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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 20/10/2013 à 09:06
» Dernière mise à jour le 24/05/2018 à 23:13

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 196 : Le spectre de la défaite
Silas n'avait pas menti. Il savait comment se rendre dans la Jungle X qui recelait le Pokemon Légendaire Ecleus. Mais il avait omis de préciser que le voyage prendrait une semaine. Cette jungle mythique se trouvait à l'autre bout du monde, et se dévoilait que si on empruntait un itinéraire précis, sinon, vous pouvez tourner en rond pendant des heures devant elle sans même l'apercevoir. Et quand vous l'aviez enfin trouvé, c'était pire. C'était le genre de forêt qui pouvait faire passer un désert brûlant et dévasté en coin de paradis.

Lusso Tender était en train de mener une rude bataille contre les feuilles et les lianes autour de lui. Et il était en train de perdre. Il maudit une nouvelle fois Silas et ses plans débiles, ainsi que Siena de l'avoir écouté. Pourquoi diable étaient-ils allés se perdre dans cet endroit au bout du monde, à la recherche d'un seul fichu Pokemon, comme si ça allait changer l'issue de la guerre ? Parce que le colonel Crust le voulait pour son image !

Lusso regretta le temps où il avait douze ans, à l'époque où Siena, toute jeune enfant, vivait dans la même maison que lui avec le vieux, Livédia, et cet empaffé de Zeff. En ces temps là, Lusso pouvait malmener sa petite sœur comme il l'entendait, la pincer ou lui voler ses poupées, sans rien craindre autre chose qu'une possible bagarre avec Zeff, toujours là pour défendre sa filleule. Aujourd'hui hélas, s'il s'amusait à donner au colonel Crust la bonne correction qu'elle méritait, il risquait de ne pas avoir l'occasion de voir grandir son fils.

Lusso en avait marre de Siena. Il en avait marre de la GSR, marre de cette guerre, et marre de la Team Rocket. Il se l'était promis avant de partir pour cette mission à la con : ce serait la dernière. Après cela, il présenterait sa lettre de démission à Siena et au vieux, qu'importe ce qu'ils pourraient dire. Puis il prendrait sa femme Ilyane et leur fils de tout juste un an, le petit Indy, et s'en irait loin de Johkan, dans une région en paix, sans Team Rocket. À Sinnoh ou Kalos peut-être. Lusso se dégoterait un travail honnête pour qu'il puisse nourrir sa famille. Peut-être galérait-il un peu au début, mais ça sera toujours mieux que continuer à servir dans la Team Rocket.

S'il s'était engagé, c'était seulement parce qu'il avait grandi en son sein, et qu'il ne connaissait rien d'autre. Il avait apprécié la liberté dont jouissait les membres de la Team Rocket, et la camaraderie entre soldats. Mais la Team Rocket s'était transformée en une machine de guerre bien huilée, se battant sans trop savoir pourquoi et suivant des fanatiques du combat et de la domination comme 003 ou Siena. Tuer. Tuer. Et encore tuer. Que ce soit des soldats ennemis ou des Rockets corrompus... Lusso avait l'impression qu'il ne faisait plus que ça. Et il en avait assez.

Il est vrai qu'il avait toujours voulu voir sa jeune sœur se frayer un chemin dans la hiérarchie et passer un grand coup de balais sur tout ces vieux de la vieille type leur père qui gouvernaient la Team Rocket depuis trop longtemps. Mais après un an passé à servir avec Siena, Lusso s'était rendu compte qu'il préférait largement la façon dont les vieux avaient dirigé la Team jusque là. Siena était timbrée. Triste de devoir penser ça de sa propre sœur, pourtant c'était la vérité. Lusso le voyait bien. Et ce qui l'inquiétait le plus, c'était qu'il semblait être le seul dans la GSR à le voir.

De plus, il ne s'était jamais vraiment senti à sa place dans cette unité, et n'était pas vraiment proche avec les autres membres. Donc c'était terminé. Il allait aider Siena à trouver son foutu Pokemon transformable, puis il partirait avant de perdre la vie pour les glorieux projets du colonel Crust, Sa Très Sainte Majesté Impériale de la Team Rocket. Elle marchait juste derrière Silas, observant toute l'étendue de la Jungle X comme si elle lui appartenait. En fait, elle avait ce regard partout où elle allait maintenant. Silas Brenwark était en tête, se dirigeant à l'aide d'une vieille carte poussiéreuse qui devait dormir depuis des années dans les archives secrètes de la Team Rocket.

