Action !
Le réveil sonna. Aurore se réveilla de bonne humeur, enthousiaste à l’idée de commencer une journée différente de sa routine. Elle se leva avec le sourire, ouvra les volets, respira l’air frais du matin et alluma la radio. La musique « Sunny » de Boney M résonna dans toute la maison. Ces sonorités disco lui donnèrent une envie subite de danser. Elle se mit à se dandiner dans sa chambre, puis, tout en sautillant, sortit de la pièce, traversa le couloir et toqua à la porte de la chambre où avait dormi Louna.
- Alola ! Debout là-dedans, on se réveille !
Pour Louna, le réveil fut plus difficile. Elle détestait être secouée le matin, et pire encore avec de la musique à fond. Elle enfonça furieusement sa tête dans l’oreiller pour se boucher les oreilles, mais la musique était tellement forte que les percussions retentissaient dans son crâne, comme des coups de marteaux, lui provoquant une douloureuse migraine. Elle se tenait les tempes et fermait les yeux, tellement c’était un supplice. Elle hurla de sa chambre :
- Baisse le son de cette saleté de musique ! J’en peux plus !
- Oh, t’es pas drôle !
Aurore grimaça, baissa le volume de la musique à un niveau acceptable puis trottina vers la cuisine.
- Je prépare le petit-déjeuner, tu prends du café ?
- Mmmh, ouais…
Louna ouvra la porte de sa chambre quelques minutes plus tard. Elle avait dormi dans la chambre d’amis. Elle se traîna jusqu’à la cuisine, où elle s’attabla et se prépara une tartine de confiture silencieusement. Aurore l’observait du coin de l’œil d’un air amusé.
- Tu n’es pas du matin, toi, fit-elle remarquer.
- Pas vraiment, nan, grommela Louna.
Elle lui lança un regard noir.
- Surtout quand on me réveille avec la zik à fond.
- Moi, j’ai l’habitude de me réveiller en musique, ça me donne la pêche. Mais désolé si ça ne t’as pas plu. Sinon, tu es prête à commencer les investigations ? Moi, j’ai vraiment hâte.
- Ouais, j’ai bien envie de voir comment ça va se passer et ce qu’on va découvrir.
Après le petit-déjeuner, les jumelles se préparèrent à partir. Dans un sac, elles mirent leurs accessoires de détective, une bouteille d’eau et un couvre-chef à cause du soleil. Elles partirent enfin en voiture et Aurore conduisit jusqu’aux champs d’hibiscus d’Aroma. C’était la première fois qu’elle revenait ici depuis l’affaire. Louna, quant à elle, n’était jamais venue et elle était époustouflée. Des taches de rouge, d’orange, de rose décorait les plaines verdoyantes. Pour Louna, la vue était magnifique. Pour Aurore, elle était désagréable. Les champs étaient complètement brûlés, et avaient une apparence pitoyable. Seules quelques fleurs survivantes mais dans un état miteux arrivaient un peu à égayer ce cimetière floral. Aurore se gara au pied de la plaine, à côté de l’atelier de fabrication, qui était vide. Les employés étaient sûrement au chômage technique car ils ne pouvaient plus travailler, l’élément principal de la production manquant. Les deux jeunes femmes descendirent de voiture et examinèrent le terrain à première vue.
- Bon, on commence par où ? demanda Louna. Parce que c’est gi-gan-tesque ! Pour trouver un indice là-dedans, ça va être comme chercher une aiguille dans une botte de foin.
- C’est sûr ! Je propose qu’on se sépare, tu pars à droite et je vais à gauche. Si l’une de nous deux trouve quelque chose, elle appelle l’autre. Ok ?
- Ok !
Louna et Aurore partirent chacune de leur côté. A gauche du pré, des habitations longeaient le champ de fleurs. On pouvait aussi apercevoir le bâtiment principal d’Aroma en contrebas. Et à droite se trouvait la lisière de la forêt, une forêt sauvage où personne ne s’aventurait.
