Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Effacé de Lief97



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 15/11/2018 à 21:42
» Dernière mise à jour le 25/03/2019 à 12:36

» Mots-clés :   Action   Guerre   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 10 : Sans commandement
« Sais-tu que l’on se construit plus par les drames auxquels on survit que par les bonheurs que l’on vit ? » Pierre Bottero.


***



Lacrya ouvrit les yeux, ses sens en alerte. Il devait encore faire nuit. Mais les prisonniers, plutôt que de dormir, s’agitaient dans la pénombre.

La jeune fille se redressa d’un coup, comprenant qu’il se passait quelque chose d’anormal. Comme à chaque nuit d’après-Arène, finalement… La nuit où les
blessures achevaient les prisonniers blessés dans la journée.

Instinctivement, elle se souvînt du bandage qu’elle avait fait à Lyco ; elle se tourna vers lui, craignant de le voir lâcher son dernier souffle…

Il était debout, et parfaitement réveillé.

Tourné vers Othéus.

Le vieil homme convulsait sur son matelas, en lâchant des plaintes douloureuses. Hank était déjà au-dessus de lui, à lui maintenir les bras et à chercher son regard :

— Othéus, mon vieux ! Écoute-moi. Calme-toi, ça va aller !

Deux autres membres du groupe tentèrent d’immobiliser Othéus qui risquait autant de blesser quelqu’un que lui-même. Lacrya, terrifiée et angoissée, s’approcha lentement. Jamais elle n’avait vu le vieillard dans un tel état. Les yeux révulsés, livide, il faisait peur à voir. Une grimace douloureuse tordait son visage. Il ne faisait nul doute qu’il souffrait terriblement. Il tremblait, frissonnait, et sa gorge laissait échapper des plaintes douloureuses, presque animales.

Lacrya, choquée de voir son protecteur dans un état pareil, détourna les yeux et retourna sur son matelas, les mains plaquées sur ses oreilles. Ses amis commençaient à laisser transparaître de la peur et de l’inquiétude dans leur voix. Elle n’aimait pas ça. La situation leur échappait. La panique grandissait.

Lyco posa une main sur son épaule. Elle sursauta mais choisit de l’ignorer. Elle ne voulait pas l’entendre.

Elle ne voulait pas savoir ce qui se passait dans son dos.

Othéus n’avait pas le droit de mourir !



***


— Je vais mieux, ça va… souffla Othéus, agacé de voir ses compagnons lui tourner autour.

Hank fronça les sourcils :

— Tu nous as fichu la frousse. Tu es vraiment sûr de n’avoir rien, nulle part ?
— Certain, répliqua le vieil homme.

Lyco observa le visage d’Othéus avec attention. Un pli au milieu de son front lui fit penser qu’il mentait ; il dissimulait mal la douleur qu’il ressentait en ce moment-même. Sa main revenait parfois toucher sa poitrine. Il semblait avoir des difficultés à respirer. Était-ce à cause de son âge, et de la façon dont on nous traitait dans la prison ?

Il était normal pour un homme comme lui d’avoir des problèmes de santé, surtout dans un endroit pareil, et avec aussi peu de nourriture. L’hygiène n’aidait pas non plus.

Lyco espéra que Molch passerait bientôt. Soigner Othéus, plutôt que son entaille à la hanche, était prioritaire. Sans lui, le groupe serait vite abattu. C’était souvent lui qui prenait les décisions, et jusque-là ses choix avaient toujours permis au groupe de s’en sortir indemne.

Sans lui, le groupe risquait de s’effondrer.

Et survivre deviendrait alors beaucoup plus compliqué.

Le jeune homme jeta un regard discret vers le groupe de Karyl ; ses brutes semblaient amusées de nous voir nous agiter. Ils se rendaient compte de la chance qu’ils avaient. Si Othéus mourait, ils auraient le champ libre pour recruter avec eux certains des compagnons d’arme du groupe ; après tout, certains d’entre eux n’étaient pas si soudés que ça, et pouvaient tout à fait changer de camp en perdant un chef. Et ainsi, Karyl renforcerait ses propres chances de survie.

