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Pourquoi demande-t-on aux dragons de garder les trésors? de SupraEnergy



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Informations

» Auteur : SupraEnergy - Voir le profil
» Créé le 13/09/2023 à 14:21
» Dernière mise à jour le 19/11/2023 à 23:25

» Mots-clés :   Drame   Fantastique   Présence de personnages du manga   Romance   Suspense

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Cendres
Voltia donna soudainement plusieurs coups de tête contre mon bras. Je réalisais alors que le froid de la maison commençait légèrement à mordre ma peau.

- Tu as raison, mon estomac gargouille aussi. Et je crois bien qu’il y a tes snacks préférés dans la valise ! La première à la cuisine ?!

Elle s’exclama dans un cri déterminé et bondit en dehors de la chambre. Je l’entendis pratiquement se casser la figure dans le couloir avant de débouler comme un boulet de canon dans les marches d’escaliers. J’étouffai alors un rire bienvenu entre mes lèvres : j’aimais croire que la maison, accoutumée au silence depuis toutes ces années, s'était réveillée en sursaut face à ce brouhaha soudain.

En sortant de la chambre, je jetai un œil à la porte devant moi. Elle était légèrement entrouverte, sans doute provoquée par le passage brutal de Voltia.
C’était la dernière pièce à dépoussiérer.

Mais j’avais déjà décidé de revenir au rez-au-chaussée.

En arrivant en bas, j’entendis ce grand boum étouffé sur le grand tapis du salon : ma chère guerrière électrique tentait d’ouvrir sans délicatesse la valise qu’elle avait visiblement poussé pour la mettre à l’horizontal.

- Du calme ! Tu vois bien que ce n’est pas comme ça que l’on fait !

J’attrapai alors en rigolant, le sac contenant la nourriture Pokémon ainsi que mon repas du soir et le posai sur la table haute de la cuisine, prête à préparer l’en-cas bien mérité : nous n’étions pas spécialement rassasiées par le plateau-repas douteux dans l’avion.

Enfin, cette pensée n’alla pas plus loin.

Voltia se retourna vers la porte d’entrée, toujours grande ouverte, les oreilles en avant, alertée : je l’imitai.

- Qu’est-ce que… ?

Il s’agissait en fait de cris lointains que je n’arrivais pas à comprendre depuis ma position. L'on aurait cependant dit qu’ils interpellaient quelque chose ou quelqu’un. Je lâchai alors le sac de victuailles et, le cœur battant, tentai vaguement de m’approcher de la porte avec d’abord la ferme intention de la verrouiller.

Ce fut peine perdue.

Un cri tétanisé franchit brutalement le seuil, et dans une rapidité déconcertante !

Mon réflexe d’esquive m’envoya percuter le mur à côté ! J’entendis alors Voltia faire de même en sautant aisément sur le côté et de manière bien plus élégante que moi ! Je me tournai aussitôt vers le salon, à peine remise du choc !

Un Moumouton se trouvait maintenant au milieu du tapis, et complètement affolé.

Voltia remua alors vers le petit Pokémon en me regardant avec un air décomposé, comme si elle espérait qu’une explication sorte de ma bouche. Mais une voix jeune et masculine s’y attela visiblement à ma place.

- Hein !?

Et je vis un jeune homme aux cheveux courts et violacés, un grand regard beige, le teint métisse, une veste de cuir surmontée d’un col en probable laine de Moumouton ainsi qu’une expression pétrifiée se tenir sur le seuil de la porte.

Nous nous fixâmes pendant peut-être dix secondes, le temps de se demander qui avait plus le droit d’être là. Puis brutalement, il sortit de sa léthargie.

- Moumouton ! Mais pourquoi t’as filé comme ça !? J’ai failli perdre mes poumons en route ! S’exclama-t-il en s’élançant vers le petit Pokémon brebis.
- Qu’est-ce qu’il a ?! Demandais-je précipitamment, alors qu’un inconnu se trouvait actuellement dans mon salon.
- Il a mangé une mauvaise baie qui l’a légèrement intoxiqué ! J’allais lui donner l’antidote quand il commencé à piquer un sprint de dingue !

Je venais enfin de remarquer la petite fiole de sérum qu’il tenait dans les mains.

