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L'Éphémère - Concours S/L 2016 de Verocayden



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Informations

» Auteur : Verocayden - Voir le profil
» Créé le 25/10/2016 à 22:55
» Dernière mise à jour le 25/10/2016 à 22:55

» Mots-clés :   Absence de combats   Drame   Présence de personnages du jeu vidéo   Slice of life   Suspense

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Le Troisième Jour
-Je m’appelle Pikachu. Et toi?


Je regardai cette créature, abasourdi.


Son corps couleur du soleil. Les rayures parsemant son corps. Sa queue parfaitement imparfaite, en forme d’éclair. Ses joues écarlates. Et son sourire indescriptible… Cet être restait énigmatique, malgré sa petite taille.


-Alors… Me réponds-tu? m’a-t-il demandé.


Il a pris une pause, et a fini par réaliser sa stupidité.


-Ah bien sûr! Tu ne peux pas parler! Que suis-je bête, parfois!


Il a souri. Un rictus de malignité s’est dessiné sur sa peau au teint pâle. Une couleur aussi claire que la Mort elle-même.


-Il ne te reste désormais plus que trois jours, n’est-ce pas? dit l’enfant.


Un soupçon de méfiance résidait en moi. Ce Pokémon me connaissait. Beaucoup plus que je ne le croyais. Cette situation, je ne l’aimais pas.


L’enfant portait un masque. Un masque invisible. Une face cachée. Telle la lune. Une lune qui vous souriait sans cesse. Avant de s’être écrasée sur vous. Son rictus malin, toujours figé sur son visage. Un visage factice. Dénudé d’identité, dénudé de sens. Le visage de la Mort.


Pikachu a posé son regard sur le Soleil, plus radieux que jamais. Sa chaleur m’épuisait, sa luminosité m’aveuglait.


-Et dire que tu ne le reverras plus jamais, a-t-il murmuré. Le Soleil, ses rayons flamboyants… Quel dommage.


Sa voix était emplie d’ironie. Ironie mélangée à un brin d’innocence. Une naïveté.


Plus je le regardais, plus cet enfant me rappelais un fantôme. Sa tête avait la forme de la Lune, ses yeux brillaient telles les étoiles noires dissimulées dans la nuit. Ce Pikachu m’était autant repoussant qu’intrigant. Sans que je ne sois capable de mettre le doigt sur cette particularité attirant mon attention.


-Tu voudrais échapper à la Mort, non? m’a demandé Pikachu.


Un ange a passé. Comme si le temps s’était arrêté. Absorbé par le silence. Un silence de marbre. Tels les murs blancs, qui perdaient leur éclat au fur et à mesure que les jours passaient. Ces jours s’écoulaient, tels les grains de sable tombant dans un sablier. Un par un.


-Je peux t’aider, si tel est ton désir…


Pikachu souriait de plus belle.


J’ai soupiré. Je me suis posé tant de questions par la même occasion. Comment ce môme pouvait-il être à l’hôpital? Que savait-il sur moi? Qui était-il? Les questions sans réponse ne cessaient de se multiplier. Telles les cellules en moi atteintes par cette maladie. Dans trois jours, tout sera terminé. La maladie n’aura fait qu’un avec moi. J’aurai perdu la partie.


Le gamin a continué, gardant son timbre énigmatique.


-Ne sous-estime jamais la Mort… Mais ne sous-estime également jamais le désir de vivre…


Il a pris une pause, et a regardé de nouveau le Soleil. Cette fois-ci, des nuages se mêlaient à la lumière des rayons de l’étoile du matin. Des nuages plongeant le ciel, peu à peu, dans une obscurité sans fin. Un peu comme ma mort et moi. Je n’étais pas assez fort pour me libérer des chaînes des abîmes, m’engrouffrant au plus bas. Je n’en n’avais pas eu la force.


-Je reviendrai te voir, a ajouté Pikachu.


Le Pokémon est parti. Telle une ombre fugitive.


_ _ _






Le soleil s’est levé. Ses rayons étaient tels des couteaux flamboyants, leurs lames effilées pointant mon coeur. Il ne me restait plus que deux jours.


Je ne cessais de penser à tout ce qu’il me restait à découvrir de ce monde. J’ai longtemps cru connaître les principales facettes de ce monde. Ce n’est qu’avant ma mort que je me rends compte à quel point je ne sais que très peu de choses de cet univers. Il me restait tant de chemin à parcourir. Je tentais d’ignorer le fait que ma route allait bientôt s’achever.


La journée s’est déroulée tranquillement. Tous ignoraient le fait que j’allais mourir dans deux jours. Ou ils le savaient, mais feignaient de l’ignorer. Tous les employés étaient souriants, les patients aussi, à leur manière. Tous souriaient, tel le soleil radieux illuminant le ciel azur d’Alola. Tous. Sauf moi.


_ _ _


La lune s’est levée dans le ciel, triomphant sur la lumière du soleil. Le crépuscule s’est éteint, et a laissé place à la pénombre mystique de la nuit. La brise était légère, malgré la température élevée omniprésente à Alola.


Tout était sombre. Tout était obscur. Tout était noir.


Puis, une lumière. Les ombres dessinaient une silhouette, dans un savant jeu d’ombrage et de luminosité. Elles chatoyaient, telles les étoiles dans la nuée obscure des douze coups de minuit.


Une silhouette s’approchait.


-Je t’avais dit que nous nous reverrions, Mimiqui.


C’était Pikachu.


-Alors… Comment c’est… De savoir que l’on va mourir? m’a-t-il demandé.


Je n’avais rien à lui répondre. De toute façon, on m’a condamné dans l’éternel mutisme jusqu’à ma Mort. Sauf que, cette Mort, elle sera dans deux jours…


Je ne savais pas comment était la Mort. Était-ce l’obscurité? Pourrais-je revoir mes parents, probablement défunts aussi? Pourrais-je leur parler? Serait-il possible de faire un retour en arrière? De pouvoir tout changer?
Si seulement cela avait été si facile…
Si seulement...


-Tu sais… J’aimerais t’aider, continua Pikachu. Le problème, c’est que la Mort, lorsqu’elle choisit une victime, se libérer de ses chaînes est plus facile à dire qu’à faire.


Il a émis un petit ricanement. J’en avais plus qu’assez.


Pikachu m’a regardé. Ses yeux obsidienne se sont illuminés. Il avait bien compris que je cherchais à lui demander qui était-il réellement.


-Pikachu. Juste Pikachu. Je suis moi. Rien de plus, rien de moins.


Le genre de réponse qui ne répond pas à la question posée.


Il a remarqué ma réaction contrariée.


- Je n’ai rien à te dire, m’a-t-il répondu. Je suis à l’hôpital car je suis à l’hôpital. Je viens de quelque part dans le monde. Je suis moi. Ni ombre, ni lumière. Ni vie, ni rêve. Tel un arbre desséché.
En fait, tu ne sais même pas si je suis réel ou seulement le produit de ton imagination. Commence par te questionner là-dessus.


Il a souri à nouveau. Il m’a fait un clin d’oeil, en me laissant une pierre d’un étrange noir obscur dans ma main. Avant de s’évaporer au coeur des ténèbres.


Tel un fantôme.
Telle la nouvelle lune invisible aux yeux de tous.