Faduc et Sharon marchaient côte à côte, comme d'accoutumé. Le jeune adolescent qu'était Faduc semblait s'être donné comme mission sacrée de veiller sur Sharon. La gamine l'aimait bien, mais Lusso savait qu'elle était parfaitement capable de se défendre seule. Elle n'était pas la plus forte de la GSR pour rien. Althéï restait en retrait, là encore comme toujours. Cette femme aspireuse de sang n'était guère sociable, et de toute façon, elle flanquait tant les chocottes à tout le monde que personne n'avait envie de se rapprocher d'elle. Puis enfin il y avait Esliard, sa caméra toujours en main, filmant les alentours en ajoutant ses propres commentaires.

- Voici donc la légendaire Jungle X. C'est ici que le courageux groupe de la GSR - dont je fais partie - compte trouver le temple dans lequel repose l'incroyable Ecleus, le Pokemon Dieu Guerrier Transformable. Grâce à lui, notre bienveillante colonel Siena Crust pourra accélérer sa transformation de la région, en un état de justice et de force sous la houlette d'une nouvelle Team Rocket !

Lusso poussa un soupir désignant à la fois son ironie et sa lassitude. Combien de fois Lusso avait-il entendu ces inepties de la bouche d'Esliard ? Cet infect journaliste était le conseiller en communication de Siena - en clair son directeur de propagande. Oh, il faisait du très bon travail, tout le monde s'accordait à le dire. Mais Lusso s'était laissé dire que le travail des journalistes était de rapporter la vérité au peuple, et non de la transformer pour servir les intérêts de quelqu'un. Surtout qu'Esliard était un gars pétri d'ambition. Pas étonnant que Siena et lui se soient si bien entendus... Faduc, qui avait entendu le soupir de Lusso et l'avait bien interprété, dit :

- Moi non plus, je n'aime pas ce type. Il fait style de servir les intérêts du peuple, mais ne fait que le manipuler. Il considère les gens comme des marionnettes. Il n'y a pas de différence entre lui et les Dignitaires.

Lusso haussa les épaules.

- Les politiques et les journalistes sont nés du même moule, mon gars. La seule différence entre eux, c'est que les politiques servent leurs propres intérêts, alors que les journalistes servent ceux de gens qu'ils admirent. Je suis sûr que qu'Esliard est le premier à croire les conneries qu'il raconte sur Siena.

Faduc fronça les sourcils, puis demanda à voix basse :

- Tu veux dire que le colonel Crust n'a pas l'intention de créer un monde meilleur et une Team Rocket irréprochable ?

Le gamin avait bien fait de parler doucement. De nos jours, de tels propos étaient considérés comme de la haute trahison, même venant d'un capitaine de la GSR. Du reste, toutes paroles qui pouvaient porter atteinte à Siena était passible d'exécution. Plus personne n'osait déconner avec elle, même lui, son propre frère, qui ne s'était pas privé dans le passé de la charrier quand il voulait.

- Je suis sûr que Siena a de bonnes intentions, répondit prudemment Lusso. Mais y'a souvent une différence entre les intentions et les actes. Pour arriver où elle veut arriver, il lui faut faire des choses que l'on peut juger mauvaises, comme se montrer dure envers nos propres camarades, ou mentir au peuple.

Il ne s'inquiéta pas de la présence toute proche de Sharon pour parler de Siena. La gamine ne comprenait de toute façon rien du tout au monde, tant qu'il ne s'agissait pas de la façon de dépecer un homme.

- Le commandant Penan n'approuve pas ce que Siena fait, fit Faduc d'un air sombre. Et il n'approuve pas que je reste dans la GSR.

Lusso savait que Faduc considérait Penan un peu comme son père, vu qu'il habitait chez lui depuis qu'il avait quitté sa région natale d'Elebla. Sa désapprobation devait lui paraître dure à supporter. Et autant Lusso n'aimait pas le vieux Penan, autant il était totalement d'accord avec lui au sujet de Siena.

- Penan est un vieux de la vieille, fit Lusso pour rassurer Faduc. Il est attaché à des trucs comme la camaraderie entre soldats et la hiérarchie. C'est pour ça qu'il accepte mal ce que Siena est devenue : une chef d'unité échappant à la hiérarchie habituelle qui s'est fixée pour mission de supprimer tous les Rockets qui ne correspondent pas à son idéal. Siena sait qu'on doit en passer par là pour arriver à sa Team Rocket parfaite et toute puissante.

