Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Faire face de Serekai



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Serekai - Voir le profil
» Créé le 11/08/2020 à 11:30
» Dernière mise à jour le 09/09/2020 à 17:38

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 7 : La route vers la montagne
Au petit matin, alors que le soleil d'avril pointait le bout de ses rayons et que le mercure grimpait déjà, j'étais fin prête pour quitter la ville. Deux voies s'offraient à moi pour commencer mon ascension vers la ligue. J'avais hésité entre Joliberges et Charbourg pour mon premier challenge contre un champion. Cependant, après avoir lu et écouté des témoignages de dresseurs et d'anciens aspirants à la maîtrise de la ligue, j'avais appris deux choses.

Premièrement : Charles, le champion de Joliberges était le père de Pierrick de Charbourg. Il était plus vieux et plus expérimenté, faisant de lui un adversaire plus redoutable.

Deuxièmement : Charles était connu pour son Steelix et son manque de subtilité. Ce pokémon était l'un des plus violents du tournoi, connu pour avoir tué plus d'un pokémon venu le défier. Le serpent de fer avait un taux de létalité frisant avec le Carchacrok de Cynthia et son maître ne faisait guère d'efforts pour l'empêcher de broyer ses ennemis.

Donc, Pierrick serait moins dangereux que son père. Même à bas niveau, Charles n'était pas un adversaire recommandé pour un novice.

J'allais quitter le centre pokémon, lorsque je remarquai quelque chose de suspect. Une haute silhouette disparut derrière un paravent de bois, se dirigeant vers les toilettes.

Curieuse, je l'identifiai bien vite. J'avais retrouvé l'individu d'hier, c'était l'homme à l'imperméable beige que j'avais heurté en ville. Ce type me semblait très bizarre, aussi eus-je l'idée saugrenue de le suivre et de le confronter.

Ma curiosité avait don de m'offrir de grandes opportunités, mais également de m'attirer des ennuis. Mais au milieu de tout ce monde, je me dis naïvement que je n'avais pas grand-chose à craindre. Il ne pourrait rien tenter d'illégal.

L'homme s'était visiblement dirigé vers les toilettes pour handicapés. C'était une pièce unique et plus large, parfaite pour se cacher et agir en toute quiétude.

Alors que j'étais proche de la porte, aucun son ne me parvint. Enfin, aucun depuis les toilettes. Je collai mon oreille à la porte, curieuse de ce qu'il pouvait bien faire.

- Vous avez trouvé ce que vous cherchiez, Miss Noyer ? me demanda une voix grave.

Surprise, je fis un petit bond et me retournai. Je vis l'homme aux cheveux grisonnants me fixer avec sévérité, depuis l'arrière de la porte principale du couloir.

- Agent Beladonis, des forces de police internationales, se présenta t-il en me montrant sa fameuse carte rangée dans son imperméable. Nous devons discuter, me dit-il avec calme. Allons marcher en ville.

Je ne savais pas vraiment comment réagir, mais je ne pouvais pas réellement discuter un ordre de cet agent. Désobéir à un policier m'apparaissait comme un choix idiot, surtout quand j'étais prise en faute.

Nous marchâmes dans une rue calme de l'est de la ville. C'était une ruelle pavillonnaire, avec des maisons entourées par leurs jardins. Quelques pokémon étaient sur les toits, dont un Bekipan qui plongea dans une piscine, poussant un cri en s'ébrouant.

Beladonis ne dit pas un mot et moi non plus. Je n'avais aucune idée de quoi dire.

- C'était … assez irresponsable, jeune fille, finit-il par dire avec un ton réprobateur. Vous êtes curieuse et quelqu'un de moins bien intentionné que moi aurait pu rendre votre journée des plus déplaisantes.

Il s'avança, imposant. Par réflexe, je fis un pas en arrière.

- Vous êtes une novice, avec une équipe que je pourrais facilement neutraliser.

Ses yeux bruns semblèrent flamboyer, tandis qu'il se faisait plus menaçant. Je reculai de plus en plus, avant de buter contre une clôture.

