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Pokemonis T.2 : L'embrasement de l'Aura de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 17/01/2018 à 08:29
» Dernière mise à jour le 08/09/2019 à 19:21

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

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Chapitre 23 : Pour la gloire du combat
Scalpuraï



Quand la lame de mon bras droit entra en contact avec la Lamétrice de Kashmel, le métal dont était fait mon corps vibra. Et moi aussi, je vibrai, mais de plaisir. Je pus le sentir à ce seul premier contact. Personne depuis vingt-sept ans n’avait pu bloquer une telle attaque de ma part et faire trembler mon bras sous la pression du choc. Oui, sans doute Kashmel avait vieilli et perdu de sa vigueur, mais qu’importe ; sa force m’enchantait. J’avais mal au bras après ce contact, et rien ne saurait me faire plus plaisir que cette douleur ! Enfin je ressentais quelque chose. Enfin les nerfs - métalliques - de mon corps étaient à nouveau mis à contribution. Enfin je retrouvais cette joie de vivre qui m’avait quittée depuis si longtemps.

Car le combat, c’était ma façon de vivre. Se battre et souffrir, se battre et triompher, se battre et mourir peut-être. C’est ce que j’étais. C’est ce qui me caractérisait, jusqu’à la plus petite cellule de métal. J’étais venu au monde il y a des siècles de cela, bien avant la Guerre de Renaissance, dans la sauvage région Mandad, où le combat était une religion. La loi du plus fort y était la seule loi en application. Petit Scalpion, j’avais été vaincu par un humain en combat singulier, et selon la coutume en vigueur alors à Mandad, j’étais devenu son Pokemon. Il m’avait longuement entraîné, poussé à bout, parfois de façon cruelle, jusqu’à ce que j’évolue en Scalproie, et que je devienne bien plus puissant.

À ses côtés, j’ai vécu une quantité infinie de combats. Je ne saurai même plus me rappeler tous ceux contre qui nous nous battions, ni pourquoi. De toute façon, ça ne m’importait pas. Je devais obéissance à mon dresseur, et ses ennemis étaient donc les miens. J’avais fait partie de l’équipe qu’il avait intégré, et j’ai voyagé à travers le monde, affrontant des êtres que je n’aurai jamais imaginé. Mon dresseur, qui était un humain spécial contrôlant les molécules d’argent, m’avait marqué de sa marque, en remplaçant une partie de l’acier de mon corps par de l’argent pur. J’étais un Scalproie, mais différent des autres. J’en étais fier.

Puis, après des décennies passées avec mon dresseur, cet humain est arrivé. Un humain que j’avais vu grandir, quelqu’un que je considérai comme faisant partie du cercle de mon dresseur. Il a longuement voyagé, il a trouvé le Puits des Abysses, il s’est acoquiné avec un Pokemon cruel et manipulateur du nom de Daecheron, il a vu quantité de choses à travers le monde, et quand il est revenu sous le nom de Xanthos, avec un masque sur le visage, il était méconnaissable. La révolution des Pokemon avait commencé. Au début, j’avais refusé d’y prendre part, restant fidèle à mon dresseur, alors même que j’avais bénéficié, comme les autres Pokemon, du fragment d’Eternité de Xanthos qui nous accorda intelligence, parole et longévité. J’étais prêt à me battre contre le tout jeune Empire de Pokemonis aux côtés de mon dresseur, et mourir. Une fin qui m’aurait satisfaite.

Mais alors, je changeai de maître. Quelqu’un a su me convaincre de quitter mon dresseur pour rejoindre l’Empire de Pokemonis. Ce même quelqu’un que je servais encore aujourd’hui. Ce n’était ni Xanthos, ni l’Empereur, mais un être bien plus terrible, bien plus puissant… et bien plus noir d’esprit. Il m’a promis des combats à venir bien plus grisants que tous ceux que j’avais fait jusque là. Il m’a promis de la puissance. Et j’avais eu tout cela, pendant une bonne centaine d’années, quand l’Empire de Pokemonis cherchait à se consolider et à se développer. Puis… plus rien. Plus aucun adversaire de taille. Plus aucun adversaire du tout, même. Que de la soumission. De l’ennuyante et creuse soumission.

