Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Les Apôtres d'Erubin de Malak



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 24/03/2019 à 08:53
» Dernière mise à jour le 24/03/2019 à 08:53

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Drame   Mythologie   Présence de Pokémon inventés

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 2 : Le Vert de la Planète
Véterville était surnommée la capitale de la relaxation. C’était une ville de petite taille, en bordure de mer, au sud de Bonport, la capitale d’Almia. Ses habitants étaient des gens simples, vivant de la nature, dans des maisons entièrement en bois. Elle y avait ses petites attractions touristiques aussi : la fameuse Colline Alizés, la Plage du Vent Salé ou encore la Grotte Marine. Ça, et le fait que Véterville soit la ville la plus proche de l’École Ranger, en faisait un point de passage de nombreux habitants ou touristes. Et donc, même si Véterville avait une réputation d’endroit sûr et calme, une base Ranger y avait été implantée. Mais les quelques Rangers qui y travaillaient passaient plus de temps à aider les vieilles dames à porter leurs courses qu’à arrêter des criminels ou prévenir les catastrophes naturelles.

C’était cette ville calme et sans tâche que l’association « Le Vert de la Planète » avait choisi comme quartier général. Créée il y a une vingtaine d'années par un millionnaire engagé pour l'environnement, l'association était vite devenue une ONG d'envergure internationale, défendant la nature et les Pokemon partout où elle le pouvait. Elle bénéficiait pour cela de subventions de pas mal de pays, de l'aide de riches donateurs, et même, à Almia, de la collaboration de la Fédération Ranger.

Ses membres étaient souvent considérés comme des activistes, prônant une défense absolue et exacerbée de la planète au détriment de toute notion économique ou industrielle. Il n'en était rien. Le fondateur de l'association, Evan Funerol, avait été un grand ami d'Onis Rayor, le fondateur et premier président de la Loyau S.A, la toute puissante entreprise d'Almia qui avait fait fortune sur le pétrole. Il va de soi qu'un écologiste aurait difficilement pu être ami avec un magnat du pétrole s'il n'avait pas eu un minimum de bon sens et d'esprit ouvert. Mais Onis Rayor avait toujours été un homme de compromis, protecteur de l'environnement, ne se servant pas du pétrole pour son seul bénéfice, mais pour celui de tous les habitants d'Almia.

Mais l'amitié entre Evan Funerol et Loyau S.A avait pris fin quand le fils d'Onis, Sinclair Rayor, avait pris la place de son père à la présidence de l'entreprise. Bien moins regardant que son père, Sinclair avait amené Loyau S.A dans une exploitation à tout-va des ressources de la région, sans se soucier un seul instant de l'environnement. C'est à ce moment qu'Evan Funerol avait fondé son association, pour tenter de contrer l'hégémonie destructrice de Loyau S.A. Et au final, Le Vert de la Planète avait tellement gagné en popularité et en importance qu'elle ne se contentait plus de protéger seulement la région Almia, mais bien le monde entier.

Evan Funerol était vite devenu un personnage emblématique et puissant, courtisé par nombre de gouvernements qui voulaient faire bonne image sur le plan de l'écologie. Mais il avait aussi eu des ennemis. Beaucoup d'ennemis. Et finalement, c'est ce qui avait entraîné sa perte. Il avait été assassiné il y a trois ans. L'homme arrêté était un petit délinquant, qui avait forcément été engagé par un commanditaire. Mais malgré l'enquête, l'identité de la personne qui avait décidé de la mort du millionnaire restait un mystère.

Le Vert de la Planète aurait pu s'effondrer suite à la disparition de son charismatique leader, et surtout à cause de la peur qui s'était emparée de ses militants. Mais le fils d'Evan Funerol, Haysen, n'avait pas hésité à prendre la relève de son père. Toute la fortune qu'il avait héritée, il l'avait totalement investie dans l'association. Il avait pu maintenir l'ONG à flot malgré son jeune âge et tout en poursuivant ses études. Aujourd'hui, à vingt-quatre ans seulement, Haysen Funerol était bien en place au sommet du Vert de la Planète, et bien décidé à y poursuivre le combat de son père.

