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» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 15/04/2019 à 15:13
» Dernière mise à jour le 11/06/2019 à 21:11

» Mots-clés :   Action   Guerre   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

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Chapitre 6 : Le clocher de Bhataïs
« L’espoir est le pilier du monde. » Proverbe africain.


***


Étrangement, Lyco et Lacrya ne tombèrent sur aucun mercenaire. Leur longue nuit de marche, prudente mais rapide, les avaient exténués. Mais l’obscurité n’avait permis à aucun d’eux, ni même à Plume, de repérer la bande qui les précédait. Sans doute avaient-ils été pressés de rejoindre Bhataïs ? S’ils avaient continué à avancer malgré la nuit, ça expliquerait leur avance considérable. Ou alors ils avaient un abri creusé dans un canyon, qu’aucun d’eux n’avait repéré.

Après tout, ils avaient croisé d’autres sentes pendant leur progression nocturne : les Hauts-Éboulis étaient bien plus labyrinthiques qu’ils l’avaient imaginé.

Dans tous les cas, les deux voyageurs furent les premiers surpris de découvrir, alors que la nuit commençait à se disperser pour laisser les premiers rayons de l’aurore pointer à l’horizon, que les Hauts-Éboulis étaient en passe d’être franchis.

Les ravines s’étaient faites de moins en moins profondes, de plus en plus écartées… jusqu’à se transformer en simples colonnes vertébrales rocheuses, praticables et même simples à escalader. Des rochers et quelques pics solitaires s’élevaient par-ci par-là, entre quelques buissons aux branches griffues.

Ils n’avaient rien trouvé à manger, pendant la nuit, et avaient terminé leurs ultimes provisions pour se réconforter. Mais fort heureusement, la lumière leur dévoila leur arrivée au détour d’une colline rocheuse.

Un paysage étonnant s’étendit sous leurs yeux ensommeillés. Même Plume se montra étrangement silencieux et contemplatif, perché sur un rocher pour les attendre.

Après une légère pente s’étendait une vaste plaine, moins sèche que celles du pays de Mervald. Par endroits, de l’herbe poussait dans la terre ocre, s’étendant en taches émeraude au pied des buttes qui parsemaient la vallée. Une rivière coulait, reflétant les rayons matinaux, et serpentait doucement dans un coin du paysage. Quelques goélises planaient loin dans le ciel, signe que l’océan n’était probablement pas très loin.

Mais le plus impressionnant, c’était sans aucun doute la ville qui grouillait de vie au pied d’une haute butte. Et le clocher en ruines qui était perché au sommet de cette dernière.

— C’est ça, lâcha Lyco, éberlué. C’est bizarre… je n’ai pas l’impression que ça a changé.

Lacrya tourna la tête vers lui, souriant devant ce spectacle et son air ébahi. Elle soupira de soulagement ; Bhataïs n’était donc pas une ville fictive, issue de l’imagination du garçon. Ses souvenirs n’étaient pas des faux, et ses rêves flous n’étaient pas non plus à prendre à la légère. Elle en avait la preuve définitive.

Il ne restait qu’à atteindre ce clocher, à y trouver ce que Lyco avait autrefois abandonné là, et à entamer le voyage de retour.

— Avant d’y aller, si on dormait un peu ? proposa Lacrya en plissant les yeux devant la lumière qui s’accentuait.

Lyco, dont les cernes ne mentaient pas, acquiesça vivement et désigna une cavité un peu plus loin. Il fallait dire que cet endroit ne manquait pas de cachettes et de recoins parfaits pour un petit somme. Ils laissèrent Plume monter sagement la garde et se promirent de se rendre à Bhataïs dans l’après-midi. Ils allaient récupérer un peu, puis se ravitailler en ville, avant de s’attaquer à ce clocher si imposant.



***


Bhataïs n’avait pas grand-chose de différent, par rapport aux autres petits villes qui pullulaient autour du Désert de la Désolation.

Le cœur de la ville, une large avenue sableuse mais pavée en grande partie, était encadrée de bâtiments en pierre, plus ou moins solides, et de nombreux étals chargés de quelques victuailles s’étendaient de part et d’autre de la route. Malgré cette apparente opulence, de nombreux mendiants quémandaient de l’argent aux marchands et aux clients qui erraient dans la ville.

