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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 08/07/2018 à 07:58
» Dernière mise à jour le 28/01/2020 à 15:15

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 369 : Travail d'introspection
La bataille de Veframia avait été gagnée par la Fédération des Alliances Libres. Il n’y avait aucun doute là-dessus. La Dirigeante Suprême Venamia avait perdu son dernier bastion, était portée disparue et présumée morte. Ce qui restait du Grand Empire était quelques miettes éparpillées ci et là, en certains endroits reculés de Kanto et Lunaris, toujours dirigé par un bureaucrate ou un chef de guerre de Venamia. Alors oui, la Guerre Mondiale qui durait depuis près de deux ans avait pris fin, et la FAL était victorieuse.

Le souci, c’était que cette victoire était totalement passée inaperçue suite à la catastrophe qui s’était jouée à Veframia. Presque trois millions de morts. Une mégalopole qui avait toujours été le joyau de Kanto, réduite à l’état de ville fantôme, pleine de squelettes ci et là. Et la disparition du prince Julian, sur lequel la FAL avait placé ses espoirs pour rétablir la paix à Johkan. Sans lui, la FAL n’avait aucune possibilité légale de prétendre gouverner tout le territoire du Grand Empire. De toute façon, parler de gouverner quoi que ce soit maintenant était absurde ; tout Kanto était sens dessus-dessous après ce qui s’était passé.

L’anarchie régnait un peu partout, et les Réprouvés en avaient profité pour s’emparer de plusieurs villes et villages, et d’augmenter considérablement le nombre d’attentats perpétrés. Johto, désormais sans protection, était le théâtre de meurtres et d’explosions journaliers. Et la FAL, très affaiblie après cette immense bataille, était incapable de rétablir l’ordre… et n’en avait surtout pas l’autorité. Suite à la catastrophe de Veframia, elle avait perdu toute crédibilité alors qu’elle venait à peine de naître. Ses états-membres ne se pressaient pas pour venir en aide à Johkan, prétextant des manques de moyens et de ressources. Il fallait dire en effet que tout le monde avait salement dégusté suite à la bombe Arctimes, surtout Unys.

Johkan était au bord de gouffre, et même les Blancs Manteaux d’Eryl, avec leurs méthodes brutales, n’arrivaient plus à maintenir un semblant de foi pour l’Innocence. La Corruption qu’Eryl avait chassée en conquérant ville après ville était de retour, plus forte que jamais. La Team Rocket, censée être le bras armé de la FAL, attendait vainement des ordres, tandis que les dirigeants des états-membres multipliaient les conseils et réunions sans pouvoir s’accorder sur une seule mesure, surtout en l’absence du fameux Haut Conseil de la FAL, qui n’avait pas encore été élu.

Bref, pour résumer d’un mot, c’était le bordel. Mais Galatea, à l’heure actuelle, se fichait pas mal de l’avenir de la région. Elle était affligée par la perte de son neveu. Après avoir été celle qui a - selon toute vraisemblance - tué sa propre sœur, voir Julian disparaître à son tour était trop. Elle s’était dit qu’elle pourrait retrouver Siena sous une certaine forme à travers lui, mais voilà qu’il lui avait été impitoyablement arraché également. Et par le colonel Tuno, qui plus est. La haine et la vengeance ne cessaient de se reproduire partout, et étaient toujours responsables des pires souffrances. Galatea en avait assez. Même son caractère toujours optimiste ne pouvait plus gérer tout ça.

Dès qu’elle avait récupéré suffisamment pour pouvoir sortir de l’infirmerie du Justice d’Erubin, Galatea était descendue en ville. Elle tentait de faire taire sa souffrance en aidant comme elle pouvait, en regroupant les squelettes, en dégageant les accès bloqués suite aux destructions causées par la bataille, et en luttant contre les nombreux pilleurs qui étaient arrivés en masse récemment, amadoués par l’idée de milliers d’habitations sans plus personne dedans. Et bien sûr, elle faisait tout cela avec ses seuls bras, et ses Pokemon, car depuis qu’elle avait activé son Septième Niveau, le Flux lui était momentanément bloqué, et cela sans doute pour plusieurs mois.