Quand Haysen Funerol entra au siège, ce lundi à dix heures précises, tous les employés cessèrent leur travail pour se lever et le saluer. Tout le monde ici appréciait et respectait beaucoup le directeur Funerol. Même les quelques Pokemon domestiques qui vivaient au siège étaient comme attirés par lui. Il fallait dire qu'outre ses nobles idéaux et sa bonté, il en imposait aussi physiquement. C'était un beau jeune homme aux cheveux noir de jais et au visage d’albâtre. Il portait des lunettes qui, loin de gâcher sa beauté, paraissait l'enjoliver davantage. Il était toujours habillé de costumes impeccables, et portait toujours sa fameuse écharpe verte qu'il laissait pendre jusqu'à sa taille.

- Bonjour monsieur !

- Mes respects, Directeur Funerol.

- Yo patron, ça gaze ?

Funerol alla saluer tout le monde personnellement à tour de rôle, ses plus récents employés comme les plus anciens, ceux qui travaillaient déjà à l'époque de son père et qui n'avaient pas cessé de tutoyer Haysen. Affable comme il l'était, ce dernier laissait tout le monde l’appeler comme ils voulaient. Il n'avait aucun mal à se lier avec n'importe qui, quel que soit son caractère.

Si tout le monde ici était particulièrement ravi de le voir, c'était que Funerol ne pouvait passer qu'une fois par semaine au QG du Vert de la Planète, seulement le lundi. Son emploi du temps était toujours rempli, et l'homme de stature internationale qu'il était devenu devait souvent voyager ci et là dans le monde. Il fallait ajouter que l'ONG disposait maintenant de diverses filiales dans d'autres régions, dans lesquelles il devait aussi se rendre. Et en outre, il devait continuer à faire fluctuer la fortune qu'il avait hérité de son père, et cela passait par des contrats, des mécénats, des rencontres, des dîners de gala, et tout le reste. Il monta jusqu'à son bureau au sixième étage, où il fut accueilli par sa secrétaire et son fidèle Chaglam, toujours lové sur la même plante en pot.

- Bonjour Megan, fit Funerol en grattant au passage le Chaglam au cou.

- Bonjour monsieur. Madame Belberas vient tout juste de nous faire savoir qu'elle a gagné le procès contre l'usine de traitement de Juveris Cops, à Unys. Elle est condamnée à verser un dédommagement substantiel à tous les habitants du village touché, à l’État d'Unys, et à nous rembourser à nous nos frais de procédures.

- Quoi de mieux qu'une bonne nouvelle pour débuter la semaine ?

- Le ministre de l'environnement unysien vous adresse au passage ses remerciements et vous invite à...

- J'en ai soupé, des invitations en ce moment, coupa Funerol. Qu'il invite plutôt Judith, c'est elle qui s'est chargée de ce dossier du début à la fin.

- Bien monsieur. Je lui dis que vous enverrai madame Belberas.

Cette semaine, Funerol n'avait pas de temps à perdre en mondanité. Il avait un assez gros dossier sur la table, un sur lequel il tenait à agir personnellement. Non pas qu'une forêt de la région Kanto – qu'il n'avait jamais vue d'ailleurs – lui tenait plus à cœur qu'une autre, mais il voulait surtout clouer le bec de la société qui voulait sa destruction. Du fait de ses activités écologistes, beaucoup de grands groupes avaient Funerol en horreur. Mais il y en avait un, qui, plus que les autres, était son ennemi juré.

- Des nouvelles du professeur Erable ?

- Oui monsieur. Il vous fait savoir qu'il a commencé à prospecter pour trouver un avocat qui pourrait prendre l'affaire, mais ils ne semblent pas vraiment se bousculer.

- Ce n'est guère étonnant, quand on sait qui est notre poisson…

New World Corporation, entreprise mondiale au pouvoir illimité, modelait le paysage comme bon lui souhaitait, sans se soucier une seule seconde des conséquences. Seul son profit comptait. Le père d'Haysen avait souvent eu à se frotter à eux, et ce fut à chaque fois assez lourd de conséquences. N.W.G n'hésitait pas à se servir de tout, même de méthodes illégales, pour arriver à ses fins. Quand ils ont constaté que les pots-de-vin ne marchaient pas sur le père de Funerol, ils en étaient venus aux pures et simples menaces. Des menaces qu'ils avaient parfaitement le pouvoir de réaliser.

