Team Rocket X-Squad de Malak

Galatea et les autres membres de la X-Squad étaient attendus dans le hangar B-6 du quartier général de la Confédération à Algatia, pour y rencontrer leur tout nouveau chef. Mais il manquait deux membres à la X-Squad : Mercutio et Djosan. Le premier avait quitté l’île très tôt ce matin, poursuivant son plan de chercher les Shadow Hunters pour espérer acquérir leur force physique de malade. Djosan, quant à lui, n’avait pas accepté que Mercutio parte seul, et avait vivement insisté pour l’accompagner.

Il devait secrètement espérer lui aussi pouvoir mettre la main sur les capacités des Shadow Hunters. Djosan était, pour ainsi dire, le seul dans la X-Squad qui ne possédait pas de capacités surnaturelles. Cette absence de pouvoir était bien sûr compensée par son Pokemon Titank, qui avait toujours de très grands rôles à jouer lors des batailles. Mais le noble chevalier devait vouloir se mettre au niveau de ses compagnons. La récente chute de l’Empire Lunaris et la mort de l’Empereur Octave l’avaient marqué, et plus que jamais, il désirait devenir plus fort pour combattre Venamia. Mercutio n’avait donc pas eu le cœur à refuser, et les deux étaient partis ensemble.

Mercutio n’avait bien sûr rien dit à personne, à part à sa sœur et ses amis. Que ce soit Erend, Estelle ou Tender, ils devaient encore l’ignorer. Il ne leur avait rien dit car il ne voulait pas qu’ils eussent tenté de l’en empêcher. Ils n’auraient de toute façon pas réussi, car même Galatea n’avait pas pu raisonner son jumeau. Déjà, tenter d’acquérir la génothérapie qui donnait aux Shadow Hunters leur force était très risqué, et se soldait souvent par la mort du sujet, selon Ithil. Et surtout, Galatea ne donnait pas très cher de la vie de son frère si jamais il faisait face à Trefens.

Le plus puissant des Shadow Hunters était un Mélénis particulier, très rare et très dangereux, qu’on nommait Découpeur. Pour simplifier, c’étaient des Mélénis anti-Mélénis, capables de détruire les liens de Flux partout autour d’eux. Mercutio avait failli y passer en l’affrontant lors de la bataille de Safrania, et s’en était tiré avec seulement un bras en moins, qu’il avait remplacé par un cybernétique. Le souci, c’était que Trefens était aussi le père adoptif de Kyria, une fille de l’ancien Boss Giovanni, qui avait perdu la vie lors de la conférence du Plateau Indigo, sabotée par Venamia. Il devait donc être assez furax contre la Team Rocket, et plus encore contre Mercutio qui lui avait fait un jour la promesse de la protéger quand elle avait rejoint l’organisation.

- Il va te buter sur place, l’avait prévenu Galatea. Et même si d’aventure il n’en a pas n’en l’intention, il le fera quand même ! Un Découpeur ne contrôle pas ses pouvoirs, et il lui suffira d’une milliseconde de haine envers toi pour que tu sois en deux morceaux sans t’en rendre compte !

- Peut-être, avait répondu Mercutio. Mais je compte sur le fait que la haine qu’il aura envers Venamia sera plus grosse que celle envers moi. Je compte lui proposer un marché, en échange de son entraînement pour devenir comme lui. Et puis… il faut que je lui parle. Que je m’excuse. J’ai fait une promesse, et je ne l’ai pas respectée.

Galatea n’avait pas eu le cœur à le convaincre davantage, surtout après que Djosan, avec sa sensibilité habituelle, avait éclaté en sanglots en louant l’extrême honneur de Mercutio. Galatea savait que Mercutio avait été très proche de Kyria, tout comme elle savait qu’il s’en voulait de ne pas avoir su achever Venamia quand il l’avait pu sur le Mégador, il y a un an. Elle ne pouvait pas l’aider à trouver les remèdes pour tout cela. S’il pensait pouvoir en trouver une partie avec les Shadow Hunters, et bien ainsi soit-il.

