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La recherche d'un rival : À l'aube d'un rêve de Moriarty



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» Auteur : Moriarty - Voir le profil
» Créé le 06/03/2019 à 03:59
» Dernière mise à jour le 06/03/2019 à 03:59

» Mots-clés :   Action   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Région inventée   Suspense

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Chapitre 61: Roi blanc, roi noir
Tous les membres de la ligue regardaient Armand avec attention. Seuls Brynne et Shazam manquaient à l'appel. Le dresseur roux avait sa face entièrement recouverte d'un masque qui le rendait tout à fait impassible, et prit la parole :

« Laissez-moi vous conter l'histoire d'un homme qui recherche le pouvoir. Un homme qui cherche à imposer sa visions de Simmeroh, la vision d'une région ouverte sur le dressage et dirigée par une ligue pokémon, par opposition à la république déjà en place. Cet homme se tient devant moi. »

Les regards se tournèrent vers Moriarty.

« Mais cet homme sait combien il est difficile d'imposer un nouveau pouvoir en place. Il sait à quel point il sera dur pour sa ligue pokémon de subsister. Il sait qu'il devra faire taire des politiciens, emprisonner ses opposants, réduire les libertés pour éviter que, comme il a renversé son adversaire, il soit renversé lui-même. Bien entendu, il sait qu'un jour tout rentrera en ordre. Une fois son système bien implanté, tout le monde pourra retrouver sa liberté dans cette belle région consacrée au dressage de pokémon. Mais à ce moment-là, il sera trop tard. Sa propre ligue pokémon aura perdu tant de crédibilité, tant de popularité, qu'il ne pourra plus espérer conserver son pouvoir bien longtemps. Quel affreux dilemme, d'être condamnée à être un dictateur, un roi déchu ou un inconnu. Que peut-il faire, notre pauvre dresseur, pour espérer gagner en crédibilité ? »

La question d'Armand ne trouva pas de réponses, mais il se comporta comme si on venait de lui en suggérer quelques-unes.

« Bien sûr, il pourra essayer plusieurs stratagèmes afin d'essayer d'esquiver ce dilemme. Se battre contre la plus puissante ligue pokémon du pays. Tourner dans une émission le faisant revenir aux origines du dressage pour tenter de paraître plus humain. Impliquer le reste de la ligue dans sa chute. Changer du tout au tout de personnalité en espérant avoir l'adhésion du public. Mais rien de tout cela ne marchera, il ne fera que s'acheter un peu de temps en plus avant la chute. Et quand bien même, cela ne prend pas en compte la crise économique liée à la transition vers le dressage qui peut se déclarer à tout moment. Notre homme est coincé. Il est coincé. »

Il reprit sa respiration.

« La Team Magic a-t-elle toujours été pensée comme un plan de retraite en prévision du moment où la ligue échouerait ? Ou est-ce que pour lui, peu importait si c'était le groupe clandestin de la Team Magic ou de la Ligue Arrogante qui obtiendrait le pouvoir en premier à Simmeroh, puisqu'il n'aurait alors qu'à imposer l'autre comme force d'opposition ? Ces deux hypothèses sont probables, l'une comme l'autre, et nous ne le saurons jamais. Toujours est-il que l'homme a crée deux personnalités très intéressantes. L'une serait le premier chef de la région. Un homme qui devrait faire de nombreux sacrifices pour se maintenir au pouvoir. Un homme qui finirait haï de tous. L'autre personnalité serait le chef de l'autre organisation, qui se trouve être la Team Magic. Une organisation de l'opposition. Tellement opposée à la ligue, en fait, que personne n'irait soupçonner que le même dresseur se cache derrière le manteau rougeoyant de maître pokémon et l'étoffe bleue et dorée du chef de la Team Magic. Pourtant, cela devient évident une fois que le problème est posé. »

Tous buvaient les paroles d'Armand. Certains, comme Eyragon, hochaient la tête de la droite vers la gauche. D'autres, comme Night, écarquillaient les yeux comme s'ils venaient de comprendre un noir secret de Simmeroh.

« Le chef de la Team Magic n'est rien d'autre qu'une marionnette, un chef de l'opposition à la Ligue Arrogante, qui, le moment venu, la renversera. D'ici là, il n'a qu'à protester, très fort. Il sera le premier à dénoncer les débuts de la Ligue Arrogante aux airs de dictature. De cette façon, il sera le plus légitime pour mener la révolte contre la ligue. Lorsque la côte de sympathie de l'un baisse, celle de l'autre augmente. Le génie du dresseur qui se cache derrière ces deux visages est de les avoir crées pour qu'ils soient complémentaires l'un de l'autre. Si l'un tombe, c'est l'autre qui le remplace. Grâce à ce stratagème, il peut s'assurer de rester au pouvoir aussi longtemps qu'il le voudra. Il n'a qu'à attendre le jour où les protestations contre le maître de la Ligue Arrogante seront trop fortes, le jour où il sera coincé. »

Il marqua une pause.