Les autres membres de la X-Squad avaient rejoint le Giovanni, le nouveau quartier général volant de la Team Rocket, et attendaient la marche à suivre. Ils s’inquiétaient sans doute pour elle, mais Galatea ne pouvait pas les rejoindre. Pas encore. De toute façon, elle leur serait un peu inutile dans son état. Mercutio étant revenu et ayant réintégré la Team Rocket, ils auraient quand même un Mélénis au besoin. Elle, il lui faudrait un peu de temps pour se remettre psychologiquement de tout ceci, et faire son double deuil.

C’était une attitude des plus égoïstes, elle en était consciente. Mercutio aussi souffrait beaucoup, de même que Solaris et Djosan, pour qui Julian importait beaucoup. Mais le pire, c’était bien évidement le général Tender, qui était inconsolable, et qui s’en voulait énormément de n’avoir pas su protéger son petit-fils de Tuno alors qu’il était à côté de lui. Il semblait que tous les malheurs du monde décidaient de s’abattre tour à tour sur ce pauvre homme. Et pourtant, malgré tout, il était toujours là, fidèle au poste, attendant les ordres de la FAL et d’Estelle. Galatea aurait bien aimé avoir sa force…

- Yo… Je ne m’attendais pas à te voir ici…

Galatea se tourna alors qu’elle était en train de dégager des débris d’une ruelle. Régis Chen était là, avec à ses côtés son Tortank, qui lui aussi semblait aider comme il pouvait. Galatea ne l’avait plus vu depuis le départ jusqu’à Veframia.

- Il parait que c’est toi qui a réglé son compte à Venamia, fit-il en s’approchant. Ça mérite quelques félicitations.

- Pas vraiment…

Galatea avait toujours su trouver quelque chose de marrant à dire quand elle était en compagnie de ce jeune homme qu’elle aimait bien taquiner, et avec qui elle se plaisait. Mais là, elle n’avait aucune répartie profonde à lancer, et voulait juste qu’il la laisse seule. Elle ne voulait pas qu’il l’a voit dans cet état aussi pitoyable.

- Je suis désolé, pour ton neveu, lui dit le dresseur Pokemon.

Galatea le dévisagea. Il semblait avoir le même air perdu de déterré qu’elle. Et il ne serait pas là, comme elle, si tout allait bien pour lui.

- Tu as perdu quelqu’un, toi aussi ?

Comprenant ce qu’elle voulait dire, Régis acquiesça lourdement.

- Tous les autres champions de Kanto ont survécu, mais beaucoup d’amis dresseurs sont morts dans cette explosion de merde. Mon Elekable également. Je n’ai pas pu le rappeler dans sa Pokeball à temps. Ça n’aurait pas dû arriver… Pas alors que la bataille était gagnée ! Qu’est-ce qu’il recherchait avec ça, votre Tuno ?

- Ce n’est plus « notre » Tuno, rétorqua Galatea. Juste un malade qui a été brisé par la vie et qui n’aspire plus qu’à entraîner le monde dans le désespoir et la destruction avec lui.

- Ouais, désolé, s’excusa Régis. Et sinon, tous tes coéquipiers, ils s’en sont sortis ?

- On a eu un peu peur pour Ithil à un moment, vu qu’il était encore dans le Palais Suprême quand la bombe a sauté. Mais c’est un G-Man Spectre. Il s’est juste dématérialisé, et l’onde temporelle ne l’a pas touché. Mais lui aussi est dans un sale état. J’étais pas là, mais apparemment, la Boss Estelle et les autres auraient retrouvé Erend Igeus vivant dans le palais. Totalement méconnaissable tant il avait été torturé par la GSR. Il a été séparé d’Ithil durant la bataille, et n’a pas pu être secouru à temps.

- Dur, soupira Régis. On aurait eu bien besoin de lui maintenant, alors que tout semble partir en couille au niveau gouvernement.

- Ton grand-père est pressenti pour être un des six Hauts Conseillers. C’est un gars célèbre et respecté dans beaucoup de pays. Il ne peut vraiment rien faire ?

Régis secoua la tête, et s’assit sur un gros morceaux de béton. Il semblait totalement épuisé et dépité.

