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Pourquoi demande-t-on aux dragons de garder les trésors? de SupraEnergy



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Informations

» Auteur : SupraEnergy - Voir le profil
» Créé le 14/09/2023 à 18:37
» Dernière mise à jour le 20/11/2023 à 14:44

» Mots-clés :   Drame   Fantastique   Présence de personnages du manga   Romance   Suspense

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Réflexion
Une onde de lumière. Un plafond blanc.

Après quelques minutes à garder difficilement les yeux ouverts, je finissais par reprendre conscience de mon corps. Il était bien ankylosé. Le plafond s’était mis à bruisser et pour cause. C’était celui d’une grande tente. Enfin, je réalisais que j’étais allongée sur un brancard de secours.

Le ton frisquet de l’air me parla par surprise et je sentis une compresse humide sur mon front.

- Leava !

Nabil était à côté de moi, assis sur une chaise de camping.

Moumouflon se tenait à ses côtés, bêlant tout doucement. J’apercevais alors Voltia couchée sur lui, s’engouffrant dans sa toison douce. Elle venait de se redresser, jappant fortement vers moi avec ce regard profondément brillant.

Je me sentais complètement vide.

Puis, les souvenirs du combat me revinrent lentement en mémoire : je me rappelai brièvement ma victoire mais mon corps avait visiblement décidé de me lâcher pour m’empêcher de la fêter.

Voltia bondit alors sur le lit de secours pour se frotter à moi, le ronronnement soulagé.

- J’ai grave flippé ! Quand on a voulu te rejoindre, tu t’es complètement effondrée ! On n’a pas réussi à te réveiller ! S'exclama Nabil, les larmes aux yeux.

Je le regardais avec le peu de vitalité qui arrivait sûrement encore à faire briller mes yeux cendrés.

- Euh… Juste après le combat, je me suis sentie très mal et puis… plus rien.

J’avais pourtant la sensation d’un sombre rêve collé à mes yeux.

Mon ami d'enfance poussa un long soupir en croisant les bras.

- Le médecin du village ne comprenait pas… d’après lui, tu avais l’air de dormir profondément ?

Je levai un sourcil, songeuse.

- Mh... Entre le jetlag et le fait que je n'ai plus livré de combat depuis longtemps... j’ai peut-être pas supporté émotionnellement ?
- Ou alors, la fièvre de la victoire ?

Nous nous regardâmes avant d’éclater de rire. Puis, Nabil para ses lèvres d’un vigoureux sourire.

- En tout cas, tout le monde parle de toi ! T’es presque aussi célèbre qu’un champion du Défi des Arènes !

Le mien était un peu plus désemparé.

- T’en fais des tonnes… j’ai juste remporté un simple match !
- Tu rigoles !? T’as impressionné mon frangin ! Il m’a dit qu’un peu plus et on se serait cru aux Pokémasters ! Tu peux être super fière de toi !

C’était justement parce que je ne l’admettais pas, cette fierté.

Lentement, malgré mon corps endolori, je m’assis au bord du lit de secours. Voltia se coucha alors tout près de moi en ronronnant. Nabil s’était tourné pour attraper une bouteille d’eau dans une glacière posée non loin de sa chaise. J’en profitais pour jeter un œil rapide autour de moi : le matériel de la tente m’indiqua tout de suite que nous étions à l’infirmerie de la fête du village. Il y avait quelques autres brancards installés tandis qu’une odeur d’hôpital se mélangeait à celle des barbecues environnants.

J’écoutais alors Nabil me narrer la moindre de mes actions durant le combat contre Dusk, tout en engloutissant plusieurs gorgées de ma boisson avant de m’essuyer légèrement la bouche.

- Et Roy ? Il en a pensé quoi ?

Nabil eut l’air interrogateur.

- Bah... Il semblait méga occupé à pianoter sur son Motismart après le match. On a vite enchainé avec la séance de dédicaces en plus mais moi, j’ai préféré t’accompagner à l’infirmerie alors… je lui ai pas parlé.
- Ha… d’accord.