- Maintenant, vous voilà seule et isolée, conclut-il. Je pourrais aisément vous faire taire dans cette ruelle et probablement personne ne viendrait vous aider.

Je déglutis, faisant un geste vers ma ceinture, essayant d'être discrète. Au premier craquement de mon sac, un Mimigal caché sous son manteau projeta un fil de soie sur ma main, avant de cracher une autre salve qui passa près de ma tête.

- Vous avez de la chance que je ne veuille pas vous porter préjudice, finit-il en rappelant son pokémon, s'éloignant de moi.

- Je … je vous remercie pour cette leçon, Monsieur, me bornais-je à dire en déglutissant.

Il hocha la tête, revenant vers la rue principale. Je me précipitai hors de la ruelle, pour me retrouver dans une rue plus large. Cependant, il fallait admettre que c'était calme, car la plupart des citadins étaient au travail ou à l'école, voire de sortie. Même ici, je n'aurais pas eu forcément d'aide.

- J'espère que vous serez d'autant plus prudente à l'avenir, Mademoiselle. Vous ne devriez pas vous montrer si imprudente. Si jamais vous apercevez des malfrats, signalez-les, mais n'essayez pas de jouer à l'héroïne solitaire. Les agents du crime organisé n'agissent jamais seuls, soyez en consciente. Vous n'êtes pas Mirai Karashina et j'espère que vous ne serez pas J la chasseuse.

Je le remerciai pour ses conseils, alors qu'il regardait autour de lui. Je ne sus pas ce qu'il recherchait exactement, mais il sembla un peu moins tendu après quelques secondes.

- Il est temps de nous séparer, annonça t-il en pressant le pas, redescendant la rue avec un rythme rapide.

J'étais encore sur le choc de cette rencontre, j'avais eu de la chance cette fois-ci. Je devais vraiment garder cette leçon en tête. Si cet agent avait pris la peine de me prévenir, de me donner des conseils de l'école de police, autant ne pas lui manquer de respect et appliquer ces astuces.

C'est sur cette bonne résolution que je quittai la ville de Féli-Cité. La route 203 serait ma prochaine étape en direction de Charbourg.

Rien qu'à regarder cette voie, je compris ce qui m'attendais. Une route de terre damée, des chemins tortueux montant vers les racines de la montagne. Et encore, la Petite Chaîne n'était qu'un massif secondaire, comme son nom le laissait deviner. Bien plus loin vers l'est, dans les brumes du lointain, je pouvais deviner l'imposante silhouette du mont Couronné qui dominait Sinnoh.

- Allez, un peu de courage, me dis-je en préparant mon ascension.

La montée vers la montagne était plus fatigante qu'une marche ordinaire. En temps normal, on marchait à son rythme, réussissant à trouver une vitesse satisfaisante. Ici, la pente fatiguait plus vite l'organisme, sans parler des autres pièges. Le gravier sur le sol dérapait facilement sous chaque pas, de même que les rochers gisant sur ce chemin de terre délavé.

Pire encore, la route n'était pas régulière. Le sentier de montagne était irrégulier, ne me permettant pas de pouvoir avancer en ligne droite. Les talus et les falaises hautes de plusieurs mètres coupaient la voie, forçant à emprunter des sentiers serpentant entre les roches et les ronces.

Des dresseurs arpentaient ces collines, je m'en doutais. Pourtant, c'est après une demi-heure de route qu'une tête émergea des fourrés, entre un pin et un gros buisson de baies tomato.

- Eh toi, dresseur ! Je te défie ! cria le bondissant blondinet, avant de me reconnaître.

Il sourit, sautant entre des plants de lavande sauvage.

- Salut Lizzie ! dit-il en parlant avec son débit rapide. Alors, comment ça se passe pour toi ? Tu as fait des progrès ? Je veux te montrer les miens !