- Qu’est-ce qu’on doit faire au juste quand un pays a perdu d’un coup 5% de sa population, qu’il n’a plus aucun gouvernement et qu’il est en proie à une anarchie intérieure totale ? Les huiles de la FAL ont été assommées par ce qu’il s’est passé ici, mais ils font de leur mieux. L’ennui, c’est qu’on vient juste de former notre propre territoire qu’on a laissé sans trop de défense tandis qu’on est venu batailler ici, et que la FAL n’a aucune autorité légale pour décider de l’avenir du Grand Empire de Johkan, à moins de décréter qu’il lui appartient de droit après sa victoire… ce qui la foutrait mal, pour un pays qui se nomme Fédération des Alliances Libres.

Évidemment. Galatea comprenait cela. La clé de la FAL pour s’emparer légalement du Grand Empire, ça avait été Julian. Lui seul aurait pu se déclarer héritier du Grand Empire et le faire entrer au sein de la FAL. Mais lui mort, ce n’était plus possible. Même Vilius, le vice-dirigeant officiel de l’Empire, n’était plus de ce monde à présent. Le Grand Empire était devenu un immense territoire sans aucun chef, totalement morcelé, dans lequel se battaient ci et là quelques anciens fidèles de Venamia pour asseoir leur pseudo-légitimité.

- Grand-père a dit que la seule chose que la FAL pouvait faire, poursuivit Régis, c’était organiser des élections au plus vite, pour que le peuple du Grand Empire se dote d’un dirigeant, avec qui on pourra traiter. Le souci, c’est qu’il faut faire voter toutes les régions et anciens états qui ont été absorbés par Venamia, et sans doute que certaines, comme l’ancien Empire Lunaris, voudront retrouver leur souveraineté. Et donc, il nous sera quasi-impossible de traiter avec une seule personne. Bref, ça sera très long pour régler tout ce merdier.

- Hum… Si tu songes à te présenter comme Président de Kanto, tu auras mon vote.

- Manquerait plus que ça tiens… Après le dirigeant le plus tyrannique et sanguinaire pour Kanto, le dirigeant le plus incompétent.

Galatea sourit, et alla s’asseoir à côté de Régis. Les deux jeunes gens restèrent là un moment, à observer ce décor d’apocalypse et à songer au futur plus qu’incertain qui les attendait. Puis, ne pouvant plus tenir, Galatea laissa couler ses larmes, et enfouit son visage contre l’épaule de Régis. Sans rien dire, ce dernier la serra tendrement contre lui.


***


Estelle Chen, Boss de la Team Rocket et officiellement cheffe des armées de la Fédération des Alliances Libres, ne savait actuellement plus quoi faire. Elle avait le regard perdu dans les nuages, à travers le grand hublot du croiseur Rocket Giovanni, en vol au dessus de Veframia. Les ordres de la FAL n’arrivaient toujours pas, et Estelle était dans le noir le plus total. Faute de mieux, elle avait alloué une partie de ses Rockets à aider les survivants de Veframia. Mais pas grand-monde de ceux qui y avaient vécu et qui s’en étaient sortis ne souhaitait revenir là-bas, ce qui était compréhensible.

- Les humains n’ont toujours rien appris, disait une voix profonde non loin d’elle. Ils vont continuer, encore et encore, à créer des armes de plus en plus destructrices pour s’entretuer, jusqu’à qu’un jour, ils réussissent pour de bon à détruire la planète ou leur propre race…

La passerelle du Giovanni était quasi-vide, à part deux trois techniciens de bord, car le vaisseau était en vol automatique. Celui qui venait de parler était un Pokemon, Mewtwo, en l’occurrence. Il n’était pas rentré à Doublonville avec le Justice d’Erubin, préférant demeurer un temps ici. Lui aussi, la bombe Arctimes l’avait choqué. Choqué, et profondément mis en colère. Estelle aimait bien ce Pokemon. Il avait des valeurs proches des siennes, et comme il avait été créé sous les ordres de Giovanni, on pouvait dire qu’il était une sorte de petit-frère pour elle. D’ailleurs, on trouvait souvent Mewtwo en compagnie de Régis ou d’Estelle, comme si ce lien qui le rattachait à son créateur persistait malgré la mort de ce dernier.

- Tu as sans doute raison, acquiesça Estelle. Les humains finiront par se détruire eux-mêmes. Tu aurais peut-être vraiment dû dominer ce monde quand tu en avais l’ambition…

Estelle faisait référence à ce court passage dans la vie de Mewtwo, où, juste après sa naissance, il s’était retourné contre Giovanni et avait tenté de se créer une armée de Pokemon clones pour prendre possession de ce monde pour lui seul. Estelle avait dit ça en plaisantant à moitié, mais le Pokemon Génétique secoua la tête.

