Smirnoff, 2ème recueil de Domino

« A vivre au milieu des fantômes, on devient fantôme soi-même et le monde des démons n'est plus celui des étrangers mais le nôtre, surgi non de la nuit mais de nos entrailles. »
(Antoine Audouard)
-Rosalia. Je déteste cette ville.
-Hm…
-Tu ne veux pas savoir pourquoi ?!
-Non…
-Ok… Rosalia comprend la quatrième arène de Johto…
-C'est bien…
-Y'a un problème aujourd'hui ?
-Ouais. Ce matin, en allant te laver, t'as écrasé mes cigarettes. Elles sont foutues !
-… Oh… J'l'ai pas fait exprès…
-Ouais bah en attendant moi j'ai pas fumé depuis ce matin !
-Pourtant le jour s'est levé. Alléluia.
-Oh, ta gueule…
Etienne s'étonna.
-Euh… Parle-moi un peu plus correctement, s'il te…
-Quoi, rien à foutre ! Le gars normal il marche sur mon sac, sans faire attention !
-Excuse-moi !!
-Mouais… C'est ça va…
Etienne soupira.
« Putain c'est pas vrai… »
-Bon, passe-moi du fric !
Etienne soupira et sortit son portefeuille.
-Voilà…
-Merci… J'vais m'acheter des clopes…
Travis partit dans un bar-tabac. Etienne soupira, appuyé contre un mur.
« Rien, rien, rien du tout ! Je peux rien lui refuser ! Mais pourquoi ?! C'est juste un sale gosse ! En plus c'est un enfoiré ! Il passe son temps à me faire des crasses, il me demande de l'argent, il m'insulte, il rechigne à suivre mon enseignement… Et moi je laisse faire !! Mais pourquoi, qu'est-ce qui ne va pas avec moi ?! »
-Et voilà ! Maintenant je dois chercher autre chose…
-Non !
Travis regarda Etienne qui fronçait les sourcils.
-Putain, tu fais trop peur ! Mais vas-y, barre-toi, j'ai un truc important à faire. Je dois chercher une bijouterie.
Etienne haussa un sourcil.
-Une bijouterie ?!
-Ouaip.
-Pour quoi faire ?! s'étonna Etienne.
-J't'en pose des questions, moi ? Connard de russe, va ?!
-POURRAIS-TU CESSER ???
-Pourrais-tu baisser d'un ton ?
Etienne empoigna Travis qui regarda Etienne, indifférent.
-Ne me parle pas sur ce ton !! Compris ?
-Tu vas m'frapper ?!
-Si tu n'arrêtes pas, oui, je vais te frapper !
Travis sourit.
-Tous les mêmes… Bon, on va à l'arène d'abord si ça te fait plaisir !
-Hmph…
Etienne suivit Travis, soupirant.
« Purée, qu'est-ce que j'allais faire ? J'allais le frapper ?! J'allais… Oh mais bon sang mais qu'est-ce qui m'arrive ??? J'étais pas comme ça avant ! Adam avait raison !! Je suis plus le même ! Je… Avant j'étais subtil, j'étais fin, et maintenant… »
Etienne soupira et cessa de s'arracher les cheveux là-dessus.

-Ensuite j'ai… j'ai commis le péché de fornication avec lui.
L'adolescent dans le confessionnal baissa la tête. Le curé hocha la sienne.
-Bien, Damien, tu peux repartir. Le péché de chair avec un Pokémon t'est pardonné.
-C'est vrai ? Dieu ne m'en veut pas d'avoir fauté avec un Medhyena ? Le fait d'avoir… copulé… ne me sera pas reproché après la mort ?
-N… Non ! Pars l'esprit sain et le corps léger car je t'absous, mon fils.
-Ouf ! Merci mon père !
Travis soupira en regardant le gamin sortir.
-Faut vraiment être barge pour se taper un Medhyena !! J'vais l'dire à tout le monde et surtout à tes parents !
Damien s'étonna de cette voix venue de nulle part, fondit en larmes et partit.
-JE VEUX MOURIIIIIIR !!!
Travis éclata de rire sur le toit du confessionnal. Il adorait écouter les confessions des gens qui se pointaient à la chapelle à côté de l'orphelinat. C'était un grand moment de distraction pour lui. Et là forcément ce type d'une vingtaine d'années, Poképhile de surcroit, ça le faisait bien marrer.
Seulement, cette fois, en se faisant remarquer, il attira l'attention du curé.
-Héhé… Salut ?!

