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Les Chroniques des Univers: [Tome 2] La voie des Elus de imhotep43



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Informations

» Auteur : imhotep43 - Voir le profil
» Créé le 17/02/2009 à 23:22
» Dernière mise à jour le 18/02/2009 à 03:26

» Mots-clés :   Hoenn   Présence d'armes   Science fiction   Sinnoh

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Chapitre 61: Dyptique du phénix: Deuil
Ainsi Antoine avait choisi de nous offrir une mort rapide et sans douleur... Ironiquement, je pensais à Igor et à Tito qui avaient du avoir les mêmes sensations peut-être une heure plus tôt... J'avais perdu la notion du temps avec toutes ces manipulations. Mais si je faisais confiance à Sorbier pour savoir qu'hier, c'était le printemps, aujourd'hui, mon coeur se fanait comme au premier jour d'automne.

"Tu as fait le bon choix, vieux frère, fis-je un peu plus convaincu. Mourir avec toi sera déjà une bonne consolation...
-Désolé, mais c'est pas au programme...
-Pourquoi tu as sauté alors ? "

Nous avions atteint le niveau du sommet du récif, déjà l'auvent semblait à des années lumière de nous... Plus qu'une trantaine de mètres...

Pour toute réponse, Antoine ferma les yeux et murmura juste:
"Démarre, bon sang... démarre..."

Je ne comprenais plus rien. S'il voulait qu'on s'en sorte, pourquoi ne pas avoir fait sortir Etouraptor de sa ball. Il nous aurait porté au dessus de la mer agitée... Mais maintenant, s'il le sortait, nous réussirions tout juste à lui briser la nuque en lui tombant dessus à cette vitesse. Et le sol qui se rapprochait à vitesse grand V...

"C'est maintenant que j'ai besoin de toi... continuait Antoine..."

Une foi inexprimée en un Dieu salvateur ? Une dernière rédemption avant le jugement dernier ? Plus que dix mètres... Neuf... Huit...

"Content de t'avoir connu vieux..."

Sept... six... cinq...

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Alors se produisit l'inexplicable. Le bandage à la main d'Antoine, mal attaché, s'envola dans les airs. Il ft un mouvement brusque pour laisser s'envoler la bande et rattrapa ma main derrière... Une main lisse et soyeuse... Une main qui ne portait plus aucune trace de la soit-disant blessure qu'il avait subi lors de la libération des prisonniers de la Nouvelle Armée...
Une main qui brillait d'une aura familière... A vrai dire, c'était tout son corps qui brillait...

"L'enf... murmurai-je seulement..."

Plus que deux mètres avant le sol... Et Antoine rouvrit les yeux. La lumière qui émanait de lui se concentra dans son dos, et je vis poindre des ailes immatérielles alors que sur sa main, se fixait une auréole noir ébène. L'auréole des Elus...

"Maintenant, il est temps" entendis-je...

Alors que le bas du récif était plus près que jamais, les ailes de lumière battirent, et rasant l'eau, me tenant plus fermement que jamais, Antoine vola au dessus des flots...
Je n'avais plus l'envie de vivre cette vie seul, mais l'instinct de survie qui ne s'était jamais éteint en moi salua ce coup de théatre fait avec une grande excitation...

Antoine contournait désormais la petit île en direction des canots à moteur. Sur le quai sommaire, Sorbier, Silver et Aurore étaient resté interdits en nous voyant tomber... Et personne n'osa croire ce qui s'était passé. Lorsque l'élu volant, fraîchement découvert, se posa sur les lattes de bois qui formaient ce parking de fortune pour bateaux, il fut accueilli avec des yeux exorbités...

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Antoine se souciait peu de ce que penseraient les autres de lui à ce moment là. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il avait caché son talent au monde depuis si longtemps, depuis qu'Arceus le lui avait annoncé en personne au sommet du Mont Couronné, pour pouvoir s'en servir au moment critique... Pour pouvoir épater ses amis, sans doute... Pour pouvoir surprendre son ennemi, certainement... Comme tous ses plans foireux pourtant voués à l'échec, celui-ci avait réussi, récompensant son audace à sa juste valeur...

