La couleur de la lumière de MissDibule

Shaïna se rua à toute vitesse dans la ruelle sombre. Là, contre le mur poussiéreux, gisait un petit Pokémon.
La jeune fille se dirigea vers lui et tendit précautionneusement la main. Elle voulait s’assurer que le Pokémon n’avait pas peur d’elle. Elle posa délicatement sa main sur la tête du petit Pokémon. Il émit un petit gémissement, mais sembla s’apaiser aussitôt. Voyant que le contact passait plutôt bien, Shaïna prit le petit Pokémon dans ses bras. Malgré la situation critique, Shaïna était heureuse : il s’agissait là de son tout premier contact avec un Pokémon. Une fois dans ses bras, elle constata que le Pokémon allait plutôt bien. Il y avait eu plus de peur que de mal apparemment.

Et c’est là qu’elle vit. Elle vit la ressemblance frappante entre le Pokémon et elle-même. Celui-ci -qui était en réalité une femelle- avait le corps jaune clair semblable à une robe de fillette. Ses yeux étaient du même rouge éclatant que les yeux de Shaïna. La petite créature possédait également une mâchoire à l’arrière de sa tête, qui ressemblait étrangement à une queue-de-cheval, du même noir que les cheveux de la jeune fille. Et pour achever le portrait, l’adolescente et la petite Pokémon possédaient l’une comme l’autre deux mèches noires qui retombaient sur leur front. C’était une Mysdibule, mais ça, Shaïna n’avait aucun moyen de le savoir.

Pour elle, c’était un signe du destin : le premier Pokémon qu’elle rencontrait lui ressemblait. Ça ne pouvait pas être une coïncidence.
Elle s’aperçut également que le Pokémon portait un collier où était accrochée une sorte de gemme brillante rose, jaune et noire. De plus en plus mystérieux… Shaïna sourit à la petite bête au creux de ses bras :
- Tu me plais bien toi ! Comment tu t’appelles ?
La Mysdibule, encore un peu sonnée, eut du mal à émettre son petit cri habituel :
- Mys… ssiiii…
- Missy ? J’aime bien ! Je pense que je vais t’appeler comme ça, le temps de retrouver ton dresseur.
- Miii ?
- On t’a dérobée à lui et cette personne doit être folle d’inquiétude ! Mais avant de rechercher ton dresseur, je dois aller chercher mon premier Pokémon, ou sinon c’est moi qui vais inquiéter Louka !

Shaïna se demandait bien pourquoi elle expliquait tout ça à ce pauvre Pokémon alors que celui-ci ne devait rien comprendre. « Bon, assez perdu de temps ! »
- Tu vas rester avec moi jusqu’à ce qu’on arrive au labo du Pr. Sorbier, il saura quoi faire !
Puis, sur ces paroles, elle se mit à courir en direction de la route 202, Missy toujours dans ses bras. Elle aperçut rapidement, à la sortie de la ville, un garçon visiblement plus âgé qu’elle de quelques années avec un béret rouge sur la tête. A côté de lui se trouvait un Pokémon semblable à un cheval ardent. « Un Galopa, je crois, si je me souviens bien » se dit-elle. En effet, Shaïna, en dépit de pouvoir approcher les Pokémon, les avait beaucoup étudiés en compagnie de sa mère. Elle en connaissait beaucoup, dont Galopa. Mais elle n’avait jamais vu de Mysdibule auparavant, pas même en photo.

Elle supposa que ce jeune homme était Louka. Lorsqu’il la vit, il sourit, mais son sourire s’effaça bien vite :
- Salut ! Tu es Shaïna, je suppose ? Moi c’est Louka, et… Attends… Pourquoi as-tu un Pokémon avec toi ?? Tu n’étais pas censée en recevoir un aujourd’hui ?!
- C’est un peu compliqué… Je vais t’expliquer… répondit Shaïna, gênée.
Elle raconta alors toute son histoire à Louka, qui l’écouta sans broncher. Il déclara ensuite :
- Je vois… C’est bien, tu as fait ce qu’il fallait, c’était très courageux de ta part. Tu as raison, le professeur saura sans doute quoi faire. Pour l’instant, pas de temps à perdre ! Viens, je vais t’aider à monter sur Galopa.