Après presque une heure de recherches infructueuses, les deux sœurs en avaient marre. Le soleil tapait tellement à ce moment de la journée que le simple fait de marcher devenait difficile. Elles devaient plusieurs fois s’arrêter pour reprendre leur souffle, boire un coup et repartir de plus belle. De son côté, Aurore ne trouvait rien du tout. Elle avançait par tâtonnement avec un long bâton en bois qu'elle avait trouvé, qui lui servait pour soulever les plantes mortes. Des fois, elle croyait voir un indice ou un objet intéressant, elle s'affolait et courait vers lui, mais son imagination lui jouait des tours et elle se faisait une fausse joie. Pour Louna, c'était pareil. Heureusement, les grands arbres de la forêt lui faisaient un peu d'ombre et de fraîcheur, mais la crainte d'avoir des coups de soleil disgracieux sur le visage l'obligeait quand même à garder sa casquette. Elle s'offrit une énième pause et s'assit dos contre un arbre pour boire. Elle reprenait haleine quand tout à coup elle distingua une forme bizarre dans la terre. Elle se releva et s'accroupit au-dessus de la marque au sol : c'était une trace de pas. En jetant un œil alentour, elle en remarqua d'autres, qui allaient toutes dans la même direction, vers la forêt. Elle appela de suite sa sœur.
- Eh, viens voir, j'ai trouvé quelque chose !
Aurore accourut et s'accroupit aux côtés de Louna. Cette dernière lui montrait du doigt les traces.
- Regarde, des traces de pas. Et y en a encore, elles continuent à l'intérieur du bois.
- Tu es sûre que ce ne sont pas les traces de tes chaussures ?
- Nan, j'te jure. Mes baskets sont beaucoup plus fines et là, on dirait plus un pied d'homme. Et t'as vu, elles ont l'air encore fraîches, comme si c'te personne était venue la nuit.
- C'est vrai, la terre paraît presque humide. Allons voir où ces traces de pas mènent.
Les deux jeunes femmes suivirent les marques et s'enfoncèrent dans la forêt. Après seulement deux minutes de marche, elles tombèrent sur un tas de bidons ouverts qui sentait très fort et de grands filets et sacs en toile. Dans les sacs et les filets, Aurore aperçut des Pokémon à moitié animés qui étaient emprisonnés. Elle se précipita vers eux.
- Oh non, mes chéris, qu'est-ce qu'on vous a fait ? Ne vous inquiétez pas, je vais vous libérer.
Pendant qu'Aurore essayait d'extirper ces pauvres Pokémon, Louna examina attentivement les bidons. Ils étaient simplement en métal, sans étiquette, et ressemblaient à des bidons d'essence, mais le liquide qui en sortait avait une odeur et un aspect bien différents. Le liquide paraissait verdâtre et visqueux, et l'odeur qui s'en échappait était âcre et chimique. En retournant avec précaution l'un des bidons, elle découvrit deux logos orange et noir. L'un représentait une tête de mort et l'autre un poisson mort dans une rivière noire. En s'approchant, elle put lire « Toxique » et « Dangereux pour l'environnement ». C'était très certainement le pesticide qui avait brûlé les fleurs. Louna fit part de sa découverte à sa sœur.
- T'sais quoi, dans les bidons, c'est un produit toxique et dangereux pour la nature. C'est ça qui a détruit les champs.
- Et empoisonné ces Pokémon ! Regarde, ils sont tous faibles ! On ne peut pas les laisser dans cet état, il faut aller les faire soigner, et je connais quelqu'un qui pourrait nous aider.
- Qui ça ?
- Vicky, qui travaille à la Fondation Æther !
- Vicky, notre ancienne nounou ?
- Oui, cette Vicky là !
Louna leva les yeux au ciel. Quand elles étaient petites, Vicky était une amie de leur mère et s'occupait parfois des jumelles, mais Louna n'avait jamais pu la supporter, avec son caractère trop maternel. Elle soupira, puis hocha la tête en signe d'acquiescement.