"Je ne veux aucun commentaire, c'est clair ? Ce n'est pas un évènement qui doit vous sembler important.
-Comment tu as fait ça ? fut la première chose que demanda Aurore.
-J'ai appris trente secondes avant que le soit disant élu du vol, Al, était à la solde de Sento... C'était un espion comme un autre qui nous avait floué... Je savais par Arceus que j'étais moi aussi l'un des vôtres. Après, j'ai évité tout contact avec l'un de vous pour que personne ne sache ma nature... J'avais peur de ne pas pouvoir assumer ce rôle... Là, j'ai eu la preuve que je pouvais le faire... Que j'étais bien un élu...
-Mais, il n'y a pas que Al qui soit un Elu potentiel. L'eau, l'électricité, la glace... Tous ceux-là, ca aurait pu être toi... Et tu serais tombé à l'eau. Vous seriez morts...
-Si c'était pour être l'éternel fouteur de souk, occupé à vous regarder faire les marioles avec vos pouvoirs sans que je ne puisse rien faire, autant me tromper et tomber. Ca n'aurait pas dérangé plus que ça certaines personnes, fit-il avec un regard vers moi... Et puis j'ai de la chance, c'est tout..."

Aurore souriait... Un sourire de soulagement. Elle sauta au cou d'Antoine. Elle avait peur pour lui, toujours... Mais c'était son côté tête brûlée qu'elle aimait...

"Mais comment avez-vous su qu'Al n'était pas celui qu'il prétendait être ?"

Un silence... Et la question critique...

"Et où est Eva ?"

Antoine avait parfois une franchise désarmante. Mais cette fois, il fit un effort non négligeable, bien qu'encore dérisoire, pour amortir ses propos.

"A vrai dire, le premier a tué la seconde. C'est de ça qu'on doit se soucier maintenant."

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Celà faisait maintenant une éternité que nous voguions sur la mer déchaînée... Le vent fort avait laissé place à des bourrasques encore plus violentes. Une demi-heure, peut-être plus... Je n'en savais rien. Je restais là, amorphe, à contempler la mer démontée. Aurore avait fait rejaillir tous ces tourments qui me tuaient de l'intérieur. Al, le traître qui avait mis fin à la si courte vie d'Eva. Toute cette scène me revenait en mémoire avec une précision désarmante. J'étais mort, intérieurement. La flamme de mon âme était éteinte et le froid envahissait le siège de la raison. Plus rien n'en avait, de raison, après tout ça...

Aurore avait paru génée... Honteuse d'avoir dit tout celà même... Il était vrai que déjà, depuis un certain temps, l'absence de quelqu'un n'avait qu'une signification. Il n'était pas là parce qu'il ne pouvait pas y être... Prisonnier comme Ed ou moi, ou mort comme Eva...
Encore une fois, on en revenait toujours au même point. Pas la peine de chercher à se changer les idées en pensant aux autres, à la vie, à la mer, on en revenait toujours à la mort.

Et Aurore se sentait coupable, croyant que tout aurait pu être évité si le raid sur le camp de Dante s'était passé autrement, mais je savais bien qu'Antoine la convaincrait, à raison, que je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça, qu'elle ne savait pas... Et parce que je ne pouvais pas encore éprouver des reproches envers qui que ce soit, trop occupé à songer à ce passé révolu, terminé, oublié,...

Enterré.

La pluie n'avait plus aucun effet sur moi. Tout juste, dans un réflexe, fermais-je les paupières quand une goutte tombait dans mon oeil, mélant l'eau douce à l'eau salée, tant sur l'onde liquide que dans mes yeux...

"On arrive bientôt, fit Sorbier, qui m'avait rejoint à la proue du petit navire. On verra bientôt les falaises d'Atalanopolis... Enfin, si on arrive à voir quelque chose à travers cette purée de pois..."

Je ne voulais même pas lui répondre... Il ne comprendrait pas...

"Tu sais, j'ai vécu ça... Contrairement à ces ragots qui disent que si je suis devenu prof Pokémon, c'était pour voir grandir les enfants que je n'avais pas pu avoir, j'ai aimé quelqu'un aussi... Elle n'est pas morte comme Eva... Elle a été emportée par la maladie..."

Je ne répondais pas... Mais j'avais quand même trouvé un plaisir, peut-être malsain, à partager la mort avec quelqu'un d'autre qui l'avait rencontré.

