3 - La Clairière (Rusty)
Hmmm... Quelle ambiance bizarre... Cet endroit ressemble à une maison d'humains. Pourtant, je n'en voie aucun. D'ailleurs, je ne vois pas ce que des humains iraient faire dans une balle. Et moi alors ? Qu'est ce que je fais là ?
« Macro macro ?
- Osssssa...
- Posi !
- Gapi... »
Quelles sont ces voix ? Elles parlent dans un dialecte étrange. Et d'où viennent-elles ? C'est assez inquiétant...
« Heu... il... il y a quelqu'un ?
- Tueur ! »
Un tueur ? C'est un mot humain, ça... Ces voix sont donc bilingues. Bon à savoir... Mais... Elles veulent me tuer ? Ou alors... L'humain qui habite ici est un tueur ? Je fais sans doute un mauvais rêve. Je vais me rouler en boule sur le lit. Heu, non, si l'humain tueur arrive, il ne va pas apprécier. Je vais plutôt dormir par terre.
De la lumière filtre à travers mes paupières... Ce genre de lumière me pousse ordinairement à changer de position et de garder les yeux fermés. Mais celle-là est spéciale. Elle m'attire. D'ailleurs, mes yeux se sont déjà ouverts, sans que j'en donne l'ordre. Je suis dans une clairière au sol tapissé de mousse. Une jolie cascade coule à côté de moi. Je me sens... chez moi. Pourtant, je n'ai jamais vu cet endroit auparavant. Quoi que... Il me dit quelque chose. Mais ce n'est sûrement qu'une impression, car si j'avais déjà vu un endroit pareil, je m'en souviendrais ? La cascade est énorme. Pourtant, elle ne fait guère plus de bruit qu'un petit ruisseau. Un ruisseau...
« Rusty, reviens ici ! »
Mais je ne voulais pas revenir. Je continuai de courir, courir encore, sans m'arrêter. Qu'y avait-il derrière ces collines ? J'allais bientôt le savoir.
« Rusty ! »
Sa voix semblait s'être rapprochée. Je courrai plus vite encore.
« Non, pas par là ! Il y a la... »
Trop tard. La pente était trop raide. Impossible de m'arrêter à temps. Je réussis à faire demi-tour. Mes griffes s'accrochèrent désespérément à la terre boueuse de la pente. Au-dessus de moi, j'aperçus le visage effrayé de la fillette. Un frisson glacé s'empara de mon corps.
« Rusty ! »
De l'eau. Puis plus rien.
« Ah ! »
Je reprends mon souffle, doucement. Cet endroit a fait ressurgir en moi un souvenir que je voulais oublier. Normalement, et par instinct, je devrais considérer cet endroit comme mauvais, et m'en éloigner. Mais il n'en est rien. Je m'approche du petit lac pour observer mon reflet. Le reflet d'un chat dans l'eau.
« Je... Maman, je crois qu'il a bougé ! »
Je recrachai un peu d'eau. J'avais froid. Je sentais une présence chaude sur mon dos. J'ouvris les yeux. J'étais couché sur le côté, dans une petite pièce que je ne connaissais pas. Un homme était penché sur moi. Derrière, la petite fille était serrée dans les bras de sa mère.
« Il s'en sortira, dit l'homme en se relevant. Rassurez-vous, un peu de repos, et ce sera fini. Faites toutefois attention à ce qu'il ne s'approche plus de la rivière. Ça aurait pu être beaucoup plus grave.
- Merci, Docteur, fit la femme. »
La fillette me prit dans ses bras et nous quittâmes cet étrange endroit.
Un bruissement. Je relève la tête. Une créature étrange se tient devant moi. Elle a deux fleurs rouges sur la tête et porte des feuilles vertes et jaunes autour du bas de son corps.
« Bonjour. »
Ça alors ! Elle parle ma langue ! Moi qui m'attendais à ce dialecte étrange. À sa voix, c'est sûrement une fille.
« Heu... Bonjour. Je suis Rusty Dugrandluxe, troisième du...
- Je sais qui tu es, me coupe-t-elle. Mais toi, tu ne me connais pas. Je suis Joliflor.
- Joliflor ? C'est un drôle de nom.