Travis soupira en regardant Hiram Wesley, son antagoniste surveillant de l'orphelinat.
-Hmph…
Le directeur soupira.
-Presque seize ans et en trois mois tu as fait plus de bêtises qu'aucun autre élève ici !! D'abord tu as saccagé le dortoir des filles…
-Elles n'ont qu'à allumer la lumière quand je vais les voir ! soupira Travis.
-…Il y a aussi effectivement ce genre d'escapades profondément incorrectes qui sont intolérables !
-Une chance pour moi, une malchance pour vous !
-Nombreux vols et dégradations ! Coups et blessures sur certains camarades ! Tu as tordu le bras d'un garçon de six ans parce qu'il t'avait parlé !
-Il gazouillait comme un crétin !
-Travis… Qu'est-ce qu'on va faire de toi ?!
-C'est là que j'interviens, soupira Hiram.
-Oh non pas toi, merde !! soupira Travis. Dès que tu interviens ça pue la merde !
-Je vais le prendre chez moi pour une semaine.
Travis s'étonna.
-Quoi ?! Mais je te déteste !
-Je ne te porte pas dans mon cœur non plus, mais je pense que le changement d'environnement ne te fera pas de mal.
Travis soupira.
-A moi non, mais à toi…
-Travis, tu as besoin d'aide. Et si je peux en apporter…
-C'est méga louche, là ! Eh, vous le trouvez pas louche ? Si j'appelle les keufs en leur disant qu'il m'a tripoté...
-Mais non, jeune abruti... Fais ton sac, on part cet après-midi.
Travis haussa les épaules.
-C'est toi qui voit, mec !

