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Rubis & Saphir - The Origins de Feather17



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» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 25/06/2017 à 21:48
» Dernière mise à jour le 02/09/2020 à 00:02

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

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050. 4x04 - Fuir, ou mourir
Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Durant leur voyage, la Team Magma s’impose afin de recruter Sofian par le biais de sa sœur Sarah, membre de l’organisation criminelle. Le groupe rencontre Annick, une coordinatrice qui a grandi dans le même village que Timmy, avec qui Flora se lie très vite d’amitié, mais avec qui Sofian ne s’entend pas très bien. Jessie et James passent une alliance avec la Team Magma afin d’obtenir de l’aide dans le vol de Galifeu, mais l’accord se retourne contre eux. Après une lutte acharnée contre la Team Magma, Sarah arrache Galifeu des mains de Sofian, Timmy s’envole avec la Team Magma pour sauver Galifeu et Jessie est abandonnée par la Team Magma. Cette dernière passe un pacte avec Flora pour l’aider à sauver Sofian, parti avec Annick récupérer son Galifeu des mains de la Team Magma. Mais tandis qu’un détective spécial s’approprie l’affaire et que Flora attaque la police pour couvrir Jessie, Timmy arrive à pénétrer dans le repère de la Team Magma avec l’aide de Miaouss qui le trahit et le vend à la Team Magma. Annick et Sofian sont faits prisonniers à leur tour, trahis par James. Alors qu’il a récupéré la pokéball de Seviper comme moyen de pression contre la Team Rocket, Monsieur Magma réalise des expérimentations douloureuses sur Galifeu qui ne se laisse pas faire, offre une promotion à Sarah, rétrograde John qui est en proie à une crise de haine, et confie à son plus fidèle Administrateur, Holmes, une périlleuse mission. Tandis que Timmy est passé à tabac, que Sofian est emprisonné et qu’Annick est emmenée par John à son exécution, James et Miaouss intègrent la Team Magma sous la contrainte et la menace de l’exécution de Jessie, qui pénètre dans le repère avec Flora, à la suite de quoi Annick et Flora sont arrêtées et Jessie réintégrée. Enfin, Monsieur Magma ordonne à Sarah d’éliminer tous les enfants avant de quitter le repère, et Flora arrive à convaincre la Team Rocket de s’unir pour s’enfuir et sauver leurs vies. Mais Sofian manque à l’appel et personne ne sait où il se trouve.

Repère de la Team Magma


Pokémon #201e
Cinquante minutes. Il ne lui faudrait pas plus de temps pour quitter les lieux en s’assurant de ne laisser aucune preuve derrière lui. Ses hommes préparaient le départ, les intrus étaient en chemin vers leur exécution, et ce chapitre au creux d’une des vallées du Mont Chimnée touchait à sa fin. Il ne lui manquait cependant qu’une chose à réaliser, peut-être la plus importante de cette longue mission éprouvante qu’il avait mise en place des mois auparavant.
Il posa un dernier regard sur le compte à rebours qu’il lança et, déterminé, tourna les talons dans sa longue cape de voyage en direction de la salle B23, alors que le compteur affichait à présent la minute quarante-neuf.

Sa migraine avait empiré. Quelque part, au loin, une alarme retentissait, poignardant son crâne douloureux. Il ne savait pas depuis combien de temps il attendait là, assis simplement sur le sol rocailleux, infernalement chaud, suffoquant dans la poussière et l’humidité que dégageaient les parois rocheuses de sa nouvelle cellule. Cela faisait maintenant plus de quarante-huit heures qu’il n’avait plus fermé l’œil, et il lui paraissait si loin le temps où il assistait avec innocence à un stupide concours de coordination pokémon, si loin le temps où il s’était fait arracher son Galifeu des mains par sa traitresse de sœur, si loin le temps où il attendait impatiemment dans une chambre d’hôpital qu’on lui pose toute une série de questions inutiles. Il n’avait plus mangé ni bu depuis, et son mal de crâne empira rien qu’à savoir qu’il était en manque de ressources vitales. Heureusement qu’il était enfermé dans les ténèbres, car le simple fait de se concentrer sur une image lui torturerait ses yeux secs et douloureux. Et ce « plic ! ploc ! » incessant qui résonnait dans sa tête, tels des coups de feu perpétuels. Cependant, cela l’aidait à tenir. Se concentrer sur les bruits répétés des gouttes d’eau qui tombaient, les compter, inlassablement, imperturbablement, l’aidait à rester éveiller et à garder son sang-froid pour le moment inévitable où il allait devoir affronter à nouveau ses geôliers. Ce fut à la quarante-septième goutte que Sofian se rendit compte que c’était bien de l’eau qui coulait quelque part dans sa prison de roche.
L’adolescent se traina douloureusement au sol à la recherche de ce liquide salvateur, cet or bleu qu’il trouva dans un coin et dont il avala les quelques rares gouttelettes chaudes et acides qui daignaient tomber du plafond.
Soudain, la porte en métal s’ouvrit et les rayons lumineux qui inondèrent la salle l’aveuglèrent dans un premier temps. Les contours d’un homme se dessinèrent dans la lumière et, après avoir habitué ses yeux à ce nouvel environnement, Sofian reconnut les traits durs, la peau anormalement blanche, les cheveux terreux et les yeux rouges maléfiques de l’homme qu’il détestait actuellement le plus au monde.
— Bonjour, dit simplement l’homme en restant dans l’encadrement de la porte.
Mais Sofian ne répondit pas et se contenta de toiser son ennemi depuis le sol poussiéreux.
— Je tenais à m’excuser pour mon manque de politesse, reprit l’homme, mais avec tous ces évènements, nous n’avons pas encore eu l’occasion de nous présenter. Je m’appelle Monsieur Magma, mais tu peux m’appeler Max. Après tout, les Match ont tout mon respect.
Max Magma lui tendit la main droite mais Sofian maintint le regard sans bouger.
— Oui, j’imagine que tu n’as pas beaucoup de raisons de m’accorder le moindre signe amical, reconnut Max Magma en ramenant sa main le long de son corps. Je dois avouer qu’en bientôt quarante-six ans, je n’ai jamais rencontré une personne avec une telle résistance à toutes les horreurs que tu as pu vivre ces deux derniers jours. Ce comportement ne mérite que mon entier respect, et toutes mes plus plates excuses, une nouvelle fois.
Sofian haussa les sourcils un bref instant, ce qui ne manqua pas d’attirer l’attention de Max Magma.
— Crois-moi, elles sont sincères. Vois-tu, poursuivit-il en avançant dans la pièce pour réduire l’espace entre lui et son prisonnier, jamais je n’ai voulu que tout cela se produise. Tout ce qui m’intéressait était ton pokémon, je n’avais que faire de perdre du temps dans ces enfantillages d’emprisonnement, de course-poursuite et autres… comment dirais-je ? … « mauvais traitements ». Ton Galifeu est voué à de grandes choses, et j’avais besoin de mesurer à quel point il était puissant avant d’être sûr de ses capacités à collaborer dans notre projet. Oh, je suis d’accord avec toi, tout ceci n’était pas très déontologique. Mais nous devions nous assurer qu’il avait le potentiel que nous imaginions, et il le fallait à l’écart de son maître. Ton Galifeu a un potentiel que ni toi, ni moi ne pouvions imaginer.
— De quoi vous parlez ?! s’exclama enfin Sofian.
Face à un adolescent méfiant, Max Magma s’agenouilla devant lui et plongea son regard enflammé dans celui de l’adolescent terrifié.
— Ton Galifeu va sauver la région de Hoenn d’une catastrophe climatique de grande envergure, annonça-t-il. Le réchauffement climatique de la région a dû t’alerter toi aussi : une hausse de température de plusieurs degrés, un Chemin Ardent impraticable, le Mont Chimnée qui se réveille,… Seul ton Galifeu peut empêcher le volcan d’entrer en éruption et de détruire les villes alentours.
Sofian examina le regard déterminé et convainquant de Max Magma avant d’éclater d’un rire rugueux et malade.
— Vous croyez que je suis aussi stupide que vos sbires ? lança-t-il. Je vois très clair dans votre jeu, je sais très bien que vous essayez de me manipuler. Si le volcan se réveille, ce n’est pas un pur hasard ! C’est vous qui manipulez les lois de la nature pour… vos projets vicieux !
— Mais pourquoi un homme voudrait-il détruire la nature ? s’étonna-t-il, comme vexé par les propos de Sofian. Penses-tu réellement que je sois capable d’une telle atrocité, alors que la nature est notre seule véritable alliée ?
— Je pense, se défendit Sofian, qu’à l’heure actuelle, mon Galifeu ainsi que mes amis ont été abattus et que c’est bien le même sort que vous me réservez. Ça vous donne une idée de la manière dont je vous considère ?
Un mélange de tristesse et de dubitation se dessina sur le visage de Max Magma, qui se releva lentement. Il fouilla un instant dans les poches de sa cape de voyage et en ressortit une petite télécommande, un des boutons de laquelle il pressa.
Le sol trembla violemment alors que le mur qui soutenait Sofian se déchirait en deux. L’adolescent se releva d’un bond et recula de quelques pas. Derrière le passage qui venait de s’ouvrir, dans salle baignée d’une violente lumière blanche ressemblant fortement à un bloc opératoire, un pokémon évanoui au pelage roux apparut aux yeux de Sofian : Galifeu était étendu de tout son long sur une table métallique orientée à quarante-cinq degrés, de sorte que sa tête pendait dans le vide. Juste à côté de lui, lové sous une cloche en verre, se trouvait un Miaouss qui ne l’importa pas.
— Qu’est-ce que vous lui avez fait ?! s’exclama-t-il, terrifié à la vue de son pokémon singulièrement blessé.
Sofian accourut auprès de son Galifeu et lui caressa son visage parsemé de croutes de sang.
— Il fallait aussi que je te présente mes excuses pour son état de santé, reprit Max Magma. Les batteries de test que nous lui avons fait passer ont révélé une énergie qu’il n’a pas réussi à maîtriser pleinement.
Sofian se jeta sur les sangles qui retenaient son pokémon sans se soucier de la façon dont pouvait réagir son ravisseur. Cependant, alors qu’il libérait son pokémon de la table d’expérimentation, Max Magma ne l’en empêcha pas.
— Allons Sofian, pourquoi diable aurions-nous abattu ton pokémon si nous te l’avions enlevé en premier lieu ?
Une fois ses liens desserrés, Galifeu glissa au sol et Sofian s’agenouilla auprès de lui, relevant sa tête inerte et la posant contre ses genoux.
— La Team Magma n’est pas votre ennemi, poursuivit le Patron en gardant ses distances, ni celui de la police. Nous œuvrons de cette manière dans l’unique but de sauver la région de Hoenn de la menace qui plane au-dessus d’elle.
— Si vous faites tout cela pour une bonne raison, comment se fait-il que vous ne soyez pas en bons termes avec les forces de l’ordre et que vous enleviez et séquestriez des enfants ? répliqua Sofian.
— Parce que les forces de l’ordre se trompent de cible, répondit simplement Max Magma. Il faut que tu comprennes. Les bouleversements climatiques qui accablent Hoenn ne sont pas naturels. La nature n’a pas décidé du jour au lendemain de se rebeller contre Hoenn. Ces bouleversements sont les conséquences des actions de certains êtres humains qui se croient tout permis, au point de détruire notre écosystème. Dans leur quête du pouvoir et de l’assujettissement des hommes à leur groupe, la Team Aqua, sous les ordres de son maniaque de leader, est en train de préparer une catastrophe climatique sans précédent, dont eux seuls détiennent les clés pour l’empêcher, et ainsi réaliser un coup d’état national et régner sur Hoenn !
Alors comme ça, les Team Magma et Aqua étaient ennemies, pensa Sofian. Il se souvint alors de ses nombreuses rencontres avec les sbires de la Team Aqua, au cours desquelles il avait failli perdre la vie par quatre fois. Et si le véritable ennemi était finalement l’homme qui s’était caché dans la brume de Poivressel, cette ombre si terrifiante que Sofian avait une fois entraperçue et qui n’avait eu de cesse de hanter ses nuits.
— N’est-il pas vrai que la Team Aqua a essayé d’avoir votre peau plusieurs fois ?
— Vous aussi ! fit remarquer Sofian.
— Ah bon ? s’étonna Max Magma. Quand ça, je te prie ?
— Le Bois Clémenti ! Vos sous-fifres ont ligoté mon ami Timmy qui a failli mourir noyé !
— Sa plongée dans le lac était un accident…
— Autéquia ! Vous vous êtes alliés avec la Team Rocket pour avoir notre peau !
— Nous ne voulions que ton Galifeu, le reste n’était qu’un acc…
— Non, c’est FAUX !! s’emporta Sofian en serrant son Galifeu contre lui.
Max Magma patienta le temps que Sofian se calme.
— Jamais nous n’avons essayé de vous faire du mal, assura-t-il. Jamais nous n’avons levé la main sur vous. Les seuls actes de violence ont été des conséquences de vos actions et nos défenses pour ne pas déstabiliser notre organisation.
— Et Timmy ?! Il n’était qu’une « conséquence », c’est ça ?! Vous l’avez torturé simplement parce qu’il menaçait de vous « déstabiliser » ?!
— Timmy… détient lui aussi un potentiel qu’il ne peut pas maîtriser. Sa santé fragile n’est pas anodine, c’est la preuve que son corps combat son esprit plein de ressources. Allons Sofian, nous sommes du côté des gentils. Crois-tu sincèrement que ta sœur serait capable de faire du mal ?
— Non, c’est faux, c’est faux, se répéta Sofian, déstabilisé.
— Vous partagez le même nom, poursuivit Max Magma, le même noble sang coule dans vos veines. Vous êtes tous les deux de belles personnes. Sarah se bat pour sauver Hoenn, et elle a compris l’importance de cette mission il y a bien longtemps.
— QU’EST-CE QUE VOUS ME VOULEZ ?! hurla Sofian, épuisé et accablé par une migraine assourdissante.
— Mes sbires ont été envoyés à la fin du mois d’août dans l’unique et même but qu’ils t’ont été envoyés il y a deux jours : te recruter. Nous avons besoin de toi, nous avons besoin d’unir toutes les plus grandes et nobles forces de Hoenn pour la protéger. Accepte de rejoindre nos rangs, et ensemble, nous ferons des merveilles. Accepte de rejoindre la Team Magma, et nous sauverons Hoenn.
Sur ces mots, Max Magma quitta la pièce et referma la porte métallique derrière lui. Le verrou cliqueta et Sofian fut à nouveau enfermé, mais cette fois-ci, il n’était plus seul. Galifeu, Miaouss et le doute l’accompagnaient.