Si Djosan avait au moins prêté la Pokeball de son Titank à Solaris pour que la Confédération puisse continuer à l’utiliser pour la guerre, le Flux lui, on ne pouvait pas se l’enlever pour le passer à quelqu’un. Mercutio absent, Galatea aurait donc deux fois plus de boulot au front. Igeus allait devoir prévoir ses plans de batailles pour un petit moment, d’autant que visiblement, leur nouveau chef d’équipe avait des buts bien précis pour la X-Squad. Quand ces derniers arrivèrent dans le hangar en question, qui était vide à l’exception d’un seul avion, aucune trace de Bertsbrand.

- Première impression déjà foutue, renchérit Zeff. Quand le chef lui-même arrive en retard, c’est mal partie pour la suite…

- Ça ne devrait pas trop nous changer. Combien de fois le colonel Tuno est…

Mais Galatea s’arrêta. Parler du colonel était toujours aussi difficile. Infecté par une formule génétique qui le transformait lentement en une espèce de mutant Darkrai, il ne lui restait que quelque mois à vivre quand il a décidé de prendre la fuite. Vu que c’était il y a un an, il était certainement mort maintenant, n’ayant jamais récupéré le goût de la vie suite aux meurtres brutaux et abjects de sa mère, de son amante et de sa fille même pas encore née.

- Il est où, le fameux héros swagage ? Demanda Goldenger en regardant partout. Il est où pour sûr ?

Alors, une voix retentissante couvrit tout le hangar, les faisant tous sursauter.

- BWAHAHAHAHAHA ! VOUS VOICI, VAILLANTS SUBORDONNÉS !

La porte de l’avion présent s’ouvrit avec des volutes de fumées, et même des flash de lumières, comme si une rock star venait d’apparaître. Bertsbrand, vêtu de son Revêtarme ailé, son Parecool sur les épaules, sauta de l’avion au sol, avec toute une série de bruitages et d’effets lumineux.

- Me voici, compagnons. Moi. Oui, moi. Bertsbrand. Votre Bertsbrand, nouveau commandant de la X-Squad ! Ensemble, nous triompherons du mal qu’est Venamia et apporterons la paix et le swag sur Terre !

Il prit alors sa pose fétiche, le bras tendu vers le ciel, et l’autre un peu derrière, tandis que des paillettes dorés tombaient autour de lui. Si à cet instant on avait qualifié les visages des membres de la X-Squad, on l’aurait appelé l’unité « Pokerface ». Même Goldenger s’était réfugié dans le silence, ce qui n’était pas peu dire. Et Bertsbrand, lui, n’avait toujours pas quitté sa pose. Les paillettes dorées tombaient de plus en plus nombreuses sur lui. Finalement, il se remit droit, et d’un ton exaspéré, dit :

- C’est bon pour les paillettes, femelle. Tu peux arrêter…

Mais elle n’arrêtèrent pas. Galatea leva la tête, et vit, sur le dos de l’avion d’où était sorti Bertsbrand, une jeune femme à la coiffure punk qui tenait un sac et en retirait de grandes poignées de paillettes, qu’elle jetait avec force sur Bertsbrand.

- Tu m’entends, ohé ? S’agaça Bertsbrand. J’ai dit stop, c’est bon. Ils ont déjà tous été estomaqué par ma brillance. Miss Anna, vous pouvez cesser. Oh ! T’es sourde, femme ! C’est un ordre de votre commandant, lieutenant Tender ! Je vais…

Finalement, la jeune Rocket sur l’avion jeta tout le sac entier sur Bertsbrand, qui fut recouvert de la tête au pied de paillettes en or.

- Euh, c’est un sketch pour sûr ? Demanda Goldenger, perplexe. Ils font ça pour faire du riage, comme à la télé ?

Personne n’eut le cœur à lui répondre. Tous étaient plus ou moins accablés par ce qu’ils venaient de voir. Même Galatea, qui était pourtant toujours en admiration devant le physique de Bertsbrand, se demandait si Igeus n’était pas tombé sur la tête en leur refilant ce gars comme commandant… à moins bien sûr qu’il compte vaincre Venamia en la faisant mourir de rire. La femme en haut de l’avion descendit par un saut souple et se posta devant eux.