Je soupirai un instant, avant de reprendre une expression sérieuse et d'accepter son défi, qu'il avait déjà amorcé. Il serait difficile de progresser sans me mesurer à quelqu'un ayant sensiblement commencé en même temps que moi. Ce serait un bon moyen de jauger mes progrès.

- Etole, go ! scanda t-il en envoyant son Etourmi.

De mon côté, c'est Fernando qui passa à l'attaque. Mon félin avait un peu d'expérience dans l'attaque d'oiseaux et il marcha avec calme, faisant des pas de côté.

Son Etourmi attaqua en volant, tentant de prendre Fernando de vitesse. Cependant, grâce à ses réflexes, mon félin évita la première attaque et contra la seconde avec ses griffes.

Soudainement, l'oiseau piqua, le bec en avant. Mon Lixy se tendit et je lui ordonnai d'attendre.

- De coté ! criais-je trois secondes avant l'impact.

Fernando obéit, laissant son réflexe musculaire le propulser à gauche de l'Etourmi, qui percuta le sol.

Immédiatement, le prédateur se rua sur le volatile, pour le plaquer au sol.

- Ne le tue pas ! ordonnais-je avec appréhension.

A ma surprise, il obéit. J'avais déjà sa ball en main, prêt à le rappeler s'il désobéissait. Cependant, mon ton sérieux avait du lui paraître assez explicite, puisqu'il mit à terre l'Etourmi sans le tuer, refrénant son instinct de chasseur.

Robin rappela son pokémon. Fernando vit la masse de chair et de plumes se muer en énergie rouge, disparaissant sous ses griffes.

Le blond fit appel à son second pokémon, celui avec lequel il était parti de Bonaugure.

Ouisticram était clairement le plus dangereux. Face à lui, le chaton ne ferait pas le poids, mais Amazonas non plus. Il ne me restait plus qu'un seul pokémon avec de l'expérience et qui n'était pas vulnérable au feu. Mon équipe était assez limitée, seul Keunotor pouvait apprendre des capacités aquatiques.

Châtaigne s'envola, se posant sur mon épaule. Ses battements d'ailes étaient un peu plus assurés désormais et c'est avec courage qu'il vola vers le primate ardent. Le singe bondit furieusement, mais mon pokémon l'évita, se mettant hors de portée.

Ouisticram lui adressa un regard mauvais, projetant des flammèches vers mon pokémon qui dessinait des cercles dans l'air. Je ne pouvais pas me contenter de rester éloigné, mon pokémon n'allait pas esquiver éternellement. Plus je restais passive, plus je risquais de me prendre une attaque, c'était un pur calcul mathématique.

- Vive-Attaque, commandais-je, passant à l'offensive.

Immédiatement, l'Etourmi à la grosse tâche marron descendit en piqué. Il frappa le bras gauche avant de reprendre de l'élan, amorçant un second assaut.

Lors du second impact, il frappa la hanche du primate, mais reçut un coup de griffe, le déstabilisant un bref instant.

Mon rival ordonna d'utiliser Flammèche, mais Châtaigne avait eu le réflexe de s'envoler et de bifurquer, sentant les braises roussir l'extrémité de ses rémiges sombres.

Alors que Ouisticram reprenait son souffle, je fis un signe à mon pokémon. Immédiatement, il saisit cette occasion et attaqua de nouveau, frappant violemment le pokémon au torse.

Ouisticram recula et tituba, tombant sur les fesses. Robin comprit qu'il n'y avait plus rien à faire et prit la décision de rappeler son pokémon, me concédant la victoire.

Robin me regarda, choqué. Il bafouilla quelques secondes, digérant sa défaite.

- OK, j'ai perdu, admit-il, la mâchoire serrée. Mais sache que c'est la dernière fois que je perds contre toi ! Je vais devenir le plus fort dresseur du monde. Je vais m'entraîner pour y arriver, sois en certaine !

Il fila vers Féli-Cité, sans doute pour soigner son équipe. Sa stratégie n'était pas idiote. Rester à proximité d'un centre pokémon pour s'entraîner et pouvoir se soigner en cas d'imprévu était un bon moyen de progresser sans trop de risques.