Les pillards, eux, se fichaient pas mal de ce qu’il se passait. Boralf — et son regard toujours furieux à l’égard de Lyco — n’avait pas l’air le moins du monde concerné, et Darren restait de marbre, toujours aussi calme et stoïque. Amelis était peut-être la seule à faire preuve de sensibilité ; le garçon surpris plusieurs regards de pitié de sa part quand Othéus avait fait sa crise.

— Allez, allez, râla Othéus. Laissez-moi un peu d’air, que je reprenne mes esprits tranquillement. Je suis vieux, c’est normal de fatiguer de temps en temps !

Les autres le laissèrent à contrecœur. Ils avaient peur.

En se retournant, le jeune homme vit que Lacrya, allongée sur le côté, leur tournait le dos. Il avait cru comprendre qu’elle tenait à Othéus et ne supportait pas de le voir souffrir. Normal, s’il l’avait recueilli dans cette prison. Il avait dû la soutenir moralement et lui servir de garde du corps dans l’Arène, les premiers temps.

Lyco s’allongea sur son matelas rapiécé et fixa le plafond d’un air songeur.

Comment mettre fin une fois pour toutes à cette vie dans l’Arène ?



***


Lacrya, qui faisait semblant de dormir depuis un bout de temps en pensant à la crise d’Othéus, entendit Karyl élever la voix dans la cellule :

— Alors, le vieux ? On va bientôt passer l’arme à gauche ?

Le ricanement de Karyl résonna. Lacrya se redressa brusquement. Une colère sourde bourdonnait déjà à ses oreilles, mais elle se contint et resta silencieuse. Othéus et Hank ignorèrent totalement leur ennemi naturel, qui, connaissant leur entêtement, décida plutôt de s’adresser aux pillards.

— Hé, le gang des fous furieux, là-bas. Vous êtes contents de savoir que nos groupes respectifs vont terminer gagnants, dans l’histoire, pas vrai ? On verra bien qui de vous ou nous seront les plus forts !

Personne ne lui répondit. Darren ne daigna même pas faire voir qu’il avait entendu. Karyl s’agaça et se leva, imité par un de ses sbires. Lacrya, désormais amusée, décida de regarder la scène. Karyl n’allait quand même pas provoquer les pillards… si ?

— J’vous parle ! lança-t-il en s’approchant de Darren.

Le colosse se leva lentement et pivota vers Karyl.

Sans un mot.

Pourtant, tout son corps ne laissait passer qu’un seul message, facilement traduit par son regard froid.

Un message de menace.

Karyl ricana.

— Ah, ça pour lancer des regards noirs, vous êtes là, mais quand il s’agit de causer, y’a plus personne ! T’as la carrure d’un chef, mais qu’est-ce qui me dit que t’as un cerveau ?

Le bras de Darren se détendit soudain et agrippa Karyl à la gorge. Ce dernier glapit de surprise et se débattit, mais Darren était plus fort, beaucoup plus fort.

La brute qui accompagnait Karyl tenta d’intervenir, mais le bras libre de Darren lui décocha un coup de poing en pleine face. Le pauvre homme tituba en arrière, et, trop sonné, retomba ridiculement sur un matelas. Lacrya gloussa discrètement.

Darren continuait de serrer la gorge de Karyl. Il s’exprima enfin, sèchement :

— Je me fiche de ce que tu peux penser. Ce que je sais, c’est que tu es un lâche, un pleutre, et un imbécile. C’est à se demander pourquoi ces gaillards te suivent comme de gentils ponchiots. Tu n’es pas un survivant, tu as juste eu de la chance... mais elle finira par te lâcher un jour ou l’autre.

Des soldats dans la salle de garde virent la scène et laissèrent retomber leur jeu de cartes et leurs chopes de bière. Ils dégainèrent épées et pokéballs.

— Séparez-vous ! ordonna l’un d’eux.

Darren lâcha Karyl, qui recula en vacillant, le visage tout rouge, à la fois de honte et parce qu’il manquait d’air. Ses camarades le ramenèrent auprès de leur feu de camp, inquiets.

D’autres soldats débarquèrent, et parmi eux leur chef chauve, Galok. Il rugit presque :

— Une bagarre ? Toi, le grand ! Dehors. La cellule d’isolement devrait te calmer quelques temps !