- S'cusez ce spectacle navrant. C’est cet abruti qui tenait à soigner son entrée en scène. J’suis le lieutenant Anna Tender, nouvellement débarquée dans la X-Squad.

Galatea avait effectivement entendu parler d’une nouvelle Tender qui venait d’arriver à Algatia. La nièce du général, apparemment. Et donc la cousine de Siena… Galatea pouvait presque revoir sa demi-sœur dans le visage stoïque et légèrement renfrogné d’Anna. Elle lui serra la main.

- Galatea Crust. Enchantée l’amie.

- Oh no ! S’exclama Bertsbrand en sautillant sur place pour se débarrasser des paillettes. C’est au commandant de se présenter en premier !

- Tu t’es déjà présenté, le rigolo, et t’as fait un bide, répliqua Anna. Laisse les grandes personnes parler maintenant.

- Mais je…

Anna se retourna et s’approcha de lui en levant le bras. Bertsbrand se recroquevilla avec terreur.

- La ferme, ordonna Anna.

- O-oui madame…

La jeune femme se retourna, satisfaite.

- Il est pas méchant, mais un peu remuant et vite gonflant à force, fit-elle à la X-Squad. J’ai déjà commencé à l’dresser. Faudra pas mal le surveiller. C’est mon rôle dans l’équipe.

- T’inquiète, aucun risque que quelqu’un ne veuille te le prendre, dit Zeff.

Bertsbrand ne parut pas se formaliser que l’on parle de lui comme on aurait parlé d’un chien turbulent. Son Revêtarme fut retiré, et Excalord repassa sous sa forme Arme. Galatea put enfin revoir la fameuse épée qui fut au centre de la bataille finale d’Atlantis. Tout le monde l’avait désirée, tout le monde avait tenté de se l’approprier, et au final, le destin avait choisi qu’elle tombe entre les mains de Bertsbrand. Si c’est Arceus qui décidait de ce genre de chose, il avait un sacré sens de l’humour !

- Vous êtes sûr de bien le contrôler, ce Pokemon ? Demanda Solaris. J’ai souvenir qu’il a presque détruit Atlantis durant son combat contre l’Akyr Oméga.

- Si je le contrôle ? Bien évidement ! S’exclama Bertsbrand. Je n’ai même pas eu à le dresser, tant il a été émerveillé dès le début par mon swag !

Galatea se retint de dire que si Bertsbrand avait trouvé un Excalord tout docile et désireux de lui obéir, c’était parce qu’il s’était fait battre par l’Akyr Oméga, et donc qu’il était obligé de considérer comme maître la première personne qui l’empoignerai sous sa forme Arme. Pour ainsi dire, Bertsbrand avait eu une chance incroyable.

- Je vais vous le présenter, fit la star. Lui aussi doit voir avec ses yeux ses nouveaux compagnons d’équipe.

- Euh, ce n’est pas nécessaire, m’sieur Bertsbrand, fit précipitamment Galatea.

Après ce qu’elle avait vu d’Excalord sous sa forme normale sur Atlantis, elle craignait un peu pour la survie de la base, même si Bertsbrand disait le contrôler parfaitement. Mais ce dernier ne l’écouta pas, et fit passer Excalord de sa forme Arme à sa forme normale. Tous reculèrent à part Bertsbrand devant la transformation de l’épaisse épée en monstre métallique ailé de quatre mètre de haut, ses nombreuses ailes bleues luisantes d’énergie, sa longue queue se terminant par une pointe, et sa gueule en acier chromé bleue qui dévisageait de façon inquiétante chaque membre de la X-Squad. Galatea, qui pouvait vaguement mesurer la puissance d’un Pokemon avec son Flux, failli tomber à la renverse par ce qu’elle ressentait. Excalord était plus qu’un Pokemon ; c’était une arme de destruction massive !

- Il est beau, n’est-ce pas ? Demanda Bertsbrand avec le sourire d’un père fier de son enfant. Voyez un peu ses lignes, la finesse de son design. Un Pokemon des plus swag pour un maître du swag comme moi !

Galatea s’étonna qu’Excalord se contente de les regarder sans bouger… et surtout sans parler. Elle en fit la remarque à Bertsbrand.

