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Team Rocket X-Squad de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 06/11/2011 à 10:46
» Dernière mise à jour le 20/12/2017 à 18:40

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 68 : Un nouveau tournant
Solaris, Impératrice de l'Empire de Vriff, tentait de ne pas sourire amplement en écoutant les seigneurs Ues et Jyskon se complaire dans leur malheur. Ils étaient revenus de Kanto aujourd'hui, et avaient immédiatement demandé audience avec Solaris pour l'ensevelir sous des tonnes de plaintes, d'appels à la vengeance et de punitions divines. Le Pegasa femelle avait péri ? Ils ne pourraient plus accéder à la vie éternelle ? Ils allaient bientôt mourir faute d'autre œufs ? Quelle tragédie, en effet...

- Ces infidèles... bouillonna Ues qui ne contenait plus sa rage. Ils ont osé... Nous mettrons Kanto à feu et à sang ! Nous les ferons tant souffrir qu'ils nous supplieront en pleurant pour qu'on les achève !

Le Seigneur Jyskon, lui, n'était pas en colère. Il était tout bonnement sonné. Il n'arrivait pas encore à saisir que son temps lui était désormais compté, et qu'il allait mourir. Solaris voyait dans son œil unique qu'il cherchait avec désespoir une solution pour échapper à son destin. Mais c'était peine perdue. Les Pegasa étaient les seuls Pokemon immortels pouvant se reproduire. Si la femelle n'était plus là, c'était terminé pour les Elus. Tout ce qu'ils pourraient faire, ce serait manger le Pegasa mâle pour retarder un peu l'échéance.

- Et cet imbécile d'Evard, qui n'a rien trouvé de mieux que de se faire tuer par un infidèle, grogna Ues.

- Ah il nous manquera, ça c'est sûr... Ironisa Solaris.

Ues lui jeta un regard mauvais.

- Je pense qu'Evard a de la chance d'avoir péri, souligna le Seigneur Falchis, qui était resté dans l'Empire. Car tout ceci est de sa faute. S'il ne s'était pas fait voler le Pegasa femelle, nous n'en serions pas là. Le Seigneur Vriffus l'aurait amplement puni.

Etrangement, Falchis, lui, ne semblait pas trop perturbé par le fait qu'il allait bientôt mourir. Il semblait prendre ça avec un somptueux dédain. Sans doute parce que c'était un homme de foi, qui ne doutait pas de sa récompense auprès de Dieu dans l'après vie.

- Oui, d'ailleurs, où est-il, le Seigneur Vriffus, demanda Ues. Il aura peut-être une solution pour nous éviter notre sort, lui qui est si puissant.

Solaris s'enfonça amplement dans son trône, comme si elle prenait plaisir à annoncer ce qu'elle allait annoncer. Ce qui était le cas, bien sûr.

- J'ai le regret de vous informer que le Seigneur Vriffus a disparu, dit-elle.

- Disparu ? Comment ça disparu ?

- On a plus nouvelle de lui depuis l'évasion de Galatea et Mercutio Crust. Personne ne sait où est l'Invincible, et le Seigneur Souverain ne répond pas aux pierres de communication. Il va falloir peut-être envisager le fait qu'il ait péri des mains des jumeaux Crust...

- Absurde, rétorqua Ues. Le Seigneur Vriffus ne peut être tué, et encore moins par ces gamins.

- Quoi qu'il en soit, reprit Solaris, le Seigneur Souverain n'a laissé aucune instruction pour la suite des choses. Je prends donc le commandement total de l'Empire à partir de maintenant.

Ues n'aurait pas été plus surpris si Solaris l'avait giflé. Jyskon sembla sortir de sa torpeur à cette annonce, et même Falchis, le plus docile envers l'Impératrice, parut indigné.

- Que... quoi ? Que voulez-vous dire ?!

- Ce que cette simple phrase veut dire, Seigneur Ues. En l'absence du Seigneur Souverain, c'est moi qui commande. C'est normal, après tout. Je suis l'Impératrice de ce pays.

Ues plissa les yeux.

- Ne fais pas preuve de tant d'arrogance car tu es assurée de vivre encore bien longtemps malgré la perte de Pegasa, fillette, siffla-t-il.

- Loin de moi pareille idée.