- Et toi Lusso, qu'est-ce que tu crois ?

Ah, question piège ! Lusso savait que Faduc admirait Siena et lui obéissait en tout, alors trop la critiquer devant lui pourrait être dangereux. Pourtant, il était aussi sûr que le gamin savait réfléchir et n'était pas aveugle aux dérives qu'empruntaient la GSR.

- Je crois la méthode de Siena peut marcher et apporter de très bon résultats à terme, dit-il finalement. Mais je crois aussi qu'elle n'était pas la seule possible, et qu'il y en avait de... plus douces.

Piètre vérité. Non, ce que Lusso croyait au fond de lui, c'était que Siena était en train de devenir... non, était déjà devenue un tyran qui se fichait de voir mourir ses compagnons du moment qu'elle pouvait accéder à encore plus de pouvoir. Elle n'était pas vraiment cruelle, du moins pas consciemment, mais ses responsabilités et son ambition l'avaient rendu totalement insensible et égoïste. Lusso regrettait la sœur avec qui il pouvait plaisanter, la sœur qui n'hésitait pas à aller au front pour sauver un camarade, celle qui avait encore ses sentiments. La Siena qui marchait devant lui, avec sa cape sombre et son visage fermé, était devenue une étrangère. Et c'était aussi pour ça que Lusso avait décidé de partir après ça. Après bien trois heures de marche dans cette jungle à la fois merveilleuse et meurtrière, Silas les mena enfin dans un coin qui était rempli de vieilles ruines et de temples. Vu l'architecture, ça ne datait assurément pas d'hier.

- Impressionnant, avoua Siena.

- Ces ruines datent de la grande civilisation que les humains survivants d'Atlantis ont construit, il y a des milliers d'années, expliqua Silas. Autrefois, cet endroit était une immense cité, et l'on disait que Mew y habitait, adoré par les humains locaux.

- Atlantis ? Répéta Esliard, perplexe. La cité légendaire sur une île qui aurait coulé ?

- Celle-là même. Si on creuse un peu dans la légende, Atlantis a été fondée et gouvernée par une race mythique nommé les Primordiaux. Étaient-ce des humains, des Pokemon, ou encore autre chose ? Nul ne le sait. En tous cas, le récit veut que certains humains aient survécu au déluge et se soient réfugiés dans cette jungle mirage, où ils ont fondé cette grande civilisation aujourd'hui éteinte. Beaucoup des gravures que l'on verra ici traitent de l'histoire d'Atlantis et des Primordiaux. La connaissance que l'on a des Ecleus est bien sûr postérieure à cette époque. Il est donc probable qu'il ait jadis appartenu à un de ces survivants d'Atlantis, qui l'aurait scellé ici avant sa mort... ou ramené après que d'autres se soient servis de lui.

- Et tu sais quel temple c'est ? Demanda Lusso. On pourrait passer une semaine à tous les fouiller, vu combien il y en a...

- Disons que je suis sûr des temples dans lesquels il n'est pas. Tous ceux que l'expédition Fuji a visité il y a quatorze ans, c'est-à-dire ceux ayant un rapport avec Mew. Comme Ecleus fait plus partie des légendes Mélénis, il y a fort à parier qu'il se trouve dans un temple en relation avec Arceus, le père des Mélénis.

- Arceus est le père de tout le monde, pas seulement des Mélénis, répliqua Althéï.

Lusso se rappela que cette femme était très croyante. Drôle d'idée quand on avait soi-même transgressé le Sixième Commandement d'Arceus un bon millier de fois. Silas se tourna vers elle et lui fit un sourire d'excuse.

- Eh bien, ça pourrait vous choquer, très chère, mais divers textes anciens parlent de races qui vivaient sur Terre, et qui pourtant n'ont pas été conçu par le dieu que nous connaissons et vénérons. Les Primordiaux, par exemple...

- Ramassis d'idioties et d'hérésies. Tout vient du Créateur.

- Peut-être...