- Parler ? S’étonna celui-ci. Mais enfin, miss Crust, les Pokemon ne parlent pas !

Cette déclaration fit sursauter Goldenger.

- Les Pokemon ne font pas du parlage ?! Mais alors, comme je fais du parlage, je ne suis pas un Pokemon, pour sûr ! Que suis-je ? Oh la la, que suis-je ?

Bertsbrand fronça les sourcils et observa Goldenger avec attention.

- Bien sûr que non tu n’es pas un Pokemon, mon petit subordonné doré. Tu es visiblement une Pokeball en or qui a évolué jusqu’à un stade quasi-humain, you see ?

- Ne lui dites pas des trucs comme ça s’il vous plait, dit Galatea. Il a tendance à un peu prendre tout et n’importe quoi à la lettre. Et si, la plupart des Pokemon Légendaires savent causer, et je peux vous assurer qu’Excalord ne s’en est pas privé quand il a combattu l’Akyr Oméga sur Atlantis.

- Avoir un tel maître l’a sans doute fait régresser mentalement… marmonna Anna.

- Excalord ne m’a jamais rien dit, fit Bertsbrand, mais ce n’est pas nécessaire. On se comprend sans parole. Notre mission sacrée est d’apporter le swag partout où nous allons, et combattre la tyrannie ringarde de Lady Venamia. C’est pour cela qu’Erend Igeus m’a choisi moi pour diriger la X-Squad. Je vais faire de cette équipe l’éclat qui fera rayonner la justice que nous défendons ! Dorénavant, chacune de nos sorties et de nos missions sera filmée, pour que le peuple puisse voir à l’œuvre les défenseurs du swag que nous sommes. Des journalistes nous suivrons constamment, et vous devrez vous livrer à eux, et à tous ceux qui regarderont. Vous répondrez à toutes leurs questions, vous accepterez chacune de leurs interviews, et vous vous montrerez ainsi tels que vous êtes réellement devant le peuple, qui ne vous en appréciera que plus pour cela.

Bertsbrand ne rencontra guère d’enthousiasme pour son projet.

- Sauf vot respect, m’sieur Bertsbrand, la X-Squad est une unité de terrain, opérant le plus souvent dans le secret. Je suis pas certaine que votre petit reality show va nous aider à repousser les forces du Grand Empire.

Ce fut étrangement Anna Tender qui prit la défense de Bertsbrand.

- Une guerre n’se gagne pas que sur un champ de bataille, renchérit-elle. Et ça, votre sœur l’a compris dès l’début. J’ai été fouiller dans les archives de l’année où Venamia, quand elle était encore le colonel Crust, a fondé sa GSR. Elle a bénéficié d’une propagande féroce et réglée au détail près, par son fidèle Esliard, un type qui s’y connait dans ce domaine. Sans tout cet attirail médiatique, elle ne s’rait surement pas où elle est maintenant.

- C’est pas faux, en convint Galatea, mais Siena faisait plus de la politique que la guerre à l’époque. Elle avait pour projet de grimper encore plus dans la hiérarchie Rocket. Nous, on a juste pour projet de rétamer ses armées et ces fichus Démons Majeurs qui l’aident. On ne porte aucun message politique…

- Et pourtant si, Miss Crust ! S’exclama Bertsbrand. Notre but est d’inspirer les gens, d’attiser en eux un sentiment patriotique pour qu’ils, à leur façon, participent eux aussi au combat contre Venamia. Je connais ces choses là. Je suis Bertsbrand, après tout…

- Vos combats se dérouleront comme d’habitude, poursuivit Anna. Ils seront juste filmés, et vous devrez accorder parfois quelque minutes de votre temps libre aux caméras. Soyez souriants, charismatiques, dites contre quoi et qui nous luttons, pourquoi Venamia craint à mort, l’étendue de ses exactions… ce genre de trucs quoi. On n’vous demandera pas d’aller signer des autographes ou de tourner des publicités…

- Hein ? Comment ça ? S’exclama Bertsbrand. Bien sûr que si, il faudra ! C’est la base du swag. Notre droit d’image vaudra un max. Avez-vous la moindre idée des sommes que j’empoche grâce à tous mes produits dérivés ? Tiens, pas plus tard que ce matin, j’ai appris l’existence d’une crème à épiler qui porte mon nom. Si ce n’est pas là le…

Anna lui donna un coup sur le crâne pour le faire taire, sans se retourner.