Je m’étais occupé un temps en pourchassant les criminels, les indésirables, et en les faisant souffrir. Je n’étais pas spécialement un psychopathe à l’origine, c’est juste que la sensation d’apporter de la souffrance à autrui m’aidait un peu à tromper mon ennui et mon manque de sensations fortes. Mais j’en étais vite lassé. J’ai repris un peu espoir quand les Paxen ont été fondés, mais ces fichus rebelles ne connaissaient rien à l’honneur. Ils se cachaient, attaquaient en traître, fuyaient, et retournaient se cacher. Les jeux de cache-cache m’ennuyaient vite, aussi je ne me suis jamais guère trop intéressé à eux.

Alors, en plein désarroi, je me suis désigné une cible de choix : l’Ordre G-Man tout entier, que j’avais toujours méprisé. J’ai toujours œuvré pour convaincre Xanthos et l’Empereur de se débarrasser d’eux, en instillant la crainte d’une trahison en eux. Et de l’autre côté, j’ai œuvré en secret, avec l’aide de mes espions, pour justement attiser le mécontentement des G-Man envers l’Empire. J’espérais un conflit entre eux, et j’aurai eu alors l’autorisation de les affronter. Les G-Man avaient beau être ce qu’ils étaient, ils n’en restaient pas moins des adversaires honorables. Et c’est alors que j’ai croisé le fer avec Kashmel Irlesquo, il y a vingt-sept ans très exactement, le jour où il a fui son exécution programmée, après que son frère l’eut dénoncé, lui et ses parents.

Je n’ai pas pu le retenir ou le tuer moi-même, mais je l’avais bien amoché. Et lui aussi, il m’avait bien amoché. C’était la première fois depuis des siècles que je ne m’étais pas battu de la sorte, que je n’avais plus ressenti une telle poussée d’adrénaline. C’était après ce combat que, plus que jamais, je voulais affronter les autres G-Man, tous autant qu’ils étaient, même tous d’un coup ! J’avais donc envoyé mon exécutrice humaine, Mizulia, en mission d’infiltration dans l’Ordre, d’où elle était revenue avec un bâtard G-Man dans son ventre. Cet enfant aurait dû être l’instrument de la destruction de l’Ordre. Ça avait été quelque peu retardé, à cause de cet absurde sentiment maternel de Mizulia, mais aujourd’hui, vu où les choses allaient grâce à Lance, j’étais certain de pouvoir tuer du G-Man très bientôt. Et j’étais plus que ravi de commencer par Kashmel Irlesquo, celui qui m’avait procuré tant de joie il y a des années !

D’un geste vif qui contrastait avec sa corpulence et son âge, il tenta de m’atteindre avec son bras libre, sans doute en une attaque Lame Sainte qui m’aurait fait mal, très mal, en raison de mon double type Acier/Ténèbres. C’était sans doute la principale raison qui faisait que j’étais si enthousiaste à l’idée d’affronter Kashmel à chaque fois ; il pouvait m’être fatal. Il était capable de me détruire. Or, qu’était donc un combat où on ne craignait pas la mort ? C’était un combat ennuyeux, sans sensation. Un combat où on pouvait craindre pour sa vie, il n’y avait que ça de vrai !

Tout en bloquant avec mon propre bras de libre, j’utilisais Mur de Fer en vitesse sur le bras en question pour le renforcer, car je n’aurai pas tenu longtemps face à l’attaque Combat de Kashmel. Et dans le même temps, je fis grincer les jointures de mon corps métallique pour produire une attaque Strido-Son. Cette attaque ne provoquait pas de dégât, mais servait à baisser l’attaque spéciale de l’adversaire. Mais ce n’était pas pour cela que je la faisais. Sur Kashmel, qui avait l’ADN d’un Pokemon purement physique, baisser son attaque spéciale n’aurait servi à rien. Je la faisais pour troubler le G-Man par ce son irritant, et ainsi prendre peu à peu le dessus dans notre duel de force.