-Salut vieux !
Mortimer s'étonna. Etienne suivait Travis, nonchalant. Le prof aperçut alors Daniel dans les gradins de la sombre arène.
-Tiens !
-Oh ! Bonjour, Mr Smirnoff !
-Ouaaaah encore un de tes petits copains ! soupira Travis.
-Désolé d'avoir des amis ! Comment ça va ?
L'adolescent était avec un portable sur les gradins.
-J'effectue un travail d'observation pour la fac.
-Oh. Très bien !
-Ouais, génial… On s'en fout ! grogna Travis.
Etienne soupira.
-Nouvel élève ?! s'étonna Daniel.
-Oui… soupira le prof.
-Oh. Excusez-moi, je travaille…
-Oui oui…
Mortimer regarda Travis et Etienne.
-Lequel de vous deux…
-Moi ! sourit Travis.
-Bien… Avant ça tu devras affronter mes compétiteurs, évidemment.
Un type arriva, les yeux las.
-Bon… C'est parti ! Fantominus !
Le Pokémon gazeux apparut. Travis sourit.
-Fix ! Lance-flammes !
Le Smogo sortit de sa Pokéball et frappa Fantominus qui fut repoussé.
-Attaque Ténèbres !!
-Gyroballe !
Smogo contra l'attaque d'une roulade aérienne bien placée. Retombant, il frappa Fantominus qui ne demanda pas son reste. Le compétiteur se retira et laissa sa place à Mortimer.
-Quoi c'est tout ?! s'étonna Travis.
-Notre arène n'a pas beaucoup de compétiteurs, c'est déjà assez difficile de trouver des spectres dans la nature… Bien, te sens-tu prêt à m'affronter ? Deux contre deux, alternatif ! Ok ?
-T'as l'air d'un hippie !
Mortimer regarda Etienne qui secoua la tête.
-J'vous jure que c'est pas mon fils !
-Oh bah j'espère bien !! Qu'est-ce que je serais devenu avec un père pareil !
-Un petit con respectueux !
Travis soupira. Mortimer sourit.
-Feuforêve ! A toi de jouer !!
Travis hocha la tête.
-Cochignon, go !
Le nouveau porc deluxe de Travis apparut. Etienne observa.
-Feuforêve, Rayon Gemme !!
Le collier de Feuforêve s'illumina. Le collier émit une foule de rayons blancs qui frappèrent Cochignon.
-Argh !! Vent Glacé !!
Feuforêve esquiva et envoya une puissante Rafale Psy. Cochignon recula. Etienne vint s'asseoir aux côtés de Daniel.
-Alors, Danny ? Tout va bien ?
-Hm…
-J'te dérange pas…
-Oh non vous pouvez rester… J'ai appris pour vous et Linda…
Ils regardèrent le match. Cochignon envoyait des Boue-Bombe sur Feuforêve qui esquivait en ricanant.
-…Jennifer m'a expliqué…
« Et maintenant, je lui annonce en fanfare que je suis toujours avec Linda »
-… En fait elle et moi on s'est séparés.
Etienne regarda Daniel, surpris.
-Ah vous… ne sortez plus ensemble, elle et toi ?
-Non… J'ai tout essayé pour la récupérer, mais impossible.
-Dur…
-Et Adam qui m'engueule sans arrêt parce que j'ai pas réussi à la garder… Hoooon…
-Désolé…
-Si seulement j'étais assez fort pour la récupérer !!! Mais… Pas moyen !!
Etienne hocha la tête.
-Faut vraiment être un gars solide pour récupérer quelqu'un qui vous aime et qui vous déteste ensuite… J'suis pas ce genre de gars !
Etienne soupira.
-Qui l'est vraiment ?! « Toi, gros crétin ! »
-Vous seriez assez fort, vous, pour récupérer Linda ?
-Eh bien en fait…
Cochignon finit contre un mur de l'arène.
-Hmm… Pas terrible ! sourit Mortimer.
-Comment ça pas terrible ! Attends le prochain ! Scorvol !!
Le Pokémon préféré de Travis apparut. Daniel écarquilla les yeux.
-Vous l'avez récupérée ?! Malgré le bébé, malgré…
-Eh oui… Me demande pas comment j'ai fait !
-Vous avez surement dû jouer de votre caractère ! Un zeste de manipulation, un brin de cynisme et revoilà la Linda !
-Hm… En ce moment je me sens… Un peu dépassé par mon nouvel élève…
Daniel éclata de rire alors que Scorvol se prenait une Ball'ombre en pleine gueule.
-Taiiiiin !!! grommela Travis.
-Vous, dépassé ?! Enfin, vous avez récupéré votre Linda ! Qu'est-ce qui pourrait vous arrêter ?
-… Une deuxième fuite de gaz !
Daniel éclata de rire à nouveau.
-Cru'aile !!!
Scorvol fonça vers Feuforêve et réussit à le vaincre. Mortimer hocha la tête.
-C'est mieux… Ectoplasma !!
La parodie du chat du Cheshire apparut face à Travis.
-Plaie-Croix !!
Scorvol attaqua mais Ectoplasma disparut, ne laissant que son sourire narquois apparaître.
-Poing Ombre !!
Une foule de poings fonça sur Scorvol. Le Pokémon fut lardé de coups.
-Ah !!!
-Vibrobscur !!
Ectoplasma réapparut et balança un rayon ondulant sur Scorvol.
-Argh !! Queue de fer !
Scorvol approcha d'Ectoplasma. Bien mal lui en prit.
-Poinglace !
Le spectre rembarra Scorvol qui resta au sol, rigide et immobile.
-S… Scorvol ?! Han nooooon !!!

