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Pourquoi demande-t-on aux dragons de garder les trésors? de SupraEnergy



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Informations

» Auteur : SupraEnergy - Voir le profil
» Créé le 08/11/2023 à 22:35
» Dernière mise à jour le 20/11/2023 à 00:03

» Mots-clés :   Drame   Fantastique   Présence de personnages du manga   Romance   Suspense

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Mot par mot (Arc 3 - début)
Je repris conscience ans mon sac de couchage, le front en sueurs. ¨

Ma vision dérangée confondait encore la lumière feutrée de ma tente avec celle de la paralysie du sommeil, enfumée d’une horrible odeur de métal brûlé.
Je croyais encore voir Alistair me dévisager.

Pour une raison que je ne m’expliquais pas, ce dernier m’était apparu juste après un terrible songe dont j’arrivais seulement à reconstruire deux images : un espace aux murs bétonnés envahi de flammes pétrifiantes, et cette sensation étrange qu’une personne familière se trouvait à mes côtés. Malheureusement, tout ce qui restait de cette présence était le bruit tonitruant des mâchoires enflammées qui la broyaient en même temps que moi.

J’immergeais dans le présent, apaisée par la respiration lente de Voltia qui dormait profondément : mon cauchemar ne l’avait heureusement pas interpellée.
Call était de l’autre côté, emmitouflé dans une couverture tandis que sa flamme faisait office de veilleuse. Lui, en revanche, se réveillait dans de petits grognements gênés. Il se redressait aussi lentement que moi, frottant ses grands yeux bleus gonflés de sommeil.

Je lui fis mine de ne faire aucun bruit.

Puis, je sortis de ma couchette.


***

L’aube avait entonné un concert silencieux de notes violacées dans le ciel. Les plaines qui se dressaient non loin du camp luisaient timidement sous les embrassades de la rosée. L’on entendait quelques Pokémons oiseaux gazouiller dans les champs mais à cette distance, je n’arrivais pas vraiment à dire de quelles espèces il s’agissait.

Malgré la chaleur étouffante des journées d’été, les matins restaient frais à Galar. Aussi avais-je attrapé une veste polaire en sortant de ma tente. En l'enfilant,
J'avais tourné la tête vers la tente de Nabil.

Moumouflon paissait dans des hautes herbes à tout juste quelques mètres, en qualité de gardien. Il semblait déjà réveillé depuis un moment. Ce dernier hocha la tête dans ma direction en poussant un petit bêlement rauque, probablement étonné de me voir déjà debout.

Un léger ronchonnement s’éleva alors derrière moi.

Call était sorti, lui aussi : il bailla un peu en se dégourdissant les pattes dans les perles de rosées que soutenaient les petites fougères autour de lui. Il me fixa ensuite, curieux.

Je jetai alors un œil furtif vers la prairie que notre campement surplombait, bornée au loin par une petite forêt aux arbres bien feuillus : elle était facilement praticable grâce à ses herbes très basses et légèrement grignotées par la chaleur. Imaginer des soupirs de soulagement provenir de la terre trempée par l’eau matinal semblait même tout à fait rationnel.

Call s’était approché calmement, contemplant le même paysage. Il poussa un petit grognement attisé d’intérêt pour les couronnes boisées couleur mousse qui frissonnèrent sous la brise esquissée au loin.

On ne la devinait pas d’ici mais j’avais la chance de savoir qu’un chemin pédestre se trouvait de l’autre côté de la forêt, elle-même amenant à un grand pont en bois qui coiffait le corps d’une rivière.

Je baissai la tête vers mon Salamèche aux teintes royales.

- On va se promener ?


***

Ce fameux pont boisé n’était pas concerné par les caprices du temps.

Nous l’avions traversé hier avec Nabil pour nous installer sur la colline derrière la forêt. J’avais directement été sensible à sa forme élégamment voûtée, dont les traits bombés n’avaient rien à envier aux bosses collineuses que l’on pouvait apercevoir à l'horizon.

L’étendue d’eau qui fredonnait au-dessous, noble lien entre deux terres, avait accueilli quelques Larvadars sauvages qui s’y désaltéraient, petits Pokémon insectes ressemblant à de petites chenilles jaunes et aux grands yeux miroitants dont l’apparence faible n’était pas représentative de l’extrême intelligence dont ils pouvaient faire preuve. Notre présence ne semblait pas spécialement les gêner même si certains jetaient parfois un œil soucieux vers Call. Mais ce dernier se contentait de s’accrocher à la rambarde de bois clair située à sa hauteur de jeune Pokémon pour se laisser pendre joyeusement à quelques mètres des planches courbées. Sa flamme se reflétait par moments dans le miroir mouvant de l’or bleu.

Un Hastacuda, Pokémon poisson carnassier à la nageoire caudale en forme de grosse hélice et au corps épineux couleur feuille morte qui évoquait une torpille, était en train de remonter paisiblement la rivière. Il jetait des regards circonspects vers mon Salamèche doré, sans doute n’en avait-il encore jamais vu dans son existence aquatique.

