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Le cœur serré... [OS] de Sanaito



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Informations

» Auteur : Sanaito - Voir le profil
» Créé le 14/03/2012 à 16:31
» Dernière mise à jour le 22/10/2015 à 22:21

» Mots-clés :   Drame   One-shot   Présence de shippings   Sinnoh   Slice of life

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... et les mains en sang. (Premier jet - 2012)
_____J'aurais dû éprouver de la joie pour elle, ou au moins la satisfaction de la voir heureuse. Après tout, ce n'était pas comme si je ne m'étais pas attendu à ce que cela arrivât. Pourtant, l'étau qui malmenait mon cœur depuis toujours se resserrait une fois de plus. Je vis leurs lèvres s'effleurer, leurs doigts s'entrelacer, leurs yeux se fermer.

_____Je m'éloignai d'eux. Je n'étais pas concerné par tout cela. Je ne le serais jamais. J'errai dans le parc, m'arrêtai sous l'arbre où autrefois une balançoire était accrochée. Elle avait cassé depuis. La brise détacha quelques feuilles jaunis de ce vieux Pécher qui avait vu naître mon amour interdit. Voué à l'échec avant même ce baiser qu'avait échangé avec son meilleur ami l'objet de mon désir.

_____Or si elle était le reflet de mon obsession passée pour sa grand-mère, cette dernière ne me hantait pas autant. Aussi n'avais-je pas tant souffert quand elle aussi avait trouvé quelqu'un d'autre à aimer. J'étais parvenu à renoncer. Mais cette fois, y arriverais-je ? Alors que j'étais dans l'incapacité de me détacher de celle qui venait de me briser sans le savoir...

_____Perdu dans de sombres pensées qui ne me quittaient jamais vraiment, je n'entendis que distraitement des pas qui se rapprochaient, aussi sursautai-je quand quelqu'un me sauta sur le dos.


_______Je savais que je te retrouverais ici ! s'exclama-t-elle, revenue vers moi maintenant que son désormais amant était rentré chez lui. Il faut que je te raconte cette journée, tu ne vas pas en revenir ! Je suis sûr que même toi ça va te surprendre !


_____Me surprendre ? Non. Mais tandis qu'elle glissait le long de mon échine pour retrouver le sol, je chassais les dernières traces de tristesse ou de déception avant de lui faire face, neutre, quoique l'air un brin curieux pour la tromper sur mon véritable ressenti.


_______Darkrai, Tonio m'a embrassée !

_______... Ah oui ? J'en suis ravi, Alice.


_____Ma voix et mon expression ne trahirent pas qu'elle venait de m'assassiner. Et je restai de marbre quand elle me parla de lui en des termes tendres qui m'affligeaient. Sous mon masque d'indifférence polie, mon âme se consumait comme un fin bâton d'encens à l'odeur âcre.

_____Pendant qu'elle répétait qu'elle n'avait jamais cessé de croire en ce jour et que maintenant elle était comblée, le soleil se couchait, elle prit le chemin de sa maison après m'avoir dit au revoir. Je restais immobile sous la voûte céleste petit à petit parsemée d'étoiles.

_____Elle n'avait pas perçu ma peine. Devais-je en être soulagé ? Je ne savais pas. Si par malheur elle me perçait à jour, sans doute serait-elle choquée, sans doute me fuirait-elle. Toutefois, je ne serais plus obligé de jouer cette comédie qui pesait un peu plus chaque seconde.

_____Je fixai à nouveau l'arbre fruitier sous lequel j'avais pour la première fois trouvé le réconfort auprès d'Alicia, alors que tous me rejetaient. Soudain, pris d'un accès de colère, je donnai un grand coup de poing dans le tronc, le Pécher tressaillit. Je m'y adossai alors qu'il déversait une courte et lente pluie de feuilles orangées.

_____Passer ma souffrance sur un végétal. Où est-ce que côtoyer les humains m'avait mené ?

_____Je portai ma main à ma poitrine douloureuse et la griffai alors que je la refermais et la serrais le plus fort possible. Comme je le faisais si souvent à présent. Du sang perla de ma paume quand je la décrispai.



_______Tu es toujours partant pour une revanche j'espère ? Mon Coudlangue meurt d'envie de t'affronter à nouveau ! s'exclama Alberto.

