CHAPITRE 5 : Choix
La nuit passée fut horrible. Mon emploi du temps me laissait cette matinée libre et les travaux en face de chez moi ne continuaient pas les mercredis, tout était parfait pour récupérer pleinement de ce début de semaine chargé. Malheureusement, mon subconscient en avait décidé autrement. Ma venue à Unionpolis devait me servir à tourner la page, pourquoi avait-il fallu que je subisse cet horrible cauchemar. Même à Verchamps ils n'étaient pas aussi violents que ça. Où était passé ce sourire qui me réconfortait dans ma tristesse ?
J'allumai la télévision afin de me changer les idées. J'avais de nombreux enregistrements de concours pokemon de niveau master, seuls les pros y participaient. Kimera, la championne de la ville, produisait un spectacle grandiose avec son fameux Magireve. En parallèle, je confectionnais souvent des accessoires pour habiller des pokemon. J'en faisais de toutes sortes : des cotons, des plumes, des écailles et des fleurs. En ce moment, je travaillais sur un plus grand projet : je tricotais une capuche Tiplouf, pokemon star à Sinnoh. J'y mettais beaucoup de temps et d'attention, j'allais arriver à sa finalité. Le résultat était plutôt satisfaisant, fallait-il encore l'essayer sur un pokemon. Cela irait à ravir à mon futur Chaglam !
D'ailleurs, l'heure de l'échange se rapprochait à grand pas. Sans le vouloir, je jetais régulièrement un coup d'œil sur le joli dessin d'Akimi. Takeshi souriait, Cradopaud aussi. Je sortis les deux monstres pour leur laisser un moment d'adieux. Vortente gesticula dans tous les sens autour du crapaud immobile. La plante carnivore vit mon coffret à accessoires et les lança dans tous les sens. Je m'empressai de l'arrêter, mais il m'esquiva en récupérant la capuche Tiplouf. Ball en main, j'allais écourter ce moment gracieusement offert qui avait pris une tournure de chahut. Cependant, Vortente avait habillé Cradopaud avec la capuche. Sa couleur azur faisait parfaitement ressortir la teinte bleue nuit de la peau de l'amphibien. Elle avait pile les bonnes dimensions. Ce costume avait réussi à masquer un peu sa laideur.
Cette idée m'avait déboussolée sur le coup, le sentiment d'une telle sympathie à son égard était nouveau. Je les rappelai confusément dans leur Ball. La capuche atterrit délicatement sur le parquet, je la dépoussiérai rapidement car elle avait été en contact avec les deux crapules. Hygiène avant tout ! Je me dépêchai ensuite de ranger tous les accessoires, Vortente avait mis une pagaille pas possible, et je n'avais pas eu le temps de le gronder. Quelle plaie. Pas étonnant que son annonce n'attirait personne.
La boule au ventre, je montais à l'étage du Centre pokemon. J'avais sûrement hâte de recevoir ce magnifique Chaglam. Je pourrais enfin me promener dans les rues d'Unionpolis accompagnée d'un mignon pokemon, et je monterais sur scène à ses côtés, sous la lumière des projecteurs. Devant le guichet d'échange, un grand homme assez étrange se tenait debout. Il avait de longs cheveux verts et une longue chemise blanche. Son style atypique était surtout du à son masque orange : il avait certainement essayé de se déguiser en pokemon dragon, je trouvais cela d'un ringard ... Ce genre d'accoutrement était caractéristique des Pokemaniac.
L'homme comprit que j'étais la propriétaire du Cradopaud en se présentant bel et bien comme Hiro. Apparemment il était assez pressé, on n'eut à peine le temps de sympathiser que l'on rentra déjà dans la salle d'échange. J'aurai préféré en apprendre plus sur lui pour savoir avec qui Cradopaud passerait le reste de sa vie. Mon attention fut détournée par les éloges qu'il faisait de son Chaglam. Il voulait le laisser à un coordinateur car les concours pokemon n'étaient pas sa tasse de thé. Avant que je pusse lui demander, il ajouta qu'il prendrait bien soin de Cradopaud car il s'intéressait énormément au Grand Marais et à sa faune. Il avait placé la Pokeball de Chaglam dans la machine à échange.