Dès que je sentis qu’il avait un peu reculé, je donnais tout ce que j’avais dans les jambes et dans mon bras droit pour aller en avant et l’attaquer avec Tête de Fer. Il fut repoussé contre un mur du bâtiment, et sans lui laisser un instant de répit, je bondis sur lui et croisai mes bras tranchants pour mon attaque ultime : Guillotine. Kashmel ne chercha pas à se protéger ou à s’échapper ; il donna un coup de poing contre le mur, et aussitôt, des roches pointues surgirent du sol pour me bloquer dans mon élan. C’était une attaque Lame de Roc que Kashmel avait utilisé. Rien qui n’endommage trop mon corps en acier, mais mon attaque Guillotine avait échoué. D’un autre côté, j’aurai été déçu si elle avait réussi et si le combat s’était terminé si tôt.

- Ah ah ! Merveilleux ! M’exclamai-je. Tu sens cette sensation, G-Man ? Le plaisir de combattre ? Notre corps qui nous fait souffrir ? L’adrénaline qui nous gagne ? Ah, ça fait si longtemps que je n’avais rien senti de tel !

- Si affronter des adversaires puissants est ton but premier, tu devrais quitter l’Empire et te battre aux côtés des Paxen, me dit Kashmel. Tu pourrais alors affronter tes propres camarades de la Trigarde ou même Daecheron en personne.

- J’y ai déjà songé, figure-toi, ricanai-je. Il y a des moments où je regrette même d’avoir trahi mon dresseur il y a cinq cent ans. Mais c’est trop tard maintenant. L’Empire m’a tout donné, et a fait de moi ce que je suis. Sans lui, je ne serais resté qu’un pauvre Scalproie sans Ether. Et puis, entre nous… je sais très bien que je n’aurai aucune chance face à Sa Majesté l’Empereur. Si un combat où tu es sûr de gagner est dénué d’intérêt, c’est pareil pour un combat où tu es sûr de perdre.

- Mais que te restera-t-il quand tu auras exterminé tous les G-Man, et que l’Empire dominera le monde entier ? Quels combats vas-tu donc mener ?

- Tu ne sais rien du but de l’Empire, humain. Tu ne sais rien sur les raisons de son existence. Le plus grand des combats arrivera justement quand l’Empire aura tout dominé. Un combat de nature biblique ! Je regrette presque de devoir te tuer maintenant. Tu aurais adoré y participer.

Kashmel fronça ses sourcils broussailleux, et pris une posture que je connaissais très bien pour utiliser la même : celle de l’attaque Danse-Lames. Le G-Man voulait passer un stade au dessus dans notre duel de force. À la bonne heure ! Ravi, je fis donc de même. Ainsi boostés, on risquait de détruire toute la ville basse dans notre duel, mais à l’heure actuelle, je ne me souciais nullement de ces considérations matérielles. L’Empereur aurait tout loisir de me faire un sermon une fois que Kashmel Irlesquo sera mort de ma main !

Kashmel frappa du pied contre le sol, ce qui provoqua une attaque Eboulement qui fit s’écrouler une partie du toit du bâtiment sur moi. Je tranchai les gravats avec mes lames, et sautai pour intercepter Kashmel qui avait fait un grand bond vers moi. Dans les trois secondes qui nous séparaient l’un de l’autre, j’étudiai sa posture. Ses poings levés de la sorte indiquaient qu’il préparait une attaque Close Combat. Et elle n’avait jamais aussi bien porté son nom. En effet, si je me prenais ça de plein fouet, mon corps se retrouverait en miettes. Tenter le rapport de force en l’état me serait défavorable.