Shaïna s’obtempéra. Elle tressaillit quand Louka l’aida à se hisser sur le cheval de feu. Elle n’avait quasiment jamais eu de contact avec des garçons avant. Mais elle fut d’autant plus surprise de constater que la crinière ardente du Galopa ne la brûlait pas. Voyant son air étonné, Louka s’expliqua avec un clin d’œil :
- Surprise ? Tu demandes pourquoi tu ne brûles pas ?
- Euh… Oui…
- C’est parce qu’elle te fait confiance. Ce feu brûle ardemment les ennemis, mais réchauffe chaleureusement les alliés. Elle croit en toi car je suis là.
« Intéressant… Comme quoi on en apprend tous les jours… » pensa Shaïna. Cela dit, Missy, elle, n’avait pas du tout confiance. Elle se blottissait contre la jeune fille, apeurée par le feu de la crinière de Galopa. Shaïna en déduit donc qu’elle possédait un type craignant le feu. « Acier, peut-être… »

Elle veilla sur elle pendant tout le trajet sur le dos de Galopa, une main enroulée autour de la taille de Louka, et l’autre autour de Missy, visiblement calmée. Le voyage ne fut pas très long. Un quinzaine de minutes plus tard, Littorella commença à se découper sur l’horizon. Shaïna sentait l’impatience monter en elle. Louka se tourna vers elle :
- Nous y sommes ! Tu as hâte ?
- Plus que jamais !!
- J’étais exactement comme toi quand ça m’est arrivé !

Louka sourit alors qu’ils entamaient leur ultime virage. Ils étaient enfin arrivés à Littorella. Shaïna était si impatiente qu’elle descendit elle-même de Galopa, sans l’aide de Louka. Ce dernier la guida alors jusqu’à un grand bâtiment blanc : le laboratoire du Pr. Sorbier ! Louka s’empressa d’ouvrir la voie à une Shaïna surexcitée.

Le laboratoire était rempli à craquer d’ouvrages et de machines électroniques. Çà et là, des scientifiques papillonnaient sur telle ou telle pseudo-découverte. Et au fond de la pièce se trouvait un impressionnant vieil homme aux cheveux blancs : le Professeur Sorbier.
Lorsqu’il les vit approcher, son visage sévère s’éclaira :
- Ah, Louka ! Et toi, tu dois être Shaïna. Enchanté.
- E-enchantée… répondit la jeune fille, intimidée.
- Mais que vois-je, un Pokémon ? Je croyais que tu n’en avais pas ?...
- …

Shaïna était figée par la peur. Elle était tétanisée par le regard du professeur. Louka s’en aperçut, et vola à son secours. Il expliqua toute l’affaire au professeur à la place de Shaïna. Après quoi, il s’éclipsa. Ce dernier haussa les sourcils, puis sourit pour la première fois depuis le début de la conversation :
- Ho ho ! Il semblerait que tu sois dotée d’un grand cœur, et tu que ne manques de courage, jeune fille !
« Du courage ?... Tu parles… Alors que j’ai même pas réussi à soutenir son regard… »
- En tout cas, passons au sujet qui nous intéresse : ton premier Pokémon, Shaïna. Nous aurons tout le temps
de nous intéresser au dresseur de cette Mysdibule après, poursuit le professeur.
« Mysdibule… C’est donc l’espèce de Pokémon à laquelle appartient Missy. »

Le professeur se tourna alors vers la table située derrière lui, où trônaient trois Poké Balls. Il s’en saisit et, avant de les lancer, déclara :
- Voici venue l’heure de vérité, Shaïna !
Il lança alors les Poké Balls dont sortirent trois Pokémon que Shaïna n’avait jamais vus. Elle posa Missy à terre afin de les observer plus en détail. La petite Mysdibule se frotta alors contre ses jambes, l’air calme et apaisé.
- Laisse-moi te les présenter… proposa le Pr. Sorbier à la jeune fille.

Il désigna le premier, un genre de petite tortue verte avec une carapace marron et une petite feuille sur la tête :
- Voici Tortipouss ! Le Pokémon de départ de type plante, précisa-t-il.
Shaïna observa attentivement la petite tortue. Le petit Pokémon semblait gentil et amical, un bon compagnon, en somme. Ses doux yeux bruns rassuraient l’adolescente.
- Ensuite, le Pokémon de type feu, Ouisticram !
Ouisticram ressemblait à un petit singe à la queue enflammée. Il semblait empli de joie. Il dégageait quelque chose de… chaleureux. Sa flamme ardente rappelait à Shaïna à la fois sa détermination et son regard écarlate.
- Et pour finir, Tiplouf, le Pokémon aquatique !
La jeune fille, à l’instant où elle le vit, convint que c’était le plus adorable des trois. C’était un petit pingouin bleu au regard vif. Il semblait avoir l’esprit combatif. Elle ne risquerait rien, avec lui, c’était certain !
- Alors, Shaïna, as-tu fait ton choix ? lui demanda le professeur.
- Je crois que oui. J’ai décidé de prendre…
Avant qu’elle puisse finir sa phrase, un vacarme assourdissant se fit entendre à l’entrée du laboratoire. Quelqu’un venait d’arriver en trombe dans le laboratoire :
- Excusez-moi, je suis en retaaaaaaaard !!!!