Je m’accoudai alors à la balustrade du pont, inspirant un grand bol d’air frais pour chasser les dernières angoisses de ma paralysie du sommeil : les sons calmes du cours d’eau fuitèrent entre les vigilances du silence naturel, et je crus l’entendre dialoguer avec celles des collines campagnardes galariennes.

Depuis ma position, l’on pouvait admirer les hauteurs de Greenbury, s’étendant à des dizaines de kilomètres autour de nous. Il était laborieux de jouer à compter les prairies collineuses d’herbes hautes, les champs de blé et de colza ainsi que les grands pâturages, témoignant de la grandeur de la région. L’on distinguait néanmoins quelques coins denses de forêts couleur pierre de jade.

Si plusieurs petits villages s’étaient développés localement dans cette partie de la campagne galarienne, la bourgade principale qui donnait aussi son nom à ces collines accueillait l’unique stade de combat de ce coin de pays. Je ne pouvais pas encore le distinguer d’ici mais d’après les dires de Nabil, il jurait nettement avec l'ambiance agricole alentours.

Autre curiosité à Greenbury, il était possible de trouver un grand nombre de Menhirs, de grandes roches verticales plantées dans le sol et typiques du mégalithisme galarien. Elles étaient tout ce que Sleepwood représentait à Brasswick : une atypique curiosité locale, à la différence près que nous ne risquions probablement pas de rencontrer des robots monstrueux en allant prendre en photo des rochers antiques. C’était une véritable attraction selon Nabil, et surtout pendant le Défi des Arènes. Apparemment, certains morceaux de roche sculptés avec des gravures d’écrits en langue ancienne galarienne étaient même conservés à la salle des reliques de Kickenham. Je n’avais qu’à me souvenir des paroles de Roy pour affirmer que ça devait être des pièces suffisamment précieuses pour qu’elles aient trouvé place là-bas.

Nabil m’avait aussi informé que le village principal de Greenbury surplombait une très grande colline de craie avec une gigantesque gravure creusée à la force de mains humaines et de Pokémon dans sa roche poreuse. Elle représentait une créature colossale crachant ce qui s’apparentait à une étrange bourrasque parcourue d’éclairs : « il est dit que nos ancêtres ont marqué cette colline du souvenir de la Nuit Noire, la grande catastrophe qui a failli coûter l’existence à notre région il y a 3000 ans. On arrive à imaginer la panique qu’ils ont dû ressentir juste en regardant cette gravure », avait-il narré en qualité de passionné d’Histoire.

J’ironisais alors en soulignant que Greenbury ne possédait probablement pas de forêt maudite remplie de Pokémons-robots réalistes où j’aurais encore l’idée parfaite de m’y engouffrer. Nabil avait nerveusement éclaté de rire : « tu as le bois d’Eboracum qui se situe derrière la colline de craie mais ça doit être le coin de forêt le plus calme de tout Galar ! ».


***

J’avais pris soin d’embarquer mon Motismart dans ma balade matinale, connaissant l’habitude de mon helper de voisin à paniquer à la moindre de mes disparitions furtives ( c’était devenu une manie depuis mon arrivée à Galar). Mais j’avais néanmoins pris le temps de lui raconter toutes mes mésaventures à Motorby.

C’est ainsi qu’il connaissait en détails désormais, mon altercation pour le moins désagréable avec cette armoire à glace d’Argès : Nabil était estomaqué de découvrir qu’il existait vraiment des dresseurs capables de ne pas se soucier le moins du monde de l’espace dans lequel ils ordonnaient à leur pokémon de se battre. Je lui faisais remarquer que l’on pouvait aussi rencontrer des gens lançant leurs pokémons à la poursuite des autres au nom d’un Motismart.

J’avais aussi profité de raconter en détails mon échange agressif avec cet imbécile de Fall Embersky, la veille de la cérémonie. Dans notre confrontation assez peu représentative de l’ambiance bon enfant du Défi des Arènes, nous n’avions aucun scrupule à mettre à sac une ruelle d’habitation pour une histoire de comète avant que Sonya ne vienne désamorcer la bombe : « T’imagine Argès et Fall ensemble ? C’est qu’ils iraient dire à leurs pokémons de lancer Ball ’Ombre à côté d’une garderie de Togepis ! ».

Nabil était aussi au courant de ma vision étrange à la gare de Motorby. Même si l’hallucination me semblait abstraite maintenant, j’arrivais à lui décrire en quelques mots, l’image saisissante d’un Dracolosse machinique tentant de m’acculer : « un traumatisme du Kabutops ? ». « Non, on aurait dit un autre choc ! ». Je lui avais alor soumis mes paroles insensées qui avaient d’ailleurs interpellé Sonya, seule témoin de ma crise de délire. Nabil m'avait mis en garde qu'elle n’avait pas son pareil pour revenir sur des comportements qui l’avait vivement titillée. Je croisais les doigts pour avoir au moins une explication rationnelle à donner d’ici là.