Lusso vit que Silas n'en croyait rien mais qu'il n'avait pas envie d'entamer un débat métaphysique avec Althéï. Il se mit plutôt à la recherche des temples ou des restes de temples qui vénéraient Arceus. Lusso s'amusa à se balader à travers ces antiquités. Il songea que s'il rapportait un morceau de ruine et qu'il le vendait à un musée, il pourrait redémarrer une nouvelle vie dans une autre région très facilement. Hélas, le bon colonel Crust était quelqu'un d'un peu trop rigide concernant les règles et la moralité...

Silas fini par découvrir ce qu'il cherchait. Un temple à moitié détruit, mais dont on ne pouvait se tromper sur le dieu qu'il honorait, car son entrée était ornée d'un anneau très semblable à celui du Créateur. Avant d'entrer, Althéï se fendit d'une petite révérence devant la réplique. L'intérieur était sombre et envahit par la végétation. Les murs commençaient à s'effriter à tel point qu'on en distinguait même plus les écritures dessus. Mais il y avait un mur au bout, qui lui paraissait indemne. Chose qu'on remarquait très vite, il était frappé d'un éclair au milieu, qui semblait diviser le mur en deux.

- C'est ici, dit Silas. Ce mur est en fait la porte d'une salle annexe, dans laquelle se trouve Ecleus.

- Explosifs ? Proposa Faduc qui aimait bien tout ce qui faisait boom.

- Très peu conseillé. Le temple pourrait s'effondrer sur nous, et puis entrer de force n'est pas très indiqué en la matière. Après tout, il s'agit de nous montrer digne d'Ecleus.

- Je suis sûre que je peux casser ce mur avec mes poings, commenta Sharon.

- Je n'en doute pas, mais comme j'ai dit, l'usage de la force est proscrit.

- Comment on procède alors ? Demanda Siena.

- Si Ecleus se trouve derrière, il sentira notre présence, même endormi. Il est dit que les Dieux Guerriers peuvent sentir la volonté des humains, et c'est à cette condition qu'ils se soumettent à eux en prenant leur forme Arme. Colonel Crust, vous devriez vous approcher, et posez vos mains sur l'éclair. Montrez votre volonté à Ecleus, et il y répondra.

Lusso soupira. Tout cela lui paraissait trop emprunt de mysticisme et de paranormal pour son cerveau bassement matériel. Et il savait que sa sœur faisait montre de la même logique que lui. Mais elle obtempéra et s'approcha du mur. Sauf qu'avant qu'elle n'ait pu poser les mains dessus, trois silhouettes bloquèrent la lumière de derrière, les projetant sur le mur. Siena fut la première à se retourner, comme d'ordinaire, avec son don inexpliqué de pouvoir prédire les évènements. Lusso la suivit deux secondes plus tard, et regretta de s'être retourné. Les types qui venaient de faire leur apparition étaient le plus grand cauchemar de tout bon soldat Rocket qui se respecte.

- En ce lieu si beau, nous vous souhaitons le bonjour, chers membres de la GSR, fit un beau gosse aux boucles blondes et à la chemise déboutonnée.

- Hummmm... Hu hu.... ajouta un grand baraqué chauve aux lunettes de soleil en forme de cœur rose.

- Mes doigts tremblent... Ils tremblent de joie à l'idée de meurtre et de souffrance ! Conclut le dernier, un type aux cheveux violets avec un visage luisant de folie.

Bien sûr, Lusso connaissait ces gars, pour les avoir rencontré quelque fois durant cette année de service dans la GSR. Les Shadow Hunters, les plus puissants éléments du gouvernement, docteurs ès meurtres. Et ces trois là étaient Od, Furen et Kenda, des types qui devraient plutôt être fringués avec des camisoles psychiatriques que des costumes cravates. En un bon ensemble, tous les membres de la GSR tirèrent leurs armes. Fait rare, Esliard laissa même tomber sa caméra pour prendre son pistolet. Seule Siena n'avait rien pris, mais elle n'en avait plus trop besoin. Elle savait pertinemment quand les Shadow Hunters attaqueraient, et si elle n'avait fait aucun geste, ce n'était pas imminent. Elle avait gardé son calme habituel, mais ses yeux flamboyèrent.

- Pas très sûres vos sources finalement, Silas, marmonna-t-elle à l'adresse de son second.

- Je ne sais que dire, colonel, s'excusa Silas. J'étais pourtant sûr que...