Quelque part dans le repère, un décompte afficha quarante-quatre minutes.

Pokémon #201c
La jeune fille aux cheveux courts aida le garçon à se relever, mais ce dernier vacilla dangereusement et elle le rattrapa de justesse.
— Ça va… ça va aller, je vais… je vais mieux, ça va… rassura Timmy.
Mais son visage ravagé par les coups et blessures de sa torture révélait le contraire.
— Oh, Timmy… se lamenta Annick en versant une larme de détresse.
— Ne me regarde pas comme ça, supplia le jeune garçon en détournant le regard.
— Tu ne dois pas avoir honte ! Ce sont eux les criminels, pas toi ! On va s’en sortir, et ils vont être arrêtés et jugés, et enfermés ! Ça va aller, je te le promets !
— Ne promets pas quelque chose que tu ne peux pas tenir.
— Qu’est-ce que… ?
— Leur enfermement ne relève pas de toi, et le fait que j’aille mieux non plus, répondit sèchement Timmy. D’après ce que Sofian m’a raconté, tu as aussi promis à Flora que tu nous sauverais, et on est tous dans le même pétrin.
— Timmy, souffla Annick de sa voix éteinte. Je…
— Quarante-trois coups de poing, l’interrompit-il. On m’a infligé quarante-trois coups de poing. Et tout ce qui m’a fait tenir c’était… c’était de savoir que… tu, enfin,… vous n’étiez pas dans cet enfer que je vivais. Et quand on arrête enfin ma torture, qu’est-ce que je vois ? Vous vous êtes faites enlever vous aussi, et te voir dans cette cellule tout à l’heure — ou hier, je ne sais même plus quel jour nous sommes — c’était la pire torture que…
Et sa voix se perdit dans un étranglement de tristesse. Annick le serra contre lui, pleurant à chaudes larmes.
— On doit bouger, et vite ! pressa Flora.
Jessie et James interrompirent leur conversation silencieuse et se tournèrent vers elle.
— On n’a pas d’autres choix, James ! conclut Jessie. C’est bon, il est convaincu !
— Mais, Jessie ! se défendit un James terrifié. On a toujours cette mission pour le Boss à…
— Si on meurt, on aura bien du mal à la terminer cette mission ! fit remarquer Jessie, ce qui mit un terme à leur dispute. Allez les gosses, on bouge avant qu’on nous trouve en train de comploter !
— Attendez, il nous faut un plan ! intervint Annick.
— On n’a pas le temps de discuter ! s’impatienta Jessie. Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, ton petit copain va nous claquer dans les bras d’une minute à l’autre.
— D’accord, on s’enfuit et on bourre dans le tas, accepta Flora. Mais !
— Quoi, « mais » ?!
— On doit retrouver Sofian ! répondit Flora.
— Et Galifeu, intervint Timmy.
— Ainsi que nos sacs à dos et nos pokémons ! rappela Annick.
Jessie soupira.
— Je sais où est détenu Galifeu, indiqua James en se grattant l’oreille. Et toi Jessie, tu peux les amener à la salle B16 où ils nous ont fait entreposer leurs affaires personnelles.
— Hors de question qu’on vous laisse aller chercher Galifeu seul ! s’exclama Flora.
— On n’a pas le temps de discuter… se pressa James.
— Pour ça, si, on a le temps ! intervint Timmy.
Le jeune garçon s’arracha des bras d’Annick et avança difficilement vers James.
— Je suis venu ici pour récupérer Galifeu, et je compte bien terminer ce que je suis venu faire, annonça-t-il. Vous allez m’accompagner à lui.
— Timmy, tu es sûr que… s’inquiéta Annick.
— On ne peut plus sûr.
— Bien, Jessie, vous nous accompagnez à nos affaires ! ordonna Flora.
— D’accord, mais si on vous aide ainsi, vous nous aidez à récupérer Miaouss à votre tour ! Deal ?
— Deal !
Jessie et Flora se serrèrent la main une nouvelle fois. Annick lança un regard anxieux à Timmy qui disparut dans les escaliers derrière James.
— Dans combien de temps on est à votre salle B16 ? demanda Flora.
— J’en sais rien moi !
— Et plus précisément ?
— Quarante-deux secondes, ça te va ? répliqua Jessie avec sarcasme. On peut discuter du temps qu’on va mettre ou on peut y aller et ne pas perdre de temps !
— Allons-y !
Et les trois filles grimpèrent quatre à quatre les marches les éloignant des geôles.

