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La recherche d'un rival : À l'aube d'un rêve de Moriarty



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» Auteur : Moriarty - Voir le profil
» Créé le 06/03/2019 à 03:59
» Dernière mise à jour le 06/03/2019 à 03:59

» Mots-clés :   Action   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Région inventée   Suspense

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Chapitre 60: Le fantôme de Kanto
Après un long trajet en bateau, Moriaty avait atteint Karajo. Insensible à la population qui le regardait d'un mauvais œil ou s'écartait sur son passage, il se dirigea vers l'arène.

« Je ne me souviens pas qu'Armand m'ait jamais parlé du fantôme de Kanto. avoua Martial. Mais c'était une célébrité à Kanto, je ne suis pas étonné qu'il s'en soit inspiré.
-Cela fait longtemps qu'il le connaît et l'a bien étudié. insista Moriarty. Il sait même des choses que seul le fantôme peut connaître. A-t-il jamais été comme ça ? »

Moriarty s'attendait à une réponse du champion aux muscles de fer, mais ce dernier fronça les sourcils.

« Armand est mon rival et mon meilleur ami. Je n'ai pas à te dévoiler sa vie privée. Je sais qu'il met des criminels en prison, et cela me suffit. De plus, il m'a conseillé de me méfier de toi, et lorsqu'Armand me donne un conseil, j'ai pour habitude de le suivre. Alors, si tu pouvais quitter mon arène, il faut que je m'entraine. »

Mis à la porte, il n'avait pas pu glaner beaucoup d'informations. Pourtant, la nuit commençait à tomber, et il ne voulait pas rentrer au Château Arrogant pour y croiser le regard d'Armand. Il devait pourtant trouver un endroit où dormir.

« Échec et mat. prononça le dresseur invincible avec un sourire narquois. »

Son cavalier blanc se trouvait désormais non seulement en-dehors du champ du fou de Moriarty, mais en plus au meilleur endroit pour empêcher le roi de s'échapper. Il fît un sourire au diable de Simmeroh, mais ce dernier ne pût y répondre qu'en se forçant. Il avait l'impression de se battre contre une entité toujours plus douée, futée que lui. Il lui semblait qu'à chaque fois qu'il croyait comprendre où l'autre allait, il se trouvait face un mystère encore plus épais. Il ne pouvait se résoudre à s'incliner face au regard doré de son adversaire. Mais ses défaites à répétition aux échecs ne laissaient rien présager de bon pour la prochaine Conférence Arrogante. Pourtant, en ce moment-là, plus que jamais, Moriarty avait besoin de celui qui devait concentrer toute sa haine.

« J'ai à t'entretenir de quelque chose, Shazam, et j'irai droit au but. Ces derniers temps, le Château Arrogant n'est plus aussi... Il n'est plus aussi accueillant qu'il l'était auparavant. Puisque tu as plusieurs chambres dans ton arène, je voulais te demander...
-Il est vrai que mon arène est une vraie forteresse, coupa Shazam avec un sourire narquois, mais je ne puis accéder à ta requête, pour la simple et bonne raison que je ne dors pas ici. Je vais passer la plupart de mon temps dans cette arène sous peu, alors je préfère profiter de ce que la nature a d'autre à m'offrir tant qu'il en est encore temps.
-Alors, où dormiras-tu cette nuit ? »

Shazam eût un sourire, avant d'emmener Moriarty camper dans les forêts de Simmeroh, où il lui expliqua qu'il ne trouvait rien de mieux pour s'entraîner, se ressourcer comme pour méditer, que le simple contact de la nature. Loin d'être en désaccord après une vie relativement luxueuse, Moriarty accueillait cette simplicité avec plaisir. Les étoiles parcouraient le ciel tandis que les deux dresseurs parlaient de ce qui agitait Simmeroh.

« Mes absences répétées, le plan d'ensemble de la Team Magic, Armand décidant soudainement de démasquer son chef... Tout ça ne peut être une coïncidence. Quelque chose de plus grand se trame, quelqu'un tire forcément les ficelles.
-À qui penses-tu ? lui demanda le neuvième champion.
-Je ne saurais pas le dire. Si seulement je parvenais à voir au-delà, à prendre un peu plus de recul, à changer de point de vue... »

Mais il n'y parvenait pas, et s'endormit bien vite. Son sommeil fût lourd, pénible, anxieux. Au beau milieu d'un rêve, il se retrouva face à une jeune fille toute vêtue de blanc, se balançant nonchalamment, regardant dans ses yeux de la même façon que le faisait Armand désormais, et qui ouvrait sa jeune bouche pour lui poser la question fatidique.