Lacrya remarqua que Darren fronçait les sourcils. La situation lui déplaisait. Mais il hocha la tête et s’approcha des grilles qui s’ouvraient, les mains sur la tête. Un regard fut échangé entre Boralf et lui ; Lacrya crut comprendre qu’il lui confiait le groupe des pillards pendant son absence.

Mais quand Darren fut menotté et violemment plaqué contre la grille de la cellule, Boralf se leva d’un bond :

— Et, doucement, on n’est pas des esclaves !

Galok sourit et émit un rire satisfait :

— Ah ouais ? Tu t’prends pour quoi, le pillard ? Un héros ?

Boralf semblait être du genre à s’énerver facilement. Il sortit de ses gonds très vite ; trop vite.

— Ta mère, c’était un nœunœuf, pour hériter d’une tête pareille ? rétorqua-t-il en s’avançant et en serrant les poings. Je peux te la remettre en place, si tu veux !

Galok fit un signe du menton vers lui, à la fois las et agacé.

— Soldats, emmenez le grand en cellule. On va tabasser celui-ci ailleurs. Il a pas compris qu’on était les patrons, ici.

La porte de la cellule se referma, et les deux chefs des pillards furent poussés hors de vue, suivis par une belle escorte de soldats.

Lacrya, surprise, remarqua que les autres pillards semblaient désormais bien moins calmes que d’ordinaire ; ils étaient sans commandement. La plupart d’entre eux semblaient avoir perdu leur assurance.

Lacrya se tourna vers Lyco et murmura :

— Ça risque de dégénérer.
— Oui, répondit-il. Sûrement.

Karyl se remettait déjà et vociférait à voix basse entre ses camarades. Lacrya soupira :

— Il est rancunier, je pense que ça risque d’exploser très bientôt.



***


Lacrya n’avait pas tort ; l’ambiance indiquait bel et bien que tout ceci allait mal tourner. Karyl semblait discuter avec son groupe, et les fréquents regards qu’ils jetaient aux pillards indiquaient qu’il savait que c’était le moment de faire quelque chose pour renforcer le sien. Mais Lyco ne voyait pas ce qu’il pouvait faire ; les pillards semblaient bien trop unis pour changer de camp. Et trop regroupés pour que Karyl ose les affronter. Même sans Darren et Boralf.

Heureusement, une visite coupa court à l’atmosphère pesante. Molch, le Mutant Psy.

Escorté par des soldats surarmés, il entra dans la cellule, et sans un mot, toujours aussi mollement, il guérit les blessures les unes après les autres, simplement en tendant les mains vers chacun des prisonniers.

La hanche de Lyco retrouva son état d’origine. Il en fut soulagé. Le sang ne coulait plus ; il fallait dire que son inquiétude avait commencé à grandir. Sa tête qui tournait était un signe qu’il en avait trop perdu, sans compter sur son manque d’énergie. Il lui faudrait se reposer s’il comptait tenir le prochain combat en Arène.

Hank se permit d’accoster un des soldats autour de Molch. Le garde grommela.

— Quoi, prisonnier ?
— Cet homme, répondit Hank en désignant Othéus, il a fait un malaise cette nuit. Il n’est pas en forme.
— Hank, gronda Othéus, mécontent.

Le soldat haussa les épaules. Molch tendit ses mains vers Othéus sans un mot. Il resta immobile un long moment, puis abaissa les bras. Le soldat afficha un sourire mauvais :

— Ça, ça veut dire que ton ami ne peut pas être soigné. Ça en demanderait trop, sûrement.

Molch et son escorte ressortirent de cellule. Hank fut dépité. Lyco se sentit attristé de savoir que même le Mutant ne pouvait rien faire, ou qu’il n’avait pas envie de le faire. Othéus s’allongea sans un mot et tourna le dos au reste du groupe. Jamais le garçon ne se souvenait d’avoir ressenti cette espèce de tension dans le groupe. Hank, gêné que le vieil homme n’ait pas apprécié sa demande, resta silencieux près du feu, le regard vide.