Avant de prendre la route pour le Paradis Æther, Louna prit un échantillon du liquide verdâtre. Puis elle aida sa sœur à porter les Pokémon blessés. Arrivées à la voiture, elles les déposèrent délicatement dans le coffre. Il y avait huit pauvres bêtes en tout : deux Guérilande, un Charpenti, un Apitrini, trois Rubombelle et un Floramantis. Ils faisaient partie des Pokémons servant à la production d'Aroma. Elles quittèrent le champ et filèrent jusqu'au port. Un bateau qui faisait escale au Paradis Æther partait dans une dizaine de minutes. Elles prirent chacune les Pokémon dans leur bras et embarquèrent dans le bateau. Le voyage durait environ trente minutes. Elles en profitèrent pour manger un menu préparé par le chef cuisinier du bateau, et se reposer le corps et l'esprit.
Le bateau accosta à l’embarcadère de l’île artificielle. Aurore et Louna étaient les seules à descendre de l’embarcation, avec leurs Pokémon blessés. En sortant du bâtiment du port, elles découvrirent un immense immeuble blanc immaculé, avec d’innombrables fenêtres en verre teinté. L’édifice était entouré d’un grillage en fer noir, dissimulé par des buissons. Etonnamment, il n’y avait pas de terre au sol car il était recouvert d’un carrelage blanc. Les deux jumelles entrèrent par une large porte automatique et arrivèrent dans une salle de réception. Elles furent accueillies par un employé de la Fondation Æther.
- Alola ! En quoi puis-je vous aider ?
- Alola ! Nous voudrions faire soigner ces pauvres petites bêtes, lui répondit Aurore en lui montrant les Pokémon. Elles ont été empoisonnées par un produit chimique.
- Ne vous inquiétez pas, nous allons nous occuper d’eux. Veuillez me suivre mesdames.
L’employé les guida dans un couloir blanc jusqu’à une sorte de salle d’opération. A l’intérieur de la pièce, il y avait des tables d’examen métalliques et des lampes au-dessus de chacune d’elles, une mini-balance, un placard rempli de fioles et de récipients en tout genre, et un bureau. Une dame était assise à ce bureau et triait des papiers. L’employé l’interpella :
- Madame, nous avons des clients qui souhaitent soigner des Pokémon.
Elle leva les yeux de ses documents et son visage s’illumina.
- Aurore ! Louna ! Ça fait longtemps que je ne vous avais pas vu ! Qu’est-ce qui vous amène ici ?
- Vicky ! On est venues ici pour soigner ces Pokémon qu’on a trouvés, expliqua Aurore. Ils semblent s’être intoxiqués.
- Très bien ! Mettez-les sur les deux tables ici, pour que je puisse les examiner. Monsieur, vous pouvez nous laisser, merci.
L'employé quitta la pièce. Les sœurs jumelles les déposèrent sur les tables, puis les trois femmes se placèrent autour des tables. Vicky enfila des gants et toucha soigneusement les Pokémon. Elle observa d’abord Apitrini et les trois Rubombelle. Ils paraissaient pâles et peu dynamiques. Leurs ailes bougeaient quelques fois, comme des spasmes, mais ils étaient incapables de voler. Pour Floramantis, son teint était tout aussi blême. Il avait des coupures sur ses pattes. De même pour Charpenti, qui était égratigné sur les jambes et les bras, et plein de terre. Il n’avait plus la force de soulever sa poutre. Enfin, les deux Guérilande avaient perdu toute leur vitalité. Certaines fleurs de leurs colliers étaient tombées, et d’autres avaient des pétales en moins. Vicky fronçait les sourcils en voyant tous ses dégâts. Elle alla prendre des médicaments dans le placard, et revint avec un sérum et une pommade spéciale Pokémon. Elle fit boire une cuillère de sirop à tous, et étala de la pommade sur les blessures de Floramantis et de Charpenti. Quand elle eut fini, elle dit aux jumelles qui la regardaient faire silencieusement :
- Vos petits Pokémon ne sont pas en bonne posture. Nous allons les garder au refuge au moins une semaine pour surveiller leur état de santé. Mais ils vont se remettre sur pied rapidement, j’en suis sûre. Vous m’avez dit que vous les avez trouvé comme ça, mais à quel endroit ?