- Et alors, tu trouves que Chat, c'est un joli nom, peut-être ? »
Aïe ! Je l'ai vexée. Une minute... Elle a dit... Que je m'appelais Chat ?
« Heu... tu dois faire erreur, lui expliquai-je, je ne m'appelle pas Chat, mais Rusty. Je m'appelle Rusty, et je suis un chat.
- Mais je sais tout cela, Rusty ! Mais si tu vivais ici, peut-être t'appellerais-tu Chat. »
Vraiment, je ne comprends pas. Ça ne changerait pas grand-chose si cette créature parlait ce dialecte étrange... Elle n'est vraiment pas claire !
« Excuse-moi, mais...
- Tu ne comprends pas, me coupe-t-elle. C'est tout à fait normal, rassure-toi.
- Je...
- Laisse-moi t'expliquer quelque chose. Le reste viendra plus tard. Mais mets-toi à l'aise, ça risque de prendre du temps. »
Je ne comprends toujours pas ce qu'elle me veut. Enfin, si ça peut m'aider à comprendre cette histoire, ça ne me dérange pas ! Mon ventre gargouille. J'espère pouvoir manger bientôt ! Je suis affamé. Je m'installe, repliant mes pattes sous moi. Si Alicia était là, elle dirait que je suis "en cacahuète". Elle me manque...
« Bon, reprend Joliflor. Tout d'abord, je vais t'expliquer où nous sommes. Ici, c'est la Clairière. C'est un endroit à part, à la limite entre ton imagination et les mondes réels.
- Heu... Je n'ai pas tout saisi.
- En gros, nous sommes dans ton imagination, mais ce qui se passe ici est vraiment en train d'arriver. C'est un peu compliqué à comprendre, mais tu t'y feras.
- Je... M'y ferai ?
- Oui, à chaque fois que tu rêveras, tu arriveras ici. Tu comprendras bientôt pourquoi, ajoute-elle en me voyant ouvrir, la gueule pour répondre. Maintenant, je vais t'expliquer ce qu'est un pokémon. Un pokémon, c'est un peu comme... Comment déjà ? Ah oui, un animal. Moi, par exemple, je suis un pokémon. Nous avons des pouvoirs qui nous permettent de faire toutes sortes de choses.
- Ça a l'air bien...
- Oui. Mais les humains sont prêts à tout pour nous attraper. Dans le fond, ils sont presque tous gentils, comme les vôtres. Mais ils utilisent nos pouvoirs pour nous faire combattre. Comme la plupart des pokémons ont l'esprit combatif, ça va. Mais certains n'aiment se battre, ce que n'aiment pas les dresseurs. Quand le tiens - tu sais, celui aux cheveux bleus - verra que tu ne sais pas te battre, cela va poser problème pour lui. Mais ça n'est pas important. Laisse-moi surtout t'expliquer ce que tu fais dans le monde des pokémons. Jadis, le monde n'était qu'un. Mais des humains, dans leur soif de pouvoir, créèrent un abîme si profond dans la terre qu'elle sépara le monde en deux. À présent, ces deux mondes se "superposent". Entre ces deux mondes, il y a la Clairière. Mais, depuis quelque temps, il y a une faille entre ton monde et celui des pokémons. Cette faille se déplace et grandit tous les jours. Quand on la traverse, on change de monde. »
Joliflor se tait et me regarde. Je comprends ce qui m'est arrivé. J'ai... changé de monde.
« Alors... Je... Tu veux dire que... La grosse souris violette... Les touffes d'herbes sur pattes... La chose jaune... Ce sont...
- Oui. Des pokémons.
- Explique-moi. Dis-moi tout ! Pourquoi suis-je là ?
- Je ne peux pas t'en dire plus pour l'instant. D'ailleurs, tu es en train de te réveiller. Laisse-moi juste te dire une chose : je t'ai accordé le don de communiquer avec les pokémons. »
Joliflor clignote. La Clairière disparaît. Je vois l'environnement dans lequel je me suis endormi. Puis Joliflor et la Clairière réapparaissent.
« Je... e laisse te... aliariz... avé... ouveau monde ! »
Puis elle disparaît vraiment.