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L'incroyable épopée du Poireau Flamboyant de Lief97



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» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 01/04/2021 à 20:39
» Dernière mise à jour le 01/04/2021 à 20:39

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Humour   Médiéval   Région inventée

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Chapitre 3 : Trouver la bonne paire
Ticho, avec un mal de crâne lancinant qui le rendait encore plus exécrable que d’habitude, était parmi les plus pressés des voyageurs. Le Titanictamair était en vue du port depuis une poignée de minutes. L’immense embarcation, après avoir heurté un immense iceberg — qui, comme tout bon iceberg qui se respecte, n’avait causé aucun dégât ni fait ralentir le paquebot — était maintenant en train de s’approcher très doucement du quai pour préparer le débarquement des passagers.

Ticho grommelait depuis un moment, et se décida à profiter d’un avantage que d’autres n’avaient pas : ses ailes.

Ignorant la loi qui demandait à débarquer et à passer devant la douane, il quitta le navire en quelques battements d’ailes et fila vers la cité.

Il s’agissait de sa première fois dans une autre pays que Krénios depuis son arrivée dans ce monde : il avait face à lui, posée sur une haute colline pentue, la capitale de Kassos.

— Et évidemment, encore un nom de merde ! s’agaça Ticho en planant.

« Krados » était le joli nom de cette belle cité portuaire.

La ville paraissait immense : de nombreux quais et voiliers étaient bercés par le son des vagues sur les berges, et un quartier marchand animé résonnait de voix joyeuses, et faisait émaner un agréable fumet. Ticho survola les nombreuses terrasses de restaurant, et fila vers les hauteurs de la grande colline.

Les avenues devenaient plus pentues, et les rues en pierre donnaient un côté ancien à cette ville étonnante. Mais ce qui intéressait plus spécifiquement Ticho, c’était le stade qui culminait tout en haut : on apercevait ses murs éclatants, la coupole stylisée à son sommet et d’immenses poteaux surmontés de drapeaux, flottant librement au vent.

De nombreuses banderoles étaient suspendues sur les devantures des maisons, et des festivités semblaient avoir déjà commencé un peu partout dans les rues ; les Jeux Pokélympiques semblaient déjà avoir commencé, alors même que les inscriptions des participants étaient toujours en cours.

— Premier objectif, trouvé ! lança soudain le Canarticho, en repérant une longue file de Pokémon qui attendait au pied du stade.

Il plongea, laissant le vent marin lui caresser les plumes, et se posa devant un panneau d’informations. Il ignora l’artiste de rue qui s’était figé tel une statue plus vraie que nature, à quelques pas de là… un Spoink.

Cette fiction étant certes grossière mais encore tout public, le narrateur préfèrerait éviter d’avoir à dire ce qu’il arrive à un Spoink immobile. Ticho détourna donc le regard pour lire les nouvelles placardées sous son bec.

— « Inscription ouverte à toutes et à tous… », déchiffra-t-il maladroitement, « Inscription gratuite pour les participants, même morts », ouais, pourquoi pas, tichôôô…

Se lamentant en maugréant, face à d’autres lignes sans aucun sens, son regard capta soudain un détail étonnant.

— Hm ? « L’inscription ne peut se faire que via des duos ». Quôa ?

Il lut et relut cette ligne, et trouva quelques informations sous un astérisque minuscule.

— Cette édition des jeux n’accepte que des duos ? Deux pokémon par équipe… mais c’est un scandale ! Je savais que j’aurais dû forcer un de ces imbéciles à me suivre… si seulement j’avais pas été aussi pressé !

Une ultime chose le fit frémir.

— « Cinq jours avant la fin des inscriptions ». Mais quôa ? Vraiment ? Mais j’ai bien failli m’y prendre trop tard, en plus !

Cinq jours. Il avait cinq jours pour se trouver un partenaire fiable, capable de se montrer utile, de faire preuve d’un semblant d’intelligence. Un Pokémon, pas un humain. C’était les Jeux Pokélympiques, après tout.

— Merde ! C’est impossible de trouver un Pokémon fiable et intelligent dans ce monde… se rendit-il compte, songeur.

À peine arrivé, il était déjà confronté à un problème de taille. Il allait falloir fouiller Krados de fond en comble pour espérer trouver un acolyte.

La vision d’un drapeau, où flottaient cinq cercles de différentes couleurs, le fit tourner la tête vers le sommet du stade.

Là-haut, sur une belle affiche, se dressait majestueusement le dessin d’un poireau doré. Le Poireau Flamboyant.

