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Informations

» Auteur : Gran Alvaro - Voir le profil
» Créé le 28/11/2017 à 16:30
» Dernière mise à jour le 28/11/2017 à 16:30

» Mots-clés :   Amitié   Famille   Johto   Romance   Slice of life

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Chapitre 4 - Hells Angels
Paul ne prit même pas la peine de saluer la mère de César avant de quitter la voiture. Elle ne l'aimait pas de toute façon, et il le savait. Rien à foutre de cette mégère, il avait promis à Julianne de déjeuner avec. Cour, couloir, salutations à deux trois mecs et arrivée en trombe dans une salle d'étude non surveillée. Deux intellos cessèrent de parler pour plonger la tête dans leur cahier. En fond de salle, elle était là....

Ses cheveux de cuivre tombaient jusqu'aux omoplates, ses yeux gris lisaient les dernières lignes du cinquième chapitre d'un roman. Elle attendait ici depuis 8h30. Paul n'osait pas la déranger, contemplant les jambes se croiser et se décroiser. Julianne leva la tête, intriguée.

« Tu t'es battu, dit-elle sans s'étonner.

-En quelque sorte euh... Une longue histoire...

-Viens, on va te passer de l'eau. »

Elle rangea son livre dans son sac et Paul la suivit. Il n'en revenait pas de fréquenter une fille que les mecs n'osaient aborder. Car Julianne impressionnait, lui aussi. Elle se montrait studieuse et discrète, mais tout élève du lycée de Mauville la connaissait au moins de vue. Le jeune homme qui l'accompagnait s'était déjà retrouvé à en parler avec ses camarades apprentis Topdresseurs, et avait parié qu'il sortirait avec. Nous n'en étions pas encore là, mais il suffisait de la fréquenter un petit peu avant qu'elle ne lui tombe dans les bras.

Mais ce n'était pas aussi simple qu'avec ces autres filles qui le regardaient déjà avec un grand sourire parce qu'elles aimaient voir Paul se donner en spectacle. Dans un cercle d'adolescents, Paul avait le monopole de la parole et de la vanne. Julianne n'avait pas l'air d'en être, et pourtant il lui arrivait de rire avec. C'est qu'elle était plutôt sérieuse. Pas chiante, non, sérieuse. En somme, les autres étaient des filles là où Julianne était une femme. Non, elle était plus que cela, elle était l'incarnation de Cancrelove. Scandaleusement charmante qu'on s'en interdirait toute relation charnelle. Ah, c'est qu'il fallait être fou pour s'approcher d'une créature venue d'une autre monde. Au regard des autres au lycée, Paul Carrington était un audacieux qui vivait sans la peur d'être un imprégné.

« Tu as l'air d'un mec sorti de prison, plaisanta la troisième année en passant un mouchoir mouillé sur la blessure du grand garçon.

-Héhéhé...

-Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?

-Oh rien, j'ai juste renversé ma bière sur un motard de Parmanie, il m'a frappé, j'ai sorti mon Ursaring et après c'est... flou.

-Une bagarre d'ivrogne qui a dégénéré hein ?

-...

Julianne ricana.

-Tu es un sacré personnage, sourit la svelte jeune femme.

-Ouais... Un café, ça te dit ? J'ai un peu trop mal à la tête pour suivre les cours.

-J'ai 2 heures de Stratégie de Précision... Donc va pour le café. »

Ainsi César, Alice et Mathieu ne verraient Paul de la journée. Le grand rouquin quitta l'établissement sans avoir assisté à une seul cours, en compagnie d'une chimère. Fier de lui tout en restant vigilant, il discuta avec Julianne en évitant habilement le quartier dans lequel il avait connu une sacrée mésaventure. Il ne lui restait plus qu'à aller du côté de la Tour Chétiflor. La boisson y était chère mais le lieu fleurait bon le romantisme.

Le Bousti' Café était l'un de ces lieux « à la mode de Kalos » qui avait fleuri dans la région depuis l'adhésion de la région dans le Grand Conseil. Tous les clichés d'Illumis étouffaient l'atmosphère de la terrasse : un alignement de tables rondes en osier assorties aux chaises, des gentlemens un peu artistes, des demoiselles qui se découvraient muses...

« C'est un peu cher, non ? fit remarquer Julianne.