Pokémon #201h
Max Magma jeta un coup d’œil à sa montre : il ne leur restait plus que quarante-et-une minutes pour quitter le repère. De part et d’autres des couloirs de la grotte, ses sbires fourmillaient d’excitation et s’affairaient aux préparations de leur départ. Il ne restait plus qu’une chose avant de partir, et il était bien conscient du temps que cela allait prendre.
— Patron… hésita une voix derrière lui.
Max Magma ne répondit pas. Ayant reconnu l’homme qui s’approchait avec délicatesse de lui, et connaissant très bien les raisons pour lesquelles il était précautionneux, Max Magma préféra lui tourner le dos.
— Patron, nos hommes sont prêts, annonça timidement son sous-fifre derrière lui.
Max Magma ne répondit pas et attendit.
— Comme prévu, les quarante premiers sbires ont quitté le repère, il ne reste plus que l’équipe Charlie qui va vous escorter. Quand sommes-nous censés démarrer vers… ?
Max Magma se tourna enfin vers John qui se pétrifia sur place de terreur.
— Sofian Match est en pleine réflexion, actuellement, révéla-t-il. Et je compte bien lui laisser le temps qu’il lui faut pour prendre sa décision.
— Et si… ?
John hésita mais, rassemblant son courage, finit par délivrer le fond de sa pensée :
— Et s’il refusait, Patron ?
— Encore une fois, tu doutes de mes capacités à convaincre ?
— Pas du tout Patron ! s’excusa rapidement John un s’inclinant face à Max Magma. J’imagine juste le pire des cas, pour être prêt à agir selon vos ordres.
— Intéressant. Eh bien, s’il refuse de se soumettre à nous, je le ferai abattre et lui prendrai le Galifeu, sans oublier le Miaouss de ces trois incompétents de Rocket.
— Malgré… malgré la promesse que… balbutia John, étonné.
— Malgré quoi que ce soit ! affirma Max Magma d’un ton qui ne laissait aucune autre autorité prendre le dessus sur sa décision.
John esquissa un sourire discret, satisfait, et préféra ne plus intervenir.
— Lorsque nos trente-neuf hélicoptères auront quitté le repère, reprit Max Magma, tu auras la tâche d’activer le système de défense et de sceller à jamais notre repère dans l’éboulement que nous avions prévu. Il y a trop de preuves qui pourraient nous accabler, ici.
— Bien, Patron.
— Il ne sert à rien de rester ici, sa réflexion peut prendre du temps et nous n’en avons pas à perdre.
Et Max Magma quitta le couloir, suivi de son fidèle sous-fifre satisfait du sort que réservait son Patron à tous ces intrus.

Pokémon #201
Sofian nettoya la dernière tâche de sang séchée du visage de Galifeu qui était toujours plongé dans son coma. Son pauvre pokémon portait sur lui les traces de toutes les souffrances que la Team Magma lui avait fait endurer, mais pour quelles raisons ? Max Magma était-il doué de si bonnes intentions, comme il le prétendait, ou était-il en train de le manipuler ? En réalité, il avait dit une vérité à propos de la Team Aqua : c’était bien elle qui les avait menacés plus d’une fois d’une mort certaine, elle qui avait volé des documents précieux à de grandes entreprises et des bien maritimes à des fins mystérieuses. Max Magma pouvait-il avoir raison ? Hoenn était-elle vraiment menacée par la Team Aqua et était-il en position de défenseur ? Mais alors, pourquoi agissait-il de cette manière ?
Non, ce ne pouvait être que de la manipulation ! Il se souvenait très bien du jour où il avait assisté au départ de sa sœur dans l’organisation de criminels. Elle n’y était pas allée en héroïne, il en était convaincu. Aucun héro n’acceptait de telles maltraitances sur autrui, quel qu’était le bien qui en résultait. Car pour Sofian, le moindre mal, c’était toujours le mal.
Il fallait qu’il s’enfuie ! Il fallait qu’il retrouve ses amis — ou leurs cadavres, rappela une petite voix terrorisée dans une partie de son crâne — et qu’il quitte ce repère dans lequel il avait vécu trop d’horreurs. Cherchant du regard à la recherche de matériel qui pourrait l’aider à s’échapper de sa prison, son attention fut attirée par une horloge qui était accrochée au mur du fond. Il était deux heures du matin, cela faisait trente-huit heures exactement qu’il n’avait plus fermé l’œil et que ce cauchemar avait débuté. Il était temps d’en finir !
Plaçant son Galifeu précautionneusement sur son dos, comme il l’avait fait plusieurs fois déjà ces derniers temps, Sofian ferma les yeux sur sa douleur et sa fatigue, et tenta le tout pour le tout : il posa sa main sur la poignée de la porte qui l’emprisonnait dans ce laboratoire et l’actionna. La porte s’ouvrit. Ahuri, il jeta un coup d’œil dans le couloir. Il était désert.
La Team Magma avait-elle négligé son emprisonnement ? Ou était-elle finalement douée des meilleures attentions, auquel cas Max Magma ne lui aurait pas menti et lui avait proposé une véritable alliance sans menace ? Sofian ignora les doutes qui s’installaient dans son esprit : dans n’importe quel cas, il fallait qu’il agisse et qu’il quitte ce repère !
Il prit ses jambes à son cou et quitta sa prison en direction des couloirs labyrinthiques du repère.

Au même instant, de l’autre côté de la grotte, la porte de la salle B16 s’ouvrit à la volée grâce au passe magnétique de Jessie, et les trois jeunes femmes y entrèrent avec fracas. Elles venaient de pénétrer dans un immense hangar rempli d’étagères à l’image d’une bibliothèque, toutes remplies de bric-à-brac, d’objets volés, et de pokéballs n’appartenant probablement pas à la Team Magma. Après quelques secondes de réflexion, Flora repéra du coin de l’œil ce qu’elles étaient venues y chercher :
— Ils sont là, sur l’étagère numéro trente-sept ! annonça-t-elle.
Annick se précipita sur leurs effets personnels et arracha du fourbi deux sacs à dos identiques dont un qu’elle lança à sa propriétaire, Flora, qui avait retrouvé leurs pokéballs.
— Ça fait du bien de vous retrouver, les amis ! soupira Annick en fourrant ses six pokéballs dans sa poche, tandis que Flora l’imitait avec les trois siennes.
— Allez, il faut quitter cette grotte à présent ! pressa cette dernière.
— Une petite minute ! intervint Jessie en leur bloquant le passage.
— Je sais qu’on vous a promis de sauver votre Miaouss, répliqua Flora, mais on n’a pas trente-six solutions. Il va falloir qu’on fonce dans le tas et qu’on le cherche par la force.
— Ce n’est pas vraiment mon premier des soucis, révéla Jessie.
Et son regard se porta sur le sac à dos de Flora tandis qu’elle leur bloquait l’accès à la porte de sortie du hangar. D’un coup d’œil inquiet, Annick et Flora comprirent que la Team Rocket retournait à nouveau sa veste, mais elles n’eurent pas le temps de réagir. Jessie avait été plus rapide qu’elles et avait profité de leur stupeur pour agir : elle arracha le sac à dos des mains de Flora et poussa la jeune fille contre son amie. Toutes deux s’écroulèrent contre l’étagère numéro trente-cinq et furent ensevelies sous une pluie d’objets volés.
Jessie tourna les talons en vitesse et sortit du hangar en claquant la porte brutalement derrière elle, histoire de les retarder lorsqu’elles se dépêtreraient de l’amas de bricoles qui leur était tombé dessus et se lanceraient à sa poursuite.
— James ! appela Jessie en fourrant une oreillette dans son oreille, celle-là même qui lui avait déjà servi lors de l’Opération Galifeu à Autéquia. J’ai le sac à dos de la peste ! On peut…
Mais Jessie s’arrêta dans sa course. Déposée au milieu du couloir, ou abandonnée là par quelqu’un, se trouvait une pokéball reluisante. Jessie jeta un coup d’œil autour d’elle : personne en vue. Elle ramassa la sphère rouge et blanche, intriguée.