— Il me le faut à tout prix ! s’égosilla-t-il, remotivé.

Il se tourna vers la file de participants, déjà en duo, qui se tenaient prêts à s’inscrire. Il réfléchit une minute, puis deux, et conclut enfin.

— Je vais organiser un entretien d’embauche, ici-même ! lança-t-il avec conviction.

Sur le coup, il trouva l’idée très ingénieuse.

Il va sans dire qu’il regretta vite son choix.



***



— Suivant ! lança Ticho.

Le Miaouss, la tête basse, s’éloigna en traînant les pattes. Ce fut au tour d’un Smogo de prendre le relais.

— Présentez-vous, points faibles, points forts… bref, pourquoi je devrais vous choisir vous et pas un autre ?

Ticho, las de devoir répéter cette introduction une quarante-sixième fois, leva des yeux fatigués sur le visage bouffi de son nouvel interlocuteur. Il avait posé son poireau en plastique sur la table devant lui, et tenait un stylo et un carnet. Il faisait semblant de prendre des notes, pour se donner un air.

— Bah, j’suis un Smogo… et… on m’appelle… euh… Smogo.
— Je vois, intéressant. Continuez.
— J’ai deux frères et une sœur. Euh… mon frère aîné, il s’appelle Smogo. C’est aussi… un Smogo, comme moi. Mon autre frère, bah… c’est aussi un Smogo, qui s’appelle, euh, Smogo. Ma sœur, elle…

Ticho leva un sourcil.

— … bah, c’est aussi une Smogo, mais…
— Oui ?

Le Canarticho s’approcha, intrigué par cette drôle d’histoire de famille.

— … elle s’appelle pareil, Smogo. Et mes parents eux, bah… ce sont des Smogogo. Ma mère s’appelle, euh… Smogogo, je crois… et, bah, mon père, lui… il s’appelle Smogogo, j’pense.
— T’as fini de te payer ma tronche ? lança rageusement Ticho en balançant son stylo au visage du Pokémon Poison. J’m’en fous, de ton arbre généalogique de dégénéré ! T’es ici pour un entretien d’embauche et participer aux Jeux ! Donne-moi tes points forts, merde !

Le Smogo rougit de honte, et sautilla d’un nuage de vapeur sur l’autre, embarassé.

— Euh, bah… j’dirais que j’suis assez fort pour, euh… faire des champignons à la vapeur toxique… ouais, c’est clairement un talent inné, chez moi… Mon frère Smogo et ma sœur Smogo sont pas au point à ce niveau-là, mais ma mère Smogogo, elle, peut faire une rissolée vénéneuse de…

Ticho grinça des dents — oui, des dents.

— Ça suffira, merci. Tu peux te barrer, maintenant.
— Je suis pris ? demanda Smogo, plein d’espoir.
— À ton avis, abruti ? Tu sais où je vais te les enfoncer, tes champignons ?

Déçu, le Pokémon fit demi-tour. Ticho laissa ses épaules — oui, ses épaules — s’affaisser de dépit. Il n’y avait plus personne face à lui. La file d’attente s’était vidée, après environ trois heures d’entretiens.

— Ça ne donne rien… soupira Ticho, désemparé.
— Si je peux me permettre de vous déranger… lâcha une petite voix dans son dos.

Ticho sursauta et se retourna. Un Tranchodon, intimidant de par sa carrure et ses écailles acérées, s’était approché en toute discrétion. Mû par un réflexe, Ticho lâcha un cri de peur :

— Hiii ! Me mangez pas !
— Oh, non, non, rassurez-vous, je suis végétarien.

Ticho passa une aile sur son front, soulagé. Il avait oublié que les apparences étaient trompeuses, dans ce monde. Que ce soit à Krénios ou à Kassos, ou même, ici, à Krados…

— Vous voulez passer un entretien ? s’étonna Ticho.
— Oh, non, non ! Je ne compte pas participer aux Jeux.
— Je peux vous aider, alors ? Si c’est pour un renseignement, je suis un touriste, tichôôô…

Le Tranchodon le rassura en secouant vivement la tête. Le reptile désigna la paperasse qu’il tenait dans sa main droite.

— Je suis journaliste, voyez-vous. Les Jeux Pokélympiques sont un évènement international, et je me dois de rédiger beaucoup d’articles pour participer à l’engouement général. En réalité, j’aurais préféré devenir poète, mais… la vie est faite ainsi.

Il poussa un soupir mélancolique, laissant Ticho abasourdi. Un Tranchodon poète, même lui avait du mal à se l’imaginer !