« Et puis ce jour arrive. continua-t-il calmement. Trahi par l'un de ses propres fidèles, il n'est plus le maître de Simmeroh. Même en prenant sa revanche et en se débarrassant d'un adversaire coriace, il ne pourra jamais récupérer sa place de maître. En effet, ce n'était pas à cet adversaire d'incarner la protestation contre le maître, mais bien à la Team Magic. Une fois débarrassé de lui, il lui suffira de mettre un homme de paille à la tête de Simmeroh, s'inscrivant dans sa continuité, aussi facile à contester qu'à renverser. Il n'a plus qu'à se mettre en retrait au profit de l'autre, du chef de la Team Magic. Ce dernier n'a plus qu'à être d'autant plus contestataire. Disons qu'il n'a plus qu'à mettre en place à un plan. Un plan qui lui permettra de reprendre le pouvoir à Simmeroh. »

Il sortit de sa poche le papier sur lequel Abraka et Dabra avaient écrit leur message codé, et le montra à l'assemblée.

« Je ne connais pas encore ce plan, mais il n'attend qu'une seule chose, le mettre en œuvre. Pour garder le pouvoir, il n'aura qu'à passer d'un visage à l'autre, condamner ses premiers compagnons pour mieux régner avec les seconds. Alors, il sera le vrai maître de Simmeroh. À une ligue en succèdera une autre, et il sera maître de nouveau. Il ne connaîtra pas la déchéance, puisque personne, jamais, n'oserait penser que ces deux ennemis jurés, ces deux adversaires naturels, pourraient avoir un but commun. Ce but est pourtant simple, puisqu'il s'agit de mettre le même homme à la tête de Simmeroh. Je n'espère qu'une chose. J'espère qu'il ne parviendra pas à mettre son plan à exécution. »

Le regard de Vincent demeurait sceptique. Martin regardait le sol d'un air interdit.

« Et lorsque la Team Magic deviendra à son tour impopulaire, que fera-t-il ? Je pense qu'il a appris de sa dernière trahison et de l'exercice du pouvoir, et cela n'arrivera pas de sitôt. Mais, si cela venait à arriver, il n'aurait qu'à refaire la même chose. Un nouvelle Team Magic, un nouveau groupe contestataire. Peut-être n'aurait-il qu'à investir le Sénat pour retrouver sa gloire d'antan. Qu'importe ? Voilà l'homme qui vous a gouverné, celui en qui vous avez eu confiance. Cette homme n'est pas plus l'ancien maître de Simmeroh que le chef de la Team Magic. Il ne s'intéresse pas tant à la rivalité de ces deux organisations qu'à sa propre domination. Puisqu'il passe toujours d'un visage à l'autre il est toujours gagnant. Tant qu'il parvient à duper tous ceux qui sont à ses ordres, il sera le vainqueur. Tant qu'il parviendra à faire croire, en racontant de fausses histoires de combats, de rencontres, de détectives engagés pour démasquer l'autre, il parviendra à maintenir son pouvoir. Tant que personne ne saura le démasquer, il sera invincible. »

Il s'adressa alors directement à Moriarty :

« Mais tu n'es plus invincible, désormais. Je t'ai percé à jour.
-Tu es complètement fou. répondit aussitôt Moriarty. »

Il n'était même plus en colère. Il était tout à fait abasourdi.

« Tu oses convoquer tous mes amis, continua-t-il froidement, mes collègues, pour m'insulter. Tu oses rassembler chez moi tous les membres de cette ligue que j'ai crée, dans le château que j'ai choisi comme lieu du pouvoir, pour leur proférer des mensonges sans fondement. Que t'ai-je fait ? »

Il s'approcha d'Armand.

« Que t'ai-je fait, pour mériter si peu de respect de ta part ? Que t'ai-je fait pour recevoir un tel acharnement ? Sans moi, tu ne ferais même pas partie de la Ligue Arrogante. Tu ne serais rien. Alors, tu penses qu'il suffit d'enfiler un masque cachant suffisamment ton visage et vaguement similaire à une célébrité de ton enfance et de choisir un bouc émissaire pour résoudre tous les problèmes... Tu te trompes, Armand. Et tu me déçois beaucoup. »

Il se tourna vers les autres :

« Mais je suis convaincu que tu ne convaincs pas grand monde, ici. Ces hommes me connaissent plus que toi, et n'oserait pas me faire un tel affront.
-Est-ce vraiment ce que tu penses ? répondit Armand. Ou est-ce seulement ce qu'ils pensent ? »

Personne ne répondit.