***


Othéus souffrait. Il avait mal à la poitrine, et son cœur battait différemment de d’habitude. Il se sentait épuisé. C’était très frustrant pour lui : Son esprit était vif, mais son corps refusait de suivre le rythme. Il atteignait ses limites…

Il se rendit compte d’à quel point il craignait la mort. Il en avait peur. Une peur qui ne cessait de grandir. Il se savait incapable de lutter contre elle. Ce sentiment d’impuissance était frustrant. Et terrifiant.

Othéus songea qu’il aurait pu finir sa vie ailleurs que dans cette prison moisie. Même s’il était encore vivant, il n’espérait plus vraiment en sortir… Une évasion était impossible. Ou alors elle le mènerait droit à la potence s’il y parvenait, par un hasardeux miracle !

Il ferma les yeux, las. Il se souvînt de la bonne époque…


… l’armure était légère et solide à la fois. Il appréciait la porter, il aimait voir les regards légèrement intimidés et respectueux quand il marchait avec. Il n’était certes qu’un simple soldat de patrouille dans un bidonville en plein désert, mais il aimait sentir qu’il n’était pas comme ces pauvres gens qui mourraient de faim et de chaud à même le sol et les déchets.

Il avait grandi dans ce bidonville, étant enfant. Il en avait gardé de bons souvenirs, malgré cette vie de misère et de famine. L’endroit n’avait pas beaucoup changé depuis.

Le sol sableux, les égouts en plein-air, les tentes rapiécées et les étals de bois, pourris pour certains ; les quelques arbres malingres qui offraient un semblant d’ombre, les vostournos et les mendiants qui couraient derrière les charrettes, à l’affût de la moindre miette de nourriture tombant des convois ; et même la fosse commune, légèrement à l’écart, débordant de corps de pokémons et d’humains qui n’avaient pas eu la chance de s’en tirer. Tout ça n’avait pas changé.

Et maintenant, à cinquante ans et des poussières, Othéus patrouillait là, en observant les choses avec plus de distance. C’était ce qui le rendait, parfois, presque guilleret. Cette morne vie n’était plus la sienne ; ces horreurs le concernaient un peu moins.

Désormais, le bidonville était sous la juridiction de Méranéa, sous l’égide du gouverneur Mervald. Des soldats surveillaient l’endroit, réglaient les litiges, punissaient et emprisonnaient les criminels. Il y avait un semblant d’ordre dans cet endroit, qui depuis toujours avait été un lieu d’anarchie et de violence.

Pourtant, il y avait toujours autant de corps à la fosse commune, toujours autant de mendiants, toujours autant de pauvreté. Il n’y avait plus que des vostournos sauvages, à cause de l’épidémie qui avait touché les autres oiseaux une poignée d’années auparavant. Finalement, le bidonville avait changé.

Il était sûrement encore plus austère et moins animé qu’avant.

Othéus faisait ce travail de patrouille pour récolter un petit salaire à la fin de chaque semaine. Ensuite, il distribuait l’argent à ces gens, dans le bidonville, pour leur offrir un peu de joie et de réconfort. Sur son temps libre, outre la chasse dans la plaine du sud, il aidait les gens qui vivaient là. Il était touché à chaque sourire rendu. Il avait l’impression, à son échelle, de pouvoir un peu améliorer l’ambiance tendue qui régnait.

Lui, ça faisait longtemps qu’il vivait dans la ville d’à côté. Dans un cabanon miteux, mais c’était mieux qu’une de ces tentes, coincées entre les canalisations puantes et les tas d’immondices laissées par les convois de soldats.

Othéus avait pourtant de plus en plus de mal à continuer cette vie.

Car si ces gens lui souriaient, s’ils respectaient son grade, il n’en était pas de même de ses supérieurs. Ils le prenaient presque pour un esclave. Refusaient parfois de le payer pour des raisons fallacieuses.

Et Othéus n’aimait plus trop cet endroit. Tout simplement parce depuis le retour des lois, et la restauration de la peine de mort, il avait vu beaucoup trop d’innocents subir des exécutions sommaires et barbares, en pleine rue. Au nom de l’ordre et de la discipline. Mervald était strict, c’était même un dictateur profitant de la misère et de l’impuissance des gens. Il avait peut-être remis un peu d’ordre dans ce monde chaotique ; mais un ordre où la peur et la mort étaient toujours aussi omniprésents, si ce n’était plus.