_______Bah en fait'ch, pas fraiment'ch, fit l'intéressé en essayant d'articuler, gêné par son abominable langue que je n'étais pas pressé de revoir de près.

_______... Non baron, navré. Un autre jour certainement, m'excusai-je.

_______C'est bien la première fois que tu déclines un défi, Darkrai ! Aurais-tu senti à quel point j'avais progressé depuis la dernière fois ? Craindrais-tu de te mesurer au grand baron Alberto ? me nargua-t-il, gonflé d'orgueil.


_____« Quel genre de progrès aurait-il pu faire depuis la semaine dernière ? », songeai-je, pas agacé le moins du monde, juste un peu sceptique.


___Tu es trop imbu de toi-même. Je me ferai un plaisir de calmer ton ego demain, souris-je.


_____Depuis l'incident de la Tour Espace-Temps, il n'avait pas digéré que je l'eusse envoyé droit dans un arbre alors qu'il était lui-même devenu un Coudlangue.


_______Eh ! Vous allez faire un match ? cria Alice en venant vers nous.

_______Même pas ! Il se dégonfle, ton héros ! railla le Dresseur.

_______Ne me désigne pas ainsi, grinçai-je. Je n'ai rien fait de spécial.


_____Je n'aimais pas que l'on me rappelle que j'avais participé à la sauvegarde d'Alamos. À l'origine, je me battais contre Dialga et Palkia pour protéger Alicia – puis Alice quand j'ai appris que je me méprenais sur son identité. Je ne me sentais pas le droit d'être élevé au rang de héros. Je n'agissais pas pour l'ensemble des Alamois.


_______Ah bon ? Pourtant, ce n'est pas commun de te voir refuser l'occasion de rabattre le caquet de ce cher baron ! pouffa-t-elle en portant une main à sa bouche qui m'était défendue.

_______... Soit. J'accepte de me mesurer à toi, Alberto.


_____« Si cela peut faire rire Alice à nouveau... Et s'il n'y a que ce moyen pour me débarrasser de toi... », ajoutai-je sans pour autant me faire entendre.


_____Le baron me fixa avec un regard qui, étrangement, me donna envie de baisser les yeux – ce que je ne fis pas.


_______Tu deviens indécis maintenant ? Dis-moi, aurais-tu pris un coup de marteau sur la tête ?


_____« Non. Un coup de poignard dans le cœur. »


_____Ce que je pensai.


_______En garde.


_____Ce que je préférai dire.



_____Combattre le Coudlangue de celui qui s'était autoproclamé comme étant mon rival n'avait rien de très difficile en soi. Ses mouvements étaient lents. Seule sa langue était imprévisible. Mais une fois neutralisée avec un gros nœud, elle devenait tout de suite plus gérable.


_______F'est pas du zeu ! rouspéta-t-il en tentant vainement de le défaire, tandis que le baron se pavanait moins, tout à coup – allez savoir pourquoi.


_____Je m'apprêtai à donner le coup de grâce, porté par l'adrénaline que me procurait le match. J'avais presque oublié la déception d'hier.

_____Presque.

_____Du coin de l'œil, j'aperçus Tonio qui arrivait et se plaçait à côté de la douce Alice. Leurs mains se joignirent. Mon cœur rata un battement. Et moi une occasion de me taire :


_______Ça suffit, j'abandonne.


_____Je m'enfuis tel un lâche. Tel un imbécile surtout. J'entendis une remarque d'Alberto sur ma santé mentale.


_______Finalement, pour le coup sur la tête, j'avais peut-être raison ! Voilà qu'il plante un match !



_______... Darkrai ?


_____Je m'étais réfugié à l'ombre des lierres et des rosiers grimpants entrelacés autour de tiges en métal. Une arche où se plaisaient les Cheniti et les Cheniselle, invisibles dans leurs capes de feuilles, sauf s'ils décidaient de surgir devant vous pour vous surprendre.

_____J'observais le lac formant une douve autour d'Alamos quand une main se posa sur le ruban agité de mon épaule droite. Je n'osai pas me détourner du paysage.