-Voilà ma maison. Chérie, je suis rentré !
Une femme aux cheveux blonds-roux arriva.
-Ruth, c'est moi ! Je ramène un de mes pensionnaires.
Travis s'étonna.
-J'suis pas ton…
-En théorie si, puisque je suis un surveillant affilié à ton aile résidentielle.
-Hon.
-Bonjour Travis ! Je suis Ruth Wesley. J'espère que tu vas te plaire ici !
Travis acquiesça, poli avec les inconnues. « En attendant, on dirait une putain de maison de croque-morts ! »

-C'est qui lui ?
Première semaine de Travis chez les Wesley. Et un portrait que Travis n'avait pas encore remarqué malgré son attitude monacale d'ombre scrutant autour de lui sans rien dire.
Ruth avança et hocha la tête.
-C'est notre fils, Nicolas.
-Oh. Il est où ?
Ruth soupira et se tourna vers son évier.
-Il est mort…
-Ah.
Indifférence caractérisée du gamin face à ce qu'il ne connait pas.
-C'était notre fils adoré…
-Il me rappelait quelqu'un, c'est bizarre…
-Ca m'étonnerait que tu l'aies déjà vu, ça fait longtemps qu'il nous a quittés.
Travis fixa encore la photo, intrigué.
-Tu veux des biscuits, Travis ?
-Hein ? Oh, oui… Ceux aux amandes ?
-Oui ! Tu veux m'aider à les faire ?
-Si ça ne vous embête pas…
-Oh bien sur je ne vais pas te demander de préparer la pâte…
Travis soupira.
-La lourdeur du plat m'a surpris, je l'ai pas fait exprès de le lâcher !
Ruth pouffa doucement de rire
-Je sais, je te taquinais !
-Oh… Et vous faites quoi de vos journées ?
Ruth regarda Travis en souriant.
-J'aime faire des blagues téléphoniques. C'est très drôle !
Travis s'étonna. « Une vieille un peu folle quoi »

Certains soirs, Hiram et Ruth se disputaient.
Mais rien de bien méchant. Travis se demandait juste ce qui les occupaient à ce point la nuit pour qu'ils se disputent.

En voiture, Travis et Hiram.
-Tu vas me présenter à qui ?
-Je t'emmène voir de la famille.
-Hm… Tu comptes m'adopter ou quoi ?
Hiram sourit.
-Non, pas… Pas pour le moment, on va dire. Euh, quand on sera devant mes parents, tu devras… faire deux ou trois choses. Ok ?
Travis haussa un sourcil face à un Hiram stressé.
-Contre 500 Pokédollars !
Travis hocha la tête.
-Fallait le dire plus tôôôôôt !!

-PUTAIN DE BORDEL A CUL DE POMPE A MERDE !
-Dit-il avec légèreté… soupira Etienne.
-Ca me dégoûte de perdre contre un mec qui croit que la mèche qui dépasse du bandana ça fait viril !
-On peut pas gagner à tous les coups !
-TA-GUEULE !!!
-Ne m'insulte pas, Travis ! Je ne t'ai rien fait !
-Tu parles pour ne rien dire, ça me saoule de plus en plus !
-Pour rappel, je suis ton prof !
-Pour rappel, je t'emmerde !
Etienne soupira. Daniel revint vers lui, ayant légèrement écouté la présente conversation.
-Une dernière chose… J'vous rappelle juste qu'il a 16 ans ! Vous en avez plus de 30 !
Etienne acquiesça alors que Daniel rentrait chez lui. Le professeur suivit Travis en quête d'une bijouterie.
-Je me demande toujours pourquoi tu cherches ça…
-Mais je t'en pose moi des questions, trouduc ?
-Tu devrais, ça t'aiderait à gagner tes matches !
-Ha-ha-ha ! Pauvre con va.
-Travis… soupira Etienne.
-T'oseras pas m'en coller une !
-Non, parce que je suis professeur. J'ai pas le droit. J'ai des principes.
-Bah voilà. Principe-moi ça : Enculé, connard, salaud…
-Mais j'ai le droit de te renvoyer au foyer.
-T'auras pas les couilles ! Ah voilà une joaillerie !
Travis entra, suivi par Etienne. « Je suis curieux de savoir ce qu'il va y faire… »

-Nicolas !
-Oh mon petit Nicolas ça fait tellement longtemps !
Travis était TRES embarrassé. Jamais autant de sa vie il ne l'avait été.
Hiram lui avait carrément demandé de se faire passer pour son fils mort.
Pire, il lui avait demandé d'imiter un tic de l'œil que le gamin avait régulièrement.
-Salut… *tic* oncle Jay, tante Béryl…
-Il est toujours aussi mignon !
-Il n'a pas changé d'un pouce ! Pourquoi toi et Ruth ne l'avez jamais amené ici ?
Hiram sourit, gêné.
-Oh, on n'a jamais le temps...