De mon côté, j'avais envie d'explorer cette route. C'était le chemin le plus direct vers Charbourg et une initiation à l'ascension des montagnes. Ce n'était qu'un avant goût du mont Couronné, mais ce serait un bon exercice pour mes jambes.

En fait, c'était plus dangereux que ce que je prévoyais. Le chemin était rocailleux et grimpait doucement, avec des éboulis instables. Ces agglomérats formaient des barrages précaires pour des mares qui menaçaient de se vider ... au point de transformer une part de la route en un torrent furieux.

En terme de faune, je ne croisais rien d'intéressant, à part des meutes de Keunotor.

C'est pas possible, j'allais m'arracher les cheveux ! J'en avais assez de ne trouver que ces trucs ! Je saturais de voir ces bestioles qui pullulaient dans les hautes herbes ! Je voulais de la diversité, je voulais voir un écosystème complexe, pas toujours ces espèces invasives !

Le sol était assez instable. Il fallait bien faire attention ou l'on mettait les pieds, car l'amas de roches de taille variables, la terre et les aiguilles de pin enchevêtrés rendaient difficile d'appréhender quelle partie était fermement maintenue … et ce qui risquait de glisser sous chaque pas. C'était un paysage beau mais dangereux, bordé de pins et d'herbes terminées par des fleurs. Les graminées blanches servaient de supports à des cocons d'un rouge bourgogne, abritant des nymphes de Crikzik.

Il y avait aussi des essaims de Crikzik qui dansaient en groupe dans le ciel. Les insectes étaient en formation, volant en étoile, bougeant en un rythme parfait.

Même si c'était beau, j'avais les insectes en horreur et je n'ai eu aucun regret a ne pas avoir pu en capturer un.

En parlant de ces insectes au taux de croissance indécent, un gosse avait fait le malin sur mon chemin. Il m'avait alpagué alors qu'il urinait dans lit d'un torrent asséché, à l'ombre d'un chêne liège ... la grande classe. Il avait remonté sa fermeture éclair, couru vers moi en me défiant, criant qu'il avait un Crikzik et un Nosferapti.

Il faut admettre que c'est très facile de triompher, lorsque l'adversaire gueule sa stratégie avant de lancer le combat.

Le seul risque réel durant ce combat fut lorsque son pokémon à la carapace d'un rouge grenat utilisa l'attaque Patience.

Dans ce cas, lorsque l'on pouvait voir la furie luire dans le blanc des yeux de l'insecte, il suffisait d'attendre et de porter le coup décisif au bon moment, juste lorsque le pokémon baissait sa garde pour attaquer.

Après cet arrêt impromptu, je dus reprendre mon ascension vers le col de Charbourg. La pente était encore plus abrupte, alors que les arbres étaient toujours épars, leurs racines plongeant dans la terre ocre. Parfois, quelques végétaux étaient à flanc de montagne et je me demandais comment ils faisaient pour ne pas basculer et s'écraser sur le sentier.

Le gravier et les feuilles crissaient sous le souffle du vent, soulevés par le reflux qui balayait la pente. A mesure que je progressais, le vent se fit de plus en plus fort et irrégulier. Mes cheveux flottaient dans mon dos, quelques mèches passant devant mes yeux de temps à autre lorsque les bourrasques changeaient d'orientation. Peut-être que je pourrais les raccourcir lorsque je repasserais par une grande ville.

Cette idée me trotta dans la tête, alors que je poursuivais ma route. Rapidement, je me concentrai sur ma marche. Je me focalisai sur ma respiration, avançant à mon rythme. Mon rythme était lent, le dénivelé me cachant des ravines et d'autres obstacles, m'obligeant à faire des détours par des sentiers instables.

Je n'ai atteint le sommet que le lendemain. Après une autre journée de marche ponctuée d'escalade, j'ai réussi à atteindre l'extrémité de ce val. Mais … je n'étais pas au bout de mes peines.

