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L'Éphémère - Concours S/L 2016 de Verocayden



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Informations

» Auteur : Verocayden - Voir le profil
» Créé le 25/10/2016 à 22:56
» Dernière mise à jour le 25/10/2016 à 22:56

» Mots-clés :   Absence de combats   Drame   Présence de personnages du jeu vidéo   Slice of life   Suspense

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Le Quatrième Jour
La nuit s’est envolée. La lumière du soleil a transpercé le ciel, fauchant l’horizon de ses rayons dessinant les teintes pastel de l’aube. Un autre jour commençait.


Je me souvenais encore de ma rencontre avec Pikachu. Finalement, je ne saurai jamais si ce type était réel ou non. Une autre question sans réponse. Perdue en moi, à travers les flots du lac de larmes. Ces larmes, que j’ai versées. Toute ma vie.


La pierre noire n’était plus dans ma main. Tout cela ne devait être alors rien de plus que le produit de mon imagination. Peut-être était-ce dû à ma maladie. Je ne savais pas. Je ne savais rien. Je n’ai reçu aucune information sur ma maladie, si ce n’est que le fait qu’elle était intraitable. Peut-être pouvait-elle causer des hallucinations? Peut-être plongeait-elle sa victime dans les abîmes de la folie? Je n’en savais rien, et je ne le saurai probablement jamais.


J’ai regardé le ciel. J’espérais que quelqu’un puisse m’entendre, là-haut. J’espérais que quelqu’un aurait pu m’aider. Je m’étais raccroché à cet espoir, ces derniers jours. Avant de sombrer dans le pessimisme total. La vie n’a plus d’importance pour moi, de toute manière.


Quelqu’un est entré. Je n’ai eu aucune difficulté à le reconnaître. Un humain. Des cheveux en bataille, un regard sombre. Mon ancien dresseur. Celui qui m’a abandonné.


-Je suis tellement désolé, me dit-il.


Jamais je n’aurais cru le revoir. Pas dans cette situation. Et dire que je croyais qu’il m’avait abandonné.


Il me serra dans ses bras, comme il le faisait tant de fois avec ses anciennes peluches. Ses larmes ruisselaient sur mon corps terni par la maladie.


-Je n’aurais jamais dû t’abandonner, Mimiqui. Pardonne-moi.


J’aurais pu croire qu’il était rien de plus qu’un sale hypocrite. Pourtant, ses propos me paraissaient sincères. Ses mots m’avaient touché droit au coeur.


Puis, le dresseur a disparu. Évaporé par l’ombre du jour. La réalité se mélangeait avec le rêve, le rêve se mêlait à la réalité. Je ne savais plus quoi penser. Je m’engouffrais dans ce précipice. Tombant rapidement. Dans ce trou que l’on appelle «La folie».


_ _ _


Un employé de l’hôpital est ensuite venu me voir. Il m’a dit que quelqu’un m’a envoyé une lettre. Il me l’a lue. Dans l’espoir que peut-être, je puisse en saisir le sens. Or, l’employé parlait tellement rapidement. J’ai rattrapé les mots, qui tombaient, un par un, dans cette mer sans fin de l’oubli. Rembobiner le fil. Peu à peu.


«Cher Mimiqui,


Je n’ai pas eu la chance de te connaître autant que je l’aurais voulu. Peut-être toi aussi, tu aurais voulu en savoir plus sur moi. Tu n’es pas seul dans cette situation. Moi aussi, il ne me reste que très peu de temps à vivre.


Suis-je réel, ou non? À toi de répondre à cette question. Cette lettre peut également être le produit de ton imagination, pas vrai? Tu sais pourtant si bien que ta pathologie mène souvent ses victimes dans des hallucinations, jusqu’à les plonger au coeur de la paranoïa. La folie. Et ce, juste avant de les engouffrer dans les abysses de la Mort.


Je ne suis pourtant ni l’ombre, ni la lumière. Ni ton allié, ni ton ennemi. Ni la Vie, ni le Rêve.


Je suis toi.


La vie est belle, mais cruelle. Ce n’est qu’en sachant qu’on devra la quitter qu’on se rend compte de sa belle cruauté, mais aussi de sa cruelle beauté.


Et lorsque ton heure, lorsque notre heure, aura sonné, nous brillerons. Tel le Soleil, telle la Lune. Nous brillerons parmi les étoiles du matin, de la nuit, et nous prouverons à la Mort qu’elle ne pourra nous attraper.


J’espère que tu vivras. J’espère que nous vivrons.»


Il n’y avait pas de signature. Je me suis dit que ce devait sans doute être Pikachu.


«Je suis toi...»