Ma main tremblait. L'évocation du Grand Marais me déstabilisa, je réentendais encore le bruit atroce de la bombe. Puis, le visage dépourvu de sourire de Takeshi me hanta à nouveau. Un profond sentiment de culpabilité m'envahit. J'étais paralysée. L'espace d'un instant, je pensai que d'échanger Cradopaud était une grosse erreur. Mais pourquoi ? Ce type, bien que bizarre sur les bords, avait l'air d'aimer les pokemon. Et puis ce Chaglam, je l'attendais depuis un moment. Pourquoi j'hésitais au moment fatidique ? Mon cœur me criait de faire machine arrière.
Hiro me tapota sur l'épaule en souriant. Il me rassura en me disant que mes larmes étaient la preuve de mon implication en tant que bonne dresseuse. Puis, il me promit d'en prendre soin. A ces mots, je réalisais que je l'avais fait. Oui. J'avais échangé le Cradopaud de Takeshi. Je ne le reverrais certainement plus jamais. A ce moment-là, je remplis ma tête de mauvais souvenirs de Cradopaud, à toutes les fois où il m'avait manqué de respect, à cette fois où il avait rendu impossible le rêve de mon cher frère. J'essuyai ma petite larme et je conditionnais mon cerveau de cette manière afin de ne pas être rongée par les remords.
Hiro, lui, était tout de suite heureux. Il sauta de joie et partit aussitôt comme un voleur. La politesse était optionnelle chez lui. Je réalisai ensuite que j'avais dans ma main la Pokeball de ce fameux Chaglam. L'hôtesse du service d'échange me renseigna un peu sur ses caractéristiques principales et ses capacités. Je les prenais en note de peur d'oublier. A la sortie du Centre pokemon, je sortis ce magnifique chat cendré. D'un regard fier, il fit tournoyer sa longue queue en tire-bouchon et se frotta contre moi. Il avait un pelage si doux, le caresser était très agréable. Son apparence svelte lui donnait un air d'élégance incomparable. J'étais charmée.
Vu l'heure, je n'avais pas le temps de retourner à mon appartement car je commençais le boulot à 13h. Je le montrerais fièrement à Mme Miyazaki pour évaluer ses affinités en terme de catégorie pour les concours.
Fière de mon tout nouveau pokemon, je le laissais en liberté. Il restait près de moi comme si nous nous connaissions depuis toujours. Hiro s'était vraiment bien chargé de son éducation. Devant la Poffinerie, Mme Miyazaki m'attendait avant de reprendre. Elle était très à cheval sur les horaires, il fallait toujours arriver cinq minutes en avance pour pouvoir préparer son plan de travail. Elle aperçut Chaglam et s'approcha. Evidemment, elle le trouva magnifique, mais un air de déception se dégageait de son visage. Je ne savais pas pourquoi elle avait tant apprécié Cradopaud, elle aurait bien aimer le cajoler à nouveau.
Au milieu de notre petite discussion routinière d'avant service, un client sortit de la boutique, et le félin s'infiltra dedans tel un cambrioleur aguerri. Sa rapidité et sa furtivité m'avait impressionnée, mais ce n'était pas le cas pour ma patronne qui s'élança à sa poursuite. Chaglam se rua sur les paniers de commandes terminés ce matin même et qui allait se faire livrer dans quelques minutes pour le Centre commercial de Voilaroc. Il miaula méchamment sur Mme Miyazaki qui tentait de sauver ses commandes. Son saut d'humeur si soudain m'avait laissé abasourdie, je savais que ces pokemon étaient en général lunatiques, mais son état de rage actuel était vraiment démesuré. Il sortit ses griffes pour nous dissuader de le perturber pendant son repas. Ses grandes pupilles bleues s'étaient dilatées. Le mignon petit chat s'était ainsi transformé en une créature démoniaque prêt à attaquer quiconque osant le déranger. Dans un instant de lucidité, je le rappelai dans sa Ball pour l'arrêter.