- Oh, mais ne vous inquiétez pas, chers beaux amis, intervint Od avec sa voix hautement efféminée. Ecleus se trouve bien ici. Ce n'était pas un mensonge pas beau. Seulement, votre arrivée en ces lieux enchanteurs est de la volonté de notre nouveau beau Dignitaire.

- Qu'importe, s'impatienta Siena. Vous n'êtes que trois. Vous devez savoir que vous n'êtes pas de taille face à nous, même s'il nous manque un capitaine.

- C'est une erreur de grande beauté que de penser cela, charmante colonel. Nous savons très bien qu'à trois nous subirons une défaite d'une grande beauté face à la GSR. C'est pourquoi notre nouveau membre très spécial s'est joint à nous. Je vous préviens, il est d'une telle beauté ténébreuse... Mon cœur en bat la chamade !

Comme il disait cela, un nuage noir apparut devant les trois Shadow Hunters. Une silhouette se mit à sortir du sol, tel un spectre. Et vu qu'il était totalement de noir vêtu, ça ajoutait de l'effet. Quand il fut totalement sorti, Lusso se surprit à trembler. Jamais de sa vie il n'avait vu un type aussi effrayant. Il portait une espèce de combinaison de cuir noir des pieds à la tête. Gants, bottes, plastrons... et même une cagoule qui recouvrait entièrement son visage, ne laissant apparaître que deux yeux entièrement blancs. Il tenait dans ses mains deux poignards de belle taille, et avait accroché à la ceinture divers flacons de produits colorés que Lusso n'aurait pas souhaité gouter. Tout le monde recula instantanément devant cette sinistre apparition. Même Sharon, pourtant difficilement impressionnable, courut se réfugier dans les bras de Faduc. Siena dévisagea le nouveau venu toujours avec son air impassible, mais Lusso vit que sa sœur avait les sourcils froncés, signe que quelque chose la perturbait.

- Salutation, GSR, commença l'homme en noir d'une voix aussi sombre que lui. Je suis Ithil, G-Man et nouvellement Shadow Hunters, au service de mon frère Erend Igeus, nouveau Dignitaire. Il vous envoi respectueusement ses salutations, colonel Siena Crust.

Siena haussa les épaules.

- Je ne crois pas connaître cet homme.

- Lui porte un grand intérêt sur vous, croyez-le. Un intérêt suffisamment grand pour qu'il juge nécessaire de m'envoyer en personne me charger de vous et de votre unité. Sachez que je ne vous hais point. Mais, pour la justice, je vais vous éliminer.

Il lança un de ses poignards vers Siena à une vitesse telle que quand Lusso se retourna, il était certain de voir sa sœur avec le crâne empalé. Mais non, elle avait récupéré le poignard en pleine course, qu'elle tenait avec deux doigts.

- Impressionnant, admit Ithil. À cette vitesse, peu sont ceux qui auraient pu l'esquiver. Alors l'attraper en pleine course... Vous êtes forte, Siena Crust.

Siena n'eut que faire du compliment. Visiblement, tout cela l'agaçait, car elle donna l'ordre :

- Ouvrez le feu.

Lusso s'exécuta, en visant Ithil, comme tout le monde d'ailleurs. Tous avaient saisi en lui une menace bien plus supérieure à celle que représentaient les trois autres Shadow Hunters réunis. Et ils avaient raison, car les balles ne lui causèrent aucune blessure. Elles se contentèrent de le traverser comme s'il n'était qu'un hologramme. Pour preuve, les trois autres derrière lui s'étaient vite écartés avant que la GSR n'ouvre le feu.

- Comme je vous l'ai dit, je suis un G-Man, leur dit Ithil. L'ADN de Pokemon Spectre en moi fait que je partage leur attribut. Autrement dit, je suis insensible à tout ce qui est physique si je le désire.

Ça, c'était embêtant. Et ce fut pendant ce moment de surprise et de consternation pour la GSR que le reste des Shadow Hunters choisirent pour attaquer. Malgré le choc de la rencontre avec Ithil, les capitaines se mirent en formation. Siena les avait bien formé aux techniques de combats rapprochés. C'était devenu presque mécanique pour eux. Esliard, Faduc et lui-même, Lusso, se regroupaient en arrière car n'ayant aucun pouvoir surnaturel à opposer. Ils se contentèrent de tirer. Faduc prit sa Pokeball pour appeler son Latios, son principal atout, et Lusso l'imita en prenant celle de son Neitram, qui avait l'avantage de connaître Téléport, parfait pour fuir lors de situation d'urgence, comme celle-ci. Sauf que... Avant que les deux dresseurs n'aient pu lancer leurs Pokeball, Ithil avait levé les bras, et murmuré :

- Embargo.