_______Tu me sembles distant... enfin, je veux dire plus qu'avant... souffla Alice.


_____Elle était venue seule. Sans Tonio. J'aurais aimé que cet instant durât toujours. Une semaine que je les voyais ne se séparer que le soir pour se retrouver le lendemain matin. Une semaine que j'endurais l'insoutenable vérité sans agir. Sans en avoir le droit.


_______C'est parce que je me laisse distancer, expliquai-je d'un ton las.

_______Qu'est-ce que tu veux dire ? me demanda-t-elle.

_______Tu as une vie amoureuse maintenant. Tu peux tout dire à Tonio. Ce n'est pas moi qui m'éloigne, c'est toi qui lui confères peu à peu mon rôle de confident. Alors je cède ma place, lui dis-je.


_____J'avais essayé de prendre le ton de celui qui pense que c'est dans l'ordre des choses. Mais j'étais arrivé à la limite de mes talents d'acteur. La fin de ma phrase sonna faux.


_______Tu es... jaloux ? comprit-elle.


_____Je me sentis m'empourprer, rentrai à moitié la tête dans mon col.


_______... Je ne savais pas que je te faisais cette impression... murmura-t-elle.

_______Ce n'est pas... commençai-je à protester cependant que mes joues s'enflammaient davantage.

_______Ne dis rien, je suis désolée, me coupa-t-elle en baissant les yeux. C'est vrai que je suis absorbée par mes sentiments ces temps-ci, et que je ne consacre plus beaucoup de temps à personne d'autre que Tonio, pas même à toi. Mais je t'assure qu'il y a des choses qui ne resteront qu'entre nous. Tu es mon ami le plus sincère.


_____Je cessai de me dissimuler derrière ma collerette. Son ami le plus sincère. Non pas que ça ne me fît pas plaisir mais... je le savais déjà...


_______Tu as une place particulière dans mon cœur, reprit-elle.

_______Toi aussi, répondis-je presque aussitôt.


_____Ça m'avait échappé. J'eus presque voulu qu'elle comprît le sens profond de ma phrase. Mais comment le pourrait-elle, alors que je faisais tout mon possible pour ne lui donner aucune piste, pour la maintenir dans l'ignorance et qu'elle continuât sa vie sans avoir à se soucier d'un Pokémon qui s'était épris d'elle ?

_____Alors que je m'attelais à faire ce que je faisais le mieux : rester dans l'ombre, la main en sang sur ma poitrine...



_______Dis-moi Darkrai... il y a une question qui me taraude depuis longtemps, mais j'ai peur de t'embarrasser en la posant, avoua Alice, assise au bord du bassin, balançant nonchalamment ses pieds nus dans l'eau en éclaboussant des Axoloto.


_____Tonio avait un problème avec l'un des disques de la Tour, qu'il était très occupé à réparer. Une histoire de gel, je crois. Sa petite amie n'avait pas voulu le gêner, et était donc venue ici. Aujourd'hui, il faisait assez doux malgré la neige. Je craignais cependant qu'elle ne prît froid, en baignant ainsi la moitié de ces jambes.


_______Tu ne sauras pas si tu ne demandes pas, répondis-je, lévitant à ras du sol, auprès d'elle.

_______... Est-ce que tu es amoureux de quelqu'un ? dit-elle après une hésitation.

_______Non.


_____J'avais été bref, voire sec. J'avais aussitôt porté la main à mon cœur. Elle n'aborda plus le sujet et passa à autre chose le plus rapidement possible. Je ne sus qu'en penser. Disons plutôt que j'eus peur de savoir, alors que je ne cherchai pas à comprendre.



_____Alice et Tonio s'étaient disputés. Cela leur arrivait déjà souvent avant qu'ils ne fussent ensemble. Mais ce n'étaient que des querelles de grands enfants, si je puis dire. Ce litige-ci, en revanche, avait blessé celle pour qui mon cœur penchait.

_____Elle était secouée de sanglots, le visage enfoui dans mon frêle estomac, tandis que j'étais assis dos au Pécher. Une main posée sur sa tête et caressant ses cheveux blond miel, l'autre étreignant une des siennes, j'étais partagé entre le bonheur de l'avoir tout à moi et la tristesse des circonstances qui ont fait qu'elle était venue quérir du réconfort à mes côtés.

_____La neige avait presque disparue. Les bourgeons apparaissaient. Le printemps se faisait sentir. Cela faisait bientôt sept mois qu'ils sortaient ensemble, comme les humains disent. Mais en mars, les choses s'étaient gâtées entre eux.