- Je ne suis pas plus sage que vous. J’ai été créé pour la destruction. Je ne suis pas fait pour diriger quoi que ce soit, encore moins votre race que je ne comprendrai sans doute jamais. Et puis… décider de gouverner le monde pour le sauver, c’était le raisonnement de Lady Venamia, ou d’autres tout aussi arrogants et dangereux qu’elle, comme Suicune. Je ne peux pas empêcher les humains de persister dans leurs actes autodestructeurs, mais ces personnes là, qui se croient au dessus de tous les autres et décrètent que le monde est à eux, je peux les combattre, et je continuerai.

Estelle acquiesça distraitement. Elle aussi combattait cette philosophie, qui avait été longtemps cette de Vilius. Et où l’avait-elle mené aujourd’hui ? Vilius n’était plus qu’un squelette qu’on avait retrouvé au côté de celui du prince Julian. Estelle ne savait pas trop comment réagir à cela. Ses relations avec son frère avaient toujours été compliquées, mais une chose était sûre : elle ne lui aurai jamais souhaité cette fin. Elle avait déjà perdu trop de membres de sa famille. Il n’en restait plus beaucoup, aujourd’hui… Mais elle était Madame Boss. Tous les Rockets étaient sa famille, désormais.

Estelle était relativement jeune, mais elle en avait déjà trop vu. Qu’est-ce qu’elle ne donnerait pas pour laisser tomber tout cela, renoncer à son titre, et partir dans un coin tranquille et perdu du monde, de préférence avec Silvestre Wasdens, et mener une vie paisible ? Mais apparemment, ce n’était pas le destin des Chen. Cette famille était toujours mêlée aux pires emmerdes qui soient et ses membres ne connaissaient que très rarement la paix et la tranquillité.

- Que vas-tu faire à présent, Madame Boss ? Demanda Mewtwo.

- Continuer à faire de mon mieux pour la paix, même si ça sert à pas grand-chose, soupira la jeune femme. Nous avons toujours la X-Squad, et de nombreux Rockets. Nous pouvons agir, qu’importe la façon. J’attendrai que la FAL me dise quoi faire. Et si ses membres ne parviennent pas à se mettre d’accord, alors la Team Rocket fera ce qu’elle a toujours fait, c’est-à-dire ce qu’elle veut.


***


Bertsbrand s’était enfermé dans ses quartiers à bord du Giovanni, et ne voulait voir personne. Pas parce qu’il boudait ou qu’il était éploré de chagrin. Naturellement, la disparition soudaine de près de trois millions d’âmes, ce n’était pas swag. Pas swag du tout même. Mais Bertsbrand n’avait pas connu ces gens personnellement. Même le jeune prince Julian, le neveu de Galatea, il ne l’avait vu qu’à la télé. Il était désolé pour ceux de son équipe qui souffraient, cela dit. Mais il était surtout désolé pour lui, pour sa propre inutilité.

S’il avait éliminé Venamia dès le début de la bataille, comme c’était prévu, probablement que le Grand Empire se serait rendu immédiatement, et que la bataille n’aurait même pas eu lieu. Il aurait alors été impossible pour les Réprouvés d’arriver jusqu’à la bombe Arctimes. Oui, c’était la non-efficacité de Bertsbrand qui avait tué tous ces gens, et qui avait mis le pays entier dans une situation intenable. Dire cela à haute voix devant les autres aurait juste été une preuve de plus de l’importance qu’il s’accordait à lui-même, bien sûr. Mais Bertsbrand n’en pensait pas moins, surtout après tout ce que Excalord lui avait dit.

Bertsbrand avait placé la large épée sur son bureau, et l’observait de près, essayant de comprendre ce qui avait pu lui échapper à son sujet, dans ce lien dresseur/Pokemon qu’il n’avait pas su forger. Il avait même rappelé Marie-Eglantine dans sa Pokeball, chose qu’il faisait très rarement, pour rester seul avec le Dieu Guerrier. Même s’il avait cessé de parler depuis ce moment à Veframia, sa voix métallique revenait sans cesse tourmenter l’esprit de Bertsbrand : « Tu n’es rien, humain Bertsbrand. Tu n’es qu’un singe de cirque, vain et ridicule ».

