Team Rocket X-Squad de Malak

Le major Harnes Migdu, du 17ème bataillon de la Team Rocket à Kanto, n'était pas un homme heureux. Ses supérieurs lui avaient ordonné de prendre ce foutu secteur E-6, bien contrôlé par l'armée gouvernementale. Et pour ça, un seul bataillon n'était pas suffisant, loin de là. Ils étaient à un contre trois ! Saleté de général... Encore un peu, et Migdu aurait pu fuir la région avec tout l'argent qu'il avait discrètement retiré des fonds de son bataillon. Il en avait assez de cette guerre.

En s'engageant dans la Team Rocket, il avait seulement espéré pouvoir s'enrichir rapidement et écraser les autres. Pas risquer sa vie, ça non... C'était bon pour ces tarés d'idéalistes qui croyaient dur comme fer à la rhétorique de la Team, pas pour lui. Il était un homme pragmatique. Aucune cause ne méritait qu'il gaspille sa propre vie. Un explosion provenant d'un obus retentit non loin du poste de commandement improvisé. Migdu sursauta, en espérant que ses hommes n'aient rien vu.

- Major, lui dit un certain lieutenant. Nos lignes sur le front gauche sont totalement démontées ! Les gouvernementaux se servent de Pokemon qui...

- Pauvre cloche ! Répliqua le major Migdu. Nous avons aussi des Pokemon non ? Qu'est-ce que vous attendez pour vous en servir ?! S'ils parviennent à nous déborder sur la gauche, cette position est fichue !

- Eh bien... c'est que... Vous avez donné l'ordre de disperser nos Pokemon au sud de notre position major...

C'était vrai. Migdu avait été persuadé que si les gouvernementaux devaient les attaquer, ils le feraient sur du terrain plat et dégagé, donc au sud. Mais Migdu était homme à ne jamais admettre l'erreur chez lui, mais seulement chez ses subordonnés.

- Incapables, grommela-t-il. Eh bien, envoyez donc tous nos hommes restant à l'assaut.

Le lieutenant en glapit presque de stupeur.

- Mais monsieur, ça va briser la formation ! Et nous ne sommes pas assez nombreux pour faire face à la fois aux soldats adverses ainsi qu'à leurs Pokemon !

- Je m'en moque. Si nous devons mourir, ce sera en nous battant, pour les idéaux de notre glorieux boss !

Du pipeau que tout cela. Migdu ne comptait pas mourir, et encore moins pour les idéaux de Giovanni. Non, il allait plutôt profiter de l'intervention suicide de ces hommes pour s'enfuir discrètement. Il retournerait dans sa base où était planqué l'argent qu'il avait mis de coté. Il pourrait alors commencer une nouvelle vie. Ses hommes, en revanche, en jeunes crétins idéalistes qu'ils étaient, l'acclamèrent à sa simple phrase, et tous prirent leurs armes, prêt à se battre et à mourir.

Pour faire bonne mesure, le major sorti avec eux du poste de commandement. Il s'enquit de jumelles pour observer l'avancée de l'armée ennemie. Il y avait en effet beaucoup de Pokemon, mais pas seulement. L'homme qui menait l'assaut était fringué comme à un bal masqué, avec un haut de forme voyant rouge et violet. Il n'avait pas d'arme, mais il n'en avait pas besoin. Les rockets sur son chemin étaient repoussés violement par une force invisible, tandis que l'homme se contentait d'agiter les mains. Migdu jura bruyamment. Ce type, c'était l'un des disciples du général Peter Lance, qui possédait tout autant que lui ces foutus pouvoirs de G-Man. Des pouvoirs de Pokemon Psy, en l'occurrence...

- Clément Psuhyox nous fait l'honneur de sa visite, dit-il à ses hommes. Peu importe combien nous sommes à mourir. Si l'on parvient à amener ce G-Man avec nous dans la tombe, ce sera une grande victoire pour la Team Rocket !