Selon mon voisin, le chemin que nous avions emprunté pour se diriger vers Greenbury était différent des autres éditions. Habituellement, les challengers devaient traverser la mine de Galar située vers une zone plus montagneuse à deux heures de Motorby mais celle-ci avait été fermée pour d’importants travaux. Cette exploitation minière appartenait d’ailleurs à Macro-Cosmos (je me demandais d’ailleurs s’il existait quelque chose à Galar dont cette société n’était pas propriétaire ?). L’agglomérat usait du moindre caillou possiblement intéressant dans ces grottes pour en sortir le maximum d’étoiles vœu : « on tire de ces pierres, l’énergie des galarions ou les ondes qui provoquent le Dynamax si tu préfères ! Macro-Cosmos les utilise aussi pour la fabrication des poignets. Au-delà de ça, on s’en sert dans la vie de tous les jours à Galar ! ». Nabil précisait par ailleurs que les sources d’énergie formées par les galarions, sous leur forme brute, étaient de véritables magmas de roches en fusion qui généraient une puissance colossale néanmoins maintenue à une profondeur impressionnante sous terre. L’agglomérat principal de Galar avait, au fil des décennies, développé une technologie capable de les pomper pour les transformer en une énergie utilisable dans la vie sociale et industrielle galarienne.

Ces fameux cratères souterrains pouvaient avoir différentes tailles mais les plus impressionnants se situaient tout simplement sous les stades des arènes. Kickenham était d'ailleurs détentrice du plus important : « cette ville médiévale était la cité principale de Galar avant Winscor. Et comme l’exploitation des galarions appartenaient aux grandes familles royales, ils avaient plutôt intérêt à construire leur maison dessus ! ". J'avais alors imaginé le champion draconien en tenue de prince, l’épée dégainée et le sourire enragé, une vision qui ne me déplaisait pas malgré son niveau ahurissant d’absurdité.

Nabil connaissait aussi désormais toute mon échange avec Roy ainsi que la naissance pour le moins spectaculaire de Call. Je réalisais alors que mon étrange pouvoir n’y était peut-être pas étranger : « Alors, ça ne soigne pas seulement les Pokémons ? Tu fais éclore les œufs, aussi ? ». Je répliquais que je n’étais pas une couveuse et que l’explication devait probablement être bien plus complexe. Mon voisin rappelait alors l’étrange théorie des œufs de Pokémons qui appellent leurs futurs maîtres bien avant leur naissance : pour une raison ou une autre, il déduisait que le Salamèche chromatique avait peut-être ressenti ce pouvoir particulier dès que j’avais posé le pied à Galar et qu’à partir de là, il n’avait jamais cessé de m’appeler. Finalement, je ne m’étais peut-être pas engouffrée dans Sleepwood par pur hasard : j’avais encore en mémoire, les étranges pulsations électriques qui avaient secoué tous mes nerfs en regardant la barrière. Après tout, n’avais-je déjà pas entendu l'appel de l'oeuf résonner sur le terrain accidenté de Brasswick, comme sorti subitement de mes songes ?

En revanche, je n'avais pas su comment lui raconter ma conversation effrayante avec Alistair. La brève vision qui en avait résulté m’avait simplement gâché la cérémonie d’ouverture : je n’étais concentrée sur rien pendant un bon moment, essayant tant bien que mal de ne pas m’évanouir une énième fois en public.
Nabil m’avait donc décrit les premiers instants, finalement très simples, avec l’entrée fracassante de tous les champions d’arène, le discours formidablement mielleux du président Sheroz (à qui j’avais à peine fait attention), suivi de celui de Tarak (là, j’avais sursauté) puis la présentation plus succincte des participants.

J’avais quand même fini par lever la tête à l’entente de mon nom, soutenue par les cris fiévreux de la foule tandis que l'on voyait sur l’écran géant, mon fan-club attitré portant des t-shirts et des débardeurs blancs avec « Leava » imprimé en grandes lettres brillantes. Ils revêtaient aussi de grands serre-têtes en forme d’oreilles de Voltali. Il y avait aussi mon image sur leurs quelques banderoles, probablement capturée dans mon match médiatisé. Mon apparence pixellisée m’avait semblé être plus en forme que moi-même.

Je les avais regardés, un léger sourire maladroit aux lèvres. Voltia qui m’accompagnait sur le terrain, avait jappé avec énergie vers l’écran, apparemment ravie d’être devenue des oreilles sur la tête de ses fans.

Le présentateur était ensuite passé à Dusk.