Mon désarroi n’échappa visiblement pas à mon ami d’enfance, même s’il se contenta de pencher un peu la tête à mon grand soulagement.

- Bon... Navrée de t’avoir fait rater la meilleure des séances de dédicaces du monde ! Me moquai-je gentiment.

Mon voisin éclata de rire, aussitôt sermonné par son Moumouflon dans quelques bêlements hâtifs, grattant légèrement la terre avec ses sabots.

- Ha ! C’est vrai, on devrait commencer à bouger ! La dédicace va bientôt toucher à sa fin !

Il se redressa de la chaise avant de s’étirer un peu.

- Ça ira ? Moumouflon peut te porter si tu veux ?

Le Pokémon bouc acquiesça au même moment vers moi en faisant trembler sa gorge, ses yeux fatigués luisant d’empathie. Je lui souris, probablement très faiblement.

- Non, c’est gentil mais mes jambes seront assez fortes ! Ce n’était qu’un petit malaise !

J’ignorais si ma lourde envie de m’allonger et de m’endormir pendant une journée entière transparaissait dans ma voix : Voltia, elle, semblait au moins l’avoir entendue dans mes pensées, puisqu’elle baillait avec cette même grande conviction.


***

Après avoir été examinée une dernière fois par le médecin et son Leveinard, qui redonna aussi quelques baies fortifiantes à Voltia, nous sortîmes de la tente.

Je constatais alors que j’étais restée évanouie un certain temps : le ciel s’était paré des couleurs du crépuscule tandis que la chaleur se faisait désormais plus douce. La fête du village n’avait pas diminué d’intensité cependant.

Voltia gambada devant moi, humant l’air et jappant gaiement dans l’atmosphère sucrée de la fin de journée. Les brûlures sur son pelage ayant complètement disparu, j’en déduisis rapidement qu’elle avait reçu les soins nécessaires après le match. Moi, il me restait quelques crampes montant dans mes jambes mais je devais avouer que l’odeur des aromates des marchés environnants ainsi que celle de la viande grillée des cuisines ambulantes me firent étrangement du bien.

Pourtant, j’avais rapidement remarqué que les quelques attroupements de personnes près des stands me toisaient de loin depuis que quelques minutes. Je détournai le regard, un peu gênée, me concentrant simplement à suivre Nabil et Moumouflon.

Après avoir quitté la zone la plus dense en matière de stands, nous arrivâmes sur la grande place publique.

Je constatais que le terrain avait été réaménagé depuis mon malaise imprévu : les traits blancs se devinaient vaguement dans l’écoulement encore distinct de l’eau qui avait servi à les effacer. Le sol avait retrouvé aussi toute sa splendeur ainsi que sa propreté grâce au travail des Mackogneurs et de quelques Ouvrifiers qui venaient visiblement de terminer leur dure besogne. En somme, les lames rocheuses avaient dû revenir naturellement dans les entrailles de la terre, phénomène courant (mais mal expliqué ) chez les capacités physiques capables de déformer le terrain.

Un peu plus loin, un petit attroupement de personnes discutaient avec Roy et Tarak.

Dracaufeu était aussi là, jouant apparemment avec quelques enfants qui s’émerveillaient actuellement devant lui. On devinait aussi Mucuscule près de lui, remuant frénétiquement dans l’euphorie enfantine.

Nabil leva alors la main et attira l’attention de son frère. L’attroupement se retourna également pour se mettre à trottiner vers nous.

- Regardez ! Elle est là !

Ce fut probablement la seule phrase intelligible que j’entendis s’élever parmi un certain nombre de phrases qui avaient toutes l’air de me concerner, cela dit.
En quelques minutes, des yeux pétillants d’étoiles m’entourèrent !

Ils me sortirent alors des détails du combat que je n’avais même pas pris la peine d’enfermer dans ma mémoire. Certains soulignèrent la violence de Dusk face à la justesse de ma stratégie, d’autres clamèrent que j’étais digne du niveau d’un champion. Ils voulurent des autographes puis des photos que je n’eus pas le cœur de refuser malgré mon manque cruel d’assurance.