- Dois-je te rappeler que c'est nous, les Elus, qui sommes les maîtres de l'Empire ? Nous qui nommons l'Empereur ou l'Impératrice de ce pays depuis des lustres. Nous qui existions déjà alors que ton arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père n'était même pas à l'état de projet !

- Votre âge ne change rien au fait que c'est à moi que le peuple et l'armée obéissent, Seigneur Ues, fit calmement Solaris. En l'absence de Vriffus, vous n'avez plus aucun moyen de pression sur moi. Souvenez-vous que je pourrais vous éliminer avant que vous n'ayez compris ce qui vous arrive. Vos maigres pouvoirs ne sont rien face aux miens ! Alors faites preuve de sagesse, pour une fois. Je suis la seule, désormais, qui puisse vous assurer de vivre encore un peu. Si vous voulez votre vengeance contre la Team Rocket et le peuple de Kanto, suivez-moi.

En temps normal, Ues aurait explosé devant de telles paroles et de telles menaces. Mais l'Elu, bien que suprêmement fier et arrogant, était intelligent, et savait reconnaître la vérité dans les paroles de Solaris. Seul Vriffus exerçait un contrôle direct et une crainte sur l'Impératrice. Maintenant qu'il n'était plus là, les Elus devraient se tenir à carreau.

- Qu'il en soit ainsi, dit Ues avec une répulsion évidente. Nous vous confions les rennes de l'Empire, Majesté.

Solaris sourit. Ues disait cela comme s'il avait le choix et qu'il lui faisait un grand honneur. Solaris consentit à lui laisser cette miette de fierté.

- Je vous remercie, Seigneur Ues. Pourriez-vous donc me prêter votre clé, alors ? Ainsi que vous, Seigneur Falchis.

Ues blêmit.

- La... la clé ? Mais...

- C'est le seul moyen pour nous assurer d'une victoire rapide contre Kanto. Maintenant que le Seigneur Souverain n'est plus là, moi seule peut espérer vaincre les jumeaux Crust. Vous avez pu avoir un aperçu de leur pouvoir, non ? Mais pour les vaincre, il me faudra toute ma puissance. Vous aurez alors tout le loisir de vous réjouir de la souffrance de ce peuple avant votre mort. Allons, donnez-la moi !

Falchis ne fit pas d'histoire et remit sa clé à Solaris. Ues hésita encore. Il existait dans le palais d'Akuneton une porte fermée magiquement, et qui ne pouvait être ouverte que par deux des clés des Elus. Vriffus avait bien entendu ordonné à chacun des Elus de ne jamais remettre sa clé à Solaris, car si l'Impératrice s'emparait de ce qui se trouvait dans cette pièce, ça pourrait être une grande menace pour les Elus, mais aussi pour le monde en général. Mais Ues n'avait plus rien à perdre, désormais. Il se savait condamné, à terme. D'un geste tremblant, il remit donc sa petite clé en or à Solaris.
Enfin, songea l'Impératrice avec exaltation.

- Vous voulez assister au spectacle, mes seigneurs ? Sourit-elle avec férocité. Venez donc !

Solaris quitta la salle du trône et se dirigea dans les sous-sols du palais, avec Ues, Jyskon et Falchis qui tremblotaient derrière elle. Arrivée devant la porte qu'elle avait toujours souhaité pouvoir ouvrir, Solaris prit son temps pour faire tournoyer les clés dans les serrures. Enfin, la lueur dorée qui maintenait la porte scellée disparut. Solaris pénétra dans la pièce, sentant son cœur battre la chamade. La pièce n'avait rien d'exceptionnel ; elle était sombre et poussiéreuse. Mais en son centre se tenait dans un socle une épée d'une grâce envoutante. Elle rayonnait d'une faible lueur violette, et sa garde, aux motifs bleus et blancs, était d'une finesse incroyable. Mais le plus impressionnant était les deux orbes violets qui tournoyaient lentement autour de la lame.