Bien sûr, Migdu ne doutait pas de l'invulnérabilité du G-Man. Ces gars là, qui maîtrisaient l'Aura, une espèce de sixième sens, n'avait rien à craindre de simples humains, fussent-ils dix fois plus nombreux, ce qui n'était pas le cas ici. Ce qu'il aurait fallu pour en venir à bout, ça aurait été un des jumeaux Crust, voir les deux. M'enfin, si les gars de Migdu pouvaient retenir assez longtemps le G-Man le temps qu'il se tire loin d'ici, ça serait déjà ça de gagné. La présence du G-Man en première ligne se révéla être une très profonde source de motivation pour les soldats Rockets. Ils étaient toujours aussi sûr d'y passer, certes, mais maintenant, chacun d'entre eux pouvaient espérer avoir l'honneur d'être celui qui débarrassera la planète d'un G-Man. Quand bien même il mourrait, son nom ne serait pas oublié. Aussi coururent-ils vers le front avec une rage insensée.

Alors que tout le monde criait ou se bousculait pour être le premier à atteindre Clément Psuhyox, le major Migdu jugea le moment opportun pour s'éclipser discrètement. Mais il y eut l'impact d'une bombe non loin, qui fit tomber le major à genoux. Durant un instant de pure terreur, il cru que l'armée des Dignitaires était en train de les bombarder. Pourtant, aucun appareil aérien ennemi n'avait été détecté. Un Pokemon peut-être ? Mais au cri de stupeur et de joie de ses hommes, il comprit que ce n'était pas eux qui avaient été visé, mais les lignes de Psuhyox. Le lieutenant désigna le ciel.

- Major... regardez !

Un Asmolé, une de ces forteresses volantes de l'Empire de Lunaris, les survolait. L'Empire leur en avait donné quelque un en toute discrétion, bien que leur utilisation ne fût pas vraiment discrète. Quand le vaisseau tira une autre ogive, le G-Man de Xatu qu'était Clément Psuhyox leva les bras pour dévier avec ses pouvoirs psychiques le tir, qui alla se perdre un kilomètre plus loin. Puis il fit signe à ses troupes de se replier.

- Ils prennent la fuite, fit inutilement le lieutenant. Doit-on les poursuivre, major ?

- Non. C'est sans doute ce qu'ils veulent...

En fait, Migdu n'en savait rien, mais il ne comptait pas courir après l'ennemi. Les renforts étaient arrivés. Un Asmolé, malgré sa taille, ce n'était pas grand-chose, mais Migdu pourrait peut-être marchander avec le commandant du vaisseau pour qu'il l'amène loin d'ici...

- Le commandement ne nous a pas prévenu de l'arrivée d'un Asmolé, grommela Migdu en regardant le vaisseau se mettre en position au dessus d'eux.

- Peut-être sont-ils là de leur propre chef, suggéra le lieutenant.

- Personne n'est jamais là de son propre chef, répliqua Migdu. J'en sais quelque chose... Nos brillants généraux nous disent où aller, et nous y allons. Même les Agents Spéciaux doivent obéir aux directives du Boss.

- Oui major. Mais à ce qu'on dit, il y a depuis peu quelqu'un qui peut se rendre où bon lui semble sans l'autorisation de personne.

D'un geste fébrile, le lieutenant montra du doigt quelque chose sur l'Asmolé. C'était un symbole, peint juste à coté du grand R rouge de la Team Rocket qui marqué tous leurs appareils. C'était un autre R, tout aussi gros, mais totalement noir, et frappé d'un éclair bleu qui le divisé en deux. Migdu blêmit. Ce symbole, il le connaissait. Tout comme le monde entier maintenant. Le R frappé de l'éclair de la justice, la police de la Team Rocket, qui ne répondait devant personne sauf devant leur illustre commandant. La Garde Suprême de la Team Rocket.

Ce vaisseau était donc le Lussocop n°2. Migdu se demandait ce que la GSR pouvait bien foutre dans un endroit pareil, mais une idée balayait toutes les autres : ils étaient sauvés. Si la GSR s'était pointé avec leur vaisseau, ça signifiait qu'ils étaient au grand complet. Et l'on disait que jamais la GSR n'avait perdu une bataille dans laquelle elle s'était engagée. Mais une autre idée, moins plaisante, vint à l'esprit de Migdu. Il ne pourrait jamais marchander avec le colonel Crust, le fameux éclair de la Team Rocket. Oh ça non...