« Non ! s'écria-t-il. »

Il venait de se réveiller, tout en sueur. Il était glacé, tremblant. Il n'était jamais en sécurité et ne le serait jamais, pas même dans ses rêves. Il se leva d'un seul coup, encore ivre de sommeil. Sans être pleinement conscient de lui-même, il ne pouvait espérer se rendormir. Il savait qu'il devait partir, qu'il ne pouvait pas rester la proie de ses cauchemars, de cette immense douleur. Encore coincé dans les vestiges de son rêve, il lui semblait qu'il était quelqu'un d'autre, un être tout à fait différent qui peut-être n'était pas Moriarty.
Pourtant, des yeux brillants le trouvèrent dans la nuit, et regardèrent son visage apeuré. Sans un mot, sans le juger, Shazam, constatant à quel point Moriarty semblait perdu, lui tendit la simple couverture qui lui avait jusque là servi de lit. D'un geste de tête, il la refusa, mais Shazam, d'un regard ferme et affectueux, lui fit entendre raison, et la déplia pour la placer autour de Moriarty, avant de s'asseoir par terre, et d'inviter d'un geste de main Moriarty à le faire.
Toute la nuit était silencieuse. Shazam n'était ni Armand, ni Méthane, ni Eyragon. Il n'aidait pas Moriarty dans l'espoir d'apparaître à son avantage à la télévision tout en apprenant plus de choses sur lui, ni parce qu'il avait été son colocataire à une autre époque sous une autre forme, ni parce qu'il admirait à la fois son art de manier les foules et ses origines familiales. En fait, Shazam n'avait rien à attendre de Moriarty, ni consciemment ni inconsciemment. Il n'avait pas besoin de lui pour devenir le neuvième champion d'arène. Il était plus fort, plus intelligent, supérieur en tous points. Et pourtant il consentait à lui accorder du temps, à discuter avec lui, à l'aider lorsqu'il était faible, là où d'autres l'auraient laissé tomber.
Il repensa à ce qu'il avait dit à Méthane sur l'amitié. Qu'elle n'était qu'un moyen de concrétiser une alliance, une échange de bons procédés se concrétisant par une réelle affection, mais qui n'en demeurait pas moins quelque chose d'égoïste et matériel. S'il avait cru trouver plusieurs fois quelqu'un qui le comprenait, Moriarty s'était souvent rétracté. Quelqu'un pouvait-il réellement être son égal, son complément ? Sans un mot, Shazam avait compris l'état de panique dans lequel se trouvait Moriarty, et sans un mot il l'avait recouvert de tout ce qu'il avait sous la main.
L'existence d'un geste gratuit, d'une personne pour en compléter une autre, était probablement ce qui manquait au diable de Simmeroh pour comprendre pleinement l'amitié. Elle n'était pas incompatible avec la haine, ni avec l'arrogance, au contraire, car jamais il n'avait autant haï Shazam qu'à ce moment-là, mais elle était d'un autre registre, d'un autre calibre. Il n'aurait pas pu définir cette sensation que l'être à côté de lui le comprenait profondément, et, après un temps, ne chercha plus à le faire. Mais il venait de recevoir la sensation d'un acte gratuit, désintéressé, motivé seulement par l'amitié, et qui remettait en place dans son esprit sa conception de cette dernière.
La seule puissance de ce geste avait suffi à le calmer. Ce soir-là, il comprit qu'en Shazam il avait un grand ami, et concevait une nouvelle forme d'amitié, spirituelle avant d'être affectueuse, spontanée avant d'être réfléchie. Ce soir-là, les deux amis parlèrent d'autres régions, d'autres mondes, d'autres concepts, jusqu'à ce que le soleil se lève. Ils semblaient vivre, pendant un instant, dans un monde où ni Armand, ni la Team Magic, ni l'enfant mort, ni l'oeil d'Hoenn, ni la haine, ni même la petite fille sur sa balançoire n'existaient. Était-ce cela, la solution à tous les maux de Moriarty ? Toutes ses pressions, toute sa fatigue, son sentiment de ne pas être assez fort, ses démons le rongeant de l'intérieur, ne pouvaient-ils s'absoudre que dans l'amitié ?
Revenant au Château Arrogant, et évitant le regard inquisiteur d'Armand, il se dirigea vers Eyragon et Martin.

« Savez-vous si Armand a pu tirer quelque chose d'Abraka et Dabra ? leur demanda-t-il.
-En effet, répondit Martin, ils lui ont remis un message codé, comme pour le narguer. Il se casse la tête dessus depuis longtemps.
-En tout cas, ajouta Eyragon, cette fois-ci, ils ne pourront pas s'échapper. Il faudrait une armée pour qu'ils parviennent à s'évader.
-Pourrais-je voir ce message codé ?
-Il n'en est absolument pas question, puisque j'ai toutes les raisons de croire qu'il t'est destiné. »

Armand venait de parler. Moriarty se retourna aussitôt.

« T'a-t-on déjà fait remarquer qu'il était très impoli d'écouter aux portes ? répliqua-t-il en détachant chaque syllabe.
-Je fais ce qui est nécessaire pour faire avancer mon enquête.
-Mais si tu soupçonnes quelqu'un plus qu'un au sein de la ligue d'être le chef de la Team Magic, je t'en prie, fais-nous en part. Il serait temps d'assumer tes convictions, plutôt que d'aligner les sous-entendus. »

Armand ne se laissa pas déstabiliser, derrière son masque gravé d'un point d'interrogation, et posa un simple question à son principal suspect :

« Toi qui te vantes d'avoir eu à faire au chef de la Team Magic à de nombreuses reprises, t'a-t-on déjà vu une seule fois en sa présence ? »

Moriarty s'apprêtait à répondre, mais la question était plus compliquée qu'il n'y paraissait. Il se rappelait plusieurs dialogues, plusieurs débuts de combats avortés, mais il ne se souvenait pas d'un tel moment. Même lorsque le meneur du groupe de la déduction avait été tué par le chef de la Team Magic de son propre souhait, Moriarty était seul.