Funerol n'était pas devin, mais si on lui demandait de proposer des noms sur l'identité du commanditaire de la mort de son père, N.W.C serait très bien placé en haut de sa liste de suspects. Le jeune homme avait déjà eu à faire à ses cadres. Ils revoyaient leurs postures arrogantes et sourires méprisants tandis qu'ils le toisaient, le prenant sans doute pour un gamin qu'ils allaient écraser sous la semelle de leurs chaussures hors de prix. Funerol savait qu'il risquait son association et peut-être même sa vie en se frottant à N.W.C, mais c'était là une affaire d'honneur.

- Nous nous chargerons de financer l'avocat, et je lancerai moi-même un appel d'offre, reprit Funerol. Qu'il s'occupe d'engager les experts pour étudier le projet de N.W.C et son impact sur l'environnement local.

- Son assistant, le professeur Samuel Chen, aurait apparemment approché un Pokemon Ranger de Kanto pour cela.

- Bonne chose. L'appui de la Fédération est toujours bon à prendre. Mais je savais même pas qu'il y avait des Rangers à Kanto…

- Apparemment, c'est le seul, répondit la secrétaire. Un certain Dan Sybel. Et il serait l'un des douze Top Rangers.

- Encore mieux alors. Prévoyez-moi un rendez-vous pour en fin de semaine. J'irai plaider notre cause auprès des Dignitaires, et je passerai à Bourg-Palette voir le professeur.

Funerol savait qu'attendre quelque chose des dirigeants de Kanto était illusoire. C'étaient eux qui, après tout, avaient vendu la Forêt de Jade à N.W.C. Cela étant, il savait que si les Dignitaires étaient amoureux de l'argent, ils étaient aussi des démagogues notoires. Si cette affaire s'ébruitait trop et si une majorité de la population s'élevait contre ce projet, soutenant Le Vert de la Planète dans son action, ils réviseront sans doute leur opinion, par crainte d'impopularité.

- Quelque chose d'autre qui requiert mon attention ? Demanda Funerol.

- Ah si, un colis est arrivé pour vous ce matin. C'est un adolescent maigrichon qui l'a remis directement à l'accueil en bas. Comme ça ne venait pas de la distribution normale, on ne l'a pas ouvert. C'est peut-être personnel. Quelqu'un de votre famille peut-être ?

Elle lui désigna du doigt un paquet mauve posé sur son bureau. Funerol le prit en cherchant qui aurait pu lui remettre. Au moment où il déchira le scotch et ouvrit le carton, il entendit le son d'un curieux mécanisme qui s’enclenchait. Et, trois secondes plus tard, une explosion dévasta le bureau et souffla le jeune directeur et sa secrétaire.


***


Vaslot avait accompli la mission sans faute, ni contretemps. Il ne comprenait pas pourquoi Jorgand avait mis cette demande de côté sans y toucher. C'était simple, et surtout fichtrement bien payé. Le jeune homme n'avait eu qu'à se rendre dans une antenne de la N.W.C à Bonport, où le dénommé Adreover Stylord, directeur des ressources humaines de l'entreprise, l'avait accueilli derrière un écran vidéo. L'homme, affable, avait été ravi que quelqu'un de discret s'occupe de sa petite livraison, et avait payé à Vaslot la moitié de la somme promise ; déjà 5000 Pokédollars. Un employé lui avait ensuite remis le colis en question, qui devait être déposé au siège du Vert de la Planète à Véterville, à l'attention seule de son directeur, Haysen Funerol.

Stylord avait lourdement insisté sur le fait de ne pas ouvrir le colis, et Vaslot, bien que curieux, n'y avait même pas songé. Il se fichait des petites affaires entre la N.W.C et l'ONG de défense de l'environnement. Il pensait surtout à la somme qu'il allait gagner, 10.000 Pokédollars, juste pour jouer au facteur. Une somme dont Jorgand ignorerait tout et ne pourrait pas la lui prendre. Un gros pas dans le remboursement de la dette que Vaslot avait.

Le directeur Funerol n'était pas encore là quand Vaslot était passé, mais nul doute que ses employés allaient lui remettre le paquet. Ayant accompli sa mission, Vaslot devait maintenant rentrer à Bonport pour retirer l'autre moitié de la récompense. Mais comme il allait à Véterville, il irait d'abord s'arrêter chez lui, à Bourg-Chicore, pour y retrouver sa sœur. Vaslot ne pouvait pas la voir autant qu'il le voulait. Il savait que Marine se serrait constamment la ceinture sans se plaindre, mais il s'inquiétait pour elle. Il allait lui donner la moitié des 5.000 qu'il avait. Même si ça serait insuffisant pour payer l'entrée à l’École Ranger, ça lui permettrait de manger à sa faim pendant un moment.