Mais je devais l’admettre : ils m’étaient sympathiques, à des années-lumière du comportement piquant des habituels groupies et je me prêtais finalement à ce jeu étrange.

Et puis du coin de l’œil, je remarquai Dusk en grande conversation avec Tarak.

Cette fois, elle avait l’air beaucoup plus posée mais j’étais peut-être un peu loin pour m’en faire une idée claire. Le jeune homme au style mauvais garçon qui ne lui allait pas était avec elle, tandis que l’on remarquait sa garde rapprochée piailler avec Roy, à peine quelques mètres à côté.

Nabil l’avait aussi remarqué et semblait premièrement se concentrer sur eux. Moi, je soulignais surtout la présence des employés municipaux, les mêmes que tout à l’heure : ils avaient l’air de faire une ronde sur la place publique, nous toisant d’ailleurs un peu avec leur Caninos. Ils délimitaient peut-être une zone de sécurité entre nous et les attroupements de jeunes.

Soudain, je sentis une main tirer très légèrement le t-shirt.

- Madame…

Je baissai la tête.

C’était une petite fille rousse avec des couettes. Elle tenait, serrée contre elle, une peluche d’Evoli. Voltia était collée à mes jambes mais ses petits jappements sourds m’indiquèrent rapidement qu’elle l’avait aussi bien remarqué. Je m’agenouillai alors devant cette enfant, la saluant d’une voix douce, et ramenant ma chère Voltali à mes côtés. Un jeune homme du village l’accompagnait.

- Excusez-moi… vous devez être fatiguée mais elle tenait absolument à venir vous voir, mademoiselle Truegold !

La petite fille sembla d’abord intimidée, restant immobile devant moi avant de porter son attention sur Voltia. Cette dernière s’était approchée d’elle en ronronnant, mais ébroua aussitôt sa fourrure hérissée. Je vis alors l’enfant reculer, serrant sa peluche contre elle.

- Ne t’inquiète pas, Voltia veut juste être ton amie ! Rassurai-je tout doucement.
- Vous l’avez beaucoup impressionnée durant le combat, elle n’arrêtait pas de parler de vous et de votre Voltali ! Informa le jeune homme avec un doux sourire.

Mon Pokémon lécha alors vigoureusement le dos des mains de la petite fille. Elle souligna dans le rire le plus pur qu’il m’ait été donné d’entendre dans ce monde que ça chatouillait. Elle en lâcha alors sa peluche : le jouet tomba paisiblement contre les pattes de Voltia qui le renifla avant de le happer délicatement dans sa gueule. Elle lui tendit alors tendrement, faisant écarquiller les yeux amande de la petite fille.

- T’es zuper forte ! Babilla-t-elle en caressant la fourrure de ma chère guerrière électrique.

Elle attrapa sa peluche, avant de se tourner vers moi, le sourire lumineux.

- Plus tard, j’veux être comme toi !

Sans crier gare, l’innocente sincérité de ses paroles me dérouta le cœur.


***

Après quelques échanges de photos et d’autographes, nous prîmes finalement congé du groupe de jeunes ainsi que de la petite fille.

Pendant que je les regardais s’éloigner, Nabil fit quelques pas en avant.

- C’est comme je te disais... C’est ça, la culture de Galar. Aujourd'hui, tu as signifié quelque chose pour ces gens, Leava.

Je restais silencieuse.

- Enfin... j’ai quand même failli regretter de t’avoir poussé à affronter Dusk. Je ne réfléchis pas toujours aux décisions que je prends alors… désolé.

- T’as pas besoin de t’excuser, Nabil.

J’avais senti ses grand yeux ambre se fixer sur moi.