Le jeune homme inspira un grand coup puis s’agenouilla vers lé Moumouton malade qui commençait à montrer des signes de fatigue. Il se mit à le caresser, d’abord sur la tête puis sur le museau. Le Pokémon arrêta finalement de gigoter, le corps grelottant sous la morsure du poison. Soudain, Voltia s’approcha du Moumouton et se mit à japper quelques sons amicaux. Puis, elle continuait de lui « parler », se frottant à lui comme pour le rassurer. Le Pokémon ruminant sembla réceptif, poussant quelques bêlements faibles mais rassurés. Moi, je savais pourquoi elle faisait ça : il y a longtemps, alors qu’elle n’était encore qu’un Evoli, Voltia avait aussi été empoisonnée par une baie qui n’était pas comestible dans la forêt de Jade et les coliques avaient été si douloureuses qu’elle n’avait plus touché la moindre baie pendant des mois après. Je l’avais prise ce jour-là dans mes bras pour la rassurer dans ce mauvais moment, tout en lui administrant ce même antidote.

Je m'étais aussi agenouillée: le jeune homme sourit alors dans un long soupir.

- Woah ! Ton Voltali est extra ! Moumouton lui a tout de suite fait confiance !

Il venait enfin de faire avaler le sérum au Pokémon brebis. Dans la minute, Moumouton retrouva des yeux brillants de santé et bêlant avec un profond soulagement qui faisait bruisser sa laine. Le petit Pokémon campagnard se remit légèrement à marcher puis trottina dans le salon sous nos regards rassurés. Puis, il s’intéressa à moi en me présentant son museau et en poussant de petits cris affectueux.

Je n’avais pas pu dissimuler mon léger sursaut.

- Pas de souci, Il vous remercie d’avoir été là ! Ce pauvre Moumouton était complètement en panique ! Rit le jeune homme.
- Euh... je n’ai pas fait grand-chose. Voltia apprécie beaucoup le contact avec les autres Pokémons... Corrigeai-je, embarrassée.

Il se redressa après avoir rangé la fiole vide dans son sac, puis le remit à son épaule. Je l’imitai aussitôt, reprenant plus ou moins contenance. Le jeune homme fit alors mine de vouloir continuer la conversation mais son regard s’illumina soudainement, comme énergisé : il me dévisagea.

- … Leava ?

J’ignorais si j’étais plus choquée par le fait que mon prénom venait de sortir de sa bouche ou par le fait que j’acceptais depuis dix minutes qu’un inconnu squatte mon salon.

Il jeta un œil furtif tout autour de lui, ce qui ne manqua pas d’alimenter son expression réjouie.

- Mais oui, c’est logique que ça soit toi !! Tu es arrivée quand ? Et où est ta maman ? Ça fait méga longtemps !
- Hey attends ! Comment on se connait ?!

Il sembla déconcerté : et je compris vite pourquoi.

- Bah, on était voisins ! Tu venais tout le temps jouer à la maison ! J’me souviens que tu avais une grosse peluche de Dracolosse et plein de jouets en forme de Pokémon dragon ! Et puis, on allait souvent voir le troupeau de Moumoutons ensemble dans la ferme sur la colline !

La même évidence finit par brûler dans mon esprit.

- Nabil ?!






***


Je me souvenais enfin de la maison de mon ami d'enfance en contrebas de notre allée.

Elle était largement plus grande que celle de mon enfance et pour cause : sa famille était nombreuse. C’était une ancienne ferme de campagne retapée en une petite villa rustique plutôt charmante. Quand j’étais petite, cette maison m’avait toujours impressionnée. Je l’imaginais avec une myriade de chambres et de salles de bains avec des piscines géantes qui faisaient beaucoup de bulles, le genre de demeure que tout le monde aimerait avoir quand il est enfant.

Sa maman, une petite dame élégante qui nous faisait les meilleurs goûters du monde nous avait servi du thé glacé avec des biscuits. Voltia et Moumouton se régalaient de nourriture Pokémon pendant que nous nous étions tous assis au salon.

- Si je m’attendais à revoir la fille d’Hikari ! Comme tu as grandi ! Tu dois avoir le même âge que mon fiston, maintenant !
- Ça me fait plaisir de voir que vous êtes toujours là, madame Dandelion, Nabil… J’avais l’impression que tout avait changé ici mais je suis contente de m’être trompée ! Avouai-je comme s’ils m’avaient clairement attendu tout ce temps.

J’avalai une gorgée de thé glacé, bienvenue en cette soirée estivale.