« Moi aussi, continua-t-il, je croyais réellement connaître Moriarty. Malgré les trop nombreuses coïncidences autour de lui. Nous ne l'avons jamais vu en présence du chef de la Team Magic, lui et le chef de la Team Magic on développé exactement en même temps le combat muet, lui et le chef de la Team Magic partagent la même vision de Simmeroh... Malgré tout cela, je croyais aussi, au fond de moi, connaître Moriarty. Lorsqu'un Braségali et un Linéon évolués dont il n'avait jamais parlé sont venus étayer l'hypothèse selon laquelle un Alakazam lui serait tout aussi facile à cacher, j'ai décidé de fermer les yeux. Et puis, il restait un point qui me chiffonnait. Moriarty avait-il réellement le pouvoir de diriger une organisation illégale, dans l'ombre du pouvoir, en étant complètement inexpérimenté ? Et comment, s'il était le chef de la Team Magic, pouvait-il être aussi insaisissable, disparaître à chaque fois que l'on croit le tenir, savoir exactement comment échapper aux forces de l'ordre ? Voilà qui m'a longtemps posé problème. »

Il sortit un petit objet rouge de sa poche.

« Mais maintenant, continua Armand, j'ai la dernière pièce du puzzle. »

Il montra l'objet à tout le monde. Moriarty écarquilla les yeux. Il n'osa pas bouger.

« Savez-vous que c'est ? Croyez-vous, tous, connaître celui qui fût notre maître ? Je comprends votre optimisme, puisqu'il fût le mien. Mais ceci est un émetteur très spécial qui appartient à Moriarty. Il lui rappelle probablement son ancienne vie, car ceci, messieurs, est un émetteur de la Team Rocket, l'organisation illégale qui fût jadis la plus criminelle de tout le pays. Moriarty en a fait partie. Ce fût, en fait, l'un de ces agents ayant acquis une certaine célébrité... »

Il s'approcha alors de Moriarty, qui, le visage légèrement plus pâle que d'habitude, cherchait malgré tout à garder une certaine dignité.

« N'est-ce pas, la rose ? »

Tous furent surpris, choqués, mais aucun ne montra tant sa surprise que Vincent, le déçu de Kanto. Plus que les autres, il devait avoir été fasciné par l'histoire de la Team Rocket, et connaître avec une certaine précision la carrière de la rose. Il venait donc de comprendre pour la première fois que deux dresseurs qui, d'une manière ou d'une autre, le fascinaient, étaient en réalité la même personne. Suite à cette intervention d'Armand, la confiance de nombreux membres de la ligue en Moriarty diminua, volontairement ou non. Tous, abasourdis, lançaient sur Moriarty des regards lourds de sens, qui semblaient le transpercer de toutes parts. Ce soir là, quelque chose, dans l'aura que Moriarty renvoyait à ses collègues, venait de se briser à jamais et, pour la première fois, la crédibilité des hypothèses d'Armand venait de dépasser en force toutes les réserves que pouvaient avoir les membres de la Ligue Arrogante.

« Tu n'as plus qu'à admettre qui tu es vraiment. ordonna triomphalement Armand.
-Je ne resterai pas une seconde de plus à subir cet affront. répondit froidement le diable de Simmeroh. »

Et, avant de quitter le Château Arrogant, Armand lui cria :

« Ce n'est pas en te comportant comme cela que tu feras s'évanouir les doutes. Au fond de toi, tu sais qui tu es. »

Il faisait nuit. Moriarty se demanda s'il devait, une fois de plus, déranger Shazam pour trouver où dormir, mais il se ravisa, finalement, pensant que cette fois, il devait être seul. Il ne savait pas s'il se sentait davantage en colère ou humilié. Au fond, il n'était ni l'un ni l'autre. La haine était tout autour de lui, et l'arrogance le rendait imperméable à toute autre émotion. Pourtant, au fond de lui, peut-être avait-il un doute. Marchant tout le long de la Route Victoire, il vit un homme, assis contre un rocher, le regard tourné vers une falaise. Il était entièrement vêtu de noir, et avait un air familier. Moriarty lui donna un coup sur l'épaule, et il se retourna. Il s'agissait de Lambda de la Team Rocket.

« Que faites-vous ici ? demanda Moriarty. »

Mais Lambda paraissait encore plus surpris.

« Est-ce que vous parvenez à me voir ? demanda-t-il à Moriarty, une lueur d'espoir dans le regard.
-Bien entendu, répondit-il, vous êtes juste devant moi.
-C'est une mauvaise chose, se lamenta alors Lambda, une très mauvaise chose... »

Il regarda Moriarty dans les yeux avec un air de panique dans le regard.

« Vous recommencez à voir des choses qui n'existent pas ! lui avoua-t-il. Faites attention à vous, je vous en prie... »

Il paraissait pourtant si réel...