D’après les plans dont James avait pris connaissance lors de ses quelques heures au sein de la Team Magma, ils venaient de pénétrer dans le couloir numéro trente-quatre au bout duquel devait se trouver la salle d’expérimentation dans laquelle Sofian était censé être emprisonné.
— Attends un instant !
James empêcha Timmy d’avancer davantage et le jeune garçon s’appuya contre un mur adjacent pour se reposer de sa course éreintante.
— Normalement, ton ami devrait se trouver dans le local au bout du couloir, expliqua James, mais il se peut qu’il soit surveillé par quelqu’un. Je ferais mieux d’y aller en éclaireur. Ils ne se doutent pas qu’on s’est retourné contre eux, donc il ne devrait pas y avoir de problème s’ils me voient arriver.
— Bonne idée, accepta Timmy. Faites-moi signe si la voie est libre.
Timmy resta au tournant du couloir, s’assurant qu’il n’y avait bien aucun sbire à l’horizon pour trahir sa position, et laissa James parcourir les trente-trois mètres qui les séparaient de la salle d’expérimentation. James avança d’un pas serein et Timmy s’étonna de son fabuleux jeu d’acteur, avant de se souvenir que l’homme était avant tout un membre reconnu de la Team Rocket et que ce n’était pas la première fois qu’il jouait un double jeu.
Au bout d’un moment, James lui fit un signe de tête discret et Timmy le rejoignit à toute vitesse. Ils se trouvaient à présent devant une porte métallique verrouillée par un boitier qui nécessitait un code d’accès.
— Vous connaissez le code ?
— Je ne pense pas qu’il y en aura besoin…
James enclencha la poignée et la porte s’ouvrit. Avec inquiétude, Timmy pénétra dans la salle d’expérimentation, mais ni Sofian ni son Galifeu ne s’y trouvaient.
— Miaouss ! s’exclama James.
L’homme à l’uniforme rouge accourut auprès d’une cloche en verre dans lequel était lové un chat évanoui. Dans un écran était affichée la température de son corps qui diminua d’un degré, passant à trente-deux degrés.
— Qu’est-ce qu’ils lui font ?! s’effraya James.
— On dirait qu’ils sont en train de diminuer sa température corporelle, soupçonna Timmy en analysant les écrans. Mais de quels genres d’expérience s’agit-il ?
James porta un coup violent du coude à la cloche en verre qui se brisa en milliers de petits morceaux et arracha son ami hors de l’appareil de torture.
— On a retrouvé votre Miaouss, mais on ne sait toujours pas où sont Sofian et Galifeu, fit remarquer Timmy. Vous aviez dit qu’ils devaient se trouver ici.
Mais James ne répondit pas. Pour une raison inconnue, il se gratta à nouveau l’oreille avec un sourire satisfait.
— James ?
— Malheureusement pour vous, il semblerait qu’il y ait eu un changement de programme !
Avec la rapidité d’un éclair, un Cacnéa se matérialisa et lui asséna un coup de poing qui, ajouté à la douleur de la torture physique dont il avait souffert au préalable, le fit s’écrouler au sol. Lorsque Timmy reprit ses esprits, la porte métallique s’était refermée sur lui.
— C’EST PAS VRAI !! hurla-t-il de rage en essayant d’enfoncer la porte.
Il essaya tout ce qui était dans son pouvoir : tirer, pousser, frapper, cogner, arracher la clinche, marteler de coups de poings la porte, se lancer à mainte reprises contre elle,… Rien n’y fit. Timmy était à nouveau enfermé dans le repère de la Team Magma.
— VOUS N’ÊTES QUE DES POURRITURES !! hurla-t-il dans le vide.
Abandonnant toute chance de s’évader, Timmy vacilla sur place, la respiration saccadée, la douleur lancinante dans ses blessures au visage, l’angoisse montante d’une nouvelle période d’enfermement. Il essaya une trente-et-unième et dernière fois d’ouvrir la porte et…
— Qu’est-ce que… ?!
La porte s’était déverrouillée automatiquement avec un léger cliquetis. Timmy l’ouvrit prudemment, s’attendant à découvrir ses bourreaux venus pour l’exécution finale, mais le couloir était vide. Quelqu’un l’avait aidé !
Ne croyant pas un instant à cette chance immense, à ce coup du destin ou à ce retournement de situation improbable, Timmy se contenta de l’accepter et de jouir de sa liberté au plus vite en s’enfuyant dans le couloir rocheux. Mais au bout de celui-ci, une silhouette terrifiante se dessina : Timmy venait de tomber nez-à-nez avec Max Magma.
Pétrifié de terreur, Timmy recula d’un pas. Mais le Patron de la Team Magma semblait tout aussi abasourdi que lui par cette rencontre. Timmy profita de ce moment d’interrogation pour prendre ses jambes à son cou et disparaître dans le labyrinthe du repère.
— Nom de… !
Sentant la colère monter et lui brûler la gorge, Max Magma se précipita dans la salle d’expérimentation et découvrit un laboratoire complètement vide : tous ses otages avaient été libérés !
Max Magma poussa un hurlement de rage qui retentit contre toutes les parois rocheuses de la grotte, faisant trembler la montagne comme s’il s’agissait d’un volcan qui grondait. Cela faisait un mois qu’il préparait ce moment, trente longs et épuisants jours de complot, de stratégie et de préparation pour en finir à cet instant où tout ce dont il était arrivé à se procurer après tant d’efforts lui avait glissé entre les doigts. Il ne pouvait pas l’accepter, il ne pouvait pas se résoudre à les laisser détruire son merveilleux plan.
Max Magma sortit un talkie-walkie de sa poche et, sans prendre le temps de reprendre son calme, annonça :
— Appel à toutes les unités : abattez-moi le premier gosse que vous croisez et mettez-moi la main sur ce putain de Galifeu !

Pokémon #201p
La tête de son Galifeu bringuebalait d’un côté à l’autre au rythme de ses pas précipités dans les couloirs ténébreux du repère où régnait une chaleur étouffante. Il ne devait pas céder à la fatigue qui lui raidissait les muscles, à cette migraine qui devenait de plus en plus aigüe et qui troublait ses sens, à ces douleurs musculaires qui lui arrachaient des grognements. Mais il devait tenir, il fallait qu’il retrouve ses amis et qu’ils s’enfuient loin de cet endroit, très loin de ces horreurs. Soudain, alors qu’il passait devant une vingt-neuvième porte en bois, celle à côté de laquelle il venait de s’arrêter pour chasser un point de côté handicapant s’ouvrit calmement et un homme en sortit. Tous deux surpris de se retrouver face-à-face, Sofian entama un mouvement de recul en reconnaissant le sbire important qui avait rattrapé le groupe de malfrats qui les avait arrêté dans la forêt, en chemin vers le repère, et qui avait emprisonné Annick en laissant Sofian lui filer entre les doigts.
Incapable de bouger, plus étant donné sa fatigue extrême plutôt que la terreur qui l’envahissait depuis des heures maintenant, Sofian échangea quelques secondes de regards muets avec le sbire. Celui-ci plissa les yeux derrière ses lunettes de soleil, replaça sa capuche sur sa chevelure brune ébouriffée, lui adressa un sourire courtois, et quitta les lieux simplement. Sofian laissa échapper un soupir de soulagement bruyant et préféra ignorer les multiples questions qui envahissaient son esprit exténué, avant de tourner les talons.
— SOFIAN !
L’adolescent s’immobilisa d’horreur. Il avait reconnu la voix qui avait crié son prénom, cette voix féminine qui s’était répercutée le long des parois rocheuses, cette voix qu’il avait appris à détester durant de longues années et dont il avait redouté être confronté à nouveau, la voix de sa sœur Sarah pour laquelle il avait ressenti de la peine quelques heures plus tôt et qui lui avait épargné une mort certaine.
En se retournant, il vit la jeune fille, qui malgré ses longs cheveux roux lui ressemblait en tous points, lui faire face.
— Ton Patron a essayé de me retourner le cerveau, lui indiqua Sofian avec courage, mais tu peux lui dire que je ne suis pas aussi stupide que toi pour tomber dans son panneau !
À ces mots, un voile gris passa devant les yeux de Sarah et Sofian était convaincu que s’il la laissait parler, elle allait elle aussi essayer de le manipuler. Ce fut la raison pour laquelle il ne lui laissa pas l’opportunité de répondre en ajoutant :
— Dis-lui au revoir de ma part, et préviens-le que s’il cherche à faire du mal à mon Galifeu ou à mes amis, il aura personnellement affaire à moi !
Il lui tourna le dos et courut à toute vitesse vers le bout du couloir, une nouvelle fois étonné de ne pas être poursuivi par ces gens qui lui avaient voulu tant de mal. Cependant, quelque chose ne tournait pas rond. Pourquoi l’avait-elle appelé si elle voulait le laisser filer. Arrivé au croisement de couloirs, il tourna sa tête dans un angle à vingt-huit degrés pour chercher des yeux sa sœur qui n’avait pas bougé d’un centimètre de l’endroit où elle s’était trouvée. Elle semblait perdue dans ses pensées, les yeux fixés sur son frère qui s’enfuyait.
Soudain, les choses prirent une tournure dramatique à laquelle Sofian ne s’y était pas attendu. Il eut à peine le temps d’entrapercevoir la grimace horrifiée de Sarah avant de ressentir une vive douleur lancinante lui fouetter le flanc gauche. Sofian s’envola dans les airs, Galifeu glissa hors de ses épaules, et le jeune garçon s’écrasa au sol en terminant dans une longue et douloureuse glissade. Étalé de tout son long sur le sol chaud du repère, l’esprit brouillé par un nuage de douleur, Sofian perçut difficilement le visage d’un homme, vingt-sept ans son ainé, un homme qu’il avait détesté dès leur première rencontre et qui semblait le détester lui et sa sœur tout autant, probablement l’homme le plus dangereux de la Team Magma après leur patron : John.
— Je compte sur toi pour terminer le boulot et l’achever, dit sa voix quelque part très loin dans une réalité que Sofian n’arrivait plus à percevoir, la douleur dans les côtes ayant libéré la fièvre meurtrière dont il souffrait.
Une touffe de plumes oranges s’envola quelque part, des bruits de pas déterminés s’éloignèrent, d’autres plus hésitants s’approchèrent,… Le visage de Sarah mit un certain temps à se matérialiser au-dessus de Sofian qui ne cédait à la douleur que grâce à l’ultime pointe d’adrénaline qui le maintenait conscient. Quelque chose d’humide s’écrasa doucement sur son visage, une odeur salée s’éleva dans ses narines. Le visage de Sarah semblait tordu de douleur et humide lui aussi.
— Je suis…
Mais Sofian ne sut jamais ce qu’était Sarah, car la fièvre l’avait emporté et il sombra dans le coma.