Une partie de la commande avait été dévorée par le félin bipolaire. Mme Miyazaki n'avait pas le temps de refaire les Poffins manquants. Un avis négatif sur cette livraison était inévitable, la patronne avait toujours l'habitude de préparer des commandes à la perfection et sans erreur. Elle me passa un léger savon, mais s'énerva surtout sur l'agressivité et la désobéissance de Chaglam. Je me proposai de faire des heures supplémentaires dans la semaine pour me racheter de cet incident importun. Mon pokemon lui avait laissé une très mauvaise première impression, cela serait déplacé de lui demander de faire son observation pour trouver son affinité de catégorie. J'essayais tant bien que mal de lui trouver des excuses pour détendre l'atmosphère, mais sa colère n'allait pas s'estomper si facilement, la mignonnerie n'était pas un argument valable pour ma patronne.
Je faisais donc profil bas le reste de la journée tout en me donnant à fond dans la préparation de mes commandes pour me rattraper. Chaglam m'avait vraiment mis dans une situation embarrassante, mais je ne lui en voulais pas. Il n'avait pas pu résister à ces délicieux Poffins, cela aurait pu arriver à n'importe quel pokemon qui n'en avait jamais goûté, non ? Il devait être vraiment affamé pour réagir comme cela. Il y avait forcément une explication rationnelle à ce changement de comportement, j'en étais convaincue.
A la fermeture de la Poffinerie, la tension descendit, Mme Miyazaki retrouva son tempérament calme et posé. Elle me souhaita une bonne soirée, mais elle me mit en garde sur le comportement de Chaglam. J'acquiesçai sur le coup, mais je ne me faisais pas de soucis, il avait le droit d'avoir un temps d'adaptation. Après avoir dîné, je nourris Vortente à part sur le balcon pour ne pas gêner le joli chat. Celui-ci lui jetait un regard narquois à travers la baie-vitrée. Ils n'avaient pas l'air de s'apprécier. J'avais rapporté cinq Poffins aux goûts différents pour déterminer la préférence de Chaglam. Contrairement à la plante carnivore, il s'approcha délicatement de l'un des biscuits disposés devant lui, et le dégusta précieusement. Rien à voir avec son attitude de midi !
Son choix se porta sur le rose, à la baie Pêcha. On avait donc le même goût ! Ce rose là pétilla de bon augure, il colorerait mon avenir de gaité et de bonheur.
Il aimait donc les Poffins sucrés, ce qui signifiait que la catégorie "grâce" lui conviendrait le mieux. De plus, il connaissait les capacités "Bluff" et "Charme" qui rapportaient beaucoup de points dans cette catégorie. Je me voyais déjà sur scène avec lui. Je sortis aussitôt ma boîte d'accessoires pour les essayer sur Chaglam. Il fallait que je réajustasse la capuche Tiplouf, mais les cotons, les plumes et les écailles lui allaient à ravir. Je l'entendais ronronner, il avait l'air d'apprécier son costume.
Nous nous amusions tellement à mettre en scène notre prestation pour les concours que j'avais oublié Vortente sur le balcon. Aussi il avait été étrangement calme comparé à d'habitude, il devait sans doute être triste de ne pas voir Cradopaud. La soirée en compagnie de Chaglam était parfaite, je me sentais comblée par l'affection mutuelle que j'entretenais avec mon nouveau pokemon. Je n'avais jamais eu une relation fusionnelle avec les pokemon de Takeshi ...
Comme convenu, je passais la fin de la semaine à travailler dur. Le week-end arrivait enfin. Je prévoyais de passer la journée à me promener dans Unionpolis avec Chaglam. En effet, depuis mon arrivée dans cette magnifique ville de rêve, je n'avais pas eu vraiment le temps de l'apprécier pleinement et d'explorer ses moindres recoins. Chaglam avait eu une attitude irréprochable mis à part le coup à la Poffinerie. Je commençais à cerner son caractère, il était assez gourmand et aimait goûter à tout. L'odeur ,inconnue pour lui, que dégageaient les Poffins avait du lui faire perdre le contrôle. Il donnait l'impression d'avoir bien compris la leçon et se comportait docilement à chaque fois que je lui présentais des biscuits. Ce nouveau pokemon avait un effet thérapeutique sur mon deuil, je ne faisais plus du tout de cauchemars, je pensais de moins en moins à Takeshi, et surtout au choc de l'explosion du Grand Marais. Je commençais à croquer la vie à pleines dents.