« Est-ce que je suis fou ? lui demanda Moriarty.
-Je n'en sais rien... Je ne comprends même pas ce que je fais là. Peut-on réellement appeler un homme à la santé physique autant que mentale des plus fragiles, sujet suite à plusieurs expériences infructueuses sur son propre corps à des hallucinations et des dédoublements de personnalité un fou ? »

La présence de Lambda devenait de plus en plus dérangeante.

« Je crois que je vais fermer mon esprit. avoua-t-il.
-Vous n'avez appris à le fermer que grâce à un pokémon que vous avez vous-même contribué à créer ! Et encore, pouvez-vous réellement être sûr d'avoir rencontré le projet M dans la Grotte Azurée ? Qu'est-ce qui vous garantit que vous ne l'avez pas seulement inventé, comme vous êtes en train de m'inventer en ce moment-même ?
-Je...
-Et la haine... Est-il question de fermer votre esprit à cette hallucination, ou ne comptez-vous la garder que parce qu'elle vous rend plus puissant ? Sacrifier votre santé mentale pour votre arrogance, si je puis me permettre...
-Comment arrêter tout cela ?
-Vous ne créez toutes ces choses que pour combler un vide en vous. Mais ce vide peut être comblé autrement qu'en invoquant des fantômes de votre passé. Il vous suffit de comprendre réellement où vous allez. Du moins c'est ce que je pense, vous ne serez jamais vraiment libre que lorsque... »

Mais Moriarty venait de fermer son esprit, et Lambda disparut. Un doute affreux parcourut soudain sa colonne vertébrale. Si Lambda lui apparaissait aussi réel, qu'en était-il de toutes ses autres certitudes ? Un instant, il commença à prendre en compte les doutes d'Armand. Il était vrai que le chef de la Team Magic et lui-même avaient la même vision de Simmeroh, la même manière de combattre. Leur opposition n'était-elle qu'une façade ? Cela lui rappela un autre, endroit, un autre moment. Deux dresseurs s'étaient retrouvés l'un face à l'autre. L'un, brun aux yeux d'or, l'autre, pâle aux yeux rouges.

« Ensemble, nous pourrions faire de si grandes choses. avait proposé l'homme à la cape.
-Nous pourrions conquérir Simmeroh. avait suggéré l'autre.
-Anéantir le mal à sa source.
-Nous pourrions acquérir un pouvoir sans pareil.
-Mais il y a un problème qui nous empêche de faire tout ceci.
-En effet.
-Nous nous détestons.
-Et cela fait à la fois si peu et tellement de temps que nous ne savons pourquoi. »

Cette conversation entre Bane et Moriarty, deux facettes de lui-même, il y a bien longtemps, lui revint brusquement. Il se souvint qu'à ce moment-là, sans connaître Moriarty, Bane s'était juré de s'opposer à lui en toutes circonstances. Mais Bane n'était-il pas Moriarty lui-même ? Plus encore, Bane n'était-il pas resté vivant en Moriarty, et ne lui était-il pas apparu aussi vivant à une époque que Lambda venait de l'être ? Cette discussion avait été rendue possible par un voyage temporel, mais Moriarty ne connaissait pas toutes les subtilités de ce genre de voyage. Peut-être Bane était-il resté en vie. Ou peut-être était-il encore en lui.
Il se rappelait ces longues nuits, durant lesquelles son propre pokémon lui dévorait ses rêves, dans la maison de ses ancêtres, les Haritori. S'il s'était laissé faire quelques jours supplémentaires, il serait sûrement mort. Mais cette expérience lui avait laissé quelques séquelles, que le contrecoup de la Quintessence de l'Arrogance avait achevé de condamner. Il en avait fait les frais plusieurs fois. Il n'était plus tout à fait sain, ses défenses immunitaires le lâchaient, les unes après les autres. Il était devenu psychologiquement fragile, et le serait resté si l'arrogance, la haine, ne l'avaient pas sauvé de la démence.
Néanmoins, il demeurait fou. Comment pouvait-il être sûr qu'Armand n'avait pas raison ? En pensant cela, il se sentit honteux. Mais il devait savoir. Peut-être n'était-ce pas nécessaire ? Au contraire, il était nécessaire de savoir, même si ça ne lui plaisait pas.

« La Team Magic a commencé à fleurir lorsque je suis arrivé à Simmeroh. pensa-t-il. Tandis que je vivais avec Méthane, j'ai simplement entraîné clandestinement mes pokémon pendant dix ans. Mais est-ce réellement tout ce que j'ai fait ? Dix longues années consacrées uniquement à l'entraînement de deux pokémon... Et s'il y avait eu autre chose ? Quelque chose dont je n'avais même pas conscience moi-même ? Et si... »

Des souvenirs lui revinrent, les uns après les autres. La falaise, d'où il était tombé. L'appartement, qu'il partageait avec Méthane. La Grotte Azurée, où il apprit à fermer son esprit. La poutre surélevée, d'où il apprit ce qu'était l'arrogance. Mais, au milieu de tout cela, n'y avait-il pas eu autre chose ? Cet être vêtu d'une étoffe bleue comme la nuit. Lui, qui s'était manifesté le jour-même où Moriarty avait prit le pouvoir.