En voiture, Travis manqua de s'écrouler. Hiram sourit.
-Parfait. Tu as mérité ton argent !
-Tu sais quelle impression j'ai, là ?
-N… Non, quelle impression ?
-C'est comme si tu venais de me violer cinquante fois de suite devant un parterre de professionnels du porno, là ! J'me sens grave mal !!
-Pourquoi ?!
-Parce que ta femme m'a parlé de Nicolas, votre fils, qui est mort !
-Ruth a fait ça… Elle t'a parlé de lui…
-Ouais vieux !!
-Hm. Elle n'aurait pas dû.
-Et toi, t'aurais dû faire ce qu'on vient de faire là ?
-Travis…
-C'est pas correct, moi j'dis !
-Ce n'est pas à toi d'en décider. Je sais ce que j'ai fait.
-Ah ouais... On va voir ça, va...

Travis se présenta devant le bijoutier.
-Jeune homme…
-Salut ! Pourriez-vous me dire quelle est la valeur de ça ?
Travis sort un petit boîtier et le tend au bijoutier sous l'œil étonné d'Etienne.
-C'quoi ?
-Oh, un truc que j'ai trouvé…
Le bijoutier sort un monocle et examine le bijou. Soudain, Etienne réalise de quoi il s'agit. Il reprend au bijoutier l'objet.
-Eh !
-Eeeeh !
Etienne mit le bijou dans sa poche, saisit le menton de Travis et lui colla une gifle.
-Celle-là, si jamais tu t'en plains, je te casse un bras. Compris ?
Etienne prit Travis par le bras et sortit de la bijouterie.
-Aïe ! Lâche-moi !! Lâche-moi putain !
-NE M'INSULTE PAS !
Etienne tenait Travis qui semblait à moitié effrayé.
-Eh, ça va, je plaisante !
Les yeux d'Etienne prirent une noirceur qui se faisait rare ces temps-ci.
-Tu allais vendre, à ce type, un bijou EXTREMEMENT PRECIEUX sentimentalement pour Linda !! Tu sais ce que cette broche représente pour elle ???
-Ca va ! J'pensais que comme toutes les meufs elle en avait rien à foutre de ses bijoux !!
-Pire encore : COMMENT TU AS OSE LUI FAIRE CA ALORS QU'ELLE A ETE AUSSI GENTILLE AVEC TOI ???
-Euh bah…
-REPONDS !!!
Etienne était au bord des larmes. « C'est pas moi, ça ! »
-Mais je…
-TU TE RENDS COMPTE ??? ELLE… ELLE A VECU DES TAS DE CHOSES DIFFICILES, TU ARRIVES COMME UNE FLEUR, JE T'INVITE A LA MAISON, JE TE PRESENTE A ELLE SACHANT TRES BIEN QUE TU VAS L'INSULTER, LA BRIMER OU TE MOQUER D'ELLE… ELLE T'ACCUEILLE COMME UN PRINCE ET TOI…
-CA VA !!!!
Travis pleurait. Etienne s'étonna.
-Excuse-moi !! J'voulais… C'était juste pour me faire un peu de pognon ! J'suis désolé !!
Etienne frissonnait de colère.
-P… Pardon ! J'suis désolé ! J'voulais pas… J'voulais pas la blesser ou quoi ! C'est juste que…
-… Tu as pris de mauvaises habitudes, je comprends…
-C'est juste que j'ai jamais pu faire confiance aux adultes !!
Etienne haussa un sourcil. Travis pleurait comme un nourrisson.
-Et… Et j'croyais qu'elle était pareil ! Que toi t'étais pareil ! Que… que tout le monde il était pareil… que vous... passiez votre temps à faire des machinations à la con...
Etienne soupira. « C'est pas vrai… Bon sang c'est pas vrai… »
Il se baissa et serra Travis contre lui.
-C'est rien va. On lui rendra en repassant. Doublonville est sur le chemin, la prochaine arène est à Ville Griotte.
Travis s'étonna que Smirnoff… l'étreigne.
-Lâche-moi… Lâche-moi s'il te plait ! Tu me gênes !
-Pardon, pardon.
« C'est clair ; Je me suis trop attaché à ce gamin. »
Etienne regarda Travis.
« J'sais pas pourquoi mais y'a un truc dans ses yeux qui m'empêche de l'embêter sérieusement… J'ai envie de le laisser tranquille, quoi. De pas le saouler comme je fais d'habitude avec mes élèves… »
-Désolé de t'avoir giflé.
Travis secoua la tête.
-Nan, nan, je comprends. J'avais pas à faire ça à ta copine. Elle a été super sympa. J'avais pas à lui faire ça.
-Bon. Au moins on… repart du bon pied ! Alors plus d'insultes !
-Et plus de violences sur mineur ! sourit Travis.
Etienne plissa les yeux.
-J'comprends, en même temps ça fait mal…
-Ca va, t'as pas non plus une force de Tauros !
-J'parlais pas de ça… Je parlais de l'incendie de ton berceau ou tu dormais, tu sais, cet incendie que tes parents ont essayé d'éteindre avec une pelle ! Ca devait être sacrément douloureux ! Même si ça explique ton manque d'intelligence !
-……..'foiré va !!! grogna Travis.