La pauvreté grandissait. Et surtout, il y avait un projet, à quelques kilomètres de là, du côté de Méranéa : la construction d’une prison géante. Une prison équipée d’une arène censée accueillir des prisonniers et des criminels.

Une arène pour des combats à mort. Soi-disant avec un triple-objectif : faire régner la loi, vider les cellules trop pleines, et distraire le peuple affamé.

Othéus trébucha et baissa les yeux ; un homme venait de s’étaler à ses pieds.

— Pitié, monsieur le soldat… geignit-il en lui agrippant les chevilles. Aidez-moi… donnez-moi à manger… ou alors à boire, pitié…

Il était maigre à faire peur.

Othéus regarda derrière lui ; d’autres soldats n’étaient pas loin. Ils risquaient à tout moment de remarquer l’incident. Et on lui avait précisé bien des choses lorsqu’on l’avait embauché.

« … ne jamais faire preuve de pitié envers ces gens. Ils ne sont que des détritus, des morts en devenir, des moins-que-rien. Ignorez-les. Nous sommes chargés de les contenir, pas de les nourrir ! »

Othéus, dégoûté de lui-même, tenta de se dégager en évitant soigneusement le regard de l’homme affamé ; celui-ci tint bon. Othéus lui donna un petit coup de pied, pas trop fort, mais l’homme lâcha quand même un glapissement de douleur avant de s’éloigner en claudiquant vers une tente.

Othéus reprit sa ronde comme si de rien n’était, alors que l’homme derrière se mettait à sangloter dans son abri de fortune.



***


— Je démissionne.

Othéus posa brutalement son casque et son insigne sur le bureau du capitaine. Ce dernier, un homme corpulent à la barbe touffue et aux yeux noirs, le regarda avec surprise et sévérité.

— Après six mois de service, seulement ? Puis-je savoir pourquoi, soldat ?
— Je…

Othéus marqua une hésitation. Il aurait voulu dire ce qu’il avait en tête.

« Ce métier est une torture ! Nous laissons les habitants mourir, nous les considérons comme des animaux dépourvus d’âmes et nous exécutons des familles entières sur de simples suppositions infondées ! Nous avons construit une Arène terrifiante qui a fait des trentaines de victimes et tué des pokémons dont certains sont déjà en voie de disparition ! Nous sommes sans cœur et sans pitié et nous nous permettons de dire que les pillards et les voleurs du nord sont des meurtriers sans foi ni loi ! Vous ne valez pas mieux qu’eux, que je sache ! »

— Je dois aller retrouver de la famille dans le sud. Ils ont des problèmes de santé. Je trouverai un autre métier là-bas.

Othéus se mordit la langue, mal à l’aise. Le capitaine acquiesça, compréhensif mais un peu déçu.

— Je vois. Vous avez de la chance d’en avoir encore. Je peux rédiger une lettre de recommandation, si vous souhaitez rejoindre une milice ?
— Oh, ce ne sera pas nécessaire, merci. Je me débrouillerai.
— Bien. Dommage de vous voir partir, soldat. Mais faites comme bon vous semble. Adieu !

Le capitaine se replongea dans sa paperasse. Othéus fit demi-tour et sortit de la tente, sans plus de cérémonie.

Il rêvait de faire demi-tour et de marteler le crâne du capitaine à coups de pied. Ce capitaine cruel qui n’hésitait jamais à dégainer en pleine rue pour abattre un importun qui se plaignait de quoi que ce fut.

Il se retint et continua son chemin jusqu’à sortir du camp de soldats. Un bourrinos l’attendait déjà à la sortie de la ville. Il allait partir, loin d’ici, espérant tomber sur une région moins terrible que celle de Mervald. Il avait pensé à s'engager comme mercenaire dans les forêts de l’est. Le travail payait bien, disait-on, et c’était encore hors de portée des griffes du gouverneur. Mais le trajet était dangereux, et les forêts également.

Othéus s’éloigna, ignorant encore qu’il allait bien vite rencontrer ses premiers obstacles.