Smirnoff, 2ème recueil de Domino

« Un baiser légal ne vaut jamais un baiser volé. »
(Guy de Maupassant)
La voiture entra dans l'allée. Lindbergh Winchester en ressortit, bien droit sur ses deux pieds. Il observa sa nouvelle maison à Verchamps.
-Foyer, doux foyer…
En entrant, il s'aperçut que Lucy regardait la télévision avec Charlie.
-Comment va ma petite famille ?
-Ca va. Tu as posté ma lettre ?
-Oui, j'y suis allé.
-Merci bien.
Linus se rendit dans sa chambre. Il y poussa un grand soupir. Il reçut un appel sur son portable.
-Oui ? Oh, Norbert… Je vais bien, oui… Cesse d'appeler comme ça chaque semaine, tu vas finir par user ton forfait pour rien… Je vais très bien. Tu n'es plus mon infirmier, à notre grand soulagement respectif, alors… Je sais que tu as tes raisons de t'inquiéter mais… tout va bien, je t'assure. Bon, je ne peux pas faire un cent-mètres mais… je t'assure que ça va. Et de votre côté, l'emménagement se passe bien ?

La cuiller déposa dans l'assiette une dose de purée. La bouteille déversa de l'eau dans le verre. Les deux mains portèrent le plateau. Il fut arrêté en chemin par un autre type.
-Excuse-moi.
-C'est moi.
Le type se détourna. Le porteur du plateau arriva dans une salle isolée de l'appartement ou un homme en fauteuil roulant regardait la télévision.
-Voilà le repas de midi.
Linus regarda Norbert.
-Merci bien.
Norbert s'assit sur le fauteuil à côté de Linus. Il prit la petite cuillère et servit une bouchée à Linus.
-Allez…
-C'est toujours aussi humiliant…
-Je sais. Ouvre grand.
Linus ouvrit la bouche et avala la bouillie.
-Tu pourrais saler…
-Désolé. Ordre du médecin. Il faut du bourratif avant d'aller en rééducation…
Linus hocha la tête.
-Je comprends… Je ne vous embête pas trop… vous et Eddy ?
Norbert secoua la tête.