En ce beau samedi ensoleillé, je décidai d'enfin entrer dans la prestigieuse salle de concours d'Unionpolis. Il y avait toujours autant la foule, les amateurs de ces compétitions distinguées, comparé aux combats de brutes, se faisaient de plus en plus communs à Sinnoh. Son influence s'étendait même à l'étranger, un dénommé Marc, champion dans la région océanique d'Hoenn, brillait sur la scène dans les compétitions master de beauté. Le Milobellus qu'il élevait incarnait la sublimité maritime à l'état pur, ses écailles éclatantes hypnotisaient le public. Ce maître des pokemon aquatiques n'avait rien à envier à Kimera.
Malgré le monde présent dans le hall d'entrée, je scrutais tous les détails de la pièce avec entrain. Le sol entier carrelé était d'un rose bonbon bien flashy, orné de motifs en forme de ruban. Les murs roses dragées ornés de grands rideaux bleus saphirs donnait une profondeur remarquable. Cette décoration intensément rosée était parfaite à mon goût. Ma couleur préférée, bien qu'assez clichée pour une jeune fille comme moi, me rappelait la saveur douce et sucrée de la baie Pêcha.
Sur la gauche se trouvait un grand mur garni de cadres. Des photos de grands gagnants mémorables occupaient la surface, Kimera et Marc étaient évidemment présents ici. Je regardais mon magnifique petit Chaglam, il semblait lui aussi émerveillé par cette ambiance. Cela me donnait de plus en plus envi de tenter ma chance sur scène avec lui.
Un jeune homme m'interpela : « Bien le bonjour jeune demoiselle. Votre pokemon est resplendissant ! Vous êtes une coordinatrice ? Je n'ai pas le souvenir de vous avoir déjà vu ici ? ».
Il m'avait un peu surprise, je restai muette un instant tout en l'observant. Ses cheveux indigos s'allongeaient gracieusement sur les côtés. Il était vêtu d'un smoking crème d'un tel chic, sa prestance me déstabilisa. Il comprit mon embarra et esquissa un sourire charmeur pour se présenter. Il s'agissait de Germain, un des trois juges des concours d'Unionpolis. Je savais que ce visage m'était familier, mais son charme était bien plus puissant qu'à la télévision. Je lui expliquais donc que je venais d'emménager récemment dans la métropole, mais que j'étais une grande fan des concours.
Il m'invita vers le guichet de droite en me disant « Comme avec tout, le plus important, c'est d'assimiler les bases. Il faut de l'entraînement pour briller en concours ! ». Une scène était disponible, surtout aux débutants, pour pouvoir se familiariser avec l'environnement et appréhender trois épreuves lors d'un concours.
Dans l'ordre, l'épreuve de style ouvrait les hostilités : il fallait habiller son pokemon en respectant un thème donné. Ensuite, l'épreuve de danse offrait un spectacle rythmique et entraînant qui comblait surtout les spectateurs. La dernière, celle de comédie, était la plus technique et la plus stratégique. Il fallait présenter à l'un des trois juges les capacités de son pokemon en surpassant celles des autres participants afin de remporter le plus de points. Le gagnant remportait un magnifique ruban et son portrait était affiché plus ou moins longtemps sur le mur de l'entrée.
La Pokemontre de Germain se mit à sonner, son rôle de juge ne lui laissait pas beaucoup de temps libre. Il m'offrit un Poffin orangé avant de me quitter. Chaglam garda son calme à la vue de ce biscuit à l'effluve mystérieuse. Je le coupai en deux pour nous le partager. Sa saveur d'une douceur exquise s'empara de mon palais, je me sentais comme sur un nuage. Après ce léger moment d'euphorie gustative, je m'inscrivis au guichet d'entraînement pour préparer une chorégraphie et exercer Chaglam à exécuter gracieusement ses capacités.