Je m’avançai un peu, le regard égaré et la poitrine happée par d’étranges sentiments. Voltia trottina vers mes jambes. Nabil me rejoignit lui aussi, les mains derrière la tête. Pendant un instant, nous respectâmes notre silence commun, à contempler la lumière crépusculaire qui dorait petit à petit le monde autour de nous. Moumouflon bêla tout doucement. Voltia lui répondit par de discrets jappements.

Puis, je tournai le regard vers mon voisin et lui fit un sourire apaisé qu’il me rendit alors, avec cet air réjoui bien à lui.

(…)

Puis, le sifflement sourd de cet acouphène assomma mes tempes. Un picotement sec remonta aussitôt le long de ma colonne vertébrale.

Et sortie d’un blizzard gonflé d’ombres cette image revint, agressant mes yeux : un œuf de Pokémon égaré à l’intérieur d’une gigantesque carcasse non identifiable au milieu de troncs déchiquetés, menacé encore par ces deux lames gigantesque brisant le sol accidenté pour m’arracher aussitôt la nausée dans leur ronronnement caverneux.

Quelque chose, ou quelqu'un, m’appela alors, sa voix perdue entre les cimes bleutées.

Peut-être.

- Tout va bien ?

Nabil avait apparemment remarqué mon rictus dérangé : je me tenais le front, désemparée.

- C’est… toi qui a prononcé mon prénom ? Là, maintenant ?
- Hein ? Ben non…

Je fixais le sol, tentant vainement de reprendre contenance.

- Leava ! Tu te sens mieux ?

Nous nous retournâmes.

Le Maître de Galar venait d’arriver vers nous avec Roy et Dracaufeu, ce dernier accompagné de Mucuscule qui était, à ma grande surprise, plutôt rapide à ramper sur le sol. Je devinais alors l’attroupement de jeunes ainsi que Dusk et sa bande de sous-fifres partir derrière nos champions. Ça n’échappa visiblement pas à mon voisin non plus, et surtout dans son soupir profondément soulagé.

- Euh… Oui, ça va. Désolée, ça ne m’était jamais arrivée de m’évanouir comme ça après un match, dis-je simplement en hochant la tête.

Le sourire de Tarak sembla alors autant perplexe que rassuré.

- Hum… peut-être un trop-plein d’énergie ? Nabil m’a avoué que ça faisait longtemps que tu n’avais plus combattu ! C’est d’autant plus impressionnant car tu semblais vraiment à l’aise !

Je jouais avec mes doigts, le regard fuyant.

- Arrêtez, c’était rien qu’un coup de chance !

- Trop de modestie en toi ! Dusk pouvait simplement pas te vaincre, c’est tout ! S’exclama alors mon ami d’enfance en faisant mine de faire gonfler les muscles de ses bras.

- Ho mais Dusk Lockon a un gros potentiel aussi, Nabil ! Sa stratégie était très intéressante en faisant en sorte de prendre le contrôle du terrain ! Je crois que nous n’avons eu qu’une simple démonstration de ce qu’elle sait vraiment faire dans un combat Pokémon, même si Leava a largement dominé aujourd’hui ! Avoua Tarak en déployant son sourire claquant, encore une fois.

Je saisis subitement pourquoi l’échange entre la cheffe de meute et le Maître de Galar m’avait paru aussi sérieux tout à l’heure.

- En tout cas, merci pour cette bonne surprise ! C’était une journée très enrichissante ! J’ai proposé à Dusk de s’inscrire au Défi des Arènes, sous recommandation de ma part. Elle fera une adversaire redoutable et digne de faire partie de notre réserve de super dresseurs ! Je suis vraiment très content de voir d’aussi grands talents naître dans notre belle région ! Sourit Tarak avec conviction.

J’hochai la tête, m’imaginant sans peine Dusk se pavaner, fière comme un Galopa de Galar en hululant à tout le monde qu'elle était la petite protégée du Maître en personne.

- Et toi, Leava ?

Je sursautai, me tournant vers mon voisin : il me fixait longuement, comme si je savais exactement ce qu’il avait en tête.

Il avait malheureusement raison.

- A propos de quoi ?