Cette épée se nommait Carnage, et elle était depuis des siècles l'épée de la famille impériale. Quand Solaris avait mangé Dracoraure pour obtenir ses pouvoirs, Vriffus a été surpris et même apeuré par la quantité de pouvoirs que Solaris avait obtenus. Il s'était dit que Solaris aurait pu représenter une menace pour lui-même, et grâce à ses pouvoirs, il avait divisé en deux la puissance de la jeune princesse. L'autre moitié, il l'avait scellée dans cette épée, puis l'avait enfermée dans cette pièce avec interdiction totale de l'ouvrir.

En fait, Solaris avait toujours été à la moitié de sa véritable puissance. Mais désormais, avec Carnage en main, plus personne ne pourrait la défier. Quand elle prit la garde de l'épée dans sa main, les sphères violettes se mirent à tournoyer bien plus vite. L'épée reconnaissait sa maîtresse. Solaris sentit son pouvoir affluer dans son corps. De même qu'autre chose. Une autre conscience.

- Solaris. Cela faisait longtemps. Nous nous retrouvons enfin.

- Je suis heureuse de te retrouver, ma vieille amie, répondit Solaris en pensée à la conscience qui s'échappait de l'épée.

- Le temps est-il venu ?

- En effet. Notre rêve va bientôt se réaliser. Et tu seras avec moi quand ça se passera. Nous ne serons plus jamais séparées, à présent.

Solaris souleva l'épée, et la puissance que renfermait Carnage ne fit qu'une avec son propre corps, là où elle n'aurait jamais dû sortir. Bien entendu, les pouvoirs de Carnage ne pouvaient pas revenir directement dans son corps. Pour les utiliser, Solaris devait se servir de l'épée. Il y avait un moyen de remettre la moitié de la puissance que contenait l'épée en elle, mais il impliquait se la planter dans le corps, ce que Solaris ne tenait pas réellement à expérimenter. Surtout que si tant de puissance l'envahissait d'un coup, elle ne pouvait pas prédire ce qui allait se passer. Son corps risquait de subir d'importantes modifications génétiques, ou pire, de simplement exploser sous l'effet de la puissance cumulée.

Conséquence de sa réunion avec la moitié de son pouvoir, ses ailes d'anges se déployèrent et se mirent à grandir. Ses longs cheveux blonds se mirent à se mouvoir. Sa peau au teint sublime se mit à devenir plus foncée, d'un teint allant vers le bleu. Solaris ne pouvait pas le voir, mais elle savait que ses yeux violets aux pupilles étirés étaient en train de devenir des orbes totalement violets sans aucune pupille. Les sphères violettes qui tournaient autour de Carnage se mirent à tournoyer autour de l'Impératrice maintenant. Elle éclata de rire, se grisant de toute la puissance qu'elle ressentait en elle.
Derrière elle, les Elus reculèrent, terrifiés par ces changements.

- Nous changerons le monde ensemble, comme nous nous l'étions promis, dit la voix à l'intérieur de Solaris. Nous nous vengerons des vriffiens.

- Oui, Dracoraure, répondit Solaris à voix haute. Ils vont tous payer.


***


Mercutio s'était trouvé une place de choix dans la base pour observer les nuages qui défilaient au-dessus d'eux, le paysage qui s'étalait en dessous d'eux, et pour profiter du bon air aérien tandis qu'ils volaient à une allure ni trop lente ni trop rapide. Le balcon ouest du quatrième étage était parfait pour ça. Mercutio devait bien admettre que Galatea avait trouvé là une idée à la fois géniale et agréable. La pauvre ne se ménageait pas. Elle était toujours sur son fauteuil dans la salle de commande, à diriger la base grâce à son Flux. Pour l'aider à la maintenir en altitude, des ingénieurs avaient installé vite fait un système de répulsion. Rien qui ne maintiendrait la base en l'air si Galatea venait à lâcher son Flux, mais qui soulageait un peu l'effort de la jeune Rocket.

Ils étaient arrivés dans la région d'Elebla, désormais totalement dominée par Vriff. Dans le cadre de leur plan pour provoquer le chaos dans l'Empire, Antyos avait proposé de libérer les villes dutteliennes et de soulever le peuple contre les envahisseurs. Tender avait accepté, et voilà qu'ils allaient bientôt survoler l'ancien territoire du royaume de Duttel. À côté de la base volait le Lussocop, sa seule grosse défense en cas d'attaque. Ils possédaient quand même plusieurs autres appareils dans la base. Mercutio sentit quelqu'un s'approcher derrière lui. Il reconnut Eryl sans avoir à se retourner, grâce à son parfum de fleur. Mercutio l'accueillit avec un sourire, qu'Eryl lui rendit en rougissant légèrement. Elle s'appuya sur la balustrade au côté de Mercutio, contemplant le coucher de soleil.