« Lorsque nous lui avons tendu une embuscade en utilisant le ministre Emiste comme appât, tout le monde a vu le chef de la Team Magic, et ce n'était pas moi.
-En effet, continua calmement Armand, mais, de ta propre initiative, tu avais décidé de rester tapi dans l'ombre. Ce n'est que lorsqu'il s'est échappé que tu prétends l'avoir blessé.
-Alors il y a cette fois où, devant tous les postes de télévision de Simmeroh, j'ai...
-Si tu fais référence à l'irruption dans la tour de télévision, coupa le fantôme de Kanto, tu te souviendras sûrement que, du propre aveu du chef de la Team Magic, l'homme qui portait un costume similaire n'était qu'un sbire.
-Alors, lorsque nous avons été absents pendant près d'un an de Simmeroh, pour les besoins de l'émission...
-Mais le chef de la Team Magic ne s'est jamais montré pendant ce moment-là.
-Comment ? demanda Moriarty, abasourdi.
-Je te le répète. acheva fermement Armand. Durant toute la durée de l'émission, l'activité de la Team Magic a été au plus bas, et son chef n'a pas été vu du tout. »

Moriarty était dans une mauvaise passe. Il fouilla dans sa mémoire de nouveau. Il y avait forcément une fois où il n'avait pas été seul avec lui...

« Je me souviens d'un jour où le chef de la Team Magic m'a enlevé dans le Château Arrogant. Vous êtes tous venus me délivrer, et vous avez vu le chef de la Team Magic fuir alors que j'étais fait prisonnier. »

Armand resta silencieux, puis parla de nouveau :

« Je n'ai pas encore suffisamment étudié la question pour savoir comment tu as pu t'y prendre. Ce que je sais, en revanche, c'est que, comme me l'a avoué Martin, le chef de la Team Magic, peu de temps après que tu aies maitrisé le combat muet, développait exactement la même technique. Il y a beaucoup trop de coïncidences autour de toi et de cet autre personnage, s'il est vraiment autre. »

Moriarty se tourna vers Martin qui baissa la tête de honte. Mais il avait raison. Après tout, Moriarty lui-même avait été le premier étonné en voyant qu'exactement comme lui, le chef de la Team Magic ne donnait plus d'ordres à ses pokémon pour les contrôler.

« Il te faudra plus que des coïncidences pour espérer arriver à quelque chose de concret. répondit doucereusement Moriarty. En attendant, j'ai à faire. »

Et il s'en retourna de l'autre côté du château, suivi de près par Eyragon qui semblait gêné.

« Qu'y a-t-il ? demanda Moriarty. Comptes-tu aussi m'accuser d'être celui que je combats depuis si longtemps ?
-Bien sûr que non. répondit-il. Je te connais, et je sais que tu es un dresseur d'honneur. Je sais que tu ne peux pas être le chef de la Team Magic, et c'est d'ailleurs pour ça que je n'ai rien dévoilé à Armand. »

Moriarty s'arrêta brusquement.

« Que veux-tu dire ?
-Je veux dire que je ne lui ai pas tout révélé, pour te protéger.
-Je ne comprends toujours pas.
-Enfin, Moriarty, ne te souviens-tu pas ? Lorsque nous sommes tous allés te secourir, ce jour-là, j'ai été le premier à attaquer le chef de la Team Magic, mais son étoffe bleue était vide. Là non plus, tu ne te trouvais pas au même endroit que lui. »

Ce souvenir revint brusquement à Moriarty. Alors qu'il avait le souvenir distinct d'un chef de la Team Magic commençant à le torturer pour la signature d'un papier le rendant maître de Simmeroh, il se souvenait aussi qu'aussitôt les autres membres de la ligue arrivés, l'étoffe s'était retrouvée vide. Mais, plus que cette simple curiosité, ce souvenir ravivait autre chose en Moriarty. Il fallait qu'il aille retrouver Shazam au plus vite.

« Il n'y a qu'à toi que je peux en parler. Tu es plus intelligent qu'Armand, et tu comprendras mieux que quiconque. »

Pour toute réponse, Shazam but une gorgée de boisson. Moriarty l'imita machinalement.

« Lorsque le chef de la Team Magic m'a enlevé, il y a quelques années, j'avais envoyé à chaque membre de la ligue un message pour qu'ils viennent me secourir. Pourtant, bien que mon pokématos n'ait envoyé que sept messages et qu'ils n'avaient pas communiqué entre eux, tous étaient là. »

Il but de nouveau.

« J'en ai conclu que quatre membres de la ligue appartenaient à la Team Magic, que l'un d'entre eux en était le chef. Voilà ce que devrait être le point de départ de l'enquête d'Armand, mais comment lui dire ? Il n'est pas en-dehors de tout soupçon...
-Si certains membres de la ligue faisaient partie de la Team Magic à ce moment-là, rien ne t'assure qu'ils en sont encore membres. Quant au chef, il peut être ailleurs...
-Je n'y crois pas. »

Il finit son verre d'un trait et s'apprêta à continuer, mais, devant le regard de Shazam, il comprit que quelque chose n'était pas normal.

« Shazam, demanda-t-il, que m'as-tu servi à boire ?
-Du thé. répondit simplement le neuvième champion. Nous buvons du thé, et tu ne t'en es pas rendu compte. Pourtant, ce n'est pas ta boisson privilégiée... »

Le regard de Shazam était attristé de cette constatation, mais ferme.