Le week-end passa, puis ma deuxième semaine à Unionpolis s'enchaîna aussi rapidement. Lorsque j'avais une demi journée de libre, je répétais avec Chaglam nos prestations pour chaque épreuve d'un concours. Comme on le disait si bien, « le temps passe vite quand on s'amuse ». Préparer de nombreuses commandes de Poffins me gonflait à bloc ! Mme Miyazaki félicitait la qualité de mon travail. Les promenades dans cette ville vivante m'aérait tellement l'esprit, même près de la fameuse cathédrale. Je n'avais que de bons souvenirs en tête, je respirais au quotidien la joie de vivre. La compagnie de Chaglam me rendait tellement heureuse !
Néanmoins, lors des dîners, Vortente se chamaillait avec le félin de l'autre côté de la baie-vitrée. Lui qui aimait tant me coller, je pouvais comprendre sa jalousie, mais je n'avais tissé aucun lien avec cette plante carnivore, nous n'avions jamais réussi à nous comprendre. J'avais arrêté de lui donner des Poffins car il les engloutissait de la même manière que sa pâtée, quel gâchis ! Il avait quand même de la chance de sortir les mardis après-midi, à la demande de Mme Miyazaki, lors de notre pause hebdomadaire sur la place des fontaines. Ma patronne avait fini par pardonner à Chaglam, mais elle restait tout de même sur ses gardes, et préférait caresser le turbulent Vortente.
Je lui avais parlé de mon entraînement pour les concours et de ma première participation prévue pour samedi. Elle ne m'encouragea pas tellement, et trouva que c'était un peu trop prématuré de concourir avec un pokemon reçu par échange même pas deux semaines auparavant. Elle ne comprenait pas la complicité qui nous liait à travers cette intense passion commune pour la scène et l'élégance. Ces propos n'allaient certainement pas me démotiver ! Nous travaillions dur ensemble ! Certes, en général, une relation se développait sur le long terme, mais parfois il existait quelques exceptions où le feeling passait dès le premier contact. Impossible à décrire concrètement, cela se sentait incontestablement.
Le jour J arriva. J'enfilai ma chère tenue de sœur parasol en l'honneur de Takeshi. Son rose éclatant tapait à l'œil et mettait mes formes en valeur. Je prenais le soin de me coiffer parfaitement et je brossais tendrement Chaglam, tout en le nourrissant de ses Poffins préférés. Pour les concours, je tenais à renvoyer une image gracieuse et irréprochable. La première impression avec les juges et le public était des plus importantes. Un coordinateur expérimenté gagnait forcément en notoriété, je comptais bien percer dans ce milieu. Cependant, l'essentiel était de participer, monter sur scène avec mon pokemon et éblouir la foule et les écrans avaient toujours été mon rêve le plus fou. La victoire m'était plutôt secondaire. Je n'en restais pas moins déterminée à remporter ce concours à ma première participation, je donnerais mon maximum.
La sonnette retentit. Un instant d'étonnement me laissa figée. Mme Miyazaki se tenait devant ma porte. Elle me complimenta gentiment, et souhaita me soutenir dans le public aux côtés de Vortente. Je ne pouvais pas tellement lui refuser. En plus, la plante mouvante obéissait docilement à ma patronne. Par contre, mon autorité ne l'atteignait pas, il avait vraiment de la chance que Mme Miyazaki l'appréciait tant. Des gradins, il pourrait admirer la complicité qui m'unissait avec Chaglam, mon unique pokemon mignon et discipliné.
Quelques heures plus tard, je me trouvais immobile dans le couloir derrière la scène de la salle de concours d'Unionpolis. J'entendais le bruit résonnant des spectateurs qui vibrait en moi. J'avais ainsi changé de camp, je n'observais plus les coordinateurs montrer leur talent : c'était à mon tour d'exposer les fruits de notre entraînement avec Chaglam. Mon corps naviguait entre le stress et l'excitation. J'attendais l'appel de mon nom par le juge en chef, Denis, pour me présenter sur le plateau, face au public, sous le feux des projecteurs. La tension était à son comble.