- C'est beau hein ? Fit Mercutio.

- C'est vrai. Je ne regrette pas d'être venue avec vous. Se déplacer en volant... Galatea est impressionnante. Il parait que tu possèdes les mêmes pouvoirs, toi aussi ?

- Oui... enfin, j'essaye. Galatea est bien plus casée que moi en la matière. C'est sûrement pas demain la veille que j'arriverai à faire voler une base entière.

- Mais d'où proviennent ces pouvoirs ? Demanda Eryl.

- Il parait que c'est de famille. On tient ça de notre vieux, qui serait un Mélénis.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Oh, j'ai pas très bien compris moi-même. Une espèce de race d'humains hyper évolués qui ont vécu y'a des millénaires.

- C'est génial, souffla la jeune fille.

- Mouais, dit comme ça, ça en jette, hein ? Mais quand on regarde la vérité de près, c'est moins reluisant.

Eryl attendait de toute évidence une explication à ces paroles, mais Mercutio n'avait pas envie de s'attarder sur l'histoire de sa naissance. Il changea de sujet.

- Et toi, comment vas-tu ? Qu'est-ce que tu as fait, depuis que tu as quitté Surocal ?

- Oh, pas grand-chose. J'ai entraîné mes Pokemon, du moins j'ai tenté. J'ai essayé de vaincre la championne d'Azuria aussi, Ondine. C'est encore loin de mon niveau.

- Sûrement pas ! Je t'ai vu te battre à Surocal et au Mont Braise. Tu es une dresseuse balèze. Il faudra qu'on fasse un combat un jour, toi et moi.

Eryl détourna la tête, gênée.

- Tu n'auras pas de mal à me battre. Surtout avec ton nouveau Pokemon, Pegasa.

- Toi aussi tu as un Pokemon assez rare, je me trompe ? Et qui sait parler, lui aussi, d'après ce que j'ai entendu.

- Oui, j'ai été très surprise. Mais j'en ai parlé au professeur Chen. Il m'a dit qu'Ea et les deux autres comme lui, Eï et Eu, étaient des Pokemon quasi-légendaires et uniques, dotés de pouvoirs dont on ne connaissait pas encore les limites. J'ai vraiment de la chance de l'avoir.

- Ce n'est pas de la chance, Eryl. Ea a voulu être ton Pokemon uniquement parce qu'il t'aimait. C'est à toi que tu le dois, pas au hasard.

Ils parlèrent quelque temps de Pokemon et d'autres choses jusqu'à qu'il fasse nuit et que Mercutio doive rentrer pour la réunion avec Tender, le reste de la X-Squad et les dutteliens, pour savoir quelle ville prises par les vriffiens ils allaient attaquer demain. Eryl lui souhaita bonsoir et Mercutio ne fut pas mécontent d'avoir eu une conversation seul avec elle. Le lendemain, ils délivrèrent six villes dutteliennes des vriffiens. Ce n'était pas bien compliqué, à vrai dire. Ne s'attendant pas à être attaqués par une puissance extérieure, les vriffiens avaient des défenses minimales. Contre une base qui descendait du ciel, un Asmolé modifié, plusieurs appareils volants de pointe, plusieurs soldats et dresseurs ainsi qu'une Mélénis, ces pauvres vriffiens furent décimés en moins de temps qu'il faut pour le dire.

En voyant leur roi et leur prince en vie venant pour les libérer, la grande majorité des civils dutteliens décida de les rejoindre et de se battre avec eux. Après cinq jours, et la moitié de l'ancien royaume libéré du joug de l'Empire, la base Rocket était pleine à craquer de nouveaux combattants, à tel point qu'ils avaient besoin de place supplémentaire. Cette occasion se présenta quand ils tombèrent sur une Aile du Sang posée à côté d'une ville duttelienne qu'ils s'empressèrent de libérer. Ils parvinrent à s'emparer de l'Aile du Sang et à la faire décoller. Ce fut Acpeturo qui s'en chargea, car aucun duttelien ne savait diriger ces engins. Au bout d'une semaine de combats et d'escarmouches pleinement réussis, Duttel s'était pratiquement libérée et l'armée de la Team Rocket avait doublé de volume. Le roi Antyos et son fils furent acclamés par leur peuple comme des héros.