À la place, je démultipliai mon corps, ou plutôt son image, grâce à l’attaque Reflet. D’ordinaire, un Pokemon qui l’effectuait arrivait à produire deux clones, et les plus expérimentés d’entre eux une dizaine. Moi, ce fut une vingtaine. Kashmel fut troublé pendant une demi-seconde, mais il s’en remit bien vite à l’Aura pour localiser le vrai moi. Mais cette demi-seconde me fut fort utile pour passer en dessous de lui et le toucher avec une attaque Casse-Brique. Kashmel grogna, mais ne dévia pas de son attaque. Au premier coup qui marqua le début de Close Combat, je dus éviter en catastrophe en me protégeant le torse de mon bras gauche, qui du coup dégusta sévèrement.

On retomba tout les deux, chacun de notre côté, et tous les deux blessés. Kashmel se tenait les côtes après mon attaque Casse-Brique au ventre, et moi j’examinai mon bras gauche enfoncé qui portait les empruntes des poings du G-Man. Les gens pensaient souvent à tort que les Pokemon de type Acier, parce qu’ils étaient fait de métal, ne ressentaient pas la douleur. Il n’en était rien. On la ressentait comme tout le monde. Mon bras me faisait mal, très mal. Et j’appréciai à sa juste valeur cette souffrance, que je n’avais pas ressentie depuis des lustres. Elle me rappelait que j’étais bien vivant, et que je me battais.

- Qu’est-ce que tu prépares, Kashmel ? Demandai-je à mon adversaire. Pourquoi es-tu revenu dans cette ville ? Tu peux me le dire. L’un de nous deux va mourir après tout. Si c’est toi, j’arrêterai ton plan quel qu’il soit. Et si c’est moi, tu auras tout loisir de le mettre en œuvre sans interférence. Allez… quel est ton plan ?

- Je pourrai te demander la même chose, répliqua le G-Man. Pourquoi tu t’intéressais tant à cette petite gamine aux cheveux blancs ? Ce n’était pas seulement parce que c’était une bâtarde. Elle était spéciale pour toi.

- Elle l’est toujours. Je me doute bien que tu la caches, et je n’ai pas encore renoncé à elle. Mais Lance va passer en premier. Quels sont tes liens avec eux, dis-moi ?

- Je n’ai pas trop eu l’occasion de créer des liens avec des G-Man dernièrement, durant toutes ces années passées avec les Paxen. Mais si le but de ces G-Man est bien de faire tomber l’Ordre actuel et de se libérer de l’Empire, ils ont toute ma sympathie.

Je ricanai ostensiblement.

- Ce groupe G-Man rebelle est une blague, tu le sais parfaitement toi aussi. J’ai bien saisi qu’ils étaient une diversion pour quelque chose. Quelque chose d’autrement plus dangereux pour l’Empire. Et comme, étrangement, tu es dans le coin en ce moment même, je soupçonne que tu n’y es pas pour rien.

Je passai de Kashmel à son partenaire Pokemon électrique, qui avait suivi ses ordres et n’était pas intervenu.

- Ça vaut pour toi aussi, Pokemon. Je sais parfaitement qui tu es, bien que tu ais pas mal changé.

- Tes soupçons ne regardent que toi, écorcheur, me fit Furaïjin. Il serait vain de discuter de quoi que ce soit avec un boucher comme toi.

- Tu me blesses. J’ai la plus grande admiration pour ton ami humain. Il aspire aux même choses que moi.

- Ne me mets pas dans le même sac que toi, je te prie, fit Kashmel. Tu n’es qu’un psychopathe, un chien sans muselière qui n’aspire qu’à détruire.

- Tout comme toi. Tu ne peux pas me tromper, G-Man. Je me souviens très bien de comment tu étais, ce jour d’il y a vingt-sept ans. Tu as été trahi par ton propre frère, tu as vu tes parents se faire lentement tuer, tu as été rejeté par les tiens. Tu as tout perdu, et tu n’étais alors qu’un puits de haine sans fond. Ton regard ne montrait rien d’autre que la vengeance et l’envie de détruire. Ça m’étonnerait qu’une telle colère ait pu totalement se dissiper malgré toutes ces années.