- Not bon commandant s’emballe un peu trop, mais sur le fond il a raison. Mais si ce genre de trucs doit se faire, c’sera petit à petit, et ça n'empiétera pas sur vos activités de guerre. Igeus sait qu’il ne peut pas se passer d’vous sur le front. Chacun d’vous compte énormément. D’ailleurs à c’propos… il en manque deux non ?

Tous les membres de la X-Squad se tournèrent vers Galatea, du genre « bon, on te laisse gérer les conneries de ton frère hein ? ».

- Euh… oui, admit Galatea. Mercutio et Djosan ont, pour ainsi dire… pris quelque jours de congés…


***


Dans ses appartements à Algatia, après toute une journée harassante à enchaîner réunions et comités de guerre, Erend put enfin s’asseoir et respirer un coup. Imperatus resta debout et regarda son dresseur et ami d’un air amusé.

- En voilà un gros soupir. Tu t’es couché à quelle heure hier soir ?

- Ce n’était pas hier, mais aujourd’hui, parce que c’était cinq heures du mat, et que j’ai dormi que deux heures.

- Tu ne peux que t’en prendre à toi, et à ton petit show à Almia. Venamia s’est peut-être vengée en te faisant danser jusqu’à l’épuisement ?

- Notre bonne Dirigeante Suprême est une cavalière exigeante.

- Pas de partie d’échecs alors ce soir ?

Erend et Imperatus avaient l’habitude, en fin de journée, de se reposer devant un plateau d’échecs. C’était pour Erend un moyen de détendre son cerveau sans l’éteindre complètement.

- Tu me battrais en sept coups, fit Erend. Laissons tomber les échecs. En revanche, je ne dis pas non à un grand cognac.

En faisant tournoyer son verre et en se perdant dans la contemplation du liquide doré et des glaçons, Erend fit le point sur ses plans et sa situation. Son esprit ne cessait jamais de prévoir et de fomenter des manigances. Mais ce soir, il ne put pas s’y plonger comme d’habitude. Pas vraiment à cause de la fatigue, mais plutôt à cause de la colère…

- Enfoiré de Crust, cracha-t-il en serrant son verre plus fort. J’aurai dû le faire surveiller, ou lui coller un brassard électronique… Comment a-t-il pu partir maintenant, et en amenant son fichu chevalier moustachu avec lui ?!

- Selon Ithil, ce n’est pas une désertion, lui rappela Imperatus.

- Mais ça revient au même ! Je ne peux pas me passer d’un de nos deux seuls Mélénis quand on a les Sept Démons Majeurs en face ! Surtout Mercutio qui est le seul à pouvoir utiliser le Septième Niveau ! Et d’ailleurs, Ithil, parlons-en… S’il le savait depuis quelque jours, pourquoi ne m’en a-t-il rien dit ?

Devant l’absence de réponse d’Imperatus, Erend énonça la conclusion logique.

- Mon cher frère s’est sans doute un peu trop habitué à sa place dans la X-Squad, et a oublié qu’il est là uniquement pour les espionner…

- C’est du passé ça, rétorqua Imperatus. Tu l’as chargé de cette mission quand la X-Squad était ton ennemie. Vous êtes dans le même camps désormais. Il n’y a plus lieu d’espionner quiconque.

- Eh bien, la preuve est faite que non. La décision de Crust de quitter le front est au mieux une grande irresponsabilité, et au pire de la trahison pure et simple. Qu’il se fasse buter par les Shadow Hunters, je m’en fous, mais que ça puisse impacter ma guerre, là ça me dérange. Je pensais que Crust accordait un peu plus d’importance à la sécurité de son neveu…

Si Erend tenait à toujours avoir le jeune Julian à ses côtés en permanence, c’était bien sûr pour son importance politique contre Venamia, mais aussi un peu comme moyen de… persuasion, pour convaincre la X-Squad d’accorder une pleine et entière attention à leur collaboration dans cette guerre. La remarque d’Erend ne fut toutefois pas du goût de son amie Pokemon.