Un soir, après avoir posé la base dans un coin du royaume, ils donnèrent une espèce de fête improvisée dans le grand hall de la base, pour remonter le moral de tout le monde, déjà bien relevé par leur récents succès. Il y avait plus de dutteliens que de Rocket désormais dans la base, aussi Mercutio ne se sentit pas vraiment chez lui quand il entra dans la salle. Sire Djosan était en train de faire un duel de beuverie avec Herts. Le vriffien, à la grande joie de Mercutio, avait fini par s'adapter à la vie chez les « infidèles ». Acpeturo en était le premier responsable. Il avait réussi à convaincre Herts que leur peuple se fourvoyait depuis longtemps, par sa religion et par ses dirigeants. Depuis, Herts avait appris à bien s'entendre avec les dutteliens, particulièrement avec Djosan. C'était normal aussi, les deux utilisaient le mot « honneur » très régulièrement dans une conversation.

Le roi Antyos se baladait de duttelien en duttelien, leur donnant des tapes sur l'épaule, leur disant des paroles réconfortantes, compatissant à leur perte, leur redonnant courage pour la suite. Bref, il se comportait en vrai souverain pour son peuple perdu et désemparé. Il n'en avait peut-être pas conscience, mais Mercutio savait que c'était un grand roi et un grand homme. Il y avait un espace aménagé en piste de danse, également. Le colonel Bouledisco et ses Ludicolo assuraient la musique, bien que leur rythme endiablé ne se prête guère aux habitudes des dutteliens, qui ignoraient comment danser sur ce genre de morceau. Mais le colonel fit preuve d'improvisation, et parvint à jouer des morceaux un peu plus calmes, sur lesquels on pouvait danser à deux sans mettre tout son talent à éviter les autres danseurs.

Avec un sourire amusé, Mercutio repéra Siena qui faisait quelques pas avec le prince Octave. Siena en train de danser ! Elle devait vraiment craquer pour Octave pour se prêter à ce genre de mondanité qu'elle méprisait copieusement. Non loin, Galatea valsait avec le colonel Tuno. Ce dernier changeait de partenaire toutes les deux minutes. Le temps qu'il lui fallait pour se prendre un râteau, en somme. Zeff, lui, était accoudé contre le bar, en compagnie de Penan, avec qui il était en train de parler, apparemment sérieusement. Etonné, Mercutio décida de les rejoindre, quand il fut intercepté par Eryl.

- Tu ne danses pas, Mercutio ?

- Dans ma grande bonté, j'ai décidé d'épargner ce supplice aux pauvres filles qui auraient la malchance de m'avoir comme partenaire.

Eryl éclata de rire.

- Allons, ne sois pas stupide. Je suis sûre que tu t'en sortiras très bien.

Elle le prit par la main et l'amena sur la piste avant que Mercutio n'ait pu s'esquiver. C'était la toute première fois qu'il dansait, surtout avec quelqu'un. Mais ce ne fut pas aussi terrible qu'il l'avait imaginé. Eryl guidait ses pas et le rythme était facile à retenir au bout d'une minute. Il croisa Galatea aux bras de Lusso Tender. Sa sœur lui adressa un clin d'œil en passant. Quand le morceau fut terminé, Mercutio trouva une excuse pour fausser compagnie à sa cavalière. Non pas qu'il n'avait pas apprécié cette courte danse avec elle, mais être trop près d'elle le rendait mal à l'aise. D'un coup, alors que son esprit vagabondait sur le sourire et les yeux d'Eryl, il fut presque bousculé par une vieille femme, une duttelienne, qui le prit par les épaules.

- Ohhhhh, fit la vieille d'un ton un peu fou. Je sens son aura sur toi, garçon ! Elle n'est pas méchante ! Non ! Ce n'est pas sa faute...

Mercutio tentait de se dégager de l'étreinte de cette folle. Elle était d'un âge très avancé, mais pourtant, Mercutio avait l'impression de l'avoir déjà vu. Elle avait des yeux verts étonnant familiers.