Je vis le G-Man plisser des yeux, et je penchai la tête dans sa direction.

- Oh que non, elle ne s’est pas dissipée, poursuivis-je. Elle est toujours là, plus intacte que jamais ! Dis-moi, Kashmel Irlesquo, quel genre de destruction as-tu prévu ?

- Pour le moment, seulement la tienne ! S’écria Kashmel.

Le G-Man revint au combat avec sa Lamétrice, démontrant toute l’étendue de sa maîtrise de l’épée. Comme il n’utilisa pas d’attaque, je fis de même, et je contrai seulement avec la lame de mon bras droit. Kashmel voulait un combat d’épéiste ? À la bonne heure. J’étais de toute façon prêt à le combattre de toutes les manières qu’il choisirait. Cela étant, il advint très vite que Kashmel avait l’avantage. Les Lamétrice n’étaient pas des lames ordinaires. Elles étaient comme synchronisées à l’Aura des G-Man qui les tenaient. Par exemple, un G-Man d’un Pokemon Feu avait toutes les chances d’enflammer sa Lamétrice en combat. Celui d’un Pokemon Foudre pouvait l’électrifier.

Et dans le cas d’un Pokemon Roche et Combat comme Kashmel, ce fut comme si la lame de l’épée devenait l’extension du bras du G-Man. Kashmel était capable d’utiliser l’attaque Lame Sainte avec son bras, mais quand il était synchronisé avec sa Lamétrice, c’était carrément elle qui devenait l’attaque. Autrement dit, je recevais directement les coups de l’épée sous forme d’attaque Combat, que je craignais. Forcé de reculer, je dis à Kashmel d’un ton amusé tout en continuant de contrer avec mon bras :

- Tu triches un peu là. Ce n’est plus seulement lame contre lame. Il va falloir que je monte le niveau moi aussi alors…

Et je le fis. Car si Kashmel avait l’avantage du type, moi aussi j’avais un avantage, une arme secrète que j’utilisais rarement tellement j’en avais besoin dans les piètres combats que je menais en temps normal. Mais un adversaire de la trempe de Kashmel Irlesquo méritait bien que j’utilise tout ce que j’avais. Alors je le fis venir. Ce pouvoir que très peu de Pokemon possédait, qu’on mettait des décennies à apprendre et à contrôler. Ce pouvoir qui venait lui-même du fragment d’Eternité que Xanthos avait distribué à tous les Pokemon de la planète. Ce pouvoir qui se manifestait sous la forme de petites lumières vertes dans une partie du corps, comme si on avait des vers luisants dans nos veines. Le pouvoir de l’Ether !

Tout mon bras droit scintilla d’une lueur verte, résultat de tous ces mini-fragments d’Ether qui l’envahirent d’un coup. Les rares Pokemon qui pouvaient utiliser l’Ether le faisaient généralement sur le bout des doigts, ou carrément sur la main entière pour les plus puissants d’entre eux. Mais les membres de la Trigarde Impériale - dont je faisais partie - étaient connus pour être les plus puissants utilisateurs d’Ether du monde. Nous, ce n’était pas les doigts ou la main, mais bien un bras entier, ce qui démultipliait notre force et notre défense déjà surélevées. C’était ce qui faisait notre réputation. C’était la cause de notre invincibilité. Bien sûr, même le bras entier, ce n’était rien comparé à Sa Majesté l’Empereur ou au Seigneur Xanthos quand il était en vie. Eux, ils pouvaient invoquer l’Ether dans tous leur corps. Mais eux, c’était normal, ils avaient baigné dans la source d’Eternité du Puits des Abysses, contrairement aux Pokemon normaux qui l’avaient acquis par leurs propres efforts, et parfois avec l’enseignement d’un maître.