Le hall d’entrée était bondé de sbires de la Team Magma qui couraient dans tous les sens, déambulant d’un couloir à l’autre, d’une salle à l’autre, tous s’afférant vers la même et unique destination : celle de la sortie du repère. Mais ceux qu’elle recherchait n’était pas là, et pourtant ils devaient se dépêcher ! Enfin, quelqu’un l’appela au loin et elle vit son acolyte de toujours la rattraper à toute vitesse, tenant dans ses bras un petit chat pâle et évanoui.
— Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? s’horrifia Jessie en constatant au toucher que son corps était glacial.
— Des expérimentations, révéla James sombrement. Écoute, il faut vraiment qu’on quitte cette grotte. Je ne sais pas ce qu’il passe, mais tout cet affolement ne me dit rien qui vaille.
Comme pour répondre à leurs interrogations, un sbire s’exclama au loin :
— Allez, tout le monde se dépêche ! Il ne reste que quelques minutes avant le décollage vers le Quartier Général !
— Chef ! appela un autre sbire. On vient d’apprendre que la police était en route vers le repère ! D’après ce qu’on a vu dans les caméras de surveillance, au moins vingt-six voitures de police sont en chemin !
— Raison de plus pour se grouiller ! Allez, allez, tout le monde dehors ! Le Patron a décidé de tout faire péter une fois qu’on aura quitté les lieux !
— Pourquoi… ?
— Pour faire disparaître toutes traces de nos projets, imbécile !
Jessie et James échangèrent un regard terrifié.
— Il faut vraiment qu’on se barre avant qu’ils…
Mais un des sbires venait d’entrer en collision avec eux, et un deuxième les poussèrent vers la sortie.
— Qu’est-ce que vous attendez vous deux ? s’énerva un sbire. Allez chercher vos affaires et embarquez dans l’hélicoptère B !
Ils furent poussés vers un vestiaire, où plusieurs armoires avaient été ouvertes dans la précipitation et vidées de leur contenu. Une fois seuls, Jessie détruisit la caméra de surveillance tandis que James poussa un petit cri de surprise en constatant que Miaouss avait ouvert les yeux.
— Je savais qu’il me restait encore quelques vies, marmonna-t-il en esquissant un sourire.
— Miaouss ! Comment tu te sens ?
— Comme un pokémon blessé… On a récupéré Galifeu ?
— Je ne pense pas que ce soit le plus urgent pour l’instant, fit remarquer James.
— Qu’est-ce qui peut être plus urgent que notre mission ? s’étonna Miaouss qui reprenait des couleurs.
— Le fait que la base va s’embraser sous les bombes qu’a placées l’autre Magma et les vingt-cinq et quelques sbires qui nous attendent pour décoller et qui peuvent à tout moment comprendre qu’on les a trahis en libérant les gosses, ce qui est à nouveau une menace sur nos vies, répondit Jessie.
— Je vous rappelle que le Boss s’en fiche de nos vies ! s’emporta Miaouss. Si on échoue la mission, même morts, il nous retrouvera et nous tuera une deuxième fois !
— Parfois Miaouss, j’ai l’impression que tu oublies que nous, contrairement à toi, nous ne sommes pas des chats et que nous n’avons pas de vies supplémentaires ! ironisa James.
— Si on perdait moins de temps à nous lancer des piques et qu’on mettait plus d’énergie dans la mission, on n’en serait pas là ! l’engueula le chat. Il faut retrouver ce Galifeu !
Et Miaouss sortit en toute hâte dans le hall d’entrée désertique. Tous les sbires de la Team Magma avait dû quitter le repère et s’apprêtaient à s’envoler vers une destination inconnue. S’ils avaient remis la main sur le Galifeu, il ne fallait pas qu’ils se séparent du groupe. Mais si le Galifeu avait été récupéré par les enfants, alors ils allaient devoir rester dans le repère et partir à leur recherche en espérant qu’il leur restait du temps avant que les bombes n’explosent. Dans les deux cas, leurs vies étaient mises en péril.
Mais à cet instant, alors qu’ils hésitaient sur la décision à prendre, deux jeunes filles déboulèrent dans le hall d’entrée et leur firent face.
— Team Rocket !
— Les pestes ! reconnut Jessie.
Jessie amorça un pas vers la sortie mais Flora et Annick lui bloquèrent le chemin.
— Il est temps de régler nos comptes après toutes ces alliances et ces trahisons ! lança Flora.
— Écoute, petite idiote, je vais être franche avec vous, indiqua Jessie. Les choses ont changées. Nous ne sommes plus en danger, nous faisons partie de la Team Magma, nous avons un nouveau patron ainsi qu’une vieille mission à accomplir pour le compte de la Team Rocket. Nous n’avons que faire des dégâts collatéraux que nous allons engendrer. Nous n’avons pas le temps de retrouver ton petit copain et son Galifeu, et dans le cas où c’est la Team Magma qui l’a, alors ça nous facilite la tâche. Mais j’imagine qu’il est assez casse-cou que pour l’avoir récupéré tant bien que mal. Donc, voilà ce qu’on va faire : on va évoluer au sein de la Team Magma et obéir au doigt et à l’œil à Magma aussi longtemps qu’il le faudra pour qu’il nous fasse entièrement confiance. Ensuite, nous remettrons la main sur Galifeu, nous le volerons et nous quitterons Hoenn ! Et rien ne nous en empêchera !
À ces mots, son acolyte de vingt-quatre ans sortit une pokéball de sa poche et les deux jeunes filles d’apprêtèrent à dégainer les leurs.
— Je vois, rétorqua Flora avec détermination. Puisque les choses sont enfin claires entre nous et que vous êtes définitivement et invariablement nos ennemis numéro un, je ne vois aucune excuse pour vous empêcher de mener à bien vos projets !
Gobou et Rosélia apparurent alors devant elle tandis que James fit sortir son Cacnéa hors de sa pokéball.
— Un combat ? s’étonna Jessie. Alors que le repère va exploser dans une poignée de minutes ? N’essayez pas de bluffer avec nous, nous sommes les maîtres de cet art !
— Nous ne bluffons pas ! affirma Annick. Quitte à mourir, autant vous entraîner avec nous, et tant pis pour les « dégâts collatéraux », comme vous le dites si bien !
Les quatre voix explosèrent simultanément dans le hall d’entrée du repère, faisant se réverbérer les ordres envoyés à leurs pokémons contre les parois rocheuses. Gobou envoya un puissant « pistolet à eau » en direction de Cacnéa. Mais le Papinox de Jessie se matérialisa devant son acolyte et renvoya l’attaque à sa source grâce à une sa force psychique, ce qui permit à Cacnéa de lancer ses épines vers Rosélia. Le pokémon en forme de fleurs contrattaqua à l’aide de ses « dards venin ». Gobou évita sa propre attaque en roulant sur le côté, mais Papinox l’y attendait et battit de ses ailes immondes afin de former une violente « tornade ». La tornade s’approcha de Gobou, emportant au passage les dards des deux autres pokémons qui s’affrontaient.
— Parfait ! Gobou, charge Cacnéa ! ordonna Flora.
— Je vois ce que tu comptes faire ! comprit Annick. Rosélia, « feuillemagik » sur Papinox !
D’étranges feuilles de toutes les couleurs fusèrent hors des pétales de Rosélia et poursuivirent Papinox qui n’arriva pas à s’en débarrasser et fut fouetté sans ménagement. Au même instant, Gobou poussa violemment Cacnéa dans le dos. Les deux pokémons ennemis s’entrechoquèrent à l’endroit précis où la tornade de Papinox était arrivée et furent assaillis de dards venimeux. Après vingt-trois secondes de combat, les pokémons de la Team Rocket s’effondraient déjà au sol, vaincus.
— Voilà qui est réglé ! lança Flora. Et maintenant, rendez-nous nos affaires personnelles et nos pokémons !
Pour une raison mystérieuse, Jessie ne semblait pas aussi effrayée que James et Miaouss. Au contraire, elle affichait un sourire narquois que les deux jeunes filles ne connaissaient que trop bien. Flora comprit qu’elles étaient tombées dans un nouveau piège de la Team Rocket. À peine eut-elle le temps de comprendre ce qui lui arrivait qu’une ombre gigantesque se dressa derrière elle. Annick poussa un cri de terreur alors que Flora se retournait pour faire face aux vingt-deux crochets empoisonnés d’un immense Seviper sorti des ténèbres. À la surprise générale, le Seviper de Jessie entra en jeu et balaya d’un puissant coup de queue la scène de combat. Gobou, Rosélia, Flora et Annick furent propulsées avec fracas contre un des murs du hall d’entrée. La tête de Flora entrechoqua la paroi rocheuse et la jeune fille perdit connaissance.