Les paroles dures, quoi que sincères, d’Excalord, avaient comme assommé la star, car il s’en était douté sans jamais vouloir réellement l’accepter. Malgré toute sa célébrité, son argent, son succès, il était une coquille vide. Il se donnait constamment un genre, savamment étudié, pour provoquer l’admiration des autres, mais jamais il n’est réellement lui-même. Il n’y avait peut-être même pas de « lui-même », tant il avait passé des années à se réfugier dans ce rôle, au point s’en doute d’y croire lui-même.

Mais le Dieu Guerrier, grâce au lien de soumission qui les unissait, avait bien lu dans son cœur. Bertsbrand, lui, était tristement incapable d’en faire de même avec le Pokemon. Excalord avait dit vrai ; Bertsbrand ne l’avait jamais considéré autrement que comme un outil, lui déniant même le droit de penser. Comme il possédait le plus souvent Excalord sous sa forme Arme ou Revêtarme, il avait fini par voir en lui un objet, et plus un être vivant. Lui qui avait été un Pokemon si puissant, un empereur parmi les siens, qui avait dirigé un pays il y a des milliers d’années… Sûr que ça devait être vexant.

- Je suis un humain pathétique, c’est vrai, admit Bertsbrand face à l’épée. Depuis toujours, je n’ai jamais voulu que dépasser mon père en célébrité. Mais lui, c’était un vrai artiste. Il faisait ça naturellement. Moi, ce n’est que de l’illusion et du marketing. Je t’ai trouvé grâce à un pur hasard, et j’ai voulu croire que c’était là le destin. Donc, quand Anna m’a fait cette offre de diriger la X-Squad, eh bien… je me suis dit que je pourrai devenir réellement quelqu’un de grand, cette fois sans artifice, par la seule force de mon épée ou de mon armure. Mais encore une fois, je n’ai pensé qu’à moi. Tu avais raison. Venamia avait beau être ce qu’elle est, elle a su se lier avec Ecleus. Alors… je ne suis peut-être pas le Roi Arthur, mais je veux réellement devenir quelqu’un au service des autres grâce à toi. Je veux cesser de me regarder constamment le nombril pour faire des choses utiles.

Bertsbrand se gratta la tête, gêné.

- Bon, je peux pas prétendre que je ne rechercherai pas un peu de gloire et de célébrité au passage. Je suis comme ça. Mais j’aimerai à présent les partager avec toi. C’est vrai que je ne sais quasiment rien de toi. Que je ne m’y suis jamais réellement intéressé. Mais je veux savoir, désormais. Je veux que tu me parles de toi. Je veux qu’on soit égaux dans le combat comme dans la victoire.

Bertsbrand fixa ardemment l’épée, mais aucune voix métallique ne retentit. Excalord resta totalement silencieux. Mais Bertsbrand ne jeta pas l’éponge malgré tout.

- Je ferai en sorte que tu t’habitues à moi, autant que je m’habituerai à toi, Empereur d’Acier Excalord. Je te le promets : nous allons marquer tous les deux cette ère de notre empreinte. Nous allons la sauver, ensemble.


***


La Reine Eryl assistait à une réunion des Chefs d’Etat de la FAL, mais n’avait pas encore ouvert la bouche, à part pour les salutations protocolaires au début. Déjà parce qu’entre tous ces débats à vif, ces disputes et ces accusations, elle n’en avait pas eu l’occasion, mais surtout parce qu’elle ne savait pas quoi dire. Les trois millions de morts à Veframia pesaient encore beaucoup sur elle, de même que la corruption qui gagnait Kanto à toute allure. Il fallait ajouter à cela le retour de Dame Cosmunia, qui était revenue avec de sombres nouvelles : la mort d’Izizi, et celles supposées de la comtesse Divalina et de Jivaluni. Comme elles étaient parties affronter le Marquis… non, affronter Vaslot Worm, et qu’elle n’avaient pas donné de nouvelles, il fallait en conclure qu’elles avaient échoué.