Ce matin là, Hiram se leva. Si une musique avait pu illustrer ce moment, c'aurait été « Come Undone » de Robbie Williams.

So unimpressed, but so in awe (Si blasé mais si admiratif…)
Such a saint, but such a whore (Tel un saint, tel une putain…)

Hiram descendit et découvrit sa maison saccagée, les meubles défoncés, couverts de terre. Les papiers des tiroirs brisés répandus par terre. Les albums photos vides sur le sol. Les photos d'Hiram, Ruth et Nicolas répandues par terre.
-Oh mon dieu… geignit Hiram.

So self-aware, so full of shit (Plein de confiance, plein de merde)
So indecisive, so adamant (Si indécis, si inflexible…)

Ruth descendit ensuite, horrifiée. Hiram regarda ce spectacle, dépassé par ce qu'il voyait. Dans la cuisine, l'évier avait été soigneusement rempli de fumier. Les assiettes avaient été cassées dans le jardin. Les placards étaient condamnés par les poignées tordues ou les serrures remplies de boue.

I'm contemplating, thinkin' about thinkin' (Je suis admiratif, pensant à mes pensées)
It's overrated, just get another drink and (C'est si frustrant, je prends une autre boisson et…)

-Seigneur, Hiram !
-Je… Je sais pas ce qui se passe !
-Ou est Travis ?!
Ils montent jusqu'à sa chambre.

Watch me come undone (Regarde moi me détruire)
They're selling razor blades and mirrors in the street (Ils vendent des lames de rasoirs et des miroirs dans la rue.)

Le gamin est parti.
-Oh… Alors c'est lui qui a fait ça… marmonna Hiram.
Ruth vit deux missives scellées d'un scotch, chacune nommée :
« Ruth » et « Hiram »
Elle prit la sienne et avertit Hiram ensuite. Non pas par manque de confiance.
Juste qu'elle savait que son mari avait la fâcheuse habitude de lui cacher des choses.
En fait, si, c'est un manque de confiance.
-Hiram !! Regarde !