-Leçon numéro 1 : Comment capturer un Pokémon.
Travis était assis sur une pierre avec une bière dans la main, son Smogo à ses côtés.
-Capturer un Pokémon est beaucoup plus compliqué qu'on croit. Ca demande une certaine dextérité. En stratégie, il y a ce qu'on appelle des cas situationnels, qui relatent de situations particulières qui échappent aux explications des manuels. On recense 118 cas différents de captures quelque peu non-orthodoxe. En l'occurrence la manière classique consiste à se servir de ceci.
Etienne sortit une Pokéball.
-La Pokéball a été inventée en 1887 par le grand-père du professeur Chen qui était en fait horloger. Il a conçu la Pokéball en découvrant que l'enchaînement d'une certaine mécanique était réactif aux Pokémon. Il a découvert qu'on pouvait miniaturiser un Pokémon par le biais d'un procédé photométrique. L'avantage résidait surtout dans le fait de pouvoir transporter les Pokémon les plus lourds et les plus imposants partout. Auparavant, le dressage résidait dans un accord tacite entre Pokémon et dresseur. Mais aucun des deux n'était tenu à quoi que ce soit. C'est pour ça que dans les papiers qu'on fait signer à ceux qui reçoivent un Pokémon, il y a un Contrat de respect de l'accord du Pokémon à rester à nos côtés, une loi qui remplace schématiquement et historiquement cet accord tacite qui liait auparavant Pokémon et dresseur – On peut surtout parler ici de résidu de coutume. Des questions ?!
Travis avait la tête baissée. Etienne s'étonna, Travis… dormait.
-Ahem… DES QUESTIONS ???
Travis se réveilla en sursaut.
-Waaaah j'ai failli renverser ma bière ! Merde…
-Ca va pas tarder… par ma faute !!
-Faut dire que ton discours là c'était super chiant… En plus après tout ça je sais même pas comment on capture un Pokémon !
-… C'est un fait, mais ça fait partie de ta culture !
-Ca va me servir, ça, évidemment…
-Tout savoir est utile.
-Autant qu'une Trempette. Si j'apprends comment on fabrique les ouvre-boîtes, je doute que ça me serve un jour à choper une meuf !
-… Un point pour toi. Apprends plutôt à couper le gaz, ça te sauvera la vie un jour…
-Hein ?
-Rien. Bon, on va prendre un exemple, ce sera très éloquent…
Etienne scruta la savane.
-Hmmm…
Un Rattata sortit des fourrés.
-Ha ! Dès lors on enclenche le combat ! Sherman, à toi de jouer !!
Le Kaiminus apparut. Travis observa, étonné.
-Sherman, attaque Pistolet à O !
Le Pokémon se concentra mais ne fit que crachoter. Etienne s'étonna alors que Travis était mort de rire.
-Han non ! Han la quiche ! Hahahahaha !! Même le Psykokwak de ma copine il arrive à viser un gobelet en plastique !!
-Oui bon ça va…
-Tu te fais emballer par un Psykokwak ! C'est trop fort !
Furieux, Sherman vint mordre Travis mais il mordait si peu fort que Travis n'en rit que plus.
-Han non et maintenant v'là les dents de lait !!! HAAAAHHAHA !
Etienne rappela Kaiminus, gêné.
-Mouais, bon ! Ca va, hein !
-Tu devrais le sortir plus souvent, on s'éclaterait plus !
Un battement d'ailes se fit entendre. Il s'agissait d'un Roucool.
-Un Roucool ?!
-Très bien ! Je vais la capturer pour te montrer !
-Vas-y, mais moi j'capturerais pas un Roucool…
-C'est pour l'exemple ! Connor, go !
Le Riolu apparut.
-Lui par contre il dépote sa race sévère !
-N'est-ce pas ! s'écria Etienne, fier de lui.
Mais le Pokémon se jeta au cou d'Etienne.
-… Ouais bon… maintenant on dirait un Bisounours anorexique !
-Connor va te battre ! Attaque Vive-Attaque !!
Connor chargea à toute vitesse Roucool qui s'écroula sous le choc.
-C'était rapide ! s'étonna Etienne.
-C'était surtout un Roucool pourave !
-Et maintenant tu lances une Pokéball !
Etienne captura le Roucool.
-Et voilà. Ca demande une certaine dextérité.
-Et de meilleurs critères de choix que les tiens… marmonna Travis.
-Oui bon ça va ! Il faut que je lui trouve un surnom…
Travis s'étonna.
-C'est les gamins qui font ça, surnommer leurs Pokémon…
-D'où le fait que tu le fasses !
-Quand t'es tout seul avec un Smogo faut bien trouver un truc à faire.
Etienne sortit Roucool.
-Je vais t'appeler… Judith.
-C'est qui, ça, Judith ?
-Tu m'as dit que tu ne voulais pas que je te raconte ma vie.
-Si c'est au sujet d'une meuf bien roulée, j'veux bien que tu racontes ta vie ouais…
-C'est la fiancée de mon meilleur ami.
-Hon… Et toi, tu…
-Eh ! T'as dit que ça t'intéressait pas !
Un Farfuret passa par là, semblant chercher le Roucool.
-Bon, Travis, exercice ! Tu captures ce Farfuret !
Travis regarda Etienne.
-J'suis obligé ?!
-Si tu fais ça je te parle de ma « Meuf ».
Travis hocha la tête.
-Ouais bah… J'veux bien essayer. Mais j'veux aussi cent Pokédollars et un pack de bière !
-Pardon ?!
-Je capture ce truc contre de la thune et de l'alcool ! Ah et il me faudra des clopes aussi !
Etienne plissa les yeux.
-Tu me prends… pour un distributeur ?!
-T'as du fric toi, nan ?
-Oui mais… Enfin, non ! Non pas du tout !! « Meeeerde ! »
-Bon alors ?
Etienne regarda Travis, furieux.
-Comment ça, « Bon alors » ?! Je ne te dois rien, mon grand !
-C'est ça ou je fais rien.
-Ah oui ?
Etienne sortit Erwan qui s'empara de la bière de Travis.
-EEEH !!!!
-Capture ce Farfuret et je te rends ta bière !
-T'AS PAS LE DROIT !
-Si. Je suis ton prof !
-Bon, ok. Fix ! Lance Flammes !
Le Smogo envoya le jet de flammes sur Farfuret qui s'enfuit en toute hâte, apeuré. Travis plissa les yeux.
-Quoi ?!!!
-… Oula… t'as pas de chance !
-Rends-moi ma bière ! grommela Travis à Capidextre.
-Rends-lui sa bière, Erwan, il va en avoir besoin !
Le singe haussa les épaules.