***


- Capitaine, nous sommes prêt à atterrir.

- Oui, je vois ça, répondit Lusso Tender.

Il dévisagea distraitement le visage de la jeune recrue qui l'avait interpellé. Un gamin qui ne devait pas avoir seize ans. La GSR avait tellement eu de succès que le recrutement avait explosé, et Lusso avait du mal à retenir les noms de tout le monde. Il regrettait beaucoup ses anciens hommes, qui avaient été son équipage au sein du Lussocop n°2 pendant un moment avant que Lusso, en rejoignant la GSR, n'alloue son propre vaisseau au service de sa demi-sœur, la commandante de l'unité.

Siena était d'ailleurs non loin, sur le siège de commandement, observant à travers la vitre dans son état habituel de rêverie, comme si elle observait des choses d'un autre monde. Lusso avait de plus en plus de mal à reconnaître sa sœur. Elle avait énormément changé depuis cette dernière année où elle dirigeait la GSR. Elle s'était laissé pousser les cheveux lilas, qui lui tombaient jusqu'aux reins. Son visage sévère était plus pâle que jadis, et ses yeux plus brillants, comme si elle couvait une maladie. Ses formes s'étaient amplement affinées aussi, pour faire d'elle une véritable femme.

Mais il n'y avait pas que son physique qui avait changé. Bien qu'ayant toujours été très militaire et rigide, elle avait toujours gardé un ton plus familier pour les gens qui lui étaient proches. Mais maintenant, elle s'adressait à Lusso comme un supérieur qui s'adressait à un sous-fifre. Et Lusso n'était pas le seul à subir les frais de ce nouveau comportement. Mercutio et Galatea, les demi-frère et sœur de l'autre coté de la famille de Siena, semblaient devenir peu à peu des étrangers pour elle. Tout comme son père adoptif, l'ex-commandant Penan.

Sans doute Siena avait-elle attrapé la grosse tête. Il y avait de quoi après tout. Siena avait sous ses ordres une cinquantaine d'hommes, qu'elle pouvait mener comme bon lui semblait, car la GSR était en dehors de la hiérarchie normale, du fait entre autre de son droit d'enquêter sur d'autres Rockets afin de débusquer les traîtres et les corrompus. Siena Crust était craint comme elle était admirée, et ne répondait que devant le Boss en personne ou l'Agent 003. Elle était l'Eclair de la Team Rocket, comme beaucoup la nommaient en raison du symbole de la GSR. L'éclair de la justice qui frappait les mécréants.

Lusso n'avait jamais aimé cette histoire de police spéciale de la Team Rocket, mais il avait intégré l'équipe pour pouvoir protéger sa sœur d'un peu plus près. Ceci dit, il avait vite remarqué que Siena n'avait besoin de l'aide de personne. Après tout, elle était bien venue à bout, seule, d'un Maître Mélénis confirmé. Et elle n'avait pas chômé en un an sur l'entraînement. Aujourd'hui, il n'y avait personne parmi la Team Rocket qui pouvait se targuer de la battre en duel, avec sa maîtrise du fouet et son étonnante capacité à toujours prévoir les mouvements de son adversaire.

De plus, elle était bien entourée. Parmi les sept capitaines de la GSR, dont Lusso faisait partie, il y avait une bonne part de gars aux pouvoirs paranormaux qui fichaient la trousse au pauvre et simple mortel qu'il était. Cette femme par exemple, Althéï Dondariu, qui pouvait contrôler le sang. Mais ce n'était pas pire que la petite Sharon, une gamine de neuf ans qui pouvait vous démembrer un homme adulte comme on aurait arraché une pâquerette de terre. Et il y avait bien sûr le commandant en second, Silas Brenwark, qui pouvait créer un double de lui comme bon lui semblait.