"On se pose tellement de questions, pas tellement sur la mort en elle-même, pas même sur les raisons de la mort... On se demande juste "pourquoi elle et pas une autre ?" et on ne fait que se rappeler les souvenirs des temps passés avec un douloureux pincement au coeur, et après on oublie... On fait son deuil. Ca prend du temps pour certains, mais pour d'autres, ca se fait vite. On sait qu'on a gagné quand on peut enfin se rappeler de cette vie passée avec une pointe de nostalgie, mais sans douleur..."

Il était fort, Sorbier. De tout le voyage, je ne réussis à prononcer qu'une phrase... Et ce fut lui qui me délia la langue ?

"Comment fait-on pour oublier ? "

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Le professeur soupira longuement. Remonter tant de souvenirs n'était pas bon non plus pour lui. Mais je devais savoir comment... Avoir au moins une idée même si ce n'était pas la bonne.

"Les gens sont tous différents... Je dirais même que toutes les peines, tous les sentiments sont uniques... Je ne saurais te décrire la fierté que j'ai quand je donne son premier Pokémon à un jeune dresseur de la région, mais je pourrais t'assurer que ca me fait un effet... Pour la tristesse, c'est la même chose. On la voit comme ça, et la personne en face la voit autrement. C'est pour ça que certains ne s'en sortent pas, qu'ils perdent la raison, parce qu'ils ne font jamais leur deuil et que leur esprit n'est pas fait pour tant de peines.. J'ai décidé ce jour-là que tout était meilleur à prendre que mon état de tristesse, de fatigue, de dégoût, même la folie. Alors quitte à être fou, autant le faire rapidement... Autant affronter la mort en face... C'est cela en réalité. Affronter la peine, la dompter et l'ignorer. Tu n'oublieras jamais ce jour là."

La logique semblait stupide pour quelqu'un qui n'avait pas connu tout ça... Mais moi, je savais que quoi que je pense, j'en revenais toujours à la grande faucheuse... Peut-être qu'il fallait justement aller la voir, traverser le champ des pleurs une dernière fois, y souffrir sa passion, et lui demander de nous laisser tranquilles. Pas de lui ordonner, mais de lui demander comme à un vieil ami qui veille toujours sur vous et qui vous accompagnera pour le dernier voyage...

Sorbier se retira, rejoignant Silver à la barre et me laissant seul avec moi-même.

"Tu vois ? Tu commences à comprendre, me fit une petite voix, si fragile que j'eus du mal à reconnaître mon âme..."

Affronter la mort...

"On verra bientôt les falaises d'Atalanopolis... Enfin, si on arrive à voir quelque chose à travers cette purée de pois."

Au travers de la brume, un lourd bloc de pierre se fit apercevoir. Le volcan éteint d'Atalanopolis... Mais on était bien trop près, et on allait bien trop vite pour l'éviter...

"Silver, ralentis ! hurla Antoine..."

Affronter la mort... Ca se ferait plus vite que prévu...

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Je tombe... Je revois la chute du haut de l'auvent... Et Antoine qui nous sauve au dernier moment... La mort me veut décidément... Mais cette fois-ci, je tombe plus doucement... L'eau est froide... profonde... Je coule...

Dans un instant de délire, je me dis qu'Antoine n'a fait que retarder l'inévitable, que le Poséidon qui garde ses mers me veut en sacrifice. Que les centaines de personnes et de Pokémon carbonisés n'ont fait qu'attiser sa faim. Qu'Eva était un très bon plat de résistance... Et que moi, j'étais la cerise sur le gâteau... Quitte à mourir, autant accepter son sort. Autant renoncer... L'instinct de survie s'est sauvé dans la violence du choc avec la montagne de feu, éteinte depuis des siècles, tout comme mon désir de vivre.

Sous les flots, mes membres engourdis refusent de bouger alors à quoi bon... L'oxygène ne va pas tarder à me manquer... Ca y'est, je délire. La grande lumière qui vient m'envelopper de sa douce chaleur est là. J'ai rencontré la Mort et elle m'accepte en son sein... Moi aussi, je l'accepte. Je vais retrouver Eva. Mes yeux se ferment et mon coeur aussi. C'est fini.

"Je commence à en avoir un peu marre de devoir te sortir de situations toutes plus désolantes les unes que les autres."

Je me retournai dans une salle vide et familière... Encore une fois, ce n'était pas la mort...

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Encore une fois, c'était Arceus. J'en venais même à me demander si les deux entités n'étaient pas liées.