La chaîne devant moi était haute et menaçante. Elle faisait le tiers du mont Couronné selon ma carte, mais lorsqu'on était au pied de ces pics, ils étaient très impressionnants, piquant vers les cieux grisonnants. Fort heureusement, il n'était pas nécessaire de l'escalader. Une grotte percée dans la masse grise permettait de traverser la petite cordillière. Les éboulis dégagés étaient couverts de lignes jaunes et rouges, formant un code simple. Les autorités avaient pensé à baliser le chemin de façon synthétique. Il me suffirait d'aller tout droit et au seul embranchement, de prendre la voie de droite qui bifurquait vers l'est.

Près du pas de la grotte, un vieil arbre projetait un peu d'ombre sur une jeune fille avec un bandana bleu. Elle restait assise, adossée au tronc noueux, faisant une petite pause. En voyant son visage, je devinai qu'elle devait être plus âgée que moi.

- Salut dresseuse, dit-elle en relevant son visage orné d'un grain de beauté au dessus du sourcil droit.

Sa veste de jean délavée était décorée de pins et d'un bijou bien plus important, que je reconnus sans mal. C'était une pokéball marron stylisée, légèrement écrasée au niveau du pôle inférieur.

- Tu as le badge charbon ? m'écriais-je, entre l'étonnement et l'excitation. Tu as vaincu le champion ?

- Yep, il y a trois jours, me répondit-elle avec un sourire. Je te donne même un truc … enfin si tu bats mon pokémon. Je file rien gratos, faut pas déconner.

Je me doutais qu'elle cherchait à se détendre après avoir parcouru la grotte et je n'allais pas me défiler. Face à un pokémon inconnu, j'allais privilégier le plus puissant dont je pouvais disposer.

Amazonas apparut, faisant face à un Psykokwak au bec ébréché.

- Bulles d'eau ! ordonna la blonde, ne perdant pas de temps.

La tortue se replia instinctivement, encaissant les bulles qui éclatèrent contre sa carapace ocre, se brisant en libérant leur contenu qui ruissela sur sa nuque.

Amazonas trotta vers le palmipède, qui ne sembla pas bouger, attendant avec un regard absent.

- Attaque Vol-Vie ! indiquais-je en faisant un mouvement du poignet. Ne serres pas trop !

Mon pokémon mordit le canard, prenant soin de ne pas brusquement fermer son bec sur son bras. Psykokwak avait tendance à libérer ses puissants pouvoirs lorsqu'il avait mal, alors il était préférable d'éviter de lui infliger une douleur vive.

La blonde donna ses instructions, mais le canard n'arrivait pas à se libérer de la lourde masse accroché à lui, ni même à la griffer sérieusement. Mes consignes restèrent les mêmes, me bornant à laisser mon pokémon drainer lentement l'oiseau aquatique, pour ne pas qu'une douleur trop vive ne le fasse entrer en transe.

La dresseuse au bandana hésita, avant de faire revenir son pokémon.

- Tu as été fantastique, chuchota t-elle à sa sphère.

Elle me regarda, avec une petit sourire, me donnant ma récompense.

- Pas mal, tu as toutes tes chances avec un pokémon plante. Pierrick utilise des pokémon roche et ils sont très lents. Tu n'auras pas trop de mal avec un Tortipouss ... à moins d'être la reine des Tritonde.

- Merci du conseil, fis-je lui rendant son sourire. C'est encore loin Charbourg ?

Elle regarda la grotte, la jaugeant du regard.

- Environ une demi-journée. Honnêtement, vu l'heure qu'il est, tu ferais mieux de planter ta tente et d'y aller demain.

Je décidai de suivre son conseil. Elle m'avait l'air assez honnête.

- Pour ce soir, tu veux partager ma toile de tente ? lui proposais-je.

La blonde me sourit, acquiesçant, avant de me tendre la main.

- Je m'appelle Marianne.

Je serrai sa main, me présentant à mon tour. C'était assez étrange comme sensation, de nous sourire, face-à-face, fières mais amies.