Je réalisais alors qu’elle avait été à côté de moi depuis le début, assez éloignée pour éviter le pugilat mais suffisamment proche pour que je puisse scruter à nouveau son regard hargneux couleur acier. Son fidèle Démolosse était aussi là, ses yeux embrasant mon propre Pokémon. Elle portait aussi la fameuse tenue de sport mais ça ne la rendait visiblement pas plus aimable.

Le Motis-Caméra s’était alors déplacé pour montrer le fan-club opposé. Je reconnaissais alors quelques supporters déjà présents à Brasswick dont les deux sous-fifres et leurs Sucroquins. Ils avaient enfilé de leur côté, des pulls noirs à longues manches avec « Dusk » imprimé en lettres violettes et au rendu métallique. En guise de coiffe, ils arboraient des cornes ressemblant beaucoup à celle du Pokémon-signature de ma rivale. Leurs banderoles, elles, supportaient un portrait plutôt bien imprimé de cette dernière même si ça me faisait mal de le reconnaitre. Seul le jeune homme aux cheveux de blés et au style mauvais garçon détonait un peu dans la troupe, étant simplement resté normal de son côté. Son Sonistrelle trônait toujours sur son épaule droite, piaillant au rythme des excitations survoltées des adorateurs de la cheffe de meute.

Les challenger alentours n’avaient certainement rien raté de cette exposition criarde de notre rivalité. Dusk avait l’air de très bien s’en accommoder. Moi, j’avais eu envie de disparaître dans la source d’énergie située sous le stade pendant un instanya

Malheureusement, la présentation pleine à craquer de grandes bénévolences n’avait rien ajouté à ce que me disait déjà Sonya. Enfin, à un détail près. Le PDG de la Monochrome était là. Ce dernier répondait au nom de Terra Fervor et avait été présenté obséquieusement par Sheroz.

Il prenait les traits d’un homme âgé d’une trentaine d’années aux cheveux mi-longs couleur de blé et au sombre complet cravate plutôt élégant. Son discours avare en humanisme hyperbolique et entonné d’une voix posée, aurait pu convaincre qu’il était abject d’envisager que sa société puisse cacher d’horribles fabricants de robots destructeurs : « Ok, c’est une société biomoléculaire ou un bureau de mannequinat ? », m'avait soufflé Nabil après la cérémonie. « Au moins, on sait désormais à quoi ressemble leur chef… ».

J'avais scruté bien malgré moi, le PDG belle gueule discuter avec le patron de Macro-Cosmos dans le hall d’entrée du stade. Malgré la distance, je saisissais qu’il ne brillait aucunement par sa bienveillance même si son air adulateur se plaisait à incarner l’artifice parfait : je n’arrivais simplement pas à appréhender sa présence autrement qu’en repensant au regard brûlé du Kabutops machinique.

Quelques gardes du corps entouraient Terra Fervor, tous plutôt bien bâtis. Des Elecsprints, Pokémons canidés électriques à la fourrure bleutée et à la crinière statique solidement pointée vers le haut les accompagnaient. La belle gueule lui-même en possédait un. Mais le sien semblait un peu plus grand que ceux de ces protecteurs à lunettes noires. J'avais aussi deviné l’apparent logo au style contemporain épuré de la Monochrome sur leur veste de Securitas, avec les lettres M et C fusionnées dans un demi-cercle.

Dans ma contemplation un peu trop soutenue, un frisson douloureux m’avait plusieurs fois parcourue l’échine : je n’en étais pas complètement certaine mais le PDG monochromien avait peut-être très vaguement jeté des regards furtifs vers moi.

Inquiétée, j’annonçais à Nabil qu’il était temps de décoller, me dirigeant aux vestiaires avec une Voltia secouant nerveusement les oreilles. Quant à Call, il ne s’était pas soucié le moins du monde de nos appréhensions, dormant à moitié dans les bras de mon voisin.

Tous ces souvenirs de la cérémonie s’étaient ainsi ajoutés à la vision de ces trois personnes floutées et debout autour de mon lit d’hôpital. Je ne savais pas comment l’appréhender. C’était probablement la seule explication de mon hésitation à la soumettre à Nabil pour le moment.

Un long soupir accompagna la balade de mon regard dans les prairies dorées légèrement teintées des lueurs mielleuses de l’aurore. Avec ma dose de vécus abracadabrants à Motorby, j’avais été pressée de changer d’air, insistant auprès de Nabil pour quitter la capitale le soir après la cérémonie. Ca faisait une semaine que nous avions commencé le voyage vers Greenbury.


***

Call me tira le bas de ma veste polaire, me faisant sortir de mes pensées.

Son regard couleur Lapis Lazuli fixa alors mon téléphone portable blanc comme neige. La très légère luminosité de matinée naissant avait eu l’audace de venir rebondir sur sa surface métallique, n’échappant pas à mon petit précieux de Salamèche. Son analyse accrue me fit esquisser un sourire attendri.