"Ce que je fais des êtres vivants ne t'intéresse pas, fit-il songeur, répondant ainsi à ma question mentale. Et la mort n'est pas dans mes attributions.
-De toute façon, c'est fichu pour moi, répondis-je, déçu.
-Que crois tu ? Que j'allais te laisser te tuer alors que c'est moi-même qui t'ai rendu si puissant ? Tu te rends compte du potentiel que tu gâches par ta mort ?
-Tu n'avais qu'à pas me choisir ! J'ai 17 ans, je suis même pas un adulte selon les lois de ce pays. Tout ce que je voulais, c'était être un dresseur respecté, mais un dresseur comme les autres, pas un surhomme qu'on érige en idole... Je croyais que sauver le monde de la folie d'Hélio était suffisant il y'a cinq ans... Et voilà que cet été, au lieu de profiter de mes plus belles années, Sorbier vient me voir parce que tout recommence...
-Parce qu'en fait, rien ne s'est jamais fini, corrigea Arceus. Tu t'es trouvé là par hasard et Palkia t'a choisi, avant même ta naissance...
-Justement, j'aimerais bien parfois que tout celà ne soit jamais arrivé. Regarde Antoine, Aurore, le professeur, Ed, tous ceux qui ont joué un rôle dans cet histoire se sont automatiquement vus porter un flambeau supplémentaire, sans jamais avoir rien demandé. A défaut de changer de vie, tout ce que je veux, c'est finir celle-là...
-Sans vouloir te commander, c'est impossible."

Arceus avait de drôles d'expressions en ce moment...

"Me commander, tu ne fais QUE ca, fis-je en insistant bien sur le "que", depuis que je suis né. Je commence à en avoir ras le bol d'être ta marionette, tout ça parce que tu as décidé de rester bien planqué pendant que nous, on court les risques à ta place !
-Tu sais très bien pourquoi j'ai choisi cette vie, c'est un devoir d'ingérence qui me pousse…
-Elle a belle gueule l'ingérence, explosais-je enfin dans le vide de la Salle Originelle. Tu crois qu'un tel pouvoir est inutile ? Ou bien qu'au contraire il est assez puissant pour tuer toute vie ? Je vais te dire ce que je crois. Tu as peut-être une sagesse millénaire, mais avec elle, l'inaction propre aux vieux croûtons t'a envahi. Tu ne prends plus aucun risque, tu ne fais qu'attendre ton sauveur, et dès qu'il arrive, tu lui refile la patate chaude en espérant qu'il fera bien ton boulot, et en le sermonnant à chaque fois qu'il en a marre ! Salut, Lilian, tu dois sauver le monde. Allez, dépèche toi de partir, tu salis la moquette avec tes bottes d'aventurier téméraire."

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Dans le néant intersidéral de la pièce sans murs, l'atmosphère était électrique.

"Si j'avais le pouvoir de te mettre à mes pieds, je l'aurais fait depuis longtemps ! avouais-je. Palkia ne se contente pas que de me juger lui. Il vit comme moi, légendaire ou pas légendaire ! Viens faire un tour "sur le terrain". Viens tâter la moiteur des chairs déchirées, viens sentir l'odeur du sang qui gicle, des membres qui brûlent ! Et viens te mettre à ma place, lorsque la seule chose à laquelle tu tiens un tant soit peu sur cette Terre s'échappe sans que tu ne puisses rien faire !
-Ce qui est arrivé à ton amie est regrettable, il est vrai, mais il devait en être ainsi !
-Pourquoi, parce que c'était écrit dans un parchemin vieux comme Hérode ? Ou peut-être parce que tu a décidé que je devais connaître le prix de mes pouvoirs ! La rançon de cette gloire dont je n'ai jamais voulu ! Cette chose si puissante qu'elle en vient même à m'interdire de mourir quand je l'ai enfin décidé !
-Je ne peux pas te laisser partir ainsi, fit Arceus d'un ton,... d'un ton tout sauf impressionné, comme si tout ce que je lui avais dit n'avait fait que lui passer bien au dessus.
-Et pourquoi donc ? Tu n'as qu'à me renvoyer de là d'où je viens et me laisser conclure en paix ce que j'avais commencé !"

L'écho de ma voix se répéta au loin. Arceus ne disait plus rien... Et puis il conclut de sa voix désespérément calme.