« Je n'ai pas remarqué parce que je te parlais de choses plus importantes. se défendit-il. Me faire boire machinalement du thé ne prouve rien.
-C'est en effet une possibilité.
-Armand t'a demandé de m'en faire boire pour voir si je m'en rendrais compte, n'est-ce pas ? Il savait que je viendrais te voir avec beaucoup de choses à dire, et il t'a demandé de me servir du thé sans m'en parler.
-Oui. »

Moriarty bouillait de rage devant ce piètre stratagème, d'autant plus qu'il savait qu'Armand s'en servirait comme confirmation de ses soupçons.

« Vas-tu lui rapporter que je ne m'en suis pas rendu compte ?
-Je pourrais lui mentir, mais je ne pense ni que ce soit moral, ni que cela te soit bénéfique. Si tu n'as rien à te reprocher, cette curieuse expérience n'aura aucune conséquence.
-Tu as raison. répondit-il. »

Il réfléchit.

« Je sais que je peux te faire confiance, Shazam, puisque tu as rejoint la ligue récemment. Si tous les autres membres de la Ligue Arrogante peuvent être le chef de la Team Magic, il n'y a que deux personnes qui n'en faisaient pas partie au moment de l'enlèvement. Vincent et toi êtes lavés de tout soupçon. Tout cela réduit mes suspects à onze hommes.
-Si je puis me permettre de te corriger, tu as douze suspects. En effet, si deux nouveaux membres sont apparus, il me semble que l'un d'entre eux a disparu. »

Les yeux de Moriarty s'illuminèrent. Il savait de quel côté il allait commencer à chercher.

« Comment peux-tu dire ça ? demanda-t-il, agacé, à Eyragon.
-Moriarty, je n'y peux rien. La neuvième arène a coûté tellement d'argent à construire dans les temps... Nous avons réduit notre budget au strict nécessaire, et nous n'avons donc aucun idée de là où se trouve Guilhem. Il n'est plus suivi par nos services.
-Quelle imbécillité, j'aurais payé sa filature de ma propre poche s'il l'avait fallu. Il faut que je vois les derniers rapports le concernant.
-Il n'y avait pas grand chose. se souvint le dracologue. Il s'est fait assez discret, et s'est installé successivement dans plusieurs villes de la région avant de la quitter. Il peut être n'importe où.
-Si seulement il était n'importe où... Mais j'ai bien peur que ce ne soit pas le cas. Peu importe, j'en fais mon affaire. Armand a-t-il réussi à déchiffrer le message d'Abraka et Dabra ?
-Il pense être sur le point d'y parvenir. Ces derniers temps, il est sur la piste de Prias, le messager aveugle de la Team Magic. Je ne sais pas quoi te conseiller. »

Moriarty posa sa main sur l'épaule d'Eyragon.

« N'aie aucune angoisse Eyragon. Tu m'as déjà bien aidé. Maintenant, c'est à moi de mener ma propre enquête. »

Et un jour passa, durant lequel Moriarty mit en place son plan, perdu dans son immense salle au sein du Château Arrogant. Devant obtenir un certain nombre d'informations auprès d'Eyragon, il parcourut le château sans le trouver, ni lui, ni Armand. Il n'y avait que Martin.

« Nous ne sommes que tous les deux. lui indiqua le dresseur aux cheveux bleus de sa voix doucereuse.
-Où est Eyragon ? répondit le diable de Simmeroh.
-Je crois qu'il est à Karajo. Mais si tu as besoin de quelque chose...
-Ce n'est pas la peine. »

Pourtant, Moriarty ne quitta pas la pièce.

« Allez... murmura Martin. Je vois bien que quelque chose te préoccupe. Pourquoi le cacher ? Tu es bien plus transparent que tu ne le penses. »

Moriarty ne répondit pas.

« Armand pense que tu es le chef de la Team Magic. déclara sèchement Martin, brisant un tabou au sein du conseil des quatre. »

Moriarty fût alors obligé de répondre.

« Et toi, Martin, qu'en penses-tu ?
-Je sais qu'Armand est un homme intelligent, et je trouve ses arguments troublants. Mais pour l'instant, je te fais confiance car je n'ai pas de raison de faire autrement. Néanmoins, que tu le sois ou non, tu auras un jour à l'autre des comptes à nous rendre, car certaines coïncidences sont pour le moins troublantes. »

La franchise de Martin toucha Moriarty en même temps qu'elle apportait au sein de la conversation une certaine tension.

« Armand est ton ami. continua Martin. Je ne peux qu'imaginer ce que cela peut te faire de te sentir ainsi trahi par quelqu'un qui t'a été proche, quelqu'un qui te suspecte d'être ton pire ennemi et... »

Il s'arrêta brusquement de parler, et écarquilla les yeux comme s'il venait d'avoir une révélation.

« Mais ce n'est pas Armand qui te préoccupe le plus en ce moment, n'est-ce pas ?
-En effet. »

Et Moriarty accorda alors toute son attention à l'autre membre du conseil des quatre.