— Bref, reprit le Dragon. J’ai remarqué votre volonté de participer, mais il vous manque un partenaire, c’est bien cela ?
— Ouais, carrément.

« Dommage que tu ne participes pas, tu as l’air si intelligent comparé à ce Smogo ! » se retint-il de dire.

— Cela vous plairait-il, que je fasse un article sur vous ? Il sera publié dans tous les journaux dès demain matin. Ça vous donnera un peu de visibilité, tout en me permettant de faire mon travail de journaliste, qu’en dites-vous ?
— Avec plaisir ! Si ça peut me permettre de trouver un partenaire plus rapidement…
— Oh que oui, je peux vous l’assurer !

Tout content, le Tranchodon paraissait soudain excité par la perspective d’une interview.

— Vous allez voir, je travaille pour le Nékipan ! Mes directeurs, un Polarhume et un Békipan, sont parmi les éditeurs les plus populaires du pays ! Ce petit coup de pub va vous permettre de trouver un allié dès demain, j’en suis convaincu.

Ticho aurait presque versé une larme de joie. Il avait enfin, pour la première fois de sa vie, un peu de chance ? C’était presque trop beau pour être vrai !



***



— Il aurait pu choisir une meilleure photo de moi, tichôôô !

Tenant le Nékipan du jour dans ses ailes, Ticho observait avec un mélange de circonspection et de satisfaction l’article du journal le concernant. Il s’était attendu à un petit article invisible, mais le Tranchodon journaliste avait fait bien mieux : il l’avait tout simplement mis en première page. Le gros titre était le suivant : « Un piaf de Krénios veut le Poireau Flamboyant ! ».

Niveau discrétion, c’était raté.

Mais après tout, la discrétion, Ticho s’en fichait royalement ! Il était là pour retrouver un nouveau compagnon, fiable, loin d’une Julie geignarde ou d’un Alakazam encombrant. Il n’avait qu’un but : pouvoir de nouveau serrer dans ses ailes un poireau, un vrai.

« Pouêt… » lâcha tristement le poireau en plastique quand Ticho referma le journal.

Il avait passé la nuit sur un perchoir dans un hôtel pour Pokémon de Type Vol. Étant donné sa volonté de participer aux Jeux Pokélympiques, le gérant avait décidé de lui offrir la nuit ; après une longue et rude négociation empreinte de menaces à peine voilées.

— Ce qu’ils peuvent être radins, ici ! râla Ticho.

Quittant le rebord de fenêtre où il s’était perché pour lire le journal, notre protagoniste à plumes décolla, filant vers le stade. Le soleil était levé depuis une heure à peine, mais il était grand temps de reprendre les entretiens pour le recrutement. Il lui fallait un duo, et avec un peu de chance, ce journal fraîchement publié allait ramener du monde près du stade. Des Pokémons seraient peut-être intéressés à l’idée de le rejoindre ?

En parvenant en vue de son comptoir, Ticho remarqua que pour l’instant, il n’y avait personne à l’attendre. Sauf… Tranchodon.

Le journaliste se tenait prêt du comptoir, le regard dans le vague, son stylo suspendu au-dessus d’une page vierge.

— Bah alors, t’as dormi là ou quôa ? s’étonna Ticho en se posant sur la table.
— AAAAAAAAAAH ! rugit Tranchodon, terrorisé.

Ticho devint livide et rata de peu l’évanouissement ; le Dragon, lui, secoua la tête, reprenant soudain ses esprits.

— Oh, c’est vous, vous m’avez fait peur ! J’avais oublié que vous étiez capable de surgir des cieux !
— Bah, je vole, c’est normal…

Il hocha la tête vivement, et parut soudain pris d’une inspiration étrange.

— « Ô belle volaille volante ! Dans les nuages, tu danses la zumba ! De ton bec acéré, tu découpes des entrailles larmoyantes ! » Oh, j’aime beaucoup ce début.

Tranchodon, accaparé par son poème improvisé, griffonna enfin quelque chose sur sa feuille blanche, l’air fier.

— Euh… hésita Ticho, inquiet. Tu voulais devenir poète, c’est bien ça ?
— Oui, c’est mon rêve encore aujourd’hui !
— J’comprends mieux pourquoi t’as jamais réussi…
— Pardon ?
— Non, rien.

Ticho pivota et se plaça comme il faut derrière son comptoir. Le soleil dardait sur lui de pâles rayons de lumière. Les rues pavées du sommet de la colline commençaient, doucement, à prendre vie.