- Tu n’es pas en train de menacer Julian de représailles, n’est-ce pas ? Parce ce que si c’était le cas…

- Ça ne l’est pas, et tu le sais. Je fais mine de m’en servir comme otage pour Tender et les jumeaux Crust, mais je ne ferai jamais de mal à ce gosse.

Erend le pensait vraiment. À sa propre surprise, il s’était attaché à cet enfant. Très intelligent, très vif, il comprenait beaucoup de choses, bien plus qu’un gamin de son âge n’aurait dû. Erend passait d’ailleurs quelque heures de son temps libre en semaine pour l’éduquer, et il aimait bien ces moments. Il n’aurait jamais cru être si à l’aise avec les enfants. Il devrait peut-être songer à en faire un ou deux un jour…

- Tu comptes toujours en faire ton successeur quand la Confédération englobera le monde entier ? Demanda Imperatus en plaisantant à moitié.

- Et pourquoi pas, ma foi ? Si on bat sa mère, il aura la légitimité pour régner à la fois sur Johkan mais aussi sur l’Empire Lunaris. Si les deux parviennent à rejoindre sans mal la Confédération dans un tout nouvel état fédéral, il gouvernera donc sur plus de la moitié de ce dit état.

- Avec toi comme éminence grise, lui faisant répéter tes paroles derrière le trône ?

- Julian est encore très jeune, fit Erend avec un sourire d’excuse. Il a besoin de quelqu’un d’expérimenté et de sage pour… le conseiller.

- Tu es un homme bien machiavélique, Erend Igeus.

- Je plaide coupable, admit-il en riant. Mais si c’était les personnes honnêtes qui faisaient les meilleurs dirigeants, ça se saurait, depuis le temps.

Des bruits de pas qui courraient se firent entendre, et le jeune Julian entra dans le bureau d’Erend avec un large sourire.

- Tu es là, Erend !

- Je suis là.

Le garçonnet de quatre ans courut vers son mentor et s’accrocha à sa jambe.

- Les gens ils disent que tu as vu maman hier !

- Ah oui, confirma Erend. On a même dansé ensemble, figure-toi. Tu vois Julian, les grandes personnes peuvent se disputer et se battre, mais ils restent toujours courtois et civilisés entre eux.

Pour un enfant normal de son âge, ces mots n’auraient voulu rien dire, mais Julian, sans en comprendre parfaitement le sens, semblait en avoir saisi l’essentiel.

- Quand je la reverrai, je lui dirai TOUT ce que j’ai appris ! Elle sera super contente !

- Je n’en doute pas, répondit Erend en lui caressant les cheveux. Tu seras sans doute bien plus intelligent qu’elle. Et surtout bien plus sage.

Erend ne lui avait évidement pas dit qu’il y avait bien peu de chance qu’il revoit un jour sa mère, ou alors en prison. Il ne lui avait pas non plus appris la mort de son père, l’Empereur Octave. Ça lui aurait certes fait une raison de détester sa mère, mais Erend ne voulait pas infliger ça à un gamin de son âge, si joyeux et vif.

- Tu m’apprends quoi ce soir Erend ? Sautilla le bambin.

- Ouf, je crains d’être un peu trop fatigué. Mais tu vois, Imperatus est là, et elle est aussi intelligente que moi. Va donc lui demander de t’apprendre plein de choses sur les Pokemon.

- Oh oui ! S’exclama Julian. Les Pokemon, les Pokemon ! Je veux TOUT savoir.

Imperatus prit donc en charge le jeune prince, comme elle le faisait souvent d’ailleurs. Elle aussi savait le gérer, même plus qu’Erend, et tous deux avaient forgé un lien spécial. Sans doute parce qu’Imperatus était douce, et qu’elle faisait donc office de figure maternelle pour le petit. Quand Venamia serait vaincue et donc probablement morte, Erend avait prévu d’adopter officiellement Julian. Le garçon ne manquerait jamais de rien, et il aura une grande chance de s’élever socialement et d’avoir un avenir glorieux. C’était sans doute ce que Venamia avait prévu et espéré pour son fils, et Erend serait plus qu’heureux de réaliser cela à sa place.