« Martin... Comment vaincre un dresseur invincible ?
-Mais bien sûr... Comment n'ai-je pas pu le voir plus tôt ? C'est cela qui t'angoisse tant. »

Martin réfléchit en silence à ce qu'il pouvait conseiller de pertinent à Moriarty, puis se hasarda à être tout à fait franc avec lui :

« Moriarty, je ne sais pas comment vaincre un dresseur invincible. Je sais que lorsque j'ai combattu Shazam, j'ai su que c'était le champion que tu cherchais. Il a fait des choses que je n'avais jamais vues, pas même par toi. Alors, peut-être que tu ne pourras jamais gagner contre lui. Peut-être connaîtras-tu ta toute première défaite de sa main. »

Il marqua un silence, puis reprit juste avant que Moriarty ne puisse répondre :

« Je ne sais pas comment vaincre un dresseur invincible, mais je peux te dire comment je réagis lorsque je combats un adversaire plus fort que moi. Lorsque cela arrive, je pense simplement que, même si je perds contre lui, même s'il parvient à te vaincre, et qu'il parvient au maître... Je me dis que s'il parvient à faire tout ce chemin, c'est qu'il mérite tout simplement d'être maître, et je le féliciterai.
-Ce n'est pas si facile, pour moi...
-Ce n'est pas si facile simplement parce que tu l'as décidé, Moriarty. Au contraire, je me suis laissé dire que tu t'entendais bien avec ton futur adversaire. Pense à que cela veut dire. Le meilleur de vous deux gagnera ce combat, mais peut-être seras-tu assez heureux pour que le meilleur soit l'un de tes amis... »

Et Moriarty et Martin se jaugèrent du regard. Le diable de Simmeroh n'avait encore jamais envisagé que le pouvoir de l'amitié pouvait être plus fort que celui de l'arrogance, suffisamment pour atténuer une défaite...
Et puis, Moriarty décida de mener son enquête en parallèle. Aussi, il contacta ses propres indicateurs au sein de la Team Magic, qui occupaient des postes peu importants, mais lui permirent, après s'être grimé jusqu'à en être méconnaissable, de rejoindre une petite unité de Poniville. Il comptait la rejoindre l'espace de quelques jours, en se faisant peu remarquer, et la quitter le plus tôt possible pour n'attirer l'attention ni sur lui ni sur ses indicateurs.
Présenté comme un repris de justice par l'un de ses indicateurs dans un établissement peu recommandable, il n'eût pas de mal à être engagé comme sbire de base. Il découvrit ainsi un laboratoire caché sous un réverbère, et, tout déguisé, s'apprêtait à recevoir le rapport de son commandant.

« Nouvelle recrue, il faudra que je prenne ton empreinte rétinienne pour que tu puisses accéder à ce repaire depuis le réverbère. Ensuite, je pourrai te donner quelques missions. »

Il acquiesça, et se soumit à la procédure, avant de devoir accompagner son commandant, en un bataillon de cinq sbires à l'autre bout de Poniville, où il devait voler des données du musée sur les anciens pokémon.

« Commandant, demanda Moriarty en tentant d'aggraver sa voix, quel genre d'information nous intéresse exactement ?
-Cela ne regarde pas les nouvelles recrues. répondit sèchement celui qui dirigeait son bataillon. Cependant, j'imagine que je peux faire une exception... »

Enfin Moriarty allait comprendre le plan de la Team Magic. Enfin, il aurait toutes les cartes en main pour appréhender le complot qui se déroulait tout autour de lui sans qu'il puisse agir dessus.

« C'est une embuscade ! cria son commandant. »

Au détour d'une ruelle sombre, Voltim, Voltom et Armand apparurent. Ce dernier envoya d'un coup son Ectoplasma et son Lippoutou qui endormirent et gelèrent sur place deux des agents. Les trois autres et le commandant se réunirent autour d'un Kadabra afin de se téléporter. Le regard de Moriaty croisa celui d'Armand, derrière son masque blanc gravé d'un point d'interrogation. Il avait tout fait rater, Moriarty ne pourrait pas connaître le fameux plan de la Team Magic... Il allongea son bras vers le Kadabra, pour disparaître avec les autres, mais une pression psychique de Lippoutou l'empêcha de bouger davantage. Les trois autres sbires et le commandant disparurent sans lui.
Armand s'avança et confia à Voltim et Voltom les deux sbires inconscients, avant de s'avancer vers Moriaty et de lui arracher sa fausse barbe noire. En voyant qui se cachait derrière ce déguisement, il n'eût aucune expression sur son visage.

« Je voudrais te dire que cela me surprend. déclara-t-il simplement. Je le voudrais vraiment.
-Tu as tout gâché. répliqua Moriarty.
-Oui, j'en ai bien l'impression. »

Armand lui tourna alors le dos.

« J'imagine que tu as une très belle histoire concernant une fausse infiltration dans les repaires de la Team Magic. Pardonne-moi de ne pas avoir la patience de l'écouter. »

Et il s'en alla, laissant Moriarty seul, compromis et pas plus avancé qu'il ne l'était jusque là. Au moins, il connaissait un repaire de la Team Magic, à Poniville, dans lequel il pourrait se rendre en cas d'urgence, et inconnu des autres membres de la ligue.

« La dernière fois que je l'ai vu... réfléchit Matt. C'était il y a quelques temps. Je me souviens juste qu'il avait décidé de me voir avant de quitter Simmeroh.
-Pourquoi toi plus qu'un autre ? Et qu'est-ce que Guilhem t'a dit ?
-Je ne pense pas être le seul. Une fois exclu de la Ligue Arrogante, il a cherché à voir quelques-uns des membres de la ligue, si ce n'est chacun d'entre eux, avant de s'en aller, pour leur faire ses adieux.
-Sais-tu où tu peux le trouver ? »

Matt remit ses lunettes en place.