Lyco et Lacrya, en se ravitaillant, remarquèrent bien vite que des bidonvilles, tentes et cabanons s’amoncelaient au pied de la butte ; ils étaient presque invisibles derrière toutes ces demeures de pierre, mais toujours là. Règne de Mervald ou non, la pauvreté et la misère stagnaient.

La seule véritable différence était sans doute l’absence de milice ou de soldats ; mais un climat plus tendu semblait faire étouffer la ville. Les gens avaient le regard fuyant, des voiles ou des capuchons cachaient la plupart des visages, et les armes pendaient, bien visible, à la taille de chacun de ses habitants.

L’endroit, bien qu’assez bondé, était aussi étonnement silencieux. Peu de paroles étaient échangées, ou alors très vite et très bas. Comme si les gens ne voulaient pas se faire remarquer. Comme si le danger était présent, même en plein jour et au cœur de la ville.

Lyco et Lacrya le comprirent rapidement ; avec leurs gros sacs et leur visage découverts, ils ne passaient pas du tout inaperçus. Ils sentirent même plusieurs personnes les dévisager un peu trop fixement à leur goût. Ils eurent vite fait d’acheter à un marchand taiseux de la viande séchée, de l’eau et des fruits secs, avant de vite s’enfoncer dans des bidonvilles déserts pour rejoindre la butte.

— Je n’aime pas cet endroit… souffla Lacrya à voix basse.

Elle serrait les poings ; ses gants cloutés aux phalanges semblaient prêts à être utilisés. Lyco hocha la tête et lui répondit sur le même ton.

— C’est l’anarchie, ici. Ils n’ont pas de chefs. Ils craignent sûrement une fusillade ou des bagarres…
— Trouvons vite une route pour aller au haut de la colline, j’ai l’impression d’être suivie… chuchota Lacrya en regardant furtivement derrière elle.

Lyco suivit son regard. La ruelle sombre qu’ils venaient d’emprunter était déserte. Les volets d’une maisonnette branlante claquèrent au vent, mais les fenêtres recouvertes de sable et de poussière ne permettaient pas de distinguer qui que ce soit de l’autre côté.

Les bidonvilles paraissaient étrangement vides.

En continuant d’avancer, ils passèrent entre des tentes et sentirent bien vite une odeur de brûlé flotter dans l’air ; un relent âcre et putride, qui les força à se pincer le nez pour continuer à
marcher.

— Il y a eu un incendie… constata Lyco sans ralentir.

Des tissus brûlés, des ruines et d’immenses tas de cendres s’accumulaient entre des détritus divers, qui pourrissaient à l’air libre. Quelques cornèbres et chacripans semblaient se disputer le corps chaud d’un homme désormais méconnaissable. Ils passèrent leur chemin à grands pas, comprenant que Bhataïs ne valait pas mieux que d’autres villes sous le joug de Mervald.

— Là-bas ! lança soudain Lacrya.

Elle désignait un chemin qui grimpait le long d’une pente, et permettait vraisemblablement de rejoindre les hauteurs de la colline. Ils s’y dirigèrent, laissant ce spectacle tragique derrière eux. Ils se détendirent soudain en rejoignant le sentier, abrité par des buissons touffus. Ils accueillirent la fraîcheur de l’ombre avec soulagement, et ralentirent le rythme de leurs pas.

— Tu as remarqué ? dit soudain la jeune femme. Il n’y avait plus personne dans les bidonvilles. Les gens ont dû partir après l’incendie.
— Sûrement. Ils sont peut-être installés de l’autre côté… mais peu importe. On y est presque.

Il releva la tête, et ses yeux brillèrent, tentant de distinguer le haut de la butte ou la pointe du clocher entre les feuilles des arbres. Mais la colline, dont ce versant était plutôt boisé, ne leur permettait pas de voir très loin devant eux, ni derrière.

Lyco, l’oreille tendue, devint de plus en plus rassuré. Si quelqu’un les avait bel et bien suivis depuis l’avenue de Bhataïs, la désagréable sensation d’être surveillé avait disparu à l’instant où ils s’étaient dirigés sur ce sentier. Aucun son louche ne provenait de derrière eux.