- On les a retrouvés dans des champs d’hibiscus, répondit Aurore. On pense qu’ils ont ingurgité un pesticide.
- Ce qui explique leur faiblesse. Ce ne sont pas les champs ravagés d’Aroma ? On en entend parler de partout, à la radio, à la télévision, dans les journaux.
- Si, affirma Louna. En fait, on est en train d’enquêter pour savoir qui a fait ça. Et ce matin, on a cherché dans les champs.
- D’accord ! dit Vicky, stupéfaite.
- On a aussi récolté un échantillon du produit pour le faire analyser, ajouta Aurore. Comme ça, on saura le type et l’origine du produit.
- Alors, pour faire des analyses, il vous faudra aller au laboratoire du Professeur Euphorbe. Seul lui et son équipe pourra vous aider.
Les deux jeunes femmes remercièrent Vicky et quittèrent le bâtiment. Elles attendirent au port et prirent le bateau pour Ekaeka.
En arrivant, Louna et Aurore prirent la voiture qu'elles avaient garée à l'embarcadère. Aurore les conduisit jusqu'au laboratoire du Professeur Euphorbe, située sur la plage. Elles sortirent de voiture. Le laboratoire du Professeur était assez atypique. C'était une cabane en bois rafistolée, avec une pancarte indiquant « Laboratoire ». Louna toqua à la porte. Une voix masculine les invita à rentrer. Elle ouvrit la porte et elles furent accueillies par le Professeur Euphorbe, qui leur demanda de patienter un instant. Il était en train de parler avec Tili et un autre jeune garçon. Les deux jeunes hommes se dirigèrent vers la sortie et croisèrent les jumelles. Tili salua Aurore :
- Salut Aurore !
- Salut ! Comment vas-tu ?
- Super bien ! Le Professeur nous a offert nos premiers Pokémon à moi et à mon nouvel ami, Sun. Il a emménagé dans la région il y a quelques jours.
- Enchanté Sun ! Vous allez devenir de vrais dresseurs maintenant !
- Ouais, on est parés pour l'aventure. Et toi, tu fais quoi ?
- On est en train d'enquêter sur une mystérieuse affaire et on venait ici faire des analyses.
- Et c'est qui elle ?
- Elle, c'est Louna, ma sœur jumelle. Louna, je te présente Tili, mon voisin.
Tili lui tendit une main amicale qu'elle serra avec nonchalance.
- Bon, c'est pas tout mais on a des Pokémon à combattre. A bientôt Aurore et Louna !
Tili et Sun les saluèrent de la main puis sortirent en courant.
- Mesdemoiselles, c'est pour quoi ?
Aurore sursauta. Elle se retourna et fut ébloui. Non pas par le soleil mais par la beauté de cet être. Il la regardait de ses yeux profonds, lui souriait de toutes ses dents blanches. Et en baissant légèrement les yeux, elle vit, non, elle dévora du regard ce corps d'Apollon. Sa blouse blanche grande ouverte laissait apparaître ses pectoraux et ses abdos saillants. Était-ce un rêve, était-ce la réalité ? Elle ne savait plus.
- Vous voulez ? répéta le Professeur.
- Euh, oui, c'est pour... pour quoi déjà... pour..., balbutia Aurore.
- On voudrait faire analyser un produit et on nous a conseillé d'venir ici, la coupa Louna. On pense qu'c'est un pesticide qui a intoxiqué des Pokémon et détruit les champs d'hibiscus.