-Allez, monsieur Winchester…
L'ancien proviseur s'efforçait de marcher, aidé par des barres parallèles. Mais il n'y parvenait pas.
-Ca… me fait trop mal…
-C'est déjà mieux, vous avez le réflexe de poser le pied.
Norbert assistait à ces séances, accompagné de Mistigri III le Chaglam, de Woodstock le Papilord, Schroeder le Tritosor et Snoopy le Medhyena. Linus faisait de son mieux, mais ces séances de rééducation l'épuisaient.
-On en a fini pour aujourd'hui, Monsieur Winchester. Essayez de refaire les exercices de stimulation.
-Mouais…
Norbert l'aida à se remettre sur son fauteuil.
-Merci, Norbert…
-C'est rien… On y va ?
-Oui, oui… Je me sens tellement faible… je suis désolé, j'aimerais pouvoir faire plus…
-Tu fais ce que tu peux, à ton rythme.
-Ca va mal, avec Eddy, hein ?
Norbert soupira.
-Non, non, tout va bien.
-Tu mens très mal, Norbert…
Le blond se mordilla les lèvres.

Linus entra sur ce qui était depuis quelques mois déjà son nouveau lieu de travail : La faculté de Rivamar. Il y officiait désormais en tant que doyen.
-Une nouvelle journée qui commence… Bonjour Kenneth !
-Hey, Linus. Tout va bien ?
-Pour le moment, oui…
-Vous connaissez la dernière ? Norbert veut se faire engager ici.
Linus s'étonna.
-Pardon ?
Kenneth s'étonna.
-C'est… moi que ça devrait choquer ! Pas vous !
-J'en ai conscience, ça… m'étonne juste. Il habite très loin, à Unionpolis…
-C'est pas si loin que ça en métro… Quoi qu'il en soit, malgré mes griefs avec lui j'ai accepté par respect pour vous.
-Merci, mais… Il est ici ?
-Oui… Pourquoi ça a l'air de vous embêter ?
-Ca ne m'embête pas !

-Norbert, ça m'embête de te voir venir travailler ici…
Le blond s'étonna.
-Comment ça, je…
-Eh bien… Nous avons vécu des choses toi et moi, des choses qui… nous ont rapprochées, certes, mais…
-Si tu veux parler de…
-Non, je ne veux pas parler de « ça »…
-Quoi qu'il en soit me concernant c'est juste histoire de trouver un travail pour nourrir mon fils… En plus en ce moment on a comment dire… une colocataire embarrassante alors ça m'arrange d'être partout sauf à la maison.
-Bon… Mais… évitons la promiscuité, ça n'amène jamais rien de bon. Et je ne voudrais pas vous poser de problèmes à toi et Eddy… pas plus que je ne vous en ai déjà causé.
-Tu n'en poses aucun. Ce serait ridicule que tu en poses. Et s'il y a quelqu'un qui doit avoir honte de lui ici, c'est moi. Pas toi, rétorqua Norbert
Linus regarda Norbert partir vers son bureau de conseiller principal d'éducation.