Timmy referma la porte derrière lui avec précipitation et retint son souffle saccadé. Dans le couloir derrière lui, des bruits de pas retentirent au loin avant de laisser le silence reprendre son droit. Le jeune garçon soupira difficilement et attendit quelques instants le temps que son souffle revienne. À présent caché dans une des pièces du repère de la Team Magma, il se sentait pour la première fois hors de danger. Mais il fallait tout de même qu’il ressorte rapidement afin de repartir à la recherche de ses amis. Mais sans pokémon pour l’aider, il n’allait pas pouvoir jouer de la chance plus longtemps. Peut-être y avait-il une pokéball entreposée dans cette pièce ? Timmy chercha l’interrupteur de ses doigts et l’actionna.
C’est alors qu’il poussa un cri de stupéfaction. De nombreux écrans plats étaient accrochés au mur qui lui faisait face, derrière un bureau taillé dans la pierre. Il se trouvait dans le bureau du Patron de la Team Magma ! Sur le bureau avait été déposé une petite boîte dont il comprit le sens qu’en faisant le tour du bureau : à présent à la place de Monsieur Magma, il comprit que la petite boite était en réalité un compte à rebours qui affichait le nombre vingt-et-un. Intrigué, Timmy attendit jusqu’à ce que le nombre descende à vingt. Il s’agissait donc de minutes. Mais le compte à rebours n’était relié à aucun engin numérique, pas même les écrans. Quel était donc le but de ce compte à rebours. Et pourquoi se trouvait-il dans ce bureau vide ? À moins qu’il pouvait être manipulé à distance, et ainsi contrôler quelque chose qui se trouvait dans cette pièce ?
Hormis les écrans de télévision éteints, le bureau était vide. Timmy leva les yeux au plafond et distingua dans l’obscurité de petites boites rouges fixées aux quatre coins du plafond, reliées les unes aux autres par de petits fils gris qui repartaient vers l’extérieur de la pièce. Discrètement, Timmy entrouvrit la porte du bureau et jeta un coup d’œil au plafond du couloir. Là aussi, de nombreuses petites boites rouges sillonnaient le plafond. Le repère devait en être truffé. Soudain, Timmy comprit l’utilité d’un tel système.
— Ils vont tout faire péter… marmonna-t-il dans sa barbe, avant de comprendre le drame d’une telle information.
Timmy se précipita devant le compte à rebours : dix-neuf minutes. Il devait retrouver ses amis et ses pokémons avant la fin du décompte, il en valait de leur survie ! D’autant plus qu’il était le seul à être au courant de ce plan désastreux ! Mais comment les retrouver sans errer inlassablement dans le repère ?
— Les écrans de sécurité !
Timmy se jeta sur les tiroirs du bureau qu’il fouilla avec précipitation à la recherche de la télécommande qui les allumeraient. Il extirpa des tiroirs de nombreux documents et les jeta au sol sans ménagement, ses yeux scannant de nombreux plans de Hoenn, des schémas météorologiques, des rapports dont quelques mots, tels que « Site Météore » ou « infiltration », et quelques dates, « 30 octobre 2011 » ou « 8 novembre 2011 », lui sautaient aux yeux. Dans le tiroir du milieu, une douleur vive transperça son doigt et Timmy le retira rapidement. Il venait de se couper avec un bout de verre appartenant à un cadre. C’est alors qu’il fut plus intéressé par le contenu de ce tiroir.
Sous une pile de lettres jaunies par le temps et jamais ouvertes, Timmy extirpa un petit cadre brisé dans lequel une vielle photo de famille en noir et blanc avait été déchirée en deux sur le sens de la longueur de sorte que Timmy tenait entre ses doigts tachetés de sang le côté gauche de la photo. Un petit garçon à la chevelure claire touffue s’esclaffait de rire, les jambes à moitié ensevelies sous le sable. Derrière lui, un homme mure à la chevelure noire ébouriffée illuminait de son sourire heureux la plage paradisiaque sur laquelle ils se trouvaient, avec en fond un tout petit bout du Mont Chimnée éteint. Le père et son fils semblaient être pris d’un fou rire. Était-ce Max en compagnie de son papa ? Timmy remarqua qu’à droite de la photo, le bras du petit garçon disparaissait dans l’inconnu, comme retiré à son propriétaire lors de la déchirure du bout de papier. Mais le reste de la photo semblait avoir disparu, et malgré ses trouvailles toutes les plus incongrues les unes des autres — tel qu’un petit Limagma en peluche —, Timmy ne trouva pas la seconde moitié manquante. Quelque chose avait dû se produire dans la vie de Max pour qu’il décide de se débarrasser de l’autre moitié de la photo : était-ce une rupture dans le couple de ses parents ? Et pourquoi diable avait-il abandonné cette photo dans son bureau alors qu’il lui réservait une désintégration complète ? Décidément, plus il passait du temps dans ce repère, plus l’univers de la Team Magma lui semblait sombre et peu enviable.
Mais le passage au nombre dix-huit sur le compte à rebours fit reprendre ses esprits à Timmy. Il fourra la photo déchirée dans sa poche avant d’ouvrir le dernier tiroir où il y trouva directement la télécommande qui allumait les écrans derrière lui. Les écrans de sécurité lui révélèrent alors chacun des couloirs du repère et Timmy chercha de ses yeux l’endroit où se trouvaient ses amis. Mais plus le temps passait, plus ses amis étaient introuvables.
— Ils doivent bien être quelque part !
Timmy zappa chacune des télévisions d’après les différentes caméras du repère qui révélaient un labyrinthe encore plus conséquent que ce dont il avait pu être témoin. Après avoir activé une dix-septième caméra, Timmy perdit patience et poussa un cri de désespoir.
— Putain, mais vous êtes où ?! hurla-t-il, avant de jeter la télécommande contre l’un des écrans qui se brisa et s’éteignit.
Soudain, Timmy fut face à un être effrayant, le visage lacéré, rougi, ensanglanté, un être zombifié. Timmy s’approcha de l’écran brisé et toucha son propre reflet, méconnaissable. Qui était ce jeune homme aux traits fatigués, pâles, sans vie ? Était-ce lui ? Depuis quand n’avait-il plus regardé son propre reflet ? Depuis quand ressemblait-il autant à un fantôme sans énergie vitale ? Était-ce vraiment ce qu’il était devenu ? Rongé par la maladie et la fatigue, était-ce vraiment lui, Timmy, qui découvrait son nouveau visage terrifié et sans vie ?
Timmy fondit en larme face aux seize écrans qui reflétaient à présent son physique détruit. Qu’était-il devenu ? Depuis quand son corps s’était-il autant dégradé ? La lettre qu’il avait reçue à l’heure de son départ de Clémenti-ville vers Vergazon, celle qu’il avait refusé de croire, disait-elle finalement vrai ? Était-il condamné, lui, si jeune, à quinze ans à peine, à voir son corps se détériorer de la sorte à cause de sa maladie ?
La porte du bureau s’ouvrit à la volée et extirpa Timmy de ses noires pensées. Klein venait de le retrouver.
— Tu es pris comme un rat ! annonça-t-il en affichant un sourire qui ne rassura pas Timmy.
Timmy recula d’un pas, incapable de prononcer un seul mot tant la terreur l’envahissait. La soif de revanche se lisait dans les yeux brillant de son ennemi, et Timmy était sûr qu’il allait lui faire payer son infiltration dans le repère.
— Petit, tout petit Timmy, marmonna Klein délicatement en fermant calmement la porte derrière lui.
Il la verrouilla soigneusement et avança lentement vers Timmy, séparé de lui par le bureau en pierre sur lequel le compte à rebours affichait quatorze minutes.
— Petit Timmy assomme un petit sbire.
Klein poursuivit sa lente avancée vers Timmy qui recula jusqu’à avoir le dos collé contre les écrans de sécurité.
— Petit Timmy déshabille un petit sbire.
Klein sauta par-dessus le bureau tel un athlète prenant appui sur un obstacle, et se retrouva face au jeune adolescent terrorisé.
— Petit Timmy usurpe l’identité d’un petit sbire.
Le visage de Klein n’était plus qu’à quelques centimètres de celui de Timmy.
— Petit sbire humilié par petit Timmy.
— Pitié… supplia Timmy en se recroquevillant sur lui-même.
— Petit Timmy impuni.
Tout à coup, Klein empoigna la gorge de Timmy dans sa main droite, le plaqua contre les écrans qui se brisèrent sous le choc, et le souleva du sol. La tête de Timmy arriva à la hauteur d’un écran qui affichait le hall d’entrée du repère, alors que le jeune adolescent manquait d’oxygène. Tout ce qu’il voyait à présent était les treize minutes qui passaient à douze derrière le dos de Klein.
— Et si je t’assommais, que je te déshabillais et que je me faisais passer pour toi, pendant que toi, tu étais laissé pour mort, nu, dans ce bureau abandonné ? chuchota Klein dans l’oreille gauche de Timmy. Et si je t’humiliais à mon tour ?
Plaqué sur la gauche, Timmy vit du coin de l’œil les corps inertes de Flora et Annick étalés au sol du hall d’entrée. Dans un dernier souffle, sans percevoir les mots de son agresseur à son oreille, Timmy concentra ses dernières énergies sur le visage d’Annick, tel qu’il s’en souvenait, tel qu’il l’aimait, et ferma les yeux dans des ténèbres profondes.