- Ah oui ! J'ai vu ça hier à la télé. Vous êtes les enquêtrices ?
- Ouais, c'est ça !
- Ok, cool ! Je vais juste prendre votre échantillon.
Louna sortit de sa poche le tube contenant le liquide et le donna au Professeur.
- Pour faire une analyse, ça prend du temps, expliqua-t-il. Je ne pourrais vous donner les résultats qu'à partir de demain.
- Ok, pas de problème, on repassera demain.
- Et bien je vous fais ça tranquille pour demain ! Tchao !
- A demain, Professeur ! dit Aurore d'une voix fluette.
Elles sortirent de la cabane et rejoignirent la voiture. Il était presque 17h alors elles décidèrent de rentrer se reposer un peu. Dans la voiture, Louna taquina sa sœur :
- T'as pas vu que t'étais toute rouge quand il t'a posé une question ? Ha ha, on aurait dit que t'avais bugguée ! Et la façon que tu lui as dit au revoir. « Au revoir, Professeur ! ». Trop marrant !
- Mais tu as vu comment il m'a regardé ? Ça m'a complètement perturbée ! Et puis, il est plutôt pas mal, quand même.
- C'est bon, t'es tombée amoureuse !
- Mais n'importe quoi !
Elles arrivèrent à la maison, et grignotèrent un en-cas. Elles reparlèrent des événements de la journée et appelèrent Beladonis pour le tenir au courant. Une idée apparut tout à coup à Aurore. Si les traces de pas qu'elles avaient trouvées le matin étaient encore fraîches, cela voulait sûrement dire que le ou les malfaiteurs allaient revenir cette nuit. Elles élaborèrent donc un plan, puis firent une sieste pour être en forme ce soir.
A 21h, quand le soleil était entièrement couché, Aurore et Louna partirent en voiture et rejoignirent les champs de fleurs. Il faisait complètement noir mais la lune les éclairait un peu. Elles se cachèrent derrière l'atelier de confection et attendirent. Après deux longues heures, elles virent enfin bouger au loin. Louna attrapa les jumelles dans son sac et regarda à travers. Deux silhouettes gesticulaient et se dirigeaient vers la forêt. Elle semblait voir deux hommes, un grand et un petit. Elle prêta les jumelles à Aurore pour qu'elles puissent voir aussi. Les deux silhouettes s'enfoncèrent dans le bois et disparurent. Aurore et Louna se regardèrent, l'air incrédule. Louna pensait savoir qui étaient ces deux personnes, mais elle ne voulait pas croire à cette idée. Alors elle garda son hypothèse en tête. Les deux jumelles repartirent discrètement et arrivées à la maison, se jetèrent sur leur lit, épuisées.
Le lendemain matin, après une bonne nuit de sommeil, Louna et Aurore se préparèrent pour se rendre au laboratoire du Professeur Euphorbe, afin d'obtenir les résultats de l'analyse. Quand Aurore sortit déverrouiller la voiture, Louna la scruta de haut en bas. Aurore portait une petite robe blanche à fleurs et des sandales à talons. Elle s'était maquillée, ce qui n'était pas dans ses habitudes.
- Pourquoi tu t'es mis sur ton trente-et-un ? lui demanda Louna.
- Devine ! Pour le Professeur ! Mon charme va faire son petit effet.
- T'es vraiment gaga !
Elles montèrent en voiture et se rendirent au laboratoire. En entrant dans la cabane, le Professeur les salua. Il fit remarquer à Aurore :
- Si je puis me permettre, vous êtes très belle aujourd'hui madame !
- Merci, Professeur ! répondit-elle toujours avec la même voix ridicule.
Il alla chercher une feuille sur son bureau et la lut aux jumelles.
- Voici les résultats, ce produit, le glyphosate, est un pesticide puissant qui peut s'avérer très dangereux à haute dose. Si des Pokémon respirent les émanations qui s'en échappent, ils peuvent tomber malade.