— Tu vas rester ici ? demanda Ticho, surpris.
— Oh, j’aimerais bien, si vous me le permettez. Je suis curieux de voir si vous allez réussir à trouver un partenaire.

Ticho soupira. Bah, si ça lui chantait ! Sa présence était moins dérangeante que ses amis de Krénios… pour le moment.

Il fallut seulement attendre quelques minutes pour que les premiers arrivants apparurent.

— Vous vous appelez… ? demanda Ticho.
— Aquali.

Le Pokémon, un mâle à en juger sa voix, paraissait mal à l’aise.

— Votre spécialité ? continua le Canarticho.

Près de lui, il entendait Tranchodon en train de griffonner Arceus-sait-quoi sur ses calepins. L’Aquali rougit.

— Bah, euh… je peux cracher des flammes à quinze mètres…
— Et en natation, ça se passe comment ?
— J’ai la phobie de l’eau…

Ticho tendit l’aile vers sa gauche.

— Très bien, au revoir !

L’Aquali, la tête basse, passa son chemin. Ticho, embarassé, pivota vers Tranchodon :

— Au fait…
— Oui ?
— On est au courant du genre d’épreuves qui nous attend, dans ces Jeux Pokélympiques ?

Il avait été assez bête pour venir jusqu’ici sans être vraiment au courant : il se doutait que le tout reposait sur des épreuves physiques, mais… c’était tout. Tranchodon secoua la tête.

— Non, malheureusement ! Chaque année, les règles changent. En général, c’est une dizaine d’épreuves qui s’enchaînent dans le stade, ou ailleurs… mais cette année est déjà bien différente des autres. L’originalité, c’est sans conteste cette participation en duo !
— Mouais, j’aurais préféré y aller seul, vu la tronche des volontaires…

Un Balignon approcha, et se posa sur la table, face à Ticho.

— J’m’appelle Balignon, m’sieur !
— J’aurais jamais deviné ! ironisa le canard.
— J’suis super fort en sprint, m’sieur !
— Dans ce cas, va-t’en en courant le plus vite et le plus loin possible d’ici ! Arrête-toi quand tu seras vieux !
— À vos ordres, m’sieur !

Le Balignon déguerpit sans se retourner, soulevant une traînée de fumée dans son sillage.

— Il va vite, le bougre ! s’étonna Tranchodon. Si je peux me permettre, cher Ticho…
— Ouais ?
— Pourquoi avoir renvoyé si vite ce Balignon ? Il n’était pas si terrible que certains…
— C’est le gimmick du « m’sieur » en fin de phrase. Ça m’a donné des frissons d’angoisse. Je connais des gens qui ont d’autres gimmicks dans ce genre, ça m’aide à repérer les incompétents au premier coup d’œil.
— Je… je vois…

Plusieurs volontaires passèrent devant Ticho, attirés par l’article du Nékipan. Ticho passa rapidement de l’un à l’autre, de plus en plus agacé au fur et à mesure des échanges.

Il en vit de toutes les couleurs : Un Rayquaza atteint de vertige, un Nostenfer détenteur de la vitesse de pointe la plus faible du monde, un Ptéra végétarien rêvant d’ouvrir son propre fast-food, ou encore un Nœunœuf avec un trouble de la personnalité multiple. Sans parler de ce Solaroc lunatique si épuisant…

— Aucun d’entre eux ne veut vraiment participer aux Jeux ! s’énerva Ticho après un moment. Ils me parlent tous de trucs sans aucun rapport !
— Il est possible que ce soit la perspective d’un article qui les attire… supposa sagement Tranchodon. Ils rêvent de passer dans le journal avec vous… pour devenir populaires.

Le journaliste baissa la tête, dépité.

— Je suis navré, Ticho. Je crains que mon article n’ait pas eu l’effet que nous recherchions…

Le canard agita l’aile :

— Mais non, mais non ! C’est pas de ta faute, c’est à cause de tous les abrutis qui pullulent dans cette ville !
— Excusez-moi, c’est bien ici, pour l’entretien ?

Ticho sursauta. Quelqu’un venait de se hisser sur la table, peu aidé par la présence de toutes petites pattes jaunes.

Un Pichu.

— Oui, c’est bien là, grommela Ticho. Laisse-moi deviner, tu as la phobie des électriciens ?
— Moi ? s’étonna le petit Pokémon. Non.

Ticho haussa les sourcils. Il tenait peut-être quelqu’un d’intéressant ?

À bien y réfléchir, il n’avait encore jamais vu de Pichu, dans ce monde de fous. Mais pourtant, ça lui disait quelque chose…

Il blêmit.