Je me laissai glisser le long de la barrière en y plaquant légèrement mon dos. Une fois assise sur le plancher vastement courbé du pont en bois, je croisai les jambes. Call piailla vers mon téléphone portable. Je rigolai tendrement en le caressant. Je remarquai alors qu’il avait bien grandi depuis notre départ de Motorby.

- Hey, mais c’est que t’es presque prêt pour la première arène, champion !
- Salamèche !

J’étouffai un autre rire attendri.

Call m’arrivait à la moitié du bras lorsque j’étais assise en tailleur. Je pouvais donc aisément observer sa musculature beaucoup plus solide ainsi que la vivacité mordante de sa flamme. Il prenait sa formation de future combattant très à cœur, en témoignait l’assiduité qu’il mettait dans nos longues journées sportives à travers les plaines verdoyantes de Greenbury.

En effet, l’heure était à l’entrainement durant cette première semaine de parcours, des séances de combats classiques mais portant néanmoins ses fruits : je confrontais fréquemment Voltia et Call, apprenant petit à petit de nouvelles stratégies de combat tout en renforçant leur dextérité. Si ma partenaire de toujours était évidemment plus expérimentée que mon Salamèche, force est de constater qu’il apprenait à une vitesse fulgurante : outre les capacités Griffe et Flammèche dont il avait fait de jolies démonstrations à Motorby, il connaissait désormais Brouillard et Draco-souffle grâce à ses immenses progrès. Bien conscient de ses nouvelles acquisitions, il aimait particulièrement les exécuter quand je lui en donnais l’ordre dans les matchs improvisés contre le Moumouflon de Nabil et plus récemment son Corvaillus. Concernant Voltia, j’étais très motivée à lui apprendre à se battre contre des Pokémons capables de voler et le grand Pokémon corbeau métallique aux yeux perçants mettait également du cœur à l’ouvrage pour améliorer la justesse d’attaque de ma guerrière électrique.

De mon côté, j’avais enfin commencé à remplir mon Pokégram durant ces quelques jours : je postais des photos de nos séances, secondée par Nabil que je ne manquais pas de mentionner (je découvrais honteusement qu’il avait son propre compte depuis sa première participation au Défi des Arènes). A ceci s’ajoutaient quelques selfies de nos repas campagnards et de lieux certes plutôt classiques de la cambrousse greenburyenne mais dont le paysage chatoyant aux envolées dorées finement déployées par les champs de blés m’apaisaient très curieusement. Concernant mes suiveurs, ils commentaient fréquemment à coup d’encouragements, de petits mots sympathiques et d’admiration pour mes deux Pokémons du moment. Mon nombre d’abonnés grimpait un peu plus chaque jour même si je n’avais pas spécialement la tête à considérer ce détail. A dire vrai, j’avais plutôt à cœur d’appliquer l’enseignement d’un certain champion au regard émeraude même si les sentiments qui m’animaient n’étaient pas très clairs.

Voltia avait son petit succès personnel aussi, certainement bien aidé par son combat enragé rapporté sur internet mais je devais constater aussi l’incroyable effet de Call sur mon fan-club : il avait gagné le statut du plus beau Salamèche du monde, ses écailles dorées ressortant remarquablement bien sur les clichés, je devais l’avouer.

- Sala ? Salamèche !

Son incapacité à attraper mon Motismart en l'air commença légèrement à l’agacer. Il claqua énergiquement de la queue, comme à son habitude. J'ajoutai alors un rire amusé à mon expression attendrie.

- Je ne crois pas que Motisma va apprécier que tu joues avec lui une seconde fois, Call ! Rappelle-toi à Motorby !


***


Il était déjà dix-sept heures.

On entendait les machines à vapeur de la zone industrielle ronchonner des claquements anciens depuis ce banc de fortune qui accueillait les premières flambées du crépuscule.

La chaleur s’était débarrassée des humeurs galvanisées du soleil. Mais la brise se montrait néanmoins trop discrète pour être réellement rafraichissante aussi avais-je récupéré une canette de thé glacé dans un de distributeurs du hall d’entrée à l’hôtel.

Nabil était resté à l’accueil pour s’arracher les cheveux sur les derniers réglages de trucs administratifs avec nos bagages. L'entrée du Rozbouton d’or étant constamment visité de challengers et de fan-clubs, j’avais finalement préféré m’éclipser un peu en attendant. Mon énergie désormais éteinte et mon manque d’enthousiasme soudain pour me sociabiliser étaient deux raisons plutôt légitimes de prendre la poudre d’Abra. Ceci m’avait amenée à l’attendre dans une petite zone de promenade de la cité, située sur un très grand pont qui surplombait le canal artificiel. C’était un endroit en retrait des espaces densifiés par les touristes. L'on pouvait simplement y voir quelques familles se balader avec leurs enfants et leurs Pokémon.

La cérémonie s’était terminée il y a deux heures.