Nabil s’affirma ensuite vers son frère, le regard plus lumineux encore.

- Le Défi des Arènes ! Il commence dans quelques jours mais il n’est pas trop tard pour s’inscrire !! Qu’est-ce que tu en penses, Tarak ? Tu as le droit de recommander deux challengers, après tout !

J’étais convaincue d’avoir aperçu une étrange appréhension filer dans les iris du Maître de Galar. Mais Il refaisait comme à son habitude, ce grand sourire vitrifié.

J’en étais consternée.

- Mais je ne suis à Galar que depuis hier. Ca me parait un peu ambitieux, non ?

Voltia était couchée à mes pieds, semblant nous écouter attentivement.

- T’as carrément les capacités, Leava ! Et je suis prêt à t’accompagner, ça me rappellera plein de bons souvenirs ! Allez frangin, recommande-la avec Dusk ! Ce serait énorme après ce match ! T’es pas d’accord avec moi !?

Nabil avait visiblement à coeur d’insister, autant vers moi que vers Tarak. Pourtant, son frère ne réagissait toujours pas, se frottant le menton et paraissant vouloir trouver le meilleur moyen de fuir cette conversation. Mais peut-être était-ce juste moi qui était trop fatiguée pour espérer le voir s’enthousiasmer.

Voltia jappa un peu plus fort, se joignant à leur mascarade. Soudain, Dracaufeu s’avança devant tout le monde, me refixant à nouveau et en grognant tout doucement. Il baissa alors la tête pour cogner ma main avec son grand museau draconien.

- Tu vois, même Dracaufeu t’encourage à le faire ! Plaisanta Nabil.

Je m’écartai légèrement du Pokémon flammes.

- Je n'sais pas ! ça fait tellement longtemps que je me suis éloignée du terrain...

J’avais, sans le vouloir, lancé mon regard inquiet vers Tarak. Il continuait à sourire malgré tout.

- Laissons-la réfléchir Nabil, tu veux bien ? Le Défi des Arènes, c’est un investissement émotionnel important… Tu nous donneras ta réponse avant la fin de la semaine, d’accord ?

Il semblait à la fois confiant et soucieux. J’étais cependant trop épuisée pour m’en offusquer. Il s’était peut-être imaginé qu’avec ma perte de connaissance, je n’avais pas les nerfs assez solides pour supporter la pression d’une compétition nationale. Comment ne pas lui donner raison ?

Dracaufeu, lui, continuait de me regarder profondément mais je lui tournais radicalement le dos, toujours aussi peu à l’aise quand il portait autant d’attention sur moi. Dans mon mouvement, je laissai tomber accidentellement mes yeux sur Roy.

Il n’avait toujours pas daigné lever sa tête de son téléphone depuis tout ce temps. Je ne comprenais d'ailleurs rien de l’extrême concentration qu’il mettait dans son pianotage. Son sourire à la fois niais et bien trop confiant m’interpellait peut-être un peu, certes. Mais j’évinçais rapidement ce ressenti. Car malgré ma fierté mal placée, j’avais espéré l’espace d’un bref instant qu’il allait réagir à ma présence.

C’était très probablement grâce à Roy que ce combat avait eu lieu.

Parce que je saisissais brièvement qu’au moment où la peur m’évinçait à nouveau du monde, il m’avait tiré en avant pour que je ne tombe pas à son extrémité. Cette pensée m’aurait probablement beaucoup énervée si je n’étais pas aussi épuisée. Cependant, rien que l’idée de devoir le remercier me donnait mal au ventre.

Pourtant, le champion draconien éveillait autre chose encore, une chose dont le froid arctique blessait continuellement mes tempes, au cœur de ce même blizzard charbonneux. C’était à Kanto : je l’avais vu brièvement me faire face, moi qui étais alitée dans ce lit d’hôpital à moitié frigorifiée.

L’écho complexe de ses larmes résonna l’espace d’un instant dans ma mémoire abimée.

Ce souvenir brûla ma poitrine.

Et mes veines se recongelèrent.


***