I pray when I'm coming down, you'll be asleep (Je prie pour que quand je touche le fond tu seras endormi)
If I ever hurt you, your revenge will be so sweet (Si jamais je te blesse, ta revanche sera si douce)
Because I'm scum, and I'm your son (Car je suis un déchet, et je suis ton fils)

L'homme prit sa lettre.
« Le pire reste à venir. Je n'ai pas fini de dévaster ta vie. »
-Purée… Quel sale petit con !
-OOOOH !!! OH MON DIEU ! hurla Ruth.
-Quoi ? Qu'est-ce qu'il t'a écrit ?
Ruth fronça les sourcils.
-HIRAM TU N'ES QU'UN SALE MONSTRE !!! COMMENT AS-TU OSE !!
-Il t'a écrit ça ?
-NON, TOI !!! ENFOIRE ! J'AI ENVIE DE… JE VAIS TE TUER, HIRAM !!
-Mais enfin, Ruthie chérie… Calme-toi, pourquoi…
Elle montra la lettre :

I come undone (Je me détruis)
I come undone (Je me détruis)

« Salue Oncle Jay et Tante Béryl de la part de « Nicolas » qui a intérêt à bien tiquer de l'œil pour avoir ses 500 Pokédollars de la part de « Papa » Hiram »
Le visage d'Hiram se déforma sous l'étonnement et surtout le machiavélisme de l'adolescent.
-M… Merde ! Ruth, je vais tout t'expliquer !!
-NON ! HORS DE QUESTION !!! EXPLIQUER QUOI ??? C'EST IMPARDONNABLE !! Je croyais que ces 500 Pokédollars étaient pour TON COSTUME CHEZ LE PRESSING !!! TU ME DEGOUTES !!!
-Non, Ruth !!
Elle alla dans sa penderie. Seul le côté d'Hiram avait été ravagé. Elle fit sa valise sous le regard apitoyé de son mari.
-Ce que tu as fait là… Mon DIEU, Hiram !! Faire passer un garçon inconnu pour notre fils mort aux yeux de ta famille !!!
-Ruth, c'était juste…
Elle sortit en claquant la porte devant un Hiram fou de rage.

Dehors, Ruth retourna la lettre et sourit.
« Merci encore, et pardon pour tout. »
Et à côté, collé par un petit bout de scotch, une liasse de 500 Pokédollars.
Ce serait la première et jusqu'à présent seule fois de sa vie que Travis restituerait un bien mal acquis à qui que ce soit.

Autour d'une boisson, dans un bar, Etienne et Travis recollaient les morceaux.
-Ce serait bien que tu gagnes au moins deux badges, parce que là, c'est la honte !
-Je sais.
-J'vais parfaire ton apprentissage.
-Ok.
Pachirisu, Kaiminus, Roucoups, Capidextre et Riolu mangeaient à côté d'eux.
-C'est marrant, quand je te regarde, j'ai l'impression de t'avoir déjà vu.
Travis plissa les yeux.
-Hmm…
-Mouais. Surement une impression de déjà-vu !
-Mouais, surement. J'dois te confondre avec mon Flagadoss.
-Ta grosse barrique qui marche de traviole, là ?
-Eeeeeeh !!! N'insulte pas cette chère Debra !
-En tout cas ça m'étonne que t'aies attendu si longtemps pour en venir aux mains avec moi.
Etienne soupira.
-Je suis toujours tendu à Rosalia.
-Ah ouais. J'veux pas savoir pourquoi.
-Très bien. Je préfère ça.

-Phileas Travis ?!
-YES SIR !
Le directeur soupira.
-Mouais… Euh, tu as un nouveau professeur qui a accepté la difficile tâche de t'enseigner, tu vas le rejoindre demain.
-Dur… soupira Travis.
-Sois au moins heureux qu'un professeur de plus ait accepté d'essayer de te prendre avec lui. Prépare-toi bien.
-Ok… Un demi de téquila avant d'aller au lit, quoi…
Travis s'en retourna à ses préoccupations. Hiram parut soudain dans l'entrebâillement de la porte.
-Oh… Salut, Hiro-toto. Comment va ?! Fun, le nettoyage de printemps ? T'as adopté un autre marmot pour jouer les malades imaginaires ?
-… Bien. Devine quelle nana est revenue en rampant après deux heures de baratin ?
Travis regarda Hiram, choqué.
-Eh oui. Tout arrive. Même les couples qui se reconstruisent après avoir été détruits par des petits cons sans cervelle. Allez, à plus, petit crétin.
Travis regarda Hiram partir et soupira en secouant la tête. « Pauvre Ruth… »