Kashmel reconnut l’Ether quand il le vit, bien sûr. Je l’avais déjà utilisé lors de notre combat d’il y a vingt-sept ans. Son corps aussi devait s’en rappeler. Je me souviens lui avoir infligé certaines blessures qui n’avaient sûrement pas disparu. J’avançai mon bras baignant dans l’Ether en repoussant la Lamétrice comme si elle n’avait pas été là. Ayant anticipé à l’avance, Kashmel avait tapé du pied par terre et fait surgir juste en dessous de mon bras une lame rocheuse qui le dévia, mais qui se retrouva en miette la seconde après, tant mon bras était devenu solide. Kashmel rompit l’engagement, et rangea son épée à sa ceinture.

- Ne me dis pas que tu abandonnes ? Lui dis-je. L’Ether ne t’avait pas effrayé plus que ça autrefois.

- Autrefois, j’étais jeune, arrogant et sûr de ma puissance, répliqua Kashmel. Ce qu’on perd de force avec l’âge, on le regagne en sagesse. Mais j’ai longuement réfléchi toutes ces années sur que faire si jamais je recroisais ton chemin. Tant pis pour la vitesse. Je vais me forger une défense telle que même avec l’Ether, tu ne pourras pas m’atteindre.

- J’ai hâte de voir ça.

Kashmel cogna des deux poings contre le sol, et alors, comme sous son commandement, plusieurs rochers de taille diverse en sortirent pour aller se coller contre son corps. J’éclatais de rire en voyant le résultat. Pas par moquerie non, mais bien par joie et enthousiasme, comme un enfant venant de découvrir un cadeau inattendu. Seule la tête de Kashmel était visible. Le reste de son corps était recouvert d’une masse de roche telle qu’on aurait dit une armure intégrale. Quant à ses bras, ils étaient devenus deux lames rocheuses tranchantes. Je pouvais sentir toute la puissance se dégager de cette forme, comme si j’avais le véritable Terrakium devant moi, dont on disait qu’il avait rasé un château entier d’un seul coup.

- Splendide ! M’écriai-je. Tu es formidable, Kashmel Irlesquo ! Si jamais je te tues, n’hésite pas à revenir d’entre les morts pour qu’on se réaffronte !

Et je me jetai sur lui. Il n’y avait plus aucune stratégie désormais, pour aucun de nous deux. C’était à celui qui taperait le plus fort. Nous échangions nos coups d’une puissance dévastatrice, détruisant tout autour de nous. Mon bras baigné d’Ether massacrait l’armure rocheuse de Kashmel, mais cette dernière se reconstituait sans cesse. Les attaques Lame Sainte, qui venaient des deux bras du G-Man, s’abattaient sur moi sans discontinuité, et je les détruisais à chaque fois avec mon bras. C’était une véritable orgie de sauvagerie et de force brute. Je ne ressenti plus la douleur. Je ne remarquai même pas que j’étais en train de rire comme un dément tellement je m’amusais. Je souhaitai que cet instant dure à jamais, que Dialga fige le temps et qu’Arceus nous rende immortels pour qu’on puisse se battre ainsi éternellement !

Mais hélas, les bonnes choses avaient toujours un fin, c’était connu. Un de nos coups échangés, bien plus forts que tous les autres, balaya totalement le bâtiment et les fondations même du sol, et un mini-séisme en résultat, touchant toute une partie de la ville basse. Moi-même, je fus soufflé par le choc de la rencontre de notre puissance. Propulsé plusieurs mètres plus loin, j’avais le corps tellement endolori que je ne parvenais même plus à me relever. Si Kashmel revenait maintenant, il pourrait m’achever en toute tranquillité. Mais il ne se montra pas. Il devait être en aussi sale état que moi.