-Six tentatives : Farfuret, Fouinette, Roucool, Rattata, Mystherbe et Zigzaton… Six ratés !
Travis grommelait tout en marchant aux côtés d'Etienne qui avait Roucool sur son épaule.
-En bref tu es nul pour ce qui est de la capture. Mais comment vas-tu faire pour dresser des Pokémon ?!
-J'ai déjà mon Smogo, ça me suffit, non ?
-Si encore tu étais expérimenté, oui, ça suffirait. Mais même au combat, tu m'as l'air plutôt inapte.
-T'es comme ça avec tous tes élèves ?
-Pas avec les bons.
-Ca veut dire que je suis nul ?!
-Ca veut dire que tu n'as pas le feu en toi. Tu es intéressé par le dressage en général ?
-Un peu, ouais… Pas des masses… en fait j'aime pas trop étudier, tout ça…
-Vous aviez des cours au foyer ou…
-Ouais un peu, mais les bases seulement, parce que c'était le matin et que j'avais rien d'autre à foutre.
-Je vois… Quel est ton style de combat avec Smogo ?
-Euh… Je l'utilise pas vraiment pour le combat en fait… C'est surtout quand j'ai besoin de me barrer, je m'en sers pour « fumer » mes adversaires.
-Un usage tactique alors…
-Voilà… si ça te botte. Et nous voilà à Ville Griotte !! Super, j'vais à l'épicerie !
-Pas si vite, pochtron ! D'abord Centre Pokémon !! Ton Smogo a morflé et ma récente capture a besoin d'un massage.
La femelle Roucool jubila. Travis s'étonna.
-Elle t'aime déjà bien ?
-Oui apparemment je l'ai sauvé du Farfuret que tu as essayé de capturer, et surtout… je l'ai nourrie sur le chemin !
-Moi aussi j'ai nourri Smogo !
Travis jeta une canette de bière à son Pokémon. Celui-ci l'avala et la convertit en une fumée noire qu'il projeta en l'air par un orifice au sommet de son crâne.
-Trop classe !!! ricana Travis.
-Trop polluant surtout… marmonna Etienne.
-Faut bien qu'il fasse son popo !

-Ca va, Eddy ?
-Hmmmoui oui…
Norbert regarda son mari, un peu dépité.
-Je sais que c'est pas facile en ce moment, mais…
-C'est le moins qu'on puisse dire…
Norbert regarda tristement son mari. Il plissa les yeux sentant qu'il mettait son histoire avec Eddy en danger.
-J'ai une course à faire. A ce soir, marmonna Eddy.
-Ok… A ce soir…

Linus et Norbert s'évitaient scrupuleusement, ce qui ne manquait pas de faire sourire Kenneth.
-Vous me rappelez mes jumeaux quand ils se disputent… ricana le blond.
-On n'est pas fâchés !
-C'est juste une mesure de sécurité ! temporisa Linus.
-Mouais… Si vous le dites...

-Kyaaaaah ! Tu es làààà !!!
Linus observa Cynthia sauter sur Etienne qui travaillait à la faculté également. Mais le doyen n'eut pas le temps de s'en préoccuper. Il avait des papiers à régler.
-Lindbergh…
Lequel se retourna vers Norbert.
-Euh… Ecoute, je suis… désolé que… les choses se soient passées comme elles se sont passées.
Linus hocha la tête.
-J'ai eu un « geste déplacé », mais… Ca fait longtemps, non ? Est-ce qu'on peut… Oublier ça, le laisser derrière nous ?
Le doyen Linus soupira.
-Norbert, tu…
-Je voudrais tellement que tu viennes à la maison avec Lucy et Charlie, que nos fils deviennent amis, que…
-Norbert, je suis d'accord.
Le CPE Norbert sembla rassuré.
-Alors… on n'est plus… en froid ?
-Non. Je ne peux pas vraiment t'en vouloir de toute façon. Tu as fait ce qui te semblait juste sur le moment. Néanmoins je… continue à penser que tu as abusé d'une situation et que ton « geste », en cela, était inapproprié.
Norbert baissa la tête. Linus soupira.
-Mais je vois bien que tu as déjà assez honte de toi…
-C'est un fait…
-Et que tu as déjà payé le prix fort…
-……je ne veux pas trop reparler de ça…
-Bon. A part ça, tu as parié sur la date du mariage d'Etienne et Linda avec les autres ?
-Ah, non ! Mais j'attendais ton avis en fait !
-Eh bah j'espérais ça dans trois voire quatre mois…
-J'avais plutôt une estimation en semaines moi…