« J'ai appris ce que vous savez fait. avait avoué l'homme. À ce qu'on dit, vous aviez tout programmé depuis le début.
-Naturellement. avait-il répondu.
-Et comme moi, vous savez pourtant que la machine est lancée.
-Qu'entendez-vous par là ?
-Nous sommes désormais condamnés à nous affronter. Votre organisation contre la mienne, pour le pouvoir à Simmeroh.
-Au moins, nous avons tous deux une bonne raison.
-Erreur, aucun de nous n'a de raison. Et cela me peine, me chagrine profondément. »

Y avait-il une réelle différence entre cette discussion, entre Moriarty et le chef de la Team Magic, et celle que Moriarty avait eu avec Bane ? La haine pour la haine, l'adversité pour l'adversité, l'arrogance pour l'arrogance. La puissance, acquise en voulant devenir supérieur à l'autre. Mais l'autre était-il réellement autre ?

« Ce soir-là... pensa-t-il. Ce soir-là, quand ils sont arrivés, l'étoffe était vide. Mais n'avait-elle pas été tout le temps vide ? À qui parlais-je ? »

Un nouveau souvenir sembla se former. Un souvenir où il parlait seul à une étoffe vide depuis le début. Était-ce de cette manière que tout s'était passé ? Toutes ces fois où il avait parlé avec le chef de la Team Magic, toutes ces fois où il l'avait rencontré, où il l'avait presque combattu... Avaient-elles vraiment existé ? Tous les souvenirs qu'il en avait, il les examina un par un. Puis, sans savoir s'il avait une hallucination, tous lui revinrent, un par un, différemment.
Son arrivé à Simmeroh, il la vit de nouveau. Mais, là où il entraînait clandestinement ses deux pokémon, il se vit également recruter des dresseurs clandestins dans toute la région, pour les rassembler sous un même signe. L'étoile. Il serait le chef de cette organisation qui prendrait le pouvoir à Simmeroh pour y installer une ligue.
La première manifestation de la Team Magic, il la vit de nouveau. Il se souvenait d'avoir ordonné, aussitôt sa prise de pouvoir, que des affiches soient placardées dans tout Simmeroh pour que le nouveau maître de la Ligue Arrogante tremble de peur, pour qu'il sache que tout ne serait pas si facile qu'il pouvait le penser.
Sa première rencontre avec le chef de la Team Magic, il la vit de nouveau. Il se vit de nouveau courir dans tout Simmeroh après ce nouvel adversaire qu'il voulait mieux comprendre, mais, cette fois-ci, il ne fût pas capable de dire si l'étoffe bleue qu'il poursuivait avait plus de réalité que toutes les autres inventions de son propre esprit.
Ses premières filatures du chef de la Team Magic, il les vit de nouveau. Il se rappelait qu'il devait faire payer les criminels qui ravageaient Simmeroh pour mieux installer le pouvoir de la Ligue Arrogante, il se rappelait avoir demandé à l'un de ses meilleurs hommes de porter une étoffe bleue pour le remplacer à la télévision...
Son enlèvement par la Team Magic, il le vit de nouveau. Il vit comment il avait négocié le destin de Simmeroh face à une étoffe bleue vide, comment il avait résisté face à un danger inconnu. Peut-être était-il même celui qui avait été dans l'étoffe, et peut-être était-ce la chaise qui lui faisait face qui était vide...
Le groupe de la déduction, il le vit de nouveau. Il se rappela à quel point il était facile de déjouer les plans des apprentis du fantôme de Kanto, puisqu'il les avait engagé lui-même. Il avait crée une enquête impossible à résoudre. Il se rappela comment le chef du groupe de la déduction l'avait appelé pour lui expliquer que son identité était compromise, et, comment, lui promettant sa protection, il avait volé aussitôt vers la Zone de Combat pour l'assassiner, pour rentrer plus tard au Château Arrogant, bredouille, en expliquant que le chef de la Team Magic avait une fois de plus déjoué son piège.
La rencontre d'Armand avec le chef de la Team Magic, il la vit de nouveau. Il se souvint comment il avait feint de rejoindre Eyragon et Martin, pour quitter le Château Arrogant vers un de ses repaires, pour y être finalement percé à jour par Armand, avant de quitter Espité en train et de rejoindre Armand par la suite. Mais cela s'était-il vraiment passé, ou reconstruisait-il entièrement cette scène à partir de ce que lui en avaient raconté Eyragon et Martin ?
Tous ces souvenirs... Il était impossible de savoir s'il les fantasmait, s'ils étaient bien réels, ou s'il venait de les inventer. Non, il ne venait pas de les inventer. Était-il possible que Moriarty se soit toujours posé la question ?