Il faisait calme. Hormis un petit oisillon joyeux qui chantonnait dans un arbre, derrière lui, le cimetière était silencieux. À droite et à gauche, de nombreuses rangées à perte de vue de pierres tombales étaient à moitié ensevelies dans le sol. Très loin devant, comme inatteignable, une petite famille était regroupée, en pleurs, comme cherchant dans leur resserrement un espoir à jamais évanoui. Tous étaient réunis autour d’une seule et même tombe, celle d’un très jeune bambin qui avait dû répondre à une autre époque, une où il était encore en vie, au doux nom de Timmy. Le petit Timmy avait l’air heureux sur cette photo, plein de joie de vivre, comme s’il incarnait à lui tout seul le souffle du bonheur qui ne traverserait plus les branches de l’arbre familial. Il n’avait que six ans, et le petit Timmy était déjà parti. Une des personnes s’effondra dans une crise de larmes incontrôlables, et hurla son nom.
Le choc fut douloureux. Le cimetière disparut. Il était dans son jardin et déballait un nouveau vélo, il était un cinéma et éclatait d’un rire tonitruant, il était dans un parc et pleurait devant une lettre déprimante. Une colonne de lumière aveuglante se dressait vers le ciel. Une petite ombre sphérique tournait autour de lui.


Un nouveau hurlement de douleur explosa dans les ténèbres et il se sentit chuter au sol. En rouvrant les yeux, Timmy comprit qu’il avait terminé sa course sur le bureau car le compte à rebours ne se trouvait qu’à quelques centimètres de son nez. À bout de force, il vit à peine la silhouette de Klein se tenir la main qui l’avait empoignée, comme si elle avait été brûlée au troisième degré. Des bouts de peau rouges, comme brûlées au fer rouge, se détachaient des os de ses phalanges qui étaient visibles. Plus terrorisé que Timmy, Klein s’enfuit hors de la pièce en courant. Mais Timmy n’avait plus la force de se relever, ni la force de se battre pour sa survie. Et si finalement, son rêve prémonitoire n’avait été repoussé que de quelques années ? Et si, onze ans plus tard, il était temps que sa mort le rattrape ?
Timmy ferma les yeux alors que le compte à rebours entrait dans ses dix dernières minutes.

Pokémon #201p
Plusieurs hélicoptères s’envolèrent derrière lui tandis que neuf sbires, dont Gérald, prenaient place dans un autre engin qui s’envola à son tour. Il ne restait plus qu’une paire d’hélicoptères. Comme prévu, le repère avait été déserté dans le temps imparti. Il ne lui restait plus que quelques objectifs à réaliser avant de fuir les lieux. Max Magma attendait, froid, impassible devant l’entrée de son repère. Mais son cœur battait un rythme qu’il n’avait encore jamais entendu. Où étaient donc ses plus fidèles lieutenants ?
Soudain, plusieurs ombres se dessinèrent à l’entrée du repère : Jessie, James et Miaouss apparurent dans la vallée nocturne.
— Qu’est-ce que… ? balbutia Max en découvrant que la Team Rocket avait fini par se réunir malgré ses manipulations. ABATTEZ-LES !
Les huit sbires qui se trouvaient derrière lui braquèrent leurs pokéballs vers la Team Rocket qui arrêta sa course folle.
— Attendez !! s’écria Jessie en levant les mains en l’air.
Holmes, à la droite de son Patron, s’apprêta à dégainer un pokémon mais préféra attendre des ordres prudemment.
— Nous avons le sac à dos de la peste ! annonça rapidement Jessie en le jetant aux pieds de Max Magma dans la précipitation.
Max Magma leva une main vers ses sbires pour les empêcher d’attaquer. Il ramassa le sac à dos qu’il reconnut immédiatement, l’ayant convoité depuis si longtemps.
— Vous avez intérêt à faire profil bas dans les mois à venir, Team Rocket, dit-il simplement en leur montrant un hélicoptère derrière lui.
Jessie, James et Miaouss soupirèrent de soulagement et furent poussés dans l’engin à hélices par un de leur collègue.
— Holmes, prévenez mon pilote qu’il s’apprête à décoller, ordonna Max Magma.
Derrière lui, l’ordre fut passé et les hélices de son hélicoptère attitré se mirent à battre le vent. Max jeta un coup d’œil à sa montre : cela faisait sept minutes qu’il les attendait. C’était déjà trop ! Autant l’absence de John ne lui faisait ni chaud ni froid, mais il ne pouvait pas se résigner à l’abandonner elle aussi. Si seulement elle pouvait se dépêcher car déjà, on entendait au loin les sirènes des véhicules de police retentir dans la vallée.
— Patron, nous n’avons plus le temps d’attendre, indiqua Holmes, soucieux.
— Je sais. Juste une petite sec…
C’est alors que de nouvelles silhouettes s’extirpèrent hors de la grotte. Sarah et John, tous deux portant à bout de bras un Galifeu évanoui, accouraient à toute vitesse. Max Magma fut soulagé. Tout avait fonctionné.
— Et le maître du Galifeu, qu’en est-il advenu ? demanda Max Magma.
— Sarah s’en est occupé ! révéla John.
Max Magma se tourna vers la jeune femme rousse qui se frotta l’avant-bras.
— Mon frère est hors d’état de nuire, avoua-t-elle simplement.
— Parfait ! Il est temps de faire disparaître ce repère et ces enfants avec ! ordonna Max Magma à l’adresse de John en lui tendant un détonateur. Quand le compte à rebours sera terminé, il enverra un signal à ce détonateur qui pourra être activé. Et nous serons enfin débarrassés de ces problèmes. Sarah, je compte sur toi pour prendre les devants avec l’hélicoptère B et d’organiser notre repliement au Quartier Général !
Holmes se chargea d’amener Galifeu dans l’hélicoptère de son Patron tandis que Sarah monta dans l’hélicoptère où se trouvait la Team Rocket et jeta un dernier regard vers le repère où son frère et ses amis se trouvaient prisonniers d’un destin destructeur. John se posta devant l’entrée du repère et ne quitta plus des yeux le détonateur. Enfin, les six derniers sbires présents dans la vallée prirent place dans leurs hélicoptères respectifs. Max Magma avança vers son hélicoptère, prêt à démarrer, le sac à dos de Flora sur une épaule, le regard fixé sur sa montre. Chacun de ses pas annonçaient la destruction imminente du repère. Il ne restait qu’une poignée de secondes. Cinq secondes… Max Magma monta dans l’appareil. Quatre secondes… Il prit place à côté de Holmes. Trois secondes… Le pilote referma la porte de l’hélicoptère. Deux… Le pilote prit place au commandement de l’appareil. Un… Max Magma s’apprêta à écouter la douce mélodie enflammée d’une grotte en éruption.
Mais tout ce qu’il entendit fut des cris menaçants, des aboiements dangereux et des détonations sourdes qui indiquaient l’arrivée de la police et de leurs Caninos. De nombreuses voitures blindées entouraient leurs hélicoptères et les Caninos lançaient leurs « lance-flamme » sur le métal des engins volant.
— Démarre, par Groudon ! ordonna Max Magma à son pilote.
L’hélicoptère s’envola alors en toute hâte. Pris par surprise, John lâcha le détonateur et traversa la vallée à toute vitesse, évitant avec souplesse les agents de la police et les pokémons qui se jetaient sur lui, et plongea dans l’hélicoptère de Sarah qui décolla à son tour.
— Arrêtez-les tous !! ordonna l’agent Jenny, dépassée par le tumulte des combats.
Un sbire de la Team Magma sortit à toute vitesse du repère, se tenant au-dessus de sa tête sa main droite grièvement brûlée.
— Attendez-moi ! hurla-t-il aux hélicoptères qui l’abandonnèrent à son triste sort.
— Arrêtez-le !
Un Caninos lui sauta dessus et Klein tomba à la renverse à l’entrée du repère alors que de nombreux policiers y pénétraient à la recherche d’ennemis à arrêter.