Call et Voltia jouaient un peu plus loin, essayant de s’attraper mutuellement tandis qu’ils étaient observés brièvement par un Okoeke et une petite fille jouant à la marelle. J’avais tué le temps en les regardant tendrement devenir de plus en plus amis. Ils n’étaient pas si différents dans leur personnalité : Voltia était faite d’un caractère très énergique et nerveux, répondant très facilement à ses émotions comme à celle d’autrui. A dire vrai, l’attaque anormalement puissante de Call dans le couloir était comparable à sa morsure malencontreuse envers Tarak.

Maintenant que j’y réfléchissais brièvement, la cheffe de meute avait vite déserté les lieux aussi. Je l’imaginais se dépêcher d'aller adroitement se pavaner devant sa communauté dans les quartiers les plus branchés de Motorby. De toute façon, on ne s’était pas adressé la parole.

Je réalisais aussi que je n’avais pas du tout parlé à Tarak et pour cause : je n’avais aucune envie de l’approcher depuis notre conversation à l’hôtel. Nabil n’était pas au courant de cet échange puisque je craignais que sa nature passagère de Sovkipou ne l’amène à aller bombarder de questions, le Maître de Galar. J’ignorais donc totalement si Tarak avait été mis au parfum concernant mon altercation avec Argès dans les couloirs. A dire vrai, au moins deux champions d’arènes y avaient assisté. J’avais alors imaginé nerveusement Kabu lui vociférer mon caractère impulsif, de quoi faire augmenter son animosité condescendante pour moi.

Soudain, Call courut vers moi en claquant sa queue enflammée dans un cri de stupeur. Il vint se blottir contre mes jambes tandis que j’entendis Voltia aboyer avec énergie. Après l’avoir calmée en lui rappelant que son nouvel ami n’était encore qu’un bébé, je caressai doucement Call. Ce dernier gémit un peu puis se mit à bailler longuement, influençant d’ailleurs Voltia qui s’assied en jappant de fatigue.

- Ne vous inquiétez, on s’en va bientôt ! Un bon curry puis un dodo bien mérité, ça vous va ?

J’avais au préalable légèrement laissé pencher mon Motismart dans sa direction : je l’avais gardé dans les mains au cas où Nabil devrait m’informer de l’un ou l’autre problème administratif.

Les faibles reflets métalliques se jetèrent aussitôt dans le grand regard bleuté de mon petit lézard de flammes. E t soudain, un pic d’énergie sorti de nulle part le fit se jeter sur mon téléphone. Sous la surprise, je le lâchai pour ensuite voir mon petit chapardeur de Salamèche s’éloigner sur le pont dallé.

Le monde environnant s’était bien aminci depuis tout à l’heure. Je n’avais pas pris la peine de faire attention à qui que ce soit aux alentours.

Call m’avait imité, à tort cependant : il percuta des jambes dans sa course pas trop effréné mais suffisamment folle pour que le choc le fasse tomber en arrière. Mon Motismart en profita pour se dégager de son ravisseur.

Sans tout de suite me préoccuper de la personne qui se trouvait devant nous, j'avais rejoins rapidement mon Pokémon fait d'or pour l'aider à se relever. Ce dernier se mit adorablement à grogner de fort mécontentement en tapant des pattes. Voltia prit alors peine d’adoucir la petite crise de nerfs passagère de son coéquipier en babillant, même si ses premiers jappements s’étaient ornés d’un élan gentiment moqueur.

- Tiens, c’est de famille de voler le Motismart des autres ?

Je levai la tête.

Roy était campé solidement devant moi, les mains dans les poches. Son téléphone entamait un ballet aérien avec le mien, sans doute les deux Motismas étaient-ils en train de discuter de leur journée respective.

Je me redressai en expérimentant un curieux sentiment dans la poitrine. Mais ma réponse n’en était pas démonstrative.

- Ho, ça va… Mon Salamèche a voulu jouer avec, il aime ce qui brille…

Il sourit paisiblement.

- Nabil m’a dit que tu l’attendais ici.
- Ha... tu sais s’il arrive au bout avec les trucs administratifs ?
- Voyons… T’en a encore pour quinze minutes à poireauter !

Il recula ensuite légèrement, laissant place à cet embarras palpable dans sa manière de se frotter la nuque.

- Et ça m’arrange parce que je voulais m’excuser pour tout à l’heure : t’avais pas l’air très bien en vrai…

J’ignorais qui de la surprise ou de l’étonnement habilla mon œil cendré. Mais dans les deux cas, je n’étais pas préparée à le voir soudainement concerné par mes états d’âme. Et aussi étrange que ça puisse être, ça me faisait plaisir.

- Ho… Ne t’inquiète pas, je me sens mieux là !
- T’es sûre ?
- Oui, oui ! Mais c’est gentil de venir t’excuser.

Il sembla succinctement ébranlé. C’était avant de m’afficher son habituel air insolent.

- Bon… J’espère que tu vas t’endurcir un peu, hein ? C’était pas ouf ton air abattu sur grand écran !