« Non. se répondit-il à lui-même. Je ne me suis pas toujours posé la question, mais je me la pose depuis l'enquête d'Armand. Oui, depuis qu'il est devenu le fantôme de Kanto, j'ai le sentiment que le chef de la Team Magic est tout le temps avec moi, qu'il est toujours autour de moi. Suis-je fou, alors, puisque je sens la présence du chef de la Team Magic partout, même lorsque je suis seul, ou est-il en moi ? Je n'ai pourtant jamais ressenti sa présence aussi fortement, aussi réellement que ces derniers jours. Partout où je vais, quoique je fasse, je le sens plus proche de moi qu'il ne l'a jamais été. Si je le sens aussi proche, aussi près de moi, alors... Peut-il être... »

Il venait de s'avouer que, depuis l'annonce d'Armand qui déclarait qu'il trouverait l'identité du chef de la Team Magic, il n'avait jamais senti le chef de la Team Magic aussi proche, même lorsqu'il lui parlait, si encore il lui avait jamais vraiment parlé... Armand avait-il réveillé quelque chose en lui ? Son enquête avait-elle permis à une personnalité de Moriarty, oubliée depuis longtemps, de remonter à la surface, ou y avait-il autre chose qui rendait cette présence soudain si réelle ? Il devait en avoir le cœur net.
Il vola jusqu'au musée des pokémon Sol de Graterrité. Il savait que ce musée bien gardé n'avait pas encore fait les frais de la nouvelle lubie de la Team Magic pour le comportement des Mammochon. Il sentait que, ce soir, le musée serait moins bien gardé que les autres soirs, car Thierry se rendait à un gala de charité à l'autre bout de la ville et que les forces de l'ordre, déployées pour cette raison, seraient trop occupées pour donner à une simple effraction dans un musée toute l'attention qu'elle méritait.
Il avait vu juste. À l'arrière du musée, un sbire montait la garde. Son Magirêve le paralysa par la seule force de la pensée.

« Où est-il ? réclama-t-il au sbire. Je veux le voir ! Je veux savoir ! »

Le sbire ne répondit pas, mais, en guise de réponse, quatre autres sbires arrivèrent. Chacun d'entre eux tenait le pied d'un grand fauteuil, sur lequel se trouvait Prias, le messager aveugle de la Team Magic qu'Armand avait découvert. Chacun des sbires tenait fermement un Kadabra pour pouvoir se téléporter au cas où les choses tourneraient mal. Mais Moriarty était plus adroit, et aurait facilement pu les empêcher de commander à leur Kadabra de se téléporter, ou encore les séparer de ces pokémon. Mais ce n'était pas ce qu'il désirait en priorité.

« Où est-il ? demanda-t-il à Prias.
-Il est en chacun de nous. répondit-il avec un sourire mystérieux.
-Assez ! Regardez-moi ! J'ai besoin de savoir.
-Vous regarder... Voilà qui me semble compliqué. »

Moriarty envisagea de lancer une autre pokéball, d'arrêter immédiatement ces membres de la Team Magic. Mais il ne fût pas assez rapide, et tous se téléportèrent avant qu'il n'ait pu faire quoi que ce soit. Mais, derrière eux, Moriarty le trouva. Le chef de la Team Magic se trouvait devant lui, son habit bleu illuminé d'étoiles, la tête recouverte d'un masque noir, lui-même recouvert d'un capuchon. Sans bouger, il regarda Moriarty.

« Qui êtes-vous ? demanda-t-il. »

Le chef de la Team Magic ne répondit pas, ni ne bougea. Il resta simplement immobile. Moriarty n'avait qu'à fermer son esprit pour savoir si celui qui se trouvait en face de lui était une illusion ou non. Il lui suffirait de faire comme il l'avait fait si longtemps. Mais son esprit était comme bloqué. Il ne parvenait pas à le fermer, il ne parvenait pas à faire abstraction. Il lui manquait à ce moment précis toute l'arrogance du monde, si bien qu'il ne pût se convaincre qu'il n'était pas le chef de la Team Magic. Il décida de s'avancer d'un pas, mais le chef leva la main, et fût entièrement entouré de pokémon nocturnes sauvages qui s'accrochèrent à lui, avant de disparaître dans la nuit.