Jamais, depuis que j’étais Scalpuraï… non, depuis que je servais l’Empire, je m’étais retrouvé si endommagé. Et d’un autre côté, jamais depuis la même époque je ne m’étais senti aussi joyeux, aussi vivant ! J’étais soudainement emprunt de nostalgie. Je me souvenais de cette époque bénie, alors que je n’étais encore qu’un Scalproie sans parole aux côtés d’un humain. Il m’était souvent arrivé alors de me retrouver blessé à ce point après des combats. Mais chacune de ces douleurs m’étaient précieuses, car elles étaient autant de gain d’expérience et de puissance pour moi. Je pensais aujourd’hui être arrivé à un stade où je ne pouvais plus gagner aucune expérience. Mais si je pouvais me retrouver dans un tel était, alors c’était faux. Je pouvais encore devenir plus fort. Je pouvais encore progresser !

- Ah ah ah, ricanai-je faiblement. Finalement, j’aurai manqué pas mal de choses si j’étais resté mourir à tes côtés, Zeff…

J’entendis une voix humaine m’appeler, et mon esprit embrumé pensa que mon défunt dresseur m’appelait depuis l’autre monde. Mais non, c’était une voix de femme. Une voix que je connaissais presque tout aussi bien que celle de Zeff.

- Maître ? Maître !

Je regagnai mes esprits et m’assis. C’était bien Mizulia qui se trouvait à mes côtés, avec tous les autres Scalproie des Nettoyeurs, qui m’observaient avec une certaine inquiétude. Pour sûr, ils ne m’avaient jamais vu dans cet état.

- Mizulia…

- Vous allez bien, maître ? Retournons au palais ! Vous avez besoin de soin immédiatement.

Elle m’aida à me remettre debout, mais je la repoussai.

- Où est-il ?

- Maître ?

- Kashmel ?! Où est-ce qu’il est ?! Nous n’avons pas terminé notre combat !

Mais Mizulia secoua la tête.

- Il a pris la fuite, maître. J’ai vu Immotist l’aider. Deux Scalproie les prennent en chasse.

J’étais déçu par le fait que Kashmel ose s’enfuir de notre combat à mort, mais d’un autre côté, si nous survivions tous les deux, alors il y avait une chance qu’on se livre un nouveau combat. Cette perspective m’enchanta.

- Inutile de les suivre. Je sais où ils vont, et deux Scalproie ne pourront rien contre eux. Nous sommes destinés à nous recroiser avant que tout ceci ne se termine.

- Tout ceci ? S’étonna mon esclave.

- Oui. Quelque chose dans cette ville va se terminer très bientôt. La présence de Kashmel le prouve. Il n’est certainement pas revenu ici pour rien. Il prépare quelque chose de gros, et il est probablement le responsable derrière les agissements de ta fille…

Pris d’une soudaine pensée, je dévisageai sévèrement Mizulia.

- Qu’est-ce que tu fiches ici au fait ? Je t’avais dit de rester dans le Quartier G-Man !

- Je me suis trouvé une sorte… d’espion qui me tiendra informée à propos du groupe Lance, se justifia Mizulia. Je venais vous en parler, quand j’ai vu cette explosion. Euh… tout le secteur est en miettes, maître, et il y a des fissures énormes un peu partout. Il sera difficile de cacher ça au public, et encore moins à l’Empereur.

Oui, l’Empereur… Mon devoir devrait me pousser à lui parler de la présence de Kashmel dans cette ville, mais je ne voulais pas qu’il intervienne. Je voulais me charger de lui - et des autres G-Man - tout seul. Mais avec Jugeros qui était déjà entré dans le jeu, et les actions spectaculaires de Lance, ça allait effectivement être compliqué de conserver la main dans cette affaire. Dans ce cas, il n’y avait qu’une seule personne à contacter.

- Je rentre au palais, discuter de tout ceci avec le Directeur, fis-je.

Oui, le Directeur saurait quoi faire lui. Il saurait quoi dire et ne pas dire à Daecheron. Le Directeur avait toujours eu à cœur de satisfaire mes désirs. Il me connaissait mieux que quiconque. Après tout, c’était lui qui m’avait convaincu de trahir Zeff pour me ranger du côté de l’Empire. Il fallait avouer que le Directeur s’y connaissait, en trahison…