Même les gars normaux comme lui étaient flippants. Ce Ian Gallad avec ses doubles épées et son Pokemon enragé, qui tuait aussi sûrement qu'un Shadow Hunter. Ce fichu journaleux d'Esliard, qui avait à lui seul trouvé une bonne centaine de traîtres ou de corrompus dans les rangs Rocket et qui était le patron de toute la machine de propagande de la GSR. Et le jeune Faduc, qui en soit pouvait paraître normal si l'on faisait abstraction de sa vénération absolue et inconsidéré envers Siena, qu'il semblait considérer comme une déesse. Lusso avait l'impression d'être le seul mec normal ici. Il s'éclaircit la gorge pour attirer l'attention de sa sœur, qui devait encore divaguer dans ses pensées sans doute pas très saines...

- Nous atterrissons ?

- Non, répondit Siena sans bouger les yeux. Les forces gouvernementales ne vont pas tarder à réattaquer, et je veux le Lussocop prêt à agir.

- Ça roule...

Lusso avait appris à ne jamais discuter avec Siena, même s'il ne comprenait rien à ses plans. Tout ce qu'elle affirmait se réalisait tôt ou tard, de toute façon.

- Je vais par contre descendre pour... présenter mes salutations au major Migdu, ajouta la colonelle.

Pauvre gars, songea Lusso.

- Silas, je vous laisse le vaisseau, poursuivit-elle en se levant. Faduc, tu restes aussi. On aura besoin de ton Latios dedans si jamais Psuhyox tentait de faire usage de ses pouvoirs psys contre le Lussocop. Les autres capitaines, avec moi.

Lusso aurait préféré rester à bord de son engin. Il ne savait que trop bien à quoi s'attendre en bas, d'autant qu'Esliard avait amené sa caméra. Le journaliste n'aimait rien de plus que de monter des petits films montrant la chute de rockets corrompus, sur lesquels la fameuse justice de la GSR s'était abattue. Ça ne faisait qu'ajouter de la popularité à l'unité, disait-il. Lusso n'en doutait pas, mais du coté civil seulement. Du coté Rocket, ça ne faisait qu'ajouter de la crainte. Mais à en croire des cerveaux comme Brenwark ou Esliard, la peur était tout aussi bénéfique à Siena que l'admiration.

Les cinq capitaines de la GSR et sa commandante descendirent jusqu'au campement du major Migdu par navette. Comme d'ordinaire, les Rockets au sol furent impressionnés de les voir arriver de la sorte. Surtout Siena qui en jetait avec sa cape qui flottait au vent. Lusso trouvait sa tenue inutilement grandiloquente. Rien ne valait un bon vieil uniforme. Dès que Siena posa le pied à terre, tout le monde se mit au garde à vous, et un type râblé à l'air vicieux qui ne pouvait être que le major Migdu s'approcha, une remarquable expression de lèche-botte sur son visage.

- Colonel Crust, c'est un immense honneur d'accueillir quelqu'un de votre statut dans mon modeste campement.

Il eut le front de lui tendre la main. Siena le dévisagea de son air glacial et le major finit par baisser le bras. Esliard lui, ne manquait rien de la scène avec sa caméra.

- Je... Nous vous remercions d'être venue spécialement pour nous prêter main forte, colonel, tenta de reprendre le major.

- Combattre les Dignitaires est l'une des missions de la GSR, répondit Siena. Mais pas la seule. Nous nous occupons aussi des traîtres.

Migdu déglutit difficilement.

- Et nous vous en sommes gré, colonel... La Team Rocket est trop précieuse pour être salie par ces rebuts, assurément.

- Contente que vous approuviez. Car il se trouve que nous avons enquêté sur votre cas, major. Et que l'on a découvert quelques bizarreries qu'un fidèle et brillant officier comme vous se dépêchera sans doute de nous expliquer.

Siena claqua des doigts, et Esliard s'approcha aussitôt. Il débita alors tout ce qu'il avait pu dénicher, lui dont le boulot était précisément de rechercher les cadavres dans les placards. Et les Rockets en avaient souvent beaucoup.