Comme il était venu à pied de Bonport, et qu'il n'avait pas dormi de la nuit dans ce but, il alla s'attabler à une terrasse d'un restaurant, avec dans l'idée de manger un repas digne de ce nom pour une fois. Il pouvait aujourd'hui se le permettre, alors qu'il ne le pouvait jamais en temps normal. Mais il ne comptait pas payer plein tarif pour autant. Vaslot avait appris, depuis son plus jeune âge et au contact de son vaurien de père, à magouiller, en tout et pour tout. Le mensonge, le chantage, la tromperie, le charme... autant de méthodes pour obtenir ce qu'on voulait de son interlocuteur, et que l'adolescent maîtrisait déjà très bien.

En l’occurrence, il ne voulait qu'un rabais sur le prix du menu du jour, et pour cela, une petite mention de certaines personnes influentes de la mafia locale avec une affabilité doublée de la confiance que les hautes personnes ont en elle-même suffirent amplement. Le patron de l'établissement le prit sans doute pour le fils d'un quelconque parrain ou d'un riche industriel, et se montra fort onctueux avec lui, lui proposant son meilleur menu à prix réduit. Tout ne marchait qu'à ça, à Almia. Le pognon et le piston. La mafia qui la gangrenait ne trempait guère dans les affaires du haut banditisme. Elle se tenait à carreau, du fait de la présence de la Fédération Ranger. Mais elle était profondément liée au monde des affaires et au paysage économique local, avec Loyau S.A qui se tenait au sommet.

Vaslot savait très bien que de nombreux cadres de l'entreprise étaient plus ou moins liés avec la mafia de Bonport... et donc avec la Team Rocket qui la finançait. Bien que l'organisation soit née à Johkan, donc très loin d'ici, elle était vite devenue une pègre internationale, noyautant diverses entreprises et grandes institutions, allant jusqu'à corrompre divers personnages politiques de plusieurs pays... dont celui d'Almia. Vaslot n'avait que seize ans, mais en avait déjà vu assez pour savoir que ce monde ne tournait qu'autour de l'argent, des combines et du léchage de cul. Voilà pourquoi, s'il voulait réussir dans la vie, il devait maîtriser tout cela. Il n'allait pas rester éternellement le laquais d'un vulgaire homme de main de la Team Rocket qui pétait plus haut que son cul, oh que non…

Bien sûr, sa petite sœur Marine ne savait rien de sa vie. Vaslot – pas même son père avant lui – ne lui avait dit qu'il travaillait pour la mafia. Et le garçon tenait à ce que ça ne change pas. Marine n'était pas comme lui ou leur père. Elle était pure, innocente, et croyait en la justice, d'où son rêve de devenir Pokemon Ranger. Elle pensait que son frère travaillait dans un chantier naval, comme une bonne partie de la population de Bonport. Elle savait que leur père avait des dettes dont Vaslot et elle avaient hérité, mais elle en connaissait pas la teneur. Vaslot allait les éponger au plus vite pour que Marine puisse vivre sa vie loin de tout ce tas de merde qu'était la sienne. Vaslot savait qu'il continuerait à travailler dans le milieu souterrain jusqu'à la fin de ses jours, car c'était là sa nature profonde. Mais il ne souhaitait pas ça pour Marine. Elle devait avoir un travail honorable et reconnu, une vie normale et joyeuse, trouver un mari aimant, avoir de beaux enfants et vivre heureuse.

L'adolescent était en train de réfléchir au futur tout en essayant de garder un certain optimisme, quand un choc et un bruit sourd firent vibrer son assiette et son verre. Les quelques autres clients attablés se levèrent, les yeux écarquillés, montrant du doigt l'immeuble du Vert de la Planète. Certains crièrent et d'autres se mirent à courir. Vaslot, lui, resta bouche bée. Le haut de l'immeuble venait d'exploser. Les vitres avaient sauté et des flammes en sortaient.

Alors que les badauds commençaient à se rassembler, Vaslot refit surface et se dépêcha de fuir. Déjà, les sonneries des pompiers se mettaient en marche, et très bientôt, ce serait la police, et sans aucun doute les Pokemon Rangers qui allaient s'en méler. Vaslot ne tenait pas à rester en ville, parce qu'il se doutait très bien de ce qui avait causé cette explosion. Son fameux colis. New World Corporation l'avait roulé. L'adolescent n'avait jamais signé pour ça ! Ils étaient totalement cinglés, ces gars ! Vaslot quitta la ville en effervescence pour revenir vers Bonport, à la recherche non pas de l'autre moitié de sa prime, mais d'explications !