"Je vais le faire, et tu le sais, mais après, tu seras face à toi même. Tu ne mourras pas, pas comme ça...
-Je suis assez grand pour savoir comment faire ce que j'ai le droit de faire...
-Tu n'as donc pas compris... tu as renoncé à ce droit il y'a bien longtemps..."

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Il fait froid... Mes paupières sont closes... Au prix d'un effort immense, je les rouvre... Le sel de la mer me pique... Je n'ai pas le droit de mourir alors ? Tout ça parce qu'un Dieu a décidé de ça sans m'en parler... Et bien je vais te contrarier, très cher Arceus... Je vais mourir... Parce que je ne veux pas être le jouet du destin et parce que j'ai marre des tours qu'il me joue.

Je jette un dernier regard en haut... Et je repense à mes amis... Eux, ils vont me manquer... leur immortalité en sera d'autant plus longue pour moi. Et je comprends... Ce n'est pas Arceus que je n'ai pas le droit d'abandonner. Ce sont ces personnes... Et eux, ce n'est pas le destin qui nous a fait nous rencontrer, ce sont mes choix... Mourir c'est renier cette vie que j'ai mené. Oui, je le peux, mais je ne serai qu'une âme errante de plus à regretter celà toute sa mort... Sous les flots, au point de non-retour, je comprends... Aussi du fût-il d'avouer cela, l'entité qui habitait tout là-haut avait encore une fois raison.

Attendez-moi, je reviens !

"Arceus, rappelle-moi de te haïr pour le restant de mon éternité !
-On en reparlera dans quelques années... D'ici là, tu peux m'en vouloir tout ton saoul, mais dépèche toi de remonter."

Mes bras sont lourds, mais pas morts. Les faire bouger, coordonner leurs mouvements dans une nage fluide, pour pouvoir remonter là-haut, enlever la prise que le froid a sur eux... Peut-être que mon corps peut le faire, finalement... Ca ne fait que peu de temps que je tombe. Mes mouvements sont amples, je sais que je remonte... Mais je ne vois pas le bout... Alors mes poumons crient... Le feu qui les dévore demande un peu d'air pour souffler ces flammes. Le froid m'enserre à nouveau. Mes mouvements se désordonnent, et la brasse maladroite se transforme en nage du désespéré. Je monte toujours, mais de moins en moins bien... Et cette surface qui n'arrive toujours pas... Dans un mouvement ample du bras pour toucher un firmament que je n'atteindrai jamais, je comprends qu'il est trop tard. J'ai échoué... Je demande pardon, sans vraiment savoir à qui...

Je meurs...

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Et alors que tout semble perdu, une main enserre la mienne. Mon corps est violemment tiré hors de l'eau. Je les revois tous. Kim, Silver, Iris, Aurore, le professeur... Et Antoine qui me tient par la main... Dégoulinant d'eau de mer, ses ailes m'ont encore une fois sauvé, ont encore une fois reculé l'inéluctable... L'ange du destin, ou d'Arceus, à supposer que la différence soit vraiment si importante que ça.

"Il est gelé, on monte vite à Atalanopolis, on file au centre Pokémon !"

La couverture était chaude, le café était bouillant. Une sensation agréable s'emparait de mes mains froides et sèches, mais portant encore les villosités qu'a la peau lorsqu'elle reste longtemps sous l'eau. L'infirmière me laissa, retournant aux soins Pokémon. Dans l'accueil, sur le lit transporté ici pour l'occasion, je faisais couler le liquide brûlant dans ma gorge. C'etait bon, très chaud, trop sans doute, mais bon. C'était un peu ça qui me tenait en vie. Cette douleur qui me rappellait que je suis encore là. La femme discutait avec mes amis. Elle leur disait sans doute que j'étais rétabli, qu'un peu de repos me ferait le plus grand bien et que, demain, nous repartirions d'ici.

En silence, je finissais la tasse, en repensant à cette étrange expérience... J'avais demandé pardon à mes amis de les avoir laissé tombé... Et quelque soit la personne dans l'oreille de laquelle ces excuses étaient tombées, elle m'avait entendu...

On m'avait pardonné.

"Ca ne veut pas dire que je ne t'en veux pas, mais pour cette fois, ca ira…" murmurais-je pour quelqu'un qui de toute façon, m'entendrait. Quelqu'un qui m'avait un peu ouvert les yeux, même si la vérité n'était pas belle à voir.