- Durant les sept derniers mois, nous avons constaté diverses anomalies dans la tenue du budget de votre bataillon. Diverses sommes ont été allouées chaque mois à des fonds occultes qui après enquête remonteraient dans plusieurs comptes à l'étranger.

L'intéressé blêmit, alors que ses hommes se mirent à murmurer entre eux et à dévisager leur supérieur d'un air accusateur.

- Je... Ce sont des accusations sans fondement, colonel ! Se défendit le major. Je suis un loyal soldat de la Team Rocket. Le comptable de mon bataillon pourra...

- Nous l'avons déjà arrêté et interrogé, coupa Esliard avec un sourire. Il a fini par avouer être votre complice et ponctionner secrètement tous les mois ces sommes.

- Et pour sa coopération, il a eu droit à une exécution rapide, ajouta Siena.

Althéï eut un sourire discret. C'est sûr qu'être entièrement vidé de son sang en quelque secondes était assez rapide.

- Donc, si vous n'avez rien à ajouter major, je vous arrête pour trahison et corruption. Votre procès aura lieu rapidement...

- Vous ne pouvez pas faire ça ! Protesta l'accusé. J'ai des contacts hauts placés dans la hiérarchie ! Le général Jislev...

- Ah, Jislev ! Intervint la petite Sharon d'un ton joyeux. Ce n'est pas le monsieur que j'ai tué il y a pas longtemps ? Celui que j'ai broyé doucement les os de ses bras et de ses jambes, puis après la tête ?

- Oui Sharon, c'est bien lui, confirma Ian Gallad.

Le grand type semblait s'être attaché à Sharon. La touchante efficacité avec laquelle la gamine tuait avait sans doute ému Ian.

- Le général Jislev a été condamné pour trafic d'influence, précisa Esliard à un Migdu maintenant tout tremblant. Sa mauvaise volonté à répondre à nos questions a fait qu'il n'a pas eu droit à un procès en bonne et due forme, hélas.

Migdu perdit son sang froid et eut la bêtise de tirer son arme et de la pointer sur Siena. Celle-ci ne bougea pas d'un iota, pas plus que les autres capitaines. Un pistolet braqué sur elle n'était aucunement une menace. Par contre, il était pour Migdu son arrêt de mort. Oh bien sûr, le major aurait été exécuté après son procès, mais là il allait l'être sur place.

- Laissez-moi partir, ordonna Migdu. Je vais quitter votre organisation de malade avec l'argent que je mérite ! Laissez-moi, ou je vous troue le front !

Siena hocha la tête.

- Bien sûr major. Il ne fait aucun doute que vous allez nous quitter avec ce que vous méritez.

Comprenant parfaitement le sous-entendu, Migdu tira. Mais Siena s'était déjà décalée de quelques centimètres, comme si elle avait su parfaitement quand Migdu allait ouvrir le feu. Un coup sous le menton fit tomber le major, et Siena s'empara de son pistolet. Puis elle se tourna vers Sharon.

- Il est à toi.

La jeune fille sourit et s'accroupit près de Migdu. Esliard approcha l'objectif de sa caméra pour ne pas en perdre une miette, tandis que Lusso se détourna. Il ne vit rien de la scène, mais entendit tout les cris et les bruits écœurants. C'était suffisant pour faire vomir n'importe quel homme normalement constitué, mais Lusso avait désormais l'habitude. En revanche, plusieurs des hommes de Migdu ne s'en privèrent pas. Siena n'attendit pas que les cris du condamné cessent pour prendre les choses en main. Elle ordonna un rapport sur la situation et exigea de consulter une carte. En vingt secondes, elle avait déjà une stratégie de prête.

- Mes hommes attireront le gros des forces de l'ennemi ici, dit-elle aux sous-officiers de Migdu en désignant la carte. Pendant ce temps, vous poserez des mines ici et là. Nous les prendrons ensuite en tenaille à l'Est pour les repousser jusqu'à nous, et ce sera terminé.

Le second de Migdu, un jeune lieutenant, parut sceptique.

