rappeler à Nathan notre bon souvenir !

- Et moi donc, ajouta quelqu'un.

Fastia Dialine venait d'arriver dans la salle de commandes, elle qui ne quittait plus le chevet du corps de sa fille. Dans ses yeux brillait une détermination que Kinan n'avait vu jusque là que dans ceux d'Ad.

- Je vais me battre, moi aussi.

- Madame, ce sera très dangereux... commença Kinan. Sans vouloir vous manquer de respect, je doute que vous puissiez faire quoi que ce soit.

La mère d'Ad eu un sombre sourire qui les fit tous frémir, car ils avaient vu le même sur le visage de sa fille.

- Oui, je sais que je ne paie pas de mine, ainsi... Mais je n'ai pas toujours été qu'une noble oisive et futile. Je suis Fastia Hugerson. Les Hugerson sont une petite famille de la noblesse, mais ont surtout été connus pour leur talent mémorable en tant que dresseur de Pokemon. Mon frère Elias avait beau faire parti du Conseil des 4, je crains qu'autrefois, il ne m'arrivait pas à la cheville. Pas même mon époux Guben, qui je sais que pourtant vous a vous-même battu, Maître Balterik.

Elle leur montra quelque chose qu'elle tenait dans sa main. Il s'agissait d'une Pokeball, mais à l'aspect étrange, car elle était ondulée par plusieurs flammes gravées. Elle était vraiment impressionnante.

- Je n'ai jamais dévoilé mes talents en public, car je me destinais à une carrière politique dans la noblesse, mais le plus puissant dresseur de Naya à l'époque, c'était moi. J'ai hâte de montrer à mon arrogant de fils pourquoi.


***


Nathan avait tout gagné, et pourtant, il était mélancolique. Même si Ad l'avait poussé dans ses derniers retranchements jusqu'à le rendre furieux, il avait apprécié leur petite guerre à distance. Maintenant, il n'avait plus personne à combattre, et donc plus personne à qui montrer son génie. Oh bien sûr, il devait rester les Gardiens de l'Harmonie et Archangeos qui se cachaient quelque part, peut-être dans ce temple qu'Odion avait vu décoller de l'île d'Ultan, mais leur chute ne sera qu'une question de temps maintenant qu'ils n'avaient quasiment plus d'armée.

Nathan avait passé la journée d'hier à se vanter de tout ça auprès de Madison, et ce en la tourmentant lui-même. Mais l'amusement n'y était plus. Il commençait même à regretter la mort de sa sœur. Bien sûr, elle était devenue trop dangereuse pour rester en vie, mais Nathan aurait bien aimé la garder en vie pour se servir d'elle quand il aurait le besoin d'un héritier, du pur sang Dialine, avec à la fois le mélange du sang des Gardiens et celui des Agents. Voilà maintenant que s'il voulait un héritier, il allait devoir copuler avec une de ces innombrables femelles inférieures.

Quelle déchéance... Pour s'éviter ça, Nathan avait même envisagé de se servir de sa mère. Elle était encore jeune et fertile, mais au final, elle ne portait que le nom de Dialine, pas son sang, donc ça revenait au même. Il y avait bien Madison aussi. Elle avait l'avantage d'avoir le pouvoir du Seigneur Diavil en elle, et Nathan adorerait la faire souffrir encore davantage, mais d'une autre manière. La souffrance physique ne semblait plus avoir trop d'effet sur elle, et ce depuis l'annonce de la mort d'Adélie. Bizarre.

- Eh bien, cousine, dit Nathan à sa victime enchaînée au mur. Toujours pas prête à faire œuvre de pardon et à revenir dans les rangs du Seigneur Diavil ?

La jeune fille releva doucement la tête. Ses yeux roses étaient las et distants, pourtant ils n'avaient pas encore perdu toute étincelle.

- Ça te plait de me torturer ? Demanda-t-elle.

- Si ça me plait ? Cousine, me prendrais-tu pour ce taré d'Odion ? Je fais ça uniquement pour ton bien. Je dois te montrer combien tu t'es fourvoyée en aidant Adélie, et te remettre dans le droit chemin. Tu as reçu le pouvoir du Seigneur Diavil. Tu es un Agent du Chaos, et ce jusqu'à la fin de tes jours. Le Seigneur Diavil lui-même ne pourrait pas retirer un pouvoir qu'il a donné.

Nathan commença à marcher autour de la salle.

- Le chaos est la seule vraie voie, Madison. Le monde fut ainsi à son commencement. Une anarchie générale, où alors les hommes et les Pokemon pouvaient exprimer leurs vrais sentiments. Ils étaient libres. Ils étaient eux-mêmes. Tout système sociétal entrave les individus. Il les conduit vers le conflit. Alors que le chaos sera la forme la plus évoluée que pourra revêtir la paix.

Nathan se retourna vers Madison, qui ne put qu'admirer la folie qui luisait dans son regard.

- Le chaos est le but final en soi ! La fatalité amène les hommes à la corruption. Et la corruption généralisée conduit au chaos. Le Seigneur Diavil est le plus important des trois piliers des ténèbres. Voilà pourquoi nous ne saurions tolérer l'intervention de ces prétendus Gardiens de l'Harmonie et de cet hérétique d'Archangeos. Voilà pourquoi ma sœur se devait de disparaître. Et voilà pourquoi, très bientôt, j'anéantirai une fois pour toute les Gardiens de l'Harmonie. Car ils arrivent. Je le sens.

Madison aussi le sentait. Elle ne savait pas comment, mais elle le voyait. Dans son esprit, plusieurs sources de chaleurs approchaient peu à peu. À cet instant, Odion pénétra dans la pièce.

- Je veux plus de morts ! Exigea-t-il sans préambule.

Nathan sorti de son espèce de transe, ferma les yeux, et soupira.

- Je vous ai laissé anéantir deux villes et participer à une bataille. Cela n'est-il pas suffisant pour le moment ?

- Mère n'est pas facile à rassasier. Laissez-moi utiliser à nouveau le Cibleur Mortel.

- Notre but était de pacifier les rebelles et leurs soutients. C'est chose faite. Si nous continuons à détruire des villes malgré nos promesses, rien n'empêchera un autre soulèvement.

- Et nous l'écraserons à nouveau, sourit Odion.

Nathan secoua la tête. Maintenant que le problème Gardiens de l'Harmonie serait bientôt réglé, il allait falloir qu'il trouve comment se charger du problème Odion.

- Les Gardiens restants vont bientôt arriver ici, lui apprit Nathan. Vous pourrez faire patienter votre mère en vous occupant d'eux.

- Comment le savez-vous ? Je suis le seul être omniscient ici !

- Bien sûr... Mais tout omniscient que vous soyez, vous n'avez pas le Don. Moi si. Et justement, j'ai hâte de montrer aux Gardiens comment je me sers de leur pouvoir désormais.