_____Tonio avaient quelques ambitions qui demandaient à ce qu'il quittât Alamos pour se rendre à Hoenn. Alice ne voulait pas le suivre. Il lui avait posé un ultimatum qui l'avait profondément meurtrie : lui ou sa ville.


_______... Crois-tu vraiment qu'il partira sans moi si je reste ici ? croassa-t-elle entre deux crises de larmes.

_______Je ne sais pas, répondis-je sincèrement.

_______J'aimerais tant que tu saches ! s'énerva-t-elle avant de se remettre à gémir dans mes bras.


_____Je l'obligeai à me regarder en la prenant doucement par le menton pour lever sa tête. Ses beaux yeux bleus étaient rougis par l'acidité des perles qui roulaient sur ses joues. Je les séchai du pouce de mon autre main. D'autres les remplacèrent.


_______Je n'arriverai pas à m'arrêter, pardon... s'excusa-t-elle, s'imaginant sans doute que je la trouvais pathétique – c'était vrai, mais pas dans son sens péjoratif.

_______Tu n'as pas à t'obliger à les contenir, murmurai-je.


_____Elle se redressa et recommença à larmoyer, sa joue collée contre la mienne cette fois. Je sentais ses pleurs mouiller ma peau, ses tremblements me faire vibrer tout entier, ses mains se crisper dans mon dos comme si elle craignait me voir fuir.

_____Cela abaissa mes dernières barrières. Je ne pouvais plus endurer davantage. Je l'écartai en la prenant par les épaules, elle résista, toutefois faiblement, trop agitée pour coordonner ses gestes. Elle devait penser que je la rejetais.

_____Je la rapprochai de moi à nouveau, une de mes mains remonta vers l'arrière de sa tête, l'autre se nicha entre ses omoplates. Nos visages étaient vraiment proches. J'avais arrêté mon mouvement.

_____Mais qu'étais-je sur le point de faire ?

_____D'après les yeux écarquillés de la douce jeune femme que je tenais dans les bras, elle avait compris. Je baissai les miens, furieux après moi-même d'avoir osé y croire. Qu'espérais-je ? Nous n'appartenions pas à la même espèce – au même monde.

_____Je desserrai mon étreinte pour qu'elle s'échappât. Mais elle entoura ma tête de ses bras et termina ce que j'avais commencé.

_____J'ignorais combien de temps nous restâmes ainsi, à nous découvrir sous un jour différent. Je percevais chaque détail, aussi infime fût-il. Ses lèvres un peu gercées par les matins frisquets. L'odeur délicate de sa peau. Le goût mentholé qu'elle me laissa dans la bouche quand elle éloigna la sienne.

_____Nous nous remîmes debout en même temps. Le soleil allait bientôt disparaître derrière l'horizon.


_______... Tu as cessé de pleurer... remarquai-je.


_____Alice dansa d'une jambe sur l'autre, rougissante, en marmonnant d'une voix presque inaudible qu'elle devait rentrer chez elle avant qu'il fasse nuit. Elle resta encore un peu à ne savoir que faire, tandis que moi, je ne trouvais plus rien à dire, troublé comme je ne l'avais jamais été auparavant.

_____Elle m'adressa finalement un timide geste de la main et s'en alla d'un pas pressé. Je me laissai glisser à nouveau contre mon arbre, n'ayant plus la capacité ni de léviter, ni de réfléchir. Avait-elle vraiment... Je peinais à y croire. Et je n'en tirais pas satisfaction. Nous n'avions aucun avenir. Sans doute le savait-elle aussi.

_____Mon cœur se serra encore. Mon poing avec.



_____Je les aidais à charger les valises dans la montgolfière. Ce moyen de transport pour se rendre à Hoenn avait au moins le mérite d'être original. J'essayais aussi de ne pas penser au fait que c'était sans doute la dernière fois que je le voyais voler au-dessus d'Alamos.


_______Je crois qu'on n'a rien oublié, dit Alice.

_______Nous allons pouvoir y aller, alors, fit Tonio en prenant place à côté du brûleur où le Ouisticram de sa compagne patientait.