Norbert continuait à donner à manger à Linus.
-Ca va ? Ca n'est pas trop chaud ?
Linus secoua la tête.
-Après ça, j'irais t'allonger, ok ?
Linus hocha la tête.
-Merci Norbert. J'apprécie vraiment.
-C'est tout naturel… Maintenant tu vas peut-être m'expliquer…
Linus regarda Norbert intrigué.
-Pourquoi tu n'as pas dit à ta femme que… c'était notre faute si… tu avais eu cet accident ?
Linus hocha la tête.
-Ma femme… ne t'apprécie pas beaucoup, tu la gênes. Toi et ton mari, qui plus est. Je ne voulais pas qu'on cesse d'être amis à cause d'elle, ça m'aurait blessé. Je t'apprécie trop en tant qu'ami pour qu'une histoire idiote nous sépare. Tu es un de mes rares amis en ce monde. Je voulais te garder. Je voulais que… mon fils et le tien deviennent amis, qui sait…
Norbert sourit.
-Ca n'empêche que je ne suis pas fier de moi…
-L'accident n'est en rien ta faute. A moins que tu ne contrôles les Cerfrousse par télépathie.
Ils ricanèrent. Norbert et Linus se regardèrent. Le blond était accroupi devant le fauteuil roulant ou reposait son meilleur ami. C'est alors que le visage de Norbert s'avança vers celui de Linus. Le baiser commença, chaste et léger. Norbert prit une certaine assurance et enlaça son ami avec tendresse tout en amplifiant la profondeur du baiser. A sa propre surprise, Norbert sentit une légère réponse de la part de Linus.
« Il embrasse bien… il… Il est délicieux… Bon… Doux… Hmm… »
Le baiser devenait de plus en plus incandescent à mesure que les secondes passaient. Les mains de Norbert prenaient des libertés de plus en plus larges. Soudain, Linus repoussa lentement mais avec fermeté Norbert. Le blond regarda le brun.
-Norbert, non… il ne faut pas.
L'ancien doyen recula, légèrement choqué par son propre geste.
-Ce… n'était pas correct… reprit l'ancien proviseur.
-P… Pardon… Je ne sais pas ce qui m'a pris…
-Norbert, ce n'est pas… Je…
-Excuse-moi !! D… Pardon !
Norbert partit, apeuré par son geste. Il alla se débarbouiller. Alors que ses mains passaient sur son visage, il remarqua son alliance. Il se mordilla difficilement les lèvres.
Linus quant à lui, était en train de réfléchir assez sérieusement à reconsidérer son amitié avec Norbert. « Qu'il arrive à être attiré par moi, même quand je suis en fauteuil, c'est à la limite de la folie obsessionnelle, là… Non ?! »

Etienne était face à Travis qui savourait une canette de bière. Le professeur semblait lassé. Dans le centre Pokémon, les gens les regardaient. L'infirmière arriva, furieuse.
-Monsieur, la consommation d'alcool est interdite en ces lieux.
Travis regarda l'infirmière. Elle tenait un pistolet à seringue. « Tranquillisants… » songea l'adolescent.
-Qui l'a dit ?!
-C'est dans le règlement intérieur, affiché dans tous les centres !
-… Ouais et alors ? J'embête quelqu'un, là ?
-Monsieur, je vous demanderais de sortir.
-J'ai le droit d'être là !
L'infirmière regarda Etienne.
-Excusez-moi… Vous êtes son père ?
-Ne… Non, je suis son professeur.
-Et vous laissez boire votre élève ?!
-Bah… J'peux pas trop l'en empêcher…
-J'appelle la police si vous n'êtes pas sortis avec cette canette d'ici cinq minutes.
-Ouais c'est ça, commence à compter, gourdasse…
L'infirmière regarda Travis, outrée.
-Sortez immédiatement.
Etienne se leva. Travis resta assis et regarda l'infirmière tout en posant ses pieds sur la table.
-Leveinard !!
Trois Leveinard arrivèrent et se chargèrent de virer Travis. Ils le portèrent en direction de la sortie.
-EH !!!