-Ouais ouais mais je peux négocier une réduc' si tu veux ! 'Scusez-moi monsieur.

Un serveur un peu guindé tourna la tête mécaniquement.

-Euh... Pierre... Deux cafés ! Tu veux bien un café hein ?

-Va pour un café, sourit le rencard de Paul.

Le personnage impeccable retourna sa moustache vers l'intérieur du café, sans prononcer un mot.

-Héhéhé, c'est un pote...

Il se passa bien cinq longues minutes avant que mot ne soit prononcé. Julianne observait l'environnement et Paul cherchait la phrase pertinente. Si seulement elle avait vu le match d'hier... Son embarras était tel qu'il lui semblait même comprendre ce qui motivait Gallardo à fumer des blondes.
Julianne Romanski n'avait beau être qu'un pari de vestiaire, Paul tenait à ne pas passer pour un Granipiot. Peut-être par respect, sûrement par orgueil. Une fameuse histoire de la région d'à-côté raconte qu'en côtoyant son rival, le champion d'arène de Jadielle se serait élevé au rang de dresseur d'élite. Et c'était sans doute à cela que pensait ce grand dadais qui attendait le tournoi de la Conférence Argentée plus impatiemment que Noël. Les femmes avaient vraiment un pouvoir plus mystérieux que les Pokémon...

-Alors Paul, déclara la jeune femme pour rompre le silence, qu'est-ce tu comptes faire après le lycée ?

-Euh... Je n'y ai pas réfléchi mais... Enfin j'assume pas...

Julianne sourit.

-Là, tu m'intéresses.

-Non non non !

-Si si ! Allez, n'aies pas honte, tu n'es pas du genre à te démonter, non ?

-Hm... Les études tu vois, c'est pas trop mon délire... Y a ceux qui disent qu'il faut faire l'Ecole des Dresseurs pour en être, mais perso, la théorie... Enfin voilà quoi... Je veux faire comme mon père : parcourir les régions, poutrer du champion et faire la Conférence Argentée.

Une fois qu'il eût fini son aparté, son rencard ne dit rien et versa le sucre du café qui venait de leur être apporté. C'est qu'elle était satisfaite d'avoir accouché cette âme qui en dissimulait plus qu'elle n'en laissait paraître.

-Que dire si ce n'est que c'est ambitieux. Il y a beaucoup de candidat à l'Ecole des Dresseurs pour peu d'élus. Toi, tu oses sortir des sentiers battus et c'est tout à ton honneur !

-Héhé... C'est gentil...

La discussion s'élevait doucement et Paul sentait ce que les pauvres types appelaient le « feeling ». Il serait resté jusqu'à la fermeture à lui payer des cafés à 500 pokédollars rien qu'à l'entendre philosopher ou ne serait-ce que lui conseiller cet obscur auteur qu'il ne lirait jamais... Malheureusement pour le jeune homme, sa vie était un Pokéathlon perpétuel.

Se pensant à l'abri des ennuis dans ce quartier huppé, le vénitien avait presque oublié ce qu'il l'avait conduit ici. Qui irait soupçonner que des kilos de Poudre étaient dissimulés dans des gueules d'Empiflor ? Certainement pas les Forces de Police Internationales qui peinaient à faire tomber le Gang de Parmanie. Alors quand Paul se retrouva nez-à-nez avec son adversaire de la veille...

-Julianne, à trois, on court

-Pard...

-Trois !

Passer du rencard romantique à la course-poursuite, telle était la vie rock n' roll que menait à ses dépends Paul Carrington. Et Julianne se contentait de le suivre, tirée par le bras avec quatre Harley Davidson à ses trousses. Une forme de test.

Dans une région aussi calme que Johto, on se trouvait plutôt démuni quand un événement venait perturber son quotidien. Les badauds se contentaient donc d'observer le Grolem poursuivre deux adolescents sous les vrombissements des Lombards les plus réputés du milieu.

En bifurquant sur le chemin qui menait aux Ruines Alpha, le jeune couple s'essouffla. Pas le choix pour Paul...

-Octazooka !

Le Pokémon Jet fit opposition à Grolem, détournant de ce fait sa trajectoire. Les motards quant à eux, firent un cercle de poussière autour des tourtereaux qui n'y voyaient plus rien. Soigneux de leur mise en scène, les deux roues se mirent en rang pour que s'avance le chauve de la veille.