- Madame, leurs lignes de l'Est sont les plus puissantes. Nous n'avons pas la puissance nécessaire pour les faire reculer.

- Moi je l'ai. Althéï. Tu y vas avec Ian. Evitez de tous les tuer. Le but est qu'ils se rendent compte de leur défaite quand ils seront face à moi.

- Fort bien, répondit la femme aux cheveux rouges, en se passant un doigt sur les lèvres, comme si elle trépignait déjà à l'idée de tout ce sang.

Personne ne dit rien sur le fait d'envoyer seulement deux personnes affronter une petite armée. Mais le lieutenant eut assez de cran pour demander :

- Et pour le G-Man, madame ? Clément Psuhyox...

- Oh, lui ? Il s'en prendra sans doute au Lussocop, pensant qu'il pourra le faire tomber à terre avec ses seuls pouvoirs psychiques...

- Et il pourra sans doute, madame, répliqua le lieutenant. Nous l'avons déjà vu à l'œuvre dans d'autre batailles, et...

Le lieutenant s'arrêta sous le regard scrutateur que lui lança Siena.

- Veuillez m'excuser colonel, blêmit le jeune homme. Je n'ai pas à discuter vos plans de la sorte...

- Quel est votre nom, soldat ?

- L-lieutenant Arvis Hedd, m-madame.

Hedd se voyait déjà sans doute dépecer pour avoir coupé la parole à la chef de la GSR, mais Siena le surpris en lui mettant une main sur l'épaule.

- J'aime les soldats qui prennent l'initiative d'exposer leurs remarques lors d'établissement de stratégies. Un chef, aussi doué soit-il, doit toujours savoir ce que pensent ses hommes. Vous devriez songer à intégrer mon unité lieutenant. Vous y serez bien accueilli.

Elle retira sa main de l'épaule du lieutenant médusé mais content de lui.

- Mais pour répondre à vos inquiétudes, lieutenant Hedd, non, Psuhyox ne pourra pas faire bouger mon vaisseau, car nous avons à l'intérieur un Latios qui pourra contrer les pouvoirs psy de notre G-Man. Pour ce qui est de s'en débarrasser, c'est plus compliqué. Les balles ne lui feront rien, et quiconque s'approchera de lui se fera immédiatement repoussé. Mais je connais la réputation de Psuhyox. C'est un homme sensé qui a été formé par le Général Lance lui-même. Quand il verra qu'il s'est fait prendre au piège, il se repliera définitivement. Il ne sacrifiera pas la vie de ses hommes inutilement.

En définitive, tout se déroula selon les prévisions de Siena. Althéï et Ian firent un beau carnage sur le flan des gouvernementaux, jusqu'à qu'ils tentent de les attaquer de front. Là, ils eurent à faire aux canons du Lussocop n°2, que Clément Psuhyox ne put dégager en raison du Latios de Faduc qui contrait depuis l'intérieur ses pouvoirs psychiques. À cet instant, ils furent piégés. Siena envoya Sharon sur eux pour bien les achever. Le carnage que provoquait cette arme de destruction massive au visage d'ange dépassait l'entendement. Siena elle-même déploya un peu son fouet électrique, sans doute pour se dégourdir les membres, usant comme à chaque fois de son don inné de deviner les mouvements de ses adversaires.

Elle n'alla pas cependant trop se frotter au G-Man. Siena avait beau être forte, elle était impuissante face à des pouvoirs psychiques. Mais Psuhyox ne resta pas longtemps. Comme Siena l'avait prévu, il n'attendit pas pour ordonner la retraite. Siena le laissa filer. Ils auraient peut-être pu l'éliminer s'ils l'avaient poursuivit, mais au prix de quantité de vie. De l'avis de Lusso, Siena avait sans doute pas mal de défaut dans sa sociabilité avec les gens, mais elle n'irait jamais demander à d'autres ce qu'elle ne pouvait faire soi-même. Et pour cela, les soldats la respectaient. Et aujourd'hui encore, ils l'acclamaient. Encore une énième victoire pour la GSR. Lusso aurait dû être content, mais bizarrement, il ne l'était pas.