« Je n'en ai pas la moindre idée. Pourquoi t'intéresses-tu soudainement à Guilhem ? N'as-tu pas eu ta revanche ? Où veux-tu l'enfoncer encore plus que tu ne l'as déjà fait ? »

Moriarty s'apprêtait à répliquer, mais quelqu'un entra dans l'arène à ce moment précis. Tout tremblant, plus pâle qu'il ne l'était d'habitude avec son teint légèrement bronzé, tout de noir vêtu, avec une légère cape de velours flottant au vent, un sourire jusqu'aux oreilles, Night venait d'entrer au courant. Il s'arrêta devant Moriarty et Matt, les larmes aux yeux, et hésita un certain temps avant d'éclater :

« C'est une fille ! s'écria-t-il. »

Moriarty ne comprit pas immédiatement de quoi il parlait, mais Matt s'était levé spontanément.

« C'est merveilleux ! s'exclama-t-il en prenant son ami dans ses bras. Félicitations !
-Merci, merci... »

Moriarty comprit enfin de quoi il en retournait, et serra poliment la main de Night en lui assurant ses plus sincères félicitations. Puis, Night prit une grande inspiration et s'adressa directement à Matt :

« Elle s'appelle Nébula, annonça-t-il, elle ressemble tellement à sa mère, c'est incroyable ! Et je me demandais si... Si tu voulais être son parrain.
-Night, je...
-Je sais que tu dois déjà t'occuper de ta nièce à temps plein, et je te demande cela tout à fait symboliquement, mais tu es un excellent ami, et je... Tu peux refuser, bien entendu.
-Non, j'en serais tout à fait honoré. Je suis très touché, Night. Très touché. »

Ils se prirent de nouveau dans les bras l'un de l'autre. Puis, conscient d'exclure Moriarty de cette effusion de joie, Night s'adressa de nouveau à lui :

« Il n'y a rien de plus beau au monde que de donner naissance à un enfant.
-Tu m'en diras tant. répondit-il froidement. »

Et il quitta l'arène aussitôt, non sans lancer à la cantonade :

« Sens-toi libre de me demander une augmentation pour ta paternité si le cœur t'en dit, qu'on ne vienne pas me reprocher de ne pas être généreux avec vous.
-Ne devrais-je pas demander cela à Brynne ?
-Quelle différence cela fait-il ? rétorqua-t-il avec un sourire narquois. »

Les jours passèrent, et la prochaine Conférence Arrogante se rapprochait. Pourtant, Moriarty n'avançait pas dans son entraînement, pas plus que dans son enquête. Ses journées étaient peuplées d'hypothèses toutes différentes les unes des autres, de soudaines illuminations suivies d'approfondissements qui les révélaient être des fausses pistes, et de parties d'échecs avec Shazam. Son amitié avec le futur neuvième champion d'arène l'aidait à supporter toutes les échéances, jusqu'aux remontrances d'Armand, car il savait qu'il existait un autre être doué des mêmes capacités et des mêmes aspirations, et qui peut-être lui survivrait, et sûrement le comprenait.
Plus encore, puisque la grande amitié, plus grande, peut-être, que celle qu'il avait pu porter à Armand, Eyragon ou Méthane, puisqu'elle était d'une nature plus spirituelle, plus sincère et spontanée, était d'une nature différente de la haine qu'il devait lui porter en tant que futur adversaire étant donné les circonstances, il finit pas se dire que peut-être que ce ne serait pas si grave de perdre contre lui à la Conférence Arrogante. Si, d'un côté, sa haine en pâtirait, elle ne pouvait que se renforcer par un échec doublé d'une humiliation, comme ce fût le cas après qu'il se soit fait chasser par Guilhem, et, plus encore, son amitié en rayonnerait.
Seul le rendait mélancolique, triste, peut-être, le souvenir de la Quintessence de l'Arrogance qui peut-être aurait pu rendre Moriarty plus fort que Shazam, et l'approche de la première défaite de la haine, de son statut d'invincibilité.
Et puis, un soir, Armand convoqua les trois autres membres du conseil des quatre.

« Ce soir, je vous demanderai de vous retrouver tous les trois dans un bar d'Espité dont je vous ferai parvenir l'adresse en temps voulu. Je ne vous en dirai pas plus, seulement qu'il est crucial que vous y soyez tous les trois, afin que je sois sûr de votre présence. Est-ce clair ? »

Derrière le masque, Moriarty sentait que les yeux bleus d'Armand s'attardaient sur lui. Mais il renvoya à Armand son regard noir. Plus tard dans la soirée, un message vint donner aux trois membres du conseil des quatre concernés l'endroit concerné. Eyragon et Martin partirent aussitôt, mais Moriarty, quoi qu'il leur promit de les rejoindre, s'attarda un instant dans ses appartements. Ils n'avaient pas beaucoup changé depuis un certain temps, sinon la nouvelle machine qui lui permettait de soigner ses pokémon en un temps record. Un instant, il songea à entraîner ses pokémon, mais il se ravisa. Cette fois-ci, ce n'était pas par dépit, mais parce que sa nouvelle conception de l'amitié l'avait entièrement transformé et l'avait rendu tout à fait serein quant à l'issue du combat à venir.
Au contraire, maintenant qu'il avait réussi à prendre du recul sur tout ce qui le préoccupait, il prenait davantage conscience de sa propre fatigue. Il s'assit doucement sur une chaise très confortable, quelques secondes, afin de se reposer, avant de rejoindre Armand au prochain point de son enquête. Il ne pouvait pas se permettre d'être en retard, mais il pouvait prendre quelques secondes de repos avant de rejoindre le point de rendez-vous...
À un autre endroit, peu après, Armand, droit comme un pic, vêtu de son costume impeccable et accompagné de Martin et Eyragon, attendait calmement devant un bar.