Pichu ?

— L’Infâme Pichu ? s’étrangla Ticho.
— Oh ? On se connaît ? On s’est rencontré en soirée, peut-être ? Dans la boîte de nuit du port, c’est ça ? Désolé, je m’en souviens mal, j’ai abusé de la vodka.

Ticho secoua la tête vivement.

— Non, non ! C’est juste que… votre réputation vous précède !

Tranchodon paraissait sceptique. Lui, il n’avait jamais entendu de l’Infâme. Peut-être que Pichu n’était pas si connu que ça, dans ce pays ?

Tout ce que Ticho savait de lui, il l’avait appris par la bouche de ce sataniste d’Azurill. Pichu était l’objet du culte auquel il avait appartenu autrefois : il était, à ses yeux, un dieu des enfers, ou une connerie dans le genre. Mais c’était probablement un Légendaire, dans ce monde. Donc… avec des pouvoirs pétés.

Ce Pichu pouvait être à la fois un danger mortel et un allié de qualité.

— Hm… tu serais sans doute le choix le moins pire…
— Pardon ?

Ticho remarqua seulement les petites cornes rouges visibles sur le crâne du Pichu. Difficile de dire si elles étaient vraies ou non, mais cela rappela brutalement au canard qu’il avait affaire à une créature potentiellement capable de le réduire en poussière.

— Je te prends ! Bienvenue dans l’équipe.
— Cool, lâcha le Pichu avec légèreté. Ça fait longtemps que je n’ai pas eu d’amis !
— Ah, vraiment ? pâlit Ticho.

Il le considérait comme un ami, déjà ?

« Ça sent les emmerdes, tichôôô ! »

— Oui, les derniers ont fini en grillade, malheureusement…

Cette nouvelle jeta un froid. Tranchodon et Ticho échangèrent un regard terrifié, sans toutefois oser se montrer trop curieux. Une poignée de patte plus tard, puis quelques papiers signés, et hop ! Ticho et Pichu furent enregistrés comme une équipe à part entière des Jeux Pokélympiques.

Il ne restait plus qu’à attendre la cérémonie d’ouverture, les épreuves, et l’occasion — enfin ! — de s’emparer du Poireau Flamboyant.



***



— Maître Azurill, il y a un problème ?

Timothée le Taupiqueur avait bien remarqué un changement dans le comportement de son professeur vénéré. Alors qu’il buvait un chocolat chaud sur la terrasse d’un restaurant du port, le petit Pokémon ayant subi sans le savoir un lavage de cerveau admirait Azurill.

Ce dernier, assis face à lui avec une tasse de café dans une main et un journal dans l’autre — les fameuses mains d’Azurill, oui — gardait la bouche grande ouverte, stupéfait.

— Oui, un gros problème, Timothée.

Soudain, le joyeux Taupiqueur s’obscurcit, ses yeux rougeoyèrent, et il prit une voix grave et caverneuse.

S’il y a un problème, je me charge de l’annihiler, Maître Azurill. Si tel est votre désir.
— Non, non… bois ton chocolat chaud, et laisse-moi réfléchir.
— Oui, Maître Azurill ! reprit-t-il de sa voix fluette.

Azurill songea intérieurement que ce lavage de cerveau avait drôlement affecté la personnalité de Timothée. Il n’était pas un personnage important, donc ce n’était pas si impactant, mais ça restait inquiétant d’avoir un jeune élève prêt à tuer pour lui faire plaisir…

Azurill, livide, reposa le journal devant lui.

Le pire, c’était cette nouvelle qui venait de tomber. En une du Nékipan, Ticho et Pichu venaient de former un duo pour participer aux Jeux.

L’Infâme Pichu, en personne ! Celui qu’il vénérait et adorait plus que tout ! Il était revenu…

— Il compte récupérer son Poireau Flamboyant, son arme favorite… comprit-t-il dans un chuchotement.

Azurill, bien décidé à l’aider, était prêt à faire tous les sacrifices nécessaires pour l’emporter. Il ne comptait plus tout faire pour gagner la première place ; il allait tout donner pour évincer les autres participants des Jeux, et propulser Pichu et cet insupportable Ticho sur la première marche du podium !

— Et ainsi, je redeviendrais un sataniste voué à l’Infâme, le plus incroyable et machiavélique jamais vu ! Hahahaha !
— J’aime bien votre rire de méchant, Maître Azurill ! Mais vous avez du café autour de la bouche. Vous voulez que je l’essuie ?
— Ferme-là, Timothée…