_______Hum... attends un peu, s'il te plaît, demanda-t-elle en venant vers moi.


_____Je me tenais à l'écart, comme à mon habitude. Nous fûmes donc, sans faire exprès, assez loin de son petit ami pour qu'il n'entendît pas. À propos de... l'incident d'hier, il n'était pas au courant, et cela valait sans doute mieux.

_____Elle croisa les bras dans le dos en se balançant tantôt sur ses talons, tantôt sur la pointe de ses pieds. Je finis par prendre la parole :


_______J'espère que tu te plairas là-bas.

_______Oui, j'espère aussi. On dit que Poivresel est une ville portuaire vraiment agréable... Et toi, que comptes-tu faire ? voulut-elle savoir. Tu ne veux pas nous accompagner ?

_______... Je... C'est que... N-non, bredouillai-je.

_______Darkrai... pour hier... on n'a qu'à se dire que c'était un rêve. Voilà.

_______Je suis le maître des cauchemars. Je ne parviendrai pas à mélanger la réalité et les songes...

_______... Je suis désolée de t'avoir donné de faux espoirs...

_______Je ne me faisais pas d'illusions... Avant de répondre à ta question, puis-je t'en poser une ? Qu'est-ce qui t'a finalement convaincue de partir ?


_____Elle sembla réfléchir. Elle pouvait bien prendre son temps pour. Ce n'est pas ça qui me manquait.


_______Eh bien, on a discuté Tonio et moi. Et en fait, on s'est aperçu qu'on s'était mal compris. Je pensais qu'il voulait partir et couper les ponts avec Alamos, alors qu'en réalité, on reviendrait ici le plus souvent possible, pendant ses vacances. J'ai donc accepté de venir avec lui parce que ça ne me ferait pas de mal de voyager, tant qu'on peut retourner ici de temps à autre. Voilà. Et toi alors, tes projets ?


_____J'esquissai un demi-sourire triste qu'elle ne put voir.


_______Je vais partir moi aussi. Loin. Vers l'inconnu. Mais je serai toujours à Alamos quand vous rentrerez.

_______Ah oui ? Eh bien bon voyage alors. Et comment comptes-tu t'y prendre pour être présent quand on arrive si tu es à des milliers de kilomètres, et sans savoir quand on revient ? me questionna-t-elle, d'humeur plus légère.

_______Ah ça, vous verrez bien...


_____Elle se dirigea vers la nacelle et sauta dedans. Tandis que le ballon prenait de l'altitude, elle et son amant ne cessèrent de me faire des signes de la main. D'autres personnes qui les connaissaient bien leurs faisaient leurs au revoir. Je crus entendre mon aimée jouer Oracion.


_______Hé, Darkrai ! me lança soudain Alberto après avoir envoyé un baiser à Alice. Je te mets au défi ! Je refuse de n'avoir contre toi qu'une victoire par abandon !

_______Non, je regrette. Pas aujourd'hui.

_______Bon, demain alors ?

_______Non plus. Je m'en vais dès ce soir.

_______Tu t'en vas ?... Oh, je vois. Tant qu'Alice n'est pas là, rien ne t'attache à cette ville, n'est-ce pas ?

_______Si on veut...


_____On se salua brièvement. Je me dirigeai vers le parc, sous le Pécher. Quelques bourgeons avaient fleuris. Je m'assis contre son tronc. Un groupe d'Apitrini passa, des Roucool aussi. Les beaux jours revenus, le jardin était bien plus fréquenté. Heureusement, j'étais dans une allée moins passante.

_____Je portai la main à mon cœur. Je le sentais battre sous ma paume. Régulier. Douloureux. Je commençai à la refermer, me griffant davantage la peau qu'à l'accoutumée. Mon sang écarlate semblait prolonger mon col hérissé vers le bas, à mesure qu'il coulait de mes écorchures toujours plus profondes alors que je persistais à vouloir serrer mon poing.

_____Alice allait m'en vouloir terriblement en rentrant. Mais d'une certaine façon je l'avais prévenue. Je n'avais pas menti, j'avais juste atténué les faits. Je m'en allais tout en restant ici. Physiquement...

_____Je sentais déjà ma vie partir. Où ? Peu importe. Je mis mes dernières forces dans mes griffes. J'allais quitter Alamos le cœur serré.

_____Mais cette fois-ci au sens propre.