Ils allaient pouvoir inspecter tranquillement le clocher, si tant est que personne n’y avait trouvé refuge…



***


Le chemin était bien plus pentu qu’escompté ; bien vite, Lyco et Lacrya furent contraints de faire une pause, accablés par la chaleur et la fatigue. Ils prirent deux minutes pour s’asseoir sur un muret et boire un peu, en échangeant quelques mots. La végétation, jusque-là assez dense, venait juste de s’éclaircir un peu. Ils avaient maintenant une vue plongeante sur Bhataïs et son avenue centrale, ainsi que sur l’étendue des bidonvilles brûlés par l’incendie.

Les dégâts paraissaient considérables ; il devait bien y avoir un tiers total de la ville qui avait subi les flammes.

Au loin, le paysage ocre s’étendait à perte de vue, jusqu’à ce que les aspérités des Hauts-Éboulis apparaissent. S’ils n’avaient pas été là pour prendre autant de place, les deux voyageurs auraient sans doute pu espérer apercevoir la lisière sud des Forêts de l’Est.

Ils se dépêchèrent après cette courte pause de grimper le reste de la butte. Silencieux et essoufflés, ils prirent une dizaine de minutes à atteindre le sommet à ciel ouvert de la colline. Un vent chaud les accueillit avec force, alors que les dernières traces de buissons et d’arbres disparaissaient presque totalement. Quelques rochers les remplaçaient, ainsi que des murs de granit d’une autre époque. Les restes d’un bâtiment qui avait probablement été autrefois lié au clocher.

Ce dernier tenait debout, mais de près, on voyait bien qu’il avait souffert du temps et des intempéries. Des pans de murs manquaient dans les hauteurs, dévoilant son squelette vide aux yeux de tous. La pointe du clocher, d’un métal rouillé et surmonté d’une statue de pokémon impossible à identifier, était légèrement de travers, comme prête à tomber.

Ils avancèrent en longeant un mur de briques plus récent, et prirent garde aux reptiles en avançant dans des hautes herbes qui poussaient là. Enfin, après quelques dizaines de mètres, ils atteignirent un espace plus dégagé, ponctué de pierres dégrossies qui semblaient être les restes d’un bâtiment, eux aussi.

— Je ne voyais pas tout ça si grand, d’en bas… lâcha Lacrya en posant une main sur une grosse pierre.

Le contact contre sa paume était frais, presque froid. De la mousse commençait, par endroits, à recouvrir le tout. Lyco fronça les sourcils. Un début de migraine le titillait.

— Je t’avoue que cet endroit n’apparait pas comme ça, dans mes souvenirs… c’est assez flou, mais je ne crois pas que c’était en si mauvais état.
— Des pillards ont sûrement fait le ménage depuis, alors…

Ils se turent, craignant le pire. En se dirigeant vers le clocher, ils aperçurent enfin à son pied des morceaux de bâtiments qui tenaient encore debout, et qui possédaient un toit. L’ombre procurée par les tuiles anciennes permettait de plonger dans la fraîcheur de plusieurs salles abritées. Lyco et Lacrya, comprenant qu’il allait falloir rentrer et se méfier de potentiels habitants, dégainèrent leurs armes.

Lyco prit les devants et avança dans la pénombre, laissant ses yeux lentement s’habituer à la lumière plus faible. Quelques trous dans la voûte laissaient tomber des rayons obliques à l’intérieur. L’écho de leur pas ne tarda pas à être répercuté avec force entre les murs.

Un mouvement sur leur droite les figea. Brandissant leur lames dans cette direction, ils ne tardèrent pas à repérer trois formes assises contre un vieux meuble en bois. Un vieil homme amaigri tenait un couteau tendu devant lui. Deux gamins en haillons l’encadraient, visiblement effrayés par leur arrivée. Lyco observa les alentours ; il n’y avait personne d’autre. Devant la question silencieuse de Lacrya, il hocha la tête. Elle rangea son sabre, il l’imite sans un mot, et la jeune femme s’agenouilla devant eux, à une distance respectable du couteau.

— On ne vous veut aucun mal. On ne va rester là que très peu de temps. Désolée pour le dérangement.

Les enfants semblèrent vaguement rassurés ; mais pas assez pour faire se relâcher le vieil homme qui paraissait les protéger. Ce dernier fixa Lacrya un moment, en silence, sa dague pointée vers elle. Puis il poussa un soupir et abaissa son arme.