« Est-ce que ce que je viens de vivre s'est réellement déroulé ? se demanda le diable de Simmeroh. »

Il était épuisé. Il ne savait pas quoi penser. Aussi, il s'enfonça dans les forêts alentours et, dès qu'il trouva un endroit suffisamment reculé, il ferma les yeux et s'endormit. Ses rêves furent agités, son sommeil peu confortable et peu réparateur. Il faisait une chaleur étouffante, et la nuit était humide, si bien qu'il transpira beaucoup.
Il se retrouva sur une longue route, toute remplie d'arbres morts, aux branches épinées. Noirs comme l'encre, les arbres semblaient le regarder tandis qu'il marchait devant lui, là où la matière et le néant s'alternaient pour lui permettre de se déplacer. Il atterrit sur un long couloir entièrement noir, au sol dur. Il savait qui il y trouverait. La toute petite fille vêtue d'une robe blanche se balançait nonchalamment sur sa balançoire. Puis, elle regarda Moriarty dans les yeux.

« Qui es-tu, mon enfant ? lui demanda-t-elle. »

Pour la première fois, peut-être, Moriarty avait quelque chose à lui répondre. Ce cauchemar terrible, sa plus grande peur que Matt lui avait révélé, peut-être suffisait-il d'une simple réponse pour tout résoudre. Mais l'aurait-il, le courage de lui répondre ? Le courage d'admettre ce dont il n'était pas sûr, le courage de tout arrêter...

« Je suis... commença-t-il à répondre »

S'il prononçait enfin ses mots, il savait que tout s'arrêterait.

« Je suis le chef de la Team Magic ! »

Il se réveilla en sueur. Il savait qu'il devait se rendre de nouveau au Château Arrogant. Devant lui se tenait Armand, masqué. Il se regardèrent sans que l'un des deux prenne la parole, avant que Moriarty ne commence :

« Armand. Je pense que tes analyses sont... Pertinentes. Je pense qu'il est possible que je sois le chef de la Team Magic. »

Il en avait parlé à Armand en privé, mais déjà les yeux bleus pétillaient d'un nouveau feu derrière son masque.

« Tu penses qu'il est possible que tu sois le chef de la Team Magic. répéta-t-il. Alors que je n'ai pas de preuve formelle de ta culpabilité, alors que jusqu'à peu tu te disais outré de mes conclusions, tu penses qu'il est possible que tu sois le chef de la Team Magic.
-Oui. »

Armand regarda Moriarty, puis, pour la première fois, peut-être, depuis le début de son enquête, sa voix se radoucit :

« Tu penses que c'est est possible. Je pense que c'est une certitude.
-Que comptes-tu faire ?
-Dans un premier temps, et si tu es d'accord, je propose de t'enfermer dans tes appartements, en te retirant tout moyen de communiquer avec l'extérieur. Cela me laissera le temps de réfléchir à de nouvelles preuves plus solides, afin d'avoir des certitudes sur ta double-vie.
-J'accepte. répondit Moriarty sans réfléchir. »

On lui prit son pokématos. On vida ses poches, sa cape. On vérifia plusieurs fois que rien qui ne soit dans sa salle lui permette de communiquer avec qui que ce soit. Seuls quelques pokémon demeuraient dans leur pokéball, sur la table. On créa également un autre passage pour pouvoir passer de la salle de Martin à celle de Brynne sans passer par chez lui. Puis, un jour passa, puis un autre. Moriarty se contentait de rester assis, en se posant des questions sur son identité. S'il venait à avoir des hallucinations, il le saurait. Si ce confinement révélait son autre personnalité, il serait le premier à le savoir. Deux fois par jour, Armand rentrait, le regardait sans lui parler, déposait de la nourriture, et repartait. Moriarty ignorait combien de temps il devrait rester dans cette pièce. Peut-être Armand attendrait-il de voir si le chef de la Team Magic avait été aperçu alors que Moriarty était enfermé. Mais cela ne signifiait rien. N'importe qui pouvait se cacher derrière cette étoffe. Si Moriarty avait fait exprès de se rendre pour prouver son innocence, il aurait sûrement engagé quelqu'un pour le remplacer.

« C'est ce que j'aurais fait... se surprit-il à penser. »

Les jours qui suivirent furent moins riches en hallucinations qu'il ne l'aurait cru. S'il était parfois sûr d'avoir entendu ses pokémon faire la discussion entre eux, il parvenait à garder une certaine clarté dans son esprit. Il savait qu'il était entre de bonnes mains, et le chemin de la vérité qu'il prenait le rassurait. Pourtant, jour après jour, la folie commençait petit à petit à le prendre. Il rejouait dans sa tête, jour après jour, ses souvenirs qui, petit à petit, se substituait les uns aux autres. Dans certains, il s'imaginait être le chef de la Team Magic. Dans d'autres, il n'en était pas question.
Malgré tout cela, il sentait encore l'aura du chef de la Team Magic en lui, il sentait que sa présence était en lui, dans son esprit. Il ne savait pas comment l'interpréter.
Finalement, Moriarty en parvint à la conclusion, en ressassant ses souvenirs, que quelque chose clochait. Quelque chose n'allait pas, ne tournait pas rond. À quel moment cela avait-il commencé ? À quel moment cette chose s'était-elle manifesté, et quelle était-elle ? Il l'ignorait, mais devait absolument le découvrir. Elle était la clé du mystère.