Nous marchâmes un peu, pour nous rapprocher d'un torrent ruisselant depuis la falaise rougeâtre. Au moins, nous aurions de quoi nous laver et nous désaltérer.

Je déployai l'armature de la tente, alors qu'elle montait la toile. Le bivouac fut aisément installé et je pris quelques pierres pour installer un feu de camp. Elle déposa les brindilles au milieu, avant de souffler, essuyant son front ruisselant de sueur.

- Je vais me laver, annonça t-elle en haletant peu élégamment ... et tu devrais en faire de même. L'ascension a été éprouvante, ça te fera du bien. Tu pues ...

J'en avais bien besoin, je le savais. Cependant, elle aurait pu me le dire de façon plus diplomatique. Je devais admettre que j'aimais bien son franc parler, direct et sans fioritures.

Marianne se dévêtit devant moi, sans pudeur. Elle marcha vers la petite rivière et s'assit dans l'eau froide. Elle avait un gant de crin brun, frottant sa peau avec son petit savon fait d'écorce de Noadkoko.

Elle me proposa son savon et je ne me sentis pas capable de refuser.

Je la rejoignis dans le torrent, me frictionnant bien vite, tête basse. Je n'osai pas la regarder, ne voulant pas passer pour une voyeuse.

Elle ne prêta guère attention à ma fine silhouette plate, terminant ses ablutions en s'aspergeant d'une façon enfantine. La blonde sourit, ses cheveux tombant derrière elle et un filet de mousse glissa sur son front.

Je me frictionnai très vite, ne m'attardant pas dans le ruisseau. L'eau fraîche et ma pudeur me poussant à accélérer ma toilette. Dès que je fus lavée, je m'enroulai dans ma serviette, me séchant aussi rapidement que possible.

Elle passa devant moi, s'étirant en s'exposant de façon indécente, avant de remettre une simple robe de nuit légère. J'en fis de même, prenant un briquet et allumant le feu.

Les flammes projetèrent une lueur orangée sur nos visages, séchant nos cheveux, alors que nos pokémon restèrent autour de nous.

Le silence du crépuscule était apaisant et ma colocataire d'une nuit m'observa.

- T'es pas du genre très bavarde, je me trompe ? commença t-elle avec ce même sourire.

Je lui fis un petit signe de tête. J'avais toujours préféré écouter et observer que parler.

Mes pokémon étaient en train de m'imiter, s'adaptant peu à peu à mon attitude. Amazonas était couché avec nonchalance, éloigné du feu. Il avait mis un peu de distance, contrairement au Psykokwak de Marianne qui regardait les flammes avec une sorte de fascination. La lueur dansait dans ses grands yeux blancs et vides.

Fernando se réchauffait près du foyer sur lequel ma camarade d'aventure avait posé une coupelle ou des boulettes de viandes chauffaient dans leur sauce. L'odeur de friture était alléchante et même Châtaigne semblait lorgner dessus, depuis son perchoir sur la tente.

Les goinfres avaient reçu leurs rations avant même que nous ne commencions à faire cuire la nôtre. La viande et les baies avaient vite été englouties, puis Fernando s'était mis à ronronner près du feu. Amazonas s'était offert un dessert comme complément, arrachant des petites plantes terminées par de masses pelucheuses.

Marianne prit alors deux petits bonbons bleus dans sa poche, les gardant dans la paume de sa main, les offrant à son pokémon.

- Prends, Maurice, murmura t-elle en les plaçant sous son bec.

Le gros pokémon renifla les friandises avant de les engloutir, cancanant avec joie. Il sautilla, montrant un certain entrain ... avant de se prendre la tête entre ses petites griffes, retournant à sa contemplation silencieuse.

- Oui, tu es formidable ! le félicita t-elle en caressant son plumage ocre.