-Alors la p'tite tapette là, on essaye de m'échapper ? C'est marrant. Mais t'sais c'qui serait plus drôle, c'est que je me défroque et que je prends ta copine, juste là, devant toi.

Les trois autres gusses étaient hilares. Habitué au viol collectif, Jim « Bullet » Gulak était surtout connu des services de police pour des faits d'ultra-violence sur des basanés qui tardaient un peu trop dans les ruelles sombres de Céladopole. Paraîtrait même qu'il avait fait son quota en roulant sur tous les fouilles-merdes qui approchaient un peu trop du Casino...

Quand Julianne Romanski, 17 ans et demi, lui envoya l'Aqua-Jet d'un Azumarill dans le bide, il n'en menait pourtant pas large. Pas un fil de cuivre ne s'était rebellé de sa chevelure, pas une seule expression sur le visage régulier. Au contraire de Paul qui lui, était pâle comme le linge.

« Depuis que je suis pubère, j'ai failli me faire agresser 14 fois par des Groret de votre espèce. Vous pensez bien que j'ai pris l'habitude de me défendre.

-Sale pute !

-Le plus vieux métier du monde, certes... Bon Paul, tu ne joues plus les galants ? »

Ledit Paul était surtout décontenancé d'être tombé sur une nana qui avait plus de bollocks que toute sa promotion réunie. Julianne venait de défoncer un skinhead confirmé, ses copains déboulaient derriière et elle, elle l'invitait à se battre. Serait-ce l'amour ?

« Octillery, reviens. Braisillon !

Le rouge-gorge babillait joyeusement autour d'un Azumarill aussi impassible que sa maîtresse. Les trois motards restant ne tardèrent pas à lâcher Sablaireau, Baggaïd et Grotadmorv.

-2 contre 3, on fait quoi ? Questionna le roux-vénitien.

-On commence par Baggaïd et Sablaireau. Câlinerie sur Baggaïd !

-Acrobatie sur Sablaireau ! Purée, tu me laisses ce qu'il y a de plus simple...

L'avantage du type des Pokémons du jeune couple face aux deux bipèdes contribuait à les malmener. Tout ceci était - bien évidemment - sans compter sur un dresseur au Grotadmorv un peu plus malin que l'agresseur de la veille.

-Grotadmorv, Détritus sur l'Azumarill de l'autre salope !

Les mots débités à une vitesse folle, la jeune femme n'eût pas le temps d'anticiper l'empoisonnement de son Pokémon Fée.

-Fait ch... Oh et puis après tout, ce ne sont que des vauriens, il n'y pas de règles !

Julianne sortit le second Pokémon de son équipe, un Mesmérella qui ne tarda pas à user de son Rafale Psy pour mettre en difficulté le Grotadmorv ennemi.

-Bordel, t'es la reine des attaques surprises toi... « Bon sang, elle est badass cte gonz ! »

-Aide-moi plutôt que de commenter...

-Euh ouais ouais ouais ! Octillery... Rafale Psy, annonça le jeune homme peu inspiré, cependant efficace.

Hors d'état de nuire, Grotadmorv n'était plus en mesure de répliquer, donnant au couple un large avantage face aux loubards.

-Put... Sablaireau, Tranche !

-Azumarill, Pistolet à O.

Le lapin aveuglé manqua inévitablement sa cible et céda face au coup critique d'un Pokémon pourtant défavorisé face à lui. Julianne grommela.

-Baggaïd, Pied Voltige sur le poulpe !

Visiblement, le Pokémon comprit son dresseur. C'était donc au tour de Paul de voir l'un de ses monstres échouer. Pas plus décontenancé que cela, il répliqua.

-Aéropiqué !

Julianne suivit le mouvement.

-Rafale Psy sur Sablaireau.

Le duo piaf/gothique-lolita frappa fort et décima la totalité des forces ennemies. La victoire sur le terrain était totale.

-Yeah, tape-m'en cinq !
Si Paul se surprit à ce geste de camaraderie, Julianne s'étonna d'y répondre. Il y eut un petit moment de battement avant que les deux types d'en face ne sortent un couteau.

-Et me... On fait quoi ? Demanda le rouquin.

-Sors ton Ursaring.

Le dresseur s'exécuta...