Les Apôtres d’Erubin n’existaient plus désormais que par le biais de Dame Cosmunia et de Silvestre Wasdens. Ce brave Silvestre, qui en dépit des circonstances et de la tristesse qui l’accablaient tout particulièrement, essayait toujours, tant bien que mal, de proposer des solutions pour avancer un tant soi peu. Mais c’était pour ainsi dire impossible, tant tout le monde campait sur ses intérêts propres. La belle union entre pays qui avait donné naissance à la FAL avait disparu… si tant est qu’elle ait seulement existé.

- Mon pays vous a donné toute une flotte de son armée, et près de deux mille hommes, dont très peu ont survécu, et pourquoi ? S’exclamait le président d’Unys. Pour ce fiasco ? Pour devenir la risée du monde, comme c’est le cas aujourd’hui ? J’en suis désolé, mais Unys ne dépensera pas un centime de plus dans ce merdier à Johkan.

- Vous croyez que tout cela n’aura aucune répercussion chez vous, Président Tromps ? Argua Balterik de Naya. L’objectif des Réprouvés est mondial. Ils ne s’arrêteront pas aux frontières. Si nous les laissons faire ce qu’ils veulent à Johkan et se renforcer, ce sera plus tard nos propres pays qui souffriront.

- Eh bien, je bâtirai un mur géant tout autour d’Unys si besoin, répliqua Tromps. J’étais d’accord pour un état fédéral - si tant est que nos pays gardent un semblant d’autonomie - mais pas pour ruiner le trésor public en injectant des fonds dans une région à l’agonie.

- Le Président d’Unys parle vrai, ajouta le Premier Ministre de Rhode. Le Grand Empire de Johkan était notre ennemi. Nous n’avons aucune obligation envers lui.

- C’était Lady Venamia, notre ennemie, répliqua le roi d’Almia. Pas le peuple en lui-même, qui souffrait le martyr sous son joug. Qu’on le veuille ou non, la FAL a une responsabilité. Nous ne pouvons pas nous contenter de venir prendre leur capitale, mettre en déroute leur armée, et repartir ensuite en les laissant seuls face au chaos en disant : « C’est bien fait pour vous les gars ».

- Et que proposez-vous donc ? Voulut savoir Imperatus.

- On met le Grand Empire sous tutelle de la FAL. Nous désignerons un dirigeant temporaire qui répondra devant nous, le temps que l’on rétablisse la paix. Alors seulement, nous pourrons envisager des élections.

- Et comment justifierons-nous cela devant la communauté internationale ? Demanda le Président de Kalos. La FAL n’est pas un pays conquérant. Nous n’avons aucun droit d’imposer nos lois à un pays qui n’a émis aucun souhait de signer notre charte. Ce que vous proposez, c’est - pardonnez-moi - de la poudre de perlimpinpin !

- Messieurs, je vous en prie, intervint Wasdens en tentant de ramener un semblant d’ordre dans les discussions. Avant de réfléchir sur ce terme ci, nous devrions d’abord établir une liste de mesures d’urgence pour protéger la population. Nos armées sont encore…

Eryl n’écoutait pas. Son esprit était ailleurs. Et il était comme… divisé. Quelque chose était en train d’arriver. Une sensation qu’elle pensait connaître, qui lui disait quelque chose, comme si quelqu’un dormait profondément en elle et s’était réveillé alors qu’on avait crié son nom. Une profonde vague de nostalgie, et un sentiment d’être complète, ou du moins, d’avoir des morceaux de soi tout proches. C’était très étrange. Eryl ne pouvait pas vraiment mettre de mot sur ce qu’elle ressentait, mais elle souriait largement.

Au même moment, quelque part dans le monde, une porte s’ouvrit dans les airs. Une porte qui donnait sur un autre monde. Quinze Pokemon en sortirent. Il ne s’agissait pas d’Ultra-Chimères, ces fameux Pokemon provenant d’autres dimensions. Car ces Quinze Pokemon sont nés dans ce monde ci, avant de se réfugier dans la dimension que l’on nommait Elysium. Pour la première fois depuis leur création, ils revenaient tous dans le monde réel. Quinze Pokemon, pour treize constellations du Zodiaque.

- Notre mère nous appelle, dit celui à l’allure de lion dès qu’il eut posé le pied dans le monde réel. La bataille finale entre l’Innocence et la Corruption va se jouer très bientôt. Et nous reviendrons là où nous devons être, pour ne faire plus qu’un, comme jadis.