- Il faut dire que nous n’avions pas gardé contact. La situation était si difficile pour vous, à l’époque… Pas plus tard qu’hier, je suis retombée sur quelques vieilles photos où Nabil et toi jouiez sur notre petit terrain de combat dans le jardin. Vous vous preniez pour de vrais petits dresseurs en herbe ! Quelle coïncidence de te revoir ! Mais tu es venue seule ? Se souvint la maman de Nabil, une pointe de nostalgie voguant dans sa voix.

Je me figeai, fouillant vaguement le vide.

- En fait, maman est décédée il y a quatre ans maintenant… Je suis désolée de vous l'apprendre comme ça.

Son regard ne m’apparut pas plus surpris que ça.

- Je vois… Hikari se sera battue jusqu’au bout.

Je levai un sourcil.

- Vous saviez qu’elle était malade ?

Madame Dandelion soupira, caressant l’anse de sa tasse.

- Elle a été diagnostiquée quelques temps avant que vous ne déménagiez pour Kanto... Mais sa maladie était silencieuse. Elle venait parfois à la maison pour que l’on discute entre femmes… ça l’aidait de se confier, tu sais.
- Maman m’avait toujours dit qu’elle avait le mal du pays… ça avait fait empirer ses douleurs et c’était pour cette raison qu’il fallait qu’on parte… Nous nous sommes installées à Safrania, à côté de l’hôpital universitaire. Après des années sans complication, elle a été subitement hospitalisée pendant un mois et… enfin, c’est allé très vite, me contentai-je de répondre.

Nabil semblait entendre tout ça pour la première fois : son malaise était bruyant.

- Désolée Leava…. Mais ton père, Il était au courant ?

J’hochai la tête.

- Je ne sais pas... Mais c’est grâce à lui que je suis là. Il m’a envoyé une lettre il y a quelques semaines, pour me dire qu’il allait quitter définitivement Galar en raison de sa mutation à l’étranger ou un truc du genre. Il me lègue la maison.
- Ho ! Je suis soulagée que cette demeure te reste, ma chérie ! Après tout, elle fait partie de ton enfance ! S’exclama la maman de Nabil avec un soulagement qui ne me parut pas tant exagéré, étonnamment.
- Il te donne cette baraque et il part ? Comme ça ? C’est chelou, non ? S’étonna mon voisin, perplexe.

Madame Dandelion réprimanda précipitamment Nabil, elle qui faisait déjà sensiblement tant d’efforts pour ne pas rendre la conversation difficile à vivre pour moi. J’acquiesçai pourtant à la réaction de mon ami d’enfance.

- C’est sûrement idiot mais… je m’attendais à le revoir à Paddoxton… Avez-vous eu des nouvelles après notre départ ? Il revenait à la maison, parfois ?

Nabil haussa les épaules.

- Hum… De mémoire, ça a toujours été vide là-haut.
- La seule fois où nous avons discuté avec monsieur Truegold, c’était le jour où vous êtes parties… informa alors sa mère.

Cette dernière se leva ensuite de son fauteuil en jonc pour se diriger vers une petite commode. En ouvrant un tiroir, elle en sortit une clef un peu usée mais encore utilisable puis me la présenta.

- Il nous avait confié un double de la maison, souhaitant à ce qu’on y fasse le ménage de temps en temps…

Je sentis le mince filet d’espoir que j’avais entretenu depuis mon arrivée s’évanouir.

- Ho… c’était pour ça que… La maison était bien rangée.
- Ma chérie ! Je comprends bien ce que tu dois ressentir ! Ton père devait avoir ses raisons de ne pas venir à ta rencontre, ce n’est certainement pas contre toi ! S’efforça de me rassurer madame Dandelion.

Nabil joua visiblement avec ses doigts depuis quelques minutes, trahissant sa gêne. Puis soudain, il se tourna vers moi, son regard fuitant aussi sur Voltia.

- En fait, tu n’serais pas une dresseuse Pokémon maintenant, Leava ? Ton Voltali semble super entrainé, dis !

J’étais partagée entre le soulagement et le malaise de le voir changer de sujet.

La simple évocation de son nom fit réagir ma guerrière électrique qui leva son museau plein de miettes de nourriture vers Nabil, le regard brillant et le jappement joyeux. Je souris alors en me remémorant cet instant cocasse où Nabil et moi avions transformé des boules de polystyrène en pokéball, gribouillés grossièrement avec des feutres. Nous avions tellement salopé le sol dans leur véranda que le grand-père de Nabil avait piqué une grosse crise tandis que sa mère avait éclaté de rire devant nos jeux invraisemblables.