« Quelque chose cloche. répétait-il. Quelque chose cloche. »

Il rejoua les derniers jours dans son esprit les uns après les autres. Il réfléchit et essaya de mettre le doigt sur cette chose étrange. Cette chose qui n'aurait pas dû se passer de cette façon, cet événement qui ne s'était pas déroulé comme il aurait dû, et qui pourtant s'était déroulé devant de nombreuses personnes. Il y avait eu un instant, une chose, une seule, qui n'était pas normale. S'il parvenait à mettre le doigt dessus, il pourrait, à partir de cette unique chose, dérouler tout le fil de la connaissance, et trouver ce qui n'allait pas, et ce qu'était la vérité.
Il avait le sentiment que la vérité dépendait en effet entièrement de cette chose qui clochait. Il en avait la certitude. Mais qu'était-ce ? Le lendemain, lorsqu'Armand lui remit son plat, il n'y toucha pas. Il n'avait pas à manger, ce ne serait qu'une distraction. Il devait trouver cette chose qui clochait plus que toutes les autres, il devait savoir, comprendre.

« Mentali, Balle Ombre ! »

Il avait sorti quelques pokémon pour leur faire exécuter diverses attaques. Il était certain que la clé de l'énigme se trouvait dans cette expérience. La balle d'énergie mauvaise de Mentali vint atteindre une chaise qui se brisa aussitôt.

« Magirêve, Balle Ombre ! »

Le pokémon doré fit de même, et éclata les débris restants.

« Psyko ! »

Les deux pokémon firent voler les débris de la chaise en tous sens. Il sentait qu'il approchait. Il devait en savoir plus sur ces deux attaques. Il devait comprendre exactement ce qui clochait.

« Mentali, Balle Ombre ! Magirêve, Psyko ! »

Ce furent les propres pokémon de Moriarty qui firent les frais de ces deux attaques. Moriarty avait placé Galeking puis Aligatueur en face des deux pokémon. Une fois les deux attaques prises de plein fouet, il examina avec beaucoup de sérieux et un peu de folie les impacts de ces deux attaques et puis recommença, en inversant :

« Mentali, Psyko ! Magirêve, Balle Ombre ! »

Une fois de plus, il regarda avec intérêt les impacts. Il se demanda comment il les aurait lui-même utilisé... Il savait qu'il approchait du but. Il savait que quelque chose clochait, et il s'apprêtait à le comprendre.

« Nostenfer ! »

Le pokémon aux quatre ailes sortit de sa pokéball.

« Mentali, puis Magirêve, utilisez chacun Balle Ombre puis Psyko ! »

Nostenfer se laissa faire, et les deux attaques atteignirent leur cible. Nostenfer tomba, et Moriarty l'examina avec précaution. Il savait alors qu'il avait mis le doigt sur ce qui clochait, et ce avec exactitude. Puis, il regarda les choses sous un angle tout à fait nouveau. En réfléchissant de nouveau à tout ce qu'il s'était passé jusqu'alors, il démêla petit à petit le vrai du faux et comprit où était la vérité. La présence de la Team Magic s'expliqua alors. Moriarty réfléchit, petit à petit, calmement. En regardant la situation sous un angle nouveau, il finit par être persuadé de ce qu'il pensait.
Il finit par se convaincre qu'il avait entièrement résolu l'enquête d'Armand. Il était sûr de savoir qui était le chef de la Team Magic, et ce n'était pas lui. Tout était clair, nouveau. Il n'avait plus à être enfermé, ni à être dans le doute. La situation s'était soudain déliée. Il replaça tous ses pokémon dans leur pokéball, car Armand avait probablement prévu des détecteurs de pokéball au cas où il chercherait à s'échapper. Il rangea ses pokéball dans son système de gestion de pokémon, avant de s'approcher calmement de la sortie.
Puis vint le soir fatidique. D'un coup de pied sec, il enfonça la porte qui joignait ses appartements à ceux de Martin. Il passa des siens à ceux d'Eyragon, puis à ceux d'Armand qui n'était pas présent. Puis, au moment où on donna l'alerte de sa fuite, il courût, à pied, en-dehors du Château, puis le long de la Route Victoire. Il marcha, encore, encore, toute une nuit, jusqu'à arriver à Espité. Là, en s'assurant de ne pas être vu, il parcourut les routes jusqu'à l'arène.
Devant lui se tenait Matt, le champion de la ville, vêtu d'une veste immonde et d'un pantalon trop court, ses lunettes reflétant la lumière.

« Matt, ordonna triomphalement Moriarty, j'exige que tu me remettes ton Alakazam. »