« Peut-être devrions-nous l'attendre encore un peu... commenta Martin.
-S'il ne s'est pas montré jusqu'à maintenant, trancha-t-il catégoriquement, il ne se montrera pas. Cela ne fait que confirmer mes soupçons. Il ne faut pas tarder, cette révélation de mes indicateurs vaut de l'or. »

Armand prit une profonde inspiration de derrière son masque, et demanda simplement à Eyragon et Martin de les attendre dehors. Il fit mine de s'en aller dans les rues d'Espité, puis, au dernier moment, il se rendit dans une bâtisse en apparence abandonnée en courant, en brisa la porte la porte d'un coup d'épaule, et appuya aussitôt sur l'une des pokéball qu'il portait autour de sa ceinture. Il regarda devant lui. Dans le noir se trouvait un homme vêtue d'une étoffe bleue comme la nuit, toute gravée d'étoiles.
Un Noctali surgit de la pokéball d'Armand tandis que le chef de la Team Magic, pris au piège, envoya un Alakazam qui ne pourrait malheureusement pas utiliser ses pouvoirs psychiques sur le pokémon de son adversaire. Le pokémon noir envoya une décharge d'énergie noire vers son opposant qui riposta en arrachant par la seule force de la pensée un morceau du plancher qui fit parfaitement office de bouclier et éclata sous le choc, tout en créant un trou dans le sol qui empêchait Armand de passer. Le chef tourna les talons et courut vers une sortie de l'autre côté de la maison, mais Armand, aidé par son Braségali et ses prodigieuses capacités de saut en longueur, traversa la pièce et courut vers le chef de la Team Magic. Il ne devait pas le perdre des yeux.
La poursuite continua dans les rues les plus sombres d'Espité, et Armand fit de son mieux pour ne pas se faire semer. Finalement, le chef de la Team Magic fût pris dans une impasse. Derrière la balustrade contre laquelle il était coincé, beaucoup plus bas, on percevait des rails de la gare d'Espité. Devant lui, Armand le rattrapait.

« Je te donne une dernière chance d'enlever ton capuchon et le masque qu'il cache. s'écria-t-il. »

Plusieurs rafales psychiques permirent au chef de la Team Magic de maintenir à distance les pokémon de son poursuivant, mais Noctali le rattrapait. Alors, il se laissa tomber vers l'arrière.

« Le train ! s'écria Armand à Eyragon et Martin qui venaient de le rattraper. Faites-le arrêter ! »

Porté par son Braségali, il sauta alors aussi sur le toit d'un train en marche.

« Berto, Mach Punch ! »

Le Simiabraz s'élança vers le chef de la Team Magic, mais fût aussitôt immobilisé et renvoyé vers Armand.

« Rafale Feu ! »

Alors, le pokémon concentra toute son énergie, et un déluge de flammes s’abattit sur l'adversaire, mais son Alakazam était plus puissant encore. Il contint les flammes pendant que son dresseur courait sur le toit des wagons. Armand perdit patience et ordonna à tous ses pokémon d'attaquer le chef de la Team Magic en même temps. Il y eût un immense éclair, puis les ténèbres. Le train venait de passer dans un tunnel. Lorsqu'il en sortit, Armand était seul sur le toit.

« J'ai pu le voir. expliqua-t-il à Eyragon et Martin en revenant bredouille. J'ai pu l'affronter. Je n'ai rien perdu. Oui, je sais désormais quelle est la dernière pièce du puzzle... »

Le coupant dans son élan, Moriarty rejoint le bar d'Espité où ils s'étaient donné rendez-vous.

« J'ai un peu de retard. annonça-t-il simplement.
-Quelle coïncidence. répliqua Armand. Et à quoi est dû un tel retard ? Où étais-tu ?
-Je dormais. répondit froidement Moriarty. »
-Ton insolence ne m'atteint pas. rugit Armand à Moriarty ce qui, quelques temps auparavant, eût semblé fort étrange dans ce sens. »

Il se leva.

« Note que je n'ai plus qu'à chercher la dernière pièce du puzzle désormais. Le chef de la Team Magic a certains dons en matière de disparition, d'infiltration, de filature. Je n'ai plus qu'à trouver cette dernière pièce, et le puzzle sera complet. »

Et Armand quitta cet endroit. Matt rejoint bientôt les trois membres du conseil des quatre, et Eyragon et Martin expliquèrent à lui et Moriarty ce qu'il venait de se passer. L'absence de Moriarty était plus que suspecte, alors qu'être simplement présent lui aurait peut-être permis de laver les soupçons qui pesaient sur lui.
Le lendemain, Moriarty fût alerté par un cri d'Armand. Le croyant attaqué, il accourut dans ses appartements pour comprendre que son cri était un cri de victoire. Il avait déchiffré le code secret d'Abraka et Dabra. Il le lût donc à Eyragon, Martin, mais aussi à Moriarty, estimant finalement que ce message s'adressait plus à l'enquêteur qu'au chef lui-même.