***


Ce fut la chaleur qui fit reprendre ses esprits à Funerol. Il ouvrit les yeux, et retira machinalement ses lunettes brisées. Tout autour de lui, c'était le chaos. Les murs étaient éventrés, et le feu se propageait partout. Il s'étonna tout d’abord d'être en vie, après s'être souvenu de la paroi immatérielle qui avait surgi entre l'explosion et lui au tout dernier moment. Une attaque Abri du brave Chaglam de sa secrétaire, qui avait flairé le danger. Ça lui avait sauvé la vie, mais ça l'avait quand même violemment repoussé contre le mur, et son dos avait souffert. La fumée irritant ses poumons, il se força à se relever, et mis son écharpe contre sa bouche.

- Megan ?! Hurla-t-il, appelant sa secrétaire.

Il l'a trouva à moitié ensevelie par les débris de son bureau et de ciment du plafond. Comme lui, elle avait été protégée du souffle par l'attaque Abri de Chaglam, mais elle saignait abondement à la tête. Le jeune homme, malgré son choc et du feu qui continuait à se répandre, entreprit de retirer ce qui bloquait Megan, en essayant de le faire délicatement au cas où elle aurait quelque chose de cassé. Au bout d'un moment, elle ouvrit les yeux.

- M-monsieur ?

- On aurait dû investir dans des systèmes anti-incendie, quelque chose de plus évolué que ces fichus extincteurs qui marchent une fois sur deux... Vous pouvez bouger ?

- Je... Je crois mais... que s'est-il passé ?

- Oh, une preuve de l'affection d'un de mes adorateurs, sans aucun doute, ironisa Funerol. Je vous confirme que ce garçon qui a déposé le colis ne doit pas faire partie de ma famille…

Il aida Megan à se lever et la soutint par le bras. Il chercha le Chaglam du regard, mais grimaça quand il vit ce qu'il en restait. Si le brave Pokemon avait utilisé Abri pour sauver les deux humains, lui ne s'en était pas réchappé. Ils s'échappèrent par l'escalier de secours, n'osant pas prendre l'ascenseur, même si l'explosion avait été cantonnée. En bas de l'immeuble, nombre des employés de Funerol attendaient, anxieux, et leur visage se détendirent quand ils virent arriver leur patron.

- Monsieur ! Arceus merci !

- Vous êtes blessé ?! Allongez-vous monsieur, les secours arrivent.

- Je vais bien, répliqua Funerol en ignorant sa douleur au dos. Tout le monde a pu évacuer ?

- Nous sommes au complet, directeur.

Funerol s'interrogea. Cette bombe n'avait pas été bien puissante. Avec ce qui se faisait aujourd'hui, s'il l'avait voulu, celui qui lui avait envoyé ce présent aurait pu détruire tout l'immeuble. Sans doute n'avait-il tenté que de le viser lui, ou bien était-ce seulement un message d'avertissement, une façon de leur faire peur, à lui et à ses employés ? Malgré son état d'agitation extrême, Funerol tâcha de se calmer et d'attendre les secours, ne serait-ce que pour rassurer ses employés. Avec les pompiers, les médecins et les forces de l'ordre, policiers et Rangers, commencèrent à arriver une flopée de journalistes.

- Monsieur Funerol, avez-vous été blessé ?

- Que s'est-il passé, directeur Funerol ? On parlerait d'un attentat ?

- Le Vert de la Planète a-t-il une nouvelle fois été visé pour ses engagements ?

Le chef Ranger de la base locale, qui était en train de discuter avec Funerol, grimaça devant cet agglutinement.

- Je peux demander aux flics de les faire dégager si vous voulez, monsieur…

- C'est bon Meyran, qu'ils restent. Que le monde entier voit donc à quel point nos ennemis nous craignent, pour user de pareilles méthodes…

- Vous avez un nom ?

Funerol garda le silence. Il en avait bien un oui, bien qu'il n'ait aucune preuve. Le même nom qu'il avait pour le meurtre de son père. Et que N.W.C agisse maintenant, alors que le Vert de la Planète s'apprêtait à les affronter une fois encore sur un nouveau dossier, ne serait pas qu'une coïncidence. Funerol se laissa examiner par les médecins. C'est là qu'une de ses employés, celle chargée de l'accueil au rez-de-chaussée, se présenta devant lui, quasiment en larmes.