J’affichai une simple moue vexée, vraiment trop fatiguée pour vociférer contre lui. Curieusement, ça n’empiéta pas sur ma joie étrange de le voir.

- Y’a pas d’raison… Je peux devenir plus forte que ça, non ?

Je n’avais pas parlé assez discrètement. Roy s’était déjà penché vers moi, les mains dans les poches.

- Ho mais c’est pas pour ça que j’me fais du mouron !

Je reculai légèrement, détournant les yeux. mais Il avait probablement tout vu de mes rougeurs à en constater son air réjoui.

Roy se redressa ensuite, observant mon téléphone volant.

- Et sinon… T’en es où sur Pokégram ?

A peine m’avait-il fait entendre sa question qu’il attrapa mon Motismart. Ce dernier poussa des grommellements électroniques sans pour autant résister.
Malgré ma fatigue, je me mis à gesticuler vers lui en levant les bras, légèrement agacée. Malgré mes supplications (et le fait que je lui arrivais seulement au torse), je rencontrai assez peu de succès dans mes tentatives à lui faire lâcher mon téléphone. Et Il en profita très bien dans tous ses petits rires adorablement étouffés.

Il devait avoir compris que je n’étais pas très douée avec les réseaux sociaux.

- Quoi ? T’as toujours rien publié ?
- Mais attends, tu crois que j’ai eu le temps depuis hier soir ?!

Il me décocha un sourire espiègle. Puis soudain, son propre téléphone revint très naturellement dans sa deuxième main.

Il entama alors une drôle d’activité agrémentée d’allers-retours oculaires entre les deux écrans ainsi que d’un pianotage intensif sous mon regard interloqué.
Après quelques minutes, il lâcha mon Motismart. Celui-ci fit quelques loopings avant d’atterrir dans mes propres mains.

- Enfin ! J’espère pour toi que tu n’as pas… !

La cendre de mes yeux avait dû légèrement grésiller sous le souffle de la stupeur.

Mon Pokégram était désormais coiffé d’une photo de profil : il s’agissait du ciel de Motorby, épousé d’étoiles et d’envolées multicolores des feux d’artifices. On m’y distinguait de dos, voguant sur le Grodrive qui m’avait si gentiment laissé le loisir d’être contemplatrice d’un tel spectacle. On devinait aussi Voltia et Call à mes côtés et malgré l’étroitesse de notre position, nous semblions parfaitement à l’aise.

Je croisai alors les yeux émeraude satisfaits du champion draconien.

- Ça te va bien d’aller dire coucou aux étoiles !

Je me trouvais bien trop absurde d’adorer son air effronté. Mais manquant cruellement d’énergie, je laissais à mon sourire tout le soin d’exprimer plus délicatement mon plaisir imprévu.

- Hum… merci de m’avoir aidée et… pardon pour ma réaction… !

Il m’ébouriffa légèrement les cheveux.

- Hey tranquille ! Je protège ma challengeuse en qualité de dragon !

J’avais probablement perdu toute ma pâleur naturelle à force de rougir. Il reprit néanmoins un ton plus grave.

- Par-contre, on n’se reverra pas avant un bon moment ! Alors, tâche d’être sage jusqu’à Kickenham ! Sinon, j’serai pas très content !
- Euh… ouaip… Promis !

J’étai définitivement très mauvaise pour dissimuler mes véritables attentions. Et même si je connaissais maintenant suffisamment le champion draconien pour comprendre qu’il avait déjà tout saisi de mon mensonge, il n’en faisait visiblement pas grand-chose pour le moment.

Je m'approchai alors, poussée par un étrange désir.

- Hey… Si je te promets de m’endurcir, est-ce que…

Je rassemblai un ultime élan de courage.

- Est-ce que je pourrai lire les poèmes que tu écris dans ton petit carnet ?

J’étais probablement très privilégiée de voir le charisme du champion draconien se fendre en deux. J’esquissai un sourire amicalement moqueur tout en repensant à l’air malicieux d’une certaine professeure.

- Comment tu sais que je… ?
- Tu l’as laissé trainer sur le sol en dormant sur le divan, hier.
- Ha.

Il peina à masquer toutes ses hésitations, en témoigna un embarras animé par des allers-retours oculaires entre sa gauche et sa droite. Ils étaient même agrémentés de balbutiements presque adorables.

- J’me moque pas, hein ? j’ai juste un peu lu et… j’aime bien.

Il regarda ailleurs, visiblement encore plus décontenancé. Je soupirai alors de la même manière.

- Bon ok, c’est pas possible...
- Non, attends !

Dans un geste finalement très calme, il sortit le fameux carnet à la couverture brunâtre de sa poche de veste. Je soulignais soudainement l’importance qu’il devait lui accorder en observant la manière dont sa main compressa délicatement la couverture rustique. Il éradiqua alors toute trace d’embarras en étouffant un léger rire presque satisfait.