- Et vous savez où peut-on en acheter ? questionna Aurore.
- Dans des magasins spécialisés pour l'agriculture. A Alola, sur l'île d'Akala, il y a un marchand qui en vend.
- On ira y faire un tour alors, dit Louna.
- Je vous donne les résultats, ils vous serviront certainement.
Il leur tendit la feuille. Quand Aurore la prit, elle remarqua une bague au doigt du Professeur.
- Ça sera tout ? demanda-t-il.
- Euh, vous êtes mariés ? se renseigna Aurore.
- Oui, pourquoi ?
- Ah non, comme ça...
Elles sortirent du laboratoire. En rejoignant la voiture, Louna remarqua qu’Aurore boudait. Elle la titilla :
- Bah alors, c'est plus ton prince charmant ?
Aurore lui donna en retour un coup de coude. Elles prirent la voiture, jusqu'au port d'Ekaeka, puis prirent un bateau à destination d'Akala.
Elles débarquèrent sur l'île à l'entrée d'un village. A leur gauche se trouvait un bâtiment blanc et bleu, ressemblant à un château ou à un musée. Les deux sœurs ne savaient pas où aller, alors elles demandèrent à un passant où se situait le magasin d'agriculture dont le Professeur Euphorbe leur avait parlé. Le villageois leur indiqua le chemin à emprunter. Elles le remercièrent puis suivirent ses indications. Elles marchèrent jusqu'à arriver dans une petite ferme. Il y avait quelques maisons, et à côté d'un enclos, une boutique, dont les vitrines du magasin étaient toutes brisées. Elles s'y approchèrent. Une pancarte en bois était accrochée sur la porte, avec une inscription « Fermé » écrite au marqueur rouge. Elles aperçurent à l'intérieur un homme qui rangeait des étagères. Aurore toqua. Il leur ouvrit la porte.
- Oui, bonjour, excusez-moi, je suis fermé.
- Bonjour ! On enquête sur l'affaire d'Aroma et des analyses nous ont menées ici, expliqua Aurore.
- Ah ! Entrez, entrez !
Les deux jeunes femmes entrèrent dans le magasin. Il leur montra les étagères et les vitres cassées.
- Regardez ce qu'ils ont fait ! Ma boutique est complètement anéantie !
- C'était quand ? interrogea Louna.
- Lundi soir, vers 19h. J'étais en train de ranger et fermer la boutique quand deux hommes masqués ont cassé les vitres et m'ont volé des produits. Tout ça en moins d'une minute.
- Et que vous ont-ils volés ? questionna Aurore.
- Des bidons de pesticide pour le jardinage et l'agriculture. Je ne sais pas pourquoi ils ont pris ces produits.
Aurore et Louna se regardèrent. Elles savaient qu'elles étaient sur la bonne piste.
- Du glyphosate ? devina Aurore.
- Oui, comment le savez-vous ?
- On en a retrouvé dans les champs d'hibiscus d'Aroma, dit Louna. Et ils ressemblaient à quoi les deux voleurs ?
- Ça s'est passé très vite, mais j'ai pu discerner un grand et un petit. Ils étaient vêtus de noir et blanc, avec une cagoule. Je suis persuadé que c'est un coup de la Team Skull.
- Oh, pas si vite, on est sûres de rien encore ! bredouilla Aurore en jetant un regard inquiet à Louna. Mais sa sœur paraissait intrépide, le sourire aux lèvres.
- Et bah, j'vous remercie des infos, dit cette dernière précipitamment. On va résoudre ça rapidement.
Louna prit sa sœur par le bras et elles sortirent du magasin. Aurore avait du mal à la suivre tellement elle marchait vite.
- Mais attends-moi ! Une mouche t'a piqué ou quoi ? Pourquoi tu te précipites ?
Louna la fixa du regard d'un air déterminé et lui lança :
- C'est bon, je sais qui c'est. Et ils vont le payer très cher.