- Tu es aussi devenu dresseur, Nabil ?
- En fait, j’inspirais vraiment à une carrière il y a dix ans, commença-t-il à narrer. Mais j’ai été recalé au tournoi des médaillés à Winscor quand j’ai fait le Défi des Arènes et du coup, je savais plus trop ce que je visais dans la vie après ça mais…
- Voyons, tu es bien trop modeste, ! N’oublie tout de même pas que tu as terminé deuxième ! Lui rappelai sa mère sur un ton affirmé.

Nabil fit l’enfant gêné devant ce compliment de parent beaucoup trop fier de leur progéniture.

- Bon, d’accord ! Mais ensuite, j’ai découvert que j’aimais surtout aider et comprendre les Pokémons ! Alors, je suis devenu apprenti au laboratoire de Brasswick pendant quelques temps avant de rentrer à à la faculté des sciences à l’université de Winscor ! J’ai eu mon master en biologie Pokémon, il y a maintenant trois ans. Puis, J’ai encore fait une formation pratique dans les labos de recherches de l’université avant d’obtenir tous mes diplômes, l’année dernière !
- Et nous sommes vraiment fiers de toi ! Tu as su atteindre tes objectifs dans l’adversité, complimenta madame Dandelion.

Je n’exagérais probablement pas si je disais que l'on pouvait entendre derrière ces paroles, toutes les émotions par lesquelles il avait dû passer pour atteindre son rêve. Nabil était le seul enfant avec qui j’avais le droit de jouer étant donné la proximité de nos deux maisons quand j’étais petite. Je lui avais donc toujours connu ce caractère déterminé et brûlant, ne reculant jamais même si la situation semblait simplement désespérée. Un jour, il m’avait même protégé d’un Bleuseille agressif qui était sorti brutalement d’un buisson alors que nous nous étions un peu trop éloignés du jardin pour aller voir les hautes herbes en contrebas du chemin principal. Nos mères avaient été folles d’inquiétude, ce jour-là et surtout la mienne. Elle m’avait interdit de sortir pendant quelques jours ensuite, prétextant que je devais me remettre du choc, ou un truc comme ça.

Cela dit, j’avais l’habitude de ce type de sanctions : au-delà de ça, ma mère ne me laissait pas jouer avec les autres enfants de Paddoxton. Je n’avais donc pratiquement jamais échangé avec le voisinage.

- Ho d’ailleurs, ma question est peut-être bête vu que tout le monde en parle mais… C’est quoi le Défi des Arènes ? Interrogeai-je soudainement.
- Ha ! C’est vrai que ça fait longtemps !

D’un bond que je qualifierais de prodigieux, Nabil alla aussitôt fouiller dans la large bibliothèque qui épousait toute une partie du mur à ma droite. Je venais enfin de le remarquer mais elle était décorée d’une dizaine de trophées aux tailles et aux formes toutes plus différentes les unes des autres. Des diplômes et des photos encadrées occupaient çà et là certains espaces d’exposition tandis qu’un cadre contenant sans doute le plus important des papiers prestigieux était accroché au centre du mur qui séparait la bibliothèque en deux. On y reconnaissait le logo de la ligue de Galar (il circulait déjà sur les écrans de l’aéroport).

Nabil revint ensuite s’asseoir avec un gros livre non sans avoir posé lourdement ce dernier sur la table basse. Voltia et Moumouton suivirent avec attention
les mouvements de mon voisin et s’approchèrent alors de notre conversation, perplexes.

- Voilà ! Ça c’est l’album de ma participation !

Le livre était jonché de photos, d’articles et d’annotations autour de ce fameux Défi des Arènes : on y voyait Nabil à pratiquement toutes les pages, de la cérémonie d’ouverture, aux divers matchs Pokémon qu’il avait menés, l’équipe qu’il possédait et enfin, le tournoi des médaillés, l’apothéose pour accéder aux PokéMasters selon ses paroles. Il déblatérait tant de détails que j’avais de la peine à tout retenir mais cela dit, son enthousiasme était communicatif. Voltia, qui adorait voir des images de stades de combats jappait à chaque nouvelle photo, grimpant pratiquement sur la table pour mieux voir, au détriment de Moumouton qui peinait à tout suivre depuis sa position.

Une fois la découverte de l’album accomplie, Nabil se redressa légèrement.

- Le Défi des Arènes réunit chaque été, plein de challengers de tout âge ! C’est aussi un événement culturel méga important à Galar ! C’est l’occasion pour nous de montrer nos meilleurs dresseurs et nos techniques de combat révolutionnaires aux autres régions ! Chaque année, les villes sont jonchées de touristes et les tickets se vendent comme des petits pains !