- Monsieur... Je suis tellement désolée, c'est entièrement de ma faute... J'aurai dû vérifier ce colis avant... Je pensais que comme il n'avait pas été livré par le système habituel, c'était personnel, donc…

Funerol lui tapota l'épaule.

- Vous n'avez rien à vous reprocher, Sylvie. Si vous aviez ouvert ce truc en bas, il y aurait eu des morts, dont la vôtre. Vous avez donné le signalement de celui qui nous a apporté ça aux policiers ?

- Ou-oui. Ils viennent de m'interroger.

- On se joindra à eux pour les recherches, intervint le chef Ranger Meyran. Il n'a pas du aller bien loin encore.

Funerol le remercia, puis déclina l'invitation des docteurs à être amené jusqu'à l'hôpital. Ses blessures étaient minimes, et il avait fort à faire. Il se rendit d'abord auprès de sa secrétaire Megan, qui avait le plus souffert de l'explosion. Le docteur lui signala qu'elle avait un traumatisme crânien et un début d'intoxication aux fumées. Avant qu'elle ne soit amenée à l'intérieur de l'ambulance, Megan tenu à lui parler.

- Monsieur le directeur... Je vous suis très reconnaissante de m'avoir sauvée, mais... je ne peux plus. Je ne peux plus... travailler pour le Vert de la Planète.

Comme Funerol ne dit rien, elle chercha à se justifier.

- Je soutiens votre combat, et je vous admire... Mais j'ai un fils en bas âge. J'accorde plus d'importance à ma vie qu'à mon travail. Vous combattez des groupes comme N.W.C qui détiennent plus de pouvoirs que des présidents... Ce genre de choses continuera, monsieur. Je... Je n'ai plus la force de…

- Je comprends, Megan, l'arrêta Funerol. Je comprends, et je ne vous en veux pas. Je ne serai plus là sans votre Chaglam aujourd'hui. Restez auprès de votre famille. Je vous assure que vous n'aurez aucun problème d'argent. C'est moi qui ait initié ce combat, et c'est à moi de le poursuivre, quels que soient les risques.

Funerol était sincère. Il n'en voulait pas à sa secrétaire, et la comprenait parfaitement. Malgré leur attachement à ses idéaux, ses employés n'avaient pas signé pour être victimes d'intimidations, de menaces voir de tentative de meurtre pour le compte de l'écologie. Funerol tenait à eux. Mais dans le même temps, il savait que la démission de Megan ne sera pas la dernière. C'était d'ailleurs sans nul doute le but de leurs ennemis : instiller la peur parmi eux, pour les pousser à abandonner le combat. C'était effectivement plus facile et moins coûteux de gagner par forfait que de gagner au terme d'une lutte acharnée.

Mais Funerol n'allait pas abandonner. Il le devait à son père, il le devait en tous ceux qui ont cru en lui, et surtout, il le devait à lui-même. Il se permit d'ailleurs de le faire savoir grâce à la présence des médias. Qu'importe les menaces et les risques, il était prêt à aller jusqu'au bout. En prenant bien soin de n'accuser personne, au risque de se faire coller un procès pour diffamation, il expliqua bien ne pas craindre les méthodes de voyous dont il était la cible, affirmant qu'elles n'étaient que l'illustration du peu de valeur de ceux qui s'y prêtaient.

- La planète, conclu-t-il, vaut bien ce combat.

Il se fit alors applaudir par nombre de ses employés présents, par les Rangers, par les forces de l'ordre, et même par une partie des journalistes. Funerol se dit alors que son étage personnel et la démission de sa secrétaire valait bien ce petit coup de pub qui allait grandement accroître sa popularité, et l'intérêt des gens sur le duel qu'il allait livrer avec New Word Corporation à propos de la Forêt de Jade de Kanto. Funerol décida de ne pas perdre plus de temps. Il allait abandonner toutes les affaires en cours pour se concentrer pleinement sur celle-ci. Et il allait le faire exclusivement sur le terrain. Il était temps de se rendre à Kanto, auprès du professeur Erable, et d'y rester jusqu'à que cette affaire soit terminée. Voyons voir si N.W.C allait le poursuivre jusque-là, quand il sera plus que jamais sous le feu des projecteurs.