« C'est un court message. annonça-t-il sobrement. '' Méfiez-vous des Mammochon. '' »

Il regarda aussitôt Moriarty, comme s'il détenait la clé de cette allusion mystérieuse, et que son visage le trahirait. Mais ce fût Martin dont le visage s'illumina.

« Les Mammochon sont des pokémon qui vivent depuis très longtemps. Ils sont très rares mais avant, il y a bien longtemps, ils avaient un comportement de groupe. Je le sais puisque le centre de recherche pokémon de Noilage essaye justement de rassembler des données à ce sujet, et ont même demandé que je leur prête mon propre Mammochon pour qu'ils puissent l'étudier. »

Il y eût un silence dans la salle. Armand semblait perplexe, mais pour Moriarty, tout devenait clair. Le centre de recherche de Noilage avait été investi par Dabra il y a peu de temps. De plus, il y avait sa mission d'infiltration concernait le musée des anciens pokémon, ou encore le vol des données du centre de recherche de Graterrité. Le message de la Team Magic était un indice sur le plan qu'ils préparaient, une manière de narguer Armand comme Moriarty. La Team Magic avait donc bel et bien un plan en tête, mais en quoi l'étude des comportements d'une espèce de pokémon de plus en plus rare et vieille de milliers d'années permettrait de servir quelque but ? Quoiqu'il en soit, désormais, Moriarty avait une piste.

« Échec. lâcha Moriarty avec un sourire narquois. »

Il s'améliorait de jour en jour. Mais Shazam n'eût qu'à bouger un pion pour protéger le roi. En quelques coups, il mit Moriarty en échec et mat.

« Armand est borné. fustigea le diable de Simmeroh. S'il fallait quelqu'un pour mener son enquête, tu étais tout désigné. Tu es plus réfléchi que lui.
-Armand est quelqu'un d'extrêmement intelligent, Moriarty, et ses résultats sont jusqu'à maintenant très satisfaisants. Je ne suis pas au fait des rapports de force ni au sein de la ligue, ni au sein de la région, et mon intelligence, quoique fort développée il est vrai, n'y changera pas grand chose.
-Quoiqu'il en soit, la Conférence Arrogante aura lieu dans une quinzaine de jours, et il ne semble pas prêt de pouvoir démasquer qui que ce soit. Il va perdre son pari fou. »

Ils firent de nouveau une partie d'échecs. Si l'approche de la Conférence Arrogante signifiait pour Moriarty la fin de ses tensions avec Armand, il savait aussi ce qu'elle signifiait pour Shazam. Le dresseur invincible avait demandé à Moriarty de prendre certaines dispositions pour qu'il puisse participer au tournoi dans une cage semi-transparente, le permettant de voir sans être vu. Sa fabrication avait été lancée, et bientôt, dans l'anonymat le plus complet, deux des membres du Trio Légendaire du pays se combattraient, pour le plus grand plaisir des spectateurs. D'ici là, Moriarty ne pouvait espérer qu'un immense coup de chance, et que la haine le guiderait vers le meilleur chemin. L'arrogance réservant toujours des surprises à qui l'adopte, il appréhendait sereinement ce futur tournoi, et mettait moins de pression sur ses pokémon.
Le pion blanc de Shazam avança de deux cases. Une nouvelle partie commença. Moriarty avança ses pions, géra ses troupes, tâcha de sacrifier les pièces nécessaires au meilleur moment. Le goût de cette partie était comme le goût du dressage. Une stratégie, mais aussi une implication totale dans la partie, une poussée d'adrénaline immense commandée entièrement par le pouvoir de l'arrogance. Entièrement transporté par la haine, Moriarty se sentait apaisée, transcendé. Il était arrogant, au-dessus de tout. Et, lorsque Shazam, malgré tout plus calculateur, plus efficace, plus adroit, plus sage, le mit en échec et mat, c'est avec un sourire aux lèvres que Moriarty leva sa main vers son ami pour serrer la sienne en toute sincérité. Il s'était bien battu et, jusqu'au bout, son arrogance ne l'avait pas quitté. La seule chose qu'il pouvait espérer était que la finale du tournoi à venir serait pareille à cette bataille de pièces sur un damier. L'amitié avait changé la donne, et Moriarty avait enfin trouvé le plaisir de perdre, dont il espérait seulement qu'il saurait l'accompagner pour le tournoi à venir.
Moriarty rentra au Château Arrogant tardivement, épuisé. Pourtant, en franchissant le seuil des appartements des membres du conseil des quatre, il constata dans la première pièce un grand rassemblement. Les huit champions d'arènes, ainsi qu'Eyragon et Martin, se trouvaient entourés autour d'Armand, en costume complet de fantôme de Kanto. L'ambiance était lourde, et Moriarty sentait qu'en-dessous de son masque, Armand trépidait d'impatience à l'idée de pouvoir exposer ce qu'il avait à exposer.

« Il ne manquait plus que toi. remarqua-t-il en se délectant de ses propres paroles. »

Moriarty avança avec calme, puis prit la parole à son tour :

« Que me vaut cet honneur, chers collègues ? »

Armand se racla la gorge, et lui répondit :

« J'ai trouvé la dernière pièce. Le puzzle est entièrement constitué. Désormais, je sais qui est le chef de la Team Magic. »