Je n’arrivais pas à saisir tout le sens de ses mots. Tant de mystères. Et pourtant, la réponse est écrite devant moi. Je refuse de l’accepter. J’y suis aveugle.


Mais il faut que je me rende à l’évidence. Cette situation est fort probable.


Je suis réellement devenu fou.


_ _ _




Le monde tombait en ruines. Je regardais cet univers se laisser porter par les ténèbres. Les murs blancs étaient tachés de sang. Le rouge écarlate régnait. Je voyais les flammes décimer mon monde, déchirer mon passé, occire mon futur. Et j’étais là. Je souriais. Nous sourions. Pikachu et moi. Son sourire et moi.


Pikachu…


La Mort serait-elle une sorte de transformation? Le passage du corps réel à l’âme spirituelle? Je ne savais rien du monde des Morts. Simplement les hypothèses de chacun, leurs témoignages.


Je ne saurai rien.


_ _ _




Avan la tombée de la nuit, j’ai vu cette lueur sombre. Telle une obsidienne dans le noir, son éclat se mélangeant à la pénombre. Une pierre, similaire à celle que j’avais vue en rêve, était posée là, à côté de moi.


Un message était posé à côté.


«Nous vivrons...»


Le message continuait. Je n’ai pas eu le temps d’en voir la suite.


J’ai touché la pierre, intrigué.


«Dis-moi ton souhait… Ton désir le plus cher… Ta dernière volonté...»


Une voix a résonné à travers la pièce. Son timbre m’était familier.
Pikachu…


J’ai réfléchi, je ne sais combien de temps.


J’ai pensé à mes parents, que je voudrais revoir avant ma mort. Mes parents, qui sont partis. Bien trop tôt.


Ensuite, il y a eu mon dresseur. Je ne savais plus s’il m’avait réellement abandonné à la Mort ou non. Je ne le saurai jamais. Au coeur de cette folie sans fin.


Puis, une pensée m’est passée à travers la tête.
J’ai pensé à Pikachu.
Ce Pokémon, qui avait tout. Du succès auprès des autres, le pouvoir de parler, une apparence mignonne comme tout… Des yeux pétillants de joie...Une couleur jaune flamboyante, un corps témoignant une enfance gâtée et extrêmement choyée. Un charisme fou, qui lui permettrait sans doute de se faire beaucoup d’amis...
Tout de ce Pokémon était beau.
Il ne voulait rien.
Il avait déjà tout.


Alors que moi, je devais reposer entre les ténèbres. Mon corps frêle, dépourvu de membres. Des membres qu’on aurait arraché, un à un. Dans une terrible souffrance. Douleur aiguë.
La couleur terne que j’arborais, mes deux yeux reflétant le néant de la Mort elle-même. Mon corps écorché, mon esprit brisé en mille morceaux. Mon âme, s’évaporant. Petit à petit.


J’aurais tant voulu… avoir une vie comme la sienne. Lui, il doit avoir un dresseur pour l’aimer. L’adorer. L’idolâtrer.
Cet amour, j’aurais tant voulu l’avoir. De la part de mon dresseur. De la part de mes parents, qui m’ont laissé seul. Trop tôt.


Mais il était trop tard pour penser à ce passé qui sera, bientôt... oublié.


Le temps était venu.
Mais je ne pouvais pas mourir.
Pas sans dire mon dernier souhait.


«Tu seras moi, je serai toi. Nous serons unis ensemble, dans un même corps. Et j’aurai tout ce que tu auras, tu auras tout ce que j’aurai. Tu seras devenu Mimiqui, et moi Pikachu.
Tu seras moi, et je serai toi.»


J’ai entendu la voix de Pikachu résonner en moi.


«Est-ce là réellement ton souhait?»


J’ai acquiescé.


«Qu’il en soit ainsi...»


J’ai senti une lumière m’envahir. Mon corps s’est vu recouvrir d’un déguisement similaire à celui du Pokémon.


J’ai regardé mon reflet à travers le miroir. Cette fois-ci, j’ai vu une tête émerger de ce corps dénudé. Deux grands yeux, un sourire énigmatique. Une queue à la forme exotique, des oreilles aux pointes noires telle la nuit. Un jaune dévoré par l’ombre, mais rayonnant à travers cet éternel néant.


Les cloches sonnaient. Le glas résonnait. Les Ombres Éternelles m’ont appelées. Et j’ai senti cette puissance… L’Appel des Ombres Éternelles.


Je suis devenu Pikachu.
Je suis Pikachu.


«Nous vivrons. Et nous prouverons à la Mort que jamais, elle ne pourra s’emparer de nous.»