Si nous n’étions pas en petit comité, j’aurais pu croire que la ligue Pokémon l’avait payé pour en faire les éloges.

Puis soudain, mon regard retomba sur l’album grand ouvert : malgré moi, une photo avait réussi à attirer mon attention.
C’était le cliché d’un dresseur de peau noir, le style sportif décontracté et l’œil émeraude. Je n’avais aucun mal à le reconnaître : c’était celui que j’avais vu sur l’écran géant de l’aéroport, en train d’affronter Tarak. Ça n’avait probablement aucun sens, mais il m’avait interpellé pour l’une ou l’autre raison ridicule, comme si son existence allait apporter quelque chose à la mienne.

- Et lui, c’est… ?
- Roy Kibana, le champion de type dragon à Kickenham ! Il était un redoutable adversaire mais si tu m’avais vu, j’étais un vrai ouragan et après un combat super dur, j’ai réussi à mettre son Duraludon au tapis et…

Puis il stoppa net son flot de paroles, avant de jeter un regard tiré d’horreur sur madame Dandelion.

- Ho mince, les aromates ! Il m’avait demandé de les acheter au marché pour son Libégon ! Roy va me tuer !

Je n’avais visiblement pas réussi à cacher mon air béat : sa maman pouffa quant à elle, très amusée par la crise de panique de son propre fils.

- Ne t’inquiète pas Nabil ! Je suis passée au marché ce matin, j’étais sûre que tu oublierais avec ton travail à la ferme des Moumoutons, se moqua-t-elle très gentiment.
- Woah, merci maman ! Tu me sauves la mise ! C’est pas tous les jours que le rival de Tarak vient à la maison !
- Comment ça, il « vient » ? Lâchai-je brutalement.

Un champion Pokémon qui se perdait au hasard dans la campagne galarienne, voilà quelque chose d’inconcevable à Kanto où tomber sur la championne de Safrania dans une épicerie de Jadielle relèverait du mysticisme de Lavanville.

- Et ouaip, Tarak revient à la maison pour la semaine ! Et il a invité Roy afin qu’ils participent à une séance spéciale de dédicaces à l’occasion de la fête de Brasswick, en promotion des vingt ans du Défi des Arènes !
- Quoi ? Attendez… Tarak habite ici ?!

Nabil venait de tordre ses yeux ambrés sur moi, les sourcils froncés.

- Bah Leava… T’as oublié que c’était mon frère ?

Je rattrapai sans panache, mon verre de thé glacé.

- Tu sais Nabil… notre petite voisine n’a jamais eu l’occasion de le rencontrer ! Rappelle-toi, Tarak était très rarement à la maison ! Indiqua madame Dandelion.
- Mais oui, quel débile je fais ! Avec son agenda de Maître Pokémon, il ne quittait pratiquement jamais Winscor ! Mais mon frangin te reconnaitra, par-contre ! Je lui parlais tout le temps de nos après-midis de jeux quand il rentrait ! Rassura vainement Nabil alors que toute la gêne du monde se lisait sur mon visage.
- Il te faudra préparer la chambre d’ami ! Ils seront là dans deux jours et tu n’as encore rien fait !
- Ne te fais pas de mouron, maman, tout sera prêt ! D’ailleurs, tu pourrais m’aider Leava ! Ça nous fera super plaisir et puis je t’aiderais aussi à t’installer chez toi !

Il fut si sincère dans ses paroles que je ne me pus retenir ce sourire, à la fois soulagée et inexorablement préoccupée.

Nabil se leva alors du divan, s’étirant longuement.

- En tout cas, tu tombes au super bon moment ! Et si on allait chez toi pour terminer de ranger tes affaires ? Il se fait tard et tu dois être trop fatiguée après ton voyage !

C’était un euphémisme : je venais d’avaler beaucoup trop d’informations en quelques heures. Et maintenant, j’apprenais que j’allais rencontrer deux champions de la région. Le paradoxe de ma situation voulait que je sois partie justement pour m’éloigner du monde des matchs Pokémon.

Je me tins discrètement la tempe : ma tête recommença à cogner. Voltia se frotta à moi en poussant ses habituelles petits ronronnements empathiques.

Cette petite voisine aux cheveux clairs, elle n'existait plus.

Je devais leur dire.

(…)

Son nom a brulé, Il y a un an.

Tombé en cendres.


***