Lusso vit alors des espèces de carrés mauves tourner autour de lui, puis quand il lâcha sa Pokeball, rien n'en sorti. Ce fut de même avec Faduc. Pire, les armes de tous les capitaines de la GSR s'arrêtèrent de tirer. Là, ils étaient vraiment mal. Embargo était une attaque Spectre empêchant l'adversaire d'utiliser tout objet que ce soit durant un temps limité. Lusso ne savait pas que ça pouvait être utilisé contre des humains, mais cet Ithil lui avait démontré le contraire. Sans arme et sans Pokemon, Lusso, Faduc et Esliard ne servaient plus à rien. Silas pouvait toujours se créer un double, mais là encore, sans arme, il ne pourrait pas faire grand-chose.

Siena elle-même ne pouvait pas tirer son fouet électrique. Sharon parvenait à retenir les Shadow Hunters pour le moment avec sa force et sa vitesse supérieures aux leurs, mais ne durerait pas éternellement. Althéï avait tenté de griffer Ithil avec ses ongles tranchants pour aspirer son sang, mais ses mains passèrent à travers lui. En revanche, le coup de poing d'Ithil, lui, ne passa pas au travers d'Althéï, l'envoyant proprement contre le mur d'en face. Puis il se lança dans un corps à corps sévère contre Siena. Elle parvenait tant bien que mal à esquiver ses attaques, mais toutes les siennes se perdaient dans la masse immatérielle d'Ithil.

Lusso en aurait pleuré. Sa dernière mission avant sa retraite, et voilà que ça tournait au vinaigre ! Tant pis, il n'allait pas rester ici à regarder. Lui aussi avait reçu un entraînement au corps à corps, même si contre des monstres comme les Shadow Hunters, ça ne valait strictement rien. Mais il était déterminé à vendre chèrement sa peau, et oui, à protéger sa sœur, qui pour l'instant encore restait sa commandante. C'est ainsi qu'il dévia le nunchaku d'Od de Sharon. Il le paya de l'os de son avant-bras, mais Sharon put en profiter pour porter un gros coup à Kenda. Silas était en train de jouer avec Furen par le biais de son double. Le clone avait l'avantage d'être immatériel comme Ithil, mais le grand Furen, apparemment pas très malin, continuait de donner des coups de poings sans se rendre compte que ça n'avait aucun effet.

Face à Ithil, Siena se mouvait avec grâce, esquivant son poignard facilement malgré la vitesse d'attaque du Shadow Hunters. Sauf qu'à un moment, Ithil fit un mouvement que Lusso, en bon dresseur Pokemon, connaissait bien. L'attaque Feinte, qui n'échouait jamais car prenant toujours en surprise l'adversaire. Et même Siena, qui était passé maître dans le fait de prévoir les coups adversaire, se laissa avoir. Elle reçu l'avant-bras d'Ithil sur la nuque, la figeant un instant, tandis que le Shadow Hunter G-Man avança son poignard. Lusso lui fonça dessus dans un réflexe désespéré pour sauver sa sœur. Il passa bien sûr au travers d'Ithil, mais son poignard, lui, n'était pas immatériel. Et pour preuve : il se le retrouva enfoncé dans son ventre.

Lusso ne put retenir un long cri de douleur. Un poignard de cette taille dans le bide, ça ne faisait pas du bien, assurément. Mais il avait encore la volonté de survivre, aussi resta-t-il debout. Ce fut les visions de sa femme et de son fils qui lui donnèrent la force nécessaire. Ils l'attendaient. Lusso ne pouvait pas mourir. Il avait découvert que très récemment l'amour fidèle pour une femme et le fait d'être père. Il ne pouvait pas tout perdre maintenant. Hors de question ! Comme si sa volonté avait dépassé les frontières de son propre corps, l'attaque Embargo d'Ithil sur lui cessa d'un coup. Il était le seul à en être libéré. Il ne se donna pas la peine de comprendre pourquoi. Il appela enfin son Neitram, et cria aux autres :

- Approchez-vous tous ! Il faut filer !