- Il ne faut pas lui faire du mal, surtout pas, continua-t-elle en roulant des yeux. La pauvre, ce n'est pas sa faute ! Pas sa faute...

- Allons, dame Aetya, dit Antyos qui était venu au secours de Mercutio. Calmez-vous.

La vieille se laissa docilement prendre les mains par le roi, libérant les épaules de Mercutio.

- Ohhhhhh ! Tu peux la sauver, toi ! Il n'y a que toi qui la sauveras !

- Oui, bien sûr, Majesté, bien sûr. Venez donc retrouver Djosan.

- Ah ? Djosan... Oui, c'est un gentil garçon. Je l'aime bien.

Antyos accompagna la vieille folle jusqu'au chevalier duttelien, qui parut bien savoir s'y prendre avec elle. Antyos revint vers Mercutio.

- Il faut l'excuser, dit-il. Dame Aetya est très vieille et a perdu le sens commun des choses il y a longtemps...

- Qui est-elle ? Pourquoi l'avez-vous appelé Majesté ?

Antyos coula un regard vers Aetya qui parlait âprement avec Djosan.

- C'est l'ancienne impératrice de l'Empire. La mère de Solaris.

- La mère de... Vous voulez rire ?!

- Non, c'est la vérité. Elle a quitté son pays pour rejoindre Duttel il y a des années. C'était une pauvre femme qui venait de voir sa fille se transformer en monstre pour le compte des Elus, alors mon défunt père Illian, roi du Duttel à cette époque, lui a accordé asile, et elle loge depuis dans notre palais. J'ai entendu dire que l'Empire a lancé une somme rondelette pour quiconque la lui livrerait.

Mercutio s'en rappelait maintenant. En effet, le soir de son couronnement, devant la tombe de son père, Solaris avait parlé de sa mère à Mercutio, affirmant qu'elle avait trahi Vriff et était partie pour Duttel. Et Mercutio avait aussi vu l'Impératrice Aetya, sur l'un des tableaux de la chambre de Solaris à Akuneton, ce qui expliquait qu'il l'ait trouvée familière.

- Ça ne vous dérange pas de garder la mère de votre pire ennemie chez vous ? S'étonna Mercutio.

- Dame Aetya n'a jamais rien commis contre le royaume de Duttel. Pour dire la vérité, elle n'entendait rien à la politique des pays, et se fichait de cette guerre. Elle provenait de la classe moyenne de l'Empire, non des classes refermées des nobles et des aristocrates. Elle a épousé l'Empereur Asbalkan, le père de Solaris, non par intérêt mais parce qu'elle l'aimait. Tout ce qu'elle voulait, c'était pouvoir vivre heureuse avec sa famille. Mais elle a vu son mari se faire manipuler par les Elus, sa fille devenir peu à peu méconnaissable, et son fils disparaître. C'est une femme qui a connu un profond malheur toute sa vie durant. Mon père a eu raison de l'accueillir.

- Oui, je comprends, dit Mercutio à mi-voix.

En effet, il comprenait. Il éprouvait une grande pitié pour cette femme. Il éprouvait aussi la même pitié pour Solaris. Il la haïssait pour ce qu'elle était, bien sûr, mais il se disait que ce n'était pas de sa faute. Ce n'était même pas la faute des Elus, qui n'étaient que des marionnettes pour le maître chanteur. Non, tout ça, c'était la faute de Vriffus. C'était lui qui avait tout manipulé. Lui qui avait créé l'Empire de Vriff, lui qui avait fait chanter tous ses dirigeants un à un, tandis qu'il restait caché dans l'ombre. Lui qui avait poussé l'Empire dans cette religion vouée aux ténèbres. Lui qui avait déclenché la guerre contre Duttel. Lui qui avait fait de Solaris ce qu'elle était. Lui qui avait détruit toutes ces vies, lui qui avait déchiré toute ces familles. Il avait d'ailleurs tenté de faire de même avec celle de Mercutio. Vriffus était le mal incarné. Il devait être éliminé, coute que coute. Même si Solaris et les autres Elus disparaissaient, tant que Vriffus serait en vie, toute cette tragédie continuerait.