Repus de bagarres, les deux ados-adultes se promenèrent tranquillement sur les pavés de la Vieille Rue, dans un esprit plus contempatif. Paul jugeait bon de la fermer pour une fois, de profiter de la meilleure compagnie qu'il pensait espérer. Au moment de raccompagner Julianne jusqu'à chez elle, il hésita.

-Alors euh...

La nymphe soupira, se recoiffant d'embarras.

-Je vais être sincère avec toi : quand j'ai accepté ce café, je pensais que tu allais m'endormir avec ta vantardise, ton éloquence, et tout ce qui va avec...

La mine du garçon s'attrista.

-...J'ai été conne, j'ai découvert un garçon un peu moins gamin qu'il ne laisse paraître. Je ne voudrais pas te faire trop changer mais... Cesse de cacher cette sensibilité.

-Oui, marmonna Paul. Et... A propos de nous ?

-Laisse-moi y réfléchir.

Silence.

-Bref, j'ai quand même passé un bon moment. Merci pour cet après-midi mouvementé. Bonne soirée !

Le corps voluptueux se retourna vers le pallier de la porte. Julianne sourit à son rencard avant de rentrer chez elle. L'anglais plaqua la paume de sa main contre son visage.

Secoué par cette annonce, Paul décida de refaire la Route 31 à pied. Seul et sobre. C'était un peu moi drôle d'avoir les idées claires sur le chemin du retour : la mélancolie remplaçait la ferveur de l'ivresse. Cette fille qu'il aurait voulu baiser, il voulait être à sa hauteur et putain que c'était dur de plaire à une fille qui lisait Hourcenèr (ou Yourcenère, il ne savait plus trop) quand sa seule lecture se limitait au résumé des matchs de la veille. Que ce soit du football ou des combats Pokémon, cette barbarie ne devait pas avoir la noblesse des livres de bibliothèque.

Le grand bonhomme commençait fondre dans ses pensées quand surgit le bus de Jean-Luc à une intersection. « Je prendrais bien l'gamin mais si ça s'sait, je prends encore un blâme ! ». Sur le bord d'une route sans trottoir, Paul reprit son sourire de déconneur à la vue de Gallardo, lui adressant un doigt d'honneur-manivelle en guise d'amitié. A sa grande surprise, César fit mine de l'ignorer. L'autocar démarra en trombe et plongea Paul dans un amas de poussière. Il avait sacrément l'air d'un con.

Lorsqu'il rentra chez lui vers 19 heures, l'adolescent s'affala sur le canapé, observant sa mère s'agiter avant de repartir au travail. Il échangeait assez peu avec elle dernièrement, compte tenu du fait qu'il ne faisait que la croiser entre deux gardes. Comble de la lose, son meilleur pote semblait lui faire la tronche... La soirée s'annonçait minable.
The Bates – Out of the Blue (Hey, Hey, My, My)

Une fois sa mère partie, il lâcha Braisillon dans la maison, histoire de faire vivre un endroit bien morne où le jour décroissait dans le salon. Tant pis si le rouge-gorge déféquait sur le mobilier, il y avait bien des lingettes pour ça.

La télévision lâchait son florilège de programmes abrutissants à mesure que Paul zappait...

« ...Et donc vous Nadège, vous avez traversé Oliville seins nues. Racontez-moi

-Oui ! En fait, je bronzais sur la côte et mon mari se baignait quand un Goélise est venu choper mon bikini qu'il avait pris pour une algue !

-Hahahahahahaha ! »

«  Et maintenant, Pierre-Henri va nous interpréter son tube, ''la bonne d'Acajou'' ! Applaudissez-le !

-Je t'ai rencontrée du côté d'Acajou
Tu avais autant de fesses-euh que de joues
Tu étais coiffée comme un Cochignon
Et moi j'en pouvais plus dans mon caleçon... »

« Docteur, ce Kangourex fait une crise d’épilepsie ! Si ça continue, le petit risque d'y passer !

-Leveinard !

-Sauvez mon Pokémon Docteur !

-Vous l'avez gavée de Total Soin ma parole ! Allez me chercher un whisky, j'travaille pas dans ces conditions sans picoler... »

Picoler, il n'y avait peut-être que ça de mieux. La bière fraîche refroidirait le cerveau fulminant. Braisillon augmentait le nombre de décibels de ses babillements, ce que Paul réprima.

« Oh la ferme !

-Piou ? »