Cette demande fut vite exécutée. Esliard se chargea de soulever le corps inconscient d'Althéï. Ils formèrent tous un cercle autour de Neitram, pendant que ce dernier préparait son attaque Téléport. Sauf que quand elle fonctionna, tout le monde disparut, Neitram comprit... tous sauf Lusso.

- Que...

Ithil le dévisagea presque avec respect.

- Bravo. Tu as sauvé tes camarades. Ta volonté a été plus puissante que mon attaque Embargo. C'est rare. Mais, hélas pour toi, tu n'as pu te téléporter avec les autres. Mon poignard est toujours dans ton ventre. Et mes poignard sont un contre à toutes les attaques psychiques, eux que je porte toujours sur moi et que j'imprègne de mes sombres pouvoirs.

Lusso, désormais seul face aux Shadow Hunters, et à moitié mort avec ce fichu couteau dans ses boyaux, trouva quand même la force de sourire.

- J'ai toujours été malchanceux. Depuis que je ne suis né. À un jour de la retraite, à une minute de la fuite... C'est tout moi ça.


***


Siena retomba sur le sol familier du Lussocop avec un grand soulagement. Ils étaient passés près de la catastrophe, cette fois. Même elle avait été impuissante. Et voilà qu'ils devaient tous la vie à Lusso. Ça pesait lourd sur sa fierté. Mais elle se retourna quand même vers lui avec un sourire sincère sur le visage... sauf que son frère n'était pas là.

- Lusso ? LUSSO ?! Appela-t-elle inutilement.

Un coup d'œil au Neitram de son frère lui apprit la dure vérité. Lusso n'avait pas été téléporté. Il était resté là-bas. Siena sentit un grand froid l'envahir. Seul son self-control, durement acquit pendant toutes ces années de service, l'empêcha de courir partout en hurlant, de taper contre les parois du vaisseau ou de fondre en larmes. Elle avait encore une chose à faire avant de laisser l'émotion l'envahir. Avec des geste mécaniques, elle activa la communication de son brassard de commandement, qui lui permettait de communiquer avec tous ses capitaines... entre autre chose.

- Lusso ? Fit-elle d'une petite voix, faible mais contrôlée.

Le comlink crachota, et la voix de son frère vint à ses oreilles.

- Ouaip, je suis là... Pas pour longtemps je crois. Nos amis ici présent ont l'air assez furax de ta fuite, et veulent sans doute se venger sur moi. Je ne peux pas les faire trop attendre.

Siena fut consciente que c'était la dernière fois qu'elle entendait la voix de son frère. Mais bizarrement, elle ne savait pas trop quoi lui dire. Elle décida, pour une fois, de ne pas réfléchir, ni calculer ses paroles. Elle laissa parler ce qu'elle avait toujours tenté de refreiner. Ses sentiments.

- Lusso... Je te remercie. Ton sacrifice ne sera pas oublié. Moi, je ne t'oublierai pas... J'étais contente... de t'avoir comme frère, à mes cotés. Merci...

Elle tapota un code sur les touches de son brassard. Un code qu'elle avait espéré n'avoir jamais à utiliser. Le déclencheur d'une des mini-bombes qu'elle avait intégré dans chacun des membres de la GSR. C'était une idée de Silas, aux débuts de la GSR. Dans le cas où un membre se révélait être un traître, Siena pouvait le faire exploser à tout moment grâce à son brassard qui commandait toutes les bombes. Même les capitaines en avaient une. Sans qu'ils le sachent, bien sûr. Siena avait gracieusement payé le chirurgien pour que cela reste secret. Utile contre les traîtres, oui, mais aussi sur les hommes entourés d'ennemis qui n'avaient aucun moyen de s'en sortir.

- Je t'aime, grand frère.

Un silence. Puis :

- Moi aussi gamine... moi aussi.

Siena appuya sur le déclencheur. L'explosion ne fut pas visible du hublot du Lussocop, mais chaque membres de la GSR avait une ligne de vie affichée en permanence sur l'ordinateur central du vaisseau. Celle de Lusso venait de disparaître. Il y eut alors un grand silence dans le vaisseau. Siena crut qu'elle aller fondre en larme, mais à la place, elle se mit à rire. Un rire nerveux, incontrôlé, qui se mua vite en un grand éclat virant à la folie. Et personne autour ne dit rien. Personne ne fit un seul geste, plus effrayés par leur commandante que par le drame qui venait de se produire.