— Une fille si polie… grommela-t-il. Vous ne devez pas être du coin, tous les deux…

Lacrya se redressa. Lyco, resté en retrait, s’approcha doucement et demanda :

— Vous vivez ici ? Il n’y a personne d’autre ?
— Non, personne, répliqua le vieux assez sèchement. Sont partis.

Lacrya haussa les sourcils.

— Partis ? Où ça ?
— J’en sais rien, ma p’tite. Sont partis. À cause de Kesner.

Voyant que ses interlocuteurs ne saisissaient pas ce qu’il racontait, le vieil homme soupira de nouveau et se leva en murmurant des paroles rassurantes aux deux enfants. Ils se serrèrent l’un contre l’autre sans les quitter des yeux. Lacrya remarqua seulement à quel point ils paraissaient affamés. À bien y regarder, ils n’avaient que peu de biens ; une paillasse d’herbes sèche, un bac d’eau et un sac de tissu qui paraissait contenir de quoi manger, mais rien d’autre.

Le vieil homme avança vers eux et désigna négligemment l’extérieur.

— Vous avez vu, non ? Le feu. Ça c’est passé y’a cinq jours. C’est la bande de Kesner qui a fait ça. Ils essaient de se faire passer pour les proprios de Bhataïs.
— C’est pour ça que ça paraissait si tendu, en bas, comprit Lyco en s’éclairant. Et que fait ce Kesner ? C’est un mercenaire ?
— Trafiquant de pokémons. Sa bande a des dresseurs. Un conseil, si vous venez de loin, déguerpissez d’ici au plus vite. Ils viennent tous les deux jours pour réclamer du blé et de la bouffe. Ils hésitent pas à tuer…

Lyco acquiesça silencieusement. Lacrya, pensive, songea qu’ils n’avaient de toute façon pas prévu de s’attarder. Ils devraient seulement trouver le coffret abandonné dans les parages par Lyco moins d’un an auparavant, et repartir dans les Forêts de l’Est.

— On va fouiller le coin, expliqua vaguement Lyco en désignant le fond du bâtiment et le pied du clocher. On n’en a pas pour longtemps, après on vous laisse tranquilles.
— Je sais pas ce que vous cherchez, vous deux, mais m’étonnerait fort que vous trouviez quelque chose. Ça a été pillé, et je suis repassé derrière plusieurs fois…

Lyco ne répondit pas. Lacrya, elle, ouvrit son sac et tendit au vieil homme un des sachets qu’ils venaient d’acheter à Bhataïs.

— Tenez, un peu de viande. Pour vous remercier de ces informations.

Le vieillard s’illumina soudain, et parut brutalement moins âgé. Il s’empara de la nourriture avec moult remerciements, les larmes aux yeux, et s’agenouilla près des deux enfants avant de partager son repas.

Les deux compagnons de route les laissèrent là et s’enfoncèrent dans l’obscurité du bâtiment. Lacrya souffla :

— Tu l’avais caché où, ce coffre ? Il a raison, non ? On risque de ne pas…
— Il y a un sous-sol, répondit le jeune homme dans un murmure.

Il semblait savoir où se diriger. Ils passèrent sous une petit arche, traversèrent un couloir à moitié éboulé, et entrèrent dans une salle au plafond bas. Des sonistrelles pendues tête en bas s’affolèrent à leur approche et s’éloignèrent dans l’obscurité en lançant de brefs cris aigus. Un zigzaton curieux les observait depuis une poutre en bois, sans faire mine de s’enfuir ni de les attaquer.

La salle avait été mise à sac. De vieux bancs étaient retournés, brisés ou brûlés, et des restes de mobilier jonchaient le sol. Ils marchèrent sur des éclats de verre pour atteindre une pile de briques qui semblaient avoir été autrefois une cloison entre cette salle et une autre.

Lyco se pencha et commença à soulever les pierres une à une. Lacrya, comprenant qu’ils tenaient son souterrain, l’aida de bon cœur.

Rapidement, sous les gros pavés à soulever, une trappe en bois apparut. Lyco poussa du pied une lourde chaîne en acier qui avait été posée dessus, et trouva un interstice où passer ses doigts. Même avec l’aide de Lacrya, ils peinèrent à la soulever, mais réussirent, dans un ultime effort qui acheva d’épuiser leurs bras.