Mes pokémon observèrent la scène. Fernando eut un regard de dédain, comme s'il ne voulait pas être caressé tel un vulgaire animal de compagnie. Châtaigne se posa sur mes cheveux, comme il en avait l'habitude. Son vol avait l'air bien plus assuré, moins erratique dans ses battements d'ailes. Il gaspillait moins d'énergie dans ses mouvements, ce n'était que plus bénéfique.

Amazonas, mon premier et plus fidèle pokémon, vint vers moi. Il poussa un léger coassement, penchant la tête sur le côté gauche. Il était visiblement curieux. Lorsqu'il la penchait du coté droit, c'est qu'il était méfiant.

- Oui, je vais bien, le rassurais-je en le grattouillant sous la gorge.

Il avait confiance, ne reculant pas instinctivement sa tête à l'intérieur de sa carapace. Il restait calme, appréciant mon contact sur ses écailles sèches et tendres.

- Tout ce qui compte, c'est que nos pokémon nous fassent confiance, murmura Marianne en se couchant dans le duvet situé sous la tente.

J'approuvai d'un signe de tête, avant d'éteindre le feu et de venir me coucher à mon tour.

- Ca fait longtemps que tu es dresseuse ? lui demandais-je, pour essayer de connaître ma colocataire d'une nuit.

- Dix mois environ, compta t-elle. j'ai passé pas mal de temps près de chez-moi à retravailler ma stratégie. J'ai voulu aller défier Charles à peine six mois après avoir obtenu mon Sankoki.

Elle me regarda, le regard embué.

- J'ai perdu toute mon équipe ce jour là et j'ai du repartir de zéro. C'est dur, mais … je ne serais plus prise au dépourvu.

- Je suis désolée, balbutiais-je, ne sachant pas quoi dire devant cette horrible situation.

- Ne t'inquiète pas, tu ne pouvais pas savoir, tenta t-elle de me rassurer en posant une main sur mon épaule. J'ai fait mon deuil et j'ai décidé d'aller de l'avant. Juste … ne sous-estime jamais les champions. Ils ont beau devoir s'adapter à leur challenger, ils ont leur réputation à défendre.

Je savais qu'un champion était soumis à une pression énorme, devant obéir au règlement implacable de la ligue. Il ne pouvait pas décerner trop de badges, sous peine de subir une enquête pour juger de ses compétences. Il ne pouvait pas perdre plus de trois combats d'affilée, sous peine d'être démis de leur fonction et de se retrouver au chômage. En général, s'ils étaient en situation délicate, le troisième challenger devait s'attendre à une très forte opposition.

Même sans ça, leurs règles étaient strictes et ils fixaient un nombre limité de pokémon et d'objets permis pour chaque combat.

- Maintenant que tu me dis ça, je stresse encore plus, avouais-je en songeant à mes chers pokémon.

- Comme je te l'ai dit … tu as toutes tes chances, me rassura t-elle. Pierrick a des pokémon très lents, mais qui tapent fort. Cependant, ils sont très vulnérables aux attaques spéciales. Ton Tortipouss est si petit, qu'il pourra glisser entre les protubérances de roche de son Onix. Son étreinte est puissante, mais ne marche que sur les gros pokémon.

Je l'écoutai, écoutant ses conseils et ses observations. Elle ne m'avait rien dit sur les deux autres.

- Tu ne peux ou ne veut rien dire ? insistais-je.

- Eh bien … je n'en ai pas forcément l'envie, répliqua t-elle avec un sourire enjôleur. Ses Racaillou sont des blagues, il les trouve dans la mine et les dompte à peine, juste de quoi faire durer le combat plus longtemps. Si tu ne sais pas en affronter un, c'est absolument pathétique. Quant à son dernier … eh bien disons que si je te dis tout, ce ne sera absolument pas un challenge.

Elle avait raison. Je devais découvrir une partie des choses par moi-même et m'attendre à l'imprévu. Je devais pouvoir m'adapter et réfléchir par mes propres moyens.

- Merci des conseils, lui dis-je en bâillant. Passe une bonne nuit.

Elle me le rendit, relevant son sac de couchage avant de fermer les yeux.