Max Magma se laissa tomber contre le dossier de son siège, soulagé d’avoir échappé aux forces de l’ordre qui se faisaient tout petits dans la vallée qu’ils quittaient.
— Espérons que John pense à détruire le repère une fois qu’ils seront sains et saufs, lança le pilote.
— Rien de ce que la police trouvera dans le repère ne pourra nous porter préjudice.
— Vous n’avez pas peur que Klein leur révèle nos projets ? s’inquiéta Holmes.
— Klein est loin de tout savoir quant aux projets pour lesquels nous œuvrons, annonça Max Magma en s’autorisant un sourire satisfait. D’autant plus que les enfants ont tous été abattus, personne ne pourra donc nous dénoncer.
Il avait le sac à dos de Flora, et avec le contenu qu’il désirait tant ; il possédait enfin ce Galifeu surpuissant. Tout allait bien. Max Magma ferma les yeux, tranquille.
Tout à coup, quelque chose le tira par derrière et l’étrangla violemment. Holmes poussa un cri de surprise et détacha sa ceinture de sécurité tandis que Max Magma suffoquait dans ses efforts pour se débarrasser de la force qui l’étouffait à petit feu. Avec souplesse, il asséna un coup de coude à la personne qui l’étranglait et, dans un mouvement de cape, s’extirpa hors de son siège pour faire face à…
— SOFIAN MATCH ?!
— RENDEZ-MOI-MON-GALIFEU ! hurla l’adolescent dont les yeux fatigués étaient aussi rouges que ceux de son ennemi juré.
Sofian se chargea du peu d’énergie qu’il lui restait pour flanquer un coup de poing au visage de Max Magma qui s’effondra contre une des parois métalliques de l’hélicoptère. L’enfin volant vacilla et le pilote cria des ordres inaudibles. Max Magma chargea l’adolescent qui fut plaqué au sol, mais l’hélicoptère tanga de plus belle et une des portes latérales s’ouvrit à la volée, faisant s’infiltrer un vent glacial qui menaça l’équilibre de l’appareil. Du coin de l’œil, Sofian remarqua qu’ils perdaient de l’altitude.
— Qu’est-ce que tu fous ?! s’exclama Holmes.
— On risque de se crasher s’ils continuent à se battre ! annonça-t-il. Toi, tu les arrêtes, et moi, je fais en sorte qu’on ne s’écrase pas !
Holmes s’engouffra entre les sièges afin d’empêcher Sofian de se relever, mais l’adolescent lui lança le sac à dos de Flora au visage et frappa de son pied l’entrejambe de Max Magma qui poussa un cri aigu de douleur. Ses cheveux roux et terreux dressés sur son crâne, ses yeux rouges de rage, Max Magma hurla de démence et agrippa Sofian pour le faire basculer par-dessus bord. Sofian déploya ses membres en étoile afin d’éviter de chuter dans le vide tandis que l’hélicoptère tourna sur lui-même, incapable de se reprendre suite aux coups violents des deux adversaires contre les parois de l’appareil. Tournoyant sur eux-mêmes, Holmes chuta au sol tandis que Sofian arriva à s’extirper de l’emprise de Max Magma qui retint sa nausée. Quelque chose toucha la jambe de Sofian qui reconnut son pokémon. Il n’était qu’à quelques centimètres de récupérer Galifeu !
Sofian attrapa la main de Galifeu mais Max Magma attira son attention. Le Patron de la Team Magma, dans un dernier espoir de ne pas voir tous ses plans échouer, sortit un canif de sa poche et menaça l’adolescent avec.
— CRÈVE, SALE GOSSE ! hurla-t-il en plantant le canif dans la poitrine de Sofian.
Mais à cet instant précis, l’hélicoptère percuta une branche d’arbre et tournoya de plus belle. Le canif se planta dans un des siège de l’appareil, Holmes chuta sur Max Magma tandis que Sofian fut propulsé hors de l’hélicoptère en tenant fermement Galifeu.
— NOOOOOOOOOOOOON !
Le hurlement de rage de Max Magma retentit dans la vallée, tel un tonnerre menaçant d’abattre la foudre.

Pokémon #201e
Les ambulances arrivèrent très vite dans la vallée baignée de la douce lueur rosée de la matinée. Les médecins se précipitèrent sur les trois victimes inconscientes. Le plus jeune des trois était dans un piètre état et fut pris en charge par une demi-douzaine de médecins. Une des deux jeunes filles semblait profondément endormie tandis que l’autre avait le crâne ensanglanté.
— Mais qu’est-ce qu’il s’est passé dans cette grotte ? s’horrifia l’agent Jenny. Qu’est-ce qu’il leur a pris de s’affronter à des terroristes ? Réveillez-les ! Faites en sorte qu’ils m’apportent des réponses !
— Agent Jenny, malgré tout le respect que je vous dois, je vais devoir vous ordonner de rester loin de nos patients pour le moment, indiqua un médecin. Ils ont subi de lourds traumatismes physiques et psychologiques, ils ne seront pas prêts à répondre à vos questions avant un bon bout de temps.
— Eh bien je veux qu’on m’appelle à l’instant exact auquel ils seront prêts à me répondre ! ordonna l’agent Jenny, passablement contrariée.
— Agent Jenny ! appela un officier. Le repère était complètement vide, il est le seul à ne pas avoir pu prendre la fuite.
Le policier indiqua du doigt le sbire de la Team Magma qu’on avait installé dans une des voitures blindées.
— J’imagine qu’il ne veut rien avouer ? supposa l’agent Jenny.
— Comment avez-vous deviné ? s’amusa le policier.
— L’expérience, malheureusement. Bien, on va s’organiser pour la fouille de leur repère. Qu’on réunisse tout le monde. Qu’on ramène le criminel au commissariat. Et qu’on m’appelle une nouvelle fois ce détective à la noix qui se fait porter pâle le seul jour où il peut être utile à l’enquête !
Les policiers se regroupèrent lentement à l’écart des ambulances dans lesquelles Flora, Annick, et Timmy furent placés.

Un des policiers entra dans la voiture blindée où Klein avait été enfermé et démarra le moteur.
— Un petit conseil, dit-il poliment, il s’agit des crimes les plus graves, ceux qui sont liés au terrorisme. Il vaudrait mieux que tu coopères dans les jours qui viennent si tu veux que ta peine ne soit pas trop lourde.
— Un petit pour vous, répondit Klein aussi poliment. Ne vous mettez pas en travers de la route de la Team Magma si vous ne voulez pas subir des dommages irréversibles.
Le policier démarra la voiture en direction d’Autéquia.
— C’est une menace ? Vous menacez un officier de police ?
— Non, c’est bien pire que ça.
Avec rapidité et souplesse, Klein passa ses mains menottées autour du cou du policier, l’une d’entre elle dépecée et brûlée à vif. D’un coup sec, il étrangla le policier sans ménagement.

Le médecin qui s’occupait de Timmy sursauta en sentant la main du jeune garçon lui serrer la sienne.
— J’ai un patient qui reprend conscience ! s’exclama le médecin.
— Faire… péter… marmonna difficilement Timmy.
— Reste tranquille, ça va bien se passer.
— Qu’est-ce qu’il dit ?
— Il peut répondre à nos questions ?! s’exclama l’agent Jenny.
— Tout… faire… péter…
— Laissez-le tranquille !
— Il a besoin de repos !
— Vous l’étouffez !
— Il essaie de nous dire quelque chose !
L’agent Jenny joua de son autorité pour faire régner le calme, et Timmy répéta :
— Ils… vont… tout… faire… péter…
L’agent Jenny croisa les yeux de ses officiers, inquiète. À cet instant, un bruit de dérapage retentit dans la vallée. Les policiers eurent à peine le temps de sortir de l’ambulance pour voir la voiture de police dans laquelle le sbire de la Team Magma avait été enfermé foncer vers l’entrée du repère et disparaître à l’intérieur.
— A TERRE !! ordonna l’agent Jenny.
Une explosion retentissante fit trembler la vallée tandis qu’un souffle ardent s’échappa de l’entrée du repère. La montagne qui leur faisait face trembla aux rythmes des centaines de bombes qui tonnaient en son sein et la chaleur monta en flèche dans la vallée ravagée par les flammes.

Dans son hélicoptère qui avait repris sa stabilité, Max Magma se dépêtra de sa cape de voyage en se jetant sur son siège. Ni le pilote, ni Holmes n’osèrent lui adresser la parole. Max Magma brandit un talkie-walkie hors de sa poche et s’y adressa :
— À toutes les unités, je veux qu’on ratisse la vallée, les montagnes, le Mont Chimnée et la forêt autour d’Autéquia à la recherche de ce Galifeu ! ordonna-t-il. Je veux qu’on abatte le garçon s’il est toujours en vie ! Qu’on l’abatte comme je compte abattre tous les incapables qui m’ont mené à cette cuisante défaite ! Je veux qu’on m’apporte ce Galifeu TOUT DE SUITE !!
Max Magma jeta son talkie-walkie qui se brisa au sol. Toutes ces semaines de préparations pour n’arriver à rien. Toute cette énergie déployée pour rien. Non, pas pour rien. Dans ces échecs, il avait tout de même réussi à se procurer le sac à dos de la jeune fille dont le contenu l’intéressait tant. Mais s’il n’avait pas réussi à se procurer Galifeu, il pourrait faire de son propre pokémon un monstre surpuissant. Grâce à ce qui se trouvait dans ce sac à dos.
Reprenant son calme, Max Magma ouvrit délicatement le sac à dos de la jeune fille répondant au nom de Flora. Après quelques secondes de fouille, il ne sembla pas trouver ce qu’il convoitait. Max Magma prit une grande inspiration et renouvela ses recherches en marmonnant inlassablement les mêmes mots :
— Où est-ce qu’il est ? Où est-ce qu’il est ?
— On peut peut-être vous aider, Patron ? demanda délicatement Holmes.
— OÙ EST CE PUTAIN DE SUPER BONBON ?! OU EST-IL ?!
Irrité et à deux doigts de perdre toute conscience de l’instant présent, Max Magma déchira le sac en deux et fit tomber tout son contenu sur ses genoux. Entre les sous-vêtements féminins, les lotions, les potions, les sandwiches et les babioles en tout genre, il trouva une carte de dresseur qui lui glaça le sang. Ce sac à dos appartenait à Annick Furler, et non pas à Flora Seko. Il aurait pu encore chercher pendant des heures qu’il n’aurait jamais trouvé son Super Bonbon, simplement parce que la Team Rocket avait confondu les deux sacs à dos.
Max Magma éclata d’un rire franc, un rire glacial, celui qu’on aurait aimé ne jamais entendre, celui qui ne s’arrêtait jamais et qui ne témoignait pas du bonheur mais de tout son opposé. L’hélicoptère survola à cet instant précis Autéquia, cette petite bourgade nichée au creux des montagnes qui se réveillait d’une longue et paisible nuit.

Pokémon #201r
À suivre dans : « Du pouvoir solaire, lunaire et de la force du cosmos »