Un puits obscur se trouvait là, menant à au moins trois ou quatre mètres de profondeur, directement dans les entrailles rocheuses de la colline.

— C’est là-dedans ? s’étonna Lacrya.
— Oui. J’ai pas l’impression que ça ait été découvert.
— Qui aurait eu l’idée de déplacer toutes ces pierres, aussi… c’est toi qui les avait mises là ?

Il hocha la tête. Lacrya ne put s’empêcher de lâcher un bref sifflement d’admiration. Il attrapa la chaîne, qui était en fait fixé à un des murs à quelques pas de leur position, et la laissa tomber dans le vide. Elle heurta le fond avec un bruit sourd, et, sans plus hésiter, Lyco s’élança à l’intérieur en attrapant cette échelle de fortune.

Lacrya ne tarda pas à l’imiter, sa curiosité attisée bien malgré elle.



***


Un tunnel. C’était un tunnel obscur, dépourvu de la moindre lumière.

— Tu… tu es sûr de toi, là ? lança Lacrya dans le noir total.
— Oui. Avance en ligne droite. Il ne devrait y avoir aucun obstacle. Fais juste attention à ta tête.

Elle entendait le garçon avancer devant elle, mais n’y voyait strictement rien ; en se retournant, elle constata qu’un mince rayon de lumière descendait du puits. Elle apercevait la chaîne bouger ; la pauvre venait de subir le poids des deux compagnons réunis, alors qu’elle semblait déjà si amochée.

Soudain, elle n’entendit plus Lyco et se figea. En avançant à l’aveuglette, les mains tendues devant elle, elle finit par toucher la taille du garçon.

— Oh, pardon… souffla-t-elle, surprise. Un problème ?
— Laisse-moi une minute…

Il semblait tapoter le mur sur sa gauche, à la recherche de quelque chose. Il finit par toucher un objet qui sonna creux ou métallique, et sans doute un autre.

Soudain, une petite flamme perça les ténèbres. Un briquet ! Lacrya comprit soudain. Un creux avait été percé dans le mur, et abritait l’objet rarissime. Lyco s’était également emparé d’un bâton qui était resté là, et au bout duquel était enroulé un épais chiffon. Lacrya tilta aussitôt.

— Besoin d’alcool ?
— S’il te plaît.

Elle s’accroupit, et, dans l’obscurité, réussit à mettre la main sur la minuscule bouteille qui traînait dans son sac. L’alcool était utile dans plein de situations ; en voyage, elle n’en buvait évidemment jamais. Mais faire une torche s’avérait parfois nécessaire.

Lyco imbiba le torchon d’alcool et l’alluma avec le briquet. Les flammes éclairèrent alors la pièce dans laquelle ils étaient sur le point d’entrer.

Elle était vide.

C’était un simple rectangle, avec des murs de pierre, et un plafond droit soutenu par de vieilles poutres. Mais il n’y avait rien à l’intérieur.

Lyco y avança pourtant, et se baissa. Il souleva une des planches qui constituaient le sol, sans la moindre hésitation. Lacrya l’aida à en retirer deux, puis trois autres.

Et là, sous ses yeux ébahis, la jeune fille put enfin le voir de ses propres yeux.

Un coffre, d’un mètre sur cinquante centimètres, cerclé de chaînes rouillées.

— Enfin… lâcha Lyco en abaissant la torche pour y avoir plus clair.

Lacrya sourit ; c’était rassurant de voir que Lyco n’avait pas halluciné ou rêvé cette chose. C’était bel et bien palpable. Et son contenu était sans doute d’importance.

— La clé pour l’ouvrir est dans un autre trou du plancher, juste derrière toi, expliqua-t-il.

Lacrya se retourna pour la chercher, alors que la garçon sortait le coffre de son antre. Elle ne tarda pas à trouver ladite clé, et elle prit la torche des mains de Lyco pour qu’il puisse facilement s’en servir.

Il retira les chaînes, entra la clé dans la serrure forgée, et ouvrit le coffre avec précaution, comme s’il s’agissait d’un trésor fabuleux.

Les deux comparses se penchèrent au-dessus, les yeux pleins d’étoiles.