-Tain, merci d'avoir pris ma défense.
-Pourquoi faire ? Tu savais que tu allais te faire virer !
-Je voulais voir si tu allais me défendre. Mais apparemment tu t'en fous.
-T'as seize ans et je suis pas ton père.
Travis soupira.
-Mouais… Je sais bien, ça. Personne n'est mon père. Du moins personne n'a jamais voulu l'être.
-Impossible, il ne t'aurait pas abandonné.
-Quoi ?
-Personne c'est le nom de famille d'un de mes amis. Je… plaisantais.
-Aux dernières nouvelles, tes amis c'est pas mes amis alors…
-Je sais, et si ça peut te rassurer y'a aucun risque pour que je te les présente un jour !
Travis baissa la tête, non pas dépité mais « conforté » dans une expertise.
-Voilà.
Ils se trouvaient devant un château noir.
-C'est quoi cet endroit super lugubre ?!
-L'arène de la ville, pardi !
Travis s'étonna.
-Quoi à voir avec moi ?!
-Tu vas remplir le défi des arènes. Toi et moi allons faire un pari.
-Ah oui… Quel pari ?
-Si tu arrives à gagner plus de quatre badges, je te laisserais partir et tu ne retournes jamais au foyer.
Travis écarquilla les yeux.
-QUOI ??? TROP COOL !
-Par contre si tu gagnes moins de quatre badges… Je te trouverais une famille d'accueil par tous les moyens ou alors je me ferais ton tuteur légal.
Travis fit une mine dégoûtée.
-Quoi, attends, toi tu vas me trouver des darons ?! Ou alors tu vas devenir mon daron ? Mais laisse tomber quoi, avec un père comme toi j'ai même pas besoin de mère, tu fais deux en un !
-… Pas de bière ce soir !
-RHAN NON EH !!!
-Tu acceptes le pari ?
Travis regarda Etienne.
-Tu serais prêt à me faire adopter ou à m'adopter si je perdais le pari ?!
-J'en connais une qui gueulerait si c'était le cas mais… Je le ferais, quitte à te faire adopter par mon pote Norbert... Et si tu gagnes, à toi la liberté.
Travis soupira.
-Bon. J'accepte ton pari. Même s'il est quelque peu risqué pour toi.
-Voilà qui est fait. Jette ta canette et allons dormir, demain sera long et chiant… Plus encore qu'aujourd'hui !

-Je suis rentré !
Norbert arriva dans le hall accompagné de Floper. Il fit la bise à son mari.
-Tu étais où ?
-Oh, j'étais à un rencard.
Norbert s'étonna.
-Un… rencard ?!
-Oui. Un rendez-vous dans un bar donné par de vieux amis.
Norbert plissa les yeux.
-Tu essaies de me rendre jaloux ?
-Pas du tout. J'avais besoin de m'aérer la tête.
Le portable d'Eddy sonna.
-Ah tiens, j'ai un message. Tu peux l'écouter pour moi ?
Norbert prit le téléphone d'Eddy qui était d'une froideur incroyable. Norbert écouta le message et écarquilla les yeux.

Norbert rejoignit Eddy dans leur chambre ou ce dernier se changeait.
-Euh… C'est qui ce… Ménard ?
-C'est un type avec qui je vais en boîte parfois.
Norbert baissa la tête.
-Et… qu'y a-t-il entre vous ?
-Rien de tendancieux. Pour le moment.
-Eddy si c'est une « revanche », elle est ridicule !
Eddy cessa tout mouvement et regarda Norbert.
-Toi tu dragues à tout va, tu as tes petits fantasmes, tes amourettes. Tu as tes petites aventures frivoles et sans lendemain. Mais moi je n'aurais pas le droit de m'amuser ? A d'autres, Norbert. Franchement. A d'autres.
Eddy partit, laissant un Norbert plutôt dépité.
-Et si tu te demandes de quoi je parle, oui, je suis ENCORE jaloux de Linus !

« Un geste déplacé… Oui, c'était vraiment de sa part un geste déplacé… Pourquoi je n'arrive pas à me mettre en colère contre lui dans ce cas ?! »
On frappa à la porte de Linus. Il alla ouvrir. Norbert et Eddy étaient devant la porte avec le petit Léopold.
-Norbert, Eddy… Léo... que me vaut…
Norbert semblait au bord des larmes. Linus s'étonna. C'est Eddy qui parla.
-On a besoin de toi, Lindbergh… On veut nous reprendre le petit !
-QUOI ?! Comment ça ?!
-En fait…
-Entrez, il pleut des cordes ! C'est Verchamps ici, pas Rivamar !
Ils entrèrent. Léopold semblait triste. Norbert serrait l'enfant contre lui.
-En fait, tout a commencé quand on a accueilli Marielle chez nous.
Eddy baissa la tête.
-Et apparemment… Elle m'en veut énormément… apparemment… elle veut nous trainer en justice…
Linus hocha la tête.
-Je vous fais un café et on en discute !