- J’les fais lire à personne normalement…

Il me le tendit bien trop paisiblement d’ailleurs.

- Mais j’peux faire une exception pour toi, p’tite dragonne.
- Wow ! Pour de vrai !?

Je réalisais aussitôt mon emportement pour le moins ridiculement enfantin, tentant d'agripper la main de Roy tout en lâchant mon Motismart dans la foulée. Mais il leva subitement le bras, brisant mon élan.

- A une condition...

Je baissai un peu la tête mais sans pour autant le quitter des yeux. Il répondit à ma réaction disproportionnée avec un sourire un peu différent de son habituelle effronterie.

- ... J'aimerais bien lire tes poèmes à toi aussi.

Je penchai la tête.

- Euh... moi, j'en écris pas.
- Bah, tu vas essayer. C'est trop facile sinon.
- Trop facile de quoi ?
- Que tu sois la seule à savoir ce qu'il y a dans ma tête.

Je fronçai les sourcils, perplexe. Il en étouffa un petit rire, observant du coin de l'œil son petit carnet.

- Quand j'écris sur les réseaux, je suis le grand champion draconien de Kickenham. Mais quand j'écris là-dedans, je suis simplement Roy. Toi, quand t'as livré ton combat à Brasswick, t'étais l'incroyable Leava Truegold, hein ?

J'hochai la tête, gênée.

- Tu penses que je suis pas honnête, c'est ça ?

Il avait lancé plus profondément encore, son regard dans le mien.

- T'as juste besoin d'apprendre à te retrouver avec toi-même, p'tite dragonne. Tu crois que t'es pas à ta place. Mais moi, je me trompe jamais. Alors, à Kickenham, je t'inviterai dans un endroit bien cool si toi aussi, tu me donnes un petit carnet. Deal ?

Il me tapota l'épaule. Je me dégageai un peu avant de détourner le regard, désemparée. Voltia et Call m'observaient depuis un moment apparemment, leurs grands yeux brillants bien accrochés sur mes hésitations.


- ... Je vais essayer.

Sans savoir pourquoi j'avais envie d'accepter. Et pour la première fois, son sourire me parut différent.

Soudain, son Motismart sonna frénétiquement. En relevant la tête, je vis le petit appareil se secouer nerveusement devant les yeux du champion draconien.

- Tiens,Tarak me sollicite dans le hall du stade pour un de nos plus grands fan-clubs ! Heureusement que je reste à Motorby, quels petits chanceux ! Sourit-il d’une vanité que je devrais franchement arrêter de relever chez lui.

- Quoi, tu n’rentres pas tout de suite à Kickenham ?

- Nan, je profite un peu des festivités avant. J'ai le temps avant que les challengers arrivent au moins chez moi en milieu du parcours !

Sur ces mots, il me décocha un ultime air béat puis me tapota encore la tête dans un agaçant « allez, écris-bien ! » avant de prendre congé d’un pas très calme.

Pour la première fois, son sourire moqueur s'accrochait un peu plus à mes battements. Irritée, je me contentais de réfléchir à sa proposition, le cœur en pagaille.

« Il veut savoir... ce que j'ai dans la tête ? »

Mais incapable de mettre de l'ordre dans mon esprit fatigué, j'observais paresseusement le crépuscule peindre ses dernières aquarelles sur le canal, confondant les ombres de l'eau avec les longs faisceaux brûlants tombés du soleil ensommeillé.

Et puis quelque chose hurla.


***


Je me plaquai contre la barrière boisée du pont, le souffle court.

Et j'écoutai.

Un grondement rauque et violent s'était élevé, plus ou moins proche.

Je tendis davantage l’ouïe, le cœur accroché.

Prudemment, je remontai le long de la rambarde en bois pour jeter attentivement tout mon regard dans le lointain.

Ce bruit rauque avait fait sursauter toute une envolée de Bleuseilles, quelques individus sortant encore d’un coin de forêt droit devant moi.

Les Larvadars avaient fui précipitamment dans le champ d’à côté, piaillant en panique. La dérobade de l’Hastacuda était encore devinable dans les froissures nerveuses à la surface de l’eau.

Le grondement retentit encore, plus ou moins fort. Mais il ne sembla pas se déplacer. Je perçus ensuite des sons métalliques assez brefs l’accompagner, détonnant avec les sons naturels de ce coin de campagne. Call s’accrocha lui-même à la balustrade, poussant de petits ronchonnements vifs. Il en secoua sèchement sa queue enflammée, m’indiquant que cette manifestation n’avait rien de commune : il était inquiet.

Le grondement s’affaiblit petit à petit.

Puis plus rien.

Le soleil commença maintenant à pointer dans les nuages, chassant toute trace de l’aurore.

Mon escapade matinale me parut assez bien entamée. J’attrapai Call dans mes bras après avoir rangé mon Motismart dans ma poche de